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Full text of "Dictionnaire du langage populaire verduno-chalonnais (Saône-et-Loire)"

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DICTIONNAIRE 


DU 


LANGAGE  POPULAIRE 

VERDUNO-CHALONNAIS 


(SAONE-ET-LOIRE) 


F.    FERTIAULT  (Veruunois) 

TRADUCTEUR  DES  NOELS  BOURGUIGNONS   ET   MAÇONNAIS,   ETC. 


PARIS 

LIBRAIRIE  EMILE  BOUILLON,  ÉDITEUR 

67,   RUE   DE   RICHELIEU,    AU    PREMIER 
1896 

Tous  droits  réservés. 


EN  VENTE  À  LA  MÊ)JE  LIBRAIRIE 


Bibliothèque  de  l'École  pratique  des  Hautes   Études 

(section  des  sciences  historiques  et  philologiques). 

Pour  le  détail  des  113  fascicules  publiés  jusqu'à  ce  jour 
(mai  1896),  voir  le  Catalogue  général  qui  sera  envoyé  sur 
demande. 

ALEXANDRE,  R.  —  Le  Musée  de  la  conversation.  Répertoire 
de  citations  françaises,  dictons  modernes,  curiosités  littéraires, 
historiques  et  anecdotiques,  avec  une  indication  précise  des 
sources,  2'  édition.  1  vol.  in-8°,  cart.  en  toile,  tr.  dorées.    5  fr.  50 

ARBOIS  DE  JUBAINVILLE,  H.  d.  —  Études  grammaticales 
sur  les  langues  celtiques,  1"  partie.  Introduction,  phonétique  et 
dérivation  bretonnes.  1  vol.  gr.  in-8°.  8  fr. 

—  Les  noms  gaulois  chez  César  et  Hirtius,  «  de  Bello  gallico  ». 
1"  série  :  Les  composés,  dont  Rix  est  le  dernier  terme.  1  vol. 
in-18  Jésus.  4  fr. 

BRACHET,  A.  —  Dictionnaire  des  doublets  ou  doubles  formes 
de  la  langue  française.  1  vol.  in-8''.  3  fr. 

CHABANEAU,  C.  —  Histoire  et  théorie  de  la  conjugaison  fran- 
çaise. 1  vol.  in-8".  5  fr. 

Chrestomathie  de  l'ancien  français  (IX'-XV  siècles),  pré- 
cédée d'un  tableau  sommaire  de  la  littérature  françaire  au  moyen 
âge  et  suivie  d'un  glossaire  étymologique  détaillé.  Nouvelle 
édition  revue  et  augmentée,  par  L.  CONSTANS.  1  volume 
in-8°.  7  fr. 

DARMESTETER,  A.  —  De  la  création  actuelle  de  mots  nouveaux 
dans  la  langue  française  et  des  lois  qui  la  régissent.  1  vol. 
gr.  in-8°.  10  fr. 

—  Traité  de  la  formation  des  mots  composés  dans  la  langue  fran- 
çaise, comparée  aux  autres  langues  romanes  et  au  latin,  2'  édit. 
revue,  corrigée  et  en  partie  refondue,  avec  une  préface  par 
G.  Paris,  membre  de  l'Institut.  1  vol.  gr.  in-8°.  12  fr. 

DELBOULLE,  A.  —  Les  fables  de  La  Fontaine.  Addition  à  l'his- 
toire des  fables,  comparaisons,  rapprochements,  notes  littéraires 
et  lexicographiques.  1  vol.  in-18  jésus.  2  fr.  50 

ERNAULT,  E.  —  Glossaire  moyen  breton.  2'  édition  revue  et 
augmentée.  Tome  I,  1"  j^artie.  (A. -G.)  1  vol.  gr.  in-8".       10  fr. 

ERNAULT,  E.,  et  CHEVALDIN,  E.  -  Manuel  d'ortografe fran- 
çaise simplifiée.  1  vol.  in-S".  3  fr.  50 

GILLIÉRON,  J.  —  Patois  de  la  commune  de  Vionnaz  (Bas- 
Valais).  Accompagné  d'une  carte.  1  vol.  gr.  in-8°.  7  fr.  50 


DICTIONNAIRE 

DU 

LANGAGE    POPULAIRE 

VERDUNO-CHALONNAIS 


PRINCIPAUX  OUVRAGES  DE  F.  FERTIAULT 


Les  Noëls  Bourguignons  de  iî.  de  La  Monnoye,  liaduction 
littérale.  1"  édition  en  1842;  î'  édiiioii  en  1858,  augmentée 
des  Noëls  Maçonnais  et  illuslrée  de  24  dessins  de  J.  Ber- 
trand. 1  vol.  in-lC),  chez  A.  P>igaud  et  A.  Aubry. 

Les  Rimes  de  Dante  (Sonnels,  Canzones,  Ballades),  traduc- 
tion littérale.  1''  édition  en  1848;  £'  édition  en  1854.  1  vol. 
in-16,  chez  V.  Lecou  et  A.  Delahays. 

Histoire  pittoresque  et  anecdotique  de  la  Danse,  chez 
tous  les  peuples  anciens  et  modernes.  1  volume  grand  iu-32, 
chez  A.  Aubry,  1854. 

Le  Poème  des  Larmes  (eu  collaboration  avec  M"''  Julie 
Fertiault).  1"  édition  en  1858;  2°  édition  en  1860.  1  vol.  in-16 
avec  portrait,  chez  L.  Curraer. 

Les  Voix  amies  (Enfance,  Jeunesse,  Raiion),  poésies  (en 
collaboration  avec  M""  Julie  Fertiault).  1  vol  in-16.  chez 
Didier  &  C'%  1864. 

Les  Féeries  du  Travail,  Conférences  familières  sur  les  tra- 
YSLUX  de  dames.  1  vol.  in-16,  chez  Didier  &  C'%  1873. 

La  Chambre  aux  Histoires,  choi.v  des  Nouvelles.  1  vol. 
in-lG.  chez  Didier  iS:  C  ^  1874. 

Les  petits  Drames  rustiques,  Scènes  et  Croquis  d'après 
nature.  1  vol.  in-16,  chez  Didier  &  G'',  1875. 

Les  Amoureux  du  Livre  (.Sonnets  d'un  Bibliophile,  etc.). 
Superbe  vol.  grand  in-6°,  imprimé  par  Louis  Perriu  et  illus- 
tré de  16  eaux-fortes  de  J.  Chevrier,  chez  A.  Claudia,  1877. 

Le  Berger  du  Béage,  roman-biographie  d'un  berger,  Régis 
Breysse,  devenu  sculpteur.  1  vol.  in-16,  chez  Didier  &  C'',  1880. 

Histoire  d'un  Chant  populaire  de  la  Bourgogne.  Brochure 
in-16.  1883. 

De  la  Levée  du  Doubs  à  la  Pointe  du  Pré,  Promenade 
V'erdunoise.  Brochure  in-4°,  1884. 

Les  deux  Vignerons,  Dialogue  en  patois  bourguignon  et 
en  vers.  Brochure  in-8°,  1884. 

Les  Légendes  du  Livre,  complément  des  Sonnets  des 
Amouretiœ  du  Lirre.  1  vol.  in-8°,  chez  A.  Lemerre,  1886. 

Le  Garçon  à  Sylvain,  roman  rustique,  dans  le  Journal  de 
Foroalquier,  1888. 

Croquis  d'après  nature,  Sonnets  Verdunois,  etc.  1  vol. 
ia-16,  chez  A.  Lemerre,  1893. 


CHALON-SUR-SA  JNE.    IMP.     L.     MARCEAU 


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DICÏIONNAIRJ: 


DU 


LANGAGE  POPULAIRE 


VERDUNO-CIIALONNAÏS 

(SAONE-ET-LOIRE) 
F.    FERTIAULT   (Vekdunois) 

TRADUCTKUR  DES  NOKLS  BOURGUIGNONS   ET   MAÇONNAIS,   ETC. 


PARIS 

LIBRAIRIE  EMILE  BOUILLON,  ÉDITEUR 

67,    RUE    DE    RICHELIEU,    AU    PREMIER 

1896 
Tous  droits  résercés. 


PC 


Sx 


ercùii./z  -  â^ur  -  c^^auùiO 


-  oJyaaâd 


et 


^aanc^ 


/rtyorv  iXTi^aJ  cl  éctucahan, 


ABRÉVIATIONS 


Adj.,  —  Adjectif. 

A  liera..  —  Allemand. 

Alp.Frib.,-Alpes-Fribourgeoises. 

Amplif.,  —  Araplificalif. 

Angev.,  —  Angevin. 

Angl.,  —  Anglais. 

Angoum.,  —  Angoumois. 

Anj.,  —  Anjou. 

Ard.,  —  Ardennes. 

Art.,  -  Artois. 

Aub.,  —  Aube. 

Auv.,  —  Auvergne. 

Aveyr.,  —  Aveyrou. 

Avig.,  —  Avignon. 

Bas-bret.,—  Bas-breton. 

Bas-lat.,  —  Bas-latin. 

Bas-norm.,  —  Bas-normand. 

Basq..  —  Basque. 

Béarn.,  —  Béarnais. 

Besanç.,  —Besançon. 

Bourg.,  —  Bourguignon. 

Bress.,  —  Bressan. 

Bret.,  —  Breton. 

Bugist.,  —  Bugiste. 

Cambr.,  —  Cambrai. 

Catal.,  —  Catalan. 

Celtiq.,  —  Celtique. 

Chai.,  —  Chalon-sur-Saône. 

Champ.,  —  Champagne. 

Char.,  —  Charente. 

Chatill.,—  Chatillon. 

Cogn.,  —  Cognac. 

Dauph.,  —  Dauphiné. 

Esp.,  —  Espagne. 


Kspal.,  —  Espaliou. 

Exclara.,  —  E.tcIamation,-ative. 

F. ,  —  Féniiinin. 

Flam.,  —  Flamand. 

Fland.,  —  Flandre. 

Fr.-Cté.  —  Franche-Comté. 

Frib.,  —  Fribourg. 

Gasc,  —  Gascogne. 

Genèv.,  —  Genève. 

Guern.,   —  Gueruesey. 

Guien.,  —  Guienne. 

Hain',  —  Hainaut. 

H"'-Alp.  —  Hautes- Alpes. 

H"-Auv.,  —  Haute-Auvergne. 

H'-Main.,  —  Haut-Maine. 

ll.-de-P>.,  —  Ile-de-France. 

Il.-V.,  —  lUe-et- Vilaine. 

lutr.,  —  Intransitif. 

Isèr.,  —  Isère. 

Ital.,  —  Italien. 

Lang.,  —  Languedoc. 

Lat.,  —  Latin. 

Lièg.,  —  Liège. 

Lira.,  —  Limousin. 

Loc,  —  Locution. 

Local,  div.,  —  Localités  diverses. 

Lorr.,  —  Lorrain. 

Lunév.,  —  Lunéville. 

Luxemb..  —  Luxembourg. 

Lyon.,  —  Lyonnais. 

M.,  —  Masculin. 

Mac,  —  Mâcon. 

Marcig.,  —  Marcigny. 

Marn.,  —  Marne. 


ABREVIATIONS 


Mayen.,  —  Mayenne. 
Merv.,  —  Mervans. 
Mess.,  —  Messin. 
Montr. ,  —  Moiuret. 
Morv.,  —  Morvan. 
Nam.,  —  Namur. 
Neufch.,  --  N'eiifcbàiel. 
Niveni.,  —  Nivernais. 
Norm.,  —  Normand. 
Pers.,  —  Personue,-nel. 
Pic,  —  Picard. 
Poit.,  —  Poitou. 
Pouih.,  —  Poiulaieu. 
Pr.,  —  Pronom, -inai. 
Prov.,  —  Provençal. 
Puy-de-D.,  —  Puy-de  Dôme. 
Renn.,  —  Rennes. 
Rom.,  —  Roman. 
Rouch.,  —  Rouciii. 
Rouerg.,  —  Rouergne. 


S.,  —  Substantif. 

Saint.,  —  Saintonge. 

S'-.\m.,  —  .Saint-Amour. 

Santer.,  —  Saïuerre. 

Sav.,  —  Savoie. 

Solog.,  —  Sologne. 

Suiss.,  —  Suisse. 

Suiss.  r.,  —  Suisse  romande. 

Toul.,  —  Toulouse. 

'l'our.,  —  Touraine. 

Tr.,  —  Transitif. 

V.,  —  Verbe,  Voyez. 

Valog.,  —  Valognes. 

Vaud.,  —  Vaudois. 

Vend.,  —  Vendée. 

Verv.,  —  Verviers. 

Vo«g.,  —  Vosges. 

Vx.  fr..  —  Vieux  français 

Wall.,  ~  Wallon. 

Yen..  —  Yonne. 


NOTE  CONCERN.\NT  LA  LETTRE  C 


Les  trois  premières  lettres  (A,  B,  C)  de  ce  Dictionnaire  ont  paru 
d'abord  dans  la  Revue  des  Patois,  deoenue  la  Revue  de  la  Philolo- 
gie française,  —  si  remarquablement  dirigée  par  le  doyen  de  la 
Faculté  des  Lettres  de  Lyon,  M.  Léon  Clédat. 

Arrivée  à  la  lettre  C,  la  Revue,  qui  est  au  nombre  des  organes 
réclamant  des  ré/ormes  ortkograpliiques,  imprima  cette  lettre  acec 
les  modijications  découlant  de  son  système.  Il  résulte  de  là  que 
le  lecteur  troucera, —  mais  dans  cette  lettre  C  seulement,  —  quelques 
mots  tcriniaés par  un  s  au  lieu  d'un  x  (mystérieus,carreaus,  cheveus, 
eus.  paresseus,  etc.),  et  par  un  t  au  lieu  d'un  d  (comprent.  suspent, 
etc.). 

Devant  cet  état  de  choses,  mon  Dictionnaire  ne  poucant  paraître 
aocc  une  orthographe  encore  en  esfjérance,  j'eus  le  grand  regret 
d'être  forcé  de  ne  plus  enooyer  de  cop'ie  à  la  Revue,  ce  qui  fut 
cause  du    retard  éprouoé  dans  la  publication. 

Maintenant  le  oolume  est  achevé...   Tout  est  bien  qui  finit  bien! 


INTRODUCTION 


Voici  un  Glossaire  tout  entier  de  création  nouvelle. 
Aucune  publication  spéciale  n'existe,  pour  Verdun  au 
moins,  ayant  pu  nous  servir  de  point  de  départ.  Nous 
avons  tout  pris  sur  le  vif. 

Pour  cette  tentative  nous  avons  donc  dû  puisera  des 
sources  privées,  et  notre  mémoire  d'enfant  du  pays  a 
été  secondée  par  celle  de  plusieurs  compatriotes  et  amis 
dévoués. 

Les  mots  et  locutions  recueillis  se  succèdent  assez 
nombreux  dans  cet  ouvrage.  En  grande  partie  ils  sont 
édités  pour  la  première  fois,  et  leur  ensemble  donnera 
une  idée  très  suffisante  du  pittoresque  langage  de  notre 
région  Verduno-Chalonnaise. 

Pour  mieux  atteindre  ce  but,  nous  reproduisons,  à 
l'aj^pui  de  presque  tous  les  mots,  des  pin-ases  du  cru 
dans  lesquelles  ces  mots  figurent,  révélant  ainsi  leur 
véritable  acception. 

Sans  aucun  texte  imprimé  où  puiser  des  exemples, 
nous  avons  dû  nous  contenter  de  ces  autorités  orales. 
Toutes  les  formules  citées  sont  de  celles  journellement 
employées  par  nos  populations,  et  partant,  d'une  authen- 
ticité que  nul  n'aura  la  pensée  de  contester. 

De  plus,  ces  phrases  répandent  de  la  couleur  sur  ce 


6  LANGAGE    POPULAIRE 

Glossaire,  ethnologique  autant  que  linguistique.  Échan- 
tillons fidèles  de  notre  parler,  elles  font  connaître  la 
physionomie,  les  allures,  les  us  et  coutumes  de  notre 
«  endroit  ».  A  ce  point  de  vue,  elles  doivent  compter 
comme  documents  et  pièces  justificatives. 

Nous  trouvant  à  même  de  mettre  certains  de  nos 
vocables  en  regard  des  vocables  analogues  d'autres 
localités,  nous  avons,  dans  une  assez  grande  mesure, 
établi  ces  rapprochements,  qui  montrent  les  airs  de 
famille  de  nos  ditîérents  dialectes.  —  Cette  liste  compa- 
rative pourra  être  considérée  comme  le  spécimen  d'un 
travail  auquel  on  doit  tendre,  d'un  Vocabulaire  synop- 
tique complet  des  plus  importants  idiomes  de  la  France. 

Maintenant  nous  allons  jeter  un  rapide  coup  d'œil  sur 
les  principales  particularités  de  notre  prononciation,  — 
à  la  connaissance  de  laquelle  nous  pensons,  d'ailleurs, 
avoir  aidé  pnr  la  graphie  des  exemples  choisis.  Nous 
donnerons  ensuite  une  liste  bibliographique  des  prin- 
cipaux ouvrages  qui  nous  ont  servi  pour  les  compa- 
raisons dialectales. 


à  très  bref  et  très  aigu:  hier  à  soir,  àgà,  etc. 

à  plus  grave  :  al,  allé,  etc. 

à  long  :  f/rriô,  «treaiix,  aigneà,  etc. 

A  Va  français  correspond  parfois  an  patois:  a/?-nimaLi, 
etc. 

A  l'a  français  correspond  parfois  ai  patois  :  ma/tin,  etc. 

A  l'a  français  correspond  parfois  é  patois  :  erai,  e'miquié, 
etc. 


è  ou\ert,  comme  en  français. 

A  l'ef  fermé  du  français  correspond  parfois  à  ou\ert  :  café 
(pour  café),  etc. 


VERDUNO-CHALONNAIS 


è  français  peut  correspondre  à  â  du  patois  :  pare,  târre, 
etc. 

e  français  peut  correspondre  à  o  du  patois  :  vôsse,  etc. 
e  labial  français  peut  correspondre  à  ou  :  mouner,  etc. 


i  très  net,  comme  en  français. 

Nous  écrivons  parfois  l'yod  par  ï,  au  lieu  d'y,  pour  éviter 
une  confusion  possible  :  a-iant,  etc.  ^    * 

i  a  un  son  prolongé,  à  la  tonique  finale  de  nos  infinitifs  en 
ir  :  drenu,  venî,  sofr/,  dont  le  /•  est  supprimé. 

A  Vi  français  correspond  in  dans  ;  /'n-nocent,  etc. 

La  diphtongue  ieii  se  réduit  à  en  dans  ben,  ren  (bien,  rien), 
„etc. 


o  bref,  comme  en  français. 

b  très  ouvert,  dans  la  troisième  personne  singulier  de  nos 
imparfaits  :  disôt,  v'nôt,  mingeôt,  etc. 
à  très  fermé  et  très  long  :  d,  dl,  artd,  etc. 

U 

ù  bref  :  v'n?>,  t'n?^  etc. 
û  long:  v'tû  ben,  c't?Mà,  etc. 

A  Vu  français  correspond  eu  patois  dans  e;me,  pleàme, 
aileàme,  etc. 


A  ai  français  correspond  ain  dans  :  oin-mev,  etc. 

A  ais  français  correspond  âï  dans  :  rdion,  mdion,  etc. 

A  al  français  correspond  a«  (moins  long  que  d)  dans  :  mau, 
ch'vrta,  etc. 

eu  prend  souvent  le  son  très  ouvert  :  feà,  neàt,  beù,  etc. 

A  la  terminaison  féminine  ie  correspond  ile  dans  :  \o\ite, 
etc. 

A  il  et  ilit  correspond  i  :  i  fait,  i  f'sont,  etc. 

A  oi  français  correspond  e,  i,  è  :  que,  ma/.'  drèt,  etc. 


8        LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

A  on  français  correspond  oun  :  houn,  etc. 

A  ou  français  correspond  o  :  jor,  for,  por,  tor,  etc. 

A  la  terminaison  féminine  lœ  correspond  aie  dans  :  parda^e, 
etc. 

A  la  terminaison  ui  correspond  parfois  eu:  newt,  aujordeù, 
etc. 

A  la  terminaison  un  correspond  parfois  ein:  ein,  etc. 

La  région  dialectale  de  notre  Glossaire  s'étend  de 
Verdun-sLir-Doubs  à  Chalon-sur-Saône.  C'est  une  très 
minime  portion  du  département  de  Saône-et-Loire, 
pour  lequel  on  pourrait  certainement  dresser  plus  d'une 
demi-douzaine  de  glossaires.  C'est  suffisamment  se 
restreindre.  Cependant  plusieurs  lexicographes  se  sont 
restreints  davantage.  Chaque  village,  chaque  hameau 
pourrait,  en  effet,  fournir  un  recueil  de  mots;  mais  sur 
cette  échelle  la  lexicologie  deviendrait  excessive...  elle 
arriverait  à  ses  trente-six  mille  vocabulaires.  On  ne 
doit  pas  encore  songera  cet  enfantement. 

S'en  tenir  à  nos  anciennes  provinces  serait  trop  peu 
diviser  le  travail  ;  établir  deux  ou  trois  dictionnaires 
])ar  département  donnerait  déjà,  un  formidable  résultat. 
C'est  dans  cet  ordre  d'idées  que  nous  avons  essayé  notre 
groupement.  Quel  qu'il  soit,  nous  croyons  avoir,  en  le 
faisant,  apporté  notre  petit  caillou  au  monument  que 
préparent  les  dialectographes. 


BIBLIOGRAPHIE 
DES  PRINCIPAUX  OUVRAGES  CONSULTÉS 


AUNIS 

L\  RocHPXLK.  —  Glossaire  du  patois  roc/iclais,  suivi  d'une  liste 
des  expressions  vicieuses  usitées  à  La  Rochelle,  recueillie 
en  1870  par  M***  (édité  par  Burgaud  des  Marets).  Gr.  in-4", 
Paris,  Firmin  Didot,  18G1. 

AUVERGNE 

Clermont-Ferrand.  —  La  Pai/sadr,  poème  en  vers  auvergnats, 

par  C.-A.  Ravel.  Br.  in-8",  A.  Veysset,  1838. 
Clermont-Ferrand.      -    Le    Tii-aijo    des    Soreiers;    Le    Maire 

eonipâteiit,    poèmes  en   vers    patois;    Les    Jolis  Maîtres;   Le 

Vaiii'/aear  de  Juillet,  dialogue  et  histoire  en  prose,  par  J.  Roy. 

Br.  in-8",  A.  Veysset,  1841. 

BERRY 

Centre.  —     Glossaire    du    centre  de  la  France,    par  le  comte 

Jaubert.  2  vol.  in-8%  Paris,  Nap.  Chaix,  1855. 
Centre.  —  Croj/anccs  et  Lè(jendes  du  centre  de  la  France,  par 

Laisnel  de  la  Salle.  2  vol.  in-8",  Paris,  A.  Chaix  et  C'%  liS75. 
Bourges.    —    La    Bible   des    Noëls,    étude    bibliographique    et 

critique,    par  Ch.    Ribault  de   Laugaidière.   Br.   in-8'',    Paris, 

A.  Aubry,  1857. 
Bourges.  —  Noëls  nouciaux  sus  de  vieux  airs,  par  le   même. 

Br.  in-8'',  Bourges,  E.  Pigelet;  Paris,  A.  Aubry,  1857. 


10 


LANGAGE    POPULAIRE 


BOURGOGNE 


Ain.  —  Le  patois  de  Colif/ni/  et  de  Saint-Amour,  grammaire 
et  glossaire,  par  Léon  Clédat.  Dans  la  Reçue  des  Patois. 
In-8°,  Paris,  F.  Vieweg,  juillet-octobre  1887. 

Ain.  —  Chansons  populaires  de  /'/l«/(.,  par  Ch.  Guillon.  Gr.  in-8", 
Paris,  E   Monnier  et  C",  1883. 

Ain.  —  Les  Noëls  Bressans  (de  Brossard  de  Montaney  et  Borjon), 
texte  et  traduction  par  Philibert  Le  Duc.  ln-16,  Bourg,  Martin 
Brottier,  1845. 

Ain.  —  Chansons  et  Lettres  patoises  bressanes,  bugeysiennes 
et  dombistes,  avec  étude  sur  le  patois  de  Gex,  par  le  même. 
Petit  in-8°.  Bourg,  Martin  Brottier,  188L 

Côte-d'Or.  —  Contes,  Fables,  Lèçjendes  en  idiome  bourguic/non, 
parle  D' H.  Berthaut.  Glossaire  abrégé  par  E.  B.,  qui  s'est 
servi  d'une  «  accentuation  toute  nouvelle  »  pour  «  écrire 
absolument  comme  on  prononce  ».  Petit  in-8%  Dijon,  Daran- 
tière,  1885. 

Côte-d'Or.  —  Noei  borr/uignon,  avec  glossaire,  par  B.  de  La 
Monnoye.  Notre  traduction,  in-18,  Paris,  Lavigne  et  Gosse- 
lin,  1842.  —  2°  édition  avec  les  Noëls  maçonnais.,  Paris, 
A.  Aubry,  1858. 

Côte-d'Or.  —  Théâtre  de  l'Infanterie  dijonnaisc  (six  pièces), 
par  J.  Durandeau.  In-18,  Dijon,  Librairie  nouvelle,  1888. 

Côte-d'Or.  —  Aimé  Piron  ou  la  vie  littéraire  à  Dijon  pen- 
dant le  XVir  siècle,  par  le  même.  Petit  in-8%  Dijon,  Librairie 
nouvelle,  1888. 

Côte-d'Or.  —  Vocabulaire  raisonné  et  comparé  du  dialecte  et 
du  patois  de  la  province  de  Bourgogne,  par  Mignard.  ln-8", 
Paris,  A.  Aubry;  Dijon^  Lamarche,  1870. 

Côte-d'Or.  —  Histoire  de  l'idiome  bourguignon,  par  le  même 
(glossaire  étymologique).  In-8",  Dijon,  Lamarche  et  DroouUe, 
185G. 

Côte-d'Or.  —  Virgille  cirai  an.  Borguignon  (glossaire),  par 
G.  Peignot  et  Amanton.  In-18,  Dijon,  Frantin,  1831. 

Côtk-d'Or.  —  Noëls,  d'Aimé  Piron  (glossaire),  édit.  par  Mignard. 
In-16,  Dijon,  Lamarche,  1858. 

Côte-d'Or.  —  L'Ecaireman  de  lai  peste,  du  même.  Glossaire  et 
notes  de  Bourrée,  méd.  et  biblioth.  de  Châtillon.  ln-8",  Chà- 
tillon -sur-Seine,  Ch.  Cornillac;  Dj::::on,  V.  Lagier  1832. 


VERDUNO-CHALONNAIS  11 

Saône-et-Loire.  —  Chalo/t-siir-Saônc,  pulorcsque  et  démoli^ 
environs  et  légendes  à  l'eau  forte  et  à  la  plume,  par.!.  Chevrier. 
In  4%  Paris,  A.  Quantiu,  1883. 

Saôxe-et-Loire.  —  Notice  /li.-^fnn'riuo  sai-  la  coinm,(nc  Je  Mon- 
tvC't  (arrondissement  de  Louhans),  par  le  D'  B.  Gaspard. 
Mémoires  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Chalon- 
sur-Saône.  Gr.  in-4". 

Saône-et-Loire.  —  Noè  moconnai,  du  P.  Lhuillier,  à  la  suite 
de  notre  2*  édition  des  Noëls  l)oui-</iii(jiions.  In-18,  Paris, 
A.  Aubry,  1858. 

Saône-et-Loire.  —  Glossaire  du  patois  de  l'ancienne  Bresse 
chalonnaise,  par  Jules  Guillemin.  Mémoiies  de  la  Société 
d'histoire  et  d'archéologie  de  Chalon-sur-Saône.  Gr.  in-4",  1860. 

Saône-et-Loire.  —  Statistique  du  département  de  Saône-et- 
Loire,  par  C.  Ragut.  2  vol.  in-4',  Màcon,  Dejnssieu,  18.'^8. 

Yonne.  —  Cuj-iositès  de  l' et ijnwlo'jie  française,  par  Ch.  Nisard. 
In-j6,  Paris,  L.  Hachette  et  C'%  18(33. 

CHAMPAGNE 

Marne.  —  Romancero  de  C/ianipagne,  par  Pi'osper  Tarbé.5  vol. 
in-8",  Reims,  Brissart-Binet,  1863-64. 


DAUPHINE 

Hautes-Alpes. —  Dictionnaire  des  expressions  cicienses. . .  les 
plus  communes  dans  les  départements  n^èridionaux,  par 
M.  Rolland,  ln-8%  Gap,  J.  Allier. 

Isère.  —  ^^renoblo  nuilhèroa  et  poésies  en  patois  du  Dauphiné, 
par  Blanc,  dit  La  Goutte.  In-16.  Grenoble,  A.  Merle,  18.59. 

Isère.  —  Noucelles  Recherches  sur  les  patois  ou  idiomes  vul- 
gaires de  la  France,  et  en  particulier  sur  ceux  du  département 
de  l'Isère,  par  J.-J.  CliampoUion-Figeac.  ln-12,  Paris,  Goujon, 
1«09. 

FLANDRE 

Lu. le.  —  Mœurs  populaires  de  lu  Flandre  jrancaise,  par 
A.  Desrousseaux.  Petit  in-S",  Lille,  L.  Quarré,  1889. 


12  LANGAGE    POPULAIRE 

LiLi.E.  —    Chansons  cf.   PasquiVes    lilloises   (vocabul.),    par   le 

même.  5  vol.  pet.  in-8",  Lille,  L.  Danel,  1881. 
Lille.  —  Dictionnaire  Rouchi-Français,   par  G.-A.-J.   Hécart. 

In-18,  Valenciennes,  Lemaître,  1826. 

Lille.  —  Dictionnaire  du  patois  de  la  Flandre  française  ou 
wallonne,  par  E.  Vermesse.  In-8".  Douai,  L.  Crépin,  1867.  (Le 
chansonnier  Desrousseaux.  de  Lille,  a  beaucoup  contribué  à  ce 
Dictionnaire.) 

FOREZ 

Feurs.  —  Dictionnaire  du  patois  J'oré^ien,  par  L.-P.  Gras-.  In-8' 
Lyon,  Auguste  Brun,  186.3. 

FRANCHE-COMTÉ 

DouBS.  —  Recueil  des  Noc'ls  anciens  du  patois  de  Besançon 
(1"  partie,  du  P.  Christin  Prost  ;  2'  partie,  do  François  Gau- 
thier). ln-8°,  Besançon,  Bintot,  1842  (édité  par  Tli.  Belamy). 

DouBS.  —  Noëls  et  Chants  populaires  de  la  Franche-Conttc, 
par  Max  Buchon.  In-16,  Salins.  Billet  et  Duvernois,  1863. 

GUYENNE  ET  GASCOGNE 

AvEYROX.  —  Dictionnaire  (abrégé)  du  patois  d'Espalion.  Ano- 
nyme. Manuscrit. 

ILE-DE-FRANCE 

Seine.  —  Étude  sur  le  lanr/age  populaire  de  Pans  et  de  sa 
banlieue,  par  Ch.  Nisard.  In- 8",  Paris.  A.  Franck,  1872. 


ILES  ANGLAISES 

GuERNESEY.  —  Dictionnaire  franco- normand  ou  Recueil  des 
mots  particuliers  au  dialecte  de  Guernesey,  par  Georges 
Métivier.  In-8%  Londres  et  Edimbourg,  Williams  and  Nor- 
gate,  1870. 


VERDUNO-CHALONNAIS  13 

LANGUEDOC 

Haute-Garonne.  —  Dictionnaire  de  la  lanfjiic  toulousaine, 
par  Doujat  (A  la  suite  des  Œuvres  de  P.  Godolin,  trad. 
par  J.-M.  Cayla  et  Cléobule  Paul).  Gr.  in-8",  'l'oulouse, 
Delboy,  1843. 

LIMOUSIN 

Limoges.  —  Poésie  en  patois  limousin,  par  J.  Foucaud 
F.  Richard, 'etc.  (avec  quelques  traductions  en  notes).  In-18, 
Limoges,  Th.  Marmigaon,  H.  Ducourlieux,  1849, 

lorralnr 

Nancy.     —     Poésies    populaires    de    la     Lorraine    (glossaire 

signé  L.-M.).  Rullet.  Société  d'archéol.  lorraine.  In-8'',  Nancy, 

A.  Lepage,  1854. 
Nancy.    —     Diriionnaire    des    expressions    •cicieuses    usitées... 

notamment  dans  la  ci-devant  province  de  Lorraine,   par  J.-F. 

Michel.  In-8",  Paris,  Le  Normand,  Colas  ;  Nancy,    Vigneulle, 

Bontoux,  1807. 
Meurthe   et  Vosges.    —    Noëls   patois  anciens    et   nouveaux, 

chantés   dans   la  Meurthe  et  dans    les   Vosges,  par  L.   Jouve, 

ln-12,  Paris,  F.  Didot  frères,  1864. 
Meurthe   et   Vosîes.     —    Recueil   nouceau     de     deux    Noëls 
,  inédits  en  patois  de  la  Meurt/ie  et  des  Vosges  (glossaire),  par 

le  même.  In-S",  s.  l.  n.  d. 

LYONNAIS 

Lyon,  etc.  —  Essai  d'un  glossaire  des  patois  de  Lr/onnais, 
Fore^  et  Beaujolais,  par  J.-B.  Onofrio.  In-8\  Lyon,  N.  Scheu- 
ring,  lb64. 

Lyon.  —  Très  liunible  essai  de  phonétique  Ij/onnaisc,  par 
Nizier  de  Puitspelu.  Revue  lyonnaise.  Gr.  in-8",  Lyon,  1884. 

PAYS  MESSIN 

Metz.  —  Le  Lorrain  peint  par  lui-même ,  par  Jaclot  de 
Saulny,  almanach  pour  1854  (vocabul.).   Iu-18,  Metz,  Loretta. 


14  LANGAGE    POPULAIRE 

Metz.  —  Vocabulaire  patois  du  pays  messin,  par  le  même 
(2°  édition,  très  augmentée,  du  vocabul.  de  l'almanach). 
Paris,  Dumoulin,  Borrani  et  Droz,  1854. 

NIVERNAIS 

Nevers.  —  Le  Morcan,  ou  Essai  géographie].,  topograph.  et 
historiq.  sur  cette  contrée,  par  l'abbé  J.-F.  Baudiau.  2  vol. 
In-8°,  Nevers,  J.-M.  Fay,  1854. 

Nevers.  —  Glossaire  du  Morcaii,  par  E.  de  Chambure.  Gr. 
in-4°,  Paris,  H.  Champion  ;  Autun,  Dejassi^eu  père  et  fils,  1878, 

NORMANDIE 

Calvados.  —   Dictionnaire  du  patois  normand,    par    Edéiest. 

et  Alfred  du  Méril.  In-8%  Caen,  B.  Mancel,  1849. 
Calvados.  —  Essai  sur   le  patois  normand  du  Bessin  (diction. 

étymologique),  par  C.  Joret.  Mém.  delà  Société  de  linguistique 

de  Paris.  Gr.  in-8°,  Paris,  F.  Viev^eg,  1881. 
Eure.  —   Dictionnaire  du  patois  du  pays  de  Bray,  par  l'abbé 

J.-E.   Decorde.    In-8',  Paris,  Derache,  Didron  ;    Rouen,   A.  Le- 

brument,  1852. 
Seine-Inférieure.    —     Contes    populaires,    préjuyès,    patois, 

proverbes,  par   Fréd.   Pluquet,   etc.   (glossaire),   in-8'',  Rouen, 

Ed.  Frère,  1834. 

PICARDIE 

Somme.  —  Glossaire  ètymoloyique  et  comparatif  du  patois 
picard,  par  l'abbe  Jules  Corblet.  In-S",  Paris,  Dumoulin, 
Didron,  Techener,  1851. 

POITOU 

Deux-Sèvres.  —  Chants  et  cliansons  populaires  des  provinces 
de  l'Ouest,  par  Jérôme  Bujeaud.  2  vol.  gr.  in-8%  Niort, 
E.  Clouzot;  Paris,  A.  Aubry,  1866. 

Deux-Sèvres.  —  Dictionnaire  étymologique  du  patois  poitevin, 
par  Gabr.  Lévrier.  In-8°,  Niort,  Th.  Mercier,  1867. 


VERDUNO-OIlALONiNAlS  15 

YiENNE.  —  Glossaire  du  palais  poilecin,  par  l'abbé  Lalanno, 
Méin.  de  la  Société  des  antiquaires  de  l'Ouest.  In-S",  Paris, 
Dei-ache,  18G8. 

PROVENCE 

Aix,  etc.  —   Diclioiinalrc  provençal-français,    par  J.-T.  Avril, 

ln-8",  Apt,  Ed.  Cartier,  1839. 

Ai.\.  —    Tableau  histnri'jue  et   liltéraire   de   la   lan;/ue  parlée 

dans  le   midi  de  la  France,  et  connue  sous  le  nom  de  langue 

romano-provençale,    par    Mary-Lat'on.    In-16,     Paris,  Mafïre 

Capin,  1842. 

SAINTONGE 

Saintes.  —  Dictionnaire  du  patois  saintongeais,  par  P.  Jô- 
nain.  In-8",  Royan,  l'auteur  ;  Niort,  L.  Clouzot;  Paris,  Mai- 
sonneuve  et  C'%  1869. 

Cognac.  —  Quelques  mots  de  patois  cor/naçais,  par  Marcbadier 
(vocabul.  et  correspond.),  manuscrit.  1S60. 


SAVOIE 

^Albertville.  —  Dictio/ina.ire  du  patois  saooi/ard,  par 
F.  Brachet.  In-8',  Albertville,  J.-M.  Hodoyer,  1883. 

SUISSE 

Genève.  —  Glossaire  genecois  ou  Recueil  étymologique  des 
termes  dont  se  compose  lo  dialecte  de  Genève.  Anonyme. 
In-8",  Genève,  Barbezat  et  Delarue,  1827. 

Genève.  —  Chansons  de  l'Escalade,  In-4°,  Genève,  Jullien  et 
fils,  1845. 

WALLON 

V^alenciennes  et  Liège.  —  Dictionnaire  wallon-liègeois,  par 
Joseph   Hubert.  In-8",  Liège,  Verhoven-Debeur,  1852. 


16     langage  populaire  verduno  chalonnais 

En  outre  : 

Histoire     de     la     formation     de    la    langue    française,     par 

J.-J.  Ampère. 
Les    Poètes  français   depuis    le  XIP  siècle  Jusqu'à    Malherbe, 

par  P.-R.  Auguis. 
Morceaux  choisis  des  grands  écrioains  français  du  XVI'  siècle, 

par  Auguste  Brachet. 
Chrestoniathie  de  l' ancien Jrançais,  par  L.  Constans. 
Essai  pliilosopldque  sur  la  forniation  de  la  langue  française, 

par  Edél.  du  Méril. 
Mémoires  pour  servir   à  l'histoire  de  la  fête  des  fous,  par  Du 

Tilliot. 
Les    Principales     Etgmologies    de    la    langue   française,    par 

B.  Julien. 
Dictionnaire  de  la  langue  française,  par  Littré. 
Coutumes,  Mgthes  et    Traditions  des  procinccs  de  France,  par 

Alfred  de  Nore. 
Histoire   littéraire,  philologique  et  bibliograpldquc   des  patois, 

par  Pierquin  de  Gembloux. 
Recueils    de    motets  français    des   XH°  et   XIW   siècles,    par 

G.  Raynaud. 
Tableau   sj/noptique   et  coniparatif  des  idiomes   populaires   ou 

patois  de  la  France,  par  J.-F.  Schnakenburg,  etc. 


Cette  liste  bibliographique  ne  contient  l'indication  que  des 
principaux  ouvrages  consultés.  On  aurait  pu  y  mentionner,  en 
plus,  nombre  de  volumes  suivis  de  vocabulaires  partiels  ;  des 
revues,  telles  que  la  Romania,  la  Reçue  des  Patois,  la  Reçue 
des  Tradition'i  populaires,  etc.,  et  surtout  un  nombre  impor- 
tant de  Recueils  de  Noéls  et  de  Chants  populaires  des  diverses 
provinces  de  France,  sans  parler  de  poésies  et  autres  œuvres 
locales.  Mais  nous  avons  trouvé  cette  nomenclature  déjà  bien 
assez...  peut-être  trop  longue. 

F.  Fertiault. 
(Paris,  avril  1896.) 


DIGTIOi^NAIRE  DU  LANGAGE   POPULAIRE 
VEllDUNO-CIIALONNAIS 

(Saône-ei-Loire) 


A 


A,  pvép.    fréquemment  employée  pour    de  :    «   La  fillôte   « 

Jean;   le  garçon  à  Sylvain;  la  poule  à  Dodiche.   »  —   Nous 

disons  encore  «  à  boune  heure  »  :  «  On  t'attend  por  diner  ; 

veins  à  boune  heu7~e  ». 

Genevois,  id. 

Sur  la  prononciation  ai,  voy.  ce  mot. 
A,    prép.    redondante,    employée  dans    certaines   locutions, 

telles  que  ;  «  Hier  à  soir;  à  c' matin  ». 
A,  contract.  de  Aile.  Pr.   pers..  Elle.  «  A  n'  dit  ran  su  son 

compte.  » 

Rouchi,  id. 
Abeurnonciau,  loc.  à  renoncement,  en  trop  grande  quantité, 

trop  :  «  01  en  a  fiôlé  abeurnonciau  ». 

Lat.,  ab    renontio.    Il -d'EL,  abrenoncio    (excl.     de  frayeur,    de 
dégoùl). 
Abîmer,  V.  tr.,  frapper,  meurtrir  :   «  01  ainme  tant  sa  fonne, 

qu'ô  Vabime  de  coups!  » 

Ital.,  abissare.    Berry,   abisser.    Bourg,    abymai,    Prov.  abisser, 
Savoie,  ablmâ. 

Abîmer,  v.  tr.,  salir,  gâter,  détruire  :    «  En  jouant,  ôl  a  trop 
couru  ;   ôl    a  tôt  abimè  sa  culotte,  é  peu  ô  s'a  étou  abinic 
V  pied  ». 
Cette  manière  de  dire  s'étend  au-delà  de  nos  régions. 

Abolir,  v.  tr.,  démolir,  abattre  :  «  O  veint  cV abolir  sa  cadole, 

por  la  r'  monter  ». 

Morv.,  id  ,  Picard,  id. 

Le    Rouchi  dit;  «    Il   l'a  aboli  d'   cops  ».  Rouer  de  coups 
quelqu'un,  c'est  aussi  un  peu  le  démolir. 


18  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Abonde,  s.  f.,  quantité,  abondance  :  «  Mettez  c'qui  dans  la 
panière;  i  f'ra  d'  V abonde  ». 

Abossumer,  V.  tr.,  donner  des  coups  de  poings. 

Abouchau,  s.  m.,  sorte  de  panier  dont  on  se  sert  pour 
pêcher. 

Abouchon  (à  V),  loc,  sur  le  nez,  par  terre  ;    «  En  montant 
su  la  levée,  ôl  a  tombé  à  l'abouchon  ».  Cela  se  traduirait  bien 
par  :  s'est  flanqué  le  nez  par  terre.  Cette  loc.  a  voulu  dire 
d'abord  :  tomber  sur  la  bouche. 
Esp.,  abocar;  Ital.,   ahbocare.  Dauph.,  à  l'abouchon,   Forez,  id., 

Lyon.,  tomber,  se  coucher  à  bouchon. 
On  dit  aussi  :  être  en  abouchon,  dans  le  sens  d'être  courbé  : 

«  C'te  pauv' vieille,  ail' marche  en  aboicchon  ». 
(V,  A  boucheton,  bouchon). 

Abouler,  V.  tr,,  jeter,   envoyer,  amener  en  certaine   abon- 
dance. Souvent  employé  au  jeu  :  «  Eh  !  m'n  émi,  j' t'ai  gagné... 
aboule  !  aboule!  » 
Berry,  id.,  Morv.,  id.,  Norm.,  id.,  Pic,  id. 

Abouris,  s.  m.  de  l'ancienne  marine  fluviale.  Bateau  d'un 
train,  où  l'on  attache  les  cordages  et  les  amarres  tirés  par 
les  chevaux. 

Abouter,  V.  intr.,   aboutir,  toucher  à  :   «  Son  champ  aboute 
su  r  mien  ». 
Berry,  abouter,  aboter,  Saint.,  id.,  walI.,  ubosi. 

Aboutonner,  V.  tr.,  boutonner  :  »  Eh  ben!  t' n'aboutonnes 
pas  ta  biaude  »?  —  Un.  qui  avait  emprunté  la  locution  du 
Berry,  disait  :  «  0  s'aboiUonne  avou  des  épingues  »,  voulant 
dire  :  «  Il  ne  porte  pas  la  culotte  ». 

Esp.,  abotonar.  Berry,  aboutonner.  Champ.,  id.,  Genev.,  id., 
Morv.,  aibout'ner,  ■svall.,  aboutonner, 

Abre,  s.  m.,  arbre  :  «  Les  autres  fois,  y  avot  iqui  de  grands 
libres  ».  Vaugelas  dit  que,  de  son  temps,  la  Cour  prononçait 
ainsi  le  mot  arbre. 
Lat.,  arbor,    Berry,   âbe,  id.,  Bourg.,  id..  Daupli.,   abro,  Genev., 

ah)-e,  Lim.,  àubre,  Lorr.,  âbre    Messin.,  abe,  Morv.,  hâbre,  Norm., 

âbre,  Pic,  id.  Prov.,  aîbre  aybre,  Rouch.,  id.,  arps,  St-Am..  abrou, 

wall.,  id  ,  V.  fr.,  id.,  et  aubre,  haubre. 

Abressiau,  s.  m.,  petit  mât  élevé  sur  un  train  de  bois  ou  sur 
un  bateau,  et  à  l'aide  duquel  les  mariniers  établissent  une 
voile,  ou  auquel  ils  attachent  une  corde  pour  tirer  de  là  sur 
le  bord  (ai^brisseau  est-il  étranger  à  ce  mot?). 


LANCxAGl-;    POPULAIRl';    VEKDUNOCIIALONNAIS  11) 

Abrivenï,  s.  m.,  sorte  de  paillasson  tressé  avec  la  paille  du 
panis.  Il  est  utilisé  pour  les  l'ours  et  les  garnitures  de 
l'umiers. 

ACAGNARDiR  (s'),  V.  pr.,  s'acagnardcr. 

Berry,  id.  Genèv.,  id.,  s'acagner,  Midi.id.,  V.  fr.  accagnarder. 

AcATER,  V.  tr,,  acheter,  faire  emplette  de. 

Lat.,  acaptare.  Boiivg,  aichetai,  échetai.  Langued.,   recata,   reca- 

tar,  recdloniar.  Lille,  acater.'L\m..,  recota,  Lyou.,  recoto.  Norni., 

acater.  Pic,   id.,   Prov  ,   rccatn,    recatar,    recatoniar,   anaptar. 

Rouchi,    acater.  Wall.,    id.,  vx.  ff.,   receler,   récolter,   accater, 

achatcr.  (V.  ageter). 

A  GAUSK  QUE?  loc.  iuterrog.,  pourquoi? 

On  dit  aussi  :  d'à  cause  que?  —  Lorsque  cette  question 
semble  indiscrète  à  la  personne  interrogée,  on  entend  cette 
dernière  répondre  volontiers  :  «  A  cause  de  pasque  ».  (V.  ce 
dernier  mot). 

Berry,  d'à  cause.  Cognac,  à  cause.  Genèv.,  à  cause. 

Accords,  s.  m,,   accordailles,   fiançailles   :    «   La   Tiennette 
reveint  prou  à  not'  fieu;  j'  vons  faire  les  accords  dimanche.  » 
lè^ï-ry,  accords,  ^ovm.,  accords.  Vx.  h\,  acort. 

AcHATi,  adj.,  habitué  aux  friandises. 
Bourg,  échaiti. 

ACHATi,    V.  tr.,   allécher,    montrer  un  appât,    attirer,    ama- 
douer. 
Bourg.,  échaiti.  Morv.,  aichaiti.  Vx.  fr.,  agastir. 

ACLES  (en),  loc.  se  dit  d'étoffes,  de  linge,  de  vêtements  usés 
ou  très  déchirés  :  «  Ah  !  ce  p'tiot  drôle  !  ô  m'  met  toutes  ses 
afàres  en  âclcs  ». 

Forez,  acle  (écorce  d'arbre,  petit  morceau  de  bois). 

Ag'moder,  V.  tr.,  accommoder,  préparer. 

Berry,  acmoder.  Bourg.,  aiquemeudai,  équemodai.  Morv.,  aique- 
inâder.  Wall.-Liég.,  a/wniôdé,  ak'muidé. 

Acorci,  V.  tr  ,  aceourcir,  abréger  :  «  En  coupant  po  les  prés, 
j'  ons  brament  acorci  la  route  »  (V.  Pu  court). 

liai.,  accorciare.  Bourg.,  aicùrci.  Morv.,  aicorci.  Pic,  accourché 
(retroussé).  Prov.,  acorchar.  Vx.  fr.  acorcier,  acc-ourcer. 

Acôrder,  V.  tr.,  accorder. 
Bourg.,  aiqueurdai.  St-Am.,  acourdé. 

AcOTER,  V.  tr.,  fermer,  étayer,  soutenir.  (V.  Acoutcr). 
Berry,  accoter.  Montrèt,  coûter,  Morv.,  aico^er.  Poit.,  accoter.  Prov., 
acotar.  Suis,  r.,  cottâ. 


20  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

AcouTER,  V.   tr.,  écouter  :   «  Acoide!  acoutc!  y  xas  t"  bailler 

quête  chouse  ». 
Lat.,  auscultare;  Ital.,  asroltare.  Berry,   acouter.  Bourg.,  acoutai. 

Bress.,  acouté.    Biigey,  écota.  Lorr.,    acouter.    Màcon.,  aquèlai. 

Montr.,   acculer-  Morv.,    acouter.    Pic  ,  id.  Rouch  ,  id.  St-Am., 

écuté.  Saint.,  acouté.  Wall.,  acouter.  Vx.  fr.  id. 
On  a  même  dit  :  s'accoutcr  pour  :  prêter  Toreille.  Selon  Pontus 

de  Tyard  (De  rtcéâ  nominum  imposit  iotie),  accouter  étsài, 

de  son  temps,  l'express,  popul.  en  Boiu-gogne. 

2.  Acouter,  v.  tr.,  accoter,  accouder,  appuyer. 

Lat.,   cubitare.    Geiiev.,    cotter.    Lang.,    acoutar,  acotar,   coutar. 

Lyon.,   acota.  Norm  ,  acouter.  Wall.,  ascoler.   Vx.  fr.,  acouter. 

(V.  Acoter). 

AcouTiAU,  s.  m.,  accotoir,  rampe,  appui,  parapet. 
Bourg.,  écotôrre.  Montr.,  accoutieau. 

AcouTEUMER  une  chose,  loc.  pour  s'accoutumer  à  une  chose  : 
«  J'ai  acouteûmé  mon  vare  de  vin  blanc  tos  les  maitins  ». 
Tournure  également  usitée  dans  le  Midi. 

Ital.,  accostuvtare.  Bourg.,  écoutumai.  Prov.,  acostumar.  Vx.  fr., 
acoustumer. 

ACROUPETONER  (s'),  V.  pr.,  s'accroupir  (A'oir  Aqueùler,  Buu- 

cheton,  Crowpeton). 
Vx.  fr.,  agropir. 

A  g't'heure,  loc.   adv.,  en  ce  moment,  maintenant.  Formule 

des  plus  usitées. 
Bar-le-D.,   à  c't'    aoure.   Berry,  astetire.    Bourg.,  aic'teur,   &(eur. 

Dauph.,  astheura.  Lorr.,  estoure.  Lyon. ,astura.  Morv.,  aisleure. 

Norm.,  asteure.  Pic,  à  cit't'heure.  Poit.,  ustoure.  Saint.,  asteure. 

Vx.  fr.,  asteure    astheure. 
J.  Guillemin  écrit  astheure,  comme  La  Boètie. 

Aculer,  V.  tr.,  éculer  :  «  Ton  p'tiot  marche  ben  mau;  61  a  tôt 

aculà  ses  souleis  ». 
Bourg.,   écueillai,  équelai.  Genev.,  acculer.  Midi,  aculer.  Vx.  fr., 

esculer, 

Adrèt,  s.  m.,  adroit,  habile. 

Berry,  adret.    Bourg,  aidroi,  Norm.,  adret.  Pic,  adrof.  Roucli., 
adrot  (adroitement).  Wall.,  adre/ït. 

Adroit,  s.  m.,  l'endroit  d'une  étoffe,  d'un  linge  :  Y  et  eùne 
balle  robe;  en  v'qui  l'cnvar,  j'  vas  vous  en  montrer 
V adroit  ». 

Genev.,  droit.  Mov\.,  droit.  Norm.,  à  l'adret  de  (à  IVndroit  de...). 


LANGAGE    POPULAIRE    VEKDUNO-CIIALONNAIS  21 

Afaire  et  Afare,  s.  m  ,  ustensile,  vêtement,  nippe,  et  en 
général  tout  ce  dont  on  se  sert  :  «  Y  et  un  a  fa  ira  en  bos  qu'ù 
m'a  v'nu  emprùter  ».  «  Y  é  son  vouésin  qui  Ti  a  baillé  c"brave 
petiot  afaire  » . 

liai.,  rt/fare. Bourg.,  aifâi-e,  a/faire.  Daiipli.,  affare.  Gasc,  araire. 
Genev.,  affaire,  hang  ,  aif'alve.  Loiv.,  e(fdre.  Prov.,  afar.  Toul., 
afa.  Wall.,  ajé. 

Afaire,  s.  f.,  quantité  :  «  Vous  n'é  point  de  poumes  dans  vot' 

curti;  moi,  j'en  ai  éune  boune  afaire  ». 
Bei'ry,  une  'petite  affaire  (un  peu).  Lim.,  ofdirê.  Norm.,  afère. 

Afaire  de  (/'},  loc.  adv.,  environ,  à  peu  près  :  «  Y  a  Y  afaire 

d\\n  mois  qu'ôl  é  rev'nu  »  (ou  r'venu). 
Genev  ,  afaire. 

Afilée  {tout  d'une),  loc,  d'affilée. 

Berry,  d'affilée.  Rouch.,  affilée  (corde,  chaîne).  (V.  Défilée). 

Afiqué,  adj.,  paré,  qui  a  mis  ses  aiïiquets,  qui  est  sur  son 
trente-six.  Comp.  affique  (épingle),  qui  sert  tant  lorsqu'on 
s'ajuste,  et  affîquet  a  désigné  tout  objet  de  toilette. 

Pic,  a  f  fi  ké.  ï\ovic\\\,  afiqué  {qui  tient  bien). 

Afutiau,  s,  m.,  dénomination  s'appliquant  à  toutes  sortes 
d'olijet.  On  dit  :  «Mes  afùtiaux  »  pour  :  mes  ustensiles, mes 
outils,  etc.,  tandis  que  le  français  affàtiau  ne  désigne  que 
des  brimborions. 

Lat.,  fuf!tis.  Berry,  affutiau.  Bourg.,  a/f M^iance  (Miguard?).  Gogn., 
affutiau.  Fr.-Gté.,  affutiau.  Genev.,  affitiau.  Jura,  affutiau, 
Lorr.,  affutiau.  Morv.,  aifutiau.  Norm.,  affutiau.  Pic,  affutiau. 
Poit.,  affutiau,  afutiau.  Rom.,  affutiau.  Rouch.,  afutiau.  Suis. 
affit,  affetiau.  Wall.,  affutiau. 

Aga!  excl.,  sorte  d'impérat.,  d'A(jater  :  tiens!   voilà!  regarde! 

«  Aga  donc!  aga-lu!  Le  v'qui!  »  ("V.  E<juè\) 
Auverg.,   aagâ.  Berry,  aga.  Bourg.,  aga.    Espalion,  ogotgca.  Jura, 

ogo.  Morv.,  aga.  Xorni.,  aga.  Poit.,  agua. 
Agacia,  s.  m.,  acacia. 
Lat.,  acacia.  Genev.,  agacia.  Prov.,  acassia. 
Agacin,  s.  m.,  durillon,  cor  au  pied  :  «  Quand  l' temps  veut 

sanger,  y  é  mou  agacin  qui  m'  fait  mau  !  » 
Fore/,  agacin.  Genev.,  agacin.  Liège,  aguess.  Lyon.,  agacin.  Pic, 

nid  d'agach,e    Prov.,  agacin,  agassi.  Sav.,  agassin. 
Agasse,  s.  f.,  pie;  au  fig.,  femme  qui  parle  beaucoup  :  «  Oh! 

c'te  Claudine,  aile  bavarde  ..  Y  et  eime  vrà  agasse,  quoi!  » 

—   (J.   Guiliemin    donne   sept  ou   huit  étymologies    de    ce 

mot). 
Lat.,  pica;    o.jaciœ;  ItaL,   gazza.   Aveyr.,   ogasso.    Berry,   ageasse, 

agace,    aguiasse .    Bourg.,    aigaisse.    Fr.-Cté,    aigaisse.    Lang., 


22  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

agasso.  Lille,  «(-/«cAf.  him. ,  jasso.  Marne,  agache,  Morv.,  aigaisse, 
agasse-tambourinette  (pie-grièche).  Norm.,  agasse.  Pic,  agache. 
Poit.,  (7/7«55e,  ageasse.  Prov.,  agpassoun. 'Rora. ,  agassa.  Vxonch., 
agache.  Sav.,  saquelta.  Toulous.,  ajace.  Wall.,  agache,  aguess. 
Vx.  fr.,  agasse,  pagasse. 

(Ce  mot  se  trouve  dans  le  Dict.  fv.;  mais  il  fournit  une  trop 
notable  liste  de  congénères  pour  que  nous  le  négligions. 
Quelques  autres  seront  dans  le  même  cas). 

Agater,  V.  tr.,  regarder.  (V.  Aga,  Aguéter  et  Ar'gca'der). 
Genev.,   icaiter.    Morv.,    agaiter.   Prov.,    agaitar.   Rom.,   agailer. 
■Rouch.,  fl^?/e^ar.  St-Am.,  gatyë.  y<[a\.\.,  awaiti,  waiti. 

Age,  s.  f.  Nous  comptons  un  certain  nombre  de   mots   dont 

nous  avons  changé  le  genre  :  «  La  belle  âgel  » 
Cogn.,  belle  âge. 

Age  (rf'),  loc.  adj.,  âgé  :  «  L' père  Ponsot,  qu'é-ce   qu'ô  peut 

beu  avouer?  —  hum!  ôl  é  d'âge l  ». 
Berry,  d'âge.  Pic,  homme  d'âge. 

Agenoiller  (s'),  V,  pr.,  s'agenouiller. 

Morv.,  aigenoiller.  Bourg.,  s'aigelognai.  Norm.,  agenoillons  (à 
genoux). 

AGETERjV.tr.,  acheter.  Simple  adoucissement  de  prononciation. 
(V.  Acate7-). 

x\gissance,  s.  f.,  manière  d'agir  :  «  T' la  veux?  Prends  garde; 

aile  a  des  agissances  que  j'  n'ainmons  point.  » 
Poit.,  agissances. 

Agoniser,  v.  tr.,  agonir,  injurier,  outrager  en  paroles  :  «  01 

é  mauvais  c'ment  eiine  gale;  ôl  agonise  tout  1"  monde  de 

sottises  ». 
\^s^.,agonizar.  Bevry,  agoniser.  Genev.,  ago>iiser.  Lang.,   agonisa. 

Montr  ,   agoniser.  Morv.    aigonir,    aigoniser.    Norm.,    agoniser, 

n/ionir.  Fie,  agoniser.  Hàm  ,  ahon7tir. 

Agorcer,  V.  tr.,  tromper,  agir  de  mauvaise  foi  dans  un 
échange. 

Agouter,  V.  tr.,  égoutter,  faire  tomber  les  gouttes  d'un 
liquide  :  «  On  va  souper;  sœurette  veint  d'agovter  la 
salade.  » 

Berry,  agoutter  (uriner).  Prov.,  esgolar.  Vx.  fr.,  esgouter. 

Agrains,   s.    m.,   mauvais    grains,   criblés    et  destinés    aux 

volailles. 
Poit.,  agrains.  Saint.,  agrain  (des). 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CnALONNAIS  23 

Agraper,  V.  tr.,  agripper,  saisir,  s'emparer  vivement  d'un 
objet  :  «  O  s'a  si  ben  agrapê  à  moi,  que  je  n'  pouvù  pus 
bouger.  »' 

lta.l.,a)^rupare.BeYrj,  afjraper.  Bourg.,  agrippai,  gripai.  Dauph., 
arrapa.  Lang.  vx.,  arrapa.  Lim.,  f/raffé.  Lyon.,  attrapa.  Màcon., 
grôpé.  Morv.,  agraper.  Norm.,  grapper.  Poit.,  agrippai.  Prov.. 
arrapats.  Rom.,  arrapar.  Rouch.,  agraper.  Sav.,  agrappa.Tonl., 
agafa,  arrapa.  IVaW.,  agrapper.\x.  îr.,  agrapper. 

Aguéter,  V.   tr.,  guetter,  épier,  être  aux  aguets  :  «  01  a  bon 

aguété  sa  p'tiote;  ma  ô  n'a  ran  vu  ». 
Auverg.  agueita.   Morv.,  agaiter.  Pic,  aguidier.  Piom.,   agiietier. 

Rouch.,   aguétar.  WalL,  agaiti,  awaiti.  Wall.-Lièg.,  e.?5  â  s'agai 

(être  aux  aguets).  Voy.  Agater. 

Agueuriabe,  adj.,  agréable,  qui  convient. 

Berry,  agheriabe.  Morv.,  aigueuriaibe.  Prov.,  agradaole. 

Ah!  exclam,  constamment  placée  devant  le  nom  de  la  per- 
sonne qu'on  appelle,  ou  qu'on  interpelle  :  «  Ah!  Gogote!  Ah! 
Jacquot!  » 

Ai,  prép.,  à  :  «  C  qui  et  ai  moi  ».  Cette  prononciation  vient  de 
la  Côte-d'Or  et  n'est  pas  tout  à  fait  générale.  (Voir  A). 

A-iANT,  prononciation  de  :  ayant,  répandue  aussi  dans  le  Midi 
et  le  Lyonnais. 

AiGNEA,  s.  m.,  agneau;  au  figuré,  personne  douce. 

liât.,  «^'«j^^;  Ital.,  agnello.  Bas-Norm.,  a^.?i«ao({.  Berry,  aignean 
igneau.  Bourg., aigneà,  aignid,  ainille.  Bress.,  aygneuz.  Il.-Vne., 
igneau.  Montr..  aigneau.  Morv.,  aigneai.  Pic,  aigtiieu.  Poit., 
agnea.  Prov.,  agnel,  anel.  WalL,  ognai.  Vx.  fr.,  aigneau, 
aigtielet. 

AiGUEURDON,  s.  m.,  édredou,  couvre-pied  rempli  d'un  duvet 
très  lin.  Certains  disent  aigredon,  aigledon.  Dans  nos  cam- 
pagnes on  le  garnit  tout  bonnement  avec  des  plumes  de 
volailles. 

Suèd.,  eider  dun.  Midi,  aigledon.  Genev.,  aigledon.  Pic,  aigledon. 
Reims,  aigledon.  Rennes,  aigledon.  Valencien.,  aigledoti. 

AiGUEURLOT,  adj.,  aigrelet. 

J'o7is  goûté  de  ton  lolot; 
01  ètot  ben  aKtUeurlot. 

AiN-MER,  v,  tr.,  aimer.  Dans  plusieurs  de  nos  mots,  à  ai  fran- 
çais correspond  aiyi. 

Lat.  et  Ital.,  amare.  Berry,  émer,  eumer.  Bourg.,  eiimai.  Bress., 
orné.  Morv.,  ewmer.  Prov.,  amar.  St-Am.,  amé.  Vx.  fr.,  «mer. 

AiN-MER  (s'),  V.  pr  ,  se  plaire  :  «  J'  m'ainme  ben  iqui;  y  é 
plasant  ». 

Vosg,,  s'ainmer. 


24  LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

AiNS  (que  v's),  que  vous  ayez. 
Màconn.,  ains. 

AiRER,   V.  tr.,  aérer  :  «  Faut  airer  c'te  chambre;  aile  sent  1' 

renfarmé.  » 
Berry,  airer.  Genev.,  airer.  Prov.,  ayreiar. 

AiSEMENTS,  S.  m.,  vaisselle,  ustensiles  de  cuisine,  de  ménage  : 

«  R'iaver  les  aisemenés  ». 
Bas-lat.,  aisamentum.   Bourg.,   aiseman.    Forez,    aises.    Fr.-Gté., 

asemens.    Genev.,  aises.  Jura,    aisements.  Mâconn.,    aiseman. 

Montr.,   aisements.  Morv.,  adyeman.  Rom  ,  aisemens.   Vx.   fr., 

aisément  (commodité,  loisir). 

Aises  (les),  s.  m.,  les  êtres  d'un  appartements  :  «  01  ira  ben 
vous  q'ri  l'afaire;  ô  sait  tous  les  aises  de  la  maïon  ». 

Berry,  altres.  Genev.,  les  agets.  Morv.,  aâyance.  Rom.,  agi:,  agès. 
Vx.  fr  ,  aises. 

AissELÉE,  s.  f.,  ce  que  le  bras  peut  embrasser  en  se  recour- 
bant sous  l'aisselle  :  «  Ei^me  aisselée  de  foin,  de  paille,  etc.  » 
Cogn.,  aisselée. 

Aisselle,  s.  f.,  étagère  où  la  batterie  de  cuisine,  les  plats  et 

les  couverts  sont  placés  et  tenus  par  des  entailles. 
Pic,  aisselle. 

AissETER,  V.  tr.,  asseoir  ;   «  Eh  11' vieux  ^'dVQ,  aiss'tc.s-vows 

proche  du  feu  ». 
Een-y,  assidre.  Morv.,  aichiler.  Pic,  assir.  achir,  Prov.,  assesar. 
(Voir  Cheùrter). 

Al,  pr.  pers.  m.,  il  :  «  A/  o  »,  il  est. 
Morv.,  .4/.  (Voir  01). 

Ale,  s.  fr.,  aile  :  «  La  p'tiote  a  cassé  Vàle  à  sa  poule  ». 
Berry,  ale.  Bourg.,  oie,  aule,  aide.  Forez,  alla.  Fr.-Gté.,  aule.  Jura, 

ola.  Morv.,  oie,   orle.    Prov.,  ala.   St.-Am.,  ola.    Vx.    fr.,  ale, 

éle,  eele. 

Alègre,  adj.,  agréable,  avenant.  (V.  Agiieùriâbe). 

Alein-ne,  s.  f.,  alêne. 

Ital.,  lésina.  Berry,  alég)ie,  alogne.  Lim  ,  lerno.  Prov.,  alena.  S(- 
Am.,  alèna.  Vx.  fr.,  alesne. 

Alentor  du  {aux),  loc.  adv.,  environ,  à  peu  prés  :  «  Y  é  ben 
aux  alentor  de  c'  qui  ». 

Aleron,  s.  m.,  aile  de  volaille,  servant  aux  ménagères  pour 

èpousseter  les  meubles. 
Norm.,  aleron.  Vx.  h.,  œsleron. 


LANGAGE   P0PULAIRI3    VEUDUNO-CFIALONNAIS  25 

Aligher,  V.  tr.,  allécher,  attirer  :  «  La  linaude!  aile  voudrot 

prou  allclier  mon  Plare  ». 
Ital.,  a/Ze^are.  Berry,  alléchnr.Y:^.  h\,  alechier. 

Aliger.  V.  tr,,  alléger,  décharger  partiellement  pour   rendre 

plus  léger,  soulager. 
Ital.,  alleviare.  Pvqy.,  aleviar. 

Alirent,  3°  pers  ,  allèrent  :  «  01  éteint  m'nus  leCi  dire  bonjor; 
ma  du  cop  ô  s'en  alirent  ». 

Bourg.,  alire. 

Allé,  All',  A,  pr.  pers.,  elle  :  «  Qua  c'a  qu'ùllc  a  qu"«  crie? 
—  Allé  a  qn'àlle  a  chu  ».  Cette  phrase  bizarre  peut  avoir 
besoin  d'être  traduite.  La  voici  littéralement  ;  «  Quoi  c'est 
qu'elle  a,  qu'elle  crie?  —  Elle  a  qu'elle  est  tombée  ». 

(Voir  A). 

Bei'ry,àlle,  àll.  II. -Vue.,  tille,  àll\  olle. 

Allegrains,  s.  m.,  ridelles  de  charrette. 
Centre,  allegraiiis,  ardes,  alardes. 

Aller  aux,..,  loc,  partir  pour  ramasser,  pour  cueillir  certains 
produits  :  «  Vons-jou  aux  champignons?  aux  sersilis?  » 
Juu,  ici,  remplace  je.  Vons-je,  Allons-nous?... 

Aller  AUX  portes,  loc,  mendier.  Les  mendiants  vont  parles 
rues,  et  demandent  à  chaque  ijorte. 

(V.  CJiercher  son  pain). 

Aller  aveg,  loc,  fréquenter  :  «  Joset  va  avec  la  Benoîte;  ben 
sûr  ô  va  la  d' mander.  » 

WalL,  aller  avec. 

Aller  {s'en),  v.  pr.,  fuir,  laisser  échapper,  en  parlant  d"un 
vase,  d'un  ustensile  de  cuisine  :  «  Allons,  bon  !  J'ai  métu  la 
la  sope  su  1'  feù,  é  pi  v'ià  mamarmite  qui  s'en  va\  » 

Norm.,  s'en  aller. 

Aloue  s.  f.,  alouette. 

Lat.,  «ZaHf?«.  Ital  ,  lodola.  Berry,  alouvette.  Bonvg.,  auhiôtte.  Prov., 
alaiiza,  alau^eta.  Vx    fr.,  aloe,  aloue,  aloeie, 

Altise.  s.  f.  (Voir  Bcte  noire). 

Amadou,  s.  f. ,  large  champignon,  de  nature  très  résistante, 
poussant  horizontalement  sur  les  vieux  troncs  de  noyers. 
Analogue  à  l'agaric  des  chênes.  J'en  voyais,  un  jour,  cinq 
ou  six  énormes  sur  le  même  arbre  :  «  Qu'est-ce  que  vous 
faites  de  ça  »,  demandai-je  au  jardinier  qui  les  prenait. 
«  G' qui,  me  répondit-il,  y  é  de  Vamadou;  on  y  brûle  ».  On 
a  féminisé  ce  mot,  et  l'on  dit  :  «  De  la  bonne  amadou  ». 

Gencv.,  amadou.  Sav.,  holà. 


26  LANGAGE    POPULAIRE    VKRDUNQ-CHALONNAIS 

Amadou  [sainte],  dénomination,  qui  fait  partie  d'une  loc. 
facétieuse.  Se  dit  d'une  personne  présente.  Ainsi  :  «  Aile  et 
iqui  en  char  et  en  os,  tôt  c'  ment  Sainte  Amadou  ». 

Wall.,  amadou. 

Amanvier,  V.  tr.,  mettre  de  côté,  amasser  du  bien.  (Mervans). 
Amasser,  v.  tr.,   contracter,  gagner  :   01  a  pris  frèd;   ôl  a 

a77iassé  du  mau  ». 
Ame,  s.  f. ,  personne,  individu  :  «   J' seû  été  cheù  vous;  n'y 

avot  âme  qui  vive  ». 

Amender,  v.  intr.,  grandir  :  «  Ah!  y  é  vot'  petiot?  Dépeù  que 
j'  Tons  vu,  ôl  a  ben  amendé  ». 

Amijoler,  v.  tr.,  cajoler,  enjôler  :  «  Aile  sait  s'y  prendc,  celle- 
là!  aile  vous  Vamijôle  gentiment.  » 
Lille,  amicloter.  Pic,  amignoter.  Rouch  ,  amidouler,   amitouler. 
(V.  Emmiôler). 

A  MiTAN  [louïa  d'),  terme  de  marinier.   (Voir  Louïa). 

Amomon,  s.  m.,  pomme  d'amour,  fruit  de  la  morelle,  faux 
piment.  C'est  exactement  le  mot  grec  {(xy.oiiJt.ov,  aromate  de 
l'Inde).  Le  nom  se  donne  à  l'arbuste  et  au  fruit.  Les  amou- 
reux s'en  offrent  des  bouquets . 

Genev.,  amomon. 

Amor,  s.  m.,  considération,  égard  :  «  J'ai  fait  c'  qui  po  l'amo?- 
de  li  ». 

Bourg.,  uimor.  Messin.,  23'"'  amou  que  (attendu  que).  Frow., per  amor, 
pramor  (à  cause  de). 

AMOUNER,v.tr.,  amener,  conduire  :  »  01  a  été  genti;  yamoune 
mon  gar  à  la  fête.  » 

Amunition,  s.  f.,  munition.  Employé  seulement  dans  le  sens 
de  fournitures  militaires  :  «  Un  pain  d\cuiunUion;  un  fusil 
d'amunitioîi. 

Lille,  amonitio9i.  MovY.,  aimunUio7i.  Pic,  amunition.  Rouch.,  amo- 
nition.  Wall.,  amoiiinon. 

Ancre,  adj.,  tenace,  opiniâtre,  têtu;  aigre,  violent,  âpre  : 
«  N'y  a  pas  mo-ïen  d'  li  tare  fâre  c'  qu'on  vout;  ôl  et  ancre 
c'ment  eùne  mule  ». 

Montr.,  ancre.  Morv.,  ancre. 

And'lai,  adv.de  1., au-delà,  de  l'autre  côté,  là-bas  :  «  And'lai 

l'ià  »  (de  l'autre  côté  de  l'eau). 
Morv.,  dedelai.  (V.  Lavau  et  Liavan). 

Andouilles  (voir  Dèpendeux) . 


LANGAGM    l'Ol'lILAlKM    V  lUiDlNo-ClIALONNAIS  27 

Aneut,  adv.,  aujourd'hui 

Lat.,  adnoctem  (les  peuples  du  Nord  comptaicnl  par  nuits). Dauph., 
anot.  Forez,  anot.  Lang.,  anuech.  Lyon.,  aney,  anuy.  Norm., 
nnieut,  nnier,  anuit.  Prov.,  anet,  aneit.  Saint.,  aneut.  Volay, 
aneuy.  Vend.,  anet.  Wall  ,  anuit  (ce  soir,  cette  nuit).  Vx.  fr., 
nneut,  anuit,  enuit,  enquenuit  {hac  nocte). 

(V,  Auj'deû,  Aujordeù). 

Anguigne,  s.  f.,  femme  de  peu  de  ressource,  qui  ne  sait  rien 
dire  ni  faire,  et  même  quelque  peu  idiote  :  «  Ta  Mariette? 
Laisse-me  donc.  Y  et  eùne  jolite  anguignel  » 

Anguille  de  buisson,  s.  f.,  serpent. 
Lille,  anwuille.  Saint.,  anguille  de  buisson 

Anichon,  s.  m.,  petit  âne;  au  figuré,   enfant  qui  n'apprend 

rien. 
Berry,  aine.  Lim.,  ané  Mac,  one.  Montr.,  ai?ie  (;ine).  Prov.,  asne, 

az-e.  St-Am.,  onou.  AVall.,  agne.  Vx.  fr.,  asne. 

An-nimau,  s.  m.,  animal  :  «  V'tu  ben  te  côger!  Côge-te  donc, 

lichu  an-nimau  '  » 
Morv.,  annimau.  St  -Am.,  anima.  Saint.,  anniinau. 

An-n'mi,  s.  m.  et  adj.,  ennemi. 

Lat.,  inimicus.  Berry,  i}inemi  Bourg.,  atiemin.  Morv.,  annenii. 
Prov.,  enemic.  Vx.  fr.,  ininii,  anemi. 

An-n'miquié,  s.  f.,  inimitié. 
Morv.,  annemitié. 

Anprès,  adv.,  après,  et  aussi  :  près,  auprès. 
Ital.,  oppressa.  Berry,  anpres.  Bourg.,  aipré.  Gogn.,  ancres.    Pic, 
eniprès.  Poit.,  apras.  Prov.,  après.  Yx.  fr.,  eniprès.  aprez. 

Apondre,  V.  tr.,   atteindre  :  «  Aide-me  donc.  Mon  bras  n'é 

p'  assez  long;  j'  peux  pas  apondre k  la  fenêtre  ». 
Bourg.,    avoijidre.   Forez,    appo7idre.    Gren.  ,    apondré .    Lang., 

apoundre.  Lyon.,  appondre.  Morv.,  aivindre.  Poit.,  aivoindre, 

Prov.,  appoiDidre,   aleigner.  Rom  ,  apondre.,   aponher.  Wall., 

atère. 
Apondre,  v.  tr.,  joindre,  attacher,  allonger  :  J'ai  apondu  eun 

bout  à  ma  ficelle  ».  (Voir  Rapondre  et  Aponser). 
Dauph.,    apondrer.    Forez,   appondre.    Genev.,   appondre.    Jura. 

apondre.  Lang.,  apoundre.  Morv.,  aipondre.  Montr.,  appondre. 

Prov.,  appoundre.  Sav.,  appondre.  Vx.  fr.,  aponre,  apondre. 

Aponse,  s.  f.,  allonge  d'une  étoffe,  d'un  panneau,  etc.  :  «  C'te 
jupe  é  trop  courte;  aile  a  besoin  d'eùne  aponse  ».  —  «  Faut 
mettre  eùne  aponse  au  bas  d' ta  porte  ». 

Fnrez,  appoundaille.  Genev  ,  apponce,  appondille.  Lyon.,  aponse. 
Montr.,  npponse.  Morv.,  a/po?!ce.  Vaud.,  apponce. 

(Voir  Raponse). 


28  LANGAGE    POPULAIRE   A' ERDUNOCHALONNAIS 

Aponser,  V.  tr.,  allonger  à  l'aide  d'une  pièce,  d'un  mor- 
ceau, etc.  Montr.,  apponser.  (V.  Apondre,  Raponser). 

Aport,  s.  m.,  assemblée,  fête  de  village,  où  l'on  boit,  où  l'on 
mange,  où  l'on  danse.  Les  aports  sont,  comme  les  veillées 
et  sur  une  plus  grande  échelle  encore,  des  motifs  à  rappro- 
chements entre  garçons  et  fdles,  et  il  est  peu  de  ces  fêtes  qui 
n'amènent  quelque  mariage. 

Allier,  apport.  Berry,  apport.  Nivern.,  apport.  Vx.  fr. ,  apport,  apors 
(lieu  où  l'on  déposait  les  denrées) - 

Apotre,  s.  m.,  usité  en  accolement  à  l'adj.  60/1.  Ainsi,  dire  d'un 
gas  :  «  Y  et  ein  boun  apôtre  »,  équivaut  à  dire  :  c'est  un  bon 
garçon. 

Bourg.,  aipôtre.  Pvox.,  apostol.  WaU. ,  apôtt. 

Aprentisse,  s.  f.,  apprentie,  au  fig.,  personne  inexpéri- 
mentée. 

Bourg.,  épranti  (au  mnsc  ).  Genev.,  apprentisse.  Prov.,  apprentiz. 
Wall.,  aprendice.  Vx.  fr.,  apprentive. 

Apres,  adv.,  le  long  de,  à  :  «  0  m'a  dévoré  toutes  ses  culottes 
en  gravichant  après  les  murs  vou  ben  après  les  âbres  ».  — 
«  T'as  lassé  la  clé  après  la  porte  ».  —  «  Qu'é  c'  que  t'as  donc 
tôjor  après  moi?  » 

Ual.,  appresso.  Bourg.,  aipré.  Genex., après.  Midi,  après.  Vx.  l'r., 
emprès. 

Après,  loc,  prép.,  en  train  de  :  «  T'vas  1"  trouver  au  bouchau 
du  carre;  ôl  et  après  boire  ».  —  En  français,  ces  deux 
derniers  mots  signifieraient  que  le  biberon  a  fini  de  boire; 
chez  nous,  au  contraire,  ils  disent  qu'il  est  en  train-  de 
boire. 

Bourg.,  aipré.  (V.  Eprâs). 

Aquand,  adv.,  quand,  à  quelle  époque,  surtout  pour  inter- 
roger ;  «  On  t'attend  cheù  nous;  à  quand  veindras-tu?  » 

Morv.,  ai  quan,  (V.  Quand). 

Aqueudre,  v.  tr.,  exciter  le  bétail  à  marcher  (Mervans). 

Aqueuler  (s'),  V.  pr.,  s'accroupir,  s'asseoir  sur  ses  talons.  On 
prend  fréquemment  chez  nous  cette  posture  familière,  pour 
s'approcher  du  feu,  caresser  un  enfant,  etc. 

Bresse,  s'acabécher,  s'aroufer.  Vx.  fr.,  aculer. 

(V.  Acroupetoner ,  Croupetons). 

Ar,  s.  f.,  air  •  «  I  m' leùve  de  grand  maitin,  por  aller  prend'e 
la  boun  d.r  ».  Mais  une  euphonie  naturelle  fait  dire  o.ir  si 
si  l'on  veut  parler  de  «  l'air  fraîche  ». 

Lat.,  aer,  aura.  Berry,  ar.  Bourg.,  ûr.  Bress.,  aura.  Daiiph.,  are. 


LANGAGE    POPULAIUE   VKRDUNO-CIÎALONNAIS  29 

Forez,  ora.  Lang.,  awjvr,  naro,  noura.  liOri-.,  «r  Mac,  dr. 
Prov.,  aura,  nuro,  anura,  aer.  Rom.,  aura.  Vx.  fr..  aure, 
acr. 
Aragnée,  s.  f.,  araignée.  Dans  les  villes,  comme  dans  les 
campagnes,  on  entend  couramment  employer  ce  proverbe  : 
Aragnée  du  maitin, 

Y  é  du  chagrin; 
Aràgnée  du  soir, 

Y  é  d' l'espoir. 

liai.,  arar/na.  Berry,  aragne,  iraigne.  Genev.,    airag^iée,  aragne, 

iragne.  Lim.,   roigno.    Midi,    aragnée.  Morv.,  airgnie,   ailgnie. 

Pic,  araigne.  Prov.,  aranh,  aranha.  B.ou.ch. ,  araine,  uraignie. 

Sl  Am  ,  arenyeùla.  Sav.,  aragne.  Wall.,  aragnie. 
(V.  Arirjnée). 
Araire,   s.  f.,   charrue  sans  avant-train,  à  soc  triangulaire 

garni  de  deux  ailes. 
Lat.,  aratrum.  It.,   aralro.    Berry,    arriot,  arriau.   Dauph.,  araro. 

Forez,  arore.  Isère,  arari.  Lan».,  araire.  Lyon  ,  araire,  socida. 

Prov.,  araire.  Sav.,   ârai.    "Wall.,    érère.   Vx.    fr.,   araire,  arère 

areau. 

Arboub  («  /'),  loc,  au  rebours. 

Bourg.,  rehor.  Cogn.,  à  l'arbour.  Vx.  IV  ,rehors,  arrehours. 

Ar'gommencer,  V.  tr.,  recommencer.  Va  préfixe,  qui  paraît 
d'abord  singulier  dans  ce  mot,  peut  s'expliquer  bien  natu- 
rellement. Supposons  cette  phrase  :  «  C'est  mauvais;  c'est 
à  recommencer  ».  On  voit  sans  difficulté  comment  l'oreille 
populaire  a  perçu  la  chose  et  rattaché  le  a  en  vedette  à  son 
verbe. 

Ital.,  ricominciare.  Berry,  arcoumencer .  Bourg.,  requemanc'-, 
Morv.,  eurc'moincer.  Prov  ,  recomensar.  Wall.,  rikmaiiisi.  Vx. 
fr.,  recormnencier. 

Arengs  (cori  lé-^-),  loc,  courir  les  harengs.  Promenade- 
procession  locale  des  plus  piquantes,  faite  le  mercredi  des 
Cendres,  et  oii  jadis  se  mêlait  une  grande  partie  de  la  popu- 
lation. Tous  les  acteurs,  une  chemise  de  femme  par  dessus 
leurs  habits,  à  la  main  une  ligne  à  pêcher,  au  fil  de  laquelle 
pendait  le  poisson  symbole  de  carême,  couraient  les  rues, 
psalmodiant  :  «  Un  n'ûi^en  g  !  deux  s'arengs!  trois  ^'arengs!  » 
Et  les  gamins  de  sauter,  tâchant,  presque  toujours  en  vain, 
d'attraper  le  gibier-saur.  Quelques  promeneui's,  au  lieu  de 
hareng,  accrochaient  à  leur  ligne  un  beignet,  une  gaufre 
remplis  de  filasse.  Et,  quand  le  gamin  mordait  dedans  et 
tirait,  quels  rires!  —  Il  y  avait  bien  encore  la  cérémonie 
de  la  moutarde...  Mais  nous  la  passons  sous  silence. 

Bourg.,  airan.  Morv.,  érang,  hairayi.  Rouch.,  éren. 


30  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Ar'GARDER,  V.  ti'..  regarder.  (Voir  Ar'commenccr  pour  Va  pré- 
fixe). 

Ital  ,  riguardare.  Berry,  arfiarder,  argader.  Boarg.,  regadai. 
Nonn,,  arregarder.  Prov.,  regardai',  reguardar.  Saint.,  ar garder. 
Vx.  fr.,  aguarder,  agaitar,  reguarder.  (Yoiv  Agater). 

Argogner,  V.  tr.,  faire  un  travail  difficile,  ou  ennuyeux. 

Argolet.  s.  m.,  lioux. 

Berry,  argoulin.  Jura,  aigrilou.  Morv.,  argolet,  aigoujâ,  aigru, 
aigaeriau.  Poit.,  ngrole.  Sais,  r.,  agrebblai. 

Argonié,  s.  m.,  mauvais  ouvrier. 

Arichal  (fil  d').  s.  m.,  fil  d'archal. 

Lat.,  aurichalcum.  Lille  ,fi  d'acar.  Norm.,  «rA'flZ.  Rouch  ,  fi  d'arca, 
fi  d' fer.  Vx.  fr.,  aixhau,  archail. 

Arié!  loc.  expl.  A  le  sens  de  mécontentement,  d'ennui,  deton- 
nement,  d'impatience  :  «  V  là-t-i  i^as,  arié!  qu'j'ai  pardu 
mon  échevette!  »  Se  dit  pour  exprimer  une  contrariété,  mais 
parfois  signifie  :  aussi,  encore,  cependant,  tout  de  même. 
Quelques-uns  l'écrivent  orrzc.'  J.Guillemin  ëcvliarrier,  qu'il 
traduit  par  :  au  contraire.  Ce  n'est  plus  guère  notre  acception. 
Pour  donner  plus  de  force  à  l'expression,  on  dit  souvent  : 
Arié  mais! 

Bourg.,  arié,  arré.  Champ  ,  arrié.  JNlorv-,  arrié.  Norm.,  are.  Poit., 
are.  Wall.,  oragu. 

Arignée,  s.  f.,  araignée.  (Voir  Aragnée). 

Arigner,  V.  tr.,  railler,  taquiner,  agacer,  provoquer. 
Bourg.,  argaignai.  Fr.-Gté,  arguenai.  Vx.  fr.,  aguigner. 

Arlequin  et  Arloquin.  s.  m.,  barque  très  légère,  ne  pouvant 
guère  contenir  qu'une  personne,  et  destinée  à  la  cliasse  sur 
l'eau.  (V.  Nëye-chrètien). 

Ar'marcier,  v.  tr.,  remercier. 
Morv.,  erninrcier. 

Armona,  s.  m.,  almanach. 

Ital.,  nlmanarco.BDUvq;.,  armana.  Flaud.,  «rmenrt.Genev.,  armana. 

Midi,   armana.    Mous,    armonaque.     Muntr..    arminaii,.    Morv., 

airmana.  Pic,  armana,  arménake.  Roucli.,  armenaquc.  Wall  , 

armena.  alinona. 
Aroufer  (s'),  V.  pr.,  s'accroupir,  s'abaisser  :  «  C'ment  c' qui, 

t' peux  pas  y  voir;  aroufe-te  ».  A  beaucoup  d'analogie  avec 

Se  mettre  à  croxipctnn. 
Morv.,  s'arouffer.  (V.  Croupeton,  Egrouer). 

Arpi,  s.  m.,  grande  perche  à  l'usage  des  bateliers.  L'extrémité 

est  armée  d'une  pointe  et  d'un  crochet  en  for. 
Dauph.,  arpi.  Lyou.,  arpi.^  harpie.  Sav.,  arpi.  Toul.,  arpeto. 


LANGAGE    POPULAÎRl'',    VKRDUNO-CHALONNATS  31 

Arpion,    s.    m.,    griffe,    ongle,   serre,    corne    des    pieds    de 

coclion. 
Ital.,    arpignone.   Forez,   arpion.    Genev.,  arpion.  Gasc,  arpiou, 

Lyon.,  arpion.  Poit.,  arpion,  orpion.  Rom.,  arpa. 

Arra,  adv.  de  mariniers,  vite!  :  «  Arrâ  dou  davant!  Arrâ 
dou  d'arrié!  Arrâ  dou  partout!  Arrâ  dou  bou  viri  !  »  (Vite 
en  avant!  "Vite  en  arrière!  Vile  de  partout!  Vite,  et  tournez!) 
Nos  liommes  de  bateau  emploient  ces  locutions  lors([u'ils 
ont  à  faire  éviter  aux  chevaux  qui  tirent  la  maille  un  obstacle 
quelconque  au  bord  de  la  rivière.  Quand  la  maille  porte  bien, 
elle  passe  facilement  par  dessus  tout. 

Arria.  s.  m  ,  embarras,  obstacle,  tracas,  étalage,  confusion  : 
«  Ses  afàresme  donnont  ben  de  Varriâ  ». 

Arden.,  aria.  Berry,  haria.  Bourg.,  ariâ.  Fland..  haria.  Genev., 
aria.  Lorr.,  arou.  Mai'ne,  aria.  Midi,  arriage.  Monti'.,  aria. 
Morv.,  haria.  Norm.,œ;7'a.  Pic,  aria.  Poit.,  aria.  Roucli.,  aria. 
Wall.,  aria. 

Arrié!  interj.,  arrière! 

Bourg  ,  areire.  Morv.,  arrié,  arri.  Vx.  fr.,  areire. 

C'est  aussi  une  des  formes  orthographiques  de  Ariô  . 

(Voir  ce  mot). 

Arrié  {louïa  cV),  terme  de  mariniers.  (V.  Louïa). 
Suis.,  faire  arri  (ramer  en  arrière). 

Arsouille,s.  m.  etf.,  personne  malpropre, de  mauvaise  tenue, 
et  surtout  de  mauvaises  mœurs.  L'abbé  Corblet  et  Ed.  du 
Méril  y  voient  une  apocope  de  «  garsouille  ». 

Bourg.,  arsouille.  GhàtilL,  arsoaille.  Norm.,  arsouille.  Pic,  ar- 
sonle. 

Artifaille,  s.  f. ,  ajustement,  objet  de  toilette  :  «  Aile  se 
fait  bé  brave;  aile  met  toutes  ses  arti failles  ».  —  Corruption 
d'attifage. 

Poit.,  artifaille. 

Arto,  s.  m.,  orteil,  doigt  de  pied,  particulièrement  le  gros. 
On  a  retenu  ce  fragment  de  couplet  : 

Y  é  r  vieux  pare  Beùrno  : 
01  è  su  son  dos, 
Pasqu'ùl  a  bé  mau 
A  sofi  gros  arto!... 
Lat  ,   articulas.   Ital,   artiglio.    Berry,    arté,  artoii.    Bourg.,  atô. 
Bresse,  e</o.  Genev.,  artueil.  îlainaut,  arloil.  Lang  ,  artel.'Sloi\[\., 
artoi.  Morv.,  artoué.  Vx.  fr.,  arto.    (V.  Ortillon). 

Artuson,  s.  m.,  artison,  insecte  qui  ronge  les  bois,  les  étoffes 

les  pelleteries,  etc. 
Montr.,  artuson.  Movv.,  artoicëzon.  Vx.  fr.,  artuson,  arluisuii. 


32  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHÂLONNAIS 

Artus'né,  adj.,  rongé  des  artisons. 
Mon  11'.,  artusené. 

Ar'veni  (s'il'),  V.  pr.,  ,s'en  revenir  :  «  J'  Tons  rencontré  qu'ô 

s'n'arvenot  d'  cheù  vous  ». 
Morv.,  s'n'arvenir. 

Ar'voyote  (à  V),  loc,  au  revoir!  «  Allons,  Piarre,  portez-vous 

ben...  à  l'ar^voyoée  I  » 
Berry,  à  l'arvoyure. 

AsAR,  S.  m.,  hasard,  aventure. 

Ital.,  azzardo.  'Bowvg.,  aza,asar.  Vvow.,  az-ar.  St-Am.,as^. 

AscuSER,  V.  tr.,  excuser. 

ItaL,  sr.usare.  Morv.,  ascuser,  Prov.,  escitsar. 

ASE,  s.  f.,  aise,  aisance,  bien-être  :  «  Y  et  ein  bon  parti   qu' 

Jacot;  ôl  é  bén  à  Vase  ». 
Ital.,  «720.  Bourg.,  «56.  Bress.,  e50.Fr.-Gte,  a^e.Morv.,  adye.  Prox,, 

ais.  WalL,  âhe.  Vx.  fr.,  eise,  at/se. 

ASE,  adj.,  aise,  satisfait  :  «  Jamà  j'ons  vu  nun  pu  use  que 

lu  ;  ôl  é  ben  hureux  !» 
Lille,  ache.  Morv.,  adye.  St-Am.,  ejou. 
Malgré  cette  prononciation,  le  Vcrdunois  dit  :  aise  dans  un 

autre  cas.  (V.  Aises  [les). 

Aspergés,  s.  m.,  goupillon,  comme  en  français,  mais  aussi  et 
surtout  l'aspersion  faite  pour  lutiner  :  «  J'  nous  sons  baignés 
en  Saône  avou  1' petiot,  et  j'  t'ii  ai  envoyé  un  aspergés/...  » 
(C'est  le  premier  mot  de  la  prière  chantée  à  l'église  pendant 
l'aspersion). 

Lat.,  aspergere.  Norm.,  arpergès.Tou.\.,  esparsou.  Vx.  fr.,  arper- 
gès. 

Assassin,  s.  m.,  assassinat  :  «  Y  et  ein  un  vrà  brigand;  ôl  a 

commis  eun  assassin  ». 
Norm.,  assassin.  Rouch.,  assassin.  Vx.  fr.  assassinement. 

Assavoir  {faire),  v.  tr.,  annoncer,  publier  par  la  ville.  C'est 
toujours  le  tambour  attitré  qui  remplit  cette  fonction  :  «  Eh! 
v'ià  r  tambournier.  Qué-ce  qu'ô  va  xions  faire  assavoir^  » 

Morv.,  aissaivoud.  Norm.,  assaveir.  Pic,  assavoir.  Wall.,  assavoir. 

ASSEC  [en),  loc,  une  des  manières  dassoler  les  étangs.  L'as- 
solement en  assec  est  en  usage  dans  l'Autunois  et  quelques 
localités  du  Clialonnais.  —  Lorsque  les  étangs  sont  restés 
en  eau  pendant  quelques  années,  on  les  dessèche  (on  les  met 
en  assec)  et  on  les  sème  ordinairement  en  avoine. 


LANGAGE    rOPULAIIlE    VERDUNO-CIIALONNAIS  33 

AsSETER  fsy,  V.  pr.,  s'asseoir  ;  «  T'nez,  la  brav"  Connc,  ass'tez- 
vous  dvant  ITeù  », 

liai.,  assetare.  Berry,  siter ,assiter,  assidre.  Bourg.,  e5.9e<ai,  esseutai. 
Bugey,  acheta.  Montr.,  asseter.  Morv.,  aichetcr,  aichiter,  chiler, 
chitre,  ester,  ster,  sièter.  Pic,  assir,  achir.  Poit.,  assiter.  Prov., 
assezar,assire.  S^\xi\,.,  assiter.  Sa.Y.,  achettd.  Wall.,  assir. 

(V.  Asseyer,  Cheùrtcr,  Sisite). 

AssÉYER  (s'),  V.  pr.,  s'asseoir. 

Genev.,  s'asseycr.  J\o\\c\\.,  s'assir.    (V.  Asseter,  etc.). 

Assis  (se  mettre),  loc,  s'asseoir  :  «  Mette.^-voiis  donc  assis; 

j'vons  causer  un  brin  ». 
On  trouve  dans  Ronsard  ;  Assisons-7ious . 

AssoTE  (à  l'],  loc,  à  l'abri.  On  entend  parfois  dire  :  Essaie,  et 
môme  A  la  soie  :  «  I  pleùvot;  allé  s"é  métu  à  l'assoie  sou 
ein  ûbre  ». 

Ital.,  alV  asciutto.  BeiTV,  à  la  coi,  à  la  coure.  Bourg.,  ai  l'aicoyau 
à  Vessote.  Champ.,  à  Vécoyau.  Dauph.,  à  la  sauta.  Fr.-Gté,  à 
l'aissoute.  Fril).,  à  la  sola.  Genev.,  à  la  sioufe.  Hain.,  al  coiete. 
Lyon.,  recoto.  Mons,  au  coi.  Montr.,  assote,  à  la  soute.  Morv.,  à 
la  coi,  ai  l'aicouau.  Neufch.,  la  chotta.  Pic,  à  la  coyette.  Rom., 
essoute.V\.ovic\\.,aucau  St-Am.,  acheùte.  Sav.,  à  la  cheiitd.  Y ■àiid., 
la  chotta.  Vosg.,  à  lai  chouai. 

Ass'tot,  adv.,  aussitôt,  au  moment  que. 

Bourg.,  aussitô,  osseto.  Lorr.,  astôt,  ass''f6t  que  (sûrement  que). 
Morv.,  chutât.  St-Am.,  chas t eu.  (Voir  Auss'tôt). 

Atou,  prép.,  avec,  ensemble,  aussi.  (V.  Éiou,  Itou). 

Atounant,  adj.,  étonnant. 

Morv.,  atounant. 

Atout,  s.  m.,  coup  bien  appliqué  :  «  01  étot  tôjor  à  me 
r'chigner;  j'  t'  li  ai  fichu  eun  atout!...  »  Les  joueurs  aux 
cartes,  prenant  le  mot  au  sens  propre,  disent  :  «  battre 
atout  »  pour  :  jouer  atout. 

Berry,  atout.  Cognac,  atout.  Genev.,  battre  atout.  Manch.,  atout. 
Norm.,  battre  atout.  Pic,  atout.  Sav.,  atout.  Wall.,  atott.  Vx.  fr., 
à  tout. 

Atraper  {s'),  V.  pr.,  se  heurter,  se  faire  mal  contre  un  corps 
quelconque  :  «  Ohl  là  là!  j'  m'é  atrapè  la  main  cont'  le 
mur  !  y  m'fà  bé  mau  !  » 

Bourg.,  étraipai. 

Atrapote,  s.f.,  piège,  lacet  disposé  pour  prendre  les  oiseaux. 
Au  fig.,  ruse,  artifice, 
resse,  aîtrapote.  Pioucli.,  atrape  (pour  les  animaux). 


34  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Atrapou,  s.  m.,  attrapeur,  rusé,  qui  trompe. 
Bourg.,  aitraipoù. 

Atreaux,  ou  Atriaux,  s.  m.,  boulettes  de  foie,  de  cœur  et  de 
mou  de  cochon,  très  agréables  aux  délicats.  Ces  boulettes 
se  confectionnent  aussi  avec  des  tranches  de  viande  roulées 
et  grillées  (Atclets). 

Employé  aussi  dans  le  sens  de  :  fricandeau. 

'Bon.Yg.,  ûtraux.  Bress. ,  otelets.  Forez,  autarianx.  Genev.,  at7'iaux. 
Norm.,  haielet.  Vx.  fr. ,  hdtereaux,  astereaux,  altereaux. 

Atrinqué,  adj.,  à  son  aise,  ayant  bien  tout  ce  qu'il  lui  faut  : 
«  J'  sons  été  voir  nout  tante;  iûV  é  ben  atrinqucc  ». 

AucuEUNE,  adj.  indéf.,  aucune. 

Ilâl. ,  alcuna.  iionrg.,  auquène,  iVlorv.,  dauqueune.  Prov.,  alcun, 
Vx.  fr.,  alcun,  alqiiens. 

Au  DROIT  DE . . . ,  loc. ,  à  la  portée  de. . . 
Morv.,  au  droit  de.,. 

Auj'DEU,  adv..  aujourd'hui.  —  Contration  d'awjorf/ew. 
(V.  ce  mot). 

AujORDEU,  adv.,  aujourd'hui. 

Lat.,  hodie  (hoc  die).  Berry,  anhui.  Bourg.,  ojede'ù,  aujoden. 
Bresse,  ozordi.  Genev.,  aujord'hui.  11. -V.,  ani,  anhui,  anhé, 
anhet.  Lang.,  hiuèi.  Lim.,  anét.Lovr.,  ajd'heu,  ajeffueù,  éméheu. 
Lyon.,  huey,  vuey.  Mac,  ajôrdic.  Morv. ,hôcedé,  ojedeu,  ozedeu, 
ûjedeu,  azedeu,  mâdeu,  ozedé,  ozourdé.  Prov.,  Md,  enqu'hui. 
Rom.,  hey.  Sav.,  voia'.  ^ovl\.,  en-hui.  TouL,  owej/.  Vosg.,  agedeu, 
aigedeu.  (V.  Auj'deù,  Aneiit). 

AuNOT,  s.  m.,  oison  sortant  de  l'œuf  :  «  01  é  ben  futé  c'ment 
ein  axmot  ». 

Auss'TOT,  adv.,  aussitôt  :  «  Voui,  auss'tôt  qu'  ses  bas  ont  des 

portus,  ô  t' les  met  au  rancart  ». 
Bourg.,  aussitô,  ossetô.   (V.  Ass'tôt). 

AuTOR,  prép.,  autour. 

Ital.,  intorno.Bowvg.,  autor.  St-Am.,  la  tou,  lou  tou,utou.  Sav., 
iteur. 

AuTOUNE,  s.  f..  automne. 
Lat.,  autumnus.  Vrov. ,  autom. 

Av',  contraction  d'avez  :  «  Au'  vous  besoin  que  j'  veiane?  » 

(V.  Av'  vous). 

Avalée,  s.  f.,  descente,  pente  de  terrain. 
Lat.,  ad  vallem. 


LANGAGE   POPULAIRE    VEUUUNO-CIIALONNAIS  3.' 

Avaler,  v.  intr.,  descendre  :  «  A  Vaval,  aïo!  »  est  le  cri  du 
berger  rasscml)lant  son  troupeau.  On  a  dit  autrefois  «  à  J>ride 
avalée  »  pour  :  à  bride  abattue. 

Bourg.,  éi-aulai.  Morv.,  aivaler.  Nonii.,  avaler.  Vx.  fr.,  avaler,  av al- 
ler, s'avaler  (s'abaisser). 

Avaler,  v.  tr.,  quereller  en  criant  fort,  s'emporter  brutale- 
ment :  »  Je  m'  garderai  ben  d'il  en  parler;  ô  m'avalerot  ». 

Avale-tout-cru,  loc.  adj., goinfre,  glouton  :  «  L'inviter,  c'gas? 
Oh!  côge-te;  y  et  eun  avale-tout-cru  ».  (V.  Avale-royaume). 

Avale-royaume,  loc.  adj.,  mange-tout. 

{Y .  Avale-tout-cru,  dont  il  est  synonyme). 

AvANPLEUE,  s.  m.,  auvent,  tente  pour  garantir  de  la  pluie 
(avant-pluie). 

Morv.,  aicanpleue. 

Avant,  adj.  et  adv.,  loin,  profond,  profondément  :  «  Por 
avouer  eun  p'chot  d'ombre,  j'ai  r'planté  l'àbre  pu  avant  ». 
«  J'ai  vu  r  trou;  ôl  é  ben  avant  ». 

Lat.,  ab  anle.  Bourg.,  aivan.  Morv.,  aivan.  Pic,  avant. (Voir  Avau). 

Avant  [lonA'a  cV),  terme  de  mariniers.  (Voir  Louïa). 

Avant  d'  lai,  adv.  de  lieu,  loin  d'ici  :  «  Y  a  biau  jeu  qu'ôl  é 
parti;  ôl  é  ben  avant  cl'  lai  ». 

Avanter,  v.  tr.,  aveindre  :  «  Avante-me  c'te  bouéte;  i  n'  seù 

p'assez  grande  » . 
Bourg.,  évoindre,  ar oindre,  Genev.,  avanter.  .Jui'a,  avanter.  Lang., 

avéra.  Lyon.,  arera.  Montr.,  avanter.  Sav.,  avêtâ.V^?à\.,  aveni. 

(Berry,  Nivern.,  Norm.,  Pic.  ont  le  mot  français). 

Avau,  te,   adj.,  profond:  «  L'ià  é  frôche  à  mon  pouit;  ôl  é 

ben  ava^i  ». 
Lat.,  advallem.  Montr.,  avaitt.  (V.  Avant,  Evaii). 
AvÉNE,  s.  f.,  avoine, 
Lat.,  Ital.,  avena.  Berry,   aveine.  Bourg.,   aivona.    Lim.,  avêno. 

Morv.,  aivoigne.  Norm.,  avena.  Pic,  avène.  Prov.,  avena.  Sav., 

avêna.  Wall.,  avônn. 

AvENiÈRE,  S.  f.,  champ  d'avoine. 

Avette,  s.  f.,  abeille. 

Lat.,  apis.  Ital.,  ape.  Bevvy, avette,  apette.  Bugist.,  avouille.'DQ.u^h. 
avilie.  Lorr.,  mohatte.  Lyon.,  aveille.  Norm.,  avette.  Pic,  es, 
eps.  Prov.,  abelha.  St-Am. ,  javulye.  Sr\.,  avoellie.  Wall.,  77iofih 
al  Idmm.  Vx.  fr.,  avette,  apette,  aveille. 

AvEUGLOTE  (à  l'),  loc,  à  l'aveuglette,  sans  lumière,  sans  y 
voir  :  «  T'as  ôbliè  ta  lantarne;  V  vas  t'en  r'torner  c'ment 
c'qui  d  l'aveûglote  ».  (V.  Eveûglote). 


36  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNATS 

AvEULE.  S.  f.,  aveugle. 

Lille,  avide.  St-Am.,  avulyou.  Wall.,  aveûle.  (Voir  Eveugle). 

AviER  (s'),  V.  rèfl.,  se  dit  d'une  machine,  ou  plutôt  d'une  montre 
qui,  après  s'être  arrêtée,  s'est  remise  en  marche  seule  :  «  Ma 
montre  s'étôt  érâtée  dans  la  neùt;  àll'  s'èaueée  pendant  la 
preùmenade  ». 

Avoi,  V.  tr.,  avoir  :  «  I  voudro  bon  avoi  V  temps,  j"  te  plain- 

dro,  vrà  !  » 
Lat.,  hahere.   It.,  avère.    Bourg.,  aivoi,  aivoy.  Il.-Vne,  avai,ava. 

Morv.,  aivouû.  Norm.,  aver.  Pic,  avoër.   Poit.,  avère,  avouère. 

Prov.,ai5er.  Suis,  rom.,  arai.  Wall.,  aveur.  {N .  Avouer). 

Avou,  prèp.,  avec, 

Berry,  anc,  anvec,  aveiic.  Bourg.,  aivô,  aivu,  aiveii,  aicoue,  avoue. 

Bresse,  avoui.  Bugej'^,  avoué.  Gogn.,  avou.  Dauph.,  avey,  aveque. 

Fr.-Gté,  aivo,  aiveu,  aivoue.    Il.-Vne,  o,  avé,  ové.  Lim.,  coumo. 

Lorr.,  avou,  evou,  avo,  aveu.   Lyon.,  avoï,  avouai.   Mac,  avu. 

Morv.,  aivou.  Norm.,  aveu.  Pic,  aveu,  avé.  St-Am.,  avioâ.  Sav., 

avoai.  TouL,  ambe.  Vosg.,  evo,  awoti,  Wall.,  avou.  V.k.  fr.,  oves- 

ques,  avoec.   (V.  D'avou,  Évou). 

Avouer,  v.tr.,  avoir. 
Lim.,  aver.  (V.  Avoi). 

AvoL'RTON,  s.  m.,  avorton.  Outre  son  sens  propre,  s'emploie 
en  injure  contrôles  gamins  :  «  Sauve-te  d'iqui  avourton!  » 
Bourg.,  aivot07i.  Vx.  fr.,  advoiilton,  advorton. 

Av'  VOUS?  contract.  de  :  avez -vous  ?  Parfois  se  contracte  encore 

davantage  en  :  A'  vous  f 
Vx.  fr.,  avons.  (Voir  Av'). 

A  VUE  D'  PATS,  loc,  coup  d'oeil  d'ensemble,  aperçu    général. 

Signifie  surtout  :  sans  y  regarder  de  trop  près. 
Gogn.,  même  locution. 


B 


Baba  [à),  loc,  à  boire  !  On  emploie  ces  mots  avec  les  enfants, 

et  les  enfants  les  ont  adoptés  dans  leur  vocabulaire. 
Morv.,  bubit,  fére  bubune.  Sav.,  baba. 

Babille,  s.  et  adj.,  femme  qui  cause  beaucoup,  babillarde  : 
«  N'crès  pas  tout  c'  qu'all'te  dit;  y  et  eùne  grande  babille  ». 
Berry,  bagoulant,  e. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAlS  37 

Babo,  s.  m.,  bobo.  So  dit  volontiers  en  |)arlant  aux  enfants  : 
«  T'as  babô  ?  Attends;  jVas  t'  biser  ».  Le  baiser  compte  ton- 
jours  pour  le  meilleur  remède. 

Berry,  babiau,  Genev.,  haf>o,  Morv.,  hahn. 

Babouin,  s.  m.,  qui  a  de  grosses  lèvres,  lippu. 
Ital,,  bahbuino.  Bourg  ,  babouin,  Morv.,  babouin. 

Babouine,  s.  f.,  babine,  grosse  lèvre. 

Berry,    babiche,    babonne.     Bourg.,    babairpie,   habeifjne.    Flaiid. 

babène.  Genèv.,  babouine.  Lille,  bahan7ie.  Morv.,  babouiyie.  Pic, 

babelne. 

Bachot,  s.  m.,  dimin.  de  bac.  bateau  à  compartiments  troués 

pour  garder  le  poisson  vivant  :  «  J'  voulons  eùne  meûrette; 

vas  qu'ri  c'  qu'i  faut  dans  ton  bachot  ».  Ce  substantif  désigne 

le  bateau  tout  entier. 
Berry,  bâche.   Lyon.,   bêche,  besche.    Norm.,    bachot   (petit    filetj. 

Wall.,  bâche,  bac.  (V.  Bdchut). 

Bachut,  s.  m.,  partie  du  milieu  du  bateau  de  pêche,  fermée 
et  à  jour,  et  dans  laquelle  le  poisson  reste  en  eau  vive 
jusqu'à  ce  qu'on  le  mette  à  la  sauce  ou  à  la  poêle.  Les 
Verdunois  emploient  un  peu  indistinctement  bachot  et  bâchut, 
et  pour  les  uns  ils  sembleraient  presque  synonyme,  alors 
que  chez  d'autres  nous  avons  remarqué  la  nuance  indiquée. 

Bas-Lim.,  bachoun.  Bresse,  Serve  (réservoir  à  poisson),  p.  syn.  à 
hûchu.Yovm,  huchet.   Liyon,  bdchu,  bôchu.  (V.  Bâchât). 

Bâfrée,  s.  f.,  bâfre,  repas  copieux,  abondant,  et  pris  avec 
gloutonnerie  :  «  01  a  migé  à  la  noce...  Dieu  de  Dieu  !  queiiee 
bâfrée  ! . . .  » 

Vx.  fr.,  baiiffrée. 

Bâfrer,   v.   tr.,    manger    copieusement    et   gloutonnement  : 

«  O  bâfre,  ô  bâfre;  j'  sais  vrâment  pas  queù  ventre  qu'ôl  a  ». 

Berry,  baufrer.  Bourg.,  bâfrai,  briffai.  Lorr.,  bâfré.  Wall.,  baffrer, 

Bafrou,  s.  m,,  glouton,  bâfreur. 
Berry,  baufreur. 

Baisselon,  s.  m.,  espèce  de  sarcloir. 

Bresse,  bacelon.  Mac,  bessale  (pioche).  Monlr.,  baisselon.  (Voir 
Fessou). 

Baillot,  s.  m.,  soupir.  Se  dit  des  animaux  :  (■;  O  rend  son 
dârei  bâillât  ». 

Baillou,  adj.,  donneur,  qui  fait  volontiers  l'aumône. 
Bourg.,  baillou,  ze. 


38  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Baliyer,  V.  tr  ,  balayer. 

Berry.  halier.  Genèv.,  halier.  Midi^  id.  Moi-v.,  haléger.  Prov., 
halayar.  Rouch.,  halier,  Vx.  fr.,  baloier,  baller.  (V.  Remesser). 

Baliyette,  s.  f.,  dim  ,  petit  balai. 

Liy on.,  coueveta.  Norm.,  haliette.  Rouch..  haliète.  (V.  Remesse). 

Baliyure,  s.  f.,  résidu  du  balayage. 

Berry,  &aiM<re.  Genev.,id.  Midi,  id.,  Roucli.,  id. 

Balant  {ùtre  en),  loc,  être  indécis,  ne  savoir  de  quel  côté 
pencher.  Une  femme,  qui  avait  des  prétentions  et  voulait 
quitter  le  patois  pour  le  français,  me  dit  un  jour,  répudiant 
le  mot  balant  :  «  Je  ne  sais  vraiment  que  faire,  je  suis  dans 
le  décis  (l'indécision)  ». 

Gogn.,  balant. 

Balivarne,  s.  f.,  baliverne. 
Bourg.,  baallvarne. 

Balonge,  s.  f.,  maie  d'une  forme  spéciale  pour  la  préparation 

du  pain  de  sarrazin. 
Bourg.,  bailonge.  Jura,  halonge.  Moulr.,  id. 
En  Bourgogne,  la  bailonge  est  un  cuvier  ovale,  où  l'on  jette 

les  raisins  vendangés  pour  les  porter  à  la  grande  cuve.   En 

Bretagne,  fcrt/op'cif  est  aussi  un  cuvier. 

Balot,  s.  m.,  criblure  de  blé,  d'avoine. 
Montr.,  ballot. 

Balote!  s.  f.,  terme  employé  par  les  paysans  pour  appeler  les 

oies. 
Montr.,  balotte  (belette). 

Bambiner,  V.  intr.,  muser,  flâner  :  «  On'  fait  qu'  bambiner  po 

les  rues  ». 
Forez,  bamband,  banibardd. 

Bamboche,  s.  f.,  babouche,  savatte,  pantoulle,  chaussure  de 
chambre. 

Genev.,  bamhnrhe.  Pic,  id.  Jura.id.  Metz,  id. 

Bambocher,  v.  intr.,  godailler,  riboter,  passer  son  temps  en 
plaisirs. 

Genev.,  bambocher.  Vaud.,  id. 

Bamboches,  s.  f.,  se  prend  dans  l'acception  de  plaisirs  peu 

modérés  :  «  0  fait  ses  bamboches  ». 
Ital.,  bamhoccio.  Norni.,  bamboches.  Rouch.,  id.  Wall.,  ba.mbosch. 


LANGAGK    l'Ol'U  I-AIUI':    VKKDUNO-CHALONNAIS  3i> 

Bambocites  s.  f.,  balivernes,  dires  de  peu  d'importance  : 
«  Côge-te  donc,  te  m'  dis  des  bamboches  ». 

Baneire,  s.  f.,  bannière. 

Ital  ,  hdiidicra.  Bourg.,  baneire.  Prov.,  bandiera,    baneira.   Wall., 

banire. 

Barbe,  s.  f.,  barbe. 

Lat.,  et  Ital.,  barba.  Bourg.,  babe.  Prov.,  barba.  Wall.  bâbe. 

Barbette  s.  f.,  dim.  de  barbe,  barbe  naissante.  Très  usité 
dans  ce  chant  des  enfants  se  tenant  rècipro(iuement  le  bout 
du  menton  : 

Je  te  tiens,  tu  me  tiens,  'par  la  barbette.  Le  premier  de  nous 
deux  qui  rira,  aura  la  tapette. 

Morv.,  barbette  . 

Barboter,  v.  tr.,  salir  :  «  Aile  a  joliment  barboté  sa  jupe!  » 
Norni.,  varvoter. 

Barboter,  v.  intr.,  bégayer,  parler  de  façon  peu  intelligible  : 
«  Qu'è-c'  que  f  nous  barbotes  ?  On  n'  t'entend  pas  » . 

Barbouiller,  v.  tr.,  affadir,  dc-ranger  :  «  J'ons  mingè  l'oie  de 
la  Saint-Martin;  ma  allé  étot  si  grasse,  qu'àll'  me  barbouille 
le  cœur  ». 

Barbouillon,  s.  m.,  qui  ne  sait  ni  parler,  ni  se  tenir,  décon- 
tenancé :  «  01  é  sale.  ô,n'  dit  mot;  y  et  eun  vrâ  barbouillon  ». 
J.- Jacques  a  donné  ce  nom  à  un  méchant  musicien. 

Genèv  ,  barbouillon. 

Bardoler,  et  Berdoler,  v.  tr.,  barioler,  peindre  de  plusieurs 

couleurs  les  œufs  de  Pâques. 
Bourg.,    barrôlai.    Genèv.,    baricolé.   Montr.,  bardoller.  Poit.,    bri- 

galer.  Jioach..,  gdioler.  Vx.  fr.,  riolé.{Y.  Barigoler). 

Bardot  et  Berdot,  adj.,  bariolé.  Pour  Pâques,  les  marchandes 
mettent  en  vente  les  cocos  bardots,  c'est-à-dire  peinturlurés 
de  diverses  couleurs.  On  les  dit  aussi  bardolès,  du  verbe  qui 
précède.  S'applique  aussi  aux  taches  de  rousseur  :  «  C'te 
fonne  é  bardote  ». 

Bourg.,  barrôlai.  Montr.,  bardot.  Hoiich..  ffaïolé.  (V.  Bardoler). 

Barger,  s.  m.,  berger. 

Bas  Lat.,  berbicarius.  Eerry,  barger.  Bourg.,  borgei,  bogei.  Bres.s., 

berzi.  h'im  ,  barger.   Lorr.,    b6gé.M.&Q,.,  bregi.    INIorv.,   beurger. 

borgé,  beurzé.  Norm.,  bergier.  Pic,  berker.  Prov  ,  bergier. 


40  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Bargère,  s.  f.,  bergère. 

Bourg.,  borgeire.  Morv.,  beurgére.  borgére,  beurzére. 
Ce  féminin  est  mis  ici  pour  exemple.  Le  féminin  des  mots  de  la 
nomenclature  qui  précède  se  forme  naturellement. 

Bargerie,  s.  f.,  bergerie. 

Lat.,  berbicaria.  Bourg,,  borgerie.  Morv.,  id.  St-Am.,  brezei'i, 
Vx.  fr.,  ber chérie. 

Barignon,  s.  m.,  chemin  creux.  (V.  Conchisc). 

Barigolé,  adj.,  bariolé. 

Genev.,  baricolé.  Lyon,  id.  Morv.  id.,  brigolé.  Vaud.,  baridolc. 
(V.  Bardât). 

Barigoler,  V.  tr.,  barioler. 

Morv.,  brigoler.  (V.  Bardoler). 

Barnager.  V.  intr.,  réussir,  prospérer  :  «  C'te  famille  a  mau 
torné:  àlT  n'a  ])omibarnarjè  ».  S'emploie  aussi  pour  produire, 
fructifier:  «  Ces  àbres  ne  barnagent  point;  la  tàrre  ne  leû 
convient  pas.  Les  pommes  de  tàrre  n'ont  point  bar  nagé 
c't'  an-née  ». 

Morv.,  bairiiaiger. 

Baronfler,  V.  intr.,  respirer  bruyamment  et  péniblement: 

«  (31  a  quéque  cbouse  qui  le  geinne;  ôl  en  baronfle  ». 
(V.  J  on  fier). 

Barquot,  s.  m.,  petit  bateau,  dim.  masc.  de  barifue  :  «  Monte 

au  barquot;  j'  vons  pocher  ».  Plusieurs  l'écriraient  barcot ; 

mais  devant  Torthogr.  de  barque,  d'où  il  procède,  il  n'y  a 

pas  à  discuter. 
Bourg.,  baque  (barque).  Dauph.,   barqiiet.    Rouch.  barquète.  (Voir 

Fourquette.  Arlequin). 

Barre,  s.  f.,  le  devant  :  «  la  barre  du  lit,  la  barre  de  la  porte  •". 
On  dit  aussi  :  la  barre  du  cou,  pour  :  la  nuque,  qui  n'est 
plus  le  devant. 

Bas  (descendre  en),  amplif.   incorrect,  employé   un   peu  par- 
tout. 
(Y.  Bois,  Chaud,  Froid,  Haut). 

Basaine,  s.  f.,  basane,  peau  de  mouton  préparée, 
Vx.  fr.,  basane,  bezane. 

Bassin,  s.  m.,  petit  vase  en  cuivre  et  à  queue,  accompagnant 

toujours  le  siau  qui  contient  l'eau  à  boire. 
Bourg.,  baissin.  Morv.,  bassin,  baissin.  Pic,  bachin.  Prov,,  bacin. 


LANGAGE    l'OPULAlilE    VEllDUNO-CUALONNAIS  -11 

Bassin-d'or,  s.  m.,  renoncule  des  près. 
Morv.,  hassind'or.  Poit.,  clair-bassin. 

Bastringue,  s.  m.,  bruit  dissonnant  qui  agace,  tapage  :  «  Vtu 
ben,  ch'  ti  botriati,  fini  ton  bastrinf/ue;  te  m'  casses  les 
orilles  ». 

Batafi.  s.  m.,  petit  morceau  de  corde  non  tordue,  dont  les 
mariniers  se  servent  pour  attacher  ensemble  deux  autres 
cordes,  deux  petits  bouts  de  bois,  etc. 

Forez,  batafi. 

Batiau,  s.  m,,  bateau. 

ItaL,  batello.   Bourg.,   baitea.  Dauph.,  batcu.  Lurr.,  bèquià.  Morv., 

baqitiau.    Prov.,  batelh.  Piouch.,   batiau.   St  -Am.,    batô.    Wall., 

bâtai. 

Batin,  s.  m.,  petit  lait,  résidu  aqueux,  qui  s'est  produit  à  la 
battue  du  beurre. 

Moatr.,  battain. 

Batrasse.  s.  f.,  forte  pluie,  averse,  parfois  mélangée  de  grêle  : 
«  La  vigne  a  passé  fleur,  mais  gare  la  bab^asse!  »  — 
J.  Guillemin  suggère  que  «  ce  mot  fait  penser,  par  son  éty- 
mologie  grecque  (/5aTpa;/oç)  [?J,  aux  prétendues  pluies  de 
batraciens  »,  où  il  voit  tout  simplement  une  pluie  Luttante. 

Gogn.,  batrasse.  Montr.,  id.  {y.  Beùrée). 

Bâtant,  s.  m.,  sorte  de  piège  en  planchettes  pour  prendre  les 

oiseaux,  trébuchet. 
Boarg.,  baitan. 

Bateron,  s.  m.,  espèce  de  tresse  formée  avec  le  chanvre  qu'on 
ne  ferrote  pas . 

Batou,  s.  m.,  batteur  de  blé,  qui  bat  au  fléau,  en  grange, 
liai.,  batlilore.  Movy.,  battoii.    Prov.,  bateyre,  batedor. 

Batre,  V.  tr.,  pris  dans  une  acception  absolue  pour  :  battre  le 
blé  :  L'  pare  Chose  bat  à  Saint-Jean  » .  Une  locution  très 
usitée  est  encore  celle-ci  :  «  batre  en  grange  ». 

Ital.,  battere.  Bourg..  baitre.beutre.'MoYX.,  battre.  Prov.,  batre. 

Batre  de  la  caisse,  loc,  tambouriner,  fonction  du  «   tam- 

bournier  ». 
Sav.,  tambornâ. 

Bauché,  s.  m.,  fenil.  (V.  foincau).  (Mervans). 


42  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Baular  etBoLAR,  adj.,  celui  qui  crie,  qui  pleure. 

Morv  ,  bolar,  bolet. 

Baulée  et  Bolée,  s.  f.,  cri,  hurlement,  mais  aussi  chant  de  joie. 

Bauler  et  BoLER,  V.  intr.,  pleurer  avec  des  cris,  beugler: 
«  E'-ti  mauvais,  ce  p'tiot!  ô  n'faitqu'  bauler!  » 

Forey.,  beiirld.  MovY  ,  bauler,  bôler  (se  dit  des  taureaux),  Poit.,  id. 
St-Am.,  bêlé.  (V.  bêler,  beùler,  rebauler). 

Bauméri,  s.  m  ,  nom  que  les  mariniers  donnent  aux  chevaux 
de  renfort  qui,  de  l'autre  côté  de  la  rivière,  aident  au  tirage 
des  bateaux. 

Bavaroise,  s.  f.,  petit  pont  de  pantalon. 
Rouch.,  bavaroisse. 

Baver,  v.  intr.,  bavarder,  parler  continuellement. 
Bourg.,  baivai.  Prov..  bavnr. 

Bavette,  s.  f.,  bavardage,  longue  conversation  :  «  Voù  c'ét-i 
qu'à'  sont,  nos  tonnes  ?  —  Cheû  la  Koussote.  A'  taillont 
eùne  fine  bavette  ». 

Bourg.,  baivaite,  baibillô.  Wall.,  bavette.  Vx.  fr.,  baverie.  (N .Tailler, 
Causette). 

Bavou,  adj.,  qui  bave,  sens  propre  (?),  mais  surtout  au  fig.  : 
bavard,  craqueur,  menteur  :  «  Y  é  pas  vrai.  Côge-te;  t"ét  ein 
p'tiot  bavou  ». 

Berry,  bavoux.  Marne,  baveiir.  Montr.,  bavou  Morv.,  id.  bavoichou. 
Pic,  baveux.  Poit.,  bavou.  Prov.,  bavec,  bavet.  Sav.,bavii,  bavœu. 

Bazaine.  S.  f.,  étoffe  employée  jadis  dans  les  costumes  de 
femmes,  et  très  goûtée  de  nos  grand'mères. 

BÉ,  adv  ,  bien,  fort,  beaucoup. 

Bourg.,  bé,  ben.  Morv.,  bein.  St.  Am.,  bié.  Saint.,  bé.  Wall.,  id. 
(V.  Benj. 

BÉATiLLE,  s.  f.,  bagatelle,  débris,  objet  de  peu  de  valeur  ou  de 

minime  format. 
Bourg.,  béatille  (bonne  chose  à  manger).  Lyon.,  id.  Prov.,  beniilhas. 

Beaune  {?e  trouver  de),  loc,  être  de  reste,  laissé  de  côté;  n'être 
pas  suivi,  pas  pris  au  sérieux  :  «...  Un  tas  de  résolutions, 
qui  toutes  se  trouvent  de  Beaune  devant  la  dernière,  la  meil- 
leure qu'elle  ait  jamais  pu  prendre  »  (correspondance 
de  1833).  Cette  locution  chalonnaise  était  encore  très  usitée 
dans  mon  jeune  temps. 

Bourg.,  Beane.  Forez,  être  de  Beaune. 


LANGAGE   POPULAIRE    VKKDUNO-CHALONNAIS  43 

Beaune  a  été  raillée  du  temps  de  Piron,  et  surtout  par  Piron.  Un 
enfant  de  cette  ville,  M.  S.  Gautliey,  Ta  vengée  dans  une 
pièce  de  vers  liliale.  En  note,  il  ajoute  que  lîeaune  vient  de 
g£//;vo;  (le  soleil;,  et  le  prouve  par  ce  calcul  (en  plaçant  verti- 
calement les  lettres  de  ce  nom  mystérieux,  et  leur  donnant 
leur  sens  numérique  grec)  : 

fi-      2 

e  —       f) 

À  —   ;^o 

V;   -        8 

V  —     50 

0  _    70 

Ç  —  200 

oOÔ,  nombre  des  jours  de  l'année  solaire. 

Beanc  se  prononce  Biâne.  Selon  le  compétent  bourguignon 
J.  Durandeau,  «  c'est  sans  doute  à  cause  de  cette  rime  («ne, 
Bidne]  qu'on  a  dit  :  les  ânes  de  Beaune  ».  —  Selon  La 
Mésangère,  il  y  aurait  eu  jadis  à  Beaune  de  riches  marchands 
appelés  L'Asne,  et  les  railleries,  très  imméritées,  seraient 
venues  d'un  malentendu  sur  ce  nom. 

Becfi,  s.  m.,  JDecfigue,  oiseau  qui  béquette  les  figues  et  que 
l'on  trouve  d'un  manger  délicat. 

BÉCHELON,  s.  m.,  bêche.  (Mervans.) 

Berry,  bisse,  besse. 

BÉCOT,  s.  m.,  baiser  :  «  Allons,  p'tiote.  vein  et  fais-me  eiu 
bécot  » . 

(Hhanip  ,  /;ec.  Flaiid.,  besse.  Lang.,  héquon.  'Slor\.,'bécô,  boqiie . 
Pic,  bec.  (V.  Bicot). 

BÉCOT,  s.  m.,  bec,  petit  bec. 

Berry,  bé.  Bourg., &at.  Lim.,  bé.  Lorr.,  bac,beuc.  Moutr.,  fe«.  Morv., 
be.  Pic,  be  Prov.,  bec.  Rouch.,  bicque.  Wall.,  bêche,  be(j. 

Bedon,  s.  m.,  bedaine,  gros  ventre.  En  français,  signifie  : 
homme  replet,  le  gros  ventre  s'appelant  :  bedaine.  «  01  a 
eun  fameux èecion ;  ma  y  é  pas  étonnant,  ô  bâfre  tôjor  ». 

Morv.,  bedon,  (petit  ventrej.  Poit.,  bedaille,  bode.  Wall.,  bodène. 

Beh  (mouton),  loc,  nom  donné  au  mouton  par  les  enfants  qui, 
toutes  les  fois  qu'une  ou  plusieurs  de  ces  douces  bêtes 
passent,  conduites  par  le  boucher,  ne  manquent  jamais  de 
formuler  ce  petit  dialogue  ; 

yioiiton  bêh,  —  où  vas-tu  ?  —  -4.  la  boucherie,  —  Perdre  la  vie.  — 
Mouton  bêh,  —  Quand  r' tiendras-tu?  — JoAnais...  —  Mouton 
bêh! 


44  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

L'apostrophe  mouton  bch,  qui  revient  trois  fois  dans  ce  mor- 
ceau, est  prononcée  avec  rimitation  la  plus  parfaite  possible 
du  bêlement  du  pauvre  animal.  Le  langage  enfantin  n'est 
qu'onomatopées. 

Norm.,  hais.    Toul.,  mé. 

Beiller,  V.  tr.,  bailler,  donner  :  «  Qu'é-ce  que   te  m'  beilles 

iqui  ?  Y  et  eijne  prou  jolite  afâre  !  » 
Lat.,  bajulare.  Montr.,  beillir.  M.ovy.,  beiller.  Prov.,  hailar,baillir. 

BÉLEiNiENT,    adv.,    doucement,   agréablement:   «Eh   ben!   la 

mère,  ça  va-t-i  ?  —  Marci,  tout  bêlement  ». 
Bress    chalonnaise  anc,  ballement.  Jura,  ballaman.  Morv.,  halle- 

ment.  beiilement.  Vosg..  hêleman.  Toul.,  béloman.  Vx.  fr,  belle. 

ment. 

BÊLER,  V.  intr.  crier  en  pleurant.  (V.  Bcnder,  Couiner.) 

Belin,  adj.,  gentil,  beau,  mignon.  Expression  caressante  dans 
le  langage  des  enfants  :  «  Veins  m'  biser,  mon  p'tiot  belin  !  » 
M.  Ragut  dérive  ce  mot  debellino,  joli. 

Belsamine,  s.  !..  balsamine. 

Rouçh.,  heljamine,  benjamine.  Wal.,  benjamine. 

Ben,  S.  m.,  bien,  propriété.  Ce  mot  a,  dans  les  diff.   patois, 

les  mêmes  analogues  que  Ben.  adv.  (V.  ce  mot). 
Sl-Am  ,  lou  ben. 

Ben,  adv.,  bien,  beaucoup. 

Lat.  el  Ital.,  bene.  Bas-Norm-,  biein.  Berry,  ben,  bin.  Bourg.,  ben, 

bé.  Bress.,  ?im.  II. -V.,  ben.  him. ,bei.  Lorr.  bin,  bé,  Mac,  bian. 

Morv.,    beiji.   Norm.,  bé.    Pic,  be)i.    Poit.,   ben.    Prov.,  ben,    he. 

Rouch.,  ben.  St-Am.,  bén.  Saint,,  be.  Sav.,  bi^i.  Wall.,  bin,  bé. 
(Voir  Bé.) 

Benissoire,  s.  m.,  goupillon  ;  «  L'  bon  Dieu  t'  bénisse  avou 

son  grand  benissoire  !  »  Se  dit  à  l'éternuement. 
CogQ.,  bénissoére.  (V.  Asi^ergès.) 

Benissu,  part.,  bénit,  bien  conditionné. 
Morv.,  bénissu.. 

Benne,  s.  f..  corbeille  destinée  au  transport  des  fruits,  légumes. 

grains,  etc.   Elle  est  ordinairement  tressée   en  jonc  ou  en 

osier,  et  assez  profonde. 
Bas-lat.,  ôenwa,  6enna<a.;  Ital.,  tenna.  Berry,  benne.  Bourg.,  banne. 

Bress.,  henna.  Flam.,  &e««.  Grenob',  6œ«a<a.  Lyou,,  fcena.  Morv,, 

benne.  Pic,  begneii,  benieu,  (tombereau;.  Bouch.,   bentie,  béne. 

Valenc,  beniau  (tombereau).  Wall.,  benne,  béne. 
(V.  Benncton,  Bouène.) 


LANGAGE   POPULAIRE   VRRDUNO-CHALONNAIS  45 

Benneton,  s.  m.,  dim.  de  Benne, 

Berry,  benaton.  Bourg.,  bena(o)i.Ch(i\.\\l.,henet07i.Cxer\eY.,  henaiton. 

Lyon.,  benoii,  benot.  Midi,   bcDiastou,  bcinaton.   Sav.,  bi-nàlon. 

Wall.,  banète.  Vx.  fr.  banaston. 
En  Bourgogne,  c'est  le  panier  oblong  qui   sert  à  transporter 

les  raisins  dans  la  balonga.  (V.  Benne.) 

Bentot,  adv.,  bientôt. 

Berry,  hentoùt.  Bourg.,  bétô.  Daupli.,  bientou.  heliau.  Forez,  bcnio. 

Il.-V.,  bentôt.  Lang.,  benleou.  Lyon.,   betou.  Prov  ,  beîeou.   St.- 

Am.,  bén  dasteû.  Sav.,  binstoii.  (V.  Bétôt). 

BÉQUET,  s,  m.,  bouquet. 

Ital.,   boschetto.  Bourg.,   beuquai,   boquai.  Morv.,  baquet.    St-Am. 
bonkyë.  Suiss.  rom.,  boket.  Widl,,  buscai. 

Berchot,  s.  m.,  brèciie-dents,  à  qui  il  manque  des  dents.  Sans 
trop  s'éloigner  de  la  prononciation,  on  pourrait  écrire  beùr- 
chot.  Cette  remarque  peut  s'appliquer  à  plusieurs  autres 
mots. 

Aveyr.,  bercat.  Gogn.,  deurchut.  Forez,  barchu.  Genev.,  berche 
Lang.,  bèrgua.  Lyon.,  bréchu.  Montr.,  berchot.  Poit.,  berchaud, 
Bom.,  besca.  Toul.,  endentat.  Vx.  fr.  brcsce. 

Bernauder,  V.  intr..  lambiner,  musarder,  perdre  du  temps. 
Berry,  bernauder. 

Bernicle  !  interj.,  bernique!  «  Teins!  pasque  t'  Tas  treùvée 
jolite,  i  t'a  r'semblé  que  t'  peûvos  la  prende...  ma  bernicle  !  » 

Genev.,  bernicle.  Morv.,  beurniqhie.  Norm.,  bernicle.  Vx.  fr. 
bernique. 

BÉscu,  loc,  ironiq.,  baise-cul.  Tient  lieu  de  réponse  au  question- 
neur que  l'on  trouve  trop  curieux  s'il  demande  :  «  Qui'  c' 
qui  é  v'nu  t'  vouer  ?  »  —  «  Béscu  Y  jeune,  lui  réplique-t-on  ; 
V  vieux  é  mort  ». 

Fland.,  bescic.  Norm.  bescu  (maladroit).  Rouch.  bescn  (maladroit). 

Besin,  adj.,  lent,  musard. 

Besiner,  V.  intr.,  lambiner,  musarder,  aller  lentement. 

Besognou,  adj.,  besoigneux. 
Morvan,  besoignou.  Prov.  besonhos. 
Besoin  {avouer  de),  loc,  avoir  besoin. 
Gogn.,  même  formule,  Prov.,  besonh. 

BÊSSE  (à  la),  loc,  au  gré  de  l'eau  :  «  Mon  batiau  s'en  va  à  la 
bêsse  ». 

Bestia,  adj.,  sot,  bête,  maladroit,  bestiasse. 
Lat.  et  Ital.,  bestia.    Bourg.,  béte.  Comt  ,  bestiasse.    Prov..   bestia. 
St-Am.,  6ew(^  (benêt).  Vx.  fr.  bestion. 


4G  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Bestiau,  s.  m.,  bêtes,  bétail,  troupeau  :   «  J'ons  eùn  bestiau 

d"  malade  ». 
Lat..  hestialis.  Berry,  bestiau,  bestial.  Daiiph.,  bestiau,  bétie.  Lim., 

beïtiàu,   bétio.     Morv..   bestiau.    Norm.,    le  bestial.    Sav.,  bétiau. 

Vx.  fr.  bestial. 

BÉ  SEUR,  adv.,  bien  sûr,  certainement. 

BÊTASSE,  adj.,  bêta,  simplet,  naïf. 
Ital.,  bestiaccia.  'Slovv.,bét6. 

BÈTASSERiE,  S.  f.,  bêtise,  simplicité,  naïveté. 
Sav.,  bêtise. 

BÉTE  NOUÉRE,  S.  f.,  ])ête  noive,  petit  coléoptère  qui  dévore,  au 
printemps,  les  jeunes  siliques  du  colza.  On  l'appelle  encore 
Altise,  et  Tiquet. 

BÉTOT,  adv.,  bientôt. 

Lille,  bèfot.  Lorr.,  béteu.  Wall.,  bétôt.  (V.  Bentôt.) 

Beu,  s.  m.,  bœuf. 

Berry,  bœu.  Bourg.,  beu.  bô  Bress  ,  boua,  bua.  Dauph..  bou.  Lim., 
biàu,  bio.  Lorr.,  bii,  bûr.  Lyon.,  bou.  Mac,  beu.  Montr.,  bû.  Morv., 
bœu.   Pic,  bu,  bœu.  Prov.,   bov,  buou.  Rouch.,  bue  (monosyll.). 

St-Ani..?>(ct%  Sav.,  bou.  Toiil.,  bioou.  Wall.,  boùf. 

Beugler,  v,  tr.,  regarder  insolemment. 

(V.  Beûiller.) 

Beugne,  s.  f.,  grosseur,  bosse  résultant  d'un  coup  reçu,  prin- 
cipalement à  la  tête  :  «  Jacquot  m'a  battu  ;  ô  m"a  fait  eûne 
beûgney>,  Ch.  Nisard.  trouvant  une  res.semblance  entre  la 
bosse  et  le  produit  culinaire,  se  demande  si  beignet  et  bcu- 
(jnot  ne  viendraient  pas  de  beignc  et  beûgne  ? 

Berry,  beugne.  Bourg.,  beugne,  bcigne,  boigne.  Champ.,  beugne, 
Cognac,  beugne.  Fr.-Gté,  beussnieu.  Lorr.,  beugne.  Morv.. 
beugne,  Norm.,  heigne  bigne.  Poit.,  cabeugne,  queugne.  Rom  , 
bigne,  bugne,  bugnie.  Saint.,  beurgne,  beugne.  Suiss.,  bougne. 
Toul.,    bouigno.  Yx.fr.  beigne,  bigue.  (V.  CabeùgneJ. 

Beugner,  V.  tr..  frapper,  heurter  violemment,  surtout  à  la 
tête  :  «  Que  qu'  t'as  là?  T'  t'é  beûgné  le  front  ». 

Gogn.,  beugner.  Movy.,  beugner,  bausser,  Poit.,  beurgner,  queugnai. 
Saint.,  beurgner. 

Beugnet,  s.  m.  beignet,    friture  renfermant  d'ordinaire  une 

tranche  de  fruit. 
Berry,  beugtiet,   beugnon.   Bress.,    bugno  (les   bugnos  se  mangent 

pour  les  accordailles),  Genev.,  bignef.  bugnet,  bugnon.  Lim.,  bou- 

nieto.   Lyon.,  bugne,  bugnie.  Montr.,  bugnot.   Prov.,  bougnetto. 

St-Am.,   bugnëta,    Toul.,  bougnetto.  bouigneto,  Vx.  fr.   bingne, 

begne. 


LANGAGE    POPULATIIR    VRRDUNO-CIIALONNAIS  47 

Beuiller,  V.  tr..  regarder  comme  font  les  bœufs,  de  près  et 
fixement  ;  avec  obstination,  indiscrétion  :  «  Qu'é-co  (|uc  fas 
à  m'  beuiller  c'ment  c'qui  ?  » 

^o\\.rg. ,  beuillai,  beuyai.  CjOgn.,  beuiller.  Fr.-Cté.  beuiller.  Poit., 
gueuiller.  (V.  Bcùcler.) 

Beuler,  V,  intr.,  crier,  l^eugler.  Se  dit  des  enfants  qui  crient 
par  malice  (V.  Bauler.) 

Beurbis,  s.  f.  brebis. 

Ital.,  &er62ce.  Berry,  berbis,  barbis.  Morv.,  barbi,  beiirbi.  Pic,  ber- 
bis.  FroY.,  berbii^.  Vx  fr.  berbis. 

Beurcer,  V.  tr.,  bercer. 

Bourg. ,breussai.  Prov.,  bursar,  bressar.  Wall.,  bilsi.  bilzi. 

(V.  Breùcer,   Groter.) 

Beurdin,  adj.,  étourdi,  brouillon,  sot. 

Berry,  berdin.  Morv.,  beurdais,  ébeurdi.  Poit.,  berde. 

Beurdouiller,  V.  intr.,  bredouiller,  mais  dans  un  sens  presque 
contraire  à  l'accept.  fr.,  qui  est  :  causer  avec  difficulté.  Chez 
nous,  beurdouiller  veut  dire  :  trop  causer  :  «  Quand  ù  sort, 
ô  n'rentre  pu.  —  Je  crès  ben  ;  0  beùrdouillc  tout  l'iong  d' 
son  c'min  ». 

Vx  fr..  bredir,  bresdir. 

Beure,  s,  m.,  beurre. 

Lat.,  butyrum;   Ital.,  burro.  Bourg.,   bure.  Bress.,  boaro.   Lim., 

bure.  Lyon.,  burr e.M.o\ïiv.,  bure.  'Pvoy.  Jniire,  boder.  Pic,  hure 

Rouch.,  id.  St-Am.  beùrou.  Sav.,  houre. 

Beurée,  s.  f/.  forte  pluie,  averse. 

Genev.,  bouïofi.  Monlr.,  beurrée.  Morv.,  heurée.  (V.  Bâfrasse.) 

Beurioche,  s.  f,  brioche. 
Morv.,  beurioge. 

Beurland,  s.  m.,  salsifis  sauvage,  qui  croît  dans  les  prés,  et 
dont  les  enfants  mangent  avidement  les  tiges  et  les  feuilles. 
Morv.,  beurland  (assemblée).  (V.  Sersifi.) 

Beurlander,  v.  intr.,  courailler,  perdre  son  temps,  flâner. 

Bourg.,  brelandai.  Morv.,  &eurZa?irfer  (jouer). 

Le  mot  qui  précède  donne  l'étymologie  bien  naturelle  de  ce 
verbe.  Aller  dans  les  prés,  cueillir  et  croquer  le  beiirland 
constitue  une  jolie  couraillerie  et  assez  peu  utile. 

Beurlu,  adj.,    qui  a  mauvaise  vue,  louche,  borgne,  presque 

aveugle.  Formé  du  subst.  berlue. 
Berry,  berluqui?t.  Bourg.,  beurlu,  bdne.  Dauph.,  bourliou,  borlho. 

Forez,  borli,  borlio,  borliou.  Lille,  berlou.  Lyoïr,  borli.  borlio, 

borliou.  Morv.,  beurlu.  Pic,  berlu,  berlou. 


48  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Beurot.  adj.,  brun  clair,  couleur  de  beurre(?).  Se  dit  des  gens, 
des  bestiaux,  des  fruits  :  «  Un  garçon  beùrot,  une  vache 
beùrote,  une  poire  beùrote  !  », 

Bourg.,  heurrot.  Montr.,  ici.  Morv.,  beurau,  beiirnot. 

Cet  adj .  comme  d'autres,  devient  un  nom  propre  lorsqu'il 
s'applique  à  un  animal,  boîuf  ou  vache  surtout  :  Blanchot, 
Grivot,  Blondot,  Noirot,  Roussot,  Bârè,  etc.  On  voit  que  ces 
noms  sont  tirés  de  la  couleur  de  la  bête.  Le  bârè  a  des  raies 
de  div.  couleurs. 

Beurtaleb,  V.  int.,  bouillir  trop  longtemps:  «  Fais  donc 
attention,  Mariette  ;  tasôpe  beùrtale.  AU'  s'ra  toutenpâte  ». 
Comme  sens,  a  de  l'analogie  avec  Reûtonner.  (V.  ce  der- 
nier mot). 

Dans  la  contrée,  l'assaisonnement  classique  de  toute  soupe 
maigre  est  la  crème,  cette  sincère  et  délicieuse  crème  que 
Ion  ne  connaît  pas  à  Paris  et  qui  donne  du  beurre  si  parfait. 
Notre  mot  ne  viendrait-il  pas  de  ce  que,  par  une  ébullition 
trop  prolongée,  cette  crème  dans  la  soupe  aurait  l'air  de 
«  tourner  au  beurre  »  ? 

Beurtelle,  s.  f.,  bretelle. 
Berry,  bertelle.  Vx.  fr.,  bret. 

Beurter.  V.  tr.,  tamiser,  bluter  :  «  J'ons  beurté  not"  farine  ». 
Bas-lat.,  buratare.     Bress.,   barteler.    Montr.,    brelaller.    Morv., 
beurter.  TouL,  6arî<to. 

Beurtiau,  s,  m.,  blutoir. 

liai.,  bur alto.  Bourg., èwrieaM.  Champ,,  id.  Montr.,  breteau,  Morv. 

beurtoue,  beurteau.  Toul.,  baruto. 
A  Metz,  Heurte  est  un  sac  de  laine  pour  tamiser  la  farine. 

BiAU,  ale,  adj.,  beau,  bien  mis. 

Bas-Novm.,  biaou.  Berry,  biau.  Bourg.,  bea,  bid.  Bress.,  biau,  bal. 
Il.-V.,  biau.  Lim.,  bèu.  Lorr.,  bé.  Morv .,  biau,  bièle  Pic,  biau, 
biel.  Prov.,  bel.  Rouch.,  id.  St-Am. ,  bio.  ala.  Saint.,  id.  Sav., 
id.  Toul.,  bel.  Wall.,  bai.  Vx.  fr.,  biau,  biaur. 

BiAuTÉ,  s.  f.,  beauté,  bel  arrangement. 
Bourg.,  biàtai.  Morv.,  biaicté.  St-Am.,  biôtô. 

Bibloquet,  s.  m.,  bilboquet. 

BiCHET,  s.  m.,  mesure  de  grains,  d'environ  un  double  décalitre 

(20  litres),  mais  variable. 
Bas-lat.,  bichetus.  Bourg.,  bichet.  Bress.,  id.  Forez,  irf.  Hte-Mne. 
id.  Lyon.,  id.  (6û  Uvr.  de  froment),  Montr.,  id.  Morv.,  id.  (60Utr  .  ).' 
Vx.  fr.,  bichot. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  49 

BicoT,  S.  m.,  baiser,  embrassement  ;   «  Eh  !   la  p'tiotc,  fais- 

me  ein  bicot  ». 
Lille,  bâche  baje.  Liin.,  bicoiï.  Morv.,  bise.   (V.  lii'col.) 

Bidet,  s.  m.,  numéro  un.  Cette  dénomination  s'emploie  dans 

les  jeux  à  numéros,  tels  que  le  loto,  etc. 
Jura,  bidet.  Rouch.,  bidé  (as  au  jeu  de  dés). 

BiÉ,  s.  m.,  blé, 

Bas-lat.,  bladuni  ;  Ital.,  hiada.  Bourg.,  bliai.  Frov.,  blas,  blat. 
Vx.  fr.,  blet.bleif. 

Bigot,  s.  m.,  bigaut,  fourche,  instrument  de  fer  à  deux  dents 
(bident),  emmanché  comme  un  râteau,  pour  enlever  letrèlle 
en  masses  roulées. 

Lat..  biaffo,  ou  bicornis. 

Bourg.,  Bigot.  Montr.,  id. 

Pourquoi  le  Forez  et  le  Morvan  appellent-ils  bigot  une  pioclie 
à  trois  dents  ? 

Bigot,  adj.,  engourdi  de  froid  :  «  Ah!  man-man,  j' peux  pu 

t'ni  r  boinon;  j'ai  les  dèts  tout  bigots  ». 
Montr.,  bigot.  St.-Am.,  bigou. 

BiLBOQuÈTE,  S.  f.,  bibliothèque,  ou  simple  rayon  de  livres. 
Rouch.,  biblothèque. 

BiLOT,  S.  m,,  veau  tout  jeune. 
Pic,  velot.  TouL,  bedel. 

Ce  mot  devient  un  cri  dont  les  paysans  se  servent  pour  appeler 
leurs  veaux. 

Bique,  s.  f.,  chèvre  :  «  ain-mes-tu  1'  froumag'  de  biquet  »  Un 
proverbe  narquois  dit  :  «  J't'en  ponds,  du  beùre  de  bique». 

Lorr.,  bocate,  Morv.,  bigue,  Prov.,  hicJio.  St.-Am.,  biqua.  Sav., 
siiévra.  Wall.,  bique.  (V.  Cheùvre). 

BiQUE,  adj.  désobligeant  qui  s'adresse  généralement  à  une 
lille  ou  à  une  femme  pour  dire  qu'elle  est  simple,  niaise  : 
«  Oh!  la  Nan-nette,  y  et  eùne  grande  bique!  » 

BiQUER,  V.  tr.,  baiser,  embrasser  :  «  Ces  amoureux,  ô  n'  font 
qu'  se  biquer  !  » 

Bevry,  bicher,  biger.  Il.-V.,  becquer.  Lille,  bajer.  Lim.,  bicoras, 
bicas.  Montr.,  Biquer.  Morv.,  bicher,  biquer.  Fuit.,  biquer,  biger 
Saint.,  biquer,  biciier,  biser,  bieuder.  Vx.  îv.,  bouquer. 

(V.  Biser,  Boqiier). 

BiQUET,  S.  m.,  chevreau. 

Berry,  biquiat,  biquion.  Jura,  bequi.  Lorr.,  biqui.  Montr.,  bica. 
Morv.,  biquot.  Piém.,  bég.  Poit.,  béquot,  bequion.  Vx.  ir.,  hoquet. 


50  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO -CHALONNALS 

Biquette,  s.  f.,  petite  chèvre. 
Sav.,  stévrotta, 

BiRÉ,  S,  m.,  cuvier  pour  faire  la  lessive. 

BiSGANCORNE  (à  la),   loc,  à  califourchon  :  «  Oh!  mon  grand, 

porte-me  à  la  biscancorne  ?  »  Un  ami  serait  d'avis  qu'on 

écrivît  biscpi.encorne,  et  J.  Guillemin  écrit  bisquencone. 
Guern.,    bincouaine.    Montr.,  hisqu'eiicorne.   Morv.,  Tjiscanquarre 

(tordu).  Norm.,  hiscomn,de  kigne-en-coin,  bisc-en-coin  (d'un  coin 

à  l'autre),  caliJjerda.  Orne,   bicacoin. 

BiscAREAu,  S,  m.,  bissac,  besace. 

Lat.,  bis  saccus.  Bcrry,  Mscarriau.  Toul.,  biassos. 

Le  Normand  a  bissaquet  pour  paysan,  à  cause  du  bissac  que 

portaient  d'ordinaire  ces  derniers. 
BiscoiN,  adj.,  mou,  lent. 
BiscouiNER,  V.  intr.,  flâner,  faire  traîner  sa  besogne,  passer 

sur  un  ouvrage  plus  de  temps  qu'il  n'en  faut. 
Bise.  s.  f.,  vent  du  Nord.  Acception  absolue.  La  bise  souffle 

parfois  pendant  des  semaines  avec  une  violence  extrême. 

Elle  siflle.  mugit  à  travers  les  arbres,  dont  elle  courbe  et 

secoue  les  branches  comme  des  vagues  furieuses. 
Morv.,  bie,  bige.  Prov..  bisa,biza.  Wall.,6i7(e.  (V.  Vent,  Travarse)  ■ 

BiSER,  v.  tr. ,  embrasser.  N'a  rien  de  commun  avec  les  violences 

de  la  bise. 
Lat.,  basiare.  Ital.,  baciare.   Berry,   b'iger.    Bourg.,    boisé.    Prov.. 

baisar.  Piouch.,  basier.  (V.  Biquer,  Boquer). 

Bisou,  s.  m.,  qui  aime  à  embrasser. 

BrsTEAU,  s.   m.,  saute-ruisseau  :  «  Ubisteau  et  en  courses  ». 
B'-sanç.,  saute-gouilla  (valet),  Norm.,  misteau  (jeune  homme). 

B:te,  s.  f.,  chassie,  humeur  visqueuse  de  l'œil.  S'emploie  sou- 
vent au  fig.  :  «  L'malinl  ô  n'a  pas  d'  biée  aux  œuyes  ». 

î>  Hirg.,  bite.  DsiUTph.,  piquer7ia.  Fr.-Gté.,  bigane.  Genev.,  piquo-nc, 
Montr.,  bitte.  Morv.,  id.    bôrbe.  (V.  Bitou). 

BiTOU,  adj.,  qui  a  les  yeux  chassieux.  Au  fig.  :  «  Ah!  c"té-ci 
n'é  pas  bitou,  dà  !  ôl  y  voit  elàr  ». 

BeA-v\ ,chachioux .  Bourg. ,5i7oît.  C\\2iïi.\\. ,big uenou .  Fr. -Gié  ,biganou. 
Genev.,  piquerneux.  Montr.,  bittou.  Poit.,  chiassou. 

Au  lieu  de  bitou,  Ch.  "Nisard  cite  biguenou,  que  je  ne  me  sou- 
viens pas  d'avoir  entendu  en  Saône-et-Loire. 

Blanc,  s.  m.,  ancienne  monnaie  de  la  valeur  de  cinq  deniers. 
Depuis  longtemps  ce  mot  n'était  plus  usité  que  dans  la  locu- 
tion :  six  blancs  (deux  sous  et  demi),  qui  avait  survécu  à 
l'usage  même  de  la  monnaie. 

Berry,  blanc.  Nivern.,  id.  Norm.,  id. 


LANGAGE    POPULAIRE    VEllDUNO-CHALONNAIS  51 

Blkterave  et  Blkïe,  s.  f.,  J)otlei'avc,  belle  à  racine. 
St-Am.,  héterûva. 

Bliaude,  s.  f.,  blaude,  l)louse  :  «  01  é  r'venu  du   marché,  sa 

bliaude  toule  arrachée  ». 
Ital.,  biada.  Berry,  biaude.  Bourg.,  id.  Fr -Clé.,  blaude.  Lorr.,    id. 

Mac,  blioda,  Monir., RUiaude.  Morv.,  bliaude.  blnude.  biaude. 'Pic. 

bleude.  Poit.,  biaude.  Prov.,  blial,dliau,  blisaut.  Vx.  fr.,  biaude, 

Blo,  SSE  et  Blot,  te,  adj.,  blet,  talé,  trop  mûr  :  «  AU"  a  gardé 
trop  longtemps  ses  pouéres  ;  àir  sont  venues  toutes  bloàses  ». 

Berry,  blosse.  Bourg.,  blo,  blio.  Forez,  blet.  Lyon,  id.  Morv.,  blos, 
blesse.  Norm.,  blèque.  Viom.,  blesi,  blasi. 

Blonde,  s.  f.,  bonne  amie,  maîtresse,  qu'elle  soit,  d'ailleurs, 
blonde  ou  brune  :  «  Voui,  voui,  j'  Ions  vu  avec;  àll'  é  sa 
blonde  ». 

Bourg.,  blonde.   Montr.,  blliande,  Morv..  blonde. 

Le  gracieux  nom!  La  blonde  est  le  complément  inévitable  du 
jeune  gars.  Celui-ci  la  courtise,  en  tout  bien  tout  honneur: 
il  songe  à  en  faire  sa  femme;  il  l'aime  parfois  tendrement. 
C'est  avec  elle  qu'il  danse  aux  foires  et  aux  assemblées; 
c'est  devant  sa  porte  qu'il  plante  le  mai;  c'est  chez  elle  qu'il 
va  causer  et  passer  les  veillées  du  tillugo  ou  du  troquet... 
Ah!  la  bonne  et  gentille  fille  que  la  blonde! 

Blondes,  {aller  aux),  loc,  faire  sa  cour  aux  filles,  assez  sou- 
vent pour  le  bon  motif.  J'ai  aussi  entendu  dire  :  «  Aller  en 
blondes  ». 

Blossir,  V.  intr.,  blettir,  devenir  blet. 

Berry,   blesser,  Dauph.,   se    blettir.    Fr.-Gté.,    bloussi.   Genev.,   se 

blessir,  se  blossir.    Morv.,    blessi,  bloss'ner.  ïoul.,  blasi.  Wall., 

bleti.  (V.  Blo) 

Blouque,  s.  f.,  boucle.  De  cet  ustensile  nos  pères  attachaient 
leurs  braies;  maintenant  ils  en  ferment,  sur  la  poitrine,  leurs 
rudes  chemises,  sans  que  l'ardillon  perce  le  linge. 

Lat.,  buccula.  Lille,  blouque.  Lyon,  boclia.  Morv.,  bouqhie, 
bouclotte.  Norm.,  blouque.  Pic,  id.  Piouch.,  id.,  Wall.,  id. 

Blouquer,  v.  tr.,  boucler. 

Lille,  blouquer  (ainsi  que  toutes  les  localités  qui  ont  blouque  au  mot 

précédent). 
Tout  le  Nord  a  nos  deux  mots,  tandis  que  des  contrées  beaucoup 

plus  voisines  les  ont  modifiés. 

B'ni,  te,  adj.,  béni,  bénit,  consacré. 
Bourg.,  béni. 

BoBE,  S.  f.,  robe.  Terme  dont  on  se  sert  avec  les  enfants  : 
«  La  p'tiote  a  métu  sa  baie  bobe  des  dimanches  ».  (V.  Bobote). 


52  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

BoBOTE,  S.  f.,  dim.  de  Bobe,  robe  d'enfant  :  «  Ah!  la  Ninite,  on 
va  li  mett'  sa  bobote  !  »  (V.  Bobe) 

BôCHER,  V.  tr.,  bêcher. 

Bcrry,  bécer,  bisser.  Bourg  ,  bâchai. 

BocoN,  S.  m.,  bouchée,   morceau  :   «  01  a  tôjor  faim;   1  faut 

tôjor  li  fourer  l' bocon.  » 
Ital.,  boccone.  Genev.,  bocon.  Sav.,  bocôn,  boustia. 

BocOTE,  s.  f.,  bouche,  bouchette  :  «  Faire  bocote  »,  embrasser. 
Lat.,  bucca.  Ital.,  bocca.  Morv.,  boquotte,  bouéce.  Pic,  bouqueté, 
banque.  Prov.,  boqueta.,  boca.  (V.  Boucote). 

BoiCHEVAU  (à  la),  loc,  tête  bêche,  en  sens  opposé  :  «  Quée 
rangeouse.va!  Dans  son  ormoire  tout  et  à  la  boichevau!  » 

Berry,  rt  becheoet.  Jura,  -béchouet-  Morv., -boigevau,  liorn\.,bêche- 
vêche.  Suis,  rom.,  -betzevet.  (V.  Abouchon,  Bouchon). 

BoiNON,  s.  m.,  petite  benne,  panier  en  osier,  où  l'on  met  la 
pâte  du  pain  à  enfourner.  A  l'heure  du  four,  on  voit  les 
ménagères  porter  chez  le  boulanger  leur  boinon,  où.  tremble 
la  pâte  levée  et  blanche. 

Bugey,  benos.  Foi-ez,  benon.  1.,\ on.,  bag non.  Moniv.,  boinnon. 

(V.  Reùche,  Bouéne,  Bouénon). 

Bois  (bûche  de),  loc,  redondante.  Une  bûche  est  toujours  en 
bois.  (V.  Bas,  Chaud,  Froid,  Haut).  Notre  patois  a  bas.  Bois 
n'est  donné  là  que  pour  la  formule  fautive. 

Boisson,  s.  f.,  liquide  fermenté,  préparé  avec  des  pommes, 
des  poires,  des  prunelles,  etc.,  mais  surtout  avec  le  marc 
de  la  vendange  :  «  J'ons  fait  eûne  feûillote  de  boisson,  épeù 
brament  j' tirons  d'ssus  ».  C'est  la  provision  populaire. 

Bourg.,   le  boire.  Gogii.,  boisson. 

Boite,  s.  f..  liquide  à  boire.  .Jadis,  les  crieurs  de  vin,  pour 
vanter  leur  marchandise,  disaient,  après  avoir  donné  le 
nom  du  débitant  :  «  Ah!  la  boune  boite  au  vin!...  On  s'en- 
dremirot  su  la  feûillote!  » 

Morv.,  bouette.  Vx.  fr  ,  boiture. 

Boitou,  adj.,  boiteux,  qui  marche  à  cloche-pied. 

Prov.,  boitas. 

BoLE,  s.  f.,  boule,  tout  corps  roulé  en  rond. 

Bourg.,  bôle.  Fr.-Gté,  bioule.  Genèv.,  biole.  Prov.,  bola.  Rom., 
bolle. 

BoNDON,  S.  m.,  bourdon,  grosse  mouche. 

Bas. -lat.,  bordonus.  liourg.,  bondon.  Prov.,  bordo. 

BoNDONEMENT,  S.  m.,  bourdonnement,  bruit  de  bourdon,  rumeur 
lointaine,  ronflement  de  machines. 

Morv.,  hondonnenian ,  bonrlenn'inan. 


LANGAGE    POPULAIRK    VERDUNO-CIIALONNAIS  53 

BoNDONER,  V.  intr.,  bourdonner  :  «  ïe  m' fais  mau  à  la  tête; 
te  nV  bnndo7ics  tùjor  aux  orilles  ».  On  entend  aussi  dire: 
bondoner,  pour  exprimer  le  sinioment  d'une  pierre  lancée 
avec  force. 
Berry,  bondiner.  Bresse,  hondencr.  Fi-.-CAq,  rebondir.  Jura,  hron- 
dener.  Lim  ,  bruhundi.  Moiitr.,  hrondonner.  Morv.,  hondener, 
bordouner,  bourdougner.  Nonii.,  hrondir.  Pic.,  bondir.  Poit  , 
bordiller.  St-Am.,  burdouné.  (V.  Bronziuer). 

BoNJOR,  S.  m.,  bonjour  :  «  Ben  1' bonjor,  vouésin!  » 
Lorr.,  boinjo.  Montr.,  bonjeù.  St-Am.,  bonzou. 

BoNSOME,  S.  m.,  pieu,  gros  piquet. 

BoNTAi,  s.  f.,  bonté,  bienveillance. 
Ital.,  bonta.  Bourg.,  bontai.  Prov.,  boutât. 

BoQUÉE,  S.  f.,  becquée,  petite  portion  de  nourriture. 

Berry,    bêchée,  p'chée.    Bourg.,    baiquee.    Genev.,    bêchée.    Morv., 

boquée.  Poit.,  bêchée.   Sav.,  beccâ    Smss.,  bêchée.  Y\.  îv.,  beschie, 

bêchée. 

BoQUER,  V.  tr.,  embrasser,  caresser  des  lèvres. 

Lat.,  bucca.    Bourg.,    bôqiiai,    faire   boquotte   ou  bocotle.  Bress., 

boqué.  Forez,  bouqiid.  Fr.-Gté,  boquer.  Morv.,  id.  St-Am,,  beqiié. 

TouL,  picassa  (becqiieterj.  Vx.  fr.,  boiiquer  (baiser  par  force). 
(V.  Biser,  Biquer). 

BoQum.  s.  m.,  bouc,  bouquin. 

Montr.,  boqnin.  Morv.,  bôquin.  Suis,  rom.,  bokan.  Wall.,  bo. 

BoR,  s.  m.,  bourg,  bourgade  :  «  Nout'  farme  n'é  pas  ben  avant 

du  bor  ». 
Ital.,    borgo.    Lyon.,   bor.    Morv.,    bûr.   Norm.,    bar,  Prov.,    bore. 

St-Am. ,  &o«,  bourgûda.  Suis,  rom.,  bor. 

Bor.  s.  m.,  bord,  d'un  champ,  d'un  bois,  d'une  route. 
Ital  ,  bordo.  St-Am.,  bar. 

Borbe,  s.   f.,  boue,  saleté:  «   J' veins  des  champs;  j'ai  mes 

sabots  pleins  d'  borbe  ».  —  «  I  fait  eûne  borbe!...  j'en   ai 

jusqu'au  c...  !  ». 
Berry,    borbe.   Bourg.,  borbe.  Lim.,    faigno.  Montr.,  borbe.  Morv., 

bôrbe.  Pic,    baue,  beiie.  St-Am.,  goulye.    Suis,  r.,  borba,  borbi. 

Wall.,  borbou,  porbou. 

BoRBOu,  adj  ,  bourbeux,  sale,  fangueux. 

Berry,  bo7'boux.  Bonrg.,  hôrbou.  Daupli.,  bourboitso.  Morv.,  bôrboii, 
St-Am.,  bourbô. 

Bordes,  s.  m.,  feux  qu'on  allume,  le  soir  du  premier  dimanche 
de  carême,  dans  les  rues  d'un  grand  nombre  de  communes. 


54  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

On  danse  à  l'entour,  en  toute  effervescence  de  joie.  Ils  ne 
flambent  pas  sans  occasionner  quelques  accidents. 
Bourg.,   bode.    Dauph.,    bordaluneiri.   Haiite-Auv.,   byeurta.  Jura, 
beurdifaille.  Morv.,  bode,  bourde.  Norm.,  bouj-guelée.  (V.  Bran- 
dons). 

Bordes  (feù  de),  loc,  grand  feu  :  «  ï'  veù  donc  mett'  le  feii  à 
la  ch'vinée,  que  t'  nous  fais  eun  feù  d"  bordes!  » 

Bordes  (les),  nom  d'un  village  près  Verdun-sur-Doubs .  — 
Trop  tranquille  maintenant,  il  était,  au  commencement  du 
siècle,  envahi  par  le  nombreux  et  bruyant  personnel  de  la 
marine  fluviale. 

Celtiq.,  borde  (métairie,  ferme).  Basq.,  borda  (maison  sur  le  bord 
d'une  route).  Toul.,  bordo  (ferme). 

BoRGEOiS,  s.  m.,  bourgeois,  citadin. 

Berry,  borgeois.   Bourg,  beurjol.  Prov.,  borges.  St.  Am  ,  hourzâ. 

BoRGEON.  s.  m.,  bourgeon,  bouton  à  la  figure. 

Berry.,  borgeon.  Bourg.,  borjon.  Morv.,  Tjôrjon.  Pic,  hordon. 

BORGER,  v.  intr.,  déborder,  se  répandre  d'un  vase  trop  plein, 
mais  en  s'appliquant  au  vase  lui-même  :  «  T'  remplis  trop 
ta  casserole;  àll'  va  bor'jer  -•>. 

Bourg.,  borgé. 

BoRGUiGNON,  adj.,  bourguignon  :  «  Bonjuignon  salé.  » 
Bourg,,  J)Orgxiignon. 

BoRLOT  OU  BoRELOT,  S,  m.,  bourrelet  de  porte,  qu'on  ne  pro- 
digue pas  assez,  l'hiver. 
Vx.  fr.,  hourel,  bouriaiis. 

BoRNAYOU,  S.  m.,  gros  pieu,  avec  lequel  les  mariniers  empê- 
chent les  grands  bateaux  de  toucher  le  bord.  Pour  cela,  ils 
placent  la  pointe  en  terre  et  la  tête  contre  le  côté  du 
bateau. 

BoRNOTE  ou  BORGNOTE,  S.  f.,  coin,  recoin.  niche,  cachette 
toute  naturelle  du  paysan.  C'est  un  des  petits  interstices  qui 
se  rencontrent  à  l'intérieur  des  murailles,  entre  les  pierres 
mal  jointes  dont  elles  sont  bâties.  Un  jour,  j'entrais  chez 
une  brave  vigneronne.  Je  la  trouve  en  train  de  se  peigner. 
L'opération  terminée,  elle  tourne  autour  de  ses  doigts  les 
cheveux  arrachés  par  le  peigne  :  «  Eh  bien  !  mère  Thomas, 
lui  dis-je,  qu'allez-vous  en  faire?  »  —  «  J' m'en  vas  les 
mett'  dans  la  bornotte.  Là,  i  sont  ben,  et  quand  j'  ressusci- 
terons j's'rons  seùre  de  les  r'trouver  ».  Curieux  indiee  de 
l'espoir  en  la  résurrection  des  corps. 

Berry,  bouinotte.  Genèv.,  cabourne,  niote(a.\e  verh,  encabourner). 


LANGAGE    POPULAIRE    VimoUNO-CHALONNAIS  55 

Lyon.,  cahornc.  Morv.,  ai  lui  bornot/e  (à  Ifitons).  Pic,  carni- 
chotte.  Poit.,  cahornea,  cahrenole,  boinoUt-,  à  la  borriliette  (:"i 
tâtons).  Rom.,  cabourne.  ('capuchon).  Saint.,  cabourrjne. 
Le  Berry  et  le  Morvan  ont  bouinotlc  (comme  plus  haut)  etèor- 
(jnon  pour  dire  :  rùclie.  C'est  toujours  l'idée  de  trou,  de  pro- 
fondeur. 

BoRSE.  s.  f  ,  bourse,  petit  sac. 

Ital  ,  borsa.  Berry,  borse.  Bourg.,  borse.  Morv.,  id.  Prov.,  borsa. 

Bos,  s.  m.,  bois,  forêt  ;  «  N'  t'en  vas  pas  cori  les  bôs.  »  On  peut 
citer  ce  refrain  d'un  chant  dont  l'histoire  est  connue  : 

Elio!  ého!  ('ho! 
Les  agneaux  vont  aux  'plaines, 
Eho!  ého!  ého! 
Et  les  loups  sont  au.c  bôs. 

(Voir  notre  Histoire  d'un  chant  populaire  bourguignon). 

Artois,  bôe.  Auv.,    bou.    Bourg.,   bn,  boa.  Bresse,  boc,  buec.  Fr.- 

Cté,  bos,  Gasc,  bos.   Liai.,    id.,    boue.    Lorr.,    id.  Lyon.,    boue. 

Montr.,  bou.  Morv.,  bos.   Pic,  id.,  bou.  Prov.,  bosc.  Rom.,  bos. 

Rouch.,  id.  St  -Am.,  beù.  Sav.,  boet.  Vosg.,  bos.  "WalL,  id. 

BOSCOT,  adj.,  bossu  :  «  As-tn  vu  passer  1'  boscot'l  01  é  drôle  : 
deux  pouces  de  jambes,  é  pi  1'  c...  tout  d'  suite  ». 

Berry,  boussu.  Fland.,  bosco.  Morv.,  bonssu.  Norm.,  bosco,  bochu. 
Pic,  id.,id.   Roucii.,  bosco.  St-Am.,  bouçu. 

Bot,  s.  m.,  crapaud. 

(Voir  Botriau). 

BoTiQUE,  s.  f.,  boutique.  Se  dit,  en  mauvaise  part,  de  tout 

groupe  d'individus  sans  considération. 
Bourg.,  bôticle.  Prov.,  botiga.  St-Am.,  buteca.  Vx.  fr.,  bouticle- 

BoTON,  S.  m.,  bâton. 

Ital.,  bastone.  Bourg.,  bailon.  Bresse,  bôton.  Fr.-Gté,  bauton.  Norm., 
vaton,  gaton.  Pvoy.  ,  baston.  St-Am.,  bâton. 

Le  bâton  est  presque  toujours  une  branche  coupée  d'un  saule, 
droite  et  décortiquée. 

Botriau,  s.  m.,  crapaud.  Dans  les  environs  de  Chalon-sur- 
Saône,  on  emploie  volontiers  l'abréviatif  Bot. 

Montr.,  bot.  (V.  Bot). 

BouGAN,  S.  iTi.,  gronderie,  bruit,  querelle,  tapage  :  «  Drès 
qu'ôl  a  levé  l' coude,  ô  vous  fait  eun  boucan  d' tous  les 
diâbes  ».  Signifie  également  :  un  lieu  mal  famé. 

Berry,  boucan.  Bourg.,  id.  (et  aussi  l'accept,  de  :  mauvais  lieu). 
Genev.,  id.  Jura,  id.  Lille,  id.  Lorr.,  id.  Montr.,  id.  Morv.,  id. 
Norm.,  id.  Pic,  id. 


56  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIR 

Boucaner,  v.  tr.,  gronder,  quereller- 

Les  localités  qui  ont  le  substantif  ont  aussi  le  verbe.  (V.  Bou- 
can). 

Bouche,  s.  f.  Se  dit  indépendamment  de  bocote,  et  à  un  sens 
piquant  dans  cette  loc.  bien  locale  :  «  Etre  sur  sa  bouche  », 
pour  :  être  gourmand.  «  Aile  é  ben  gentite,  ma  aile  é  trop 
su  sa  bouche  ».  (Voir  Bocote). 

Bouche-four,  s.  m.,  plaque  en  tôle  fermant,  jjouchant  le 
four  pendant  la  cuisson  du  pain. 

Morv.,  boueceau  d'  for. 

Plusieurs  mots  ont  en  même  temps  la  prononciation  citadine 
et  rustique,  comme  fowr  et  for.  Nous  ne  donnons  les  pre- 
mières que  lorsqu'elles  tiennent  à  une  locntion  topiqne. 

(V.  Cleque). 

BoucHETON  («),  loc,  exprimant  la  posture  d'une  personne 
accroupie  :  «  O  s'a  couché  à  bouchcton  por  jouer  d'avou  1' 
petiot  ». 

Berry,  à  baucheton.  Bourg.,  al  boncheton.  Champ.,  à  bouchelon. 
Morv.,  ai  baucheton.  (V.  A  Vabouchon,  s'acroapeto?ier). 

BoucHO,  s.  m.,  bouchon,  bouchon  de  cabaret,  touffe  de  paille. 
de  verdure  ou  de  branchages  pendue  à  la  porte  du  débit  pour 
renseigner  le  chaland...  qui  n'en  a  pas  besoin. 

Bourg.,  bouchau  (et  aussi  :  cligne-mussette).  Forez,  bouchon,  (caba- 
ret). Morv.,  bouchon,  (buissonj.  Noi'iri.,  id.  (cabaret).  St.-Am., 
heiison.  Wall.,  bouhon. 

BouCHONfd),  loc,  sens  dessus  dessous,  renversé  :  «  0  s'batteint, 
Liaude  a  fichu  eùne  torgnole  à  Cadet,  qu'  a  roulé  à 
bouchon  ». 

Genev.,  a  bouchon.  Lyon,  id.  Toul,,  à  bouca,  de  boucos  en  jouis. 

(Y.  A  la  boichevau,  A  Vabouchon). 

Bouchot,  s.  m.,  buisson,  bouquet  d'arbres  :  «  Eun  bouchot  d' 

bois  ». 
Bas-Lat.,  boscus.  Bourg.,  bouchot,  bouchet,  boucho,boûsson. 'Slorv., 

bouchon.  Namur,  id.  Poit.,  boisson.  St-Am.,  bwdchon.  Suis.-R., 

botza.  (V.  Bouchure) . 

Bouchure,  s.  f.,  haie  vive,  généralement  celle  qui  clôt  une  pro- 
priété. 

Berry,  boucheture.  Lille,  hayure,  Morv.,  boucheure.  St-Am.,  cliâ, 
(Voir  Bouchot). 

Boucote,  s.  f.,  boucliette,  petite  bouche.   Nous  ne  craignons 

pas  les  diminutifs. 
Lat.,  bucca.  Bourg.,  boucote.  Daupli.,  6t)c7i«.  Lyon.,  id.  Toul.,  bouco. 

Vx.  îr.,  bouchette.  (V.  Bocote). 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  57 

BouDRR,  V.  inlr.,  liouillir,  ot  au  fig.  s'emporter. 
Lat.,  bullire.  Bourg., /joifrt!.  Bresse,  baudr e.'^icniw,  hoitdre.  Morv., 
boùre.  Sl-Am.,  hodre.  Wall.,  boùr.  (V.  Botilir). 

BouENE,  s.  f.,  corbeille,  (Voir  Benne). 

BouÉNON,  s.  m.,  panier.  (V.  Boinon). 

BouER  [se],  V.  pr.,  se  crotter,  marcher  dans  la  boue  :  «  O  se 

boue  tout  du  long  des  jambes  ». 
Genev.,  se  boicer. 

BouÉRE,  V.  tr.,  boire,  et  pas  toujours  avec  mesure. 

Lat.,  biberé.  Ital.,  bevere.  Berry,  bere,  beuvre.  Bourg.,  borre.  Il.-V"". 

baire.    Lim.,    beuré.   Prov.,   beure.  St-Am.,  bare.  Toul.,  beure. 

Vx.-Fr.,  boiore. 

BouÉTE,  s.  f.,  boite,  petit  coffret. 
Berry,  bouète.  Pic,  boèle.  Wall.,  hoiLt. 

BouFER,  V.  tr.,  manger  copieusement  et  gloutonnement,  se 
gorger  :  «  Le  goinfre!  ôl  a  mingé  tùte  la  jornée;  o  bouffe 
e'menteun  gouri  ». 

Bourg.,  hofai.  Berry,  bouffer.  Forez,  hoffâ.  Genev.,  houffer.  Lim., 
bouffas.  Midi,  bouffer  Niverii.,  id.  Norin.,  id.  Pic,  id.  Prov., 
bufar.  Rom.,  bouffer.  Pioucii.,  id.  bouf'er.  Saint.,  id.  Sav.,  bouffit. 
Wall.,  bouffer. 

Boufre!  excl.,  demi-juron,  qui  remplace  le  mot  malsonnant 
bougre. 

Bougnier,  V.  tr.,  tasser,  presser,  serrer,  frapper  fort  :  «  J"ai 
bougniè  toutes  mes  afâres  dans  l'tirouér  ».  —  «  0  f  li  a 
bougniô  des  coups  de  poing  su  1'  nazô  ». 

BouiLLOT,  s.  m.,  bouleau. 

Champ.,    billoux.    Montr.,  bouille.     Morv.,    bould.    Pic  ,     boule, 

bouillet.  Suis,  rom,,  biola.  Vx.  fr.,  T^oul.,  boust. 
BoujON,  s.  m.,  bâton  d'échelle,  de  râtelier;  barreau  de  chaise, 

petite  traverse  de  bois  qui  en  lie  les  pieds  :  «  C'te  chaire  a 

eun  boujon  d'cassé.  » 
Ital.,  bolzone.  Gen^v.,  passet,  passon.  Lille,  boujon.  Montr.,  bou- 

geon.  Morv.,  boujon,  -paichon.  Rouch.,  boujon.  Vx.  fr.,  id. 

BouLi,  s.  m.,  bouilli,  morceau  de  bœuf  qui  a  cuit  pour  le 
pot-au-feu  :  «  Ah  !  par  ma  li  !  mérote,  v'ià  eun  fameux 
bonli  !  » 

Genev.,  Coit?/.  Rouch.,  id.  St-Am.,  buli. 

BouLiE,  s.  f.,  bouillie. 

Lorr.,  boulie.  Mac,  bolie.  Morv.,  boulie. 

BouLiGUER,  V.  tr.,  remuer,  agiter.  S'applique  peut-être  trop 
indifféremment  aux  personnes  et  aux  choses.  Il  me  semble 


58  LANGAGE  POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

que  notre  hôtelière  nous  en  a  donné  le  vrai  sens,  un  jour 
qu'elle  battait  de  la  crème  pour  nous  en  faire  du  beurre  : 
«  Ca  prend-il?  »  lui  demandai-je.  «Tout  bellement,  répon- 
dit-elle; y  a  des  fois  qu'i  faut  la  bouliguer  ben  pus  qu' 
d'aut'es  ».  —  Ce  serait  donc  surtout  remuer  une  prépara- 
tion, un  corps  semi-liquide.  Cependant  on  bouligue  le  blé 
en  le  remuant  à  la  pelle  pour  lui  faire  prendre  l'air,  et  l'on 
dit  à  un  enfant  turbulent  :  «  Si  t"  fais  tùjor  ton  polisson,  j' 
vas  t'  bouliguer  ». 

Berry,  houleïer,  bouléyer,  boulanger.  Daiiph.,  hoUca.  Forez, 
houlica.  Lang.,  houlega.  Lyon.,  bouliguer.  Montr.,  id.,  Morv., 
emboulcr.  Poit.,  bouêle,  bouêre.  Prov.,  boulegear.  Rom.,  bûlegar, 
bollcguar.  Toul.,  boiilega.{Y.  Rauger,  Froitgôner). 

BouLiR,  V,  intr.,  bouillir. 

Lat.,  bullire.  Lira.,  buillin,  bouillante.  Pic,  boulir,  bolir.  Prov., 
bulhir,  bolhir,buillir.  Rouch.,  boulir.  Wall.,  ici.,  boûr.Y.  Bouclre 

BouLOTER,  V.  tr.,  manger. 

BouLU,  part.  pas.  du  v.  boulir. 

BouLVARi,  s.  m.,hourvari,  confusion,  désordre. 
Norm.,  boulcari. 

BouN,  adj.,  bon  :  «  Quant  à  c'  qui  é  d' la  Jaqueline,  y  et  eino 
boûne  fonne  »,  —  «  Tiénot  èpeû  Dodiche,  y  ôt  eùn  paire  de 
boûn'  émis  ». 

Berry,  boun.  Bourg.,  b07i,  e.  Bress  ,  ben,  a.  Lim.,  boti,  na.  Pic, 
boin.  Prov.,  bon.  St-Am.,  bon,  wia.  Sav.,  boen,  a. 

BouNES  [être  dans  ses],  loc,  être  de  bonne  humeur,  d'humeur 

gracieuse,  enjouée. 
Lim,,  dis  s  as  bounas.  Vx.  fr.,  en  ses  bo7ines. 

BouNOT,  s.  m.,  bonnet,  calotte. 

Berry,  bounet.  Bourg.,  bonù,  bonei'i.  Fr.-Gté,  bounot.  Lim.,  boîinet, 

horr. ,  bouna,  bouno.  Montr.,  bounot.  Movv.,  id.  Prov.,  bo)ieta. 

St-Am.,  bounë. 
Malgré  cette  désinence  franchement  locale,  on  entend  assez 

souvent  dire  :  bounet. 

BouRDiFAiLLE,  s.  f . ,  bombauce,  grande  chère. 
Bress.,  beurdifaille.  Genev.,  bourdifaille   (étourdi,  canaille).  Jura, 
beurdifaille  (borde,  feu  de  joie;.  (V.  Boustif aille). 

BouRENFLE,  adj.,  enflé,  bouffi;  se  dit  d'une  personne  hydro- 
pique, ou  qui  aune  fluxion. 

Bress.,  boudenfie.  Bourg.,  boranfle.  Fr.-Glé,  bouranflou.  Genev., 
bouranfle.  Jui'a,  bourre-enfle.  Montr.,  bourenfle.  Morv.,  bou- 
ranfle.  Prov.,  boudenfla.  Suiss.  rom.,  boreinflo.  Toul.,  uflat. 
Vx.  fr.,  bourse. 


LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  59 

RouRi  !  BouRi  !  nppcllat.  exclamalive  dont  ou  se  sert  pour 
faire  venir  à  soi  les  canards.  Les  enfants  disent  bouri  pour  : 
ventre  (v.  Bourillnt). 

Genev.,  bouri.  Montr.,  iioarri.  Norni.,  boure  (canne).  Poit.,  bouri 
(pour  appeler  les  cochons).  Rom,,  bour,  bourd  (canard). 

BouRiAU,  S.  m.,  bourreau,  tourmenteur. 

Bourg.,  borea.  Bress.,  boriatt.  Mac,  bôrriau.  Prov.,  borel,  boyou. 
Sav.,  boriau.  Wall,,  boie. 

BouRiAUDER,  V.  tr.,  l'aire  souffrir,  tourmenter,  torturer, 
martyriser;  malmener  quelqu'un  comme  on  malmène  le 
bourri  en  le  frappant. 

Bourg.,  borelai.  Genev.,  boiirreauder.  Piouch.,  bouriauder.  Sav., 
boriôdd.  Wall.,  bouriauder. 

BouRiLLOT  et  Lambouri,  s.  m.,  nombril. 

Berry,  lambouri.  Bourg.,  berullô,  breuilln,  anibreuille,  lambreuille. 
Bress.,  beurelion.  Bress.,  Chalon.anc,  lambeùro.  Forez,  ambirjiion, 
Fr.-Gté.,  ambreuillou.  Gasc,  einbourigo.  Genev.,  bourillon, 
lambouro.  Lang.,  embounil,  embourigoii.  Lim.,  embouni.  Lyon, 
embuny.  Montr.,  beurillon,  nombeureait,  Morv. ,  nombeillot. 
lanibeillot,  rambillot.  Poit.,  emboureil,  enibouril.  netnboîiril. 
Prov.,  embouil,  ernbourir/ou.  Rom  ,  amhouilh,  Rouch.,  bondène. 
Sav.,  ambroui.  ïoul.,  embounil. 

BoURiQUOT,  s.  m.,  bourriquet,  ànon,  au  lig.,  enfant  ignorant. 

liai.,  bricco.  Berry,  bourri.  Fr.-Glé,,  bourru.  Lang.,  bourou.  Lim., 

bourico,    Morv.,  bourou-    Poit.,   bourrin,   bourdin,    Prov.,    bur- 

çuier  (écurie  à  ânes).  (V.  Bourri). 

BouRiQuoTE,  s.  f.,  bourrique.  Au  lîg.,  iille  ou  femme  ignorante, 
Sav.,  borrica. 

BouRNAïou,  s.  m.,  pieu  servant  à  buter. 

BouROT,  s.  m.,  oreiller  d'enfant  tout  petit. 

BouROTE,   s.   f.,  brouette  '.  «  0  promenot  son  frérot  dans  la 

bouroto,  é  pi  ôU'a  cliaviré  ». 
Ital.,   biroccio.  Berry,    berouelte.    Bourg.,    barra.    Bress.,  borelte. 

Genev.,  &arroie. (tombereau).  M-oniv., bourrotte.  Morv.,  beurouette. 

Norm.,  berouette.  St-Am. ,  cecire  a  reiira.  Suiss.  barote,  barouctte. 

Wall.,  barwète,  berwète.  Yx.h\,  brouete,  bourouaite. 

BouROTER,  V.  tr.,  brouetter,  transporter  les  terres  des  contours 

sur  rétendue  du  champ. 
Lille,  broutter.   Morv.,  broter.   Norm.,  bouroter.   (marcher  comme 

un  canard), 

BouRRi,  s.  m.,  bourriquet,  ànon. 

Berry,  60 i(r/'i,  Morv.,  id.  bourou.  (V.  Bouriquot). 

BousiLLON.  s.  m.,  petit  travail  de  femme,  de  peu  d'importance, 


60  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNALS 

l'ait  à  lahùte,  et  surtout  mal  exécuté  (couture,  broderie,  orne- 
ment quelconque)  :  «A^O  v'iez  que  j'ii  baille  c'qui?  n'y  é  ran 
qu'  des  bousillons». 

BousiN,  s.  m,,  vacarme,  bruit  excessif  et  discordant  :  «  V"tu 
ben  n"pas  fàre  tant  d'  bousin  !  » 

Augl,  bowsirig  (cabaret).  Berry,  bousin,  Nivern.,  bousin,  Norm.,  bousin 

Wall.,  bousin. 

Bousin,  s.  m.,  lieu  de  mauvaise  vie. 
Angl.,  bowsing.  Genev.,  bousin.  Nonn.,  bousin. 

BousiNER.  V.  tr.,  bousiller,  mal  faire  sa  besogne. 
Poit.,  rabousinai. 

BousiNERiE,  s.  f.,  chose  de  médiocre  importance,  travail  lâché 

et  mal  exécuté. 
Poit.,  rabousinerie. 

BousTiFAiLLE,  S.  f.,   provisious  de  l^ouche,   mangeaille    i)Our 

bons  diners. 
Genev.,  bourdifaille,  Morv.,  houstifaille,  Norm.,  boutifaillc.  Pic. 
bouslifaille.  (V.  Bourdifaille.) 

Bouteille,  s.  f..  grosseur  au  cou,  goitre. 

Bonrg. bataille,  bôtoueille,   St-Am.,  bontelye  (à  vin.)  (V.  Goit)-on). 

Bouteilles  {faire  des),  loc,  se  dit  des  gouttes  de  pluies  d'ora- 
ge qui,  tombant  avec  force,  soulèvent  des  cloques  sur  les 
ruisseaux  et  les  pavés. 

Morv.,  faire  des  dés  (quand  les  gouttes  font  des  trous  dans  la  terre). 

Bouteneire  ;  s.  f.,  boutonnière, 

^lorw.,  boutonère,  St.  Am.  bo-utounire. 

Bouter,  v.  tr.,   mettre,  placer:  «  ôl  a  bouté  son  grand  séchot 

su  la  charote». 
Ital.,  buttar.  Berry,  bouter.  Bourg. botr-e  (et  non  boutai  ou    bottai, 
Bress.,  beto,  betre.bute.  buto,CAvs.m^.,boutre,  Daupli.,  metta,  bila, 
YlSiXiù..,  bouter,  Fore^;,  iietto;bouia,  Fi-.-Clà.  bouter,  Gasc,  boti,  Il-Ve.. 
bouter.  Jura,  bouter,  La.ng., boula,  Lïm., bouta,  Lorr  ,bouter,  Lyon., 
beto,  betta,  Mac,  betay,  Morv.,  bâte,  boute,  boutre,  bouter,  Norm., 
bouter,  boutre.  Pic,    boutre,   Poit.,  boutre,   Prov.,   boutar,  botar, 
Rom.,    boutar,  botar,   bouter,   Piouch.,    bouter,  St-Am.,    beté,  Suv., 
betd,  602<to,  Suis,  r.,  bota,  boutd.  bouëta,  ValL,  bouter. 
Bouteroue,  s.  m.,  borne  placée  à  l'entrée  des  portes  charre- 
tières, pour  détourner  le  frottement  des  roues  tles  voitures. 
Genev.,  boute  roue,  Sn.y.,  chasse  roue. 

Brai,  s.  m.,  bras  :  «  D'avou  c'coumarce,  V  li  as  métu  cùnc 

peùte  afàre  su  les  brais  ». 
Lat.,  hrachium.  Bourg.,  brai.  Pic,  bros.   Prov.,  Irrat:^.  Sav.,  Ijrai. 

Wall.,  brcs. 


LANGAGK    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  «U 

Brâimer,  V.  intr.,   pleurer  fort,  crier,  gémir  :  «  Pauv'  peli(jL! 

(")1  a  mau;  ô  n'  fait  (pi'  hrai)ner  ». 
liai.,  hrnmure.  JBerry,  bermer,  bremer.  Bourg.,   hramai,   hramud. 

Daiiiili.,  brama.  Forez,  id.  Geiiev.,  bramer.  Lang.,  brama.  Lorr., 

brâi/er.  Lyon,  brama.   Prov.,    bramar.  PiOiu.,  id.  Sav.,  bramma. 

Vx.   fr.,  bramer. 

Braisil,  s.  m  ,  résidu,  poussière  de  braise.  «  Cliaiqucniailin, 
àir  prend  ein  sou  de  braisil  porsa  couvette  ». 

liai.,  bragia.  Bourg.,  fresée,  frezai.  Fr.-Gtè.,  bré:-i  (gàtouii  dur  cuit 
sur  la  ])raise).  Jura,  bresi,  fresiaic  (poussière  du  four).  Lyon., 
braisa  (miettes).  Morv.,  breïe..  brcge,  braisé  (l.)rasi('r).  Vioucli., 
bresse.  St-Am.,  brazi  (brasier). 

Brament,  adv.,  ellipse  de  bravement,  beaucoup,  bien,  conve- 
nablement :  "  J'  seù  été  cheù  la  Mag'rite;  àll  é  bô  brùmoit 
arrangée  !»  —  «  T'ét  iqui  bé  brament  ».  —  «  AU'  m'en  a 
brament  hsiûld,  des  cerises  ». 

Ital.,  bravamente.  Berry,  brament.  Bourg.,  brdman.  Brcss.,  bro- 
vaman.  Champ.,  brdme7it.  Daupli.,  hravament.  hsing.,  bravatiie 71. 
Lim.,  bravotmhi.  Lorr.,  brahiiian,  Mac,  broveman.  Mons,  bra- 
mai7i.  ProY.,  bravamens.   Sl-Xm.,  brâvemè.  Wall-,   brdme7t, 

Brandons,  s.  m.,  feu  de  joie.  La  «  fête  des  brandons  »  n'a  pas 
encore  disparu  de  tous  les  villages,  et  ce  premier  dimanche 
de  carême  s'appelle  «  dimanche  des  brandons  ».  (V.  Bordes]. 

Bas-lat.,  braiido.  Prov.,  bra7ido. 

Branlegoue,  s.  m.,  hoche-queue,  lavandière,  bergeronnette. 
Lang.,  braiido-quido.  Lorr.,  iiocJiccu.  Morv.,   branlei'.oue .  Norm., 

bacoaette.  Poil.,  bassecouette.  St.-Am.,  (jiic7iye  couva.  Suis.,  r., 

brainlakoiia. 

Braquer,  v.  Ir..  monder  le  lin  à  la  broie  mécanique,  après 
l'avoir  laissé  une  nuit  dans  le  four  (Voh  l'on  a  retiré  lé  pain, 

Brassie,  s.  f.,])rassée,  ce  qu'on  prend  entre  les  bras. 

Ital.,    bracciata.    Bourg.,   brassie.  Morv.,    braissie,   Pic,  brachic 
Prov.,  brassada. 

Brave,  adj.,  joli,  beau,  bien  mis,  endimanché,  honnête,  poli  : 

«  Oh!  ma  p'tiote,  coume  te  v'ià  brave!  ». 
Bourg.,  brave.  Bress.,  brovo.   Genev.,    bravet.  Lille,  brave.    Liai., 

braréi    Lorr.,  brnve.^lkc.,  broce.  Poil.,  brave-  Prov.,  bran  (ihir). 

St.-Aui.,  brdvoa,  a.   Wall.,  brafe.  Vx.  fr.,  brave. 

Brayes,  s.  f.,  braies,  haut  de  chausses,  culotte. 
Bourg.,  brayôte.  Lim.,  broijâs.  Morv.,  brayette.  Wall.,&)v?i"e.  Prov., 
brala.  braya. 

Brei,  s.  m.,  berceau  :  «  Eproch'  le  brei  d'  la  taule  ».  — 
«■  Porte  donc  V  petiot  dans  son  brei  ». 

Bas-Iut.,  bcrsa,  bcrciolura.  Berry,   barciatt.,  berciau.    Bourg  ,  brei 


62  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

bcrs,  h)-essore. Bvess. ,  cruet.  Gha.mp.,  hrés.  Daupli.,  crr'il.  Espal., 
brcs.  Fr.-Cté,  bré.  Jura,  bri.  Lim.,  berçait.  Lorr.,  béli,  béye. 
Lyon  ,  cret.  Mac,  barcio.  Maru.,  ber.  Mou(r.,  bi-é.  Morv.,  id. 
Norm.,  ber.  Pic,  id.  Voit., ici.,  bressiou.  Vvov.jbres,  bretz,brcssnl. 
Rom  ,  croille.  Rouerg.  anc,  brés.  St.Am.,  bri.  Sav.,  bré.  Suis. 
r.,  id .  Toul.,  brés.  Vx.  fr.,  berc,  bércel. 

Breiller,  V.  tr.,  écraser. 

Brésille,  s.   f.,  branchette,   bribe,   menu  morceau  de  Lois, 

miette  de  pain,  de  gâteau,  etc. 
Berry,  bressille,bretille.  Dauph.,  brisi.  Forez,  bresa,  breysa,  bre:-a. 

Lyon.,  id.,id.,  id.,  hrison.  ôre^ow.  Montr.,  brottde. 

Brésiller,  V.  tr.,  briser  en  petits  fragments. 

Bourg.,    brésillai.    Morv.,   brésiller.    Prov.,   hrezillar.    Suis,    r., 

T)re:i. 
Breucer  et  Brisser,  v.  tr.,  bercer. 
Bourg.,  ^rcus^rtj,  Morv.,  beurcer.  Toul.,  hressa  (V.  Beiircer). 

Breuler,  V.  tr.,  brCder. 

Bourg.,  Tireulai,  brelai.  Morv.,  breuler.  Prov.,  brular. 

Breunot,  adj.,  synon.  de  beurot.  (V.  ce  dernier  mot). 

Bringuer,  V.  tr.,  boire  avec  excès,  faire  débauche  de  cabaret. 
Bourg.,  bringvai. 

Bringues,  s.  f.,  guenilles,  fragments,  morceaux  :  «  C  pauvre 

houme  I  avou  sa  culotte  en  brinjues,  a-t-i  l'air  minàl)c!  » 
Pic,  bringue  {gvaïide  femme  mal  bàiie). 

Bringues   (mettre  en),    loc,    détériorer,    briser,    mettre    en 

morceaux,  dépecer. 
Genev.,    mettre    en   bringue  (cas.ser).  Midi,  id.  Poil.,   id.  Roucli.. 

mettre  en  brinque  (cassfi'). 

Briques,  s.  f.,  débris,  morceaux,  brins  :  «  L' gâtiau  é  cassé; 

ma  les  briques  en  sont  bonnes  ».  —  «  01  a  métu,  d'  rage, 

.son  tonneau  en  mille  briques  ». 
ll'd\.,briccio.  Bruss,.  breque.  Genev.,  brique.  Jura,  id.  Lang.,  brico, 

brizo.  Lyon.,  brique.  Vvo\ . ,Tjric , brisa,  bresa,  briga.  Rom.,  briz-a, 

briga.   Xx.  h\,  bricJie. 

Brisaque,  s.  m.,  qui  fripe,  qui  use,  qui  brise  :  «  Oli  !  y  et  cun 
brisaque  ;  sa  culotte,  ses  sabots,  sa  biaude,  tout  y  ôtùjor  en 
bringues  ». 

Rouch.,  brisaque.   Wall.,  brisac. 

Brocher,  v.  tr.,  tricoter  :  «  C'te  vieille,  àH'vous  broche  des 
bas,  des  bas,  qu'y  et  ein  plàïi  d' la  vouer  !  » 

Broches  de  bas,  s.  f..  aiguilles  à  tricoter. 

Genev.,  bro:iics  de  bas. 'Mià'i.,  id.  Pic.,  broqae.  Wal.,  brohe. 


LANGAGE    TOPULATRE    VERDUNO-CTîALONNAIS  ('}'/, 

Broches  {jouer  aux),  loc.  tirer  à  la  eourte-paille. 

Bronqukr,  V.  tr.,  heurter,  toucher  lortcmcnt  :  «  0  m"a  bronquè 
en  passant  ;  ù  m'a  fait  bé  mau.  » 

Artois,  huquer.  Bourg.,  bonudi.  Norin.,  brucher. 

Bronquer,  V.  tr.,  buter,  terme  de  batellerie  :  «  Bronqucr  de 
pire  »,  buter  de  gauche;  «  bronquer  de  riaume  »,  buter  de 
droite.  (Voir  Pire  et  Riaume).  —  Sans  faire  de  l'histoire, 
on  peut  dire  que  la  Saône  fut  souvent  une  frontière.  Par 
suite  d'anciennes  et  successives  délimitations  géographico- 
politiques,  les  contrées  situées  sur  la  rive  gauche  de  la 
Saône  ont  pris  et  conservé  longtemps  la  dénomination  de 
terre  d'empire.  Dans  la  Bresse  mâconnaise  ou  désignait 
encore,  de  nos  jours,  la  rive  droite  de  la  Saône  sous  le  nom 
de  terre  de  France,  c'est-à-dire  de  royaume.  La  batellerie, 
dans  sa  tradition  routinière,  conserve  un  souvenir  de  cet 
état  de  choses.  Ces  dénominations  de  pire  et  de  riaume  ont 
été  classiques  sur  le  parcours  de  la  Saône  et  du  Doubs  pen- 
dant tout  le  beau  temps  de  notre  marine  fluviale,  et  les  vieux 
mariniers  s'en  servent  encore. 

Toul.,  trabuca,  tusta. 

Bronziner,  V.  intr.,  bourdonner. 

Lim.,  brandis.  Rom.,  broyir.  ïoul.,  hrounzi,  hroiinzina.  Vx  fr., 
bordoner.  (V.  Bondoner.) 

Broter,  V,  tr.,  brouter  :  «   Drés  1' maitin,   all'va  faire   broter 

Noirote  au  long  d'ia  l'vée  ». 
Bourg.,  brotai.  Vvoy., brostar.  Wall.,  hroster. 

Brouillarder,  V.  intr.,  brouillasser. 

Berry,  il  brouasse.  Mayeu,,  brouillasser.  NoriiT,  brouasser.  ber- 
rouasser.  Poit.,  brouillassai. 

Brouillards  {être  dans  les),  loc,  être  dans  les  vignes,  être 

gris.  Le  cas  est  assez  fréquent. 
Broutiller,    V.     intr.,    s'occuper    de    choses     minutieuses, 

manger  sans  appétit. 
Bourg.,  broutillai.  Vxir.,  broasleler. 

Bruchon,  s.  m.,  corbeille,  petit  récipient  évasé,  la  plupart  du 

temps  en  paille  tressée. 
Fr.-Gté,  brechon.  Geaev.,  bruchon  {hfiw  de  paille).  Morv.,  id. 

Brûlot,  s.  m.,  pyrosis,  sensation  de  sécheresse,  d'ardeur, 
d'acidité  au  gosier  et  à  l'estomac,  causée  parfois  par  le 
pain  de  maïs  blanc.  Les  paysans  ne  sont  pas  toujours  fâchés 
de  cette  propriété,  qui  pousse  à  boire. 

Montr.,  brûlot. 


64  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Brune,  s.  f.,  soir.  «  A  la  brune  »  veut  bien  dire  :  le  soir, 
mais  plusieurs  no  craignent  pas  d'amplifier  en  disant  ;  «  A 
la  brime  du  jour  »  pour  :  à  la  chute  du  jour. 

Lorr.,  brune  du  jour. 

Brusine  et  Brousine,  s.  m.,  bruine,  pluie  fine,  brouillard. 
Bevry,  b'^roicée.  Bourf?.,  bruene,  breupne.  Norin.,  crachinar/e.  Pic, 
hreuaine.  Sl-Am.,  iiyi'-le.  Wall.,  bruhène.  Vx  fr.,    bro'ine,   brubi, 

Brusiner,  et  Brousiner.  v.  intr.,  bruiner. 

Midi,  rousiner.  Norin.,  crachiner.  Rouch.,  bruèner.  Wall.,  brouhi- 
ner.  Vx  fr.  briizina. 

Rrut,  s.  m.,  bruit,  tapage. 

Anhe,  briU.  Berry,  brut.  Bourg.,  &ru.  Gasc,  britt.L?i\\g.,brii.\Àm., 

brxit.  Lorr.,  bru.  Marne,   brut.  Morv.,  brù.  Poit.,   brut.   St-Am., 

bri.  Wall.,  brut. 

BuANDiÈRE,  S.  f.,  lessiveuse. 

Genev.,    houiandière.   buynndière.    Lyon.,    buyandiri,   huandeyri. 

huyandière,  Sav.,  bociaiidiuza.  Toul.,  labayro.   Vx.  fr.,   bouian, 

dière,  buyandière. 

Bue,  s.  f.   lessive.  Soupçonnait-on  les  cabaretiers  d'allonger 

leur  vin,  on  disait  qu'  «  ô  fesein  la  hiœ  ». 
ItaL,   bucata.    Berry,  buie,   huée,    bujée.  Bourg.,  buïe,  buée,  boule, 

Bress.,  6wî/«.  Doubs.  buie.  F'r.-(_Ué.  buyie,  boulot.    Genev.,    bouie. 

Lang.,    bugado.    Lorr.,    houeyc.  Lyon.,    huya,  buyat,  buie.  Mac, 

buye.  Marn.,  buaie,  buée.  Montr.,  buë,  buye.  Morv.,  ôac.  Norm., 

buée.  Pic,  id.  Poit.,   buje,  bujie,   bujade,  buée.   Prov.,   burjada. 

Piouch.,  buée.  St-A.m.,  &».va.  Sav.  boeia.  Suis,  r.,    bula.   bouhia. 

Vosg.,  houaie.  Wall.,  buée.  Vx.  fr.,  id.,  buyée. 
Buer,  V.  tr.,  lessiver,  l'aire  la  lessive. 
Bourg.,  buai.  Lille,  buer.  Morv.,  id. 

BuSENER  et  BusoNER.  V.   intr.,   musarder,  llàner  niaisement, 

lambiner,  et  aussi  bouder. 
Berry,  businer,  bousiucr.  Bourg.,   husenai.    Mons,  busier.  Montr., 

busonner.  Morv.,    bujouner.  Norm.,    busogner.     Pic,    businer 

bousiner.  Poit.,  id.,  id . 

BusON.  s.  m.,   musard,   lambin,  mou,  mais  plutôt  niais  et  de 

mauvaise  humeur. 
Bowvg.,  buson.  Montr.,  id.,  (boudeurj.  Morv.,  bulon,  bujon,  beujon, 

Buter,  v.  intr.,  marquer  le  but,  jeter  son  palet,  sa  boule  pour 

servir  de  but. 
l{^\.,butlarc.  Morv.,  buter.  l:iov\n., 'péguer. 

Butte,  s.  f..  monticule  factice  de  terre,  élevé  dans  le  Jeu  de 

l'Arc  pour  y  planter  le  collet. 
Du  temps  de  Montaigne,  la  cible  s'appelait  bute. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO    CHALONNAIS  65 

Butter,  v.   tr.  terrer,  o'est-à-dirc  mettre  de  la  terre  au  pied 

d'un  arbre,  d'un  arbrisseau,  d'une  plante. 
BuvATLLER,  V.  tr.  boire  à  toute  heure.  (Y.  Bur^ochor.) 
BuvoCHER.  V.  tr.  pa.sser  son  temps  à  boire  :  «   O  n'  fait  ran 
d'  ses  dix  dùts  ;  ù  buvoche  tout  1'  long  du  jor  ».  Il  y  en  avait, 
de  ces  «  gueurnouîlles  de  cabaret  »  quand  florissait  le  culte 
de  ce  «  gueux  de  p'tiot  vin  blanc  !  «  (V.  Bnvailler.) 

BuvoCHOU,  s.  m.,  buveur,  surtout  buveur  d'habitude. 
Berry,    heuveur.   Bourg.,    heiicou,   buvou.   Morv.,    beuvou.   Prov., 
bevedov. 


c 


C'a,  pr,  déni.,  cela.  Ce  mot  s'emploie  de  bien  des  manières 
On  dit  d'abord  :  *  Ça  pleut,  ça  tonne,  ça  glisse  »  pour  :  il 
pleut,  il  tonne,  etc.  On  dit  aussi  :  «  Ça  chien  !  ça  diâbe  !  » 
en  maugréant  contre  quelque  chose  qui  va  au  rebours  de  ce 
qu'on  désire. 

Cabache,  s,  f.,  un  des  noms  de  la  cliàtaigne  d'eau. 
Bress.  clial.,  cabasse.  (V.  Escalibot). 

Cabeugne  et  Cabosse,  s.  f.,  bosse  à  la  tète. 
Poit.,  cabeugne.  {Y.  Beùgne  et  Cabosser). 

Cabeugner,  v.  tr.,  faire  une  bosse  à  la  tête. 
Artois,  s'expigner,  (se  battre  en  se  prenant  par  la  tête).  (V.  cabos- 
ser). 

Cabeuriole,  s.  f.  cabriole,  culbute. 

Bas-lat.  et  IlaZ.,  capriola.  Berry,  caberiole,  calbasse.  Bourg., 
cutimblo,  cntumario  Champ.,  c.antibouelle,  tourneboile.  Forez, 
tracolla.  Genev.,  cupesse.  G'wvy,  cambonillote.  Ht-Main.,  tourne- 
boile, tourne- fiche,  tourne-moelle,  tourne  vire.  Lorr.,  quicambôle- 
Morv.,  cabeuriole,  tourniboelle.  Norm.,  trût,  cumblet,  cublé,  cou. 
plette,  corbichée,  cutrondelet,  saucublette,  triinboiielle.  Tic,  cu- 
Iromblet,  coiivercheu.  Fo'il. ,  cormusia,  reviro7t.  Pouillj,  carboiiil- 
lote.  Prov.,  toiimbareleta,  cabirola.  Roush.,  teumète,  étumète. 
St  Atn  ,  cabrieùla.  Suis,  r.,  batacu,  belêcu.  Toul.,  cabirolo 
Wall.,  cumulet. 

Cabeurioler,  v.  intr.,  cabrioler,  faire  la  culbute, 
liai.,  capriolare.  Morv.,  cabeurioler.  Toul,  cabirola,  cabussu.  V.  fr., 
caprioler. 

Cabeuriolet,  s.  m.,  cabriolet. 
Morv.,  cabeuriolet.   Si-Am. ,  cabrienli. 

Cabosser,  v.   tr.,  meurtrir,  surtout  faire  des  beùgnes  ;  aussi 

9 


66  LANGAGE    POPULAIRE    VRRDUNO-CHALONNAIS   ._ 

bossuer  :  «  O  m'a  tout  cabossé  la  tète  « ,  —  «  J'ar  cabossé 
mon  cliapiau,  ma  montre  ».  (La  gousse  des  amandes  du 
cacao  s'appelle  cabosse), 
Berry,  cabosse)',  cambosser,  cainboisser.  Bourg.,  caibossai.  Bre.ss. 
chai.,  cambosser.  Fr. -Clé., caboule)',  cam'jouler,  cabosser.  Genev., 
caboter .  Laus.,  cambosser.  Lyon,  cambosser.  Morv.,  cambosser, 
cabosser.  Rom.,  cabouler,  cambouler.Sa.v.,  cabossa. Tovd,  cacha. 
(V.  Cabeùgner). 

Caboulot,  s.  m.,  petit  réduit,  pauvre  gîte. 

Berry,  cabiole.  Forez,  cabiotte.  Genev.,  cabonie,  cabounie,  cahor- 

ffnon.  Jura,  caboulot,  cabeune,  cabotte,  cabonrot.  Morv.,  cabarne. 

Poit.,  cabasse.  cabornea,  cabourne. 

Cabri,  s.  m.,  chevreau  :  «  O  gingue  tô  c'  ment  eiiu  cabris. 
Berry,  caôt«.  Bourg.,  cabri.    Bress.,   cabri.  Espal.,  cobrit.    Gasff., 

cabre.  Mac.  cabri.    Midi,   cabrit.  Montpell.,  cabri.   Poit.,  cabri. 

Prov.,  cabrel.    St-Am.,  brekykn.  ïoui,  crabit.   Le  français    a    ce 

mot  pour  dire  :  petit  clievreau:  mais  nous  n'observons  point  cette 

nuance.  (V.  Cheûvre). 

Cabucher,  V.  tr.,  assaillir,  et  principalement  à  la  tète,  à  coups 

de  projectiles,  pierres,  boules  de  neige,  etc. 
Bress.,  garoucher.  Guern.,  capuchier  (frapper).  Morv.,  cabeucher 

(faix'e  la  tête  des  clious  cahus).  ?Norm.,  capucher.  Rocliel.;  garro- 

cher.  (V.   Cadouner). 

Cachot,  s.  m.,  cache-cache,  jeu  favori  des  enfants  :  «  Allons, 
veins  !  j'allons  jouer  au  cachot  » .  Appelé  jadis  jeu  des  répon- 
nailles.  (V.  Coù,  Coui). 

Cachot,  adj.,  cachottier,    mystérieus  :  «  Y  et  ein  cachot;  o 

n'  vous  dit  jamà  ran  ». 
Montr.,  caicliot. 

Cachote,  s.  f. ,  cachette. 

Bourg.,  caicliôle.  Lorr.,  coichatte.  Movv. ,  caiche,  caichotte. 

Cadiau,  s.  m.,  cadeau,  présent. 
Berry,  cadiau. 

Cadet,  s.  m.,  petit  domestique,  garçon  de  café;  également  le 
plus  jeune  d'une  famille,  qui  garde  presque  toujours  ce 
nom  :  «  Dis  donc.  Cadet,  v'tu  v'ni  !  » 

Montr.,  cadet. 

Cadette,  s.  f.,  pierre  plate,  dalle  dont  on  recouvre  un  mur, 

un  trottoir,  etc. 
Forez,  cadatle,  cadette.  Morv.,  cadette. 

Cadole,  s.  f.,  cabane,  maisonnette  isolée,  baraque,  retrait  de 
berger,  de  cantonnier  :  «  0  n'a  pu  ran  qu'  sapauv,  cadole  ». 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO   CHALONNAIS  fj7 

(J'ai  entendu  appeler  cadole  la  maison  qui  se  trouve  sur  la 
Pointe  du  Pré,  à  rextrémité  de  l'Allée  des  Soupirs.  Ce  nom 
est  sans  doute  donné  là  dans  le  sens  de  l'isolement  plutôt 
que  dans  celui  de  la  dimension). 
Bres.,  cadala.  Fr.-Glé.,  caborne.  Prov.,  'cabana.  Toul,  cajaroeo. 
Vx.  fr.,  gaïole,  gaole.  (V.  Caboulot). 

Cadouner,  et  parfois  Cadenbr,  v.  tr.,  poursuivre  à  coups  de 
pierres,  de  boules  de  neige,  etc.  :  «  01  avot  bu;  les  gamins 
l'ont  cadounè  à  coups  d'  carreaus  ».  —  «  Y  avot  d' lanouége  ; 
j'  nous  sons  cadounês  en  sortant  de  l'école  ». 

M'iiv.,  aicaïouner. 

Cadre,  s.  m.,  tableau,  gravure  :  «  ï'as  d'ben  jolis  cadres 
dans  ta  chambre  ». 

Café,  s  m.,  prononciation  aiguë  de  café.  Plusieurs  sons  fer- 
més subissent  cette  intonation  ouverte  :  «  Veins-tu  au 
cafèf  ». 

Cafiau,  s.  m  ,  mauvais  café,  rinçure  de  marc. 

Lille,  cafiaa,  caftiau.  Roiich.,  cafetiau. 

Gagne,  s.  f..  mauvais  chien,  chienne  paresseuse.   Injure  que 

l'on  donne  volontiers  à  un  individu,  mâle  ou  femelle,  qui  ne 

veut  rien  faire,  à  une  prostituée, 
Lat.,  canis.   Ital.,  caçjna,    Berry,  cagnie.   Bourg,    cagiiar  (fainéant 

comme  un  chien).  Bress.,   câgne.   Morv.,    ici.  Poit.,  cagne.   Rom., 

ca)iyas. 

Cagnias  (les^,  s.  m.,  douleur  que  l'on  ressent  aus  jambes  par 

suite  de  lassitude  :  «  Avoir  les  câgnias  ». 
Bourg.,  cagnias,  cpgnères.  Champ.,   queignas.  CA\?ii\\\ .,  cag niais . 

Forez,  càgni.  Morv.,  cagnias.  Saint.,  la  câgne  (apathie).  Yonne i 

cagnia.'i. 

Cahiè,  s.    m.,  cahier.  Du  groupe  des  sons  ouverts,   comme 

cafc,  etc. 
Genev.,  ca(/er.  Wall.,  calhier.  Y^.  fr.,  quaier,  quayer. 

Caiboche,  s.  f.,  tête.  Aa  fig.  tête  dure,  où  rien  ne  peut  entrer  : 
«  Queue  fichue  caiboche  que  t'as  !  On  t'dit  quête  choufe, 
épeu  du  cou,  là,  y  et  oblié!  » 

Lat.,  caput.  Berry,  caboche.  Bourg.,  cabioche.  Forez,  cabochi  (don 
à  grosse  tète).  Fr.-Gté. .  caboche.  Lang.  cabesso,  cobosso  (clou  de 
fer  à  cheval).  Morv.,  caboiche,  cabouéche.  Prov.,  cabosso.  Toul, 
ici.  Piouch.,  caboche. 

Cailli,  s.  m.,  lait  caillé  :  «  .l'ai  migé,  à  c'  maitin,   du  bon 

cailli  ». 
Mollir.,  cailli,  St.-Am,,  calyà.  Vx.  fr.,  coailliez. 


68  LANGAGE    POPULAIRE    VEUDUNO    CHALONNAIS 

Cala,  s.  m.,  nois  :  «  Vein-tu  goûter  ?  J'avons  des  làïins,  des 
calas,  épi  du  vin  blanc  ».  J.  Guillemin  voit  l'origine  de  ce 
mot  dans  le  verbe  ècaler  (on  écaie  les  nois). 

Berry,  calott,  chalon,  échalon.  Bourg.,  calô.  calei/.  Bress.,  nony . 
Champ.,  caillot,  écaloii.  Cognac,  ecalas.  Eiir.-ot*  l^i'..  callot. 
Hl. -Maine,  "alot.  .Tara,  cala.  Liiu.,  calao,  /lou.  Lyon,  noï,  nuë, 
noué.  Mac,  cala.  Montr.,  ùLMorv.,  ici.,  éccalon,  eshelon.  Poit., 
calea,  calau,  chalafe.  Roiicli  .  calo,  gaille.  Saint,,  cala.  Sav., 
niai.  Toul..  nou:e.  Veml.,  cale.  Vx.  fr..  calo>i. 

Cale,  s.  f.,  bonnet  porté  sous  la  coitie,  ancienne  coiffure  de 
quelques  vieilles  femmes.  Jadis  «  on  appelait  cale  une  fille 
de  basse  condition,  à  cause  de  la  cale  qui  lui  servait  de 
coift'ure  ». 

Champ.,  cale  (vieille  fenune).  .Java,  caliron,  câline.  Morv.,  cale, 
(maucalé,  mal  coiffé).  Suis,  r.,  calet,  caletta.  Tour.,  caillou. 
Vx.  fr.,  calefle,  cale. 

Cale,  s.  f..  abri  :  «  I  pleùvo;  i  m'seù  métu  à  la  cale  ». 
Montr.,  cale.  (  V.  Assole). 

Cale,  s.  f. ,  le  brou  de  la  nois.  qu'on  enlève  en  écalant. 
Poit. ,  cale. 

Calé,  adj.,  à  son  aise,  riche,  à  son  affaire;  signifie  aussi  : 
beau,  bien  mis  :  «  C'ment  te  v'ià  calé  !  T'vas  donc  à  la 
noce  ?  » 

Bourg.,  cale.  Lille,  id. 

Caler,  v.  tr.,  coifl'er,  meJLtre  une  cale  :  «  Eh!  ma  pauv'Jean- 
nette.  coume  te  v'ià  brave!  ï'é,  ma  fi  !  jouliment  càléel  » 

Calibeurdaîne,  s.  1".,  calembredaine. 

Champ.,  calember daine.  Genev.,  caletnboiirdaine.  Morv.,  calibeur- 
daine.  Pic,  calembardaine. 

Caliborgnot  et  Caliborgnon,   adj.,   borgne,    louche,  qui  a 

la  vue  basse. 
Ital.,    borno.     Bourg.,    batie.    Bress.,    bone.    Cognac,     calorgne., 

Fr.-Cté.,  biclou.  Genev.,  biclœil.  .Jura,  fcowrwJcZer  (loucher).  Lim., 
.  borli.  Marue,    caliborgne.    Mayen.,   id.    Morv.,    biquîet.    Norm., 

calibor  g  nettes    (lunettes).    Pic,    caliborgne.    Poit.,    cabourgne. 

bizeuil.  Rouch.,  bigornieax,  borne,  bornibus.   St.-Am.,  beurnou, 

Wall.,  boigne. 

Câline,  s.  f,,  bonnet  de  femme  noué  sous  le  menton. 
Bourg.,  caule.  Jura,  câline.  Poit.,  id.  (V.  Folle). 

Calle,  s.  f . ,  choc  d'une  bille  contre  une  autre,  dans  le  jeu 
des  écoliers. 


LANGAGE    POPULA.lRt:    VEUDUNO    CHALONNAIS  69 

Calonier,  s.  m.,  canonnier. 
Cognac,  calonnier. 

Calot,  s.  m.,  bonnet  de  femme,  coille  à  barbes  tombantes. 
Bas  lat.,    callui.    Berry,    calotte    (bonnet    d'enfant).    Morv.,    calot. 
Nonn.,  id.,  (bonnet  d'enfanti  Poit.,  calot.  {V.  Cale), 

Calot,  adj.,  câlin,  caressant  :  «  Ce  p'tiot,  ôl  é  calot  ç'ment 
tout  ». 

Calou,  adj.,  qui  cale,  poltron,  capon. 
Morv.,  calou. 

Cambole,  s.  f.,  enflure  causée  par  contusion,  ampoule  qui  se 

forme  sur  le  corps. 
Bourp;.,  ca)nbàlf'.  Morv.,  cainhole. 

Uawise,  s.  f.,  chemise. 

Lat.,  camisia.    It.,  camicia.  Bourg.,  cheniinze.  Fland.,    quemisse . 

Morv.,  chemle.    Pic,  kemise.   Prov.,  camisa.  Rouch.,  quemisse. 

Wall.,  f/'tnie,  (V.  Chumise). 

Campaine,  s.  f.,  cloche,  clochette  que  Ion  suspent  au  cou  des 

vaches  et  qu'elles  font  tinter  en  marchant. 
Lat.  et  Ital.,  campana.  Bourg.,  campéne,  canpe une.  Chsimp.,  cam- 

panelle.    Espal  ,  compono.    Lang.,  campa?io.   Lyon.,  campana. 

Midi,  id,  Monlr.,  campaine.  Morv.,  id.,  cainpeune.  Prov.,   catn- 

pana.  Rom.,  id.  Sl-Am.,  chounëta.  Sav.,  campan>ia,  senaille.  Toul., 

campano.  V-x.  fr.,  campane,  cnmpanelle. 

Campaine,  adj  ,bigotte,  dévote  exagérée  :  «  Eh  !  lass'-me  donc  ; 
y  et  eùîie  vieille  campaine,  qui  quitte  son  chez  eus  po 
d'meurer  dans  les  églises  ». 

Campin,  s,  et  adj.,  qui  marche  de  travers,  boiteus,  bancal 
(comme  une  campaine,  qui  oscille  pour  sonner). 

Bovirg.,  campin. 

Çan,  p.  dém..  ce,  cela,  toujours  uni  aus  pr.  poss.  mien,  tien, 
sien,  en  sous-entendant  qui  est.  Can  mien,  çan  tien,  can  sien, 
çan  not',  çan  vot',  çan  leur  :  ce  qui  est  à  moi,  à  toi,  à  lui,  à 
nous,  à  vous,  à  eus.  «  J'ai  pris  çan   mien;  t'as  çan  tien;  ôl 
emporte  çan  sien  » . 

Genev.,  c'an  Jiiien.  Mac,  san.  Nonn.,  id.  Lyon.,  sen  mina,  s'en 
mien. 

M.  Onofrio  dit  que  l'orthogr-  primitive  et  rationnelle  est  c'en 
mien  (tout  ce  qui  est  dans  le  mien). 

Cancan,  s.  m.,  canard  :  «  Hé!  p'tiot,  vois  les  cancans  qui  vont 
boire  ».  Faut-il  chercher  autre  part  les  cancans  des  bonnes 
femmes,  qui  sont  bien  des  canards  ? 

Bourg.,  cainar,  quène  {ca.\\e).  Lim.,  cana,  Morv.,  cainaii: 


70  LANGAGE    POPULAIRE     VERDUNO-CHALONNAIS 

Cancoirne,  s.  f.,  hanneto:i.  Dans  la  saison,  les  gamins  en 
ramassent  pai"  tas,  par  sacs,  et  s'amusent  parfois,  le  soir,  à 
en  jeter  plein  les  boutiques. 

Berrj%  canroire.  Biui-g.,  id.,  rziicouelle.  Champ.,  id.  Dauph.,  can- 
coiro,  cancouaras,  cancouelh.  Forez,  ca?icorn,  concor.  Vr.  Clé, 
cancoire,  cancoille,  axticoudne,  cancouainot.  Isère,  coiicouara. 
Jura,  cancoire.  Loahsins,  quinconie  (quinque  coniua).  Moiitr., 
canquoirne.  Morv.,  cancoirne,  cancouelle. 

Caneoon,  s.  m  ,  caleçon. 

'Pic,  caneçon.  Ronch.,  quenesson. 

Çanser,  V.  tr.,  changer,  remplacer,  moditier. 

Lat.,   cnmbire ;  Ital.,  cambiare.   Berry,   sanger.  Bourg  ,  cheingeai. 

Genev.,  s%ngp.r.  hïm, changea.  Pic,  canger. Pvov.,  cambiar,  cam- 

jar.  Wall.,  cangï,  cambgier.  Vx.  fr.,  changier. 

Çanger  {se),  V.  pr.,  changer  de  linge,  de  vêtements. 

Cognac,  se  cha,nger.  Geiiev.,id.  Liui.,  changea.  Midi,  se  changer. 

Cani,  s.  m.,  chenil  :  «  Rentre  Médor  dans  son  cani,  » 
Lat.,  canis.  Wall.,  chinis. 

Caniforchon  (à),  loc.  adv.,  à  califourchon. 

Berry.,  char!)iquion,  à  l'écarquillol.  Da'iph.,  en  carcailli.  Morv., 
ai  cailleton.  Norm.,  à  caliberd%,  à  calimoalettes.  Saint.,  caille- 
fourchon,  caiUlfoiirchoii.  Saiss.,  àc%coa.  Vx.  fr.,à  cafourchons, 
à  calfourchons . 

Çaniqui,  loc,  cela,  ce  qui  est  ici. 
Bress.,  çaniqiiie. 

Canne-major,  s.  f.,  tambour-major,  militaire  et  civil.  La 
canne  joue  un  tel  rôle  dans  les  fonctions  de  cet  homme 
grand,  qu'elle  a  servi  à  le  dénommer.  La  canne-major  civile 
est  de  toutes  les  noces,  de  toutes  les  fêtes,  surtout  de  toutes 
les  promenades  de  cérémonie;  elle  précède  le  tambour  et  le 
fifre,  et  livre  son  bâton  enrubanné  aus  plus  excentiiques 
audaces  de  sa  gymnastique. 

Canot,  s.  m.,  petit  canard,  caneton, 
Morv..  ca7ii. 

Canoter,  v.  intr.,  aller  de  ci  et  de  là,  marcher  à  la  manière 
des  canards  :  «  Aile  é  prou  gentite  de  ligoure;  ma,  mon 
Dieu!  c'ment  ail'  canote!  » 

Vx.  fr.,  canoter. 

Canquouin,  adj.,  lent,  trainard,  paresseus. 

Bourg.,  cancoin. 

Cpite  dernière  orlhogr.  devrait  prévaloir,  puisque  c'est  le  nom 


LANGAfllî    POPULAIRE    VKRDUNO    CHAf.ONNAIS  71 

propre  d'un  dijonnais  qui  est  devenu  noire  adj.  (V.  le  Glos- 
saire des  Noël  s  de  La  Mon  noyé). 

Canquouiner,   V.  intr.,   paresser,  traîner   dans   son  travail   : 

(i  O  n'  fait  ran  d'  ben  brave;  ù  canquouino  tout  l' temps  ». 
(V.  Catiquouhi,  p.  l'orthogr.). 

Capitau,  s.  m.,  capital. 

Morv.,  capitale.  Prov.,  capdal,  captai. 

Capot,  s.  m.,  mantelet  à  capuchon,  volontiers  de  couleur  lilas, 
ample,  capitonné,  élégant,  que  portaient  jadis  les  laitières. 
Comme  toutes  les  parties  du  costume  traditionnel,  le  capot 
tent  à  disparaître.  J.  Clievrier  l'a  gracieusement  dessiné  dans 
son  beau  livre  «   Chalon-sur-Saône  ». 

Berrj',  capiche.  Lille,  capot.  Morv.,  cape,  chape. 

Carbon ADE,  s.  1".,  tranche  de  porc,  à  griller  ou  grillée  sur  les 

charbons.  Ce  mets,  très  goûté,  fait,  avec  le  boudin,  la  base 

des  réveillons. 
'EiS'ç. ,  carbonada.    Bourg.,  cha)'boii/iée,   r/rtllade.  Fr.-Gté,  cairhou- 

nade.  Pic,  c«r&o;î  (char'joii).  Pioucli.,  carbonate.   Wall  ,  carbon- 

nnde. 

Carcaillet,  s.  m.,  appeau  pour  attirer  les  cailles. 
'Rouch.,  coarcaillet .  Vx.  fr,,  carcaillet. 
Onomatopée,  ainsi  que  le  mot  suivant. 

Carcaillote,  s.  f.,  caille. 

Fie,  carcaillo  (cri  des  cailles).  Ronch. ,  carcaliou. 

Cargasser,  v.  tr.,  fatiguer,  exténuer  :  «  Par  la  nouége  qu'i 
fait,  v'ià  r  piéton  qui  nous  éporte  les  lett';  ôl  é  tout  car- 
casse. » 

Çarcher,  v.  tr.,  chercher. 

Lai.,  circare;  Ital.,  cercare.  Berry,  cercher.  Bourg.,  charché. 
charchai.  Bress.,porcé.  Dauph.,  charcldé.  Genev.,  cerche)'.  Lim., 
chercha.  Morv.,  çarcer.  Nivera.,  sercher.  Pic,  cerquier.  Prov., 
cercar,  serquar. 

(V.  Sarcher,  Charcher. 

Çarcher  son  pain,  sa  vie,  loc  ,  mendier. 
(V.  Aller  aux  portes). 

Çarcle,  s.  m.,  cercle  :  «  Thouma  a  bouté  tous  ses  gardes  à 

ses  touneaus  ». 
Lat.,    circulas.    Lille.,    cherqiie.    Morv.,    cêqhie.     Prov.,    sercle, 

selcle. 

Carein-me,  s.  f. ,  le  carême.  Carein-me  a  été  dit  dans  un  autre 


72  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAÏS 

sens:  «  Pro  feminariun  fluxu  pêriodico  dicitur.  »  On  com- 
prent  Tallusion  à  ce  moment  d'abstinence. 
Lat.,   quadragesima;  It.,  quaresima.  Lorr.,  cuérome.   Morv.,  cai 
raime,  quiérânie,  quéhâme   (fém.)-  Piov.,  carema,  caresma,  qua 
resme.  St-Am.,  la  carènma. 

Çarger,  V.  tr.    charger,  couvrir. 

'iierv\\sarger.'Qo\ivg.,chargeai.^lov\.,chairger.V\(i..,carç)uer,carker. 
Prov.,  cargar. 

Carimentran,  s.  m.,  carême-entrant,  fin  du  carnaval. 

Auv.,  carmentron.  Berry,  cair'  menlran.  Bourg.,  cairmaatrcni, 
Caire niantra7i.  Lim.,  carmantran.  Lyon.,  caramentrant,  cara- 
mountrant,  carameintran.  Montr.,  carimenlrant.  Morv.,  cair- 
mentrant  Toul.,  carmantran.  Vx.  fr.,  caramantran,  quarem- 
pernant. 

Çarimonie,  s.  f.,  cérémonie. 

Bourg.,  çairimonie.  Prov.,  cerimonia.  Roucli.,  cerimonie.  Vx.  fr., 
cerimoiiie,  cerymonie,  sermonie. 

Carlet  et  Carelet,  s.  m.,  petite  mesure  d"eau-de-vie.  servie 
dans  les  hôtels  et  les  cafés. 

Carnavau,  s.  m.,  carnaval.  S'applique  également  à  une  per- 
sonne masquée  :  «  Oh!  c'ment  ôl  é  gônél  Y  é,  ma  li!  eun 
biau  carnavau!  » 

ital.,  carnovale.  Lim.,  cavnovar.  yHovv .,  cair  naval .  Pic,  les  carne- 
vieux.  Rouch.,  car7iei-al. 

Garquelin,  s.  m.,  craquelin,  sorte  d'échaudé  sec,  que  certains 

trempent  dans  leur  café  au  lait. 
Bourg.,    quarquelin.    Poit.,   carquelin.   Rouch.,    craquelin.    Sav 

carquelin.  TouL,  chaudelet.  Wall.,  carquelin. 

Carre,  s.  m.,  coin,  angle,  foyer.  Nous  disons  :  le  jeu  des  quat 
carres  pour  :  le  jeu  des  quatre  coins. 

Lat.,  quadratus;  Bas-lat.,  coronnus.  Berry,  quarre.  Bourg.,  quâre, 
câre,careneu.D3L\xph.,  carro.  Forez,  carou.  Jura,  quarre.  Laiig., 
caire.  Lyon.,  quare,  carre,  quore,  c%rou.  Luxemb..  cw^né?.  Montr., 
carre.  Morv.,  quarre,  quaire,  quarrie.  Norm.,  quarre,  carre. 
Poit.,  quarria.  Prov.,  cougnet,  caire,  caïre.  Wall.,  quar. 

Carre  {de),  loc.  adv.,  de  côté,  de  travers.  Paroles  de  carre  ; 

regarder  quelqu'un  de  carre  :  «  Je  n' vas  pu  V  vouer;  ô  m'a 

métu  d' carre  »  (mis  de  côté). 
Bourg.,  de  quâre.  Fr.-Gté,  de  carre.   Prov.,  de  caire. 

Carreau,  s.  m.,  pierre.  Sens  absolu.  Ce  n'est  pas  sans  sur- 
prise qu'on  entend  dire  :  «  01  a  jeté  des  carreaus  dans  mes 


LANCJAGK   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  7.3 

vitres  ».  Nous  avons  recueilli  :  «  0  va  à  la  ruine  du  cluUiau; 
ma  y  é  por  y  prendre  des  carreaus  por  son  mur.  ». 
Bourg.,  carid.  Geuev.,  carro?î.  Pic,  cariau,  cariea.  Pi'ov.,  carel. 

Carrke  (fa),  s    i'.,  tente,  logette  en  toile,  parfois  en  planciies, 

construite  pour  abri  sur  le  bateau  et  le  radeau. 
Il-V.,  la  carrée  {Uou  où  s'élevaient  les  potences). 

Carrer  (se),  v.  pr.,  se  ranger,  se  mettre  de  coté, 
.Jura,  se  carrer. 

Cartable,  s.  m.,  sorte  do  grand  portefeuille  en  carton,  dans 
lequel  l'écolier  met  ses  cahiers  et  ses  livres.  On  s'e-;t 
inquiété  de  savoir  si  ce  mot  est  français  ou  patois.  La  ques- 
tion a  été  a  demi  tranchée;  on  a  relégué  le  mot  parmi  les 
vocables  provinciaux.  Quel  que  doive  être  le  jugement  en 
dernier  ressort,  notre  glossaire  local  maintient  cartable,  ce 
compagnon  indispensable  de  tout  collégien. 

Midi.,  cartable. 

Cartée,  s.f.,  quartier,  gros  morceau  :  «  Yét  eun  fameus  goulu; 
ô  vous  mainge  des  cariées  d'  pain!...  » 

Çarvelle,  s.  f.,  cervelle,  intellect. 

Lat.,  cerebellum.  Bourg.,  naj'velle.  Prov.,  cervcla.  St-Am.,  char- 
vala. 

Casaquin,  s.  m.,  camisole,  courte  et  sans  manches  Se  prent 
fréquemment,  au  fig.,  pour  le  clos  :  «  Attensl  j' vas  t'en 
flanquer  su  l'  casaquin  !  » 

Bourg.,  caisaiquin. 

Casiau,  s,  m.,  vessie.  Celle  de  veau  sert  à  la  confection  de 
la  pressure  pour  faire  prendre  nos  bons  fromages  blancs  des 
Bordes. 

Lat.,  caseus.  Montr.,  casieaii. 

Casse,  s.  f.,  poêle  à  frire  :  «  T'as  breûlé  ma  casse  en  f'sant 
ton  om'lette.  »  On  trouve  ce  mot  dans  une  partie  du  x.fri- 
casser,  et  le  verbe  entier  semble  contenir  la  contraction  de 
frire  dans  laçasse. 

Bas-Iat.,  caza.  Berry,  casse.  Bourg.,   coissô,  quesse.  Champ.,  casse 
(poêlon).  Forez,  casse  (poêlon  à  long  manche).  Genev.,  casse,  caffe 
'L\\\e,paôle.'Lyox\..,  casse.  Mâc.id.  Montr.,  id.  Morv.,  \A.,  quesse^ 
Norm.,   casse  (léchifrite).  Pic,  casse  (vase  à  boire).    Poit.,  casse 
(léchifrite).  Rom.,  casse.  'S>a.Y.,pélâ.  Vx.  fr.,  casse. 

Castgnade,  s.  f.,  cassonade. 

G^nav,  castonnade.  Ixowch.,  casto7iate.  St-Am.,    castonade.  WalL, 
castonnade. 


74  LANGAGE  POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Gasuel,  adj.,  cassant,  fragile  :  «  0  li  a  baillé  des  bagues.  . 

N'empôche;  y  et  eun  amoureus  ben  casiiel.  » 
Norm.,  casuel. 

Catarine,  s.  f.,  cantharide  :  «  O  li  a  métu  des  mouches 
catarines  ».  A  mettre  à  côté  des  mouches  catholiques  des 
Berrichons. 

Morv.,  cantine. 

Gataplàme,  s.  m.,  cataplasme. 

hdi\,.,  cataplasma.  Bourg.,  cataplame.  Genev.,  cataplâme.  Morv., 
cataplame.  Pic,  catapleume .  Rouch.,  id. 

Catau,  s.  f.,  fille  de  mauvaise  vie.  Est  aussi,  comme  catin,  le 

nom  de  la  poupée  d'enfant.  Diminut.  de  Catherine. 
Lille,  catou.  Morv.,  t-atow.  Norm.,  id.  (fille  méchante). 

Catéchime,  s.  m.,  catéchisme. 

Berry,    catéchime.    Fland.,   catichime.    Genev.,   catéchime.    Lorr., 

catechisse.  Midi,  catéchime.  Moutr.,  catécime.  Morv.,  id.  Norin., 

catéchime.  Wall.,  catégiss,  catrusème. 

Cater,  V.  tr.,  jeter,  lancer,  pousser. 
Br^ss..  caté. 

Gatio,  s.  m.,  plat,  pot,  vase.  J.  Guillemin  cite  cette  piquante 
version  d'un  proverbe  connu  :  «  Tout  catio  trouve  son  queu- 
clo  ».  Tout  pot  trouve  son  couvercle. 

La.t.,  catinus;  Ital.,  catio. 

Caton  (à),  loc.  adv.,  à  quatre  pattes,  à  la  manière  d'un 
chat  ;  «  L'boun  houme,  ô  marche  à  caton  pour  obuyer  son 
p'tiot  ». 

Norm.,  à  catons. 

Gâtons,  s.  m.,  grumeaux  qui  se  forment  dans  toute  farine  par 

suite  d'humidité,  ou  parce  qu'elle  est  mal  délayée. 
Morv.,  casson,  quiaisson.  {Y .  Grumelot). 

Causou,  adj.,  causeur,  bavard. 
Morv.,  causou.  (V.  Bavou). 

CÉLÉBRALE,  adj.,  Cérébrale  :  «  01  é  parti   d'eune  fieûve  cèlè- 

brale.  » 
Gogn.,  célébrale. 

Cemetière,  s.  m.,  cimetière.  Dans  un  manuscrit  verdunois 
du  siècle  dernier  on  trouve  siniitier;  mais  ce  texte  peut-il 
faii'B  autorité? 

Ital.,  cimeterio.  Berry,  cemetière,  cementire,  cime?itiére.  Bourg., 
cemeteire,  cemeteyre.  Bress.,  cimétiro.  Gasc,  cimetitéri.  Lim., 
sémèntêri.  Morv.,  ceumetére.  Poit.,  citnantère,  semenière.  Prov., 


LANGAGE   POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNATS  75 

cementeri.    Saint.,    cemantière.  Toul.,  cementcri.  Wal.,    remin- 
tière,  chementiére,  chimmtière,  chimetière. 

Cendrei,  s.  m.,  cendrier,  drap  qu'on  étend  sur  la  cendre  dans 

le  cuvier  à  lessive. 
Morv.,  cenré.  Vx.  fr.,  cendier. 

Cenise,  s.  f.,  cendre  encore  chaude. 

hat.,  cinis.  Bourg.,  cewre,  sanre,  carre.   Champ.,  cenise.  Fr.-Glé, 

id.  Jura,  id.  Eille,  chinte.  Morv.,  cenie,  cenise.  Pic,  chaine.  Prov., 

cenillas,  cène.,  cetire. 

Centime,  s.  f.,  centime  :  «  Ta  cli'tite  afàre,  à  n' vaut  pas  tant 

seulement  euno.  centime  ». 
Lat..  ceutesimas.  Genev.,  centime {iâm .) . 

Cequi,  pr.   dém.,   ceci,  cela,   ça  :  «  Y  é  c'ment  c' qui  que  f 

t'éranges?...   » 
Bourg.,  celai.  Bress.,  qanquie.  Bugey,  cin.  Lim.,  cellé][ç,e?,),  co  (ce). 

Lorr.,  celé,  slè.  Morv.,  çai,  cequi.  Sav..   citta  (cette).  Tout.,  aco. 

Wall.,  soussi 

CÉQUi,  pr.  dém.,  ceus-ci,  ceus-là. 
Bress.,  céquie. 

Ceusse  (les),  pr.  ilém.,  ceus  :  «  .]'  vouerons  ben  les  ceiXsse  qm 

veinront  ». 
11- V..,  les  siuns. 

Chag  (faire),  s.  intr.,  rater  :  «  Y  ôt  eun  fameus  chassou  ;  à 
tôs  les  cops  son  fusil  fait  chac.  » 

Chafaud,  s.  m.,  grenier  au-dessus  delà  grange. 
Morv.,  chafmid,  chaufau  (èchafaud). 

Chagne,  s.  m.,  chêne. 

hvii.,  quercus.  Bç.vvY,  ch'ir/ne,  chaif/ne.    Bourg.,    châgne.    Bress., 

chano.    Lim.,  chone,    rouvéï.    Lorr.,   chaisne.    Montr.,  chagne, 

chaigiie.  Movv.,  chdgne.  Pic. ,quéne.  Poit.,  chdgiie.  Prov.,  casser. 

Rouch.,  quèm.    St-Ani.,  sônou.    Saint.,  chdgne.    Vend.,   chdgue. 

Wall.,  quène. 

Chain-ne,  s.  f.,  chaîne. 

La.t.,  catena.   Bevvy,  chadaine.   Lim.,  chodeno.  Pic,  caina.  Prov., 
cadena.  Tonl.,  cadeno.  St-Am.,  sènna. 

Chaintre,  s.  f.,  chemin  autour  d'une  pièce  de  terre,  ceinture. 
Berry,  cheinte.  Forez,  chintre.    Montret,   chaintre.  Morv.,  chintre, 
cinte.  Poit.,  chaintre.  (V.  Contour). 

Challion,  s.  m  ,  la  nuque. 

Chalumiau,  s.  m.,  chalumeau. 

Bourg.,  chailemine.  Bas.-Norm.,  chaluniiaou.  Fie, caiM/nîew. Prov., 
calamel. 


76  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Chalureus,  adj.,  chaleureus. 

Genev.,  chaloureus.  Morv.,  chaliïreu,  céléreu. 

Chambarder,  v.    tr.  et  intr.,  lancer  au   loin   avec   colère 
vaciller,  tituber  :  «  J'ai  chambarde   c'  chaudron  au  mitan 
d"  la  rue  ».   —  «  01  a  trop  bu,  l'ivrougne  ;  ô  chambarde.  » 

(Pour  ce  dernier  mot,  v.  Chambiller) . 

Chambiller,  V.  intr.,  aller  de  travers,  tituber  :  «  Voui,  1' 
boun  houme,  ôl  a  trop  pinte;  quau  ô  r'veint  clieù  lu,  faut 
vouer  c'ment  ô  f/îamèiV/e!  »  (V.  Chambarder). 

Chambillote,  s.  f.,  croc  en  jambe. 

Chambleire,  s.  f.,  chambrière,  servante. 

B3rry,  chambleire.  Bourg.,  id.,  chambrillon.  Fr.-Gté.,  chambelére. 
hsLng.^  chambriero.  'Slorx.,  chambleire.  Poil.,  chambrère.  Prov., 
camarieria.  Saiut.,  chambarière.  Yx.  h\,  chatnbeinere. 

Chambr'aute,  s.  f.,  chambre  haute,  pièce  située  au  premier 
ou  au  deuzième  étage  d'une  maison.  Elle  est  haute  relativ. 
au  rez-de  chaussée  :  «  Pare  et  mare  coucheint  au  bas;  moi, 
j'  coucho  dans  la  chambr'aute  ». 

Morv.,  chambr'aute. 

Champer,  v.  tr.,  camper,  placer,  mettre,  et  jeter,  laisser  là. 
Bourg.,  cham,pai,  jampai. 

Champignot,  s.  m.,  champignon. 
Morv.,  champignot. 

Champoyer,  v.  tr..  conduire  aus  champs  les  dilïèrents  trou- 

peaus. 
Anjou,  champaier.    Dauph  ,   champeier.   Morv.,    champier,  chani- 

pouéyer.  Poit.,  champayer,  champéyer.  Suis,  r.,  champd.  Wall., 

clMmpi. 

Chandier,  s.  m.,  chandelier. 

liai-,  candeiliere.  Morv.,  cha7idié.  Prov.,  candelier.  Vx  fr.,  chan- 
dellier. 

Chanée.  s.  f.,  chênaie. 

\ievvy ,  cliâgnaie .  Saint.,  châgnace.  \Ya\[.,  quesnoy. 

Chanfriller,  v.  intr.,  se  dit  des  paysans  qui  veulent  l'aire 
montre  de  parler  français  :  «  Aga,  c'tu-là;  l'entends-tu?  ô 
chanfrille  ».  Pris  en  mauvaise  part. 

Chani,  adj.,  ehanci,  rance,  moisi. 

Berry,  channi.  Forez,  chani.  Maine,  Morv.,  id.  Norm.,  chani,  cani. 

(V.  Nazé). 

Chanlit,  s.  m.,  (;liàlit.  bois  de  lit. 

Bas-lal.,  cadeletus;  liai.,  cataletlo.  Bcn-y,  c/ialit,  MonU'..  id.  Morv., 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  77 

iil.  Ni)riii.,    id.,  qualit.    Pic.    cnlit.    Pijil.,    rhalil.    Saint.,    rhfiUs , 
c'ialut,  chalosse.   Vend.,  chalil.  Wall.,  calit. 

Chantou,  s.  m.  et  adj .,  chanteur. 

\iii\.,  canlatore.  Lyon.,  chantou.  Montr.,  id,  Murv.,  id.  Vvov.,  can- 
taire,  cant(\dor. 

Chantrouiller.  V.  tf.et  inti'., chantonner,  fredonner,  mais  de 

façon  peu  remarquable. 
B^urg.,  fredenai.  Lini.,  chanta.  Pic,  rotoner. 

Ghapau,  s.  m.,  crasse,  croûte  qui  se  trouve  sur  le  sommet  de 
la  tête  des  nouveau-nés.  et  que  les  mères  ont  la  maladresse 
de  respecter  en  vue  de  la  santé  de  l'enfant.  Ce  mot  n'a  pas 
la  mouillure  comme  le  suivant. 

Chapiau,  s.  m.,  chapeau. 

Ital.,  cappella.  Berry,  chapiau.  Bourg.,  chépia,  chaipi't  Bre.s.s.^ 
çapiau.  Dauph.,  chapet.  Il.-V.,  chapiau.  Lille,  capiau.  Lim  , 
c/iopèu,  chapeu,  Lorr.,  chépé.  Mac,  chapiô.  Morv.,  chapiaa, 
chaipeai,  chépiau.  Norm.,  id.  Pic,  capiau.  Prov.,  capel.  Rouch., 
capiau.  St-Am.,  sapé.  Saint.,  chapid.  Sav. ,  stapai.  Toul.,  capél. 
WiiU.,  capiau,  cfuipai.  (V.  Chapau). 

Chapler,  v.  tr.,  tailler,  couper,  mais  surtout  hacher  :  «  As-tu 

rhaplé  tes  harbes?  la  sôpe  va  boudre  ». 
Bourg.,  chapelai.  Bress.,  çaploo e.D-Mjph  ,chapla.  Genev.,  chapler, 

chaplotei'.Ls.ng.,  chapla.  Lyon.,id.,  chappla.  Mâc,po«  chaplietire* 

(ais  pour  attacher  la  viande).  Prov.,  chaplar.  Vx.  fv.,  chapler,  cha- 

ployer. 

Chapler,  v.  tr.,  abattre  à  coups  de  gaule,  surtout  les  nois  : 
«  01  a  chaplé  les  calas  de  ses  grands  neùyers.  Y  en  a  tant, 
qu'ô  n'  sarotles  compter  ». 

Bourg.,  chaipiai.  Centre,  jab  1er,  fldber. 

Chapouter,  v.  tr.,  couper  à  tout  petits  bouts,  morceler,  avec 
hache,  couteau,  ciseaus  :  «  La  couturière  m'a  chapoidé  ma 
robe   »  —  «  Aboyons,  drôlet,  n' chapoute  pas  mon  bâton...  » 

Lat.,  capellare.  Berry,  chapuser,  chappoter.  chapioter.  Bress., 
chapoté,  chapoto,  chapota.  Fr.-Gté,  chaipla.  Gren.,  chapota. 
Lyon.,  chapoto,  chapoula.  chapoter.  Montr.,  chapouter.  Morv., 
chaipouter.  Périg.,  chapusa.  Poit.,  chapotai.  Suis,  r.,  capotta, 
Toul.,  chapouta,  chapouleja  (laver,  tremper).  Vx.  fr.,  chapoter. 

(Y.  Charpiller). 

Char,  s.  f.,  chair,  viande. 

Bas.  Norm.,  ché.  Berry.  char.  Bourg.,  char,  care.  Lorr.,  cJià,  ché. 

Morv.,  char.  Pic,  id.  Prov.,  carn.  TouL,  car.  Wall.,  c/mr.  Vx. 

fr.,  char. 
Char-a-glace,  s.  m.,  sorte  de  traîneau  plus  ou  moins  rudi- 


78  LANGAGE  POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

mentaire,  boîte  longue  en  planclies  sur  laquelle  s'assiet  le 
promeneur, et  qu'il  pousse  à  l'aide  dedeus  bâtons  à  clous. 
Rouch.,  kar-à-glache. 

Charbon  de  pierre,  s.  m.,  charbon  de  terre. 
Genev.,  id. 

Charbonète.  s.  f ,  petit  charbon,  braise  qu'on  retu-e  du  four, 
qu'on  éteint  et  qu'on  vent  aus  ménagères  pour  allumer  le  feu. 
Morv.,  chairhonette.  Norm.,  charhonnette. 

Charbouiller,  V.  tr.,  barbouiller,  salir,  noircir  par  le  char- 
bon,  etc  :  «  Que  v' tu  que  j' bise  ton  p'tiot;  ô  s'étout  charbouillê 
la  figure  en  migeantsa  rôtie  ». 

\là\  ,barbugliare.  Berry,  charbouiller.  Bourg.,  charbouillai.  Ghà- 
till.,  charboailler.  Lorr.,  châbrouille.  Morv.,  chairboiller, 

Charcher,  verbe  tr. ,  chercher. 

Lille,  cacher.  Montr.,  charchir.  Rouch.,  querre.  Vx.  fi'.,  cercher. 
(V.  Carcher). 

Chardonet,  s.  m.,  chardonneret. 

Ita.1. ,  cardi7iello.  Berry,  char  donnet,échar  donne  t.  Bress.,  ecarcfo- 
noayri.  Flsind.,  cardonnet,  cardo7ine7-et.  Forez,  chatri,  zhatril- 
lon.  Genev  ,  charditiolet.  Morv..  châdouç/nera,  chairdonneri. 
Norm.,  chardonuet,  r.ardronnette .  Pic.  cardounet,  cadoreur. 
Poit.,  chadrier.  Prov.,  cardalina.  Rouch.,  cardonète.  Saint., 
chardounet,  écharderi.  Sav.,  cardinolin.  Toul,  cardi7io.  Wall., 
cardonète,  cherdin.  V.  fr  ,  chardonnet. 

Charote.  s.  f.,  charette. 

Berry,  .  chairette,  M.ovv.,  chairotte.  Prov.,  carelta.  St-Am.,  sarcta. 
Wall.,  cher  été. 

Charpéne,  s.  f,,  panier  à  provisions,  à  mettre  la  chair  et  le 

pain. 
Bourg,  chairpaif/ne.  Montr.,  charpe)ie  (charmille). 

Charpiller,  v.  tr.,  couper,  mettre  en  morceaux. 

Aunis,  c/iarpitier,  écharpiner.  Berry,  charpigner,  assarper.  Fiand., 
sarper.  Genev.,  charpiner  (tourmenter).  Lang.,  charpigna,  capi- 
gna  (quereller).  Norm.,  serper.  Poit.,  sarpander.  Saint.,  sarpil- 
ler,  charpiller,  écharpiller .  (V.  Chapouter). 

Charpillère,  s.  f.,  grosse  toile  d'emballage,  d'un  tissu  très 
lâche,  spongieux,  et  servant  aux  ménagères  pour  laver  les 
carrelages  des  chambres. 

Charte,  s.  f.,  cherté. 

Pic,  querté.  Vvoy.  ,  car itat.  ïoul.,  carestio.  Vx-fr.,  chierté. 

CHARTf,  s.  m  ,  hangar  où  l'on  range  les  chars. 
Montr.,  charretis. 


L\NG.\GR     POPULA.IRE     VERDUNO-CIIALONNAIS  79 

Chassou,  s.  m  ,  chasseur. 

liai.,  caccialore.  Bonrg. ,  chaissou.  Pic,  cacheiu:;.  Prov.,  cassayre. 
Vx-fr.,  chaceor. 

Chat  !  (Iiou),  excl.  pour  faire  déguerpir  un  chat  :  «  hou  chat  ! 
hou  chat  !  J' vas  t'  faire  mainger  ma  crein-me  !   attend  !    ». 

Chat,  adj.,  friand  :  «  Aile  6  chate  »  se  dit  d'une  personne  qui 

est  «  sur  sa  bouche  »  On  a  le  vieux  sobriquet  :    «   chats  de 

Chalon  », 
Artois,  cat.    Bas-Norm.,   id.   Bourg.,    chai.   Montr.,    chat.    Morv., 

id.,  chatte.  Pic,  co,  ca.  Prov.,  cat.  Wall.,  chet.  Vx-fr.,   chatte^- 

(friander.)  (V.  Achati). 

Chataingne,  s.  f.,  châtaigne. 

Genev.,  chdtar/ne.  Morv.,  id.  Pic,  castaine,  cataigne.  Prov.,  cas- 
tanha,  castagna.  Saint.,  chatagne,  chatigne. 

Chaterie,  s.  f.,  sucrerie,  friandise,  entremets. 
Berry,  chatterie.  Bourg.,  chaiteric.  Movy.,  cJiaterie. 
Le  Bourguignon  a  le  verbe  chaitognai  (chatonner)  pour  :  «  don- 
ner des  friandises  », 

Chatiau,    s.   m.,  château  ;  «    Voui,  voui,    j'ainme    meù    ma 

maïion  qu'  sou  châtiau!  » 
Lat.,    castellmn.    Bourg.,    chaitéa.    Bress.,    cotiau.    Lille,    catiau, 

Lim.,  châtéu.  Lorr.,  chété.  Morv.,   catiau.  Pic,  catiau,  catieu. 

Prov.,  castelh.  B.ouch.,  id.  St.  Am.,  soie. 

Chaton,  s.  m.,  ce  qui  reste  de  la  grappe  de  maïs,  quand  on 
l'a  dépouillé  de  tous  ses  grains. 

Chatouil,  s-  m.,  chatouillement.  Aux  apports,  les  fdlettes 
disent  sans  gène  à  leurs  amoureux  :  «  Oh  !  j'  crains  pas  1' 
chatouil,  moi!  »  C'est  presque  une  invite  aux  témérités. 

Brcss.,  chatillo ■  Cognac,  chatouil.  Montr.,  chàtillont.  Morv. 
chagriot.  St.-Am.,  satelyë  (chatouiller),  Toul.,  gratilhous. 

Chatouillot,  s.  m.,  dim.  de  Chatouil.  (V.  ce  mot). 

Chaucher,  V.  tr.,  chausser.  A  Châlon,  l'ancien  nom  de  la  rue 
aux  Prêtres  était  :  Chauche-chien  (chausse-chien).  On  a  le 
nom  Chauchefoin. 

Lat.,  calcéare.  Ital.,  cal^are.  Midi,  chaucher  ('fouler,  aflaisser). 
Pic.caucher.Pvoy.,  caussar.  Toul  ,  caussat  (chaussé). 

Chauchéte,  s.  f. ,  chaussette. 
Lim.,  chaosso  (bas),  Morv.,  id. 

Chaud  [breîder  de),  redond.  fautive 
(V.  Bas,  Bois,  Froid,  Haut). 

Chaud  DU  lit,  loc,  saut  du  lit. 
Genèv.,  chaud  du  lit.  Roucli.,  son  du  lit. 


80  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Chaudeur.  s.  f.,  chaleur. 

Lat.,  caZor.  Ital.,  calore.  Pic,  caleur.  Prov.,  calor.  St.-Am.  saleu. 

Chaud-frèd,  s.  m.,  pleurésie.  La  population  a  une  grande 
prédilection  pour  ce  mot.  Il  n'est  pas  d'affection  de  poitrine 
qu'elle  ne  désigne  sous  le  nom  de  chaud-froid. 

Cognac,  chaiidfrèd. 

Chauféte,  s.  f.,  chaufferette. 
TouL,  escalfeto.  (V.  Convoi). 

Chaufeuse,  s.  f.,  lemme  qui  chauffe  la  lessive. 

(V.  Lissiveuse  Laveuse). 
Chausse,  s.  f. ,  bas,  chaussette  (Mervaus). 

Chauveau  et  Choveau,  s.  m.,  mesure  de  liquide,  contenant 
environ  le  demi  litre  :  «  J"ons  ben  prou  cori;  veins-tu  boire 
èun  chauveau  ?  » 

Bourg.,  chôvéa,  Morv.,  chauveau  (1  litre). 

Chavir  et  Chévir,  v.  tr.  et  intr.,  conduire,  gouverner,  jouir 
de.  S'emploie  surtout  négativement  dans  le  sens  de  faire 
obéir,  diriger  :  «  Ces  drôles  sont  si  dissipés  que  j'  peux  pas 
en  chavir  ». 

Chavùgne,  s.  m.,  poisson  blanc,  que  prennent  journellement 

les  pêcheurs.  Dim.,  Chavorjnot. 
Chai.,    chavène,  chevaine.    Dijon,  chevaneau.    Morv.,   chevanne, 

cheveneau.  En  div.  autres  pays  des  environs,  chevane,  cheveiw, 

chavene,  chaboisseau,  chabuisseau. 

Chécun  et  Eun  chégun,  pr.  ind.,  chacun  :  «  V'Ià  les  marioûs 
qui  vont  j'ter  les  dragées.  Allons,  p'tiots,  corez!  eùn  chacun 
en  àra  ». 

Berry,  chacun.  Bourg.,  chaicun,  eugne,  checuu.  Champ  ,  id, 
Genev.,  chécun.  Lorr.,  chéquin.  Morv.,  chaicun.  Pic,  cacun. 
Prov.,  cascun.  St.-Am.,  snkyun,  ëna  Saint.,  chaquyn.  Sav., 
stâcon.  Toul..  cadauti,  cadun,  quad'un.  Vx.  fr.,  chascun. 

Ciieire,  s.  f.,  chaire,  chaise. 

Bourg.,  chaire.  Champ.,  selle.  Forez,  sella.  Fr.-Gté.,  sélot,  seletot. 
Qenev.,  selle.  Mac,  chire.  Morv.,  chée,  chéle.  Ronch.,  quaière, 
quéire.   St.  Am.,  chala.  Sav.,  sella.  Suis,  r.,  id.,  sala,  chola. 

Ghenailler.  V.  tr.,  battre  à  coup  de  fouet,  comme  on  fouette 

les  chiens  [chienailler). 
Genv.,  chenailler  (secouer,  tracasser^. 

CheNevé,  s.  m.,  chenevis. 

Lat.,    cannabis.    Berry,    cheneveu,    chenouis,    chenevoiiè.   Bourg, 

chenevai.  Genev,,  chenaver,  chenevar.  Guer.,  canivet,   canivier. 

Lang.,  canabou.  Luxeml).,  che7ieveuse.  Morv.,   cheneoé.   Norm.. 

chenev ieu,  canioieu .  Poit.,  ckcnebou,chcneboué.  Prov.,  canaboun. 

Saint.,  chenebar,  chenevar.  Toul.,  canabou. 


LANGAGE   POl'ULAIHK   VRRDUNO-CHALGNNAtS  81 

CnKNEVEY  (bounoé),  s.  m.,  bonnet  épais  que  portaient  jadis  nos 
mariniers.  Cette  coiffure,  excellente  contre  riiuniidité,  était 
ornée  de  trois  glands  ronds  à  gauche,  et  se  serrait  à  volonté 
du  côté  des  glands.  Le  mot  n'éclaircit  pas  la  question 
d'étymologie  de  ce  i'ouvre-ch(>f,  ([iii  tient  peut-être  son  nom 
(le  celui  du  fabrii-;iiil . 

Chknkvote,  s.  f.,  allumette  faite   avec  la  tige    du 'chanvre, 

qu'on  a  dépouillée  de  son]  filament  par  l'opération  du  teil- 

lage. 
Berry,  chameiiotte,  chenicnotte,  chomeiielte.  Boin-g.,  cheneveuille, 

chenevotte.'Movy.,  ceinenolte,  chevinotte.  Norm.,  canivoUe.  Semar, 

chenevotle. 

Cheni,  s.  m.,  ordure,  petit  corps  étranger,  balayure  :  «  J'ai 
un  cheni  dans  Tùyot  ».  —  «  Y  a  des  chcnis  dans  1'  coin  de 
ta  chambre  ». 

Bourg.,  c/ié'M/.Ghàlill.,  chenil.  Jura,  cheni.  Morv.,  id.  Wall.  ,c7a'/jj5 
cliinèie  (canaille). 

Chenne  et  Chin-ne.  s.  f.,  chienne. 
Muiitr.,  chenne.  S'-.\in.,  sëna. 

Chenot,  s.  m.,  chenet.  Chenot  est  le  dim.   dé  chen   (chien). 

Les  premiers  chenets  représentaient  volontiers  des  chiens  ou 

des  têtes  de  chiens. 
Berry,  clienard.  Forez,  chanaus  (grands  clienels).   Morv.,  chenot. 

Poit.,  chenet  (petit  cliien).  Saint.,  chenot  (id.).   Vx.  fr.,  chisnet. 

Chenove,  s.  m.,  chanvre.  La  plante  même,  et  la  filasse  que 
l'on  retire  de  son  écorce. 

Lai.,    cannabis;    Ital.,   canapa.    Berry,    chande,  chambe,    charbe. 

Bvnfis. ,  chenavo.  Dauph.,  chenevo.  Forez,  c/iinè(?e.  Fr. -Clé,  chenove. 
Montr.,  id.  Morv  ,  chieifidre.  Norm.,  cambre.  Pic. ,canve.  Prov., 
cambre,  carbe.  Rouch.,  Rame,  Kème.  Saint.,  charve.  Sav., 
stenève.  Wall.,  chainn,  came.  Vx.  fr.,  charve,  cherve . 

Chenu,  adj.,  bon,  fort,  cossu,  solide,  excellent  :  «  I  m'en  a  fait 

goter;  oh!  y  é  du  ch'nul  » 
Lat.,  caautus.  Genev.,  chenu.  Norm.,  id.  Prov.,  canut.  Très  vx  fr., 

chanu. 

Chercher  son  pain,  loc,  mendier.  Le'Morvan  a  comme  type 
le  cherche-pain  (cAerc/iou  d' pain).  (V.  Aller  aux  portes). 

Chère  an-née  {la),  s.  f.,  l'année  de  la  grande  cherté  (1816). 
—  Petit,  j'entendais  toujours  parler  du  pris  exorbitant  dçs 


82  LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAÎS 

denrées  en  ce  triste  moment.  Je  me  souviens  du  pris  du  sucre, 
qui  valait  6  fr.  la  livre,  et  tout  à  lavenant. 
Morv.,  la  ch'tite  année. 

Chésit,  tomba,  parf.  du  v.  cheûdre. 

Chesser,  V.  tr.,  sécher  :  «  J' veins  d' laver  mes  draps;  j' les 

ai  métu  kchesscr^  ». 
Lat.,  exsugere.  Lyon,  essure,  essiiire. 

Chessot,  s.  m.,  lange  pour  les  besoins  des  enfants.  Parce 

qu'ils  servent  à  essuyer,  à  chesser  le  petit. 
Bourg.,  chaissô,    chaisselj.  Montr.,  chaissot.    Morv.,  cldaissot.  Vx 

fr.,  chainse  (jupe). 

Cheti,  te,  adj.,  pâle,  maigre,  cliètif  :   «  V'ià  des   clitis  mor- 

ciaux!  »  —  «  T'é  donc  bé  mau?  T'as  eùne  ch'tite  figure  ». 

Au   fig.,   mauvais,   méchant,    vaurien    :  «   Y  et  eun    ch'ti 

vouésin  ».   D'un  petit  polisson  on   dira  :  «,  01  é  ben  prou 

ch'ti  ». 
Ital.,    cattivo.    Beri'v,    ch'tit.    Bourg.,    cheti.    Lim.,    chêti.    Mac, 

chetit.  Montr.,   cheti.  Morv.,  chéti,  ch'ti,  c'ti,  s'tit.  Pic,  quetif. 

Prov.,  captiu,   caitiu.   St-Am.,   cheli^  va.    Saint.,  chetit.    Vx  fr., 

chuitif. 

Ghetitement,  adv.,  chétivement,  médiocrement,  [misérable- 
ment. 

Morv.,  ch'tit' ment,  cHitement. 

Cheu,  prép.,   chez  :   «  Qu'  veins-tu  fàre  iqui?  Va-t'en  cheù 

vous  ». 
B erry,  c/ieuic.  Bourg.,  ché.  Bress.,  ce.  Daupli.,  chien.  lAm.,  châz . 

Lorr.,  chù  Mac.  chi.  Montr.  ,cheux.  Morv.,  cheuz.  Pic,  cheux,  chu, 

St-Ain.,  vé.  Saint.,  cheuz.  Vx  fr.,  chiés. 

Cheudre,  V.  intr.,  tomber,  choir  :  «  Prens  donc  garde;  t'  vas 
m'  fàre  cheudre  ». 

•Lat.,  cadere.  Berry,  cheir.  Bourg.,  chezai,  chol.  Daupli.,  charre. 
Fr.-Gté.,  y  ché  (il  tombe).  Il.-V.,  cheir.  Lille,  que7're.  Lorr., 
cheur.  Loulians,  chèdre.  Lyon.,  cheyre,  chayre,  chère.  Montr., 
cheure,  cheudre, chédre .  Movv. ,  chouer,  tutnber.  Norm.,  quaire. 
Pic,  tcher,  hère.  Poit.,  cheure,  cheurre.  Prov.,  toumbear. 
Rouch.,  quéhir.  Saint.,  chère.  Vx.  fr.,  cheoir. 

Cheuler,  V.  tr.,.  trop  boire,  s'enivrer,  se  saouler. 

, Bourg.,  cheulai  (aussi  téter  son  pouce).  Claamp.,  chûlai.  Morv., 
chuter,  siiler.  Sav.,  se  cheuld. 

De  c/tduéa,  La  Monnoye  enregistre  le  verb.  chôvelai  et  par  con- 
traction cheulai. 

Gheu-nous,  loc.  employée  substantivement,   le   groupe    qui 


LANGAGE  POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  83 

forme  la  maisonnée  ';   «  Cheû-noics  sont  sortis.  Chcû  les 
François  vont  li  fàre  la  conduite  ». 
Bourg.,    ché-nù.    Bugey,   chi-no.    Lim.,   clici  Picard.  Poit.,  cheux- 
nous. 

Cheurter,  V.  tr.,  asseoir  :  «  Eli!  bràvc  houme,  cheùrtex-vous 

donc  eun  brin  su  F  ban  » . 
Bress.,  cheto.  Movv..  cheAirfer.  Sl.-\m,,  c/teté.  (V.  Assefer). 

Cheuvre,  s.  f.,  chèvre. 

Lat.    et  Ital.,  capra.  Berry,  chievre,   chieiive,  chieuvre,    chieube. 

Cognac,  chièvre.  Forez,  chiora,  chiiére.  Fr.-Gtè,  cabre.,  caibre. 

Lim.,  chabra.  Morv.,  câpre,  chière,  cière.  Pic,  cabe,  cabre,  kève, 

kèvre,cape.  Poit. , chebra,  cJieubre.'PvQV.,  cabra.  St.-Am.,  sevra. 

Toul.  crabo.  Vx.  fr.,  chievre.  (V.  Bique,  Cabri). 

Cheuvreu,  s.  m.,  chevreuil. 

Bourg.,  cheuvreii.  Prov.,  cabrol,  cabirol.  Wall.,  chivrou,  chévreu. 

Chevau,  s.  m.,  cheval  :  «  A  c'  maitin,  j'ai   m"né  mon  ch'vau 

au  marché  ». 
Lat..  caballus  ;  It.,  cavallo.  Berry,  gevau.  Bourg.,  chevau.  Dauph., 

chivau.  F[a.nd.,  q'oaii.  Lille.,  queva,  q'va.  Lim.,  chovàu,  chavao. 

Lorr.,  choufî.  Morv.,  chevau,  g'oau,  ]s'vau,   c'vau.  Pic,  kevau, 

keval,  gval.  Prov.,  c«ya^/i.  Roiich.,  qu'vau,quevau.  %\.-Km.,sevô. 

Saint.,  cAeyïM.   Sav  ,  stevau.  Wall.,  queva,  chivâ. 

Chicanou,  adj.,  chicaneur,  chicanier. 

Bourg.,  chaqaignou.  Morv.,  chicanou.  Vx.   fr.,  id. 

Chifon,  s.   m.,  morceau  :   «  J'ai  opetit;   baille-me  eun   bon 

chifon  de  pain  ». 
Midi,   ch'iffon.   Morv.,  chifon,  grougnon.    Toul.,  canchon   de  pa 

(V.  Guignon). 

Chifon,  Chifomeau,  Chifonète,  noms  familiers  et  d'amitié 
donnés  à  une  petite  fille. 

Chifre  {la),  s.  f..  l'arithmétique  :  «  Mon  p'tiot  va  déjà  à  l'école; 

ôl  éprend  la  chifre  ». 
Genev.,  ia  chiffre.  St-Am.,  sifron. 

Chin,  s.  m.,  chien,  au  fig.,  avare   :  «   Chin  d'  matin!  »  est  un 

juron  familier  à  nos  paysans. 
Lat.,  canir.  Berry.,  chen,  chin.  Bourg.,  id.  Lim.,  chi.  Montr.,  chin 

Morv.,  chen,  cien.  Pic,  kie)i,  tchèn.  Prov.,  can.  Rom.,  can,canh. 

Rouch.,  tie?i.  St-A.m.,  sèn.  Saint.,  chein.  Sav.,  stiii.  Toul.,  chi- 

chichet,  chichou.  Wall.,  chen. 

Chipote,  s.  f.,  chicane,  subtilité,  procès. 
Bourg.,  chipote. 


84  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Chipoter,  v    tr  ,  chicaner,  marchander,   tirailler,  asticoter  : 

«  Y  et  eun  tire-yards;  ô  chipàte  su  tout.  » 
Biarg.,  chipotai,   chipouta.  Geiiev.,    chipoter.  Morv.,   id.  Rouch., 

id.   Saint.,  chicoter.  Wall.,  kipoti. 

Chipotou,  s.  et  adj.,  chipotier. 

Chique,  s.  f.,  (juignon,  gros  morceau  de  pain  ou  de  viande  : 
«  01  avot  faim;  j' te  li  ai  baillé  eùne  chique!...  » 

Bourg.,  c/iiVyue  (aussi  mine).  Genev.,  chiqiiet.  Pic.,  chike.  Wall., 
chiche. 

Chique  et  Chuque,  s.  f.,  bille  à  jouer. 
Norra.,  chique  (cliitïon). 

Chiquer,  v.  intr,,  jouer  aus  billes,  lancer  la  bille,  mais  plutôt 

être  malheureus  à  ce  jeu,  et,  par  extension,  à  tout  autre.' 
Genev.,  chiquer  (V.  Poquer). 

Chloffe  (a//«r),  loc,  aller  se  coucher.  Un  des  restes  des  pre- 
mières invasions. 
Allem.,  schlaffen.  Wall.,  choffe.] 

Chodotes,  adj.,  chaudes.  Qualiticaiion  *des  cliùtaignes  cuites, 
que  le  marchand  crie  :  «  Toutes  chàdôtes!  toutes  frigolotes!  » 
(V.  Frigolotes). 

Chogne,  s.  f.,  bouse  de  bœuf,  de  vache,  et  surtout  excrément 
de  cheval  :  «  Ben  marci!  y  en  a-ti  des  chognes  dans  c'te 
rue!  » 

Montr.,  chofine.  '&ï-km.,hnja. 

Chogniot,  s.  m.,  le  derrière  de  la  tète,  occiput. 

Chou!  chou!  excl.  adressée  aus  poules  que  l'on  veut  chasser 
d'auprès  de  soi. 

Chougnier,  V.  intr.,  pleurnicher  :  «  Qu'ol    è  donc  dè.sagueù- 

riabe!  ù  choagne  tùjor.  » 
Bourg.,  chouinai.   chouirjiiai .    Morv.,    clionner.  Poit.,   chfugnai. 
(V.  ClirOuiver,  Couiner). 

Chouiner,  v.  intr.,  pleurer  sans  motif,  faire  semblant  de 
pleurer  :  «  Qu'é-ce  qui  f  fait  chouincr  c'ment  c'  qui?  » 

Berry,  chauler.  Fi'.-(^té,  couiner,  id.  Morv.,  chuuiner.  Poit.; 
chiouler.  (V.  Chougnier,  Couiner). 

Chouper  et  Cheuper,  v.  tr.,  hèler  de  loin,  appeler  fort  pour 
faire  venir  quelqu'un. 

Berry,  huper.  Bourg.,  oupai.  Bress.,  cheuper.  Fr-Cle,  huper, 
heuper.  Jura,  hupper.  Lorr.,  huchié.  Mac,  chupai.  Montr., 
cheper.  Morv.,  houper.  Norm.Juper,  huper.  Pic.,  houper.  Bom., 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  85 

Jiupper.  \[inn-h.,  houper.  St-Am.,  creié.  VValL,  fiouper,  houpeldr. 
Vx.  {v.,ji<per.  (V.  Hacher). 

CnoupÈTE,  s.  r.,  boucle,  mèche  de  cheveus. 

Bourg.,  choupeute.  Fv.  Gté,  chouquette.  Morv.,  choiipet te. 

(Y.  Chourettc). 

Chouréte,  s.  f.,  mèche  de  cheveus  temporale,  tournée  en 
virgule,  et  qu'affectionnaient  fort  les  jeunes  gens  du  premier 
quart  du  siècle.  (V.  Choupéée). 

GhouSe,  s.  1".,  chose,  être.  S'applique  à  nombre  de  substances. 
Ital.,  cosa.  Artois,    cose.    Berry,  choiise.  Bonvg.,  cheu^e.  Dauph., 

chouse.  Liin.,  chài'/so.    Lorr.,    cheiise.    Pic,    cose.  Prov  ,   cosa. 

Rouch. ,  coi'se.  '&\,  .k.m.,seùja.  Saint.,  chouse.  Sav.,  stieuze. 

Chtourbe,  adj.,  mort.  Nous  vient  des  premières  invasions. 
Allem.,  slorben.  Fr.-(.Ué,  aissouerbi.  Morv.,  chtourbe. 

Chu,  part,  de  chcudrc,  tombé  :  «  01  a  bouèvu,  ôl  a  chu.  » 
Il.-V.,  cJi'i,  chête.    liille,  qu"u.  Morv.,    choué.    Rouch.,  quehu.  Vx 
fr.,  cheû.  (V.   Aile..,) 

Chu,  s.  m.,  aire.  Dans  les  cantons   inérid.  du   dép.  on  bat  à 

l'aire,  ou  chû,  en  plein  soleil,  et  non  en  grange. 
St-Am.,  chiten. 

Chumin,  s.  m.,cheminj  route,  sol  et  parcours. 

Ital.,    cammhio.     Bourg.,     chetnl.    Gliauip-,    chemi.    Lim.,    chami. 

Isioi'v.,  cheini.  Niveru.,  semiti.  Pic,  camin.  Poit.,  chemi.   Prov., 

cami.  St-Am.,  seraèn,  (V.  C'min). 

Ghuminée,  Chuinée  et  Chvinée,  s.  f.,  cheminée. 

Ital.,  caminata.  Bourg.,  chenerée.  Morv.,  chem'née.  Rouch.,  què- 
ménée.  St-Am.,  sf.menn.  Sav.,  stemenâ,  seminaïa. 

Chuminer.  V.   intr.,  cheminer  :  «  Lasse-le,  ce  p'tiot;  n'  li   dis 

ran;  ô  chumine  son  train  ». 
Bourg.,  chetnenai.  Prov.,  caminar. 

Chumise.  s.  f.,  chemise. 

Lat.,  cmnisia.  Hnnrg.,  criairniiige.  h.-Sf ..cheminze.  Lim.,  chemisa. 
Pic,  hemise.  Prov.,  camisa.  St-Am.,  semija.  (V.  Camise). 

Chupe.  s.  f.,  liuppe,  oiseau,  et  aussi  touffe  de  plumes,  de  fleurs 

sur  la  tète. 
Montr.,  chupe.  Morv.,  cheupe.  Norin.,  i-hoiippe.  Poit.,  supet. 

CiARGE,  S.  m.,  cierge. 

Lat.,  cereus.  Ital.,  cero.  Berry,  ciarae,  Br^'.'s  .  cira,  ciarzo.  Lyon., 
cirou.  Prov.,  ciré,  ciret,  ciri.  Kom.,  ciri,  ciry.  St.-Am.,  cirou. 
Vx.  fr.,  cerge,  cirge,  cierge. 


86  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Cime,  s.  f.,  jeune  pousse  végétale. 

Ital.,  cima.  Berry,  cimiaii  (branchage).  Metz,  ceutnau.  Morv.,  cime. 
Norin.,  cAJwï.e.  Pic.,  chimelte.   Prov.,  cim,  cima. 

CiMOT,  S.  m.,  lisière  du  drap.  Dans  la  Bresse,  on  l'ait  des 
chaussons  en  cimot;  c'est  ce  qu'en  français  on  appelle  : 
chaussons  de  lisière. 

Dauph., c/MiouA'sœ.  Forez,ci7nou,cimousse.  Fi\-CÀé.,ceînon,cemousse. 
Lyon.,  cimousso,  Montr..  cimot.  Morv.,  id. 

Cinq  SOUS,  loc.  :  «  Là,   mon  Diou!  qu'  t'  é  donc  belle!  T'  é 

gentite,  voué-tu,  c'ment  c/»ç  sousl  » 
Berry,  ici. 

CiOT,  s.  m.,  cep  de  vigne:  «  N"  m'en  parle  pas;  la  mâtine 
de  p'tiote  béte  va  piquer  tous  nos  ciots.  Je  n'  pourons  ran 
pu  j'ter  dans  nos  cuves  ». 

CiRUGiEN,  s.  m.,  chirurgien. 

Genev.,  cérusirn.  Morv.,  cirii:ien.  Vx.  ¥\\,  cyrurgieri. 

CisiAUs,  S.  m.,  ciseaus.  Beaucoup  de  nos  subst.  ne  diffèrent 
du  français  que  par  le  son  mouillé.  Sans  songer  à  les 
donner  tous,  nous  prenons  celui-ci  parce  qu'il  amène  une 
formulette  d'élimination  employée  par  les  enfants  lorsqu'ils 
se  comptent  pour  un  jeu  où  l'un  d'eus  doit  être  le  dernier, 
ou  lorsque  chacun  doit  y  figurer  par  numéro  d'ordre. 

Petit  cisiau 
D'or  et  d'argent. 
Ta  ryhère  t'appeule 
Au  bout  du  champ. 
Pour  y  manger 
Du  lait  caillé 
Fait  de  la  main 
De  Jésus-Clirist. 

A  chaque  syllabe,  l'enfant  qui  compte  porte  la  main  devant 
l'un  du  groupe,  et  celui  sur  qui  s'arrête  le  dernier  mot  est  le 
dernier.  —  En  citant  autre  part  cette  formulette,  nous  avons 
demandé  si  la  variante  oiseau  ne  serait  pas  bien  venue  à 
remplacer  ciseau  ?  L'oiseau  pourrait  être  appelé  par  sa  mère, 
et  manger  du  caillé    Affaire  d'o  mal  formé. 

Ital.,  cesello. 

CivADOU  (à  la)  !  appel  :  au  dîner!  Cri  des  mariniers  de  laSaône 
et  du  Doubs  pour  faire  venir  à  table  leurs  camarades.  La 
terminaison  de  ce  mot  vient  des  contrées  méridionales,  où 
pénétraient  nos  gens,  vite  faits  à  une  accentuation  familière. 

VoveZfCivada  (diner).  (V.   Margadou). 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIÂLONNAIS  87 

Cla,  s.  m.,  feu  follet  :  «  Voui,  ô  s"é  pardii.  01  a  éporçu  des 
clas,  é  pi  ôl  a  été,  ùl  a  été. . .  é  pi  ô  n'é  pas  r'veindu  ».  La 
croyance  persiste  encore. 

Lat.,  clarus.  Berry,  cular.  Bourg.,  rlia,  quelar,  fàleiô,feu  foulleu, 
Bress.,  queiila.  Champ.,  cular.  Daupli,  culut  (ver  liiisatil). 
Forez,  cular,  Jura.  Ida,  kela.  Lorr..  cula,  chandelotle,  flanihart, 
Midi,  cla.  Morv.,  queular,  Norm.,  faulau,  folio,  fifolet,  fourlore. 
(V.  Orju). 

Clafouti,  s.  m.,  sorte  de  gâteau. 
Poit.,    clafoti. 

Glairer,  V.  tr.,  éclairer,  luire,  allumer. faire  flamber  :  «  J'vas 

clairerV  feij  ».  —  «  La  chandelle  claire  ».  —  «  I  fait  noir 

dansl'escayé;  c^a^re-me  donc  ». 
Bas-lat.,  clarare.  Borry,    clairer,  clnirir.    Bourg.,   clairai,  tiârai. 

MovY . .clairer,quiairdi ,quiérer  Norm.,  claironner.  Sav.,  éclairer. 

Suis.,  id.  TouL,  clareja. 

Clairinéte,  s.  f  .  clarinette. 
Genev.,  clairinette . 

Clairté,  s.  f.,  clarté,  lumière. 

Lat.,  claritas.  Berry,  clairté.  Bourg.,  datai,  clertai.  Fr.-Gté,  cliata. 

Genev.,  clairté.  Lim.,  cliar ta.  Lorr.,  clarta,  kiertè.  Morv.,  cliarté. 

cliairté.   Prov.,  claritat.  Rouch.,  clerté.  St-Am.,   lyaretô.  TouL. 

clarou.  Très  Vx.  fr.,  clartet. 

Clampin,  adj..  lent,   musard.  négligent  :  «  Quand  ô  va  quête 

part,  ce  clampin,  ô  ne  r'vein  pu  ». 
Pic,  clampin  (boiteux). 

Glaque-bitou,  s.  m.,  fromage  blanc,  de  qualité  inférieure, 
mou,  maigre,  que  certains  mangent,  mais  que  l'on  mélange 
généralement  avee  de  la  farine  de  mais  pour  les  volailles. 
—  Où  chercher  l'étymologie  de  ce  surnom  burlesque?  Bitou 
veut  dire  chassieus.  Un  déjeuneur  emporté  a-t-il,  un  jour, 
claqué  une  portion  de  son  fromage  sur  l'œil  de  son  com- 
père?... Mieus  que  cela,  et  voici  la  chose  :  On  s'en  sert 
dans  le  Morvan,  de  remède  contre  la  bite  et  autres  maladies 
d'yeus. 

Bas. -Norm.,  clliaquer.  Morv.,  quiaque-hitou.  Roucli.,  claqucn 
bièque. 

Clar,  adj.,  clair,  luisant,  lumineus. 

Lat.,  clarus.  Berry,  clar.  Bourg.,  clar.  Jura,  kia.  Lim., char.  Lorr., 

quiar.  Morv.,  cliar,  cliair,  quiar.  Prov.,  clar.  St-Am  ,  lyâ,  ëra. 

Sav.,  cliâr.  WaU.,  clér.  Vx.  fr.,  cler. 

Clée,  s.  f.,  clef. 

Lat.,  cZayii- ;  Ital.,  c/im»e.  Bourg.,  clar.  Jura,  kiai.  Lang.,  cldou. 
Lim.,  cliao.  Morv.,  quié.    Prov.,  clau.  Toiû.,  id. 


§8  LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Clèque,  s.  m.,  feuille  de  tôle,  avec  laquelle  on  ferme  le  four 
dans  les  campagnes.  (V.  Bouche-fou?-). 

Cleu.  s.  m.,  clou. 

Bourg.,  clô.  Fr.-Gié,  kiô^  kiou.  Lille,  clo.  Lim.,  clio.  "Slow.,  quioii. 
Pic,  cleu.  Prov.,  clau.  Rouch.,  id.  Wall.,  chu 

Clia,  s.  f.,  claie,  porte  basse  contre  l'invasion  de  la  basse- 
cour. 

Forez,  cZt'o^.  Genev.,  ciie.  Lang.,  cledo.  Lim.,  clédau.  Maine,  cZaw. 
quiau.  Metz,  clieue.  Morv.,  quiai,  quiaii  Norin.,  clas.  Pic,  cloie, 
Pûit.,  die,  clioti,  cléon,  cLingne.  Prov.,  cléda.  Suis.,  clUa,  clédal. 
To\x\.,  cledo.  Wall.,  cleùae.  Vx  h-.,  cloie. 

Gloiche,  s.  f.,  cloche. 

^avvy,  cloque.  Boarg. ,cloicJie,  tioiche.  Guern.,  clloque.  Lille,  cloque. 

Lim,  cliocha.  Morv.,  clenche,  clieuce.  Pic,  cloque.  Prov.,  cloca. 

Vosg.,  kieuche. 

Cloicher,  s.  m.,  clocher. 

Bourg.,  tioichai,  quiochey.  Lille,  cloquer.  Morv.,  cleuché,  quioclié, 
clieucé.  Norm.,  cliocher.  Pic,  ciokier. 

Cmander,  V.  tr.,  commander. 

Berry,  c^niander.  quémander.  Bourg.,  quémandai.  Morv.,  c'mander. 
Prov.,  coinaudar.  hoach.,  quémander.  Saint.,  coumander. 

G'MENCER,  V.  tr.,  commencer. 

Berry,  c'm,l/icer,  c'^nencer.   Bourg.,  quemançai.  Lille,  qu'mincher. 

Lim.,  couminça.  Morv.,   c'meucer,  cotnoificer.  Poit.,  coumincer. 

Prov.,  comensar.    Saint.,    coumencer.    Suis,    r.,    couminci.  (V. 

Coumencer,  et  C'm.ent). 

G'MENT,  conj.,  comment,  comme.  La  prononciation  élide  al)SO- 
lument  om  :  «  C'ment  c  qui  .s"  fait-i  ?  »  —  Certains 
l'écrivent  Quement. 

Bourg.,  qaeman.  Lim.,  coumèn,  coumo.  Lorr.,  c'/Jia,  comaii.  Mac 
quenian.  Morv.,  couman,  c'ment,  c'man.  Poit.,  quemant.  Prov., 
cornent.  Sav.,  quemê.  St-Am  ,  kemé.  (V.  Coum,e). 

C'ment  C' QUE?...,  loc,  comment  est-ce  que?«  C'ment  c'  qu'on 
dit?  »  —  «  C'ment  c'que  t'as  fait  pour  cheùdre  ?  » 

Go,  s.  m.,  cou. 

Lat.,  collum.  Bourg.,  cô,  cueu,  quei't.  Montr. ,  co.  Pic,  co.  Prov., 
col.  St-Am.,  cô.  Sav.,  co. 

Go,  S.  m.,  coup,  fois  :  «  Y  a  des  cô  que  j'  vas  prou  ben;  épeû 

des  cô  qu'  la  gigue  me  fâ  prou  mau  ». 
ItaL,  colpo.    Bourg.,  cueu,  queu,cô.   Pic,  keu.    Prov.,  cop,  colp. 

Montr.,  co.  Sav.,  cou.  St-Am.,  cô.  (V.  Cop). 


LAXGAGK    I'OPILAIKL;    \  l-;HliLN(J   CIIAIJJXNAIS  8'J 

CoCHON-DE-CAVE,   S.  111.,  cloportO. 

La,t.,  porcelUo,  ciUio.  Uni.,  porcelctto.  Anj.,  trce.  Berry,  ireac. 
Champ., pout'cele/,  porcclei,  pou  de  s.  Antoine.  Daupli.,  caïon' 
Fi'.-Cté.,  pou  de  s.  Claude.  Gasc,  coussoun.  Genev.,  clopotc 
(fém.).  Lang.,  pourcelct.  Lyon,  caïon.  Morv. ,  troucuôde. 
Norm.,  roclujii,  (vre-plèc.  VtQ\' .,  poarquct  de  crota. 

Coco,  s.  m.,  (t'iif. 

Lille,  cocodac.  Moi'w,  coco.  Saint.,  cocot.  Sa\'.,  coquet. 

Coco,  terme  dérisoire,  pris  adjectivement  :  «  T'ét  encore  eun 
joli  coco!  ))  —  Dans  une  localité  voisine,  un  vieil  avare, 
qui  était  borgne,  avait  reçu  des  gamins  le  surnom  de 
«  Coco-bel-œil  ».  11  avait  un  singulier  moyen  de  déjeuner. 
Les  jours  de  marché,  plusieurs  fois  par  semaine,  il  se 
rendait  place  Saint- Vincent,  et  avait  l'air  de  regarder  les 
paysannes.  Il  s'approchait  des  vendeuses  de  fromages 
blancs,  marchandait  et  gmitait  au  frais  produit.  Aussitôt 
la  bouchée  prise,  il  se  détournait,  portait  vivement  la  main 
sous  sa  redingote  crasseuse,  d'un  croûton  de  viens  pain 
arrachait  une  bouchée...  et  avalait  pain  et  fromage.  Il 
n'achetait  pas^  allait  plus  loin,  et  recommençait  son  manège 
jusqu'à  extinction  de  sa  provision  cachée.  Les  bonnes 
femmes  n'étant  pas  toujours  les  mêmes,  il  pratiqua  long- 
temps avant  d'être  signalé. 

CocoDÈTE,  onomat.  enfantine,  imitant  le  cri  de  la  poule  qui 
pont.  Parfois  on  multiplie  les  premières  syllabes  :  «  Co- 
co-co-codète!  »  Le  cocodac  lillois  traduirait  bien  cette 
formule. 

CocoDRiLLE,  s.  m.,  crocodilc. 

Lat.,  crocodifus.  Prov.,  cocodvHh.  Rouch.,  cocodrile.  Vs.  fr.. 
cocatrlr. 

CÔDRE,  s.  f.,  courge. 

Lat.,  cucarhita.  It.,  cucu^.;a.  Bourg.,  co^e.  Jura,  courde.  Montr., 
codre.  St  Am.,  curda.  (V.  Côvge.) 

CÔDRON,  s.  m.  petite  conrge.  Dim.  de  fcjdve. 

CÔGER  (se),  V.  pr.,  se  taire,  se  calmer,  s'apaiser  :  ((  Côge-te, 
vou  ben  je!...  »  Ce  fragment  de  phrase  est  tout  bonnement 
un  Quos  ego  de  village. 


90  LANGAGE    P(JPULA1RK    VEUDINi  )- (IIALONXAIS 

Lat.,  tacerc,  quiesccre.  Bei'ry,  se  cougcr,  s'accoiscr.  Bourg.,  se 
cogè,  se  couse,  se  cou:sai.  Bress.,  se  coiser.  Bugist.,  se  quaijé. 
Dauph.,  se  quésié.  Forez,  se  quaisi,  se  caisid.  Fr.-Cté.,  se  coisi, 
se  coiser.  Gasc,  «cafe-?le  (tiens-toi  tranquille).  Guien.,  ici.,  (id.) 
Isère,  se  quaïsiè.  Lang.,  .se  tai;cr.  Lorr.,  se  couj'er.  Lyon.,  caisi, 
quesir,  quiesir,  qtiaiser.  Metz,  se  culiier,  couliiev.  Montr.,  .se 
coiiiger.  Morv.,  cô;/er,  i-ouijcr,  rocluer.  Prov..  telssc.  Ylom.,  se 
coiser,  taiseï',  tacer.  Sav.,  se  càijev.  St  Ani.,  rhe  qtiâjë. 

Cogne,  s.  ï.  coin,  angle  retiré  :  «  J'iai  niétn  dans  la  cogne 

de  la  cli'\inée.  )) 
Bourg.,  cofjnc,  cognoile.  Wall.,  colne.  Vs.  fr.,  roiqnef.  (Y.  Bnr- 

(piote.  Carre,  Counoi.) 

Cogner,  v.  tr.,  battre,  flanquer  une  correction  :  «  Attens, 
matou!  j'ni't'n  vas  t'cor/ner  po  t'èprende  à  miger  mon 
heure!  » 

Berry,  coar/Rci\  \\'aU.,  corinii. 

CoÏEu,  s.  m.  collier.  (Prononcez  cô-ïei'). 
Prov.,  colar. 

CoLAFANE,  s.  f.,  colopluine  :  ((  Voui  dà!  l'crincrin  n'a  jar 

gros  usé  (Vcolafane;  po  la  danse,  ça  n'va  pas.  » 
Prov.,  colofania.  Toul,  colofonio,  colofano. 

Colas,  adj.,  dim.  de  Nicolas;  sot,  niais. 
Lille,  colas.  Poit.,  id.  (V.  Jan-Jan.) 

Collet,  s.  m.,  espèce  de  cible  rembourrée,  formant  un  rec- 
tangle élevé,  et  qu'on  plante  sur  la  butte  pour  recevoir  les 
flèches  dans  le  tir  à  l'arc.  Las!  oii  est  le  beau  Jeu  d'arc 
d'antan  ! 

CoMBEN,  adv.,  combien. 

Bourg.,  coinhi'.  Lorr.,  cohin.  Wall.,  comhen,  labefi. 

CÔMuxs(/e.s-),  s.  m.,  les  cabinets  d'aisance,  les  anciens  retraits. 
Toujours  placés  assez  loin  de  l'appartement.  On  a,  pour  s'y 
rendre,  à  traverser  au  moins  une  cour,  ou  un  jardin... 

Genev.,  comrnr(ns. 

Companie,  s,  f.,  compagnie. 

Genev.,  companie.  Morv.,  co/n/tainrj/iic.  Prov..  roinpaii/u'a. 

CoMPAkÀïoN,  s.  f.,  comparaison. 
Morv.,  ifl.  Prov.,  cninparaso. 


laN(;a(;i-:  I'oi-claiui-:  vkkdino  (  ii  \i,n\\  ais!  ',)1 

Compare,  s.  m.,  compère,  poiu-  un  baptriiic;  cainaratlc  de 

parties  fines. 
Bourg,  Compdre.    Danpl).,    compare.    Lorr.,    id.    Pie.,    roprrc 

Prov.,  cornpairc.  Sav.,  ('(uriparr.  WaW.,  copcro. 

CoMPEURNOTE,  S.  1'.,  conipivlKMisioii .  facilité  d'espvii,  iniclli- 

genee. 
Berry,  compronourro.  INIorv.,  id.  Pic,  romprenoir.  Poit.,  corn- 

prenouére.  Saint.,  cntcndocrc.'SNs.W.,  coniprrnos.  (Y .  Jtif)oô/e.) 

CoMPEURNu,  part,  de  coinprende,  compris. 

CoNCHisE,  et  CoNciRE,  S.  m. ,  cliemiu  creus  et  plus  étroit  que 
le  contour  (un  mètre  au  plus)  et  servant  à  l'assainissement 
de  la  pièce  de  terre. 

Montr.,  consire.  (V.  Barifpion .) 

Condition  [être  en),  loc.  Un  garçon,  une  fille  sont  «  eti 
condition  ))  chez  leurs  maîtres.  (  )ii  dit  logi(|uement 
aussi  ((   Entrer  en  condition  ». 

CoNDURE,  V.  tr.,  conduire, 

Lat.,  cu/a-ducere.  It.,  condurre.  hyon. ,condiirre^  cQudnirc.  Mac, 
condure.  Morv.,  condeurc.  Prov.,  rondurrc.  Wall.,  I.idûre. 

CoNFusiÔNER,  V.  tr,,  donncr  de  la  (îonfusion,  de  la  honte, 
rendre  timide  :  ((  Vrâ,  mare  Michaud,  d'avou  toutes  vos 
chateries,  vous  me  corifui^iône:-.  » 

Genev.,  confusionner. 

CoNRiER,  V.  tr,,  broyer,  travailler  la  terre  destinée  à  faire  de 
la  brique, 

C0N.SCIENCE,  s.  f.,  plastron  en  bois,  que  s'applique  le  fal)ri- 

cant  de  cercles,  pour  éviter  les  coupui'es  à  sa  veste. 
Montr,,  id. 

CoNSENTu,  part.,  consenti,  accepté, 
Morv.,  i(]. 

Consulte,  s.  f. ,  consultation  d'un  avocat,  d'un  médecin  ou 
de  plusieurs  :  «  ôl  é  bé  mau  ;  va  y  avouer,  à  c'maitin,  eùiie 
consulte.  » 

Ital,,  consulta.  Genev.,  consulte.  Lvon. ,  id.  Midi.  id.  Roucli.,  id. 
Wall.,  id. 


0'2  LAXiiAGK    POPILAIHE    VKHntNO-CHALONXAlS 

CoNSTREURE,  V.  ti'.,  coiistruii'e. 

Lat.,  consfj'uerc.  Morv. ,  Constrcuvc.  Mac,  contilviivc.  Prov., 
costvuire. 

Contour,  s.  m.,  sorte  de  plate-bande  ou  chemin,  de  trois 
met.  environ  de  large,  entourant  la  pièce  de  terre,  et 
donnant  au  laboureur  l'espace  nécessaire  pour  retourner 
sa  charrue  lorsqu'il  est  au  bout  d'un  sillon. 

Montr.,  contour.  Morv.,  contor.  Norm.,  forivrc  (V.  Chainirc). 

CoNTRARE,  s.  m.  Ic  Contraire,  et  adj. 

Prov.,  contrari.  St  Am.,  coiitrcrou.  Wall.,  contràrc, 

Côp,  S.  m.,  coup,  choc,  blessure.  Le  p  est  muet  :  «  Ah  ben! 

por  cep'tiot  côp,  t'cries  tôjor.  Wy  é  ran  que  c'  qui.  » 
Lat.,  colpits.  Bourg.,  cô.  Lim.,  couo.  Tonl,  rop.  (N'empêche  pas 

ronp.)  (V.  ce  dernier  mot,  et  ro.) 

CÔPER,  v.  tr.,  couper,  séparer. 

Bourg.,  rôpai,  cucupai.  Lorr.,  càpè,  Ucupc.  Mac,  cùpcù .  Morv.. 

copcr.  Pic  .   copcv.  Rouch..  id.  St-Am.,  I.rcûpè.   Sav.,  roppâ. 

Wall.,  copcv. 

CÔPEROT,  s.  m.,  couperet,  couteau  de  cuisine. 
Bourg.,  cùpcrù.  Rouch.,  copcrcf. 

CÔPLE,  s.  m.,  couple. 

Berry.,  coube,  couble.  Bourg. scôp/c.  Genev.,  coubic.  Lsing.,coubU'. 
Morv.,  copie.  Prov.,  coubla,cobla.  Suint.,  cotiblc.  Wall.,  cope. 

CÔPLER,  V.  tr.,  accoupler,  mettre  au  joug,  atteler. 
Morv.,  copier.  Saint.,  coubler. 

CÔPURE,  s.  f.  coupure,  toutes  sortes  d'incisions. 
Pic,  copurc.  Rouch.,  id. 

CoQUARDiAU,  s.  ui.,  girollée. 

Lang  ,  coucardo.  Morv.,  connardiau.  Pic,  cocarclcaii. 

CÔQUELUCHOT,  S.  m.  capuchou. 

Lat.,  cuctillti.s.  Bourg.,  côrjneluchô.  Bren^. ,  cor/Kcluchon .Movx . ,\d. 

CÔQUER,  V.  tr.,  choquer,  heurter,  frapper  du  talon;  briser  la 

coque  d'un  fruit. 
Bourg.,  côquai. 

CÔQUEsiMARGouLN,  S.  m.,  vicus  galautiu  de  campagne,  viens 
«  coq  de  village  ». 


LANGAGE    POPIILA1H1-;    VEHDINOCH ALONNAIS  93 

CÔQUERiLLE,  S.  (.,  coquiUe  :  ((  De  c'qiii?  J"t'en  bcillerô  pas 
tant  s'ment  oùne  cocfrille  d'û.  »  L'orthographe  cocrllle, 
adoptée  par  phisieurs,  est  moins  logique, 

Bourg.,  côqacrillc.^m'a.,  cocri/lc  him.,  coi(quiUc.Sc\y.,corcài(lc 
(V.  Crcûsc). 

CÔQUERiLLER  {se) ,  V.  pr.,  sc  recroqueviller  :  «  C'te  corde 
s'déroule  mau;  âll'  se  cbquerille  tôjor.  » 

CÔR,  s.  f.,  cour,  espace  devant  ou  derrière  la  maison. 
Bourg.,  cor,  cô.  Montr.,  co.  Morv.,  coi-t.  Norm.,  court.  Frov., 
cort.  St  Am.,  cou. 

CÔR,  s.  m.,  cours  d'eau,  cours  des  choses  :  «    Que  v'tu? 

J 'pouvons  pas  empocher  Vcor  du  temps.  » 
Bourg.,  cor.  Prov.,  cors. 

CÔRTE,  adj.  court  :  «  J 'avons  tiré  à  la  carte  bûche,  é  pis  y 

é  lu  qu'a  gagné.  » 
Lat.,  curtus.  Bourg.,  cor  (au  tem.  cote).  Genev.,  cor.  Montr.,  eo. 

Morv.,  cort.  Prov.,  cort.  St  Am.,  eue,  urta. 

CÔRAGE,  s.  m.,  courage,  persévérance. 

Ital.,  coraggio.  Bourg.,  coraigc.  Prov.,  coratgc. 

CÔRANDE,  s.  f.,  courante,  danse  du  cru,   qui  a  été  fort  en 

vogue,  —  et  aussi  diarrhée. 
Montr.,  courande.  Vs.  fr.,  courancc,  {2'  accept.) 

CÔRBE,  adj.,  courbe. 

Lat.,  ctirmis.  Montr.,  corbe.  Morv.,  corbu-  Prov.,  corb.  (V. 
Courbe). 

CÔRBE,  s.  m.,  corme,  fruit  du  sorbier  ou  cormier. 
Lat.,  cornum.  Berry,  corbe.  Genev.,  id.  Morv.,  id.  Poit.,  corme 
(boisson  faite  avec  des  cormes). 

CÔRBER,  V.  tr.,  courber. 

Lat.,  curvsare.  Berry,  corber,  corbir.  Prov.,  corbar,  curvar.  St 
Am.j  croubi. 

CÔRBiER,  s.  m.,  cormier,  ou  sorbier  domestique. 
Berry,  cor^re/-.  Morv.,  corbic. 

CÔRBiAu,  S.  m.,  corbeau. 

Berry,  corbiii.  Dauph.,  corbat.  Wall.,  coirbd.  Vs.  fr.,  corbel. 
corbiau-i.  (V.  Couâ,  Crau.) 


94        LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

CÔRDiAu,  S.  m.,  cordeau,  cordon. 

Lille,  cordiau.  Rouch.,  id.  Wall.,  coirdal. 

CoRDouNiER,  s.  111.,  cordoiiiiier. 

Berry,  cordounier,  cordouf/ncr.  Champ.,  cordouennter.  Lang., 
courdoiignà.  Morv.,  cordannic.  Prov.,  cordonnier,  St  Am., 
Kyurdani.  Suiss.  v.ycordaïuj/ti.  Vs.  ïr.jcordouan.  (V.  Car'lou.) 

CÔRE,  adv.,  encore,  de  nouveau. 

Bourg.,  ancor.  11. -V.,  cor.  Lorr.,  co.  Morv.,  encot,  oiicouc.  Norm.. 
co.  Rouch.,  id.,  cor.  St  Am.,  encoure. 

CORÉE,  s.  f.,  cœur,  au  propre  et  au  figuré. 

Lat.,  cor.  Ital.,  coruta.  Berry,  corèe.  Bourg.,  cœu.  Lyon,  cora. 

Montr.,  corrèe.  Morv.,  couàrèe.  Narbon.,  coradc.  Norm.,  corèe, 

couréc.  Rouch.,  id.  Wall.,  id. 

CÔRGE,  S.  f.,  courge. 

Lat.,  cucurhita.  Bress.,  cuerda.  Lyon.,  corla.  Sav.,  queurd.a 
Toul.,  coujo.  (V.  Côdre.) 

CÔRGiE,  s.  f.,  fouet  pour  les  chevaux,  et  autre  sorte  de  fouet 
pour  corriger  (?)  les  enfants  :  ((  Tâche  d'êt'e  sage,  polisson  ! 
Si  te  n'te  tiens  pas  tranquille^  j'vas  t'flanquer  d'ia  corgie  )). 

'L?d.,corrigia,  corrigere.  Arden.,  courçjic.  Berry,  corgeon.  Bourg.. 
courgie,  ècourgie.  Jura,  ccourgc.  Lang.,  courèjo,  courèjou. 
Lorr.,  corjen.  Luxemb.,  scorgia,  couriau,  couriettc.  Maine, 
courgeou.  Morv.,  courgie,  corgie,  ècorgie.  Norm..  courgée, 
courgct.  Orne,  courgct  (lanière  de  cuir).  Poit.,  corgeon.  Prov., 
courragea.  Rouch.,  ccouric.  Vend.,  courge,  courgette.  Wall., 
corie,  coriète. 

CÔRi,  V.  intr.,  courir.  S'emploie  aussi  fréquemment  que 
couri  :  ((  V'tu  cbri!  »  dit-on,  pour  renvoyer  un  enfant  qui 
vous  importune. 

Lat.,  currere.  Berry,  courre.  Bourg.,  cori,  corre.  Bress.,  id.,  id. 
Dauph.,  id.  Il.-V.,  coure.  Lorr.,  couri.  Lyon.,  codre.  Montr., 
corre.  Morv.,  cori,  corre,  couhi,  courre.  Pic,  keurir.  Prov., 
corrcr.  Rouch.,  corir.  St-Am.,  coure,  couri. 
Plusieurs  localités  ont  la  loc.  «  côrï  tant  qu'on  ad'jambes.» 

CÔRJON,    s.   m.,   cordon   qui   sert  à   tenir  les   tabliers,   les 

jupons,  etc. 
Bourg.,  codon.  Prov..  vordo. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAI8       95 

CÔRJÔNER,  V.  tr.,  attacher  les  cordons  de  son  tablier,  de  ses 
jupes  :  «  Oh!  l'anguigne!  âll'  ne  cbrjone  pas  tant  seLiTment 
son  d'vantei  !  » 

CORNE,  S.  f.,  cor,  durillon  :  ((  Mon  esclot  m'a  fait   v"ni  eùne 

corne.  » 
Lat.,  cornu.  Boiug.,  co/ie.  Moiv.,  corne.  St  Ani..  /,i/oà.  Wall., 

coi/ic. 

CORNER,  V.  intr.,  souâler,  bourdonner.  Employé  dans  cette 
locution  :  «  Les  oreilles  me  cornent  »  pour  :  J'ai  un  boui-- 
donnement  d'oreilles.  «  Le  vent  corne  dans  la  ch'vinée.  » 

Bourg.,  conai.  Prov.,  cornar.  Wall.,  coirncr. 

CÔRNiAus,  s.  m.,  gros  nuages  noirs,  que  Ton  voit  avant 
l'orage  :  d  I  va  faire  un  bigre  de  temps;  v'ià  ben  des 
corniaus  qui  v'nont.  » 

Charol.,  corniaus. 

CÔRNiLLE,  s.  f.,  corneille. 

Lat.j  cornix.  Bouvg.,  conouaille.  \\.-\ ..cônille.  cournaiUe.  Prov.. 
cornclha. 

CÔRNiOTE,  s.  f.,  sorte  de  petit  gâteau  aus  œufs,  ainsi  nommé 

parce  qu'il  est  à  plusieurs  cornes. 

Les  Verdunoises  le  réusissent  à  merveille. 
Norm.,  cornoite  (espèce  d'échaudé).  Poit.,  cornue  (autre  gâteau). 

CÔRNÔT,  s.  m.,  cornet. 
Morv.,  cornot.  Prov.,  cornet. 

CÔROU,  ad].,  coureur,  mauvais  sujet,  vagabond. 
Morv.,  corou.  Prov.,  corrcdor.  Vs.  fr.,  coreor. 

CoRPORANCE,  s.  f.,  corpuleucc  :  «  Padi!  c'qu'ô  dèt  mainger 
d'avou  c'te  corporance!  » 

Lat.,  corpulentla.  Genev.,  corporencc.  Lj'on.,  id.  Midi,  corpo- 
rance. Poit.,  corporencc.  Prov.,  corpulencia.  Vs.  fr,,  corpo- 
rance. 

CORSE,  s.  f.,  course. 
Morv.,  corse.  Prov.,  corsa. 

CÔRTisou,  s.  m.,  garçon  qui  fait  sa  cour  à  la  fille  qu'il  veut 

épouser. 
Toul.,  courtisou. 


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96       LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

CôsiN,  E,  S.  m.  et  f.,  cousin,  e.  On  dit,  en  Bourgogne  :  «  Aler 
vouer  les  côsines  »  pour  :  Aller  voir  les  filles. 

lià\.,cugino.  Bonï-g.,  coscin,  cigne,  cotuain,  aigne.  Morv.,  côsin,  c. 
Pi'ov.,  cosrn,  co^in.  Rouch.,  cosen,  âne,  couscn,  cnc.  St-Am.^ 
cu.:i'n,  a. 

CôsiNAGE,  S.  m.,  cousinage,  en  parenté  et  en  amitié  :  «  Bénédi 

et  José  sont  prou  d.'côsinage  ». 
Rouch.,  cosènache,  couscnachc. 

CÔT,  s.  m.  mite,  insecte  qui  ronge  les  laines  :  «  Rang'ben 
tout  çan  tien,  s'coue  tes  lain -nages;  t'sais  qu'y  a  gros  des 
rots  cheû  nous.  » 

Berry,  cosson.  Fr.-Cté.^  co.  Montr.,  cot.  Morv.,  cô.  Norm., 
cosson  (chareneon). 

CÔTÉ  et  Coûté,  s.  m.,  côté,  bord. 

Ital.,  costato.  Berry,  coûté.  Bourg.,  contai.  Bress.,  coûté.  Lorr., 

coûté.  Montr.,  côte.  Morv.,  coûté.  Prov.,  costat.  St-Am.,  Igan, 

Saint.,  coûté. 

CÔTE  (la),  s.  f.,  la  Côte-d'Or.  Dans  le  pays,  pour  désigner  ce 
départ.,  dont  nous  sommes  limitrophes,  on  dit  «  La  Côte  )) 
tout  court. 

Bourg.,  la  Côte. 

CÔTE  (à  ou  d'à),  loc.  adv.,  à  côté. 
Montr.,  à  côte. 

CÔTEUME,  et  CouTEUME,  S.  f . ,  coutume. 

Berry,  cot  urne,  couteumc.  Bourg.,  cueutuine,  quetume.  Morv., 
coteûme.  Prov.,  costuma. 

CÔTi,  s.  m.,  morceau  de  viande  taillé  dans  les  côtes  de 
l'animal,  et  que  prennent  souvent  les  ménagères. 

Berry,  coti  (froissé).  Bourg.,  côti.  Poit.,  coti  (meurtri).  St  Am., 
kyeûta. 

CÔTÔNE,  s.  f.,  cotonnade  :  ((  J'm'é  écheté  eùne  bàle  robe  de 

cbtbne.  » 
Genev.,  cotonnc.  Lille,  cotonnette 

Cou,  adj.,  caché,  couvert.  Ce  mot,  redoublé,  est  une  des 
exclamations  les  plus  populaires  parmi  nos  nourrices 
jouant  avec  l'enfant  :  «  Cou-cou!...  ah!  le  voilà!  » 

Ital.,  cucolo.  fV.  Coui). 


LANGAGE    POPILAIRJi    VERUUNO-CHALONNAIS  'J7 

CouÀ,  S.  m.,  corbeau.  Onomatopée. 
Norni.,  couas.  (V.  Crait,  Crû,  Corbtaii). 

CouÂRNE,  s.  t'.,  couenne,  peau  du  cochon. 
Genevois,  couannc.  Morv..  couarne.  Norm.,   rouanc   r/iioiiunc. 
Poit.,  couofjne.  Prov.,  codcna.  Suiss.,  couanc.  Wall.,  coiènc. 

Couchettes,  s.  f.,  langes  :  «  Aile  a  bon  entoilillé  Tpctiot 

dans  ses  couchettes.  » 
Lim.,  couedgco  (couche). 

CoucHi,  V.  tr. ,  coucher. 

Lat.,  coUocaro.  Bourg.,  cochai.  Lim.,  coudja.  Pic,  coukcr. 
Prov.,  colgar. 

Coucou  {m...  de),  s.  t.,  gomme  des  pruniers,  cerisiers,  etc. 
Cogn.,  id. 

CouÉE,  s.  f.,  suite,  nichée,  ribambelle,  queue  :  ((   Ah!  c'te 

Bertiaude,  allé  a  QÙne  couée  d'enfants.  » 
Berry,  couèe.  Bourg.,  id.  Moiitr.,  id.  Poit.,  id.,  coûte,  groucc, 

grouic.  Saint.,  id.  Sav.,fo«à.  Toul.,  coucto.  couo.  Vend.,  couée. 

CouÉNE,  adj.,  niais,  imbécile  :  «  T'ii  as  lassé   prende  tes 

gobilles?  Oh!  qu'té  couéne,  va!  » 
Lille,  coiiinc.  Pic,  couanc. 

CouÉTE  et  Coite,  lit  de  plumes. 

Berry,  cowete.  Champ.,  cGucttc.  Fr.-Cté.,  coutra,  couctra.  Genev., 

coitre,couatTe.  Jura,  coitrc.  Morv.,  coucte.  Norm.,  coetc,  kcute. 

Prov.,  cota. 

CouGNÉ,  s.  m.,  cognassier. 

Berry,  couigaier.  Morv.,  cotngnie.  Poit.,  cougnai.  Vs.  fr.,  coi- 
gnicr. 

CouGNiE,  s.  f.,  cognée. 

Lat.,  cuneus.  Berry.  cognie,  cougnèc.  Morv.,  coiagnic.  Pic, 
quignie.  Rouch.,  qucunié.  Saint.,  cougnèc. 

Coui!  excl.  Les  enfants,  en  jouant,  jettent  ce  cri  pour  faire 
savoir  qu'ils  sont  cachés.  (V.  Coù,  Cachot.) 

CouiNARD,  adj.,  pleurard,  qui  geint. 
Morv.,  couinar. 

CouiNcouiN,  onomat.,  sorte  de  crépitement  que  font  entendre 
les  souliers  neufs.  Les  jeunes  villageoises  mettent  ceus-ci 
au  rang  de  la  plus  attrayante  parure.  Elles  en  sont  toutes 


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9S  LANGAGE    POPULAIRE    AERDUNO-CHALONNAIS 

fières  lorsqu'elles  entrent  à  l'église,  vont  à  l'offrande, 
emportent  le  pain  bénit.  Toutes  font  la  cour  à  leur  cor- 
donnier pour  en  obtenir  le  couin-couin  dans  leurs  souliers. 
Coquetterie  des  campagnes. 
Bourg.,  tiônai  (faire  ce  bruit).  Champ.,  riuiicr  (ïd.).  'Lovi.,pii(- 
chanf. 

CouLNER,  V.  intr.,  pleurer  avec  affectation  et  en  criant.  Un 
chien  couine  quand  ou  le  frappe.  Se  dit  du  cri  plaintif  de 
plus,  animaus  et,  d'une  façon  triviale,  du  cri  des  enfants 
que  l'on  corrige  :  ((  C'bigre  de  p'tiot,  ô  n'fait  qu'coidner!  » 

Berry,  couiner j  coidlcr.  Boui'g.,  coi/mai.  Champ.,  couiner ^  coui- 
gner.  Genev.,  coin/icr.Guevn.,couinaire.lite-M3iVne,  couiyuer. 
Jura^  couiner,  coinner.  ha,r\g.,  quinçar.  Lim.,  quinquina.  Lyou., 
qaino,  quincr,  quincher.  Morv.,  couiner,  coinner.  Norm.,  id.. 
couineter.  houincr,  hinner.  Poit.,  id.,  couinai,  coinar.  Rom., 
quilar,  quillar.  Sav.,  coinnà.  (V.  Bêler,  Bôler,  Chouiner, 
Chou  (j  nier.) 

CouissE,  s.  f.,  poule  qui  couve.  Pour  le  verbe,  nous  l'avons. 

Nous  avons  aussi  grouer  (v.  ce  mot)  ;  mais  grouer  n'a  pas 

son  substantif. 
Berry,  couisse,  couass^.  Montr.,  id.  Morv..  couette,  couette. 

CouissE,  adj.  fém.,  plaignarde.  (V.  Couissou.) 

CouissER,  V.  intr.,  se  dit  du  cri  de  la  poule  couveuse,  et 
signifie  aussi  :  grogner,  se  croire  malade,  se  plaindre  sans 
motif,  geindre  :  ((  Côge-te  donc  ;  te  couisses  tôjor.  » 

Couissou,  adj.,  celui  qui  couisse,  femme  qui  geint,  plai- 
gnarde. A  aussi  parfois  l'acception  de  gauche  :  «  Voui, 
d'avou  Jacôte,  j'évô  ben  eùne  brave  fille  ;  ma  allé  étô  si 
couissousel...  »  (V.  Couisse,  Couliche.) 

CouLÂRE,  s.  f.,  colère,  irritation. 

Ital.,  collera.  Bourg.,  quelère.  Lang.,  coulèro.  Morv,,  coulére. 
Prov.,  coulera,  calera. 

CouLEURER,  V.  ti'.,  mettre  en  couleur,  colorier. 

Ital.,  colorire.  Cogn.,  côlcurcr.  Genev..  colorer.  Morv.,  coulourer. 

CouLiBiN,  adj.,  lent,  maladroit. 
Rouch.^  ambin.  (V.  Couisse,  Couliche.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  09 

CouLicHE,  aclj.,  tatillon,  niais,  pas  pressé.  (V.  (Jouisse, 
Coulibin.) 

CouLou,  s.  m.,  petit  vase  de  bois  troué,  filtre  n'ayant  pour 
fond  qu'un  linge  fin,  à  travers  lequel  on  passe  le  lait,  qui 
tombe  dans  le  fjrielot. 

Lang.,  couladoH.  Lyon.,  coloa,  coliiri.  Moiv.,  id. 

CouMÀRE,  s.  f. ,  commère,  voisine  camarade. 
Berry,  coumcve.   Bourg.,  quenicire.   Dauph.^   commarc.    Piov., 
coinaivc.  Saint.,  coumèvc.  Sav,,  quctnâre. 

CouME,  conj.,  comme,  de  même  que. 

Lat.,    quomodo.    BasNorm.,   coumc.   Beriy,  id.  Bourg.,    rotnc, 

qucinc.   Lira.,    cou/no.   Loir.,   roume.  Saint.,  id.,   hcurnc.  (V. 

C'ment.) 

CouME,  adv.,  en  même  temps  que...  :  «  01  et  érivé  coumo 
son  p'tiot  ».  (V.  C'tnent.) 

CouMEAU,  s.  m.,  couche  de  bouillie  laitée,  œuvée,  sucrée, 
qu'on  étent  sur  la  croûte  des  flans,  et  qui  fait  le  régal  des 
gourmets  locaus. 

Bress.,  cou/no,  ca/nar. 

CouMENCER,  v.  tr.,  commcnccr. 
Sav.,  quemêchcr  (V.  C'mcnccr). 

CouME  TOUT,  loc.  adv.,  beaucoup   :    ((  Aile  é  brave  courue 

tout.  ))  «  01  a  de  l'argent  couine  tout.  » 
Centre,  id.,  Norni.,  id.,  Rouch.,  id.,  Wall.  id. 

CouNAissANCE,  S.  f.,  conuaissancc. 

It.,  conosccn:sa.  Bourg.,  qucneussaiice.  Morv.,  qucusance,  cunoi- 

sance.  Poit.,  queuneussance.  Prov.,  conoissensa.  Vs.  fr.,  conois- 

sancc,  quenoissence. 

CouNAissu,  part,  de  counaitre,  connu. 

Bourg.,  queuneussu,  q'neussu,  q'nessu.  Morv.,  coanessu. 

Counaitre,  et  Counàtre,  v.  tr.,  connaître. 

Lat.,  cogaosccre.  Berry,  couneùtrc.  Bourg.,  queunoitrc,cueunou- 

trc.   Morv.,   qucûtre.   Poit.,    queneutre.   St-Am.,   coun/jâtre. 

Saint.,  queneutre.  Wall.,  kinohe. 

CouNÔT,  s.  m.,  coin  :  «  Le  coûnot  du  feù.  »  —  (f  J'ons  métu 
l'siau  dans  l'coûnot.  » 


ï 


100        .       LANGAGE    POPULAIRE    A  ERDUNO-f  HALONNAIS 

Lat.,  cnneiis.  Bourg.,  carrenô.  Fr.-Cté.,  counot.  Lim..  coucii- 
LoiT.,  coffiio.  Lyon.,  ciiffiii,  couffin.  Prov.,  con/i,  cunh.  St-Am., 
rucn.  Wall.,  coino.  (V.  Carre.) 

Coup,  s.  m.,  fois.  N'est  guère  usité  que  dans  quelques  locu- 
tions :  ((  Por  eùn  coup.  »  —  «  Ah!  pou  Vcoup.  »  (V.  Cop.) 

CouRAu,  s.  L,  courroie.  L'écolier  attache  ses  livres  avec  sa 

courau. 
Ital.,  correrigiu.  Berry,  cuarraic.  Bourg.,  corruo.Movx.,  courcaïc 

Pro-v.,  corrcr/a,  coritja. 

CouRAUD,  E,  aclj.,  coureur,  coureuse;  garçon  qui  court  après 
les  filles,  fille  qui  court  après  les  garçons  :  «  L'bestiâ  ! 
v'ià-t-i  pas  qu'ô  va  parler  à  c'te  couraude!...  » 

Berry,  courandicr.  Genev.,  couratié.  Maine,  courassier.  Morv., 
courandiè.  Norm.,  conrandier.  Pic,  coH/'«ir"t'.  Wall.,  id. 

Courbe,  adj.,  courbé  :  ((  L'pauvre  houme!  ô  marche  tout 
courbe.  »  On  trouvera,  dans  ce  Glossaire,  un  certain 
nombre  d'adjectifs  verbaus  ainsi  formés.  (V.   Cbrhe.). 

CouRi,  V.  intr.,  entrer  dans,  en  parlant  des  années  :  c  01  é 
d'eùne  bâle  âge!  ô  court  ses  95  ans.  »  (V.  Cbri.) 

CouRJON,  s.  m.,  branche  d'arbre,  baguette,  tresse  de   jonc, 

d'osier,  dont  on  fait  des  liens. 
Morv.,  courgeon,  côrgeon.  Poit.,  cuergeon  (lanière). 

CouTELER,  V.  tr.,  étendi'e,  étirer  et  plier  les  draps,  le  linge 
après  la  lessive. 

CouTERiE,  s.  f.,  aiguillée  de  fil. 

Louhans,  coutrie.  Mac,  coutairi.  Monti-..  coittorie.  Morv.,  cou- 
trie,  cdgllie.  Sav  ,  cotdria. 

CouTEURÉRE,  S.  f . ,  coccinelle,  bête  à  bon  Dieu. 

CouTEURÉRE,  S.  f.,  couturièrc,  ouvrière  en  robes. 
Morv.,  coutrère.  Prov.,  corduriera. 

CouTiAU,  s.  m.,  couteau. 

Lat.,  caltcllus.  Berry,  coutiau.  Bourg.,  couteau.  Flam.,  id.  Fr.- 
Cté.,  cutiau.  Il.-V.,  coutiau.  Lorr.,  coûté.  Mac,  côtiau.  Montr., 
couîieau.  Morv.,  coutiau.  Pic,  id.,  couticu.  Prov., coltclh.  St- 
Am.,  cutè.  Saint.,  coûta.  Sslv.,  coètai.  Suiss.  v.,  coûté,  couthi. 
Toul..  coatel.  Wall.,  coûtai. 


LAN(;A(iK  i>(»im;k.\iki-;   \  iokdlno-ciialonnais  loi 

CoUTUE,  s.  t.,  oreiller. 
Morv.,  contre. 

Couvert,  s.  m.,  toit,  couvercle  :  «  01  a  fait  ranger  V couvert 

de  samâïoii.  »  Le  co^rf^/'?' d'une  tabatière,  d'une  boîte,  d'une 

marmite. 
Lat.,  cooperculuin.  Bouvg.,  rouvar,  étoi.  Dauph.,  corcrt.  Genev., 

couvert.  Lon.,  ta.  Midi,  couvert.  Morv.,  id.,  qniécle.  Sav.,  là. 

Wall.,  couvicppc,  couverture. 

Couverte,  s.  L,  couverture  :  «  I  fait  f rèd  ;  faut  m'mét<'  ma 
couverte  d'iain-ne.  » 

Bourg.,  couvature.  Bress.,  cuvertioxi.  Fr.-Cté.,  couvathe.  Genev., 
couverte.  Liai.,  cuberturo.  Midi,  couverte.  Morv..  couerte, 
couvarteu.  Pic,  couverte.  Poit.,  cuvertc.  Prov.,  coopertura, 
cubertura.  Rouch.,  couverto.  St  Am,  c^ff/'/'r/.  Wall.^  couverte, 
cofeteu.  Vs.  fr.,  covertor,  murretoir. 

CouvÉTE,  s.  f.,  chaufferette. 
Rouch..  couvé.  (Y.  Cnurnf.) 

CouvÔT,  s.  m.,  couvet,  vase  en  terre  tenant  lieu  de  chauffe- 
rette :  ((  Tout  l'temps  allé  a  son  couvot  sous  ses  jupes.  » 

Bourg.,  fôrô.  Champ.,  couvet.  Flam.,  couvé.  Genev..  cové,  covet. 
Lorr.,  covet.  Midi,  couvot.  Movv.,  cou  veau.  \Ya\\.,  coué,  hawé, 
couvé.  (V.  Chauféte,  couvéte.) 

CouvRi,  V.  tr.,  couvrir.  Le  part,  e.st  également  cowi^W,  comme 

ouvri  pour  :  ouvert. 
Berry,  covrir.  Bourg.,  covri,  côvre.  Pic,  cœuvrir.  Prov.,  cobrir, 

cubrir.  Rouch.,  couver.  Saint.,  chuvrir.  St  Am..  crevi.  Wall., 

covri. 

Crà,  s.  m.,  corbeau.  (V.  Corbiau.  Couà,  Cvau.) 

Cràchie,  s.   f.,  résidu  du  beurre  que  l'on   vient  de  tondre. 

Les  enfants,  friands  de  ce  produit,  le  demandent  beaucoup 

en  rôties  (tartines). 
Bas-lat.,  drasqua.   Genev.,   drùcliée.    Montr.,  crachée.   Norui., 

crdc/ie  (graisse).  Pic,  crache  (id).  Rom.,  dra.'iche,  dréche  (marc 

du  grain  qui  a  servi  à  la  fabric  de  la  bière). 

Craicher,  V.  intr.,  cracher. 

Berry,  cràier.  Bourg.,  cratchai,  crcichai.  Morv.,  craiUer.  Pic. 
rah'cr.  Prov.,  earracnr.  Wall.,  rachi,  rechi . 


lO'J  laN(;a(;i-;  popllairk  ^■Kr^l)^NO-r•HALON^'AlK 

Cramayère,  s.  f.,  crémaillère  :  «  Quand  qu'la  mâïon  sera 
finite^j 'planterons  la  cramayère.  » 

Bas-lat.,cramac?i/u.s.  'Qow.vg. , cramaUlc .  Brp,s%.,coumaclc,  quemo- 
Hio.  Champ.,  C7T/ ma ?7.  Genev.,  comâcle.  Isère,  coumaclo.  Jura, 
cramaxl.  Lang.,  cramai.  Morv.,  quiérâme,  creinaiUc,creinillé. 
Norni.,  crainillaie,  creinillèe.  Pic,  cramailli,  crcinaiUé.'Pvov., 
cuinascle.  Rouch.,  cramèçjllc.  crèmèf/lie.  St  Ara.,  kcmôlrjoti. 
Wall.,  crama,  cramion. 

Cramper  ij^e),  V.  réfl.,  se  cramponner,  s'attacher  avec  force  : 
((  Le  p"tiot  é  ben  genti  ;  drès  qu'jérive,  ô  s'crampe  après 
moi,  »  A  aussi  parfois  le  sens  de  :  se  raidir,  se  révolter. 

Fr.-Cté.,  se  cramper. 

Crapiau,  s.  m.,  crapaud. 

Bas-lat.,   crapaldus.    Berry,    grapaud.   Bourg.,   craipau.   Lira., 

r/ropal,crapaos.  Pic,  crapcux.  Pïox. ,grapat(f,  crapaut.  Wall., 

crapan.  Vs.  fr.^  crapo.:-,  crapaut.  (V.  Bot.} 

Craque,  s.  f.,  mensonge,  hâblerie :«  Vouah !  c'qu'ô  m'dit,  j'n'} 

creis  guâre;  y  é  tôjor  des  craqueta.  » 
Norm.,  craque.  Rouch.,  ici. 

CR.4.QUER,  V.  intr.,  mentir  :  «  T'airas  biau  dire,  va,  on  n'te 
creira  pus;  t.'nous  craques  du  maitin  au  souér.  » 

Craquer,  v.  tr.,  déchirer,  faire  craquer  :  «  T'as  craqué  ton 
pantalon.  )) 

CrÀquiller,  V.  intr.,  produire  un  petit  bruit  :   ((  Y  a  eùn 

grain  de  sâbe  dans  ta  sôpe;  ô  mcraquille  sô  la  dent.  » 
Morv.,  craquiUer. 

CrÀquou,  s.  m.  etadj.,  menteur,  qui  dit  des  a  craques  )). 

Crasse,  s.  f.,  ladrerie,  et  mauvais  tour  :  «  Non,  je  n'ii  parle 

pus  ;  ô  m'a  fait  eùne  cràsae.  » 
Cogn  ,  crasse.  St  Ara.,  crache. 

Crasse,  adj.  crasseus,  avare,  malpropre  :  (*  01  ê  crasse;  ù 

n'donne  jamâ  ran.  » 
Lat.,  crassus.  Berry,  crassous.  Cogn.,  crassou.  Morv.,  id.,  crais- 

son.  Saint.,  crassous.  St  Am.,  crâssou. 

Crau,  corbeau.   " 

Ital.,  grola.  Bourg.,  crau.  (V.  Corbiau,  Court,  Crô.) 


LAN(JAGK    1'0FM:LA1KK    VKHDI'NO-CIIALONNAIS  lO."! 

Crèche,  s.  f.,  crèche. 

Ital.,    greppia.   Berry,    ùcvéclie.    Bourg.,  crcirhc.  Bress.,  crèce. 

Lim.,  cràicho.  Morv.,  croiche,  croui'clic.  Pi'ov.,  crcpia,  cvep- 

clia,  enipia.  Wall.,  C7'cpo,  cripc. 

Crei,  et  Croué  s.  f..  crois. 

l,at.,  crux.  Ital.^  croce.  Artois,  crôe,  croie.  Berry,  qucroix,  quc- 

ronè.    Morv.    croKc.   Pic,   cros.    Pro\.,   crot.:-.    Rouch.,    cro. 

Wall.,  crctU.  (V.  Crotté.) 

Crein-me,  s.  f.,  cièiiie,  ce  clélicieus  produit  qui  nous  doniH^ 
le  beurre,  mais  qui  le  remplace  IVé(|uemmeiit  dans  les  pré- 
parations culinaires. 

Lat.,  crcnium.  Champ.,  crame.  Morv.,  crâine.  Pïox.,  crernc(.  Sf- 
Am.,  rrénina.  Sav.,  crcauna.  Suiss.  r..  crama,  rrauima. 

Creire,  V.  intr.,  croire,  s'imaginer. 

Lat.  et  Ital.,  credere.  Auv.,  creire.  Berry,   id.  Bugey,  crère.  Fr.- 

Cté.,  creire.  Gasc,  id.  Il.-V.,  craire.  Lang.,  creire.  Lim.,  crérc. 

Lorr.,  crôre.  Morv.,  craire,    creire.    Poit.,   creire.  Prov.,   id. 

Rouch.,  crère.  St-Am.,  cràre.  Saint.,  crère.  Suiss.  r.,  creire. 

Toul.,  crer/re,  cre,~e.  Wall.,  creiire. 

Creire  (s'e/?),  loc,  se  croire  quelque  chose,  s'enorgueillir  : 
«  Diou  de  Diou  !  dêpeù  qu'ôl  a  (?té  noumé  gard'champéte, 
ô  .s'en  ci-eit  prou!...  » 

Genev.,  s'en  creire.  Rouch.,  id.,  s'en  crère. 

Creuche,  s.  f.,  cruche. 
Bourg.,  hrechie. 

Creuiller,  V,  tr.,  creuser,  surtout  enlever  le  milieu  d'un 
fruit,  poire  ou  pomme,  pour  une  préparation  culinaire, 
beignets,  compote,  etc. 

Prov.,  cro.~ar.  Vs.  fr.,  croser.  (V.  Creûillon.) 

Creuillon,  s.  m.,  cœur  de  pomme,  de  poire,  non  lorsque  le 
fruit  est  entier,  mais  quand  ce  dernier  vient  d'être  croqué 
à  belles  dents  jusqu'au  centre  :  «  01  a  maingé  sa  poume, 
épi  ô  m'beillôt  l'creùillon  !  » 

Bress.,  creuillon  (bois  enlevé  en  creusant  les  sabots).  Genev., 
coraillon,  couraillon.  Montr.,  crcnillons  (de  sabotier).  Norm., 
ràqaillon.  Sav.,  cnjraillon.  Suiss.  r.,  corahlon.  (V.  Rongeon.) 

Creuse,  s.  f.,  coque,  coquille.  Une  «  creuse  »  de  cala;  une 
«  crei'isc  (Va.  »  Le  mot  contient  une  image  de  concavité. 


lO-l  LA.\(,A(.i;    POI'LLMRK    VEHDUNO-CH  ALON.N  AlïS 

Berry,  creuse.  Bourg.,  id.  Foiez^  creu  (m.)-  Fr.-Cté.,  crcuche, 
cruUc,  crosilh.  Guern..  cruque.  Lyon.,  creu  (noyau).  Montr., 
creuse.  Morv.,  creuge,  creuillc.  Nivern.,  id.  Poit.,  crucheas. 
Suiss.  1'..  crutsche,  crout^e,  craisilla.  (V.  CoqucriUe.) 

Creus,  s.  m.,  mare,  dont  le  lit  a  été  creusé  accidentellement; 
le  ((  C>eaj?-Carillon  )),  par  exemple,  qui  se  trouve  à  rem- 
placement même  d'une  tuilerie  emportée  par  une  violente 
inondation.  (V.  Crot.) 

Crèyance,  croyance. 

Movv.,c7-((j/aace,  crèi/ancr.  Vs.  iv.  créance,  croïauce. 

Creyu,  part,  de  croire  :  ((  Vrâ!  j'I'aurô  pas  créijn.  » 
Morv.,  crouèyu. 

Crocher,  V.  tr.,  agrafer  :  (i   Croche  me  donc  ma  broche  ; 

j'peus  pas  en  v'ni  à  bout.  »> 
Genev.^  crocher. 

Crochot,  s.  m.,  crochet,  objet  recourbé. 
Bourg.,  creuclu). 

Crôler.  V.  tr.,  agiter,  remuer,  secouer  un  arbre  pour  en 
faire  tomber  les  fruits  :  ((  On  a  crôlé  rpeîirnei.  » 

Ital.,  eroUare.  Bourg.,  crôlai,  craulai.  Fr.-Cté.,  crauler.  Lany., 
erolar.  Marne,  croUer.  Morv.^  croler.  Poit.,  crolinai.  Sav., 
crulà.  Vosg.,  crauler.  Wall.,  croler.  Vs.  fr.,  croller. 

Crompire,  s.  f.,  pomme  de  terre. 

Allem.,  ;/ruiid-bir/i.   Louhans,  catroehe.  Morv.,  compire.  Pic. 

crompire j  cronipile.  Rouch.,  cronpir.  Wall.,  crornpir.   Yonne, 

compire.  (V.  Cul-de-poulot.) 

Crosser,  V.  tr.,  malmener,  maltraiter. 
Norm.,  crosser.  Vs.  fr.,  rroissir. 

Crot,  s.  m.,  creus,  trou,  fosse  :  a  J't'l'ai  fichu  dans  VcroL  n 
Aube,  cron.  Berry,  cros.  Bourg.,  crô.  Montr.,  cr^ot.   Morv..  crû. 

crôdiau  (creus  plein  d'eau).  Pot,,  cro.  Prov.,  cros.  Rom.,  crot, 

Sav.,  croet,  galet.  (V.  Crêtes.) 

Crôte,  s.  f.,  croûte.  Les  enfants  emploient  entre  eus  ce  mot 
comme  terme  d'amitié  : 

((  Ma  mie,  ma  crôte, 
((  J^faiji-me  autant  qu'ein  aut'e.  )) 
Artois,  cruste.  Boni-g.,  crôfe. Cogn..  croûte.  Pï'o\.,crosta.'&{-.\.m.. 
creùta.  ^^'all.,  crose. 


LANGAGK    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  105 

Crôtot,  s.  m.,  creux  de  la  nuque.  Dim.  de  crot. 
Bas-lat.,  crotuin.  Bourg.,  crôtô.  Champ.,  crottot. 

Crôton,  s.  m.,  crotte,  crotin,  boue  sèche. 
Prov.,  cvota.  Saint.,  cvoton. 

Crotou,  adj.,  boueux,  crotté,  barbouillé.  Se  dit  des  personnes 
et  des  choses  salies  dans  la  boue,  mais  surtout  des  vaches 
et  des  moutons  qui  ont  ramassé  aux  jambes  et  au  train  de 
derrière  une  couche  granuleuse  de  crottes  en  se  couchant 
dans  rétable.  Les  paysans  leur  laissent  complaisamment 
cette  couche  comme  preuve  d'une  bonne  litière  !... 
Morv.,  crottou. 

Croupeton  [à]  et  A  grepton,  loc,  accroupi,  à  genoux  et  assis 
sur  ses  talons  :  «  J'mé  métu  à  croupeton  por  cuyer  mes 
fraises.  »  —  «  Pou  s'chaufer,  ô  s'met  à  croupeton  d'vant 
l'feù.  » 

Berry,  à  croupeton,  à  cropcton.  Bourg.,  à  croupeton, 
Bress.,  à  crcpoton,  à  creupeton.  Forez,  en  acroupeton,  à 
croupeton.  Genev.,  à  cropetons,  à  crepeton^.  11. -V.,  accropi, 
s'accropir.  Jura,  à  crepetons.  Lille,  à  croucrou.  Lorr. ,  à 
cripoions.  Lyon.,  à  et  en  (jrahoton,  à  cacahoson.  Morv.,  en 
queurpoton.  Neufch.,  à  crepotons .  Rouch.,  à  croueroii.  Sav.,  à 
cr'pion,  à  çjr'bœgnon.  (V.  Acroupetoner,  Aqueùler.) 

Croution,  s.  f.,  croûton  :  «  Quand  l'pauv'  vieux  qui  va  aux 
portes  li  dit  qu'ôl  a  faim,  âll'  li  beille  eùn  fameux  création.)) 
Berry,  crougnon,    crouston,    crousson.    Genev.,    croution, 
Morv.,  crougnon.  Poit.,  crougnon,  crei/non,  corgnuun. 

C'te,  pr.  démonslr.,  cette  :  «  6'7e  foune!  » 
Bourg.,  c'teu.  Mac,  cela.  Morv.,  ceute. 

C 'té-là,  pr.  dém.,  celle-là. 

Bourg.,  cetei-lui.  Morv.,  cetele-qui. 

C'téqui,  e,  pr.  dém.,  celui,  celui-ci,  celle,  celle-ci  :   «   Qu'é- 
c'quié  que  c'téqui^  » 

Berry,  ce li-ci.  Bourg.,  cctu-qui.  Forez,  cetu,  celui.  Fr.-Cté., 
stequi,  stieci.  Morv.,  cetu-qui.  Pic,  c'ti-chi. 

C'ti-là,  et  C'tu-là,  pron.  dém.,  celui-là  :  «  Oh!  c'tulù  !  vous 
a-t-i  ein  bagou!  » 

Bas-Norm.,    ch'tilà.  Bourg.,  celu-lai,  c'tu-lai.  Forez,   celui 
Lorr.,  c'Iu-li'.  Morv.,  ceti-tni,  c'tu,  c'Iu-qai. 

13 


106      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

CucHOT,  S.  m.,  extrémité  supérieure,  sommet,  faîte,  cime, 
tas.  Le  cuchot  de  la  tête;  le  cuchot  d'un  arbre;  un  cuchot 
de  blé,  de  trèfle  :  «  C't'agasse  a  fait  son  nid  au  fin  cuchot 
du  peûpier,  »  —  ((  L'foin  étôt  sec  ;  les  foineuses  l'ont  métu 
en  cuchot.  »  Un  petit  tas  de  fourrage  est  un  cuchot  ;  un 
gros  tas  est  une  mate. 

Ain,  cuchon  (de  foin).  Bugey,  id.  Forez,  id.  Fr.-Cté.,  quechot. 
Genev.,  cachet.  Lyon.,  cuchon,  cnchoun,  quichon.  Montr., 
cuchot.  Prov.,  cuchd.  Roni.^  cuche,  cuchot,  cuchon.  St-Am  , 
kyeuki/clt/on. 

CuEucuEUTE,  s.  f.,  bouillic  que  l'on  prépare  pour  les  enfants. 
Mot  bizarrement  composé  du  masc.  et  du  fém.  de  l'adj. 
cueùt,  e. 
Lat.,  coda.  Bress.,  queuqticuto. 

CuEUDE,  s.  m.,  coude. 

Lat.,  cubitus.  Berry,  code  Pic,  keutc.  Prov.,  code,  coidc. 
Rouch.,  queute. 

CuEUDRE,  V.  tr.,  cueillir  :  «  N'y  a  qu'çà  d'neuzilles;  y  é  tout 
c'que  j'ai  pouvu  cueùdre.  » 

Lat.,  colligere.  Berry,  quillir.  Bress.,  qncudre.  Lim.,  couser/. 
Montr.,  cueudvc.  Namur,  co?/rfe.  Pro\. ,  coillir,  cuelhir,  culhii-. 
Wall.,  code.  V.  fr.,  queudre,  coillir.  (V.  Cucuicr.  cùi/er). 

CuEUDRE,  V.  tr.,  coudre. 

Ital.,  cucire.  Bourg.,  queudre.  Lyon.,  codre.  Namur.,  h'et'c^e 
Prov.,  coser,co.sir,cusir.  KoViCh.., queute,  kcute.  St-Am.,  codre. 
Saint.,  cousir.  Toul.,  cou^e.  Wall.,  keûse. 

CuEUDRE,  coudrier. 

Avden.,  caurier.  Bourg.,  queudre.  Morv.,  id. ,quieudrc,  qucure. 
Pic,  caure.  Poit. .,coure. Rouch.,  caurier  .Wall.,  câre,  cûri. 

CuEuÏER,  V.  tr.,  cueuillir  :  ((  J'ons  cueùïé  tous  nos  râïns.  » 
Genev.,  cullir.  Lang.,  culi.  Rouch.,  cueulicr.  St-Am.,  culi. 
(V.  Cueûdre,  Ciïyer.) 

CuEURE,  v.  tr.,  cuire.  Acception  générale  de  cuisson  pour 
tout  ce  qu'on  met  sur  le  feu  :  «  Mes  faviôles  ne  voulont 
pas  cueùre.  »  —  «  Mon  fricot  n'é  pas  cueùt.  » 

Lat.,  coquere.  Ital.,  cuocere.  Bress.,  cueure.  Dauph.,  coëre. 
Fr.-Cté.,  qucure-  Lor. ,  id.  Lyon.,  couère.  Moniv.,  cueure.  Morv., 
qucure.  Poit.,  quieiirc.  Prov..  co;er,coirc.  Saint.,  cheure.  Sav. . 
coaire.  Toul..  l'oj/re.  Wall.,  ciire.  (V.  le  mot  suivant.) 


LANr.AGK    POPULAIRE    VEKDIJNOCIIALONNAIS  107 

CuEURE,  V.  11'.,  ciiiro.  Acception  rcstroiiiU;  cl  spécialisée 
s'appliquant,  chez  nous,  à  toute  la  inaiii|)uIatioii  du  ]j;i,iii. 
Quand  on  dit  qu'une  ménagère  cuit,  cela  comprent  depuis 
le  pétrissage  jusqu'au  retour  du  four,  en  un  mot,  l'opération 
complète  :  ((  Ah!  vous  v'ià,  Nan-néte!  Làvoù  portez-vous 
c'boinon?  —  ycaeù^  clieû  l'grand  Michan.  »  Certaines 
disent  :  «  Je  fais  au  for  »,  ce  que  dit  aussi  le  Genevois,  et 
que  le  Savoyard  ti'aduit  exactement  dans  :  faire  i  fomr 
(faire  au  four). 
Bourg.,  queûrc.  Montr.,  ckchvc. 

CuEURÉE,  s.  f.,  curée. 
Morv-,  r/t(eiirèe. 

CuEURER,  V.  tr.,  écurer.  Fig.,  mettre  à  sec,  dépouiller  quel- 
qu'un. Terme  de  jeu  employé  par  les  enfants  de  nos  con- 
trées, qui  ne  manquent  jamais  dédire,  lorsqu'ils  ont  gagné 
toutes  les  gobilles  d'un  camarade  :  «  Oh!  j'iai  cueûrél  » 
Les  gamins  de  Chalon  disent  :  caeàfn^er. 
Lat.,  curare.  Bress.,  r/ueiircr.  Morv.,  id.,  c</t(i'i(rcr,  èq  ni  lier. 

CuEUSEisriER,  S.  m.,  cuisinier. 

Bourg. ^  casenei.  Pïov.,  cosiner.Ronch.,  cuiscnier.  St-Ani., 
c»^e/i(. Saint.,  cheunicr.  Sav.,  coe^enicr. 

CuEusiNE,  s.  f.,  cuisine. 

Lat.,  coq i(i lia. Bourg.,  cuscnc.Prov.,  co.:;ina.  Rouch.,  cidi^cuc. 
St-Am.j  cac^ëiia.  Saint.,  c/ieannc  Sav.,  eoe:cna.  Wall.,  con- 
héiie. 

CuEussE,  et  CuEUCHE,  S.  f.,  cuisse. 

Lat.,  coxa.  Bourg.,  cueùsso,  quensse.  Bress.,  qucusse, 
quçuche.  Champ.,  quenc/w.  Cogn.,  Ideusse.  Fr.-Cté.,  eusse. 
II. -V.,  quêsse.  Lille.,  ctiiclie.  Lorr. ,  queuclie.  Lyon.,  coissi, 
couessi.  Montr.,  cueuss/ics.  Morv.,  qucuclie.  Norm.,  qucusse, 
cuusse.  Poit.,  ceusse.  Prov.,  cueissa,  coissa.  St-Am.,  cuic/ie. 
Saint.,  chciisse.  TouL,  quéysso. 

CuEussER,  V.  tr.,  dépouiller.    Syn.  chalonnais  de  cueùrev. 
(V.  ce  mot.) 
Norm.,  acusscr  .mettre  un  joueur  à  cul  sec). 

CuEUT,  adj.,  cuit. 

Bontg.,  qr(et(t,  cœu.  Lim.,  kcicho.  Lorr.,  eu.  Morv. ,queu.  St- 
Am.,  ciii,  ta.  Wall.,  eût. 


108      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO  CHALONNAIS 

CuEUTE,  S.  f.,  cuite,  cuisson  :  «  Tant  d'miches  que  ça  !  boufre  ! 
y  et  eùne  bâle  cueùtel 

Bourg.,  queute.  Lorr.,  cueufe.  Montr.,  id.  Morv.,  queute. 
Novm. ,  quisse,  quisson.  Poit.,  qussc,  qucusse.  Rouch.,  cuitie. 
Sav.,  coaita.  "Wall.,  cutéc,  cuitêe. 

CuGNOT,  ad.,  mou,  engourdi,  un  peu  niais,  qui  manque 
d'énergie,  ou  se  remue  sans  rien  faire  :  «  T'n'as  donc  pas 
fini?  Que  qu'te  fais  là?  Rau  du  tout.  Va,  t'n'é  qu'un 
pauv'  cugnot.  » 

CuGNOTER,  V.  intr.,  tourner  sur  place  sans  rien  faire,  mettre 
longtemps  pour  n'arriver  à  rien,  ne  pas  sortir  d'une 
besogne. 

CuL-DE-POULOT,  S.  m.,  pommc  de  terre.  (V.  Cr-ompire.) 

CuL-DE-SINGE,   S.   m.,   uèflc. 

Lim.,  ni'pia. 
CuLETON,  s.  m.,  coffret  situé  à  l'arrière  iVuim  fout-quette. 

Curie,  s.  f. ,  éruption  de  boutons  fréquente  chez  les  enfants 
du  premier  âge. 

CuRTi,  CoRTi,  et  CouRTi,  S.  m.,  jardin.  A  la  campagne, 
c'était  un  champ  entouré  de  haies;  à  la  ville,  un  jardin 
clos  de  murs. 

Bas-lat.,  curtile.  Arden.,  courtis.  Avtois,  g ardin.  Berry, cour 
tu.  Bourg.,  curtils,  cultib.  Bress. ,  curti,  coutillo ,  cortil. 
Champ.,  courtis.  Fi'.-Cté.,  couthi.  Genev.,  corti,  courti.  Isère, 
hucrt.  Lang.,  courtial.  Lim.,  cortit,  courti,  vargier.  Lyon., 
curtil.  courtil.  Mac,  curti.  Marne,  courtis.  Mayen.,  courti. 
Montr.,  curtil.  Morv.,  corti,  courti,  courtil.  Norm.,  courtil. 
Périg.,  cortil,  courti.  Pic.,id.,  id.  "Poii., courtil.  Rouch.,  courti. 
St-Am.,  curti.  Sav.,  coerti,  courtil.  Suiss.,  curti.  Toul.,  ort, 
ortet,  liort,  horto,  coudére.  Wall.,  courti.  Vx.  fr.,  cortil, 
courtil. 

Cuver,  v.  tr,,  cueillir. 

Lim.,  culi.  Morv.,  cuicr.  (V.  Cueùïer,  Cueùdre). 

CuYÈRE,  s.  f.,  cuillère. 

Berry,  riuitlcrc.  Lang..  r-w/c.Morv.,  id.  Prov.,  cul/iicr,  cullcr. 
Sl-Au).,  ruhjc.  Wall  ,  rul. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-QUALONNAIS      109 


D 


DÀ!  particule  excl.,  qui  donne  de  la  force  à  l'expression: 
((  Voui  dà!  »  —  S'emploie  souvent  seule,  et  surtout  dans 
un  sens  interrogatif,  dà?  voulant  dire  :  vraiment? 

Lat.,  dca.  Forez,  f/m,  c/td  (sans  doute).  Fr.-Cté,  r/aî/î.  Genev., 
r/à  (merci).  Lille,  dà!  Morvan,  oui  en  dà.  Wall.,  (^/a  (sa'is-tu?). 
V.  fr.,  dwa,  dca  (contract.  de  dcablc). 

D'abord,  adv.,  vite,  bientôt  :  «  Aile  é  d'abord  érivée.  »  — 
((  O  pousse;  ô  s'ra  d'abord  grand. » 
Bourg.,  d'aibor.  St-Am.,  d'abcù. 

D'abord  que,  conj.,  puisque  :  «  D'abord  que  t'fâs  c'qui, 
i'seû  pas  content  d'toi.  » 

DÀDÔ,  et  DÔDÔ,  s.  m.,  lit,   berceau,  et  aussi  sommeil  :  «  Où, 
c'qu'é  le  p'tiot?  —  01  é  dans  son  dàdà.  » 
Il.-V.,  lot.  Moi'v.,  dadô. 

DÀDÔ  [fàre],  loc.  enfantine,  dormir. 
Bourg.,  /à/'c  dadô.  Morv.,  id. 

Dainger,  s.  m.,  danger  :  «  Gare  donc!  gare  donc,  l'émi!  — 
Bah  !  y  a  pas  à'dain(/er!  » 

Lat.,  damnum.  Bourg.,  dalngè.  Norm.,  dangier.  Prov.  id. 
Wall,  dangî.  V.  fr.,  dangier,  dangier. 

Dames,  s.  f.,  même  sens  que  Dragées  (V.  ce  mot.) 
Bourg.,  daime. 

Dan-ner,  V.  tr.,  damner  :  «  V'tu  ben  te  t'ni,  qu'te  m'fâs 
dan-ner!  »  Prononcer  comme  dans  : 

Lat.  et  Ital.,  datnnare.  Morv.,  dan-ner.  Prov.  dan\pnar. 
V.  fr.,  id. 

D'après,  prép. ,  après.  Deux  gamins  jouaient  sur  l'herbe. 
L'un  s'arrête,  dit  à  l'autre  :  «  Y  é  toi  qui  vas  m'côri 
d'après,  ))  et  se  sauve.  (V.  Après.) 


110  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Dàrel  prép.,  derrière  :  ((  V'ià  l'char  à  Toinot  qui  veint; 
j'vas  gravicher  dàrei.  »  —  «  Y  a  eùn  grô-t-âbre  pô  dàrei 
cheû  nous.  » 

Lat.,  de  rétro.  Bourg.,  darrei.  Genev.,  les  derrières  (de  la 
maison).  Lim.,  dorei.  Mac,  darri.  Morv.,  dairè.  Pic,  da- 
rlcre.  Prov.,  dcrclre,  dareijre.  Sav.,c/éré.  Toul.,rf«r/'c.  Wall., 
derie.  V.  fr.,  darrlère. 

Dàrei,  s.  m.,  le  derrière  :  <(  Aile  a  cliù  su  son  dàrei,  »  ce 
qu'on  appelle  :  casser  le  verre  de  sa  montre. 

ItaL,  diclro.  Bourg.,  darrei,  dàrè.  Ga.sG.,  darré.  ]\.-\.dére. 
Lim.,  doré.  Lorr.,  derri/.  Marne,  darrié.  Pic,  darain.  Poit., 
darre.  St-Am.,  dcri.  Saint.,  darrc.  Sav.,  darré.  Toul.,  id. 
V.  fr.,  derrière. 

DAreirement,  adv.,  dernièrement. 

Bourg.,  daréreinan.  Morv.,  dairérerneiit.  Pic^  daraine- 
iitciit.  V.  fr.,  derraineineat. 

Dàrié,  et  Dàrei,  ad]'.,  dernier. 

Aube,  derraiii.  Berry,  dargaier,  dargné,  darrier.  Bourg., 
darei.  darèï.  Dauph.,  darnié.  Flam.,  darrain.  Genev.,  en 
dernier.  Il.-V.,  darrain.  Jura,  aderri.  Lim.,  damier.  Lorr., 
dairé.  Montr.,  derrie.  Morv.,  dairé.  Pic,  dàrain,  darain, 
dcrne.  Poit.,  deray.  Prov.,  derrer,  derrier,  darrier.  Rom., 
rej/re.  Rouch.,  darrain.  Saint.,  dâriè.  Toul.,  darrié,  dague. 
Wall,  dierain.  V.  fr.,  daerrain,  darrain,  deerain. 

D'arrié,  loc.  adv.,  en  arrière,  de  derrière  :  «  Arra  doîi 
fi'«/v'(e.' ))  Vite  en  arrière!  —  Langage  de  nos  mariniers. 
(V.  Arra,  et  D'avant.) 

Darte,  s.  f. ,  dartre,  et  presque  toute  maladie  de  peau. 

Berry,  endarde,  endarce.  Genev.,  darte,  darde,  dairde. 
Lyon.,  darte.  V.  fr.  dertre. 

Dauge,  s.  f.,  pourriture,  maladie  qui  attaque  les  troupeaux 
de  moutons.  On  l'appelle  aussi  :  limace  du  foie.  C'est, 
dans  le  ventre,  à  peu  près  le  même  mal  que  le  tournis 
dans  le  cerveau. 

D'avant,  prép.,  devant. 

Lat.,  nnte.  Berry,  davant.  Lim.  doran.  horr.,dacan.Pvo\., 
id.,  devant.  Saint.,  davan.  Toul.,  dahan.  V.  fr.,  davant. 


i 


LANGAGE    POIMJLAIRE    VEUniNO-CH AI.ONNAIS  111 

D'avant,  loc.  adv.,  en  avant,  de  devant  :  «  Arra  doù 
d'avant!  »  Vite  en  avant!  —  De  notre  marine  fluviale. 
(V.  Arra  et  D'arrié.) 

D'avôu,  prép.,  avec  :  «  V'tu  v'ni  cfavou  moi? J'vons  côrî  les 
champs.  » 

Bourg.,  d'awô,  aicô.  Dauph.,  d'avei.  Morv.,  daicou.  Toul., 
dan,  danibc. 

De,  prép.  parasite  :  «  Que  qu'te  vôu  que  j'te  dise? —  J'n'en 
sais  ma  fi,  de  ran.  » 

Débagouler,  V.  tr.,  raconter,  parler  avec  abondance,  laisser 
couler  le  bagou  :  «  Ah  ben!  si  tTécoutes,  ô  va  t'en  déba- 
gouler, voui  !  )) 

Bourg.,  dèbai.gô/ai.  Champ.,  débar/otder.  Guern.,  bagoulair. 
Ma.rne,  dcba(joulcr.  Morv.,  id.  (déborder).  Poit.,  débagoali, 
dcba;jfOulai.  Suis,  vom., dcbagoata. 

DébÀrouler,  V.  intr.,  rouler  en  bas,  dégringoler  :  «  01  a 
débaroulé  tous  les  escaliers  de  sa  cave.  » 

Dauph.,  barricida.  Forez,  barouler,  barroulà.  Lyon.,  bar- 
reula.  (V.  Dcribouler.) 

DÉBAU,  s,  ra.,  suspension,  temps  d'arrêt,  repos.  J'ai  été 
longtemps  avant  de  saisir  le  sens  précis  de  cette  phrase  • 
((  Je  m'en  dëbau,  »  fréquemment  citée  par  les  enfants  fati- 
gués qui  veulent  officiellement  un  répit  dans  leurs  jeux. 
M.  le  c^e  Jaubert  donne  le  mot  dëbau  et  le  traduit  par  : 
interruption  de  travail.  Quel  travail  plus  important  que  le 
jeu  pour  les  écoliers?  Donc  la  phrase  en  question,  synco- 
pée et  que  l'enfant  s'occupe  peu  de  comprendre,  doit  être  : 
«  Je  demande  débau,  »  c'est-à-dire  :  Je  demande  à  sus- 
pendre la  partie,  à  me  reposer,  —  Les  enfants  du  Berry, 
dans  le  même  cas,  crient  :  O  lu!  (Oh!  lui!)  Les  collégiens 
du  Limousin,  de  leur  côté,  crient  :  Défense! 

Débiller,  V.  tr.,  déshabiller. 

Berry,  dôbUler  (détacher  la  corde  d'un  bateauV  Bourg., 
déhiUai.  Mons,  débiller.  Morv.,  id.  Namur,  disbii.  St-Am.. 
dèjabebjë. 

Débitouser  (.se),  v.  pr.,  rendre  net,  se  nettoyer  les  yeux. 
S'emploie  au  propre  et  au  figuré.  (V.  Bitou.) 
Bourg.,  dèbitousai. 


112      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

DÉBONDENER,  V.  tr.,  débonder,  ôter  la  bonde  d'un  tonneau. 
Bourg.,  dèbondeiiai.  Morv.,  dèbondener.  V.  fr.,  desbonder. 

DÉBOUDRiLLER,  V.   tr.,    produire,   jeter  à  profusion;   parler, 
chanter,  jouer  avec  volubilité  et  sans  fin.  Un  orgue  de 
Barbarie  «  déhoudrille  un  air  »,  etc. 
Bourg.,  déboudrillai. 

DÉBOUDRILLER  (se) ,  V.  pr.,  sortir  d'ennui  ou  d'assoupisse- 
ment, et  aussi  se  former  :  «  Auparavant  que  d'se  l'ver, 
ô  s'déboudrille  û^ns  son  lit.  »  —  «  J'seù  en  r'pos;  le  p'tiot 
s'déboudriUera  prou.  » 

Bayeux,  se  dèbarncqner.  Bourg.,  se  déboudrillai.  Pic,    se 
déberdouiller. 

DÉBOUGER,    v.    intr.,    bouger.   Superfétation    d'un   préfixe, 
comme,  un  peu  partout,  décesser  pour  :  cesser,  etc. 
Berry,  débouger. 

DÉBOULÉE,  s.  f.,  sortie  précipitée;  grande  quantité,  amas, 
affluence  :  «  Y  en  v'nôt,  d'ces  gas  à  la  foire;  y  en  v'nôt... 
Queue  déboulée! ...  »  (V.  Trâlée.) 
Genev.,  déboulée. 

DÉBOULER,    v.     intr.,    décamper,    partir  rapidement,    fuir; 

dégringoler,  s'abattre  sur  :  «  Allons,  ch'ti  drôle,  déboule- 

me  vite  d'iqui!  »  —  ((  01  a  graviché  su  l'mur,  é  pi  l'mur  li 

a  déboulé  su  l'dos.  » 

Genev.,  débouler.  Morv.,  ébouler.  Norm.,  r/(^6oH7r;'.  Poit.,  id. 

DÉCALER,  V.  tr.,  décoiflfer  une  femme,  lui  ôter  sa  cale. 
Morv.,  décaler. 

Décaniller,  v.  intr.,  au  propre,  faire  sortir  les  chiens  du 
chenil  ;  mais  employé  chez  nous  au  figuré  :  ((  Ten'te  leùves 
jàmâ.  Attends,  j'm'en  vas  t'fâre  décaniller  du  lit.  »  Fuir 
comme  un  chien. 

Lat.,    canis.   Berry,    décaniller.    Lorr.,    dégucnillcr.    Pic, 
déqueniller.  Morv.,  déc'noiller.  V.  fr.,  décaniller. 

DÉCATIGNER,  V.  tr.,  démêler  les  cheveux.  La  fin  du  mot  est 
un  visible  fragment  de  tignasse.  (V.  Décatimèler,  Déchar- 
bouter.) 


LANGAGE    POPULAHîK    VKRDUNO-CIl ALONNAIS  113 

DÉCATiMÉLER,  V.  tr. ,  maiigcr  goulûment  :  «  Oh  !  y  é  d'main 
la  fête;  j'vons-t-i  décatlméler !  »  —  «  Faut  l'vouér  à  table; 
y  é  ça  qui  décatiméle!  ))  On  voit  le  goinfre  opérer.  Celui 
qui  mange  ainsi  ne  doit  pas  regarder  à  y  mettre  les  mains 
et  à  démêler  les  morceaux  avec  les  doigts.  Le  vocable  ne 
serait  donc  pas  éloigné  d'avoir  une  parenté  avec  décati r/ner. 
(V.  ce  mot.)  Le  Liég.,  dikmelé  (démêler  les  cheveux), 
confirme  cette  opinion. 

DÉCHARBOTER,  et  DÉCHARBOUTER,  V.  tr.  ,débarrasser, débrouil- 
ler, désenchevêtrer,  démêler  le  fil  d'un  écheveau  :  «  Pôrra- 
t-i  jamâ  dëcharhoter  c't'afâre?  » 
Bourg.,  décharbôini. 

Décharbouiller,  V.  tr.,   nettoyer  la  figure,  débarbouiller: 
«  La  Mag'rite?  All'se  décharboidUe  tous  les  trente-si  du 
moue.  » 
Bourg.,  di'chaivbouUlai.  Morv.,  déchairboiller. 

Décirer,  v.  tr.,  déchirer  :  «  Allons,  bon!  v'ià  qu'ôl  a  déciré 
sa  chu  mi  se!  » 

Genev.,  éc/nrcr.  Morv.,  dériver.  Pic,  dèkirer.  Prov.,  r.squi- 
rar,  Wall.,  Iiircr^  dicluircr.V Av.,  (lessiver,  decivcv,  descirer. 

DÉcizE,  s.  f.,  le  cours  de  l'eau.  ((  Aller  en  décize,  »  descendre 
le  cours  de  la  rivière.  Les  mariniers  qui  conduisent  un  train 
de  bois  ou  un  bateau  à  Lyon  «  font  une  décize  »,  «  vont 
en  décize  » . 

Déclaration,  s.  f.,trou,  fente,  découture  dans  un  vêtement: 
((  Lèuve  vouer  le  bras.  Ah  bon!  y  a  eùue  bâle  déclaration 
à  ta  manche  !  » 

De  contre,  prép.,  contre:  «  Voui,  allé étôtdrè (/'contre  moi.  » 
Morv.,  de  contre. 

DÉCROTER,  V.  tr.,  manger  avec  vif  appétit  :  «  O  n's'é  pas 
putôt  métu  à  table,  qu'ôl  a  décroté  son  diner.  » 

DÉcuEUDRE,  V.  tr.,  découdre. 
St-Am.,  décadré. 

De  depeu,  prép.,  depuis  :  «  Comme  allé  a  poussé,  de  d'peù 
l'an  dârei!  aile  é  ben  gentite  !  » 
Morv.,  de  d'peu. 


11  i  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONXAIS 

DÉDITE,  S.  f.,  dédit  :  u  J'ons  fait  eùn  marché;  si  ô  n'tient 
pas,  y  a  eîine  dédite  d'un  écu  de  cinq  francs.  » 
Genev.,  dédite.  V.  fr.,  desdict,  dcsdit. 

DÉFAIRE,  V.  tr.,  s'emploie,  dans  un  sens  détourné,  à  expri- 
mer maintes  actions,  maints  travaux  :  «  Défaire  (écosser) 
des  pois;  dé/aire  (éteindre)  le  feu;  se  défaire  (se  casser) le 
bras,  »  etc. 
St-Am.,  défère  (accept.  ordin.). 

DÉFAiRES,  s.  f..  défroques,  vieux  habits,  objets  hors  d'usage: 
«  Aile  é  prou  minabe;  j'vas  li  beiller  mes  dé/aires.  » 

DÉFiciLE,  adj.,  difficile. 

Lat.,  difilci/is.  Ital  ,  difficile.  Cogn.,  defficile.  Prov.,  difficil. 
Toul.,  defecible. 

DÉFILÉE,  s.  f.,  file,  longueur,  grand  nombre  de  personnes  ou 
d'objets  :  ((  Voui,  y  en  évôt  eîme  fameuse  défilée.  » 
(V.  Afilée.) 

DÉFILER,  V.  tr.,  effiler  :  «  Aile  a  défilé  tous  ses  morciaux 
d'vieilles  robes,  tous  ses  bouts  d'vieux  pan-nias.  » 
Prov.,  esfilar. 

DÉFiNER,  V.  tr.,  chasser,  expulser  du  finage,  du  territoire  de 
la  maison,  détruire,  user  :  «  C'gueùrdin  d'petiot,  ô 
m'défine  tous  ses  hébits  !  » 

DÉFRUCHER,  V.  tr.,  défricher. 

Berry,  défrcûcher,    défrichcter.  Morv.,  défreiichcr.  V.  fr., 
desfricher,  dojfrlclicr. 

DÉGAGÉ,  adj.,  prorapt,  vif,  intelligent  :  «  J'pens'ben  qu'ôl 
érivera;  ôl  é  prou  dégagé.  » 

DÉGAGER  (.s-e),  V.  réfl.,  se  hâter,  faire  vivement  :  «  Allons, 
v'ià  l'heure;  dégage-te.  » 

DÉGiGOUGNER,  v.  tr.,  disloqucT,  disjoindre.  Malgré  le  préfixe, 
simplement  euphonique,  ce  verbe  esta  peu  près  synonyme 
de  gigoagner,  qu'il  ne  fait  qu'accentuer  :  «  C'te  taule  é 
pis  c'te  cheire  sont  toutes  dégigougnées.  » 

Lat.,   disjungere.     Prov.,     desjonher.    V.    fr.,    des/oindre. 
(V.  Gigougner.) 


LANGAGE    l'OPULAIHF,    VEI{DUNO  CllALONNAIS 


115 


DÈGNE,  S.  f.,  tige  de  chanvre. 

Berry,  daigne.  Bourg.,  id.  Dauph.,  clagiiL  Fr.-Cté,  clagnc, 
daigne.  Jura,  dègne.  Mac,  id.  Morv.,  daigne.  Suisse  rom., 
dagna,  degna. 

DÉGÔNiCHÉ,  adj. ,  liahilh'  de  mauvaises  liardes,  à  moitié 
dévêtu. 

Morv.,  ({(''jouL'ilh''.  Toal.,  dcgargaillat.  {\ .  Dcpanelé, 
Dcniapc.) 

DÉGÔRDi,  adj.,  dégourdi. 

Morv.,  dègordi.  V.  fr.  degordeli,  desgoitrdi.) 

DÉGOUAiLLER,  V.  tr.,  dégoiseï',  parler  beaucoup. 

Berry,  dégoisiller.  Norm.,  dègois  (babil).  Poit.  dégouaiUvr. 
V.  fr.  desgoiser,  dcsgogser,  dcsgoj/s  (babil). 

DÉGOULINER,  V.  intr.,  découler.  Se  dit  d'un  liquide  qui  coule, 

plutôt  lentement  que  rapidement  :  «  Quand  ô  bouét,  l'vin 

li  dér/ouline  dans  sa  moustache,  jeûsque  d'su  l'mcnton.  » 

Lat.,    colarc.   Berry,    dàgoaliner.    Bourg.,   qucitlui.   Norm., 

dégouliner. 

DÉGREUBER,  V.  tr.,  remuer,  dégourdir,  réveiller,  tirer  d'un 
endroit  :  «  S'ô  n'vein  pas,  l'drôle,  ]n\ew\ixVdêgreùber.  » 
—  ((  Ma.  vein  donc,  ch'lite  panosse;  te  n'peux  donc  pas 
i'dégreùher  d'iqui?  ))  (V.  Déf/ueùgner.) 

DÉGRiGNER,  V.  tr. ,  détirer  du  linge,  mais  imparfaitement,  car 
ddr/rigner  veut  aussi  dire  :  le  mal  repasser  (V.   Coateler.) 

DÉGRLvioNER,  V.  iutr.,  geindre,  marmotler,  murmurer.  — 
Sens  tr.,  tirailler,  chagriner  quelqu'un,  le  malmener. 

DÉGUEUGNER,  V.  tr.,  battre,  donner  des  coups,  dégourdir, 
faire  marcher,  activer,  pourchasser  :  «  Attends!  attends! 
j'm'en  vas  Vdégueùgner!  »  (V.  Degrenber.) 

DEHORS,  adv.,  dehors.  Employé  dans  ces  locutions  bien 
locales  :  Entrer  dehors;  fremer  dé/iors.  a  Tatigué!  j'ai 
pardu  ma  cléë;  j'sus  fremé  dehors.  »  (V.  Diors.) 

Déjaul,  s.  m.,  dégel. 

St-Am.,  désëlou.  V.  fr.,  desgiel. 


116      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

DÉJAULER,  V.  tr.  et  intr.,  dégeler. 

Bourg.,  dé/allai.  St-Am.,  dc.:ëlé.  Vieux   fr.,  desgeler,  des- 
geller. 

DÉLIBÉRER,  V.  tr.,  débarrasser  :  a  C't'afâre  m'ostinôt;...  j'en 
seû  délibéré.  » 

DÉLIRE,  V.  tr.,  choisir,  trier  le  bon  parmi  les  légumes  qu'on 
épluche  :  «  AWdélU  les  harbes  por  sa  sôpe.  » 
Lat. ,  deliijere.  Bourg.,  dcleive.  Montr.,  délire.  Wall-,  élire. 

DÉMANGÔNER,  V.  tr.,  déchircr.  démancher,  mal  habiller.  Le 
gànerde  la  fin  du  mot  a  certainement  une  parenté  avec/yd- 
ner;  mais  l'un  se  prononce  très  bref,  et  l'autre  très  long. 
Bourg,  dèoningonai.  Forez,  mangon  (manche  d'outil). 
Genev.,  démangoitné.  Pic,  déinagandé.'Movv . ,  détnantigoncr. 
St-Am.,  déman^ouné . 

DÉMÀRER,  V.  intr.,  bouger,  quitter  un  endroit  :  «  Bon  sens! 
J'ons-t-i  évu  du  mau  à  Yikv&démârev  !  » 
Norm.,  démarer. 

DÉMAUGER,  V.  tr.,  ôter  la  mauvaise  chance,  enlever  un  sort. 
(V.  Manger.) 

DÉMiNGER,  V.  intr.,  démanger:  «   Dis,  dis!  on  vouét   prou 
que  la  langue  te  déminge.  » 
Morv..  demingcr.^  d'inin^er. 

DÉMiNUER,  V.  tr.,  diminuer,  amoindrir. 

Lat.,   diniiiiKere.   Berry,  déminuer,   diminuiser.    Cogn.,  dé- 
miiiiier.  Prov.,  dimiauar,  demenir. 

DÉMON,  s.  m.,  enfant  vif,    turbulent,  lutin,   mauvais  sujet, 
qui  remue  sans  cesse. 

hcLt.,  dœmoiiium.   Lim.,   denioun.   Poit.,    deinoniou.  Prov., 
deinoni.  (V.  Demoniâcle,  Diâbe.) 

DÉMONiÂcLE,  et  DÉMOUNÂCLE,  adj . ,  démoniaque.  Mêmes  ac- 
ceptions que  Démon. 

Lat.,    demoniacus.  Morv.,   démônaqhi.  Prov.,   dèmoniaj/x, 
démontât.  Vr.  fr.,  demoniaele. 

DÉMORTiR,  V.  t.T.,  faire  tiédir  de  l'eau  (l'eau  froide  étant  con- 
sidérée comme  mo/'^e), 
Montr.,  deniortir. 


I-ANHACE    POPULAIRK    \i:RDrNO  ClIALONNAIS  117 

DÉMOUNER  (.se),  V.  pron.,  se  démener,  se  donner  du  mouve- 
ment. 

Ital.,  tliinenarc.   Morv.,  se  dcnwnncf.  Prov.,    dcmenar.  Vr. 
fr.,  demeinef,  dcinainer. 

DÉNiÂPÉ,  adj.,  vêtu  de  haillons.  (V.   Dégàniché,   Dépanelé). 

Denrée  (bonne),  loc,  eau-de-vie,  liqueur,  eau-de  noyaux, 
dont  on  boit  un  petit  verre  après  le  repas  :  ((  Votre  père  est 
arrivé  à  bon  port,  et  déjà  le  bon  vin  et  la  bonne  denrée 
lui  rendent  un  peu  de  gaieté...»  (Correspondance  de  1816). 

DÉPÀiLLER,  V.  tr.,  déguerpir,  se  lever  en  toute  hâte.  En  Bour- 
gogne, on  dit  familièrement  :  ((  Sortir  de  «a  paille  »  pour: 
sortir  de  sa  paillasse,  de  son  lit.  (V.  E pailler.) 

DÉPANELÉ,  adj.,  qui  a  sa  toilette  en  mauvais  état,  presque  en 
lambeaux.  (V.  Dénidpé,  DégonicJié.) 

DÉPARTiAU  {la),  s.  f.,  la  Chanson  de  la  Mariée,  ainsi  nommée 
parce  qu'elle  a  pour  sujet  le  départ  de  la  fiancée  de  chez 
ses  parents.  —  Ce  titre  doit  se  donner  à  plus  d'une  chan- 
son, car  nos  chansons  de  noces  sont  assez  nombreuses. 
Tout  à  côté  de  Clialon,  à  Mellecey,  nous  en  avons  recueilli 
deux  (publiées  dans  la  Romania),  les  Epingles,  et  le 
Poumei.  Le  huitième  couplet  de  la  première  dit  : 

Jeune  lille,  souveiiez-\ mis 

Qu'il  vous  faut  quitter  père  et  mère. 

Pour  suivre  partout  votre  époux. 

Voyez  ce  que  vous  allez  faire  (bis). 

Jeune  fille,  souvenez-vous 

Qu'il  vous  faut  suivre  votre  époux. 

DÉPENDEU  d'andouilles,  loc,  hommc  mince  et  grand,  se 
tenant  mal,  dégingandé.  Ce  dépendeù  n'empêche  pas 
dépondre.  (V.  ce  mot.) 

Berry,  dèpcndclcux.  Morv.,  dèpcndeu.  (V.  Gigue  d'on- 
douilles.) 

DÉPEU,  prép.  et  adv.,  depuis.  S'emploie  fautivement  pour 
de  :  «  On  l'entend  bauler  dépeù  iqui.  » 

Ital.,  dopo.  Berry,  dépens,  dcspai/e.  Bourg.,  depcù,  depô. 
Bress.,  dinpi.  Danph..  du  dèpni.  Lim.,  depeip  Lorr.,  depe, 
depeii.  Mac,  dcinpi.  Moiv.,  dcpcn,  dupeu.  Poit.-  dépca.  Piov., 


118  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAlS 

depos,  depiteis,  dcspuoig.    St-Am.,   depi.    Sav.,  dàpoai.  Wall., 
dipeû,  dispcû,  dispôie.  V.  fr..  despuis,  dcspus,  dcspuj/s. 

DÉPIAUTER,  et  DÉPIAULER,  V.  ti'.,  écoi'cher,  enlever  la  peau  : 
((  All't'a  pris  l'iapin,  é  pi  d'eùn  tor  de  main,  ail 'te  vous  l'a 
dépiauté.  )) 

Moi-v.,  dépiotcr.  Nivern.,  id.  Norm.,  dépiaustcr.  Wall., 
dépioter. 

DÉPiGNER,  V.  tr.,  dépeigner,  mettre  les  cheveux  en  désordre. 
Berry.  dèpiijner,  dèpignàtrer.  Morv.,  Dépigner. 

DÉPLÂï,  s.  m.,  déplaisir. 

Ital.,  dispidcerc.  Lim.,  dèyplo^éï.  Fie,  dèplaisi.  Prov., 
desplaq,er.  V.  fr.,  desplaisir. 

Dépôcher,  V.  tr.,  dépêcher,  hâter  :  «  La  sôpe  é  trempée; 
dépùcheiQ.  ))  —  ((  V'tu  beu  Vdépàcher,  train-nard!  )) 

Ital.,  dispaccidre.  Bourg.,  dcpôchc.  Morv.,  dépoischer, 
dcpouéccr.  Wall.,  disprr/ii.  V.  ïv.,  dcspeecher,  despescher. 

DÉPONDRE,  V.  tr. ,  dépendre,  décrocher,  enlever. 

ha,t.  depender-c.  Forez,  dèpondre  (dégueniller).  Genev.,id. 
Lyon.,  id.  Morv.,  id.  Sav.,  id.,  décapa.  Suiss.  rom.,  dèpondre. 
Toul.,  dcsac/rafa,  desai-ra/ui.  V.  t'r.,  despendre.,  despondre. 

DÉQUEUTENER,  V.  tr. ,  peigner,  démêler  les  cheveux  :  «  Jean- 
nette, passe-me  voué  l'déqueùt'nou,  que  j'me  déqueùteùne.  » 
(Fontaines,  près  Chalon-s-S.)  (V.  Décjueùtir.) 

DÉQUEUTENOu,    S.    m.,    peigne,  démêloir.    (Fontaines,    près 
Chalon-s-S.) 
Mervaiis,  dèqiieâtichoK. 

DÉQUEUTiR,  V.   tr.,  peigner,  démêler  les  cheveux.  Ce  mot, 
comme  les  deux  précédents,  vient  du  temps  où  l'on  portait 
la  queue. 
Louhans,  dèqucàtir.  (V.  DèqKci'itt'ncr.) 

De  quoi,  s.  m.,  bonne  position,  fortune.  Se  prend  dans  le 
sens  absolu.  Avoir  ((  de  quoi  »,  avoir  de  l'aisance,  être 
riche  :  «  0    vont  marier  sa  fille;  ôl  a  d'quoi.  » 

Berry,  de  quoué.  Bourg.,  dequei.  Bress.,  de  quai/.  Mac,  de 
'/««?'. -Sav.,  de  que. 

Der,  adj.,  dernier.  Les  enfants  ne  sont  pas  verbeux.  Toutes 


LANGAGE    POPUI.AIKE    VKRDUNO-CFIALONNAIS  ll'J 

les  fois  qu'ils  ont  à  établir  un   nuinérolage  d'ordre  pour 
leurs  jeux,  ils  comptent  ainsi  :  ((  pvp,  .sp,  der,  »  ce  qui  veut 
dire  :  p/'emier,  seconû,  derx\\(iï-. 
NoVln.,  dérala.  Wall.,  dern.  V.  fr.,  dcraiii.  (V.  Pre,  Se). 

DÉRÂCHER,  V.  tr. ,  arracher,  déraciner. 

Ital.,  disradicare.  Berry,  dérachcv.  Moiv. ,  dèraicher , 
dèraicer.  Pic.  dèrnchnr,  dèracheiner.  Poit.,  dèvdcher.  Prov.. 
desrai/ffar,  dcsvaj^igar.  Tonl.,  dcrruja,  darriga.  V.ïw,  desra- 
chinner. 

DÉRÀïoNER,  V.  intr.,  déraisonner,  perdre  le  sens. 
Morv.,  dèraïonncr.  V.  fr.,  dcsranier. 

DÉRiROULER,  V,  iutr.,  dégringoler,  tomber  en  roulant  :  «  Les 
charbons  ont  déribonlé  su  l'carreau.  » 

Prov.,  dègrUjouIer,  dèringoter.  Rouch.,  dèru'Oiilcv.  St-Am., 
dègr'iigoulè.  (V.  Déharouler.) 

DÉRÔTER,  V.  tr.,  dérouter,   sortir  un   char  d'une  ornière  où 
sont  engagées  les  roues. 
Montr.,  dcrotcr.  V.  fr.,  doironter. 

Désaboltoner,    et    Désabout'ner,    v.    tr. ,   déboutonner: 
«  C'drôle,  ô  cort  tôjor  d 'avou  sa  cueùlôte  désaboutonée.  » 
V.  fr.,  deshoutoiiner. 

Désempiger,  V.  tr.,  dépêtrer. 

Ital.,  spa^tojari'.  Bourg.,  dcacmpijaL  Toul.,  desempacha, 
dcrra/nboitiUa,  cissinja.  V.  fc,  despesirer. 

Des  fois,  loc.  adv.,  parfois,  quelquefois:  <(  Y  a  des  fois 
qu'j'ain-me  ben  causer  d'avou  âll',  des  fois  qu'âll'  jacasse 
trop.  » 

Bas.-Alp.,  des  fois.  Cogn..  des  fois.  Htes-Alp.,  des  fois.  (V. 
Coup.) 

Dessiàler,  V.  tr.,  déboucher  un  tonneau,  en  ôter  la  bonde. 
Moiv.,  dessiàler. 

Dessô,  adv.,  dessous,  sous. 

Ital.,  disotio.  Beri-y,  dessour.  Bourg.,  de^ô^  deseù.  deso. 
Lyon.,  desso.  Morv.,  dessos.  Pic,  de^ous,  edsous.  Prov.,  de- 
sot:^,  desost^.  Rom.,  dojosf.    St-Am.,    dec/wit.  V.   fr..   deso^, 

d;;  t:,   l'.'iJ  (5,  d(;io:i.~. 


120      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Dessur,  adv.,  dessus  :  «  J'étôs  ben  tranquille;  ô  m'a  tombé 
(Vssur.  »  —  «  Y  é  lu  qu'a  mau  fait,  é  pi  on  m'y  a  métu 
d'ssur  le  dos.  » 

Ital.,  disopra.  Berry,  dessur.  Bourg.,  t/essu.  Genev.,  dessur. 
\[.-Y'.,  dessur.  Morv.,  dcuchu.  Norm.,  desur,  dessur.  Pic,  des- 
seure.  Prov.,  dcsobre.  Rouch.,  c/esew/-,  dzeur.  St-Arn.,  desu. 
Sav.,  déchu.  V.    fr.,  dcsur,  dessur,  desor,  dcsu^. 

DèT,  s.  m.,  doigt  :  «  L'maître  d'école  li  a  baillé  suies  dèts.  » 
Lat.,  digitus.  Ital.,  dito.  Bas-norm.,  de.  Bourg.,  c/o(.  Bress., 
daij.  Flam.,  dogt.  Il.-V'.,  da.  Lim.,  dé.  Loir.,  dcye.  Mac,  day. 
Niver.,  det.  Poit.,  det.  Roucb.,  dogt  (prononcé  do).  St-Am., 
dà.  Saint.,  dèt.  Sav.,  dà.  Wall.,  deur.  V.  fr.,  det,  doit,  doic, 
do  g. 

Détaicher,  V.  tr.,  détacher. 

Ital.,  distaccare.  Bourg.,  dèteichai.  Prov.,  destacar.  V. 
fr.,  détachier,  destaher,  destacher. 

DÉTÔR,  s.  m.,  détour:  «  J'étions  su  la  levée,  làvou  c'  que  1' 
Doubs  fait  son  détbr.  » 

Bourg.,  détor.  Morv.,  dètor.  St-Am.,  dètou.  Vr.  fr.,  destor, 
destour. 

DÉTORBER,  V.  tr,,  troubler,  déranger. 

Berry,  dètorber,  détourbcr.  Guern.,  destorbair.  Maine,  (/<^- 
tourber.  Morv.,  déteurber.  Norm.,  détourber.  Pic,  déturber. 
Poit.,  déturber.  Suiss.  r.,  aestorba. 

Détorner,  V.  tr.,  détourner  du  chemin. 

Bourg.,  détonai.  Morv.,  détorner.  V.  fr.,  desiorner,  des- 
tourner, destur/ier. 

Deijr,  adj . ,  dur,  rude. 

Lat.,  duras.  Ital.,  dtiro.  Il.-V'.,  duss.  Morv.,  deur.  Prov.^ 
dur.  St-.\m.,  du.    V.  fr.,  dure.  (V.  Dur.) 

Deùrement,  adv.,  durement. 

Ital.,  durainente.  Il.-V".,  duss  (commet/»/').  Morv.,  deùre- 
ment. Prov.,  durainen,  duranient.  St-Am.,  durenié. 

Deux-sou.s  [un],  loc,  manière  de  désigner  la  pièce  de  dix 
centimes:  ((  L'mossieu  ôl  a  rencontré  eùn  pauve,  é  pi  ô  li 
a  beillé  un  deux-sous.  » 

Devant,  loc.  adv.,  de  plus  que:  «  01  a  deuxansc?'ra/ii  moue, 
l'Tiénot;  n'empoche  qu"ù  trime  tôjor.  » 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  121 

Devant,  prép.  et  adv.,  avant:  «  lïoani  que  d'parler,  faut 
ben  des  fois  r'torner  sa  langue.  »  —  «  La  Rose,  allé  a  évu 
son  p'tiot  d'vant  la  Jeanne.  » 
Morv.,  deoan.  Toul.,  daban. 

Devant  [au,  à  son),  loc.  adv.,  à  la  rencontre:  «  J'vonsli 
aller  au  cCvant.  » 

Bourg.,  deoan.  Genev.,  au  deoant.  Poit.,  à  la  douant.  Vx. 
fr.,  à  l'audccant. 

Devantée,  s.  f.,  ce  qui  tient  dans  un  «  devantier  »,  plein  un 
tablier. 
Norm.,  deoantée. 

Devantei,  s.  m.,  devantier,  tablier:  «  Mets  donc  ton  d'cantei: 
t'vas  barboter  ta  robe.  » 

Ai'den.,  deoantier.  Artois,  acouvcheu.  Beri'y,  dcvanteati. 
Bourg.,  devantei,  deoanté.  Champ.,  devantrin.  Forez,  devan- 
teau,  deoanti.  Hte-Auv.,  dcvantar.  Il.-V".,  dccaniiau.  Jura, 
décanté,  decantie.  Lorr.,  d'oantré.  Mac,  deoaati.  Marn., 
decantier.  Merv.,  d'vanti.  Montr.,  decantier.  Morv.,  devante. 
Norm.,  deiiantet,  dcvantiâ,  devanteau.  Pic,  vaintieu.  Poit., 
devant.  Ponth.,  chinoiv.  Rom.,  davantal.  St-Am.,  devèti. 
Saint.,  devanteau.  Sa,v.,  foeudâv.  Toul.,  dabantal,  damantal. 
Vosg.,  devaintri.  Vx.  fr.,  devanteau,  devante:;,  devantier.  (V. 
Devanteire.) 

Devanteire  et  Devantière,  s.  f.,  tablier.  Syn.  du  précédent. 
Berry,  devanteire.   Poit.,    decantaère.  Vx.  fr.,  devantière. 
(V.  Devantei.) 

Devar,  prép.,  devers,  aux  environs  de. 

Bourg.,  decè.  Lyon.,  devai.  Morv.,  deoé.  Vx.  fr.,    devers. 

Devargonder  (se),  v.  réfl.,  se  dévergonder,  devenir  effronté, 
impudent. 

Lat.,  de  verecundia.  Pvov .,  desvergonhar,  desverç/oignar. 
Toul.,  debergougnai.  Vx.  fr.,  desvergogner. 

Déveler,  V.  intr.,  dévaler,  partir  vivement:  ((  Drès  qu'ô  t'a 
éporçu,  ôl  a  drôl'ment  dev'lé.  » 

Ital.,  divallare.  Berry,  devaller.  Bourg.,  dévaulai.  Forez, 
devulla.  Lorr.,  déceler.  Montr.,  décaler.  Morv.,  dévoler. 
Norm.,  devaller.  Poit.,  devaller.  Prov.,  devalar,  davalar. 
Rouch.,   décaler,  devoler.   Suiss.,   décala.    Vx.  fr.  desvaler. 


(V.  Découler.) 


14 


122      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Deveni,  V.  intr.,  venir,  revenir.  Se  prononce  indiÊféremment 
deoni,  ou  deveni,  selon  la  tonalité  de  la  phrase:  «  D'iavoù 
c'ât-i  qu'  te  d'ceins?  » 
Morv.,  dceeai.  -St-Am.,  deocni. 

Devinerôte,  s.  f.,  devinette.  J'emprunte  celle-ci  à  Jules 
Guillemin: 

Qu'est-ce  qui  a  cent  têtes  et  cent  cotillons 
Et  qui  n'a  pas  de  chair  gt-os  comme  un  mouchillon? 

(Un  Van.) 

Morv.,  deoinotte.  Norm.,  dcvlnaille.  Vx.  fr.,  devinaille. 

Devinou,  s.  m.  et  adj,,  qui  devine. 

Ital.,  dteinatore.  Bourg,  decignou.  Prov.,   devinaire,   devi- 
nador.  Vx.  fr.,  demncotir,  deinnceur. 

DÉVIRER,  V.  tr.  et  intr.,  dérouler,  détourner,  faire  un  détour: 
((  Ma  grand'  a  déviré  tout  son  fî.  »  —  «01  a  déciré  du 
cliumin.  » 

Fr.-Cté,  daicirè.  Liui.,  dèoira  (retourner).   Montr.;,  devirer. 
Morv.,  devirer.  Poifc.,  devirer. 

Dévirou,  s.  m.,  dévidoir. 

Berry,  déoidoué.  Bourg.,  deeideà.  Morv.,  devedeaa,  deoedou. 
(V.   Virandiau,  Ec/iavon.) 

Dévorer,  v.  tr.,  déchirer:  «  Sa  cueûlote  et  en  âcles  ;  ô 
m'  dévorée  tous  ses  ébits.  » 

Berry,  dévorer.  Morv.,  dèooirer.  Norm.,   dévourer.   Saint., 
dévoirer.  Suiss.,  devoura. 

Dévouer,  v.  tr.,  devoir. 

Ital.,  dovere.  Prov.,  dever.  St-Am.,  devà.  Vx.  fr.,  delwoir. 

DÉVOULER,  V.  intr.,  dévaler:  «  Allons,  bon!  v'ià  mét'nant 
mon  chapiau  qui  déooulel...  01  a  (iéoo?</é  jeûsque  dans  la 
fondrée  du  champ,  »  (V.  Déceler.) 

D'hasar,  loc.  adv.,  peut-être.  Assez  souvent  prise  dans  un 
sens  dubitatif:  «  Vein'rez-vous  pas  vouer  nout'  fille?  —  Y 
é  ben  d'hasar.  » 

Diâbe,  s.  m.,  diable.  S'applique  aux  enfants  bruyants  et 
indisciplinés. 

Lat.,  diabolus.  Ital.,  diabolo.  Bervy,  guiàbe.  Bourg.,  diàle. 
Jura,  diale.  Lim.,  diable,  hovv.,  diàle.  Morv.,  guiàbe.  Rouch., 


LANCAOF.    POPULAIRE    VKRDUNO-CHALONNAIS  1^3 

(Unie.    St-Ain.,  duiblon.  Saint.,  diàhe.  \\^ nW . ,  d iale .  Vx.  fr., 
diaiile,  diarl(\  dcahlf.  (V.  Dc/iio/i.) 

DiAU,  s.  m.,  dé  à  coudre. 

ltix\.,ditale.  Anjou,  dcuiit.  Berry,  diau.  Genev.,  drrr.  Gucrn., 
dâic.  Jura,  daiau,  delaa.  Lorr.,  daa.  Moiitr.,  dican.  Morv., 
dau.  Norra.,  daiot.  Poit.,  dna,  diau,  dianlc.  St-Am.,  dune. 
Saint.,  daa.  Toul.,  didal.  Vx.  fi'.,  del,  deel. 

DiFÈRENCE,  S.  f.,  différence.  Se  prononce  très  ouvert. 
St-Am.,  dijeranchc. 

Dinde,  s.  masculinisé  chez  nous,  comme  plusieurs  autres  : 
((  Por  la  fête,  nout'fiUe  nous  a  envié  eùii  biaa  dinde.  »  — 
On  donne  aussi  ce  nom,  mais  en  lui  rendant  son  genre 
féminin,,  à  une  fille  ou  femme  bornée  :  «  T'as  causé  d'avou 
la  Jaqueline.  y  et  eùne  fameuse  dinde.  » 
Genev.,  dinde  (ra.). 

DiNOu,  s.  et  adj.,  dîneur.   On   appelle  dinous  les  convives 
d'un  dîner 
Morv.,  duiou. 

DiONT,  et  DisoNT,  3"  pers.  pi.,  disent:  «  O  diont,  é  qui, 
portant.  » 

Bress.,  dion.  Sav.,  dion. 

DiÔRS,  adv.,  dehors.  Prononciation  monosyllabique  et 
très  rapide. 

Lat.,  forts.  Ital.,  fuorl.  Berry,  diors.  Bourg.,  hor,  dcfcur. 
Bvess.j  dcfour.  Dauph.,  defour,  dchor.  Genev.,  dehors,  hang., 
Joro,  dcforo.  Lim.,  defùro,  dèjbrè.  Lyon,  defour,  de/or,  four. 
Morv.,  dor,  dior.  Prov.,  defora,  dèfoucra.  Rom., /o/'S,/oras, 
dcfors,  defora.  St-Am.,  defeû,  defou,  dor/ô.  Saint.,  dilwrs, 
diors,  dhoire.  Saw,  dèiôr,  defour.  Vx.  fi'.,  defora,  defors. 
(V.  Dehors.) 

Diou,  s.  m.,  Dieu. 

Lat.,  Deus.  Ital.,  Dio.  Bas-norm.,  Du.  Bourg.,  Dei.  Bress., 
Di.  Fr.-Cté,  Due.M-dc.,D(''.  Montv.,  Diu.  Pic,  Diu,Giu.  Pvoy_ 
Deus,  Dieus.  St-x\m.,  Die.  Sav.,  Diu.  Toul.,  Dius,  Dious.  Vx. 
fr.,  Deus,  Dex,  Diex. 

Dire,  v.  intr.,  sembler,  paraître  ;  ((  J'ai  d'jà  baliyé  deux  fois 
à  c'maitin;  on  n'y  dirijt  pas.  »  C'est-à-dire  :  ya  n'y  paraît 
pas;  c'est  déjà  sale  à  nouveau. 


124      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Disons-Disettes,  loc,  causeries,   bavardages,   confidences. 
Berry,  disettes.  Morv.,  disettes.  Saint.,  disettes. 

Disou,   s.  et  ad]'.,  diseur  :  «  01  a  dit  c'qui  ?  Bah!  y  et  eùn 
disou  d'ran.  » 
Lyon.,  dsi^ou.  Morv.,  diou.  Prov.,  disedor,  di^^idor. 

Dissiper,  v.  tr.,  désennuyer,  distraire.  Un  vieillard  de 
95  ans  nous  disait  ;  «  J'tra vaille  tôjor  eùn  p'chô;  ça 
m'dissipe.  » 

Divarti,  V.  tr.  divertir,  amuser. 

Lat.,    dioertere.   Morv.,   dioarti.    St-Am.,    dèoevti.  Vx.  fr., 
diccrtir. 

Divartissement,  s.  m.,  divertissement,  amusement. 
Morv.,  dioartisseniciit.  Vx.  h'..,  divertissement. 

Diverse,  adj.,  gai,  diable,  difficile  à  tenir,  à  élever  :  «Mon 
Diou  !  que  c' petiot  é  donc  diverse  !  » 

Bei'ry,  dioars,  dioarsieux.  Bourg.,  dioars,  digalice.  Montr., 
dioers.  Morv.,  diverse,  dioarse.  Poit. ,  divers,  divarse.  Saint., 
divei'se. 
J.  Guillemin  éci'it  divers,  en  disant  que  l's  se  fait  sentir. 

D'jA,  adv.,  déjà. 

Bourg.,  Jei,     dèji,   degy.   Vx    fr.,    dès  j'à,    desj'a,   ja-dè-Jà 
(V.  Jà.) 

DÔDÙ,  adj.,  polisson,  gamin  :  ((  Boufre  de  dàdô,  va!  »  On 
voit  que  ce  mot  diffère  du  vocable  enfantin  qui  veut  dire  : 
lit. 

Morv.,  Dôdo  (Claude),  chez  nous,  Dodiche  (Claude). 

Doguer,  V.  tr.,  attendre,  toucher.  Expression  enfantine, 
dont  ne  se  privent  pas  les  écoliers. 

DoGuiN,  adj.,  rogue,  grincheux,  qui  a  une  humeur  de  dogue, 
signifie  aussi  :  polisson. 
Morv.,  doguin  (doux,  facile,  sans  malice). 

DoMAiN-NE,  s.  m.,  domaine,  |)ropriété. 

l.at.,   doininiuni.  Morv..  dô/neii/ie.  St-Am.,  dotnène.  V.  fr., 
de/naine,  detnoigne. 

Dormant,  part,  substantivé,  qui,  avec  celui  dérivant,  donne 
une   saveur  toute  particulière  à  la  formule  du  a  Bonjour  à 


LANOAOE    POPULAIRE    VERDCNO-CHALONNAIS  125 

Mars  ».  Voici  cette  formule  :  ((  Bonjour,  Mars!  Comment 
te  portes-tu,  Mars?  Montre-moi  dans  mon  dormant  celui 
que  j'aurai  dans  mon  vivant.  »  Il  n'est  pas  une  jeune 
fille,  villageoise  et  même  citadine,  qui  n'attende  avec  im- 
patience le  moment  de  la  prononcer.  Quand  Février  va 
finir,  et  à  la  première  minute  de  Mars,  elles  ouvrent  leur 
fenêtre  et,  personnifiant  le  mois  dans  lequel  on  entre, 
elles  lui  adressent  l'invocation  rapportée  plus  haut.  Elles 
se  couchent  ensuite,  et  le  rêve  de  la  nuit  vient,  la  plupart 
du  temps,  leur  «  montrer  »  l'image  de  celui  qu'elles 
désirent  et  doivent  avoir  pour  mari.  — Cette  coutume, 
comme  fond  est  répandue  presque  partout;  mais  dans 
chaque  localité,  elle  diffère  par  les  détails.  En  Morvan, 
les  jeunes  gens  des  deux  sexes,  à  la  même  date  et  toujours 
à  minuit,  un  pied  dans  la  maison,  un  pied  dehors,  for- 
mulent ainsi  la  même  invocation.  «  Mair,  joli  Mair,  di- 
moué  dan  mon  droaman,  c'qui  aire  dans  mon  vivan.  )) 
Vx  fr.,  donnant.  (V.  Vivant.^ 

Doter,  v.  tr.,  ôter  :  «  Jean,  dôte-te  donc  d'ià  ;  t'mempôch's 
de  passer.  »  —  «  Poui  !  p'tiot  mouchou  !  y  é  prou  peut. 
V'tu  ben  doter  les  dèts  d'ton  nâz!  »  —  «  Avant  d'ii  beiller 
l'saichot,  ôl  en  a  ben  doté  tous  les  sous.  » 

Berry,  dater.  Genev.,  doter.  Morv.,  doter,  oûtcr.  St--Am., 
deûtè. 

Doucî,  v.    tr.,   adoucir,    attiédir  :    ((   J'm'en  vas  fâre  douci 
d'I'iau  su  l'feù.  » 
Bourg.,  douci.  Pic,  doucir. 

DouçoT,  adj.,  doux,  doucet,  agréable. 

Bourg.,  douçô,  -ceute.  Lille,  douche  (2  genres).  Norm.,  dou- 
cleux.  Prov.,  dosset,  dousset. 

DouÉLE,  S.  f.,  douve  de  tonneau. 

Bas-lat.,  doela.  Berry,  douelle.  (3hamp.,  douille,  doupcdn. 
Maine,  douelle.  Morv.,  douelle.  Norm.,  douelle.  Pic,  douelle. 
Poit.,  douelle. 

DouiLLOT,  adj.,  douillet,  délicat. 

Bress.,  deuillan.  Morv.,  deuillot.  St-Am.,  doultjë. 

DouMAGE,  s.  m.,  dommage,  dégât. 

Berry,  demage,  d'niage.  Bourg.,  deamaige.  Pic^  damage. 
Vx.  fr.  damage,  daumage. 


136  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

DouNER,  V.  tr.,  donner,  procurer. 

Lat.,  et  Ital.,  donavc.  Berry,  donner.  Bourg.,  denai.  Laiig., 
donna.  Morv.,  donner.  Prov.,  donnar,  donar.  St-Am.,  balj/c. 
Wal.,  dincr.  Vx.  fr.,  doner,  doguer. 

DouTANCE,  s.  f.,  doute,  soupçon,  crainte,  idée:  «  J'ai  ben 
eùn  p'cliô  doutance  de  c'qui.  » 

Ital.,  dotta.  Bourg.,  dote.  'L\\\Q,dontance.  Marne,  dontance. 
Poit.,  dontance.  Pîo\.,  dopte,  dnpte.  Saint-,  doutance.  Vx.  fr., 
dotance.,  dutan.ce,  douhte. 

DotivE,  s.  f.,  haie  vive,  sorte  de  clôture  très  usitée,  établie  en 
forme  de  mur  sur  la  terre  extraite  d'un  fossé.  On  appelle 
aussi  cette  terre  :  la  douve  du  fossé. 

Ital.,  doga.  Norm.,  f/oMfc  (grand  fossé  d'eau).  Prov.,  dogua 
(creux).  Wall.,  dète.  Vx.  fr.,  doec,  denve,  doiihe,  donvre. 

Doux  [du],  loc.  Liqueur  «  de  dame  )).  S'offre  à  l'arrivée  d'une 
visite,  et  au  dessert:  «  Eh  ben!  la  Giraude,  que  qu'vôs 
v'iez?  Du  doux,  ben  seùr?  »  —  A  propos  de  doux,  un 
paysan  a  dit  un  si  joli  mot,  qu'on  trouve  bon  de  le  répéter. 
Il  sirotaii  un  petit  verre  qu'on  venait  de  lui  verser.  Après 
l'avoir  mis  à  sec,  il  le  pose  et,  levant  les  yeux  d'un  air 
extatique:  «  Y  ôt  gros  bon,  dà!  On  dirôt  que  l'bon  Diou 
vous  descend  dans  l'garguillôt  d'avou  eùne  cueùlote  de 
velors!  »  —  A  l'appui  de  ce  dire,  voici  une  variante  prise 
d'une  note  de  J.  Durandeau  :  «  D'après  M.  Clément-Janin, 
les  buveurs  d'un  cabaret  de  la  rue  du  Bourg  s'écriaient,  en 
humant  l'excellent  piot  qu'on  y  servait:  C'a  du  velor,  c'a 
de  lai  miguée!  On  diro  que  le  bon  Dieu  s'évaule  dans  vote 
garguillô  aivô  sai  cueuliote  de  péâ  d'iaipin,  »  —  La 
première  version  marche  plus  rondement. 

Lat.,  dnlciê.  Ital.,  dolcc.  Prov.,  doL,  dos,  dons.  Vx.  fr., 
dnlce,  dnl^,  don.;. 

Dragées,  s.  f.,  grains  de  maïs,  qu'on  a  fait  éclater  sur  le  feu 
dans  une  poêle  percée,  et  dont  les  parties  gonflées  présen- 
tent une  surface  très  blanche.  La  jeunesse  les  croque  à 
belles  dents. 

Ital.,  treggea.  Bourg.,  draigèe.  Morv.,  drengie.  Prov., 
dragea.  Vx.  fr-,  dragic.  (V.  Dames.) 


LANOAGI';    POI'ULAIKE    VERDUNO-CH ALONNAIS  127 

Brailler,  v.  inlr.,  courir,  se  sauver  vile  :  ((  Atlenils  !  attends  ! 
i'm'en  vas  t'envier  dràlller!  » 

Forez,  drayà  (patauger).  Frov.,  draiia  (loulci' en  marchant). 
Sav.,  dàillcr.  (V.  Drillcr,  Dcveler.) 

DrapL'Vu,  s.   m.,  drap  d'enfant,  lange:  «  Ole  ben,  r[)etiot  ; 
i'I'ai  métu  dans  des  drapiaux  tout  blancs.  » 

Ital.,  drapello.  Aube,  drapais.  Berry,  dvapiau.  Bourg., 
draipèa.  Lim.,  dropéàs.  Lorr.,  drèpès.  Mcâc,  petà.  Marne, 
drapais.  Morv.,  draipeai,  drapiau.  Norm.,  drapcf,  drapcl. 
Poit.,  di-apcas.  Prov.,  drapcl.  Wall.,  drapiau.  Vx.  fr., 
drapiau^  drapcl.,  drappcau. 

Dremi,  V.  intr.,  dormir,  être  inerte,  engourdi. 

Lat.,  et  Ital.,  donnire.  Ardèch.,  drami.  Béarn.,  drounii. 
Berry,  dearini,  dourinir.  Bourg.,  dremi,  drcuini.  Bress., 
drcuincr.  Bugey,  droini.  Dauph.,  dormi.  Lim.,  deur/ni.  Lorr., 
dreumi.  Mac.,  dremi.  Montr.,  drcmir.  Morv.,  drcu/ui, 
dreume  (sommeil).  Prov.,  drouini,  durmir.  St-Am.,  dremi. 
Sav.,  dremi.  Vosg.,  drcuini.  Vx.  fr.,  dormir. 

Dremoû,  s.  et  adj.,  dormeur. 

Ital.,  dormitore.  Morv.,  drcinou.  Prov.,  dormidor.  Vx.  fr., 
dormar. 

Drès,  prép.  de  temps,  dès:  «  Drès  que  j'I'ai  voyu,  j'ii  ai  dit 
la  chouse.  » 

Lat.,  de  ex.  Berry,  drès.  Bourg.,  dô,  dos  ici  (dès  ici).  Lorr., 
da.  Lyon.,  dret  que.  Prov.,  des,  deis.  St-Am.,  dé.  Vx.  fr., 
dès. 

Dresser,  v.  tr.,   servir,  tremper.  On  entend  fréquemment 
dire:  «  Dresser  la  sôpe.  )) 

Bourg.,  dreussai.  Pic,  drecher.  Prov.,  dressar,  dreissar, 
draçar.  Vx.  fr.,  drccier,  dresccr,  drcccr. 

Dresser  (se),  v.  pron.,  se  tenir  debout  :    «  Eh!  la  belote, 
dresse-te  vouer  eùn  brin,  qu'on  ar'garde  ta  joulite  mine.  » 
Angl.,  io  dress.  Berry,  se  derser  (s'habiller).  Midi,  se  dres- 
ser. Norm.,  se  drcchier  (s'habiller). 

Drèt,  adj.  et  adv.,  droit,  justement:  «  Drèt-là!  v'tu   v'ni!  )) 

*Lat.,  directus.  Ital.,  diretto.  Berry,  drèt,  dreit.  Bouvg-,  drai. 

Bress.,  dray.  Fr.-Cté.,  di-èL  Genev.,  droit  (juste).  Il.-V%  dret. 

Lang.,  drè.  Lorr.,  dro.  Morv.,  dret,  drci,  drai-lai-lai.  Norm. 


128      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

dreit.  Pic,  drèt.  Poit.,  drèt,  dré.  Prov.,  dref,  droit,  drcg. 
St-Am.,  drâ.  Saint.,  droit .  Sav.,  droï.  Toul.,  dret,  droj.  Vx. 
fr.,  dret,  droit. 

Dreù,  ad].,  dru,  fort,  touffu. 

Morv.,  drou.  Prov.,  driit.  Vx.  fr..  dru^. 

Driller,  V.    intr. ,  courir,    vagabonder,   jouer,  folâtrer,   et 
aussi  :  avoir  la  diarrhée. 

Bar-s-S.,  driller  (ramasser  de  vieux  chiffons).  Berry,  drillon 
(homme  efflanqué).  Bourg.,  drillai.  Bress.,  druifjer.  Dauph., 
drugeior.  Forez,  drugi,  drugior.  Jura,  drugcr.  Lyon.,  drugi^ 
drugier.  Maine,  drugir.  Morv.,  dreiiiller.  Norm.,  drugor, 
dragir.  Poit.,  drugor.  (V.  Dr  ai  lier,  Drouiller.) 

Drogue,  s.  f.,  donné  en  épithète  aux  personnes  de  peu  de 
valeur:  «  Oh!  côge-te  donc,  ch'tit'  droguel  » 
ItaL,  droga.  Bourg.,  drogue.  Prov.,  drogua. 

Drôlasse,  s.  f. ,  fillette,  jeune  servante. 
Montr.,  drôlasse.  Toul.,  droullcto. 

Drôlet,  s.  m.,  petit  drôle,  jeune  domestique. 

Bourg.,  drôlai,  dreule.  Genev.,  drôle  (garçon).  Lorr.,  dreule. 
Montr.,  drôle.  Toul.,  droullet.  Vx.  fr.,  dratilo,  drolle. 

Brouille,  s.  f.,  excréments  liquides. 

Berry,  drille.  Fiam.,  droule.  Jura,  drille.  Lille,  drisse. 
Morv.,  drille.  Pic,  drouille,  drinse.  Rouch.,  droule. 

Brouiller,  v.  tr.,  avoir  la  diarrhée,  rendre  des  excréments 
liquides.  (V.  Driller,  et  Brailler.) 

Brouilloîi,   s.    m.,  qui  a  le  cours  de  ventre,  et  aussi  petit 
drôle,  jeune  gamin. 
Berry,  drdloux,  Flam.,  drouilloux.  Morv.,  droillou. 

Bu  d'puis,  prép.,  depuis,  depuis  lors. 

ItaL,  dopo.  Berry,  dopous,  dcpuge,  dèpuirc.  Bourg.,  depeu, 
depô.  Prov.,  despuois,  despucis,  do.pos.  Rouch.,  dudépuis. 
\Vall.,  dipeû,  dispeù,  dispôie.  Vx.  fr.,  despuis,  depugs. 

BÛR,  adv.,  fort,  beaucoup:  «  O  mainge  dur,  y  é  bé  vrâ;  niâ 
ô'  pioche  diir  itou.  » 
Lat.,  durus.  ItaL,  dura.  Prov.,  dur.  Vx.fr.,  dur.  (V.  Dciir.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VEIIDUNO  COALONNALS  129 

D'vAN  HIER,  et  D'vAN-z  HIER,  adv.,  avaiit-hicr. 

Lat.,  ante  herl.  Boui'g.,  airan-/,-hic.  Cogn.,  iCcan  Idcr.  Vx. 
fr.,  amantier^  avant  ter. 

D'vENiR  (en),  lo(\,   venir  de:  «  As-tu   été  qu'ri  do  l'iâ?  — 
Voui,  yen  d'tx'ins.  » 


E 


E  muet,   glissé  en  parasite  dans  les  conditionn.  prés.  :  ((  Je 
prenderions,  je  suiverions,  »  etc. 

É,  3®  personne  de  l'auxil.  être  :  ((  Y  ^  bon  ». 
Bress.,  <i.  Bugey,  é,  Sav.,  é  (V.  àt). 

É,  2^  personne  de  l'auxil.  avoir  :  «  Vous  é  bé  boune  mine, 
auj'deù,  la  vouésine.  » 
Bugey,  ay.  Sav.,  eï. 

Ébandoner,  V.  tr.,  abandonner. 

Itai.,  abbandonnare.  Bourg.,  cbaadenai.  Movv.  aibandouner. 
Prov.,  abandonav.  Vx.  fr.,  abandaner,  abandotner,  haban- 
donncr. 

Ébatre,  V.  tr.,  abattre  :  «  ôl  a  éhatu  l'oïau.  » 

Ital.,  abbatere.  Bourg,,  aibaitre.  Morv,,  aibaUre.  Prov., 
abatre.  VJdiW.,  abate.  Vx.  fr.,  abaérc,  abattre.  (V.  Èbôler.) 

Ebeùrcher,  v.  tr.,  ébrécher. 

Genev.,  èhercher.  Jura,  èbercher.  Pic,  éberluer.  Rouch., 
èbercher.  Vx.  fr._,  csbrcchier,  csbrccher. 

Ébeijrluqué,  adj.,  distrait,  évaporé,  étourdi. 
Pic,  eberlukà. 

Ebeùrlute,  s.  f.,  éblouissement  :  ((  A  quand  jem'leùve,  j'ai 
des  ébeùrlutes.  » 

Ital.,  barlumc.  Berry,  crbehitcs.  Bourg.,  èbreluë.  Lyon., 
èbarliaude,  er/barliaudc.  Maine,  èbèluitlon.  Norni.,  éber- 
louctte,  ber luette  (étincelle).  Poit.,  erbelutte,  arbelutlc.  Prov., 
èbarliaude. 


130  LAN(iAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Ebeùrluter,  V.  tr.  et  iutr.,  ('Iilouir  momeiilanément,  frap- 
per vivement  la  vue,  presque  aveugler,  avoir  des  éblouis- 
seraents  :  «  L'élidema  ébeurlaté.  » 

Berry,  èberlutcr,  erbclutcr,  bcrlatcr.  Champ.,  ébcrlncter. 
Lim.,  étjblah.:;!.  Montr.,  éberluter.  Morv.,  èberUiter.  Norm., 
èbèUter.  Poit. ,  ébcrlaiai.  Prov.,  ébrclioudar.   Saint.,  hcrlidcr. 

Ébôler,  V.  tr. ,  ébouler,  renverser,  démolir  :  ((  L'bestiâ  !  en 
v'iant  la  côvri,  ôl  a  éhôlé  sa  cadole!  » 

Bourg.,  èbôllai,  èbôli.  Montr.,  èboilcr.  Vx.  fr.,  esbouicr. 
(V.  Ébaire.) 

Ébôbi,  adj,,  ébaubi,  ébahi,  étonné,  stupéfait  :((  Que  qu'tas 
donc,  qu'te  v'Là  tout  ébôbi?  » 

Lat.,  balbus.  Berry,  abaubis.  Bourg.,  èbùbi.  Pic,  ébeubi. 
Vx.  fr.,  esbaubis.  (V.  Etaù). 

Ébornifler,  V.   tr.,  éborgner,  aveugler  d'un  coup  do  poing. 
Genev.,  i'boriiiclcr.  Pic,  èbornijler.  St-Am.,  èbonrnc. 

Ébourifler,  V.  tr.,  ébouriffer  les  cheveux. 
(V.  Eveiirlucher.) 

Ébraiser,  V.    tr.,  mettre  en   miettes,   réduire  en   parcelles 
comme  de  la  petite  braise. 
(V.  Éfraiser.) 

Ébuyement,  s.  m.,  amusement,  jeu  quelconque. 
Morv.,  aibuïcinaii.  Vx.  fr.,  ad  musc  ment. 

Ébuyer  (s'),  V.  pr.,  s'amuser.  •» 

Morv..  s'aibiiier.  (V.  Énutser,  obiiser.) 

Écafouiller,  V.  tr.,  écraser,  réduire  en  bouillie  :  «  01  a 
marché  su  c'te  poume  ;  ô  l'a  écafouillée  tout  à  plat.  » 

Bourg.,  écafouilli,  èclaijorai.  Bress.,  ècafoayria.  Chatill., 
écafouiller.  Fr.-Cté,  cafouiller.  Lang.,  foula,  csfouia.  Morv., 
écafoiller,  éboudrlller.  Rouch.,  cafoulier.  Suiss.  r.,  èboudrilU. 
(V.  Écrabouiller.) 

Écagnardî,  V   tr.,  acagnarder.  Rèfl.,  s'amollir,  paresser. 
Genev.,  a'acarjiuirdir,  s'acagaer.  Moiv.,  aicagnardi.  Paysde 
Caux,  s'accai/nardir. 

Écaille,  s.    f.,  morceau,  rognure.   S'applique  à   bien   des 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDI'NO-CHAr.ONNAIS  131 

sortes.  On  dit  :  des  ècaillc^^  de  l)ois,  di;  pots  cassés,  dNHof 
fes,  etc. 

Ital.,  sccKjlla.  Nam.,  scalc,  Iloucli.,  ùcale.  Wall.,  cscaillc, 
haie.  Vx.  fi'.,  cscaillc,  escale. 

ÉcÀle,  s.  f.,  brou  de  la  noix. 

Ben-y,  èc/talc.  Ht-Maine,  èchallc.  Poit.,  cale,  chalottc. 
Roueh.,  ccak\  cca/Iion.  (V.  Cale.) 

Égaler,  v.  tr.,  sortir  de  leur  enveloppe  certains  fruits  et 
quelques  légumes.  On  dit  surtout  :  «  ccaler  des  noix.  » 

Berry,  écaler  (du  mais).  Bourg.,  cc/iaillai.  Ht-Maine,  cca- 
Icf,  écjialer.  Morv.,  ccaliic/icr,  èclialoter.  Pic,  ccalotcr. 
Rouch.,  écajlier.  Valogn.,  ccaler  {dn  maïs). 

(On  trouve  écalc  et  écaler,  dans  quelques  dictionnaires  fran- 
çais; mais  ces  mots  sont  trop  de  chez  nous  pour  ne  point  avoir 
leur  place  ici).  (V.  Échailler.) 

ÉcALOFE,  s.  f.,  cosse,  enveloppe  des  pois,  des  fèves  et  autres 
légumes.  Ne  s'applique  pas,  comme  éccûe,  aux  coquilles  de 
noix. 

Auverg.,  calojja.  Fr.-Cté.,  èeorojfc.  Morv.,  calojfe,  écalofre, 
gou.  Norm.,  calot,  èealot,  écalofre.  Poit.,  chalafe,  échalafrc, 
chalupe.  Toul.,  teco.  Wall.,  écajotte,  clccafotie. 

ÉcALOFER,  v.  tr.,  écosser,  tirer  de  leur  enveloppe  les  lé- 
gumes à  cosse  :  pois,  haricots,  fèves,  etc. 
"  C\\?imp.,décafuloier.  Morv.,  décalofrer,  ccalofrer  (lea  noix), 
ècorcer.  Norm.,  écaloter,  écalopper,  décalopper.  Poit.,  éclta- 
luper.  Toul.,  descalefa.  Wall.,  décafoUer,  écafotter.  (V. 
Êgousser.) 

EcAROCHom,  s.  m.,  double  maillet  en  forme  de  T,  servant  à 
pulvériser  les  mottes  sèches  ou  trop  grosses  On  le  désigne 
aussi  sous  le  nom  de  :  brises-mottes. 

ÉCARURE,  s.  f.,  carrure.  L'e  préfixe  est  commun  à   plusieurs 
autres  mots. 
Lat.,  et  Ital.,  quadixUurct.  Prov.,  cai/radura. 

Egayer,  v.  tr. ,  écarter  largement  les  jambes  :    «  Eh!   c'pouv' 
petiot  !  c'ment  ôl  écàr/e  les  jambes  !  » 
Ital.,  scarlarc.  Morv.,  écailler,  écâjer. 

ÉcHAiLLE,  s.  f.,  enveloppe,  paillette  des  épis  de  n. aïs,  grande 


132  LANGAGE    POPILAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

ressource  pour  les  ménagères    locales,   qui  en  garnissent 
copieusement  les  paillasses  de  leurs  lits. 
Ua\.,  sqaafjlia.  Bresse,  èckaUlc.  Moiitr.,  cc/taille. 

ÉcHAiLLER,  V.  tr.,  cnlcver  que^ues-unes  des  feuilles  qui 
enveloppent  la  pa/zo;«7/e  (les /)a?ircAe^6'),  en  n'en  laissant 
que  ce  qui  est  nécessaire  pour  la  suspendre  au-dessous 
des  toits  et  la  faire  sécher. 

Bourg.,  èclidillnl  (des  noix).  Bresse,  écheillcr.  Isère,  eichaf- 
liè  (des  noix).  Jura,  cchaillev.  Montr. ,  ècheiller.  (V.  Écaler, 
Épano'.iiUer.) 

ÉcH.ÀLE,  s.  f.,  échelle. 

Lat.,  et  Ital.,  scala.  Bevry,  èchalle.  Morv.,  échallre,  école. 
Nam.,  chaule.  Pic,  clœlle.  Prov.,  escala.  St-Am.,  esëla. 
Toul.,  escalOj  cscalou  (échelon).  Wall.,  Iiàle. 

ÉcHÀLÉE,  s.  f.,  échalier,  barrière  fixe  établie  aux  champs, 
dans  la  longueur  d'une  haie  vive,  fait  de  bois  en  forme 
d'échelons,  de  marchepied,  et  permettant  d'être  escaladée 
par  une  personne  sans  toutefois  laisser  passer  le  bétail. 

Bas-lat.,  sccllarium.  Berry,  écUaller.,  Montr.,  éeheillier. 
Morv.,  écholèe.  Norm.,  écolier.  Orne,  èchallcr.  Poit.,  échalet, 
Vx.  fr.,  eschalicr. 

ÉcHANDiR,  V.  tr.,  échauffer  :  «  Aile  aivot  les  dèts  gobes;  j'ies 
y  ai  échandis.  )) 

Mac,  èchandlv.  Pic,  ccaufer.  Prov.,  escalfar.  Vx.  fr., 
cschaulfcv ,  c&chauffev. 

ÉcHARBOTER,  Encharboter  et  Encharbouter,  V.  tr.,  em- 
barrasser, emmêler,  embrouiller  les  fils  d'un  écheveau  ; 
«  Que  qu't'as  fait  d'mon  échevéte  ?  Te  m'ias  toute  échar- 
hotée.  » 

Bourg.,  cnchairbôtai,  cnchavbeutai.  Bress.,  encharbouter. 
Genev.,  encharbouter.  Isère,  eicharbota  (éparpiller).  Montr., 
éeharbouter.  Vx.  fr.,  cncharbotter,  encharboter,  cscharbotter. 

ÉcHÀRER;,  V.  tr.,  échauder,  arroser  d'eau  bouillante,  net- 
toyer. Dans  la  manipulation  ménagère  du  sarrazin,  on 
échâre  la  farine  que  l'on  veut  pétrir  pour  la  mettre  en 
pain  :  «  I  m'seû  échàré  la  main  d'avou  d'iiau  boulante,  )) 
Dauph.,  chara.  Forez,  échctra^  eschara.  Montr.,  écharrar. 
Morv.,  échorer.  Prov.,  escaudar.  Wall.,  hauder.  Vx.  fr. , 
eschaudcr,  cscauder,  eschaulder. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      133 

ÉcHARPiLLER,  V.  ti'.,  coupasscr,  mettre  en  pièces  :  «  L'vau 
ran!  ô  m'a  tout  du  long  ècharpillé  sa  bliaude.  » 
Norm.,  èc/ucrpillcr. 

ÉcHAUFAisoN,  S-  L,  pleurésie. 

Berry,  chaud-rcfvoldi.  Morv.,  échaufaïon.  Norm.,  èchauf- 
faison^  échauffure.  Div.  local.,  chaud-froid.  Vx.  l'r.,  cschauf- 
faison.  (V.  Purisi.) 

ÉcHAVON,  S.  m.,  dévidoir  à  main. 

Bourg.,  échaicon.  (V.  Virandiau.  Dùoirou.) 

ÉcHENEAU,  s.  m.,  chêneau,  chenal,  gouttière  :  «  Uécheneau 
a  eùn  portu  ;  l'iau  j'icle  à  travar.  » 

Bourg.,  échcnet.  Maine,  acheiiecai.  Morv.,  chameau,  échc- 
nau.  Poit.,  achencau,  achcnal.  Saint.,  cheiiellc,  aclicnau. 
Sav.,  èsteiicau.  Suis,  r.,  chenau,  eschencau.Yx.  fr.,  escheiiet. 

ÉcHETER,  V.  tr.,  acheter. 

Bas-lat.,  accapitarc.  Bourg.,  achetai.  Norm.,  acater.  Pic, 
acatev.  Prov.,  acaptav.  St-Am.,  asetê.  Sav.,  ââtâ.  Vx.  fr., 
achater,  achapiev.,  acheptcv. 

ÉcHEVELOTÉ,  adj.,  échcvelé. 

Bas-lat.,  excapillave.  Berry,  égêeé.  Morv.,  èchereleuré, 
Toul.,  espeloujit.   Vx.   fr.,  escheoelê,  cscheoelede,  deschevelé. 

ÉcHEvÉTE,  S.  f..  écheveau  :  «  Beill'-me  eùne  éch'vèt'  de  fî.  » 
Certain  tisserand  ne  manquait  jamais,  quand  la  besogne 
ou  le  vin  blanc  le  mettait  en  colère,  de  jeter  à  la  tête  de  sa 
femme  un  écheveau  de  son  gros  lil.  C'était  si  fréquent  et  si 
connu,  qu'on  le  surnomma  Bernard-récheoête. 

Bourg.,  épatie.  Genev.,  ècheoette.  Il.-V».,  éché.  Morv., 
échaootte.  Pic,  èki(jnée.  ècagnoa,  écaae.,  cchit.  Rom,,  esche- 
vette.  St-Ara.,  esatëta.  Saint.,  échcviâ.  Wall.,  éc/iù.  Vx.  fr., 
esches-,  esc/iief,  cschcoauLv,  eschccetie.  (V.  Flote.) 

ÉcHicLE,  s.  f.,  petite  lame  soulevée  dans  un  morceau  de  bois, 
écharde  :  ((  I  m'seû  foré  eùne  écldcle  dans  l'dèt  ;  ô  m'fâ  bé 
mau.  )) 

Ital.,  scardo.  Berry,  ciclc.  Champ.,  csclice.  Forez,  échiroii. 
Lori'.,  échâtrc,  échade.  Morv.,  èchic/ui',  échiquia,  échicle 
(envie  près  des  ongles).  Rouch.,  ècliche.  Sav.,  t''c/?o/;«  (que 
traduirait  notre  mot  ùteUc).  Vx.  fr.,  escharde. 


134  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS 

ÉcHiGNE,  S.  f.,  échine. 

Ital.,  schienn.  Bourg,,  échèiip,  cchaigne.  Prov.,  fsqaina., 
esquena.\sl?L\\.,  si/<reiiii.  Vx.  iw,  eschinc. 

ÉcHiGNER,  V.    ti'.,  échiner,  éreinter  :  «  0  n'nous  lasse  point 
d'répit;  ôl  échigne  son  monde.  )) 
Morv.,  àeheujncr.  Vx.  fr.,  échigner. 

ÉcHiGNER  (s'),  V.  pron.,  se  fatiguer  beaucoup  :  «  D'peû  c'télé, 
Y  in' échigne  gros  en  sâclant.  » 

ÉcoicHER,  V.  tr.,  écorcher,  fendre,  casser,  déchirer  :  «  T'vas 
écoicher  c'te  branche  d'âbre.  »  —  ((  J'ai  manqué  d'écoicher 
ma  bout'neire.  » 

Ital.,  .•^corticarc.  Berry,  acorchcr.  Nani.,  cJioirchl.  Prov., 
escorgar,  escortegcir.  Wall.,  Ao//'.sf.  Vx.  fr.,  cscovchcr,  escor- 
chier,  acorchier. 

ÉcoÏER,  s.  m.,  écolier. 

Lat.,  srholai'is.  Ital.,  scolaro.  Morv.,  ccoré.  Prov.,  csrolar. 
Wall.,  sicoU.  Vx.  fr.,  escolcr,  eseolicr,  escollier. 

École,  s.  f. ,  école.  (La  jeune  génération  prononce  école.) 
Lat.,   schola.   Ital.,  sraola.  Bourg.,  ècaeule.  Lorr.,  ikeule. 
Lyon.,  écola.  Montr.,  écoule.  Prov.,  escola.  St-Aui.,  équeûla, 
Sav.,   écoula.    Wall.,  sicoll,  sukall.  Vx.  fr.,  escole,  escoulc, 
cschole. 

ÉcoRDER,  V.  tr.,  accorder. 

Ital.,  accordare.  Bourg.,  ècodai.  Prov.,  (icordar.  Vx.  fr., 
acordcr. 

Ecosse,  s.  f.,  cosse,  enveloppe  des  graines  légumineuses,  pois, 
fèves,  etc. 

Flara.,  schosse.  Nam.,  cose.  Rouch.,  ècosse.  Vx.  fr.,  cosse, 
cscossc. 

ÉcoT.  s.  m.,  petit  morceau  de  bois  sec,  mais  plus  gros  que 
Véchicle  :  ((  Oh!  le  ch'ti  drôle!  ôl  é  sec  coume  eùn  écot.  )) 
Esp.,   escoio.    Geuev.,  écot.  Jura,    éco!",  Sav.,  écô.  Vx.  fr. , 
escot. 

ÉcÔTEÛMANCE,  S   f.,  accoutumancc. 

Ital.,  accostu/nuii^a.  Morv.,  aicouteuinancc.  Pic,  acoutn- 
inaiichc.  Prov.,  acosduinaitsa.  Vx.  fr.,  accoustu/nancc,  acous- 
tumancc. 


LANGAGE    POPULAIRE    \  EKDUNO-CHALONNAIS  135 

EcÔTEÛMER,  V.  U'.,  accoutumer. 

Ital.,  accostainarc.  Bourg.,  ècoaininai.  Movv.,  aicôicumev, 
Pi'ov.,  acosldinar.  Vx.  i'r.,  accoiisiii/Dcr,  acoustumer. 

ÉcoucHÎ,  V.   tr.,   accoucher:   ((  Voui,    la   Glaudine,  allé  et 
écouchie  d'eùn  gros  garçon.  » 

Bourg.,  écouchai.  Pic,  aconhcr.  Vx.  fr.,  acoucher,  acou- 
c/iier. 

ÉcouPiAux  et  ÉcopiAUX,  s    m.,  copeaux  :  «  Va  m'qu'ri  des 
écoupiaux,  et  claire  le  feù.  » 

Bas-lat.,  coipclliis.  Berry,  couplau,  conpeau.  Cogn.,  ècou- 
peaif.  Fr.-Cté,  chequilloi,  Genev.,  conpeau.  Htes-Alp.,  èco- 
peau.r.  Morv.,  coupiaux.  Norm.,  coipeau.  Pic,  copieux. 
Suis,  r.,  copiau.  Toul.^  tapèl,  tuquél.  Vx.  fr.,  coi/piaulx,  col- 
pd,  cscoupeaux. 

ÉcoussÉ,   s.   m.,   batteur  en    grange.    Peu  usité.  Le  verbe 
écoure  (battre  à  la  grange)  est  donné  par  Jules  Guille- 
min  et  le   B^   Gaspard.   Je  ne  le  crois  pas  employé  chez 
nous. 
Montr.,  ccousscrcij.  Vx.  fr.,  écoure.  cscoure. 

ÉcouTRER,  V.  tr.,  accoutrer,  habiller  grotesquement. 

Berry,  ccccoustrer.  Bourg.,  ccouirai.  Prov.,  aeotrar.  Vx. 
fr.,  acoutrcr,  accousirer. 

ÉcRABOuiLLER,  V.  tf.,  broycr,  écraser. 

Bas-lat.,  exbocllare.  Berry,  ècarbouiUer.  Bourg.,  escar- 
boulllai,  ècarhouiUai,  ècapour ai.  Uresa.,  écarm.alia.  Champ., 
ècrabouiller.  Forez,  ébouillâ.  Genev.,  écaraflev.  Mac,  écar- 
bôilli.  Morv.,  ècrabouiller,  èquair  moi  lier.  Nomi.,  ccrabouiller, 
escarbouiller.  Pic,  ècrainouler.  Poit.,  ècrabouillai.  Renn., 
écabouiller.  Saint.,  èbouillè,  ccarboui/è.  Toul.,  caglanda. 
Vx.  fr.,  acrctbiller,  ècarbouiUer,  escarbouiller.  (V.  Écafouil- 
Icr,  Escarbouiller.) 

ÉcREiGNE,  adj.,  chiche,  parcimonieux,  avare  :«  0  n'doune 
ran,  é  pi  ô  s'prive  de  tout,  l'gouri  à'écreignel...  »  L'idée 
de  parcimonie  et  de  pauvre  réduit  pourrait  rapprocher  ce 
mot  de  Vécraigne  dijonnaise,  pour  lequel  nous  renvoyons 
au  Glossaire  des  Noëls  Bourguignons. 
Montr.,  ècraicjne.  Norm.,  chinçp-c.  Wall.,  ècrèpc. 

ÉcRiGNÔLE,  s.  et  adj.,  souffreteux,  chétif,  ratatiné,  malingre. 


136  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

amaigri  :  «  Qu'é-c  qu'y  ét-i  que  c'gas-là?  0  n'peut  ran  fâre. 
Y   et   eijne  espèce  d'écrlgnâle.  »  —  «  As-tu  vu  l'fieû  à  la 
Dôdon?  Oli!  c'pauv'  petiot!  d'avou  sa  mine  écrignôle,  à 
quoi  c'qu'ô  r'ssembe!  » 
Bourg.,  ècrignôlc. 

ÉcuEuiLLER    et    AcuEuiLLER,   V.    tr. ,    rassembler,     chasser 
devant  soi  à  l'aide  d'une  baguette:  «  Allons,  écueuille  les 
vaches!  )>  Ce  que  font  les  bergers  de  tous  les  troupeaux. 
Morv.,  èqueuiUcs  (balayures,  ordures,  épluchures). 

ÉcuEÛiLLON,  s.  m.,  chiffon  humide,  emmanché  au  bout  d'un 
long  bâton,  à  l'aide  duquel  les  ménagères  nettoient  le  four 
chauffé  au  moment  d'y  mettre  à  cuire  le  pain.  Au  fig. , 
personne  dont  les  habits  sont  très  sales  :  «  T'é  prou  brave, 
ma  fi!  d'avou  ta  jupe  tout'  tachée;  te  r'ssembes  à  eùn 
écueùillon.  » 

ÉcuEÙLE,  s.  f.,  écuelle,  eu  bois  ou  en  terre.  Il  y  a  la  grôlote, 
écuelle  de  bois  dans  laquelle  on  fait  tiédir  le  vin  devant  le 
feu,  l'hiver. 

l^diX.  scutella.  \ta,\. ,  scodellit.  Bourg.,  ècuèle,  équéle.  Flam., 
étielle,  èquielle.  Loah.,  étlùle.  Montr.,  équialle.  Morv.,  étuelle. 
Nam., sicuale,  chuèle.  Poit.^  èqueullc.  Prov.,  cscwrfe/^a. St-Am., 
ècuala.  Wall.,  liièle.  Vx.  fr.,  escudelle. 

Écueûler,  V.  tr.,  éculer  ses  chaussures. 

Bourg.,  cqtœlai,  ècucuillai,  éqiieulai.  Morv.,  aiquelcr.  Vx. 
fr.,  csculer. 

Écueûler  (s'),  v.  pron.,  s'asseoir  bas,  s'accroupir. 

Écueûmouére,  s.  f.,  écumoire. 

St-Am.,  cL'i/ernj/cûre.  Wall.,  Jioumerèse.  Vx.  fr.,  écuinoir 
(m.).  On  ne  manque  pas,  au  figuré  (on  pourrait  dire  au  défi- 
guré) d'appliquer  ce  terme  à  toute  face  ponctuée  de  petite 
vérole  :  «  As-tu  vu  e'peùt  drôle  de  Nicou?  Ses  deux  joues  n' 
font  qu'eùne  vrâ  ècucàmoucrc.  » 

ÉcuEiÎRiE,  s.  f.,  écurie. 

Bas-lat.,  scuria.  Moi-v.,  éculdc.  Prov.,  escura,  cscuria.  Vx- 
fr.,  escurjrie,  ascuiric. 

ÊcuEÙRJOU,  s.  m.,  enfant  chélif,  mal  portant,  étiolé,  sale. 
Lat. ,    cxcoriare.    Bourg,    ccucijou,   escarjou.    Rom.,    es- 
quirar. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIl ALONNAIS  137 

ÉCUEÙRVI9SE,  S.  t.,  écrevisse. 

Ht-allem.,  scrcpi^:.  (jeiiev.,  ccririssc.  Morv.,  ùqueurcissc, 
Nam.,  graiiasc.  l*ic.,  écrèoic/ic.  Houcli.,  grariehe.  Wall., 
(jvèoèsc.  Vx.  l'r.,  ci'ooicc,  escrecisse. 

Éfiler,  V.  tr.,  affiler  :  «  Prôt'me  ton  coutiau  ;  ôl  é  bcn  ineû 
éfilé  que  1'  mien.  » 
Ital.,  affilare.  Prov.,  afdar.  Vx.  fr.,  afiler,  effiler. 

Éfraiser  et  Éfreûser,  V.  tr.,  émietter,  rompre  en  menus 
morceaux  :  «  Pour  mon  quat'  heures,  j'ai  éfraisé  du  pain 
bis  dans  mon  lolot.  »  C'est  un  régal  des  goûters  d'été. 

Lat.,  cJfriiKjcre.  Berr}'.  c [fraiser.  Bourg.,  emiauUai.  Fr.- 
Cté,  é  fraser.  Morv.,  e/fréscr,  eff'riger,  ejfrilh'r,  freser.  Norm., 
éniier.  Pic,  èmier,  èmioclwr,  elfroiwr.  Saint.,  fraser.  Suis. 
T.,  fresa,  fresouiKi.  Vx.  fi'.,  ejfriser,  ei^mier.  (V.  Ebraiser, 
Éinioter.) 

Égalir,  V.  tr.,  égaliser,  aplanir,  rendre  uni. 
Douai,  agaler.  Pic,  égalir.  Wall.,  égalir. 

Égancher,  V.  tr.,  fatiguer,  harasser,  assommer  :  «  J'ai  tant 
sâclé,  qu'j'en  seù  tôt  égancJié.  ))  —  «  01  a  êganché  son 
chin.  »  —  Signifie  aussi  qu'on  a  détérioré  son  travail  par 
sa  maladresse. 

Égandiller,  V.  tr.,  vérifier,  contrcMer,   poinçonner  les   poids 
et  mesures.  Ce  qui  plaît  peu  aux  débitants. 
Montr.j  égandiller. 

Égarade,   s.    f.,    erreur,   méprise,    —  et   aussi    promenade 
mystérieuse  du  soir...  ce  qui  est  souvent  la  même  chose. 
Bourg.,  égarade. 

Égaiidir  (s'),  V.  pron.,  se  réjouir  :  «  Enr'venant  d'ia  fête,  ô 
s'éf/audissein  prou.  » 
Lat.,  gaiulere.  Wall.,  si  gaadi.  Vx.  fr  ,   se  gaudir.  gaudgr. 

Égenôïer  (s'),  V.  prou.,  s'agenouiller. 

Ital.,  aggiiiocchiare.  Bress.,  s'a:eiioiller.  Prov.,  ageiiolltar, 
aginoUar.  Uouch.,  s'agligner.  St-Aui.,  a:^enoubië.  Wall., 
s'aglégni.  Vx.  fr.,  ageiioiller,  ageloingner . 

Égoùsiller  (s'),  V.  pron.,  s'égosiller. 

Bourg..     s'égoaslUal.     Lang.,      s'esgoasia,    sesgargamela. 

15 


138      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO  CHALONNAIS 

Maine,  s'cgoider.  Morv.,  s'ègoasilU'i:  Poit.,   s'esgonsser.    Vx. 
h'.,  esfjossiller,  esgoiiller. 

Égousser,  V.  tr.,  soi'tir  un  légume  de  ses  gousses  :  ((  É gaus- 
ser des  pois.  )) 

Cogn.,  égnusscr.  Morv.,  cgoiisser.  Vx.  t'r.,  osgousscf.  (V. 
Écalojer,   Vogi'er.) 

Égoutlau,  s.  m.,  écope,  égoutte-eau. 
Lyon.,  agotuiK. 

Egrafigner  et  Grafigner,  v.  Ir.,  égratigner,  écorcher  : 
«  D'ià-vou  c'que  te  d'veins,  d'avou  ta  figure  tùte  égrafi- 
gnée  ?  » 

Bei'ry,  gnijiiwr,  vgrftjhjiter.  Hourg..  ègi-oifignai.  Bress., 
ègrajinfr.  Cliamp.,  cgrajlgiwr.  Chatilt.,  grafiyncr.  Genev., 
grajflgiier.  Isèr.,  cichai'ognic.  iuva,  grqfîner,  ègrafincv.  Lang., 
graotifigna.  Lini.,  ci.ngràugnias.  Lyon.,  égrajinc-,  gra(figiicr. 
yicivn.,  g l'd/Jhj ne r.  Morv.,  ègrq/igiicr.  Norm.,  grujfiner.  Pic, 
(^'grajïgnrr.  Poit.,  cgra fegnai.  Prov.,  grajlgnav.  Roni.,  ,'/''«/?- 
iiar.  SAÏnt.,  grq/igncr.  Sav.,  égvafcnà.  TouL,  èscarraagna, 
gruupigiia.  Vx.  tr.,  graphiner,  ègrafigiior,  csgratigher. 

Égrafigneure,  s,  t'.,  êgratignure,  écorchure. 

ItaL,  graffuituva.  Berry,  égraftgnure,  ('grajignassc.  Bourg., 
cgraifignic/'c.  Lang.,  gi-aoupigiKido.  Lim.,  eiigrangnaclo, 
Lyon.,  ègrajîniire,  grajjîgnuvc.  Morv.,  ègraJigncHrc.  Poit., 
ègvafegiinre.  Prov.,  csgrajjigiiadura,  gfaffîgnadura.  Toul., 
graiipigiiado.  Vx.  t'r.,  ègvafenenre,  ègrajineure,  esgruti' 
giicnre. 

Egraper,  V.  tr.,  enlever  les  grains  de  la  grappe  de  maïs. 
En  Bourgogne,  ce  dépouillement  s'opère  en  frottant  vive- 
ment la  grappe  au  coupant  du  fer  d'une  pelle,  sur  le 
manche  de  laquelle  on  s'est  assis,  après  l'avoir  horizon- 
talement adapté  à  une  chaise.  Un  van  est  le  récipient  où 
l'on  fait  tomber  les  grains  dru  comme  grêle.  Eu  Poitou, 
on  frotte  la  grappe  de  «  garouil  »  contre  le  manche  d'une 
poêle  à  frire,  et  l'on  dit  :  égarouillai. 

Égrouer  (s'),  V.  pron.,  se  baisser  :  ((  Te  n'pou  pas  rémasser 
c'qui  ?  Egvoue-ic,  vouéyons  !  »  (V.  >Ç Avoufei'.) 

Egrimgner,  V.  tr.,  arracher  le  chiendent  [grirnon]  avec  une 
fourche,  ou  mieux  une  pioche  à  dents. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  VV,) 

Égué!  excL,  même  acception  que  Arja.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Eguenillé,  adj.,  déguenillé,  couvert  de  guenilles. 

Forez,  deplat.  Lyon.,  depio.  Sav.,  ègncnùilln.  Vx.  fi-.,  dè- 
picr. 

Egueûrner,  V.  tr.,  égrener. 

Morv.,  èglic.urncr.  Vx.  fr.,  esgrener,  csgrainer. 

Éguye,  s.  f.,  aiguille. 

Lat.,  acas.  Ital.,  arjngliu.  Berry,  agneillr,  ar/idlc.  Dauph.. 
eulte.  Forez,  ciilij,  ciiilli.  Lille,  aiiouille.  Morv.,  aif/nlle.  Nam., 
awie.  Pic,  agoaille.  Prov.,  arjuilUi.  Rouch.,  éœile.  St-Am., 
oijle.  Sav.,  aooellio  (com.  ahcille).  Wall.,  aicéie.  Vx.  fr.,  es- 
icille,  agdillc. 

Éguyée,  s.  f. ,  aiguillée  de  fil,  enfilée  ou  non. 

I^WIq* aiicullléc.  Rouch.,  éwilic,  éwiliêc.   Vx.   fr.,   aiguillie. 
(V.  Coatcrie.) 

Eguyon,  s.  m.,  aiguillon,  arme  du  bouvier. 

Ital.,  aguglione.  Berry,  agiilloa.  Genev.,  avouillon.  Morv., 
aigâllon.  Prov.,  agiiUon.  Rouch.,  èwllloa^  t'iolgllon.  St-Am., 
egulyon.  Wall.,  awion.  Vx.  fr.,  aguillon,  agiiil/ion. 

Egûser,  v.  tr. ,  aiguiser,  sur  la  pierre  ou  la  meule. 

Ital.,  agu^^are.  Bevry,  agniscr,  agitsc/%  agacr.  Bourg.,  é/;»- 
sai.  Morv.,  aiguïer,  aigiijev.  Norm.,  agucher.  Poit-,  agusai. 
Prov.,  agusar.  Rom.,  agu^ar.WaU.,  awehî.  Vx.  fr.,  agidser. 
agidsiev,  acuiscr. 

EiN,  EiNE,   adj.,   un,  une:   «  Tôt  por  ein  côp.  )>  —  «  A  c' 
mai  tin,  y  avôt  eine  fête.  » 

Lat,  uiius.  Berry,  in,  eiiii,  ieiin.  Bourg.,  ein  (f.  ène).  Lyon., 
in,  ijon.  Morv.,  aia,  eiin,  i.  Norm.,  eun.  Pic,  cane,  cinc,  ène; 
f/ic  (une).  Poit.,  i.  Vx.  fr.,  ung.  (V.  Eîui.) 

Éjâfré,  adj.,  très  étonné,  stupéfait. 
Bourg.,  èjaJJ'ré,  crajfrè. 

Éleûmer,  V.  tr.,  allumer,  faire  briller. 

Ital.,  alluininarc.  Bourg.,  èlentai,  êlitinai,  êleuniai.    Morv. 
ailcrncr.     Prov.,     alnnicnar,    alhuntnav.     Roucli.,    aleuincr. 
Wall.,  ctlouiner.  Vx.  fr.,  aluincr. 


140      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

Éleùmote  et  El'mote,  s.  f.,  allumette. 

Bourg.,  élcinùtc.  Mon*.,  allerneUe.  Rouch.,  aleiinu'éc.  Vx.  fr., 
aliiincttc. 

Élexir,  s.  m.,  élixir:  «  La  vieille  a  tôjor  dans  l'ormoire  son 
élexir  de  longue  vie.  » 

Arab.,  al  aksir  (la  quintessence).  Genev.,  élexir.  Rouch., 
eU'xir.  Vx.  fr.,  elisslr. 

Elicher,  V.  tr.,  frictionner.  Quand  le  rebouteur  frictionne  le 
membre  qu'il  vient  de  remettre,  il  Véliche. 

Élide,  s.  f.,  éclair  de  chaleur:  «  I  fait  des  élides,  ma  n'y  ara 
point  d'taboulot.  »  Néanmoins  les  paysannes  ne  manquent 
pas,  à  chaque  éclair,  de  faire  le  signe  de  la  croix  pour  se 
préserver  de  la  foudre. 

Berry,  élide,  alide.  Bourg.,  claide,  èleiirle,  èlo'ide,  èlouaide. 
Bugey,  èclav.  Champ.,  èlende.  Dauph.,  eiloïdo.  Forez,  èlieude--, 
êliiède,  èliouse.  Fr.-Cté,  èltidc,  àlude.  Fiib.,  èliu;o.  Genev., 
élieuda.  Isère,  eiloeido.  Lang.,  liaus,  liens,  lieussa.  Liui., 
eiclia,  éj/lausi.  Lorr.,  alade,  ùlàar.  Montr.,  élide.  Morv.,  élàde, 
Norm.,  eali/i.  Poit.,  étoise,  éleude.  Prow,  eslioas.  Rom.,  eliou- 
Rouch.,  éeliire.  St-Ani.,  élude.  Saint.,  éloése.  Sav.,  élliuide. 
Suis,  r.,  élieuda,  élipa^o.  Toul.,  belet.,  lambrec.  Wall.,  édite. 
Vosg.,  élaide.  Y,x.  fr.,  cloise,   ehnline. 

Élider,  V.  imp.,  faire  des  éclairs:  «  Boufreîau  mitan  d'ia 
neùt,  y  élidbt  brament!  » 

Lat.,  elucere,  eliderc.  Berry,  élider,  alider.  Bourg.,  élider, 
élaide/',  ét(->idiT.  Champ.,  éleuder.  Montr.,  élider.  Morv., 
élader.  Poit.,  éleuder.  Saint.,  éloiser.  Sav.,  éi-lidrà,  étdiàrié. 
Suis,  r.,  eiiilut:;i.  Toul.,  beleja.  Wall.,  écliter.  Vx.  fr. , 
csloider. 

Élonger,  V.  tr.,  allonger,  étii'er. 

\i?i\.,  allonijere.  Bourg.,  éloiifjé.  Prov.,  alonr/ar,  alonj((r, 
aluiihar.  Vx.  fr.,  alo/u/ier,  alnuçier. 

Élourdî,  V.  intr.,  étourdir,  tourner  la  tête,  donner  le  vertige: 
«  Je  n'sais  p;is  c'que  j'ai;  j'seû  tout  éloitrdi,  j'peux  pas 
m'tenî.  )) 

Berry,  alordir.  Gcik'v.,  éhalourdir.  Muntr.,  élourdir. 
Morv.,  ailoiri,  ailordi.  Poit.,  allouri.  Saint.,  élourdir.  Vx.  fr., 
alourdir.  (V.  Etordi,  Entracirer.) 


lan(;a(;k  populaire  vkrdpno-ciialonnais  141 

Éluré,  adj.,  déluré,  vif,  dégourdi,    hardi:   ((  (j(!tt'-là,  j'en 
réponds,  y  et  eùne  élarée.  )) 
Vx.  fr.,  délearrè. 

Éluter,  V.  intr.,  l'aire  des  ell'ortspour  vomir  :  «  Oii  !  l'pauv', 
ôl  elatôt,  ôl  élatôt  et  i  n'pouvôt  rau  v'nî  !  » 
Lat.,  elucùari.  Monte,  éluteiier.  Morv.,  cititer. 

ÉiMAGiNER,  V.  tr.,  imaginer. 

Lat.,  iinctijinavi.  Ital.,  tnuna;/tnafe.  Morv.,  êiiiuL~i/i(:r. 
Prov.,  ifuugiiiar,  c/na;jiiKU\  Wall.,  iiiâgr'ricr.  Vx.  fr.,  i//jia- 
(fuier. 

Émarveiller,  V.  tr.,  émerveiller,  étonne»' grandement. 
Bourg.,  émori' aillai.  Vx.  fr.,  csmei-cciller. 

Émasser,  V.  tr.^  amasser,  des  ehifîons  comme  des  écus. 

Ital.,  ainniassarc.  Bourg.,  amassai,  èiaasscij.  Prov.,  cmassar. 
Vx.  fr.,  amasser. 

Embabiôler,  V.  tr.,  flatter,  tromper. 

Poit.,  embabigeolai.  (V.  Embobeliaer.) 

Embaisure,  s.  f.,  baisure,  la  touchée  de  deux  miches  dans  le 
four:  «  Oh!  man-man,  beille-me  Vembaisure;  j'y  ain-me 
gros.  »  Fraîche,  elle  est  très  recherchée. 

Genev.,  bdiscr.  Morv.,  cmbaillcare.  Noriii.,  baisciil.  Pic, 
baisure.  Toul.,  bai/sarluro.  Vaud.,  baiser.  Wall.,  baijure. 

Embeùrlificoter,  V,  tr.,  embarrasser,  engeôler,  prendre 
dans  un  piège. 

Espal.,  entroba.  Forez,  e'nbrin(/t(â.  Norm.,  emberlijicoier. 
Pic,  emberlificoter.  Rouch.,  emberlificoter,  emberlafer  (mettre 
tout  pêle-mêle).  Local,  div.,  cmberlaiider,  cmbcrlincr.  Vx.fr., 
emlxirelicoquer,  embarcUicocquer. 

Em«eùrner,  V.  tr.,  barbouiller,  salir,  souiller. 

Berry,  emberaer.  Bourg.,  ambreiiai.  Morv.,  embeurner. 
Norm.,  embernouser.  Pic,  emberaer,  imbrançjer  (noircir). 
Poit.,  embenêtrcr.  Rouch.,  cmbcrncr.  Vx.fr.,  embrencr. 

Embobeliner,  V.  tr.,  persuader,  enjôler,  subtiliser  :  «  Y  et 
eùn  r'naré;  ôl  embobeline  brament  son  monde.  » 

Norm.,  embobeliner  (s'envelopper  la  tête  d'un  linge).  Toul., 
cmbelina,  embabouti,  embalaïui.  (V.  Embabiôler). 


142  LANGAGE    POPULAIRE    VEPwDUNO-CIlALONNAIS 

Emboconer,  V.  intr.,  sentir  mauvais  de  la  bouche. 
(V.  Empôsciicr.) 

Emboquer,  V.  tr.,    embecquer,   donner  la  pâtée   aux  petits 

oiseaux,   aux  volailles;    faire   manger  les  petits  enfants. 

Bress.,    aboco.    Chai.,    aboquer.    Moiitr.,  embouqner.  Pic, 

Emborner  (s'),  V.  pron.,  entrer  avec  difficulté  dans  quelque 
endroit,  corridor,  allée  tortueuse,  etc.  ;  passer  à  travers 
des  voitures  :  «  Y  f'sot  neùt;  ô  s'ét  emborné  dîms  la  bou- 
chure;  ô  s'é  tout  égrafigné.  » 

Embouche,   s.  f.,  lieu  clos,  pâturage  fertile  dans  lequel  les 

paysans  enferment  certains  bestiaux  pour  les  engraisser. 

Berry,   enihcuiclœ  (engraissement   des   animaux  ;    pré  à'cin- 

haachc).   Morv.,  embauche  (engraissement  des  animaux  ;  pré 

iV  embauche). 

Embrasse,  s.  f.,  récipient  contenant  la  provision  de  fourrage 
pour  une  journée.  Uernbraase  se  composait  de  deux  demi- 
cerceaux,  tenus  aux  extrémités  par  deux  cordes  formant 
charnières,  et  garnis  d'un  filet  à  larges  losanges  par  lesquels 
bœufs,  et  chevaux  tiraient  le  foin  fermé  dedans. 
Montr.,  embrasse. 

Embrouiller  (s'),  v.  pr.,  courir,  s'élancer,  se  mettre  en  tr:i in, 
donner  l'impulsion  :  «  Y  et  ein  vrâ  démon  ;  quand  i  s'agit 
d'côri,  y  é  tôjor  lu  qui  ■:-,'' embrouille  le  premei.  )) 

Jura,  s'embruer.  Montr.,  s'embruer.  Morv.,  s'embeurioler 
(prendre  son  embrue,  son  élan). 

Embiier,  V.  intr.,  mettre  le  linge  en  lessive. 
Lat.j  imbuo,  Montr.,  embuer.  (V.  Buë.) 

Émeùner,  V.  tr.,  amener,  conduire  vers. 

Lat.,  adducere.  Bourg.,  èmeunai,  émeiié.  Lorr.,  amoiter. 
Lyon.,  achiure,  addure.  Morv.,  aùnougncr.  Prov.,  amenar. 
Vx.  fr.,  amcincr. 

Émi,  s.  m.,  ami.  «  "loi,  t'é  ein  émi.  » 

Lat.,  amicus.  Ital..  umico.  Berry,  aiml,  cmi.  Bourg.,  aimin. 
Fland.,  ami.  Fr.-Cté,  ai/ni,  émi.  Lim.,  omi.  Lorr.,  aiml,  émi. 
Montr.,  aimi.  émi.  Moiv.,  aimi,  èmi.  I-'rov.,  amie.  Suiss.  r., 
émi.  Toul.,  amistous.  Vx.  fr.,  amj/. 


LANGAGK    POPULAIHE    VERDUNO-CIIALONNMS  143 

Émie,  s.  f.  amie  :  «  L'vauraii!  o  vous  a  d'jâ  eîme  bonne 
émie!  )) 

Lat.  et  Ital.,  anùca.  Boui-g.,  aiinie.  Piov.,  a/nuja.  Rouch., 
amissc.  (V.  Éini.) 

Émioter,  V.  tr.,  émietter,  réduire  en  parcelles. 

Berry,  è/nioier.  Bourg.,  ('nuaullai/.  Morv.,  émioter.  Pic.> 
émiocher,  cmicr.Yx.  fr  .,  èinier.  (V.  Éfraiser.) 

Émiquié,  s.  f.,  amitié. 

Lat.,  aniicitia.  Ital.,  amista.  Berry,  amiqdiè.  Lira.,  oniita. 
Lyon.,  amlquié.  Morv.,  aiiniqaiè.  Pic-,  ainikié.  Prov., 
amislcUs.  Rom.,  aniicicla.  St-x\m.,  aniitija.  Toul .^ arnistniico. 
Vx  fr.,  (tniiste.:;,  ainistic,  ainiàiè. 

Empige,  s.  f.,  entrave  mise  aux  jambes  du  bétail.  Au  fig., 
personnequi gêne,  qui  embarrasse  vos  mouvements  comme 
vos  projets  :  «  Dôte-te  donc  d'iqui,  empige.  »  —  «  Ah  !  j'ai 
des  einpiges  plein  les  jambes  !  ))  Pège  {'^oix)  n'est-il  pas 
pour  quelque  chose  dans  le  mot  ?  Être  pris  comme  dans 
de  la  poix. 

Lat.j  irnpcnyerc.  Bourg.,  ainpir/c.  Montr.,  empifje.  Morv., 
empige,  empeigc.  Toul.,  empac/ie.  Vx.  fr.,  empcsche. 

Empiger,  V.  tr.,  entraver  :  «  01  a  empige  son  ch'vau.  » 

Bourg.,  ampi/ai,  cmpinjai.  Maine,  empaiger.  Montr.,  em- 
piger. Moï-v.,  empiger,  cmpeiger,  empierner.  Suiss.  r.,  einpéja. 
Toul.,  ergrafaïa. 

Empiger   (s'),   v,    pron.,  s'embarrasser,*  s'enchevêtrer  dans 
quelque  entrave.  N'est  pas  loin  d'impedire. 
Berry,  s'empiger.  Montr.,  s'empiger. 

Empinte,  s.  f.,  gouvernail  de  bateau  de  canal,    formé  d'une 
longue  pièce  de  sapin  de  15  à  20  mètres,  aminci  parle  gros 
bout  et  placé  à  l'arrière. 
Localit.  voisin.,  impenie.  Forez,  empcin  (attaché  à). 

E-MPÔCHE,  s.  f.,  empêchement,  obstacle  :  ((  J'irô  ben  Tvoué; 
ma  son  frâre  é  d'avou  lu  ;  y  et  eime  empoche.  » 

Lat.,  impedimeiitam.  Morv.,  cmpoichement.  Saint.,  empêche. 
Vx.  fr.,  cmpedemeiit,  eiiipesc/iement. 

Empocher,  v.  tr.,  empêcher,  faire  obstacle. 

Lat.    impedicare.    Bourg.,     ampôchai.    Dauph.,  empâchié. 


144  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Morv.  empoicher.  Prov.,  empedcgar,  enpac^ar,  empachar. Wâll., 
cpéchi.  Vx.  fr.,  einpcc(ci\  cinpesehicv.  eiupccclicr.  {\ .  Eràtev.) 

Empôgnes,  s,  f.,  poignées  d'un  meuble,  secrétaire,  commode, 
etc.  Ces  poignées  sont  toujours  métalliques,  et  le  plus 
fréquemment  en  cuivre-  Plusieurs  ont  de  la  valeur  comme 
ciselure.  On  dit  aussi  Veinpàf/ne  d'un  fer  à  repasser. 

Morv.,  luDipodgnc. 

Emporter,  v.  tr.,  emporter. 

Lat.,  indc  portarc.  Bourg.,  ampôtai.  Lim.,  ampoiirter. 
Morv..  cnipotirter.  Prov.,  emportai-.  V.x.  f r. ,  caporter. 

Empôsener,  V.  tr.  et  intr.,  empoisonner,  infecter,  sentir 
fort  et  mauvais  :  «  Le  c'hti  drôle  !  ôl  einpô>i'ne  le  vin.  » 

Bourg.,  ampoùenoi,  eniporfsenai.  Genev.,  empoisonner . 
Morv.,  cmpoaillcner.  Prov.,  empoizonar.  Vx.  fr.,  cnpiiissn- 
ner.  (V.  Emlwconer.) 

Empougner,  v.  tr.,  empoigner,  saisir  vivement. 

Berry,  cnipoi//icr.  Rom.,  empougner.  Vx.  fr.,  en.pognei\  ein- 
pid g/lier,  einpoiiignier. 

Empour,  adv.,  en  échange  de.  S'emploie  sans  régime  :  ((  Aile 
avôt  deux  casses.  J'ii  en  d'mandis  eùne,  é  pis  j'ii  beillis 
eùne  tarine  empour.  » 

Berry,  en-ponr.  lîourg.,  anpor.  Biess.,  en-pour.  Cogn., 
enpeur. 

Emprôter,  v.  tr.,  emprunter,  ustensiles  et  argent. 

lUil. ,  improntarc.  Bevvy,  emprôter,  empreiUer.  Morv.,  e/n- 
p/inler.  S'dint.,  ernprêler,  empriii(ei\  Sav.,  èprontâ.  Wall., 
épronter.  Vx.  tr.,  cniprater,  emjironter. 

Émuser,  v.  tr.,  amuser,  cajoler. 

Bourg.,  émusai.  Bresse,  abouijer.  Lorr.,  éiinsc.  (V.  Ebuger, 
Obliger.) 

Émusou,  s.  m.,  amuseur,  musard,  tk'ineur,  cajoleur  :    «  Eh  ! 
p'tiote,  Jacot  n'é  ran  qu'eùn  émusou.  » 
Berry,  runusoux.  Morv.,  aimttsar.  (V.  t'u/ôlcn.) 

Émusôte,  s.  f.,  amusette,  objet  de  distraction. 
Bourg.,  èniusôie. 


LANGAGE    POPULAIKt;    VKRUUNO-CII ALONNAIS  145 

En,  prép.,  à  la,  aux  :   «  Batlre   en  gi'angc.  »  —  «  Aller  en 
champs.  )) 
Marv.,  en  (V.  Es.) 

ENCALFiiÙTRER,  V.  ti'.,  onvcloppor  avec  précaution  :   «  1  fait 
donc  bén  si  frèd,  qu'vous  v'ià  tôt  ennalfeàtvé'^  y> 
Vx.  fr.,  calefrclcf ,  Cidlrcter,  calfctrei-. 

Enchain-ner,  V.  tr.,  enchaîner,  attacher  salideraent. 

Ital.,  incatennre.  Morv.,  ciic/iàncr.  Prov.,  cncatlen<ir.  V'x. 
t'i'.,  eachaeiiKT,  eacacnci-,  an'huicniicr. 

EnchÀi^ler,  V.    tr.,    frapper  sur  la  lame  d'une  faux,  pom- 
l'amincir  et  la  faire  couper;  la  rabattre. 
Monti'.,  cncluippk'v. 

Enchifûner,  V.  tr.,   enchifrener  :   «   J'ai  pris  rrheùtne;  j'sis 
tôte  enchifônée.  » 
Norm.,  ench{(f'oniier.  Vx.    fr.,  ciic/ti/eriicr. 

EncleùmE,  s.  f.,  enclume. 

Lat.,  inciis.  Ital.,  incndinn.  Morv.,  cnqulriime.  Nam., 
égluinc.  Pic,  iaglainc,  encleume.  Prov.,  ('ncliif(/c.  Roiich., 
entjlennio.  Wall.,  églome.  Vx.  fr.,  ancli(/iie,  c/I'/Ikiih-. 

Encoche,  s.  f.,  encoche,  coche.  Entaille  faite  sur  la  taille   du 
boulanger,  et  à  la  flèche  pour  y  introduire  la  corde  de  l'iirc. 
Morv.,  encoiche,  c/iqiipur-nc. 

Encontre,  adv.,  en  face,  au-devant,  à  côté  :  «  Tôt  d'ein  côp, 
j'iai  vu  c'ment  c'qui  encontre  moi.  J'ii  f'sô  ran,  é  pi  ô  m'a 
fait  m  an.  » 

Ital.,  iiK'ontra.  Lorr.,  ancontc.  Morv.,  encontre.  Norm., 
encontre.  Pic,  a  l'uieonte.  Prov  ,  cncontra.  Vx.  fr.,  encontre. 

Encroire,  s.  m.,  chose  faussse  que  l'on  \eut  faire  accroire '• 
«  Y  n'é  pas  ein  encroire;  y  é,  pardine,  bé  vrâ  !  » 

Berry,  ancreire,  accrcirc.  Bugey,  ancrayré.  Genev.,  en- 
croire (accroire).  Lorr.,  rècreurc  (accroire).  Morv.,  encroire, 
eacrnnère.  Prov.,  acrelre.  Wall.,  acreûre.  Vx.  tr.,  acroirc, 
à  croire. 

ENCRomE  (faire),  loc,  faire  accroire,  conter  un  mensonge  : 
('  Ah  !  t'voudrô  bon  va  y  f  are  encroire. ..\  »  (V.  le  mot  pré- 
cédent.) 


146  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNOCHALONNAIS 

Encroter,  V.  tr.,  enfouir,  mettre  clans  un  trou,  enterrer  : 
('  J'I'ai  encroté;  voui,  j'ii  ai  métu  l'nazo  dans  l'crôt.  * 

Bei'iy,  cncrotter.  Bourg.,  aiicrotai.  Genev.,  cacrottcr.  Jura, 
encroltor.  Morv.j  encroter.  Suiss.  r.,  eiiicrotta,  tincroJL 

End'  çai,  loc.  adv.  et  prép.,  en  deçà. 

Bourg.,  an  deçai.  Morv.,  endeçai.  Vx.  fr.,  desà,  dechà. 

Endeiver,  V.  intr.,  endiabler,  être  contrarié  :  ((  L'marniôt? 
0  nous  fâ  prou  endeicer.  » 

Bourg.,  aadérai,  aiidainai .  Morv.,  ciidorcr.  Pic,  eridèi:cr. 
Wall.,  iiidéecr.  Vx.  fr.,  cndcsce/-. 

Endémouné  et  Endém'né.  adj.,  espiègle,  entêté,  évaporé. 
Lat.,  démens.  Norm.,  endènicnà,  entèmené. 

Endeùrer,  V  tr. ,  endurer,  supporter,  mais  dans  le  sens 
agréable  :«  I  fait  e un  frèd   d'ioù;   Jean-nète,    j'endeàrro 

ben  eùn  brin  d'feù.  » 

Ital.,  indurare.  Bourg.,  endurai.  Prov.^  endurcir.  Vx.  fr., 
endurer. 

En  d'lai  et  And'lai,  loc.  adv.  et  prép.,  au  delà  :  «  En  dHai 
l'iâ,  »  dé  l'autre  côté  de  l'eau.  On  dit  aussi  :  «  Liâv'en- 
d'iai,  ))  là-bas  au  delà,  loin  au  delà. 

Ital.,  di  là  [delfiiune).  Daupli.,  dés-de-là.  Forez,  allai  (là- 
bas).  Lyon.,  dès-dc-là-l'eau.  Morv.,  endelai.  Neufchât.,  dès- 
delà.  (V.  Làran,   Liàcan.) 

Endreimi,  part.,  endormi,  engourdi,  paresseux. 

Bourg.,  endrenti.  Morv.,  e/idi-eunii.  Prov.  endurmi.  Sav., 
eniniàrti,  endronnii.  Toul.,  endroumif.  Vx.  fr.,  e/idornii/. 

Endrèt,  s.  m.,  endroit,  lieu  :  d  JTai  choupé,  épeù  j'ii  ai 
montré  l'boun  endrèt.  » 

Berry,  adret,  endreit,  adroit.  Bugey,  indra.  Morv.,  endrei. 
Prov.  endreit,  endreich.  eiidiei/.  Rom.,  endres.  St-Am.,  edrë. 
Toul..  dr<\i/.  Wall.,  idreùt,  édreùt.  Vx.  fr.,  endreit,  endroiet. 

Endrèt,  s.  m.,  endroit,  beau  côté  d'une  étoffe  :  «  01  ôt  béte; 
ô  n'sait  pas  tant  s'ment  mét'e  sa  veste  à  Vendi'èt.  » 

Artois,  indrùe.  Berry,  adreit.  Dauph.,  endrèt.  Lini.,  endrè. 
Loir.,   andro.    Norm.    endreit  (envers!).    St-Am.,   edra.    (V. 

Adroit.) 


LANGAGE    POl'ULAIRE    VEROUNO-CH ALONNAIS  147 

l*ÏNFANTiAu,  ;i,(lj. ,  oiir;Lntin,  qui  se  livre  à  des  enfantillages, 
qui  dit  ou  l'ait  des  bêtises. 

Genev.,  ciifaiillaii.  Prov.,  vJJ'anti.  \\.  \v.,cnJantLS,cii.lantin, 
cnfantlf. 

Enfàr,  s.  f.,  enfer,  milieu  intolérable. 

Lat.,  infcri.  Ital.,  hiferno.  lierry,  eiijar.  j-JoiU'g.j  anj'av. 
Morv.,  rnfdr.  IMc,  infcr.  Prov.,  infcni,  njcm,  enjcvn,  (•IJ'erii. 
St-Am.,  cfà.  'l'oul.,  KJcr,  Ijcr. 

Enfle,  adj.,  enflé  :  u  I  ni'seù  tapé  d'îiAOu  mon  martiau  ;  j'ai 
l'dèt  tôt  enjle.  » 

Lat.,    Intlaluà.    Ital.,    injiato.    Artois,    iiifU,    (/i/li'ïc.    (jen., 
cnjlc.  H'°"-Alp..  cnJJc.   Lim.,    u/flado.   Prov.,  r/kc,  enjla,   iijla. 
'     (V.  Gon/lc,  Trempe,  Troalde.) 

Enfondrek,  V.  tr.,  eflFondrer,  enfoncer,  défoncer  :  «  ()1  a 
e/i/onf^/'e  la  porte.  »  — ((  V'iu  ben  n'pas  monter  d'ssus; 
t'vas  enfondrer  l'touneau.  )) 

Localités  voisines,  a/fonder.  Bonvg.,  effonf/rai.  Prov.,  esfon- 
(irer,  csfon(l(ir,efi(nrU(r.'Ro\\ch.^  e/if'oiu/rer.  Vx.  i'r.,  enJ'oiulrei\ 
affondrcr,  esfnn  drer . 

Enfôrner,  v.  tr.,  enfourner,  mettre  au  four  pain,  pâtisserie' 
et  viande  ;  mais  surtout  pour  le  pain. 

Ital.,  iafornare.  Morv.,  enfôrner.  Prov.,  enfornar.  Vx.  fr., 
e/iforner. 

Engabourer  (s"),  V.  pron.,  se  salir  en  mangeant,  aussi  bien 
qu'en  marchant  :  «  Tôt  côp  qu'ô  sôpe  cheii  son  fiyeù,  ô 
s'engaboure  c'ment  eùn  goret.  »  —  <(  Pou  s'en  r'veni,  ô  s'a 
enf/aboicré;  i  l'sôt  si  ch'ti  temps!  » 

Engelure,  adj.,  qui  a  des  engelures. 

Bourg.,  anjaitinrè.  Pour  ejigelure,  La  Monnoye  a  entendu 
dire  :  èçjelure. 

Enger,  V.  tr.,  féconder,  introduire,  communiquer,  ense- 
mencer. La  rougeole  enge,  est  contagieuse.  Employé  pro- 
nominalement et  dans  un  sens  particulier  par  le  paysan, 
qui  dit  :  «  J'voudreiii  ben  nous  enger  de  c'te  grain-ne,  » 
c'est-à-dire  nous  voudrions  bien  en  ensemencer  notre 
champ. —  Fournir  de  l'espèce,  de  la  race  :  «  J'vous  engerai 
d'mes  pois,  d'mes  poules.  »  A  donné  engeance. 


148      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Lim.,  eiul^à.  Montv.,  aiigcr,  cnr/cr.  Norm.  enge  (espèce, 
race).  Vx.  fi*.,  ac/ifjicr,  e'/if/irr. 

Engiveler,  V.  tr. ,  enjaveler,  rassembler  les  diverses  poignées 
d'herbes  coupées  à  la  faux  ou  cà  la  faucille,  pour  en  former 
une  gerbe. 
Montr.,  ('iKj'waler.  Toul.,  ciigahcla. 

Engouler,  V.  tr.,  avaler  voracement,  ingurgiter. 

Montr.,  cnfjoider.  Pvov. ,  engolir,engo((ller.  Yx.  iv.,  e/icjolcj-, 
cnr/onlcr. 

Engueûser,  V.    tr.,    tromper,  amorcer,   enjôler  comme  une 
gueuse  :  ((  Ali!  p'tiote  coquine,  te  Vengueùses  joliment!  » 
Bourg.,  anjôlai.   Genev.,  cngncitser.   Norm.,  engueûser.    — 
Rouch.,  engueûser. 

EnjÀrber,  V.   tr.,   engerber,  entasser  gerbes  sur  gerbes. 
Morv.,  enjarber. 

Enjôleù,  ad].,  qui  enjôle  :  «  N'ty  fie  pas,  ma  pauv'    petiote; 
ton  Cadet  et  ein  enjôleu.  » 

Bourg,  r/y/'ô/r'H.  Vx.  fr.,  engeoirur.  (V.  E/nusou.) 

Enmiôler,  V.  tr.,  caresser,  flatter,  câliner. 

Bourg-,  éininlai.  Morv.,  ainiignoder,  {Y .  Amijôler.) 

Enmistoufler,  V.  tr.,  emmitoufler,  envelopper. 

Bourg.,  animistoflal,  emniUôlal.Yx.  fr.,    cnimojler. 

Enm'ni  et  Env'ni,  v  intr.,  aller,  venir,  se  rendre  à   quelque 
part.  S'env'ni,  s'en  venir. 

Berry,  enm'ni. 
Ici  le  m  remplace  le  n,  comme  da.ns  nt'e/w  il  remplace  le  p. 

Enmouner,  V.  tr.,  emmener. 

Movv. ,  enrnougjier.  Vx.  fr.,  en  mener,  en  nielncr,  ammoiner. 

En-neù,  s.  m.,  ennui,  chagrin. 

Ital.,  noja.  BeiTy,  rnneu,  Lim.,  egnei.  Marne,  ennuir. 
Morv.,  anneu,  enneu.  Poit.,  enneii.  Pi'ov -,  eiu(eg,  enuet^enuoi, 
enut.  St-Am.,  eiiui.  Toul.,  anccli.  Vx.  îr.,  anois,  anui,  ennug. 

En-niûant,  adj.,  ennuyeux.  C'est  surtout  à  cause  de  la  bi- 
zarrerie de  sa  prononciation  que  l'on  signale  ce  mot,  dont 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNOCII ALONNAIS  149 

les  deux  syllabes  lina,les  sonnent  coranic   la    (in  de  chat- 
liuant,  légèrement  mouillées  devant  Va. 

Ital.,  aiiiioloso.  Morv.,  aliiaiaa.  Pi'ov.^  cnojos,  enucijus.  Vx. 
11'.,  eiticu,  aiiaiea. 

En-niûer,  V.  tr.,  ennuyer.  (V.  Enniàaal,  \)0\xv  la  remarque 
sur  la  prononciation.) 

Ital.,  atmolavc.  Berry,  cuiiicr,  cnnaei/ci'.  Bourg.,  étùnai. 
Prov.,  enolar,  eimjar,  c/tHc/a/'.  St-A m.,  ènouijë.  l'oul.,  (iiiiija. 
Vx.  ft'.,  eiiider,  audicr,  c/inoicr. 

Énorcer,   V.  tr.,    embarrasser,  engorger  :    «    Èti'e  cnorcé  » 

veut  dire  :  avoir  la  gorge  embarrassée  par  quelque  chose 

qui  ne  veut  pas  descendre  :  ((  Arrange  donc  ton  i'eù;  c'te 

feùmeire  m'e/io/'ce.  » 

Auv.,  oijnoussa.  Cluimp.,  ènosser.  Genev.,  onitosser.  Morv., 

cnnosscr,  cnsoitcer.  Noi-ni-,  ènosser. 

)■ 

Enque,  s.  f. ,  encre. 

Ital.,  laclnostro.  Moi'v. ,  c/ir/dc.  Prov.,  ciicant.  Suiss.  r., 
clc/ie,  cliit.;i\  Wall.,  citclie.Yx.  tr. ,  cm/iic,  aiiic/\',  ancre. 

ENQUEÛrui,  V.  tr.,  emmêler  les  cheveux. 
Moutr.,  cruiuentir.  (V.  Dèqacàtir .) 

Enrevâr  (à  1'),  loc,  à  l'envers. 

Ital.,  mrt'/'so.  Artois,  inrers.  Cogn.,  à  renreoar.  Pic,  à 
m'a  entiers  {(i  vùon  è^anX).  Prov.,  ennes.  Wall.,  itier\  éeier', 
(V.  Enoàr.) 

Enrheîimer,  V.  tr.,  enrhumer,  donner  mal  à  la  gorge. 

Moiv.,  enreunier.  Roucli.,  enrhciuner.  St-Am.,  èreniè.  Vx. 
fr,,  aiu-imer,  enrnniei\  enreuiner. 

Enrôté,  part.,  pris  dans  une  ornière,  en   parlant,  d'un  char 
dont  les  roues  enfoncées  ne  peuvent  plus  tourner. 

Lat.,  rota.  Bourg.,  anrôtai.  Cliamp.,  anhotlé.  Morv.,  en- 
rôlé. 

Enrouer,    v.  tr.,  enrouler,    env(dopper,   entourer  :    ((  0  s'a 
copé;  j'vein  d'ii  enroner  l'dèt.  » 

Bourg.,  enrouer,  Champ.,  enrôler.  Montr.,  enroaer.  M-orv., 
enrlrotder,  enrouler,  enciroler.  Norm.,  rolter. 

Ensâcues,  s.   i.,    échasses.    Tous  les   gamins   s'amusent  à 


150  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS 

tro.tter  perchés  sur  leurs  ((  ensaches  ».  Ils  vont  par  les  rués 
et  surtout  aux  bords  vaseux  du  petit  Doubs.  La  boue, 
qu'ils  vont  chercher,  justifie  selon  eux  l'usage  de  l'objet. 

Fland.,  schaetse.    Lille,,   ècassc.   Montr.,    enàache.    Nam., 
chache.  Rouch.,  ècachc,  écase.  Wall.,  ècachc,  hèse. 
Vx.  fr.,  cschace,  esc/iasse.  (V.  Épotalcts.) 

EnsArer,  V.  tr.,  serrer,  enfermer  dans  :  «  L'vieux  chin, 
làvou  y  ét-i  donc  qu'ôl  ensâre  ses  écus?  » 

Ital.,  inserrarc.  Berry,  ensarrer.  Moi'v.,  easarrcr.  Prov., 
easer/'ar,  issarrcif,  eserar.  Vx.  tr.,  ciiserei-. 

Ensauver  (s'),  v.   pron.,  se  sauver,  détaler  sans  attendre  : 
«  Oh!  le  ch'ti  !  V'tu  ben  l'ensaiwer  !  » 
Morv.,  s'cnsùKcer. 

Ensembé  (s'mét'e),  loc,  se  dit  volontiers  des  unions  où 
M.  le  Maire  n'a  point  passé  :  ((  O  s'sont  métu  ensembe; 
ma  i  n'allôt  guère,  » 

Lat.,  in  siinal.  Ital.,  insieine.  Bourg.,  ansanno.  Lille,  in- 
senne. Nam.,  èchône.  Pic.,  ensane,  insiane.  Prov.,  enserns, 
ense/nps-  Rouch.,  ensane,  enc/ien.  Wall.,  èsône.  Vx.  fr.,  an- 
sa/nble,  ensanle. 

Ensei^ite,  adv.,  ensuite,  après. 

Bourg.,  anscute.  Sav.,  êchuita.  Vx.  fr.,  ensuite  de. 

Ensorciïer,  V.  tr.,  ensorceler,  jeter  un  sort. 

Morv.,  ensoreiller,  enoancioueiller.  Poit.,  ensorciller.  Wall.. 
sorcier.  Vx.  fr.,   ensorcercr^   ensorcelJcr. 

Entamer,  v.  tr.,  blesser,  déchirer  :  ((  J'ai  les  mains  tôt 
entamées.  »  —  «  01  a  chu,  é  pou  ô  s'a  entamé  l'genô.  » 

Lat.,  atidininare.  Berry,  ento/ner,  enfen/nrr.  Nam.,  èdauiner. 
Prov.,  entamenar.  Rouch.,  adainer.  Wall.,  edarner.  Vx.  fr., 
entanpner,  endarncr,  entoin/uer. 

Entàmeijre,  s.  f.,  ent;ime,  entamure,  premier  morceau 
coupé  d'un  pain. 

Berry,  entoine,  eiiionuire.  Morv.,  enfôineure.  Saint.,  entou- 
miire. 

Entârer,  v.  tr.,  enterrer,  enfouir  profondément. 
Bourg.,  antarai,  antarré.  Prov.,  enterrar. 


LANGAGE    POPULAIHH    VERIJUNO-CII ALONNAIS  151 

Entàrer  l'feù,  loc,  le  couvrit'  de  (;endi'es,  afin  qu'il  se 
conserve  pour  rallumer  le  l)ois  le  lendemain. 

Entemi,  adj.,  engourdi,  presque  pamlysé. 
Monti'.,  cnleini. 

Entendue,  s.  f.,   entente,  accord  survenu  entre  personnes 
dissidentes  :  «  O  s'a  r'métu  d'avou  sa  fonne;  y  a  êvu  eùne 
bonne  entendue.  » 
Moi'V.,  cnicndue.  Prov.,  entcnia.  Vx.  fr.,  entente. 

Enter,  y.  tr.  \'est  point  le  synonyme  de  greffer,  et  ne  s'em- 
ploie guère  que  dans  cette   phrase  :  «    Enter  des  bas,   » 
pour  :  remonter  des  bas.  La  ménagère  a-t-elle  vu,  dans  ce 
travail,  une  sorte  de  greffe? 
Genev..  enter.  Prov.,  emjx'ltar,  eiipentar.  Vx.  fr.,  enter. 

Entoneau  et  Entouneau,  s.  m.,  entonnoir. 

Berry,  entounouè.  Morv.,  eiifonnoué,  aigiteriot.  l\ouch., 
entonan. 

Entôi:,  adv.,  autour,  à  l'entour. 
Bourg.,  caitor.  Morv.,  entor. 

Entravirer,  V.   tr.,    fatiguer,    tourner    la   tête   :  «    Ah!    la 
bavarde  !  AU'  m'en  a  dégoisé  si  long. . .  àll"  m'a  tôt  entraciré.)) 
(V.  Étourdir.) 

Entremi,  prép.,  entre,  parmi,  au  milieu  de  :  ((  J'ons  m'né  le 
p'tiot  à  la  fouére  entremi  nous  deux.  »  —  ((  Mon  chapiau 
a,  chu  entremi  la  cheire  et  la  porte.  » 

Lat.,  intermx'dius.  Ital.,  intra.  Berry,  entre/ni,  entermi. 
Bourg.,  ainini.  Bre.ss.,  entre/nier.  Gasc,  entre/nié!/.  Jura. 
entremi,  entermi.  Lim.,  intrè.  Mac,  entrein'i.  Morv.,  entearini. 
Pic,  iuter.  Poit.,  entremi.  Prov.,  entre.  St-Aru.,  etre-mi. 
Suisse  r.,  eintreini. 

Entrepris, adj.,  embarrassé,  qui  a  perdu  contenance,  malade: 
((  L'  pauv'gas!  ôl  é  tôt  entrepris;  ô  pourrôt  ben  rester  pou 
la  façon  d'  s'a  mare.  » 

Envâr,  s.  m.,  envers  d'une  chose. 

Bourg,,  anoar.  St-Am.,  ôcâ.  (V.  Enrecàr.) 


152      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Envarimer,  V.  U\,  envenimer. 

Ital.,  iiive/iolire.  Berry,  enoolimcr.Boarg.,  anoairi/nai.  Morv., 
cil  roui  mer.  Norra.,  cnoclimer.  Pic,  iaorimc.  Pvoy.,encerinar, 
cscerenar.  Vx.  fr.,  cntyelimcr. 

Enveùrner  (s'),  V.  pron,,  être  attaqué  par  les  vers.    Se  dit 
des  fruits,  des  étoffes,  des  viandes  :  ((  J'I'avô  portant  raétu 
dans  l'sau;  ma  mon  lâr  s'a  tôt  d'mein-me  enveùrmé.  » 
Moi'v.,  cnociinncr. 

Enviyer,  V.  tr,,  envoyer,  faire  partir. 

Ital.,  inviare.  Berrj'',  e/icivr.  Bourg,  anvuii.  Fr.-Cté, 
envier.  11. -VV,  enoéi/er»  iuva,  i/ieier.  Moiv.,  eiwier.  Norra., 
envier.  Pvox. ,  envi((r.  Suisse  r.,  einvia.  St-Am.,  etv'e/'.  Wall... 
invier.  Vx.  fr.,  encoicr. 

EpÂiLLER,  V.  tr.,  démarrer,  éloigner  une  embarcation  du 
bord  :  «  L'barquôt  touche  tare;  épâille-\e.  »  Un  jour,  nous 
allions  pour  entrer  dans  le  bac,  lorsque  nous  le  vîmes  trop 
loin  pour  l'enjamber.  Alors  nous  entendîmes  :  ((  Qui'c'qui 
a  donc  épaillé?  »  Se  dit  aussi  dans  le  sens  de  poursuivre  : 
((  Attends,  polisson!  j'm'on  vas  Vépailler.  » 

Bourg.,  dèpaiUai  (déguerpir,  quitter  la  paille  où  l'on  dormait). 
(V.  Dé  pailler.) 

Epâilléte,  s.  f.,  rame  pourvue  d'une  monture  [chaple]  en 
fer,  pour  pouvoir  ramer  assis  dans  le  bateau.  Sert-elle,  de 
préférence,  à  épaillerf  En  tout  cas,  ce  mot  est  bien  le 
substantif  du  verbe. 

Epanguilleii,    V,   tr  ,    dépouiller  de    leurs   enveloppes    les 
grappes  de  maïs  {les  panonilles). 
(V.  ÉchaiUer.) 

Epantau,  s.  m.,  épouvantail,  mannequin  planté  dans  les 
champs  pour  faire  peur  aux  oiseaux. 

Bourg.,  èpontai'i.  Prov.,  espaventulh.  Vx.  fr.,  espoantail, 
espon  vantail. 

Épante,  s.  f.,  peur,  frayeur,  épouvante. 

Bourg.,  èponlc.  Lorr.,  (ipovanfe,  pou.  Montr.,  épante.  Morv., 
épante.  Prov.,  cspaven.  Vx.  fr.,  c.yjavantc,  cspouvante. 

Épanter,  V.  tr.,  troubler,  épeurer,  épouvanter  :  «Lu!  l'ta- 
rihc!  ô  n'a  épante  qu'h^s  poules.  » 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  153 

Lat.,  expacescere.  Bas-lat.,  cxpavantarc.  Ital.,  spacaniarc. 
Berry,  apanter.  Bourg.,  èpontai,  csseurfantai.  Bress.,  épan- 
ter.  Bugey,  èpoeanta.  Champ.,  cpanier.  Fland.,  épanter. 
him.,  éypàuridas.  Lorr.,  épocoti/i,  apovanter.  Mac,  cpantai. 
Montr.,  épanter.  Morv.,  cpanier,  époulcander.  Norm.,  èpen- 
ter.  Pic,  èpaxiter,  èpavander,  épeuter.  Poit.,  èpontai.  Prov., 
cspaventar.  Rom.,  cspavantar.  Rouch.,  enpanter.  Toul., 
espauri.  Wall.,  épanter,  spawter.  Vx.  fr.,  cspoenicr,  cspaoïi- 
ter,  espantos  (tremblant). 

Épàrçu,  et  Epôrçu,  part.,  aperçu,  entrevu. 

Berry,  aparçu.  Bourg.,  éporsu.  Lorr.,  épcrçcu.  Morv., 
aiparceu.  Pic,  aperchu.  Vx.  fr.,  aperceil,  apparzu. 

Éperau,  et  Éprau,  s.  m.,  sorbe,  corme,  fruit  du  sorbier,  ou 
cormier. 

Morv.,  èpeuriau.  (V.  Éprulcu.) 

Épetit,  s.  m.,  appétit  :  ((  Voui,  j'mainjons  ben;  j'avons  prou 
d'Vépetit.  )) 
Ital.,  appetito.  Prov.,  apetit.  Vx.  fr.,  apetit.  (V.  Opctit.) 

Épeû,  et  Épi,  loc.  adv.,  et  puis.  Tantôt  on  écrit  d'un  seul 
mot,  comme  ici,  tantôt  on  sépare  Vé  initial. 

Lille,  et  péc.  Lyon.,  pouai,  poué.  Poit.,  apeu.  Prov.,  apci/. 
St-Am.,  pi.  Saint.,  et  peux.  Sav.,  e  poué.  (V.  Peu.) 

Épeûiller,  V.  intr.,  éclore,  en  parlant  de  l'herbe  qui  sort  de 
terre,  des  bourgeons  qui  se  montrent. 
Toul.,  espeli.  (V.  Epûijcr,  Trésir.) 

Épeûler,  V.  tr.,  appeler  :  ((  Qu'é  c'que  t'as  donc  dans  la 
caboche,  de  n'pas  v'nî?  V'qui  trente  six  foués  que 
yVépeùle!  » 

Lat.  et  Ital.,  appcllarc.  Bourg.,  cpelai,  epeulai,  aipelai , 
Lim..,  opeler.  Prov.,  appelar.  Vx.  fr.,  apclcr,  appeller. 

Epeiine,  s.  f.,  épine.  On  applique  aussi  ce  mot  à  la  grosse 
arête  de  poisson. 

Lat.  et  Ital.,  spina.  Berry,  épeignc.  Bourg.,  épcigne,  épcne. 
Bresse,  épeune.  Fr.-Cté,  apeune.  Lim.,  épino.  Morv.,  épeune. 
Prov.,  espina.  Rouch.,  épène.  St-Am.,  cpëna.  Toul.,  espinas. 
Wall.,  sipeinn.  Vx.  fr.,  espine. 

16 


154  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNALS 

Épeùrer,  V.  tr.,  épurer,  faire  sortir  l'eau  d'un  objet  mouillé, 
égoutter  :  ((  J'nous  sons  métues  à  l'tord'e,  épeii  j 'avons  ben 
épeùré  i'iinge.  » 

Berry,  è[icurcr,  pnrer.  Fr.-Cté,  èpoucri,  épounta.  Guern., 
purair.  Lang.,  espâouri.  Morv.,  cpcurer,  èpouéri.  Norm., 
piirci\  puroter,  èpouver.  Pic. ,  cpeuter.  Prov. ,  espaoavir. 
Suiss.  r.,  pouairi,  épouaivi.  Vx.  fr.,  espurer. 

Épiïer,  V.  intr.,  épier,  monter  en  épi. 

Ital.,  spigare.  Berry,  cpirjer.  Montr.,  èpeudre.  Poit.,  èpigé. 
Prov.,  espigar.  Rom.,  ospigar.  Toul.,  espiga.  Vx.  fr.,  espier. 

Épingue,  et  Epiône,  s.  f.,  épingle. 

luSit.jSpinula.  Ital.,  s/)i7/o.  Bourg.,  èpindlc.  Cliamp.,  èpUngue. 
Fland.,  èpciane.  Fr.-Cté,  épcing/ie.  Genev.,  épingue.  Guern., 
épile.  Il.-V%  èpille.  Lang.,  espingo.  Lille,  épeinnc.  Lim., 
éypïnlo,  égpïngo.  Mac,  èpaiiiglie.  Morv.,  épingue.  Norm., 
cspèche,  affique.  Pic,  épicule,  épiule.  Prov.,  cspingla.  Rouch., 
cplinquc.  St-Am.,  épènlge.  Toul.,  espillo,  csplingo.  Vx.  fr. , 
espille,  espingle. 

ÉPLÈuë,  s.  f.,  étincelle,  point  qui  brille  subitement. 

Bourg.,  èpluc.  Bress.,  éprue.  Champ.,  épeleure.  Dauph., 
cipelut.  Forez,  bèUœc.  Fr.-Cté,  âplue,  èplue,  épclue.  Jura, 
éprille.  Lang. ,  belugo.  Morv. ,  èpluë.  Norm.,  berluette, 
beliicttc.  Prov.,  béluga.  Sniss.  v . ,  épèlua,  épelura.  Toul.,  belugo. 
Wall.,  blaicette.  Vx.  fr.,  èpluc,  espelue,  cpluctte.  (V.  Epvu'ic.) 

Épleûer,  V.  intr.,  étinceler,  briller  tout  à  coup. 

Bourg.,  éplcué,  épluai.  Fr.-Cté,  àpluev.  Lang.,  bélugucja- 
Morv.,  épluer,  épluier.  Prov.,  bclugar.  Saint.,  bcrluter. 
Suiss.  r.,  épclua. 

Épôfer  (s'),  V.  pr.,  s'époufîer,  pouffer  :  «  0  disôt  tant 
d'bétises,  que  j'nous  épofions  d'rire.  » 

Bourg.,  s'épojfitl.  Rouch.,  s'époufer.  Vx.  fr.,  s'csbofcr, 
sesbou(fer. 

Épômôner  (s'),  V.  pr.,  s'époumoner,  trop  parler,  crier  tort. 
Rouch,,  s'èpomoner. 

Épôrter,  V.  tr.,  apporter. 

Lat.,  apportare.  Bourg.,  cpotai.  Lorr.,  épôté.  Prov.,  aportar  _ 
Vx.  fr.,  aportcr. 


LANOAGE    POPULAIRE    VKRDUNO-CIIALONNAIS  155 

Épôs,  ôsse,  adj.,  ôpais,  lourdaud. 

Ital.,  spesso.  Bourg.,  cspoo.  Moi-v.,  espoo.  Prov.,  cspes. 
Wall.,  spcs.  Vx.  h-.,  cspes,  c.spels,  cspais. 

Epùssî,  V.  tr.,  et  intr.,  épaissir,  prendre  du  corps. 

Ital.,  spcssare.  Bonrg-,  nipôssi.  Movv.,  épossi.  Prov.,  es- 
j)cissar,  cspicssar.  Vx.  fr.,  esprisscr,  espcsscr. 

Épotalets,  s.  m.,  hautes  échasses  :  «  01  é  fin  hébile;  avou 
ses  épotalets  ô  côrttôt  cment  d'avou  ses  pieds.  » 
Chai.,  pantalets.  (V.  Ensaches.) 

Epoussoter,  V.  tr. ,  épousseter  légèrement. 
Wall.,  èpoùsetcr.  Vx.  i'r.,  cspoussetcv. 

Époustaler,  V.  tr.,  chasser,  pourchasser  :  «  Qu'é  c'  que  t' 
fais  iqui,  ch'ti  crapiau  ?  Attends,  j'vas  \' époustaler.  » 

Époutî,  V.  tr.,  écraser,  aplatir  :  «  J'ni'é  épouti  l'dèt  d'avou 
mon  martiau.  » 
Lim.,  èt/poû(i.  Tonl.,  csponti. 

Épràs,  prép.,  après  :  k  0  s'é  métu  dans  eùne  jolite  al'àre  ! 
Epras  c'qui,  qu'é-c'qu'ô  va  d'venî  ?  » 

Ital.,  appresso.  Berry,  auprès.  Bourg.,  aiprc.  Lorr.,  cprè. 
Pi'ov.,  après.  Vx.  h\,  emprès^  âpre.::.  (V.  Après.) 

Épràter,  et  Eprôter,  v.  tr.,  apprêter,  disposer,  préparer. 
lta\. ,  apprcstare.  Bourg.,  cprôtai,  éprétai,  aiprôtai.   Lorr., 
cprôté.  jMorv.,  aiprôter.    Prov.,    aprcstar.   Vx.   fr.,    aprcstcr, 
a  pp  rester. 

Eprende,  V.  tr.,  apprendre,  enseigner. 

Ital.,  apprendere.  Bourg.,  èprare,  cpâre,  aiprârc.  Bresse, 
nprandre.  Lorr.,  eprandre.  Prov.,  aprendre.,  aprener,  apcnre, 
Vx.  fr.,  aprendre,  apcnre. 

Épris,  adj.,  appris,  élevé,  en  parlant  d'un  enfant,  d'une 
personne  :  ((  01  é,  ma  fi,  bon  épris;  o  dit  bonjor  à  tôt 
l'mondo.  » 

Bourg.,  aipri,  épri.  Bress.,  apraip  Lorr.,  èpri.  Vx.  fr., 
apris. 

Éprôche,  s.  f.,  approche. 

Ital.,  approccio.  Bourg.,  cprucJie,  cprùchc.  Prov.,  apro- 
chf.  Vx.  fr.,  approche. 


156  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Éprôcher,  V.  tr.,  approcher. 

Lat.,  approximare.  Ital.,  approcciarc.  Bourg.,  èprôchai, 
Prov.,  apropchar,  apropjar.  Wall.,  apvèp'i.  Vx.  iï-.,aproecier. 
approchicr,  aproicr,  aprcuc/iicr. 

Eprôprî,  V.  tr.,  approprier,  tenir  propre,  nettoyer. 

Lat.  et  Ital.,  approprlare.  Berry,  appropéïr,  appropsir. 
Moi'v. ,  aipropri.  Prov.,  aproprlav.  Vx.  fr.,  apropricr,  appvo- 
prer. 

Éprûïe,  et  Eprùle,  étincelle.  Quand  on  tisonne  la  bûclie,  on 
en  fait  sortir  des  ((  éprûïes.  » 
Montr. ,  cpreutUc.  (V.  Êplcûë.) 

Épruleû,  s.  ra.,  fruit  du  sorl>ier.  (V.  Épereau.) 

Épûyer,     V.   intr.,   éclore.    Ne  se   dit    qu'eu   parlant   des 
œufs  d'oiseaux.  (V.  Épeàiller.) 

Équiter,  V.  tr.,  acquitter,  tenir  quitte. 

Bas-lat.,  acqtdtare.  Morv.,  aiquiter.  Pvov. ,  aquitar.  Vx.fr., 
aquiter,  aqiicr,  aquitier. 

Érang'ment,  s.  m.,  arrangement,  combinaison. 
Bourg.,  airangetnan. 

Éranger,  V.  tr.,  arranger,  terminer. 

Prov.,  arengar,  arcngar,  arrenjar.    Vx.    fr.,  arciiger,   ar- 

rangier,  arcngier. 

♦■ 

Ér.vte,  s.  f.,  arrêt,  répit  :    «  D'avou  toué,   on  n'a  pas   eùn 
p'tiot  moument  d'éràte.  » 

Ital..  arresto.  Genev.,  èrâlc.  Prov.,  arrest.  Vx.  fr.,  arrest, 
arest. 

ÉrAte,  s.  f.,  arête,  épine,  mainte  chose  piquante. 

Ital.,  r  es  ta.  Movv.,  fiir-ôdc.Na.m.,èràsc.  Pvov. ,'arisia.'yVaU., 
(irirse,  ricss.  Vx.  iv.,  arcsie,  arrcste.  {Y .  Epcùiic.) 

Érâter,  V.  tr.,  arrêter,  empêcher,  faire  obstacle. 

Ital.,  avrcstarc.  Bei-iy,  airlcr.  Bourg.,  cri-tai.  Movv.,  aivtcr. 
Pic,  id'tcr.  Prov.,  ai-r<'sUi7\  arcsiar.  Vx.  fr.,  aresfer,  arrcs- 
tcr.  (V.  Empocher.) 

Érécher,  V.  tr.,  arracher,  enlever  de  force. 

Lat.,  exracUcare.  Lorr.,  èrèchi.  Prov.,  araigur,  arai;ar, 
arasignur.  Vx.  fr.,  csrachier,  csraccrer,  arnc/ticr. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  157 

Érhes,  s.  f.,  arrlios. 

Lat.,  arrha.  Ital.,  arre.  Berry,  alrrlics.  Genev.,  airrhcs, 
crrhes.  Pic,  err/ie.  Prov.,  arrus.  Kouch.,  erres.  Wall.,  aires. 
Vx.  fr.,  arrcs,  erres,  ares. 

Ériaule,  s.  m.,  érable. 

Lat.,  acer  arbor.  Berry,  arabe.  Bourg..  ô.serau(e.  Fr.-Cté, 
isei'aiile,  eu^eraulc.  Genev.,  iscrablc.  Morv.,  criaule,  ouriaule. 
Nain.,  ataub.  Prov.,  arabre.  Wall.,  aioabe.  Vx.  fr.,  érable. 

Éricôt,  s.  m.,  haricot. 

Morv.,  ericot.  (V.  Faviùle.) 

Éricôt,  s.  m.,  souci,  tracas,  ennui,  inquiétude. 
Bourg.,  airirjo. 

En  cherchant  l'étymologie  de  «  boire  à  tire-larigot  »,a-t-on 
songé  à  Vairi(jô  bourguignon  ?  11  donnerait  une  solution  bien 
naturelle  :  boire  jusqu'à  chasser  l'ennui.  On  n'impose  pas  l'idée, 
mais  on  la  propose. 

Éricoter,  V.  intr.,  haricoter,  chipoter,  faire  des  difficultés. 
Bourg.,  airifjôtai.  Morv.,  hargoter,  haricoter. 

Éricotoû,  adj.,  difficultueux,  tracassier. 

Bourg.,  airigôtou.  Norm.,  haricotier.  (y.Éri(/noâ.) 

Érignoû,  adj.,  querelleur,  hargneux. 

Berry,  Aar^y/ic (querelle).  Bourg.,  c'raf</nou. Morv.,  airaiijnaii. 
Vx.  fr.,  hargne,  hcrgne,  herne  (mauvaise  humeur).  {V.  Érico- 
toû.) 

Érisipère,  s.  f.,  érysipèle. 

Ital.,  risipilo.  Prov.,  cri^ipila.  Wall.^  rèc-ipcl.  Vx.  fr., 
Iierisipillc,  ertjsipele. 

Ériver,  V.  intr.,  arriver,  parvenir. 

Ital.,  arrivare.  Berry,  anricer.  Bourg.,  arrivai,  crrioé.  Lorr., 
crici.    Prov.,  aribar,  arivar.   St-Am.,  arecé.  Vx.  fr.,  aviver, 

Érivage,  s.  m.,  arrivage. 

Bas-lat.,  arripaticum.  Morv.,  airrioaige.  Vx.fr.,  arrivaige, 
urioage. 

Éroûser,  V.  tr.,  arroser,  aussi  bien  les  fleurs  que  le  gosier. 

Lat.,  ad  ras.  Berry,   ccrrouser,   enrouser.  Bourg.,    érô^ai. 

]Morv.,    airouser,   aronher.    Pic,    arouser.     Prov.,    arrosar, 


158  LANGAGE    POI^ULAIRE    VERDUNOCIIALONNAIS 

arrosai'.  St-Am.,  areu;c.  Wall.,  arrouser.  Vx.  fi".,  arrouscf, 
aroser. 

Errière  (en),  loc.  adv.,  en  arrière  :  ((  Mon  diâbe  de  ch'vau, 
ô  va  tôjor  en  errière.  » 

Lat.,  ad  rétro.  Berry.,  rière,  en  airière.  Bourg.,  arcirc. 
Genev.,  en  errière.  Pic,  en  errière.  Prov.,  areire,  areijre, 
arreire.  Wall.;,  cri.  Vx.  fr.,  arere,  ariere,  errière. 

Ertùson,  s,  m.,  artison,  teigne,  mile,  ciron.  Les  bois,  les 
étoffes,  les  livres  en  sont  rongés  :  ((  La  poutrôle  a  craqué; 
allé  étôt  dévorée  par  les  ertùsons.  )) 

Bourg.,  arioisin.  Forez,  mite  (acarus  du  fromage).  Morv., 
artouè^on.  Vx.  fr.,  artuison,  artuson,  arte,  artre. 

Es,  prép,,  aux  :  ((  Le  p'tiôl  Dodiche  s'en  va-t-es  champs.   » 
Morv.,  es.  Vx.  fr.,  as,  ans.  (V.  En.) 

EscALiBÔT,  s.  m.,  châtaigne  épineuse,  mâcre  flottante,  châ- 
taigne d'eau,  dont  l'enveloppe  est  entourée  de  pointes  très 
piquantes.  On  la  partage  avec  la  lame  du  couteau,  on  en 
sort  la  chair  farineuse,  aqueuse  parfois,  et  on  les  mange 
par  passe-temps  en  se  promenant,  surtout  en  allant  aux 
foires.  —  J.  Guillemin  la  nomme  ca//6o,  et  cite  Marchangy 
qui  l'appelle  caillebote.  Ce  dernier  ne  connaissait  donc  pas 
les  «  caillebotes  »  saintongeaises?  Le  docteur  B.  Gaspard, 
de  Montrèt,  transcrit  calibot,  signifiant  «  corps  dur  comme 
mâcre  ».  (V.  Cabache.) 

EscARBOuYER,  v.lr.,  écartcr,  étendre,  éparpiller,  disséminer: 
{(    La  bise  souflôt  c'ment   l'diâbe;   allé  escarboar/ot    les 
fetîyes  beùrotea  au  long  d'ia  place.  » 
Vx.  fr.,  escarbouiller  (écraser).  (V.  Éerabouijcr.) 

EscARGuiN,  s.  m.,  escargot.  Quand  les  enfants  prennent  un 
escargot,  ils  lui  chantent,  en  le  tenant  par  la  coquille  : 

Escar(juin, 
Escargot, 
Montre-moi  tes  cornes. 
Je  f enseignerai 
Ton  père  et  ta  mère 
Qui  sont  su  la  Saône, 
Qui fesont  des  gaufres: 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  IbO 

T'en  auras  ta  part 
Aussi  bea  qa'les  autres. 

Escarguin, 

Escargot! 

Ce  couplet  a  de  nombreuses  variantes.  Nous  en  avons 
cité  plusieurs  dans  la  Retme  des  Traditions  populaires. 

St-Aai.,  escanjou.  Sav.,  Icinacc.  Toul.,  escagarol.  Vx.  fr., 
escargot, 

EscARMOUCHER,  V.  iutr.,  synonyme  comique  d'étarnuer.  (V. 
ce  dernier  mot.) 

Escarpin  de  bôs,  loc,  sabot.  (V.  Esc-lot.) 

EscÀYER,  s.  m.,  marche  :  «  Monter  les  escùjjers.  »  On  monte 
les  marches  de  l'escalier. 

EscLÔT,  s.  m.,  sabot. 

Ardèc,  esclot.  Auverg.,  csclop.  Bourg.,  esclot,  Dauph., 
esclop,  aiclop,  ciclop.  Forez,  csclop,  èclot.  Lang. ,  csclo,  esclôp. 
Lorr.,.so6o.  Lyon.,  éclot.  Midi,  csclop.  Morv.,  esclo.  Puy-de-D., 
esclot.  Rouerg.,  esclops.  St-Am.,  cabcù.  Toul.,  csclop.,  esclou- 
pet.  Vx.  fr.,  esclos,  csclop,  esclot.  (V.  Escarpin  de  bôs.) 

EscROPioN,  s.  m.,  scorpion.  Ce  mot  a  dû  être  d'abord  escor- 
pion,  puis,  par  métathèse,  le  mot  actuel. 

Lat.,  scorpio.  Ital.,  scorpionc.  Berry,  escorpion.  Montr., 
cscorpion  (chrysalide  du  gros  papillon.)  Prov.,  escorpion. 
Vx.  fr.,  escorpion,  scorpiun. 

Espérer,  v.  tr.,  attendre,  craindre  :  «  ye.spèrons  la  mâre- 
grand',  qui  doit  v'ni  tantôt.  »  —  «  01  é  mau  ;  ôl  espère  la 
fieîîve.  » 

La.t.,spcrare.  Bei-ry,  espérer.  Lang.,  csperar.  Lyon.,  espcrar. 
Norm.,  espérer.  Prov.,  csperar.  Wall.,  espérer.  Vx.  fr., 
espeirer,  espoirer. 

Esquinter,  v.  tr.,  fatiguer,  épuiser,  exténuer  :  «  J'n'en  peux 
pus;  j'ai  tant  fait  d'chumin,  qu'je  m'sis  esquinté.  » 

MovN. ,csquintcr.^oi'm.,csquaintcr.  Prov.,  esf/atn('«r.  Wall.» 
esquinter. 

EsQuiÔMÔ,  s.  m.,  bizarre  prononciation  locale  de:  Eccehomo, 
personne  à  la  figure  immobile,  atone,  maladive,  et  volon- 


160      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

tiers  pauvre  d'intelligence  :  «  Ma  fi  !  ô  n'sait  ni  entend'e, 
ni  dire;  ôl  é  là,  c'ment  c'qui,  ...y  et  eùn  vrâ  esquiômô.  » 

EssAPER,  V.  tr.,  enlever  l'humidité  d'un  linge  mouillé: 
((  Maugré  l'vilain  temps,  not'bué  é  jâr  ben  essapée.  »  Le 
mot  ne  signifie  pas  complètement  sec,  mais  encore  un  peu 
bumide. 

EssETER,  V.  tr.,  asseoir.  Plus  souvent  pronominal. 
St-Am.,  cheté.  (V.  Cheàrter.) 

EssEÙRANCE,  s.  f.,  assurancc,  sécurité. 

Movv .^  alsscaraiice.  Vx.  fi'.,  asseurancc,  asseurcment. 

EssEÙRER,  V.  tr.,  assurer,  affirmer. 

Ital.,  asseeurare.  Bourg.,  cssurni.    Morv.,    aisscnrcr.   Pic, 
asseurcr.  Prov.,  assegurar.  Vx.  fr.,  asoûrer,  asseûrer. 

EssiSTANCE,  s.  f.,  assistance,  secours. 
Morv.,  essistancc.  Vx.  fr.,  assistance. 

EssoPER  (s'),  v.  pron.,  se  heurter,  se  butter  par  inattention 
les  pieds  contre  une  pierre,  un  morceau  de  bois,  et  man- 
quer de  tomber  :  «  I  m'seû  essopé  cont'l'escàyé  d'ia  Glau- 
dine;  i  m'seù  fait  bé  mau.  » 
Merv.,,  êcheper. 

EssouMER,  V.  tr.,  assommer,  ennuyer  à  l'excès. 

Ital.,  assomarc.  Morv.,  aissoumer.  Prov.,  assomar,asoiJiar. 
Vx.  fr.,  asomer,  asomincr. 

EssouRDiLLER,  et  EssoRDiLLER,  V.  tr.,  assourdir,  fatiguer  les 
oreilles  :  «  V'tu  ben  pas  tant  couiner;  f  m'essourdilles.  » 
Lat.,  exsurdare.  Ital.,  stordire.  Berry,  assoj'dir,  assourillcr 
(écouter  avec  attention).  Forez,  cssourlie.  Genev..  essourdeler. 
Lang.,  elssourda.  Lyon.,  essor li.  Morv.,  aissorder,  aissoit- 
riller.  Prov.,  aissouvdir.  Toul.,  cissoiwba.  Vx.  fr.,  essourder, 
assourdir . 

Esteûle,  s.  f.,  paille. 

lidkX.,  ètoppia.  ^QMvg.,  ècaule,   ètoule.   Norm.,    ètau.    Prov.,, 
csiobla.  Wall.,  steûl.  Vx.    fr.,  estuble,   esteule.    (V.  Etoule.) 

E-STOC,  s.  m.,  coupd'œil,  esprit,  intelligence,  jugement. 

Ital.,  s^locco.  Genev.,  es^oc.  Lorr.,  estoc.   Prov.,   estoc.  Vx. 
fr.,  estoc.  {N .  Jugeote.) 


LANGAGE    l'OPULAIRIi    VERDUNO  ClIALONNAIS  161 

EsTOUMÀ,  S.  m.,  estomac,  poitrine  :  «  01  a  pris  cùn  chaud- 
frèd,  êpeu  rrhcûrae  li  a  tumbé  su  Vestoumâ.  » 

Bourg.,  cstcuinâ.  Morv.,  asioinac,  asioniac/i.  St.-Ani.,  cs- 
touinà. 

EsTRANGOuiLLER,  V.  tf.,  étrangler,  comprimer. 

Lat.,  sirangularc.  Ital.,  àtrangoU(fc.  Morv.,  ètroinijuicr. 
Pic,  ètrancr.  Prov.,  estringular,  slrdinjlar.  Rouch.,  esiriii- 
guler.  St-Am.,  ètrcli/ë.  Wall.,  sic  roue.  Vx.  i'r.,  csiraiifflcr, 
estranler. 

EsTREÙPi.siE,  s.  f.,  liydropisie. 

Bourg.,  cslreupulc.  Vx.  fr.,  idrophie,  jjiro/iire,  hi/drupcsie. 

E.STRONGEON,  et  EsTuoNJON,  S.  m.,  esturgeon.  Est  surtout 
employé  au  figuré  pour  critiquer,  —  à  tort,  —  la  petitesse 
d'une  personne  ou  d'un  animal.  L'esturgeon  étant  d'un 
gros  format,  par  quelle  bizarrerie  sert-il  de  point  de  com- 
paraison avec  un  être  chétif  et  petit  ?  Par  antiphrase,  sans 
doute  :  «  Va  donc,  espèce  à'eatrongeon!  » 

Ital.,  siorionc.  Morv.,  eslfuiigeoii  (avorton).  Vx.  fr.,  cstur- 
gon. 

Étaiche,  et  Étécue,  s.  f.,  attache,  cordon,  agrafe,  etc. 

Berry,  ùtaclic.  Bourg.,  ailèche.  Morv.,  aitaichc.  Pic, 
attakc.  Prov.,  aiiacha.  Wall.,  atèche  (épingle).  Vx.  fr., 
atache,  cstachc. 

Étaigher,  et  Étécher,  v.  tr.,  attacher. 

Berry,  ciacher.  Bourg.,  ciaic/tc.  Lille,  at(i(/iu'.r.  Lim., 
églachas.  Morv.,  aiiaicher.  Pic,  aikikcr.  Prov.,  aliachar. 
Vx.  fr. ,  atacher,  atachicr,  esiachcr. 

Étendre,  v.  tr. ,  attendre,  être  prêt  :  «  Dépôche-te;  le  fricot 
nous  étand.  » 

Lat.  et  Ital.,  attendere.  Bourg.,  éta/ire,  ctandre.  Prov., 
atendre.  Vx.  tw^atetub^e. 

Étarnuer,  v.,  intr.,  éternuer. 

Lat.,  sterimtare.  Ital.,  staniatarc.  Berry,  étourncr.  Bourg., 
ètarnuè.  Morv.,  éiarimer.  Prov.,  cstovnudar,  cstrunidar .  St- 
Am.,  étarnei'è.  Sav.,  ètarni,  ètarnâ.  Toul.^  csiournuda. 
Wall.,  stieriii.  Vx.  fr.,  estevnucr.  (V.  Escar/noucJwr.) 


162  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

États  (être  dans  tous  ses),  loc,  situation  affairée,  tourmen- 
tée, tumultueuse  :  «  La  bigre  !  âll'  va  s'marier;  aussi  âlle^ 
dans  tous  ses  étais.  » 
Genev.,  même  locution. 

Étau,  s.  m.,  dessus  de  l'ancienne  entrée  extérieure  des  caves. 
Les  portes  de  ces  caves  étaient  inclinées  à  45  degrés,  et, 
sur  l'épaisseur  des  murs  triangulaires  qui  en  soutenaient 
les  gonds,  garçonnets  et  fillettes  grimpaient  pour  atteindre 
le  sommet.  Ce  sommet,  c'était  VÉtau,  pierre  horizontale 
sur  laquelle  les  jeunes  joueurs  se  dressaient,  se  tenant  par 
les  mains  et  chantant  des  chansons.  «  V'nez  gravicher  su 
Vétau  !  »  criaient  les  intrépides.  Et  ils  montaient. 
Celtiq.,  èteo  (grosse  bûche).  Pic,  é^a«(souche  morte). 

lu'étau,  était-il  formé  anciennement  d'une  souche  équar- 
rie  et  poséeàplat?  C'est  possible.  Ou, laissant  cette  hypo- 
thèse, faut-il  rapprocher  étaa  d\Haule,  en  supposant  une 
ressemblance  entre  les  dessus  de  caves  et  les  seuils 
d'étables  ?  Voyons  encore  : 

Bourg.,  étau  (table de  boucherie). 

C'est  notre  étal.  Il  est  probable  qu'à  un  moment  donné 
les  bouchers  étalaient  leurs  viandes  sur  la  pierre,  sommet 
de  l'entrée  de  cave,  laquelle  pierre  aura,  de  là,  pris  et 
gardé  le  nom  à.' étaa. 

Ital.,  stallo.  Lorr.,  eitauque.  Prov.,  estai,  estau.  Wall.,  sta. 
Vx.  fr.,  estai. 

•Étaû,  adj.,  surpris,  étonné,  stupéfait  :  «  De  c'qu'ô  m'a  ra- 
conté, voué-tu,  j'en  pouvô  pas  r'veni  ;  j'en  seû  rasté  tout 
étaù.  )) 

Bourg.,  étau,  étuiï.  Wall.,  estcnè,  cstonè.  Vx.  fr.,  cstunè, 
càlonè.  (V.  Ebahi.) 

Étaule,  s.  f.,  étable,  écurie.  Dans  notre  littérature  popu- 
laire, il  n'existe  presque  pas  de  Noëls  où  il  ne  soit  ques- 
tion de  Vétaule,  où  bergers  et  villageois  se  rendent  pour 
adorer  le  Saint  Poupon. 

Lat.,  stabulum.  Berry,  étaule,  ètoule,  étabe.  Bourg.,  étaule. 
Biess.,  étohlo.  Dauph.,  établo.  Fr.-Cté,  aitaulc.  Lim.,  eitable. 
Lorr.,  étàbe.  Mac,  étrobiie.  Pic,  étaule,  étale,  ètace.  Prov., 
estable.  Rouch.,  étaule'.' Tonl.,  estable.  Wall,,  stâf.  Vx.  fr., 
estable. 


LANGAGE    l'OPULAIKE    VERDUNO-CllALONNAIS  1G3 

Été,  V,  aux.,  être,  appartenir. 

Lat.,  es,->c.  Ital.,  csàcrc.  Bourg.,  ùlc  Morv.,  clc.  Prov.,  C6àer. 
Sav.,  csrê.  Vx.  h'.,  cslfc. 

Éteinde,  et  1]tuindk,  v.tr.,  éteindre. 

Lat-,  oxtingucra.  Ital.,  estinfjiicre.  Bourg.,  cti)indt\  Piov., 
t'sicn/ier,  eséeiii;jc'-.  Y  s.,  t'r.,  cstaiiidrc,  extaindrc,    càtcui<lre. 

Éteindoir,  s.  m.,  êteignoir. 
Rouch.,  ùtciio. 

Éteindii,  et  Étoindu.  part.  iVéteindc. 

Bomg. ,  ctoiltilUi.  Fr.-Çté,  ditcndu.  Murv.,  ùioimla.  Prov., 
estetiKiu.  Roucli.,  èii/u/a. 

Ételle.s,  s.  f.,  éclats  de  bois,  gros  copeaux  en  lamelles,  déta- 
cliés  par  la  hache  des  troues  et  poutres  (|u'on  équarrit. 
Elles  servent  au  chauffage. 

Lat.,  hasiclla.  Bourg.,  étùle.  Daiipli.,  eitello,  eltcla.  Forez, 
ctclla.  Fr.-Cté,  altellc.  Isère,  cite/a.  Lille,  èqucttes.  Lorr., 
(JteUc.  ^Lune,  atc.Uc.  Montr.,  ctc/lcs.  Morv.,  ((tùlc.  Nam., 
astalc.  Norm.,  atcKc,  /ial,'l.  l'rov.,  asieUa,  asicla.  Suiss.  r., 
claH((,  cIcUa.  Toul.,  cstclo.-i.  Wall.,  esiiiJa.  Vx.  fr.,  aslelc, 
asielle. 

Etention,  s.  f.,  attention,  soins,  ;ij)plieation. 
Morv.,  èteiition. 

Étention,  s.  L,  intention,  volonté. 
Morv.,  èlcailon. 

Eteùrne,  s.  f.,  étrenne,  non  celhi  du  jour  do  l'an,  mais  la 
première  vente  faite,  la  première  aumône  reçue  :  ((  Dion 
bénisse  la  main  qui  m'éteùrne!  »  dit  toute  marchande  en 
se  signant  dès  qu'elle  a  vendu  son  premier  objet. 

Lat.,  strcna.  Ital.,  streniia.  Prov.,  estrc/ina,  cslrc/i/ia.  8t- 
Am.,  ètvcnna.  \A^all.,  stfciim.  Vx.  fr.^  estreg/ie,  càiruinc, 
cstrine. 

Éteùrner,  V.  tr.,  étrenner  :  ((  Éteùmez-moi ,  mon  bon 
mossieu,  »  vous  dit  la  mendiante  en  vous  tendant  la  main. 
Et,  si  vous  répondez  à  sa  demande  d'une  façon  afliimative, 
elle  embrasse  le  sou  que  vous  lui  doni>ez,  en  vous  disant: 
((  Dieu  vous  l'rende!  ))  , 

Prov.,  cstreiiar.  Wall.,  strinc.  Vx.  fr.,  cstrcner. 


164      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Etifer,  \-,  tr.,  attiffer,  parer  avec  affectation. 
Mon-.,  aitifev.  Vx.  fr..  atuffcr,  afifcr. 

Étiver,  V.  tr.,  faire  tremper  la  lessive  dans  l'eau  de  cendres. 
Corruption  de  :  étuver. 

Monti'.,  Hiccr.  Prov.,  csttibar,  stuvar.  Wall.,  sitoncè.  Vx. 
fi".,  cstuvcr. 

Etoile  (faire),  loc.  employée  par  les  jeunes  patineurs. 
Pendant  la  période  d'apprentissage,  on  ne  garde  pas  très 
bien  son  équilibre,  et,  toutes  les  fois  qu'un  commençant  y 
va  de  son  derrière,  la  glace  ploie  sous  le  choc  et  s'étoile. 
Alors  les  camarades  de  rire  et  tous  d'arriver,  leur  casquette 
à  la  main,  et  de  simuler,  à  tour  de  bras,  un  ironique 
balayage  de  la  place  étoilée,  en  se  livrant,  mais  sans  fiel, 
aux  plus  cocasses  formules. 

Étômi,  adj.,  lourd,  engourdi  :  «  R'mue-te  donc;  t'as  l'âr 
d'ein  vrâ  étomi.  » 

Bress.,  ècomi.Nonn.,  untoini.  Pic,  cntomhi.  Kowch..,  atotnie 
(maigre).  Wall.,  étomhi 

Étouner,  V.  tr.,  étonner,  surprendre. 

Bourg.,  cloanai.  Wall.,  cstciicr,  estoner.  Vx.  fr.,   csloncr. 

Étôpe,  s.  f.,  étoupe,  filasse  pour  attacher  à  la  quenouille. 
Lat.,  s^«</)/>«.  Ital.,  s^o/)/)a.  hyoïi.,  étopo.  Morv.,  étape.  Prov., 
estopa,  stopa.  Wall.,  sitop,  stop.  Vx.  fr.,  cstoupe.  (V.  Etou- 
piau.) 

Étordî,  V.  tr.,  étourdir,  importuner. 

Ital.,  siordirc.  Bourg.,  iiodi.  Norra.,   àtaudi,  èiauL  Prov., 
stofdir.  Vx.  fr.,  cstordir,  cstourdir.  (V.  Elourdi.) 

Étôt,  imparf.  du  v.  été,  était  :  «  01  étbt  bé  brave.  » 
Lorr.,  atôt.,  otot. 

Êtou,  adv. ,  aussi,  pareillement. 

Montr.,  ctout.  Morv.,  ctou,  ouchi.  (V.  Atou,  Itou.) 

Étoule,  s.  f.,  éteule,  chaume  :  «  Dans  l'pays,  les  couverts 
des  mâïons  sont  t»ut  en  étoule.  » 

Lat.,  stipulai.  Ital.,  stoppia.  Berry,  ùtrouhle.  Bourg.,  ètoules, 
cteulcs,  csteulcs,  étaules.  Chatil.,  ètrouhles.  Dauph.,  ectoublo- 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  165 

Genev.,  ctronblc.  Liiu.,  èf/tuuillas  (cliamp  de  blé).  Morv., 
ètoide.  Novm..  ctoi(lCyèioab[c,è(au.PiG.,  èlculc.  Prov.,  cstohla. 
Toul.,  rastoul.  Vend.,  cstouhic,  cstculc.  Wall.,  sieûl,  ètcule. 
Vx.  fr.,  csioublc,  cstablc.  (V.  Etroable.) 

Étoupi,  part.,  étoupé,  éteint,  bouche  :  «  L'feù  î'Xêioupi.  )> 
Ital.,  stoppato.  Morv.,  ctotipi.    Pic,   Houpé.   Wall.,   s/opê. 
Vx.  fr.,  estupé,  estouppù. 

Étoupiau,  s.  m.,  étoupe.  (V.  Étape.) 

Étoupon,  s.  va.*  bouchon  fait  d'étoupes,  de  filasse,  de  linge, 
de  paille,  etc. 

Berry,  étoupon.  Flandr.,  ètoupèlc  (bonchoir  de  four).  Forez, 
étoupon.  Guern.,  étoupon  (bouehoir  de  four).  Morv.,  étoupon. 
Norm.,  etoupas  (bouehoir  de  four  et  fagot  de  broussailles). 

Etourniau,  s.  m.,  étourncau,  garçon  léger,  étourdi.  «  T'ét 
eùn  fameux  ctoàrmau,  va!  » 

Lat.^  sturnellus.  Ital.,  stomcllo.  Berry,  ètourgnenu.  Prov., 
cstornclh,  cstorncu.  Vx.  fr.,  cstornel,  cstoumcau. 

Étranger  QuÉQu'uN,  loc.,  le  traiter  en  étranger,  lui  vendre 
plus  cher  qu'à  une  pratique  habituelle  :  «  Ah!  ben  voui! 
ô  m'a  brament  étranrjée!  » 

Être  FORCE,  loc.,  être  d'obligation  :  «  Que  v'iez-vous  !  jjé 
ben  force  que  j'y  fasse.  )) 

Étrèt,  adj.,  étroit,  borné,  resserré. 

Lat.,  strictus.  Ital.,  strctto.  Berry,  ètret.  Morv.,  étrei(_ 
Prov.,  cëtreg,  estreit,  estrcch.  St-Am.,  étt-d.  Wall.,  sitrcu. 
Vx.  fr.,  estrei-,  estreit,  estroit.,  cstroirt. 

Étrouble,  s.  m.,  blé  coupé,  dont  il  reste  assez  de  paille 
toutefois  pour  que  le  chanvre  et  le  sarrazin  sècl;ent  sans 
trop  toucher  terre  ;  chaume,  champ  de  blé  moissonné.  «  Le 
chanvre,  après  avoir  été  roui,  est  séché  sur  l'é^7'o?<^/e.  »  — 
((  Sarrazin  d'éi rouble.^,  c'est-à-dire  semé  sans  engrais  ni 
labours  préliminaires.  »  Le  Verdunois  dit  plus  volontiers 
Étoale.  On  connaît  ce  conseil  agricole,  sous  forme  de 
proverbe  : 

A  la  Saint-Martin  (4  juillet), 
Sème  ton  8arra::in. 


166      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Lat.,  cstolilar/iiim.  Ital.,  stoj'pia.  Berry,  ctrouhle.  Bourg., 
r'tiutle,  éioulc.  Forez,  rctronblo.  Genev.,  éironble  (eau  trouble). 
Isère,  eitoublo.  Lim.,  ci/iotiillo.  Lori".,  ètouhlc.  Lyon.,  étroblo. 
Midi,  restoablo.  Montr. ,  ètrublle,  étniblliou.  Norm.,  ètos, 
étoublc,  ètau.  Poit.,  rctcuble,  rciublie.  Prov.,  csioabloun, 
cstobla.  Sav.,  ctrœubla.  Suiss.  r.,  ùlraiiblle.  Wall.,  steûl. 
Vx.  i'r.,  cstitble,  cstculc.  (V.  Étoale,  Freti.) 

EU,  s.  m.,  œuf. 

Lat.,  oous.  Ital.,  uoco.  Berry,  œu.  Bourg., c?g  Jura,  n.  Lim., 
//«?7.  Lorr.,  ?',  «,  ien.  Morv.,  œa.  Pic,  né.  Prov.,  tioii,  oc,  uod, 
rictf.  Rouch.,  né,  wè.  Sav.,  coquet.  Toul.,  i/oort.  Wall.,  où. 
Vx.  fr.,  uej]  oef,  cuf.  (V.  [/.) 

EÛJON,  s.  m.,  oison,  au  propre  comme  au  figuré. 

Lat.,  auca.  Borry,  oc/ion,  oi/oii.  Bourg.,  ô^roa.  B  ress.,  0//0/;. 
Pic,  CKSon.  Vx.  Ir.,  oi/soii.  (V.  Oifon.) 

EÛLEVER,  V.  tr.,  élever,  instruire,  éduquer. 

Lat.,  lecare.  Ital.,  clccare.  Morv.,  cnlrcr.  Prov.,  r.slecar. 
Vx.  fr.,  cslcvcr,  clleccr. 

EÙN,  EÙNE,  adj.,  un,  une. 

Lat.,  unus.  Ital.,  iiiio.  Berry,  icu/i.  Bourg.,  rin,  ciiii.  Il.-V, 
euti,  iun.  Lorr.,  can.  Morv.,  t'ii.  Norm.,  ciin,  Pic,  ein.  Prov., 
tins,  M.s',  u.  Rouch.,  etin.  Sav.,  ion,  iena.  Wall.,  on,  onk.  Vx- 
fr.,  nns,  un;j .  (V.  Ein.) 

EûvRE,  S.  m.,  filasse,  chanvre  adapté  à  la  quenouille  pour 
être  filé.  Filer  était  l'œuvre  par  excellence  des  femmes.  On 
disait  de  la  Romaine  laborieuse  :  Lanam  texH.  En  Bour- 
gogne, nous  avons  le  proverbe  :  «  Avouer  de  Veûvi'e  à  sa 
quouneille.  »  —  Les  peigneurs  du  Bugey  convertissent  le 
chanvre  en  trois  espèces  d'œuvre  :  teillons,  tètes,  f/rands 
cœurs.  (V.  ces  trois  mots.) 

Bourg.,  euovc.  Fr.-Cté,  onëcre.  Jura,  œncre.  Montr.,  œuvre. 
Morv.,  œuvre.  St-Am.,  eùrra.  Suiss.  r.,  œucra. 

ÉVAiRRR,  etEvÈRER,v.  tr.,  elîraycr,  chasser,  mettre  en  fuite. 

Bas-lat.,  varare.  Berry,  courte.  Bourg,,  coairai.  Forez,  éca- 
raclti.  Montr.,  èoerrcr.  Morv.,  ci'airer.  Vx.  fr.,  esaerer.  (V. 
Lou-Doirou .) 

Le  Bourguignon  a  oairai  pour  :  varier,  et   applique    ce   mot 


LANGAGE    POPULAIRK   VERDIJNO-CHALONNAI S  167 

au  grain  du  raisin  quand   celui-ci,  gonflé,    passe    du   vert   au 
rouge  : 
Le  dur  raisin  se  gonfle  et  la  (jr unie  ourle  (J.  Durandeau). 

ÉvANCE,  s.  f.,  avance  :  a  Oh  !  j'ériv'rai  prou;  j'ai  d'Yéuance. 
Morv.,  awolnr/e.  Prov.,  aoaiisa.  Vx.  fr.,   avance,  adoancc. 

ÉvANCER,  v.tr.,  avancer. 

Ital.,  avianzare.  Bourg.,  èvancè.  Dauph.,   acangler.   Maine, 
aoanger.  Morv.,    aiooinger.   Poit.,    avaingcr,  aioonji.  Prov., 

aoan^ar.  Vx.  fr.,  aeancier.  avanger,  acloanccr. 

*■ 

EvANTURE.  S.  f.,  aventure,  événement. 

Ital.,   acnentura.    Bourg.,    aioantare,    aidoenturc.    Prov., 
aventura.  Vx.  fr.,  adocnture. 

ÉvÀRER  (s'),  V.  pron.,  s'égarer. 

Bas-lat.,  uarare.  BQvry,  égairer,  engairer.  Bourg.,  s'éeaîrai. 
Chatill. ,  s'èvarber.Wall.,  éicarêr.  Vx.  fr.,  csguarcr,  csgarcr. 

ÉvARTiR,  V.  tr.,  et  intr.,  avertir,  faire  signe. 

Lat.,  adoertere.  Ital.,  aovertire.  Bourg.,  èoarti,  cpati.  Morv., 
aioarti.  Prov.,  avertir.  Vx.  fr.,  adoertir,  adoertyr. 

ÉvARTissEMENT,  S.  m.,  avertissement,  signal. 

Ital.,  amertiinento.  Bourg.,  èeartlsseman.  Morv.,  ainartis- 
semcat.  Prov.,  acertimcn.  Vx.  fr.,  adpcrtissement. 

ÉvAu,  adj.,  profond.  (V.  Avau.) 

ÉvAULER,  V.  tr.,  avaler,  mettre  en  bas,  et  aussi  manger  avi- 
dement. 
Bourg.,  ciiaulal.  Vx.  fr.,  avaller. 

ÉvERMOucHE,  S.  m.,  cliasse-mouclies,  filet  spécial,  généra- 
lement employé,  jadis,  par  tout  possesseur  ou  conducteur 
de  chevaux,  et  des  plus  efficaces  pour  éloigner  les  mouches. 
La  bête  en  avait  sur  le  front  et  tout  autour  des  flancs.  Le 
travail  en  était  ingénieux,  d'une  coquetterie  simple  et  d'un 
effet  très  pittoresque. 

Lat.,  oarare  inascas.  Bourg.,  èoaire-inôehe.  Il.-V',  êmoucher 
(chasser  les  mouches).  Midi,  paramouchc. 

ÉvEÛGLÔTE  (à  r),  loc.,  à  l'aveuglettc,  à  tâtons,  à  travers 
l'obscurité:  «  La  pauv'fonne  !  âll' ii'é  point   hureuse;  âll' 


168      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

n'a  ran,  épeû  âll'  va  à  réveùglbte  »  (Dans  cette  loc.  le  ^^ 
reparaît). 

Morv.,  aioeughiotte,  awcidllottc.  Pic,  à  Vaiiuglette.  (V- 
Aiseûglote.) 

ÉvEÙiLLiE,  s.  f.,  liseron  sauvage,  qui  a  de  profondes  racines 
et  multiplie  avec  ténacité  dans  les  allées  des  jardins  : 
«  Quasi  tous  les  maitins,  à  c'te  éDeuillie,  j'ii  fais  la  guàre 
d'avou  mon  coutiau  ;  pas  moins  que  l'souér  j'en  vois  d'jà 
la  tête  parcer  l'gravier.  » 
Louhans,  aveuilbj. 

ÉvEÛLE,  S.  m. ,  aveugle. 

Ital.,  avocolo.  Bourg.,  éceugle.  Flànà.,  acule.  ^nra,,  ave uillo. 
Lille,    avale.  Lorr. ,  cceule.    Morv.,    aioeughie.    Pic,    avetde, 
anale,    avagle.   Poit.,  aoeille.  Rouch.,  aceule.  Wall.,  accule. 
Vx.  fr.,  aoagle,  anale,  acegle,  aicgle.  (V.  Aoeûle.) 

ÉvEiiLER,  V.  tr.,  aveugler. 

Berry,  aoeailler.  Bourg.,  èceuglai.  Morv.,  aiveughier,  ai- 
veuiller.  Prov.,  avogolar.  St-Am.,  avulgë.  Vx.  fr.,  aoagler, 
avaler.  (V,  Aceâler.) 

EvEÙRDiN,  et  EvEiàRDON,  s.  m.,  caprice,   lubie,  idée   subite, 
action  inattendue  et  instantanée  :  «  Depeù  qu'allé  et  amou- 
reuse, âir  ne  sait  pu  c'qu'âir  fait;  aile   a  les  éveardins.  » 
Pourmit  venir  de  s'éoarer. 
Poit.,  ccredon.  Saint.,  èceardin.  (V.  Vcàrdin.) 

ÉvEiàRLucHÉ,  adj.,  dépeigné,  ébouriffé. 
Morv.,  èvoarlact'.  (V.  Eboarlfler.) 

Évis,  s.  m.,  avis,    conseil  :  «  M'ét  éois  que...  »  —  «  J'sons 
prou  à.' éois.. .  » 

Lat.,  visam.  Ital.,  aociso.  Berry,  èols.  Bourg.,  aivi.  Morv., 
aicis.  Prov.,  avis.  Vx.  fr.,  adois. 

ÉvisER,  V.  tr.,  aviser,  conseiller. 

Ital.,  avoisare.  Bourg.,  èoizai.  Morv.,  aiviser.  Pic,  adviser, 
awisier.  Prov.,  aoisar,  aoi^ar.  Vx.  fr.,  avisier,  adviser. 

ÉvoiLLER,  V.  tr.,  éveiller,  appeler  l'attention. 

Lat.,  ecigilarc.  Ital.,  svegliare.  Morv.,  évoiller.  St-Am., 
écebjë.  Prov.,  esoelhar,  esceillar.  Vx.vfr.,  esveillcr. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      169 

ÉvoNS.  1'"  p.  ind.  pr.,  avons  :  «  V'tu  v'nî  à  la  fête?  réoons 
prou  l'temps  d'iious  ébuyer.  )) 
Vx.  fr.,  ècons. 

Évoù,  adv.,  de  1.,  où.  Tantôt  une  contraction  enlève  à  un 
mot  une  ou  plusieurs  lettres;  tantôt,  au  contraire,  le  mot 
s'amplifie  d'une  ou  de  plusieurs  lettres  redondantes.  Voit, 
écou,  fournissent  un  exemple  du  dernier  cas  :  «  H'évoù 
qu'te  d'veins  ?  » 

Lat.,  ubi.  Ital.  ooe.  Berry,  uo»,  èoou.  Bourg.,  toù.  Prov.,  o. 
Vx.  fr.,  u,  oui. 

Évou,  adv.,  avec.  (V.  Avou.) 

ÉvourAcher,  V.  tr.,  brouiller,  mêler. 
Bourg.,  édourdchai. 

Évu  (j'ai,  ôl  a),  passé  indéf.  d'acouér  :  «  J'ai  éou  mon  mour 
ciau;  ôl  a  évu  l'sien.  Y  é  d'aicord.  » 
Il  -V*,  oyu.  Rouch.,  eu. 

ExEMPE,  s.  f.,  exemple.  On  entend  souvent  :   «    Oh  !  por 
exempe!  » 
Sav.,  esemplo. 

ExEiàpRÈs  (par),  loc,  exprès  :   «  J'y   ai    pas   fait  par  exeù- 
près.  »  Cette  locution  (par  exprès),  qu'on  doit  éviter,  n'est 
point  une  faute,  mais  seulement  un  archaïsme.  [Ecseùprès 
représenterait  mieux  la  prononciation.) 
Genev.,/)ar  exprès.  Prov.,  exprès.  Vx.  fr.,  exprès. 


Fâbe,  s.  f.,  fable,  récit  douteux.  Se  dit  maintenant  plus  cou- 
ramment (\\xQfaule. 

1.2,1.,  fabula.   Bourg.,  faute.    Wall.,  fâve.    Vx.   iv.,  flave, 
fable,  fauce.  (V.  Faule.) 

Fâche,  s.  f.,  fâcherie,  grondée,  réprimande  :  «  L' vieux  a  év^u 
eùne  grande /àcAe  à  rencontre  d'Jean-ne.  » 
Vx.  iï.ffascherie. 

17 


170      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Fâcher,  v.  intr.,  être  pénible,  faire  de  la  peine  :  «  Ili  fâchbt 
gros  d'nioui'i.  » —  <(  Not'dame,  i  n'me  fâche  point  d'fâre 
vote  ôvraige.  » 

Fâcher,  v.  tr.,  gronder,  réprimander,  faire  des   reproches  : 
((  J'avô  tout  dévoré  ma  cueûlote  ;  la  mare  m'a/âché.  n] 
Movv.,  fâcher. 

Fâr,  s.  m.,  fer,  chaîne,  demi-cercle  cloué  au  sabot  des  che- 
vaux, et  aussi  jadis  sous  certaines  chaussures. 

La,t.,  fcrnun.  Ital., /c/vo.  Berry,  fur.  Bourg.,  far.  Bress., 
far.  Genev.,/t'r.  Lille, ^e;\  Màc.,/â/\  Morv.,/à7-.  Prov.,/t'r, 
/c/v.St-Am.,/â.  WalI.,y?e/\  Vx.  îr.,  fer. 

Fàrau,  adj.,  faraud,  fier,  orgueilleux,  et  aussi  coquet,  endi- 
manché. 
Beny,  faraud.  Bourg., /«rô.  Norm.,  faraud. 

Fârer,  v.  tr.,  ferrer,  clouer  le  fer  aux  pi<îds  d'un  cheval. 
Lat.  et  Ital.,/t'/va/-e.  Morv., /b/V6v\  Pwv.,  ferrar.   Vx.   l'r., 
ferer. 

Fàreûre,  s.  f.,  ferr\ire,  garniture  de  fer. 

Ital.,/(;rr«^«7"a.  Movy.,  forreure.  PfOV.,fcrradura.  Vx.  fr., 
ferrcurc. 

Farce,  s.  et  adj.,  farceur,  plaisant  :  «  É-t-i  farce,  c'garçon  ! 
O  nous  fâ  mouri  d'rire  !  »  —  Une  chanson  populaire  du 
temps  de  Louis  XI  contient  notre  mot  : 

Un  fars  qui  se  laissa/rtrcer. 

Fâre,  v.  tr.,  faire,  fabriquer. 

Lat. ,facere.  ltal.,/a/r.  Berry,/t7'e,  fée.  Bourg.,  f  are.  Bress., 
fore.  Dauph.,  /«re.  horv. ,Jare.  'Movv.,férc,  fée.  Pic,  fouère. 
foalre.  l^vov.,  far,  f  air,  faire.  TouL,  fa.  Wall.,  fér.  Vx.  fr., 
Jare,  fere,  faire. 

Fâre  c'tuqui...,  loc,  feindre,  faire  celui  qui...  faire  sem- 
blant :  «  L'feignant !  bfâ  cHu  que  mau  !  » 

Fâre  DE  BESOIN,  loc,  être  nécessaire,  manquer  :«  J'ai  ma 
casserole  qu'a  tapé  su  l'feù  ;  eùne  aute  me /a  d^ besoin.  » 

Fà  pardon  !  loc,  pardonnez-moi  ! 
Berry,  fates-mouè  pardon  ! 


LANGAGE    POPULAIUK    VERDUNO-CHALONNAIS  171' 

Farfouiller,  v.  tr.  ctintr.,  chercher  avec  indiscrétion.  Se 
dit  ensuite  des  aliments  qui  ont  de  la  difficulté  à  digérer  et 
font  mal  au  cœur  :  «  C'morciau  d'iard  que  j'ai  maingé, 
ô  n'pass'pas;  ô  m' farfouille.  » 

Bourg, /n7;/bf?î7/ai  (fureter).  Lim.,  farfouiUàs.  Maine,  feu- 
trer. Po'it.,  farfouillai  (faire  du  bruit).  Sav.,  farfolUcr.  Vx. 
fr.,  fi(rillcr,fironcr.  (V.  Reprocher.) 

Farfouillou,  adj.,  curieux,  chercheur  indiscret. 
Sav., /or/b//fOrt. 

FÀRME,  s.  f.,  ferme,  métairie. 

Bas-lat.,y//vj)rt.  Fie,  farine.  Vrov. ,  fer/na.  Vx.  ir.,  ferme 

Farme,  adj.,  ferme,  solide,  compact. 

ha.t.,  Jir mus.  Ital.,  fermo.  Bourg.,  farme.  Tviorv.,  farine. 
Prov. ,  ferm.  \x.iv.,fers,ferm. 

Fàrmei,  s.  m.,  fermier,  métayer. 
Vx.  îr.,fremicr,  fermier. 

Farmer,  V.  tr.,  fermer,  boucher  une  ouverture.  (V.  Fremer.) 

Fartachou,  s.  m.,  peigneur  de  chanvre. 
Auxerg. ,  fartachou. 

Fa  tira  !  loc  impér.,  fais  tirer  !  Cri  des  mariniers  pour  acti- 
ver la 'marche  des  chevaux  qui  tirent  un  équipage.  (V. 
Louïa.) 

Fau,  s.  m.,  hêtre.  Nous  avons  plusieurs  mots  pour  désigner 
cet  arbre. 

Lat.,/a/7ws.  Bourg.,  fô,  fotéa.  Genev.,  feu.  Gnern.,  fauc. 
Lille, /rtM.  Movv.,  fau,  fauta  le,  fautalc,  fautcai,  foucl.  Rouch., 
fau,  féiau.  TouL,  fay.  Vx.  îv.,  fousteau.  (Y.  Foijardfoutcau.) 

Faubôr,  s.  m.,  faubouig. 

ha.t. ,foris-bargus.  Bouig.,  fauhor.  ^leas.Jaubor.  Pic. ,for- 
hou,  forbourg.  WaU.,  f(ibor(j.  Vx.  fr.,  forbourg,  Jourbowe, 
Iwrsbores,  faalbourg. 

Faucheù,  s.  m.,  faucheur. 
.     BsiS-norm^,  faour/uea.  Pic,  fauf  en.  Rovich.,  fauqueux.    Vx, 
iv.yfaucheor,  (V.  Foinoû.)  ■. 


172      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO  CHALONNAIS 

Faule,  s.  f.,  fable,  conte,  menterie. 

hat.,  fabula.  Ital.,  fola.  Bourg.,  faulc,fa((lou(mentem').Fr.- 
Cté,  facioule  (récit  invraisemblable).  St-Am.,  fàbla.  Wall., 
face.  Vx.  îi\,  fauce,  flave. 

Se  disait  jadis.  Aujounlhui  on  dit  plus  volontiers /aie.  (V. 
ce  dernier  mot.) 

Fauter,  v.  tr.,  mal  faire,  commettre  une  faute,  faillir. 

hcit.,  fallere.  Mal.,  fallirc.  Montr.,  fauter,  '^iiovv.,  fauter. 
ISÎorm.,  fauter.  Prov.,  faillir.  Vx.  iv.,faillîr. 

Faviôle,  et  Fafiôle,  s.  f.,  féverole,  haricot. 

Lat.,  fascolus.  lta,\.,  fagiulo.  Berry,  feuocrole.  Bourg.,  fai- 
ciôle  (fève).  Camhv.,  fa  geôle.  F\and.,  farjcole.  Genev.,  fajole, 
fajule,  faciole  (sot).  Hain.,  faoelote.  Jura,  faiviole.  Lang. , 
favioous.  Lyon.,  fafîola, ^flageole.  Montv. ,  faoiole.  Morv.,  fai- 
viole. Norm.,feuce  (lève  blanche).  Prov.,  faca.  Rom.,  faviou. 
St-Am.,  fafîcûla.  Sav., /a^-o».  Suiss.  t.,  faoioula.  Wall.,  fa- 
vète.  Vx.  h'.,  fazcol,  faseol. 

Faviôlon,  s.  m.,  petit  haricot,  diminutif  àQ  faviôle. 
Genev. j  faviôlon. 

FÉCHALE,  s.  m.,  forme  à  fromages. 

1^3.1.,  fiscella.  Mevy.,  fèchale.  Bervy,  fescelle. 

Fendure,  s.  f.,  fente,    lézarde:   «  Vrà!    t'as  eùne  fameuse 
/endure  à  ta  robe  !  » 

Morv.,  fendeure.  Vx.  tr.,  fente. 

Fernaule,  s.  f .,  part,  provision  de  noix  offerte  à  quelqu'un  au 
moment  de  la  récolte.  Ce  mot   ne  s'applique   pas   à   une 
autre  espèce  de  fruits  :  «  J'vons  chapler  les  calas;  j'te  frai 
tsifernaule.  » 
Montr. ,  farcnolle  (pour  tous  les  fruits). 

Féroter,  V.  tr.,  frotter  le  chanvre  contre  un  instrument  de 
fer  planté  dans  le  mur,  afin  de  le  préparer  au  peignage. 

Fessou,  s.  m.,  houe  carrée  pour  sarcler  le  maïs  et  les 
pommes  de  terre.  Dans  les  régions  proches  de  la  Saône  et 
du  Doubs,  elle  est  plus  large  vers  l'emmanchure  que  vers 
le  tranchant. 

Bourg., /essoMj/esso,  fe::ô  (fessourou  de  ceigne,  vigneron). 
Indre, /fssof'r.  Toul.,/oMS5oa.  Vx.  fr.,  fossouer. 


LANGAGE    POPUI-AIRE    VERDÛNO-CHALONNAIS  173 

FÊTE,  S.  f.,  fête,  réjouissance,  réunion  :  «  J'vons  fare  Va  fêle,  » 
disent  les  gens  dès  qu'il  s'agit  de  se  régaler,  dès  qu'on  va 
à  la  foire,  à  l'apport,  à  la  noce,  etc. 

l{ii\.,festa.  Y^ovLïg-,  fête.  Mac,  fêta.  Morv.,  fcle.  Prov., 
/esta.  St.- Am.,  fêta.  Wi\\\.,fiùse.  Vx.  U\,  fesic,  Jiestc. 

Feli,  s.  m.,  feu,  ménage,  incendie.  C'est  pour  sa  prononcia- 
tion que  ce  mot  figure  dans  notre  patois;  il  sonne  absolu- 
ment comme ye,  le,  de. 

Lat., /bcf<s.  \i?i\.,fuoco.  Artois.  _/«.  Bourg.,  feu,  fù.  Bress., 
fae.  Lille, /m.  Lyon.,/«é.  Montr.,  j'ù.  jMorv!,  feu.  Pic,  /«. 
Prov., /oc, /t<oc,/HCC.  St-Am., /irrt.  Toul.,  /oc.  Vx.  iv.  fou, 
feu. 

Feîîgère,  s.  f.,  fougère. 

Lat.,^^/f.r.  Champ.,  feuchicrc.  Hain.,  felicrc.  ll.-de-Fr., 
feugèrc.  Morv.,  fouchcre,  fou^irc,foui^irc.  Na.m.,  féchêre.  St- 
Am. ,fieàre.  Wall.,  fèclùze,  fùcid.  Vx.  iv,,  feucicrc,  fouchiere, 
Jof/iere,fcugicre. 

Feûgnée,  s.  f.,  prise,  ce  que  peut  contenir  le  nez;  une  feù- 
gnée  de  tabac  :  «  T-i-pas,  vieux  pare,  qu'ôs  évez  pris  eùne 
boune/e?<^n^e.^  )) 

Feûgner,  V.  tr.,  priser,  flairer,  chercher,  fouiller  la  terre  : 
«  Que  qu't'as  donc  envie  d'treùver  aujordeù  ?  T'jeùgnes 
partout.  »  (V.  Feùgnon.) 

Berry,  feugner.  Genev.,  fougncr.  hang.,  fougna.  Lille, 
fouiner.  Metz,  fûgncr.  Movv.,  feugner.  Poit..  feugner  (repous- 
ser avec  dégoût).  Suiss.  r.,  founna.  Suiss.  vaud.,  founer. 
Wall.,  fougncr,  fougni. 

Feûgnon,  s.  m.,  nez,  museau,  groin  de  porc,  avec  lequel  il 
remue  la  terre  ou  les  détritus  pour  y  chercher  sa  nourri- 
ture. De  \k  feugner.  —  Signifie  également  :  flair.  Avofr 
An  feùgnon,  c'est  deviner  les  choses. 

Fr.-Cié,  freugnot  La.r\g.,  fou  g  no.  Morv.^  feugnon.  Rouch., 
founiou,  fou  gnou. 

Feùmaillon,  s.  m.,  jeune  drôle  qui  fume. 
Sa.v.,  femaiUon,  fcinastiu.  (V.  Feùnwu.) 

Feùmei,  s.  m.,  fumier,  tas  d'ordures. 

Lat.,  Jimus,  Berry,  fombragc,    fonihreau.  -Bourg.,  femei, 


174  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

foinhviev.  Montr.,/c«jê.  Morv.,  feuniè.  Poit., /«/» fcrof.  St-A m. , 
faini.  Vx.  h'.,  feinter,  fe/nbricr. 

Feùmer,  V.  tr.  et  intr.,  fumer,  jeter  de  la  fumée;  fumer  la 
pipe;  se  dit  aussi  des  mauvaises  cheminées. 

Lat.  et  Ital., /«marc.  Bourg.,  fcinai,  feuinal.  hovv. ,  feii/ncr. 
Morv.,feuiner.  Norm. ,  fctimer.  Pvov.,  ftiinar.  W ail.,  feuinar. 

Feùmer,  v.  tr.,  fumer  un  champ,  une  terre. 
Prov., /emor.  Vx.  fr.,  femer. 

FEiàMÉRE,  et  F'mère,  s.  f.,  fumée  :  «  0  liche  trop; toutes  ses 
tares  s'en  vont  en  feùmére.  » 

BoviVg. ,  fcmeire.  Bress.,  femrre,  feinivc.  Fr.-Cté,  fcnière. 
Guern.,  _/}</)!.  Montr.,  /t'/iit'/'(7.  Morv.,  feumèc.  Poit.,  fnmail 
(brouillard).  Prov.,  fmnado.  St-Am.,  fiimire.  Sav.,  femà, 
femière.  Toul.,  fum.  Wall.,  fournée.  Vx.  fr.,  fiim,  fumcle. 

Feùmerée,  s.  f.,  lie  du  fumier. 
Montr.,  fcinerèe. 

Feùmoù,  s.  m.,  fumeur,  celui  qui  fume  la  pipe. 
Morv., /c'«moM.  (V.  Fciumdlioii.) 

Feùrdonement,  s.  m.,  fredonnement,  petit  murmure. 
Bourg. ,  fcurdencinan. 

Feùrdoner,  V.  tr.,  fredonner,  chantonner. 

La.t.,  fritinairc.  Bonvg.,  fciirtlonnai.  Vx.  l'r.,  fredonner. 

Feiîrgon,  s.  m.,  fourgon,  tige  de  fer  pour  tisonner,  perche 
pour  remuer  (fourgonner)  la  braise  du  four. 
liai-,  forcone.  Movv.,  fcurgon.  Vx.  fr.,  fourgon. 

Feùrgoner,  V.  tr.,  fourgonner,  remuer  la  braise,  chercher 
sans  ordre,  retourner,  comme  avec  une  fourche  en  mettant 
tout  sans  dessus  dessous. 

Lat.,  frangcrc.  Artois,  randoulcr.  Berry,  Jorgonner,  fou- 
gonner.  howrg. ,  fcargucnai,  fôrgônai.  Champ.,  fcurguigncr. 
iiQiwx .,  f'ourgouner.  .îura,  f'regonner.  Lang.,  furga.  Lori'., 
fcurgneuner.  Luxemb.,  fourgulner.  Movv.,  fourgonner.  Nain., 
forguiner.  Novm.,  fourgoter.  Rouch.,  7-angoner.  Suiss.  r., 
fou.rguonan.  Ton\.,  furga.  Wàll. ,  forguini. 

FsÙHNÀcuER,  V,  tr,,  farfouiller,  fureter,  sans  trop  savoir,  ce 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  175 

que  l'on  veut.  On  dit  aux  enfants  qui  vont  et  viennent  en 
cherchant  :  «  Que  qu'te  feùrnàches  donc  par  iqui  ?  » 

Konch.,  four aaq lier.  VthiM.,  four/Ku/iicr.  (V.  Ga fouiller .) 

FeiIirtiller,  v.  intr.,  frétiller,  s'agiter  vivement. 

Lat.,  fritillarc.  Berry,  fertiller.  Flam.,  fcvtiller.  Moiv., 
feurteillcr.  Norm. ,  fcriillcr.  Pi-ov. ,fre;ilhar.  Vx.  fr.,  f'redllicr. 
(V.  Fregidllcr.) 

Feûsseint,  3*^  pers.  pi.,  inip.    subj.,  fussent  :    «    Les  p'tiots 
ont  piâlé  ;  y  érôt  foUu  <,[\\' 6  feûsseint  d'avou  toué.  » 

Feiive,  s.  f.,  fève,  celle  qu'on    mange,   et   celle    qu'on    met 
dans  la  tabatière. 

Lat.,  faba.  Ital.,  faen.  Cogn.,  feuve.  Norm.,  fcuoe.  Prov., 
/awa.  Sav.,  fàva.  Vx.  h-.,  feoe,fchoe. 

Feûye,  s.  f  ,  feuille  d'arbre,  de  livre. 

ha.t. ,  folium.  \ta,\.,/o(/lia.  Lim.,  felio.  Lyon.,  folli.  Pic, 
fuetle.  Pvoy.,folha,  fusilla,  fuelha.  St- Am.,  fouU/c.  Toul.,/é/, 
félho.  "Wall.,/ol''e.  Vx.  tv.,fuil,  faille^  fuel,  fuelle. 

Feûyôte,  s.  f.,  feuillette,  mesure  de  liquide,  de  la  contenance 
de  100  à  140  litres;  environ  1/2  du  tonneau. 

lta,\..  fogliotla.  Bonvg.,  fillotfc.  Fovez,  folietta,  foulieta,  foul- 
leta.  Lyon.,  folieita,  foulieta,  foalleta.  {1  /'-Idii  piate,  Langued., 
chopine,  Pavis.)Montv.,  fillette.  Movv.,  fillette.  Pvov.,  fulheta. 
Vx.  îr.,  fillette. 

Fi,  s.  f.,  foi  :  ((  Eh!  parma/L'  y  é  prométu.  » 

Lat. i^^f/fs.  Ital., /e^/<?.  Berry, /o(/é.  Bourg.,  ma  fi.  Bress., 
mafiou,  ma  fioagai.  Fr.-Cté,  /«//.  Guern.,  ma  fégue,  ma 
finge.  hovv.,  fi.  Morv.,/c',  mai  fi.  Pic.,y<.  Prov.,  fe.  Rouch., 
mafique.  St.-Am.,  fœâ.  Suiss.  r.,  mafika,  mafiga.  Toul.,  fé., 
perinofés.  Vx.  h\,foi,  foy,  feid. 

Fî,  s.  m.,  fil  :  «  Passe-me  eùne  couterie  d'/";.  » 

l^sAi.^filum.  lidtX.yfilo.  Boarg.,  f  g,  fillai  (Il  mouill.).  Bress., 
/(.  Lim.,  fiii.  Mac,  fî.  Morv.,  A\  Prov.,  fil.  Rouch.,  fi.  St-Am., 
fi.  Sav.,^.  Vx.  tv.,filc.  (V.  Fil.) 

Fiance,  s.  f.,  confiance,  foi  en  quelqu'un. 

It3i\.,fidansa.  Berry,  fiance.  Morv.,  fiance.  Poit.,  fiance. 
Pvov.,  fiansa,  fîsan^a.  Rora.,  conftsansa,  confisansa.  Toul., 
fi^ajiço,  fiso.  Vx.  fr.,  fiance.  (V.  Fiàte.) 


176      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

FiÀR,  adj.,  fier,  arrogant,  dédaigneux. 

Lat.,/t77ts.  lta\.,Jicro.  Bourg-,  Jlè.  ViOV.,f<n\  Vx.  fr.,  fer. 

FiÀRDE,  et  FuARDE,   S.  f.,   petite  toupie   massive   en   bois, 
conique,  terminée  par  un  fer,  autour  de  laquelle  ou  enroule 
une  ficelle,  et  qu'on  fait  tourner  en  la  lançant  adroitement 
à  terre.  Triomphe  de  nos  gamins. 
Bourg., yiarfe.  Bress., ^jarfo^.  Morv. ,fiarde. 

FiÀTE,  s.  f.,  confiance.  A  son  synonyme  plus  haut. 

Eure, /a.  Manch.,  fiante.  'M.o\:v.,Jiate.  Novm. ,fiat.  Rouch., 
Jiate.  (V.  Fiance.) 

Fichant,  adj.,  dépitant,  contrariant:  «01  a-t-i  pas  pardu 
son  ch'vau.  Vrâ,  y  é  gvos  Jichant  tout  d'mein-me.  » 

Ficher,  v.  tr.,  donner,  flanquer  :  u  N'piaûl'  pas,  vou  j'te 
Jiche  eùne  claque.  » 

Ital.,  fîccare.  Pic,  /Iker.  Prov.,  ficar.  Vx.  iv.,  fichier'. 

FiERJOLET,  s.'  m.,  flageolet,  instrument  de  musique. 

Bo\xrg.,flaijôlai.  Prow.,  flautol,  flaujol.  St-Am.,  frajoulë. 
Vx.  h\,Jîajox,flajol,  flaiol. 

FiEÙ,  s.  m.,  fils  :  «  Y  et  un  ben  jauti  gas  qu'ton^ei<.  » 

Làt. yjilius.  UsLl.,/iglio.  ArtoiSjJîea,Jîa.    Bourg.,  fi.    Lille, 
.    fieu.  Lim.,  /i.  Lorr.,  feu.  MovY.,fiau.  Novm. ,fieu.   Pic,  fieti, 
fia.  Poit.,  feil.  Rouch. ,y?eM.  Suiss.  r.,  fieu,  fiou,  Je.    Wall., 
fieu.  Vx.  fr.,  fih. 

FiEÛVE,  s.  f.,  fièvre,  agitation  :  «  Dà  !  ô  v's  a  eùne  chiéne  de 
fieûve...  ôl  et  à  bas.  » 

'LaX.,  fehris.  liai.,  febbre.  Berry, fieuve.fieuvj'e.  Forez,  fîôre. 
Lille, ^'êoe.  Morv.,^t'oes  (les).  Pic,  fièee.  Prov.,  febre.  Vx. 
fr.,  flebvre,  les  fiècres. 

FiGNOLOÛ,  s.  m.,  celui  qui  fignole,  qui  prend  des  manières, 
élégant  et  aussi  blagueur  :  ((  N'I'écoute  donc  pas;  y  [et  eùn 
ch'iifignoloù.  » 

Berry,  fignoleux.  Bourg.,  fiôlan.  Lang.,  fignoulur.  Morv., 
fignôleu,  fignôlet.  Norm.,  fignoleux.  Poit.,  fignoleux.  Sav., 
fignolet.  Wâ\l.,fignon.  Yx.  ir.,  finioler. 

FiGuÉ,  s.  m.,  figuier. 

Movv.,  figue.  Pro'<J. ,  figilieyra.  Vx.  ir..  fieis,  Jigier. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      177 

Fil,  s.  ni.,  (ileldcMa  langue  :  ((  Jarni!  (jii  n'a  pas  oblii''  (fli 
côper  r///;  ô  jacass' prou.  »  —  Pour  du  fil  à  coudre,  on 
dit  :  du  /?;  pour  le  filet  de  la  langue;,  ou  dit  bien  :  couper 
le//.  (V.  Fi.) 

FiLÉTE,  S.  f.j.roue  destinée  au  filage  du  chanvre.  Générale- 
ment on  préfère  le  filage  au  fuseau. 

FiN-DE.s-FiNS,  loc,  fiu  absoluc  :  ((  J'ii  dirai  tant,  qu'à  la  ^fin- 
des-Jlns  i  faura  ben  qu'ù  marche.  » 
Lim.,  fi-dè-las-Jis.  Vx.  fr.,  parjin. 

Finition,  s.  f. .  fin,  achèvement,  conclusion. 

Lat.,  ///i?;3.  \id\.,  fuie.  Morv. ,JiiiUion.    Pi'ov.,   //,  Jin.    Vx. 
ii'..Jîns. 

FiÔLE,  s.  f.,  fiole,  petit  flacon. 

Lat.,    phiala.    Ital.,     fiala.   Bouig.,  Jlciile.    Morv.,    fiaule- 
Peov. ,Jiola.  St-Am., /ft'»/«.  Vx.  fr.,  phiolc. 

FiÔLER,  V.  tr.,  boire,  boire  à  petits  coups,  boire  sans  soif  '• 
«  O  n'é  content  que  quand  6  fiole.  C'buvochoû  là,  ôl  a  tant 
fiole,  qu'ôl  en  a  dégobillé.  » 

Bourg.,    fiôlai.     Bress.  ,    floulo,  fioitlé.    Champ.,   fioulev. 

Dauph., /o?</c7'.  Forez,  y?o/rt.  ¥v.-Ctè,fioulei\JJoula.  Genev., 

fiouler,  fiulcr.    Isère,    fionla.    Lang. ,    fioular.    Lyon.,  fiola. 

Neufch.,  fîouler.  Norm.,  fioler.    Prov.,   fioular.,  fiolar.    (V. 

Flcùtcv.) 

FiÔLAN,  S.  m.,  fendant,  beau,  blagueur,  poseur,  fanfaron,  et 
aussi  buveur. 
Ital., y a/i/a/io.  Bourg., /ô/«/i. 

Fioû,  s.  m.,  faiseur,  presque  toujours  en  mauvaise  part. 

Bas-lat., /actetor.  Bourg., /e^eii.  Montr.,/oM.  Morv.,  fiou. 
Pic,  foiscux  de  fagots  (menteur).  Wall.,/e«.  Vx.  îv.,fascor, 
faisiere,  faiseresse. 

Fiston,  s.  m.,  garçon,  garçonneau  :  «  Eh!  dis  donc,  fiston, 
v'tu  v'ni?  )) 
Caen,  fiston.  Norm.,  filset.  Vx.  fr.,  inescin. 

FiïEÛ,  s.  m.,  filleul. 

Lat,,  filiolus.   Berry,  fillcux,  fillol.   Bourg.,  fillô.    Bress., 

18 


178      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

fiilol.  Genev.,  jUliol.  Lyon.,  JiUiou.  Montr.,  fdlou.  Morv., 
JUlô.  Pic,  Jîllol.  Po\t.,  Jj/lol,  Jlidau.  Pvov.,  filhol.  St-Am., 
feii/eùloa.  Sav.,  fclliou.  Toul. ,Jîlol,^ftlhiol.  Wsi[ï.,Jiou.  Vx.  fi-., 
fillcu,  Jîllol. 

FiYÔLE,  S.  f.,  filleule. 

hàt. ,Jilio(a.  Bervy,  fi II io le.  Biess. ,  ^fîllolo.  Genev.,  filliole. 
Lyon.,Jlliola.  Pic,  fîllole.  Voïi., Jillole.  S!iv. .^Jellioula.  Wall., 
Jioulc.  Vx.  iv.,  filiale . 

FiïoT,  s.  m.,  petit-fils,  petitgarçon.  Pour  certaines  localités, 
se  rattacherait  kjitjeù. 
Boni'g.,  fil lô.  Lorr.,  /(',  Jieu. 

FiVÔTE,  s.  f.,  petite-fille,  fillette. 

La,t.,  fi  lia.  Ital. ,/igHa.  Bo[irg.,Jlllôte.  Dauph.,  Jlllet.  Lim., 
fiUa.  Lorr.,  féije.  Poit.,  feillaude.  Prov.,  Jïlha.  Wall.,  fèie, 
Vx.  fi'.,  fillette. 

FL.4.BER,  V.  tr.,  abattre  les  noix.  Le  mot  vient-il  de^a6e//Mm, 
la  gaule  exécutant  un  mouvement  d'éventail? 
Poit.,  Jlabé.  (V.  Chapler.) 

Flâche,  s.  f.,  lacune  défectuosité,  creux.  Les  Jïdches  d'un 
terrain,  d'une  route. 

Bevcy.,Jldche.  Champ.,  Jlac/te.  Moiv.,  /lâche.  Pic,  Jloi/eu, 
/le  yen. 

Flamanche,  s.  f.,  lucarne  d'un  grenier,  petite  fenêtre  d'une 
mansarde  :  «  0  s'balançôt.  01  a  été  trop  fôr;  ôl  a  dévaulé 
par  \[x  flamanche.  » 
Movv. ,  fianiaiiche.  tluDiunge. 

Flamb',  s.  f.,  flamme,  lueur  vive. 

Lat., yZ(.(//i/na.  Ital.,  fiuimna.  Morv.,  fanihc.   Prov.,   /lama. 

Flàmer,  V.  intr.,  flamber,  flamboyer,  luire,  brûler. 

hat. ,  fa/n mare.  liB.\.,fammave.  Morv.,  fam mer.  Vx.  îv., 
f  orner. 

Fl.àmusse,  Flémussë,  Flameùsse,  petit  pain,  gâteau  des 
campagnes,  pétri  à  la  farine,  au  maïs,  au  sarrazin  et 
assaisonné  d'œufs,  de  lait  et  parfois  de  courge.  Toutes  ces 
pâtisseries  locales  ont  une  saveur  des  plus  agréables.  Les 
ménaijrères  les  réussissent  à  merveille. 


LANGAGE    POPUT.AIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  179 

Bourg.,  Jlaimckssc.  Jura,  flamusse.  Montr.,  Jliammusse. 
Movv. ,Jlaimei(sse.  Novm.,Jîam/ntc/ie.  Pic,  Jlamtche.  Rouch., 
Jlamiche.  Vx.  fv.,  fia  miche.  (V.  Covniolc,  Gânote.) 

Flate,  s.  f.,  flatterie,  louange,  caresse  intéressée. 
Bourg.,  fialUe.  ^lonY.^JlaUlc.  Vvov.,Jlataria. 

Flatoù,  adj.,  flatteur,  qui  dit  des  paroles  trompeuses. 

Bourg.,  fiaittoH.  Morv.,  flaUtoa.  Prov.,  Jlalairc,  floiador. 
Vx.  iv.yjlatcre,  Jlatcor,  ^flatcotir. 

Fléme,  s.  f.,  flegme,  mollesse,  paresse,  accablement,  maladie 
de  l'ouvrier  qui  ne  veut  pas  travailler.  —  N'est  pas 
inconnu,  même  à  Paris. 

ltcil.,fle/nma.  Bevry,/lcfnc.  Bonrg.,  Jleàme.  Genev.,  Jlenmc, 
la  molle.  Norm.,  Jleamo  (pituite).  Prov.,  flcgma,  Jlcmma. 
Ssiint, Jlemmc.  Wa,\[.,Jlcmme.  Vx.  fr.,  flcumc^flumc, Jleugmc. 

Fleur,  s.  f.,  fleur  de  froment.  Ce  mot  s'emploie  seul,  et  a 
un  sens  absolu  :  «  J'ai  écheté  d'ia  fleur;  j'vons  fâre  des 
flamusses  aux  ûs.  » 

Lat., _//os.  lied.,  fîove.  Bourg.,  fU'U.  Montr.,  fliciir.  Norm.» 
flea,  flieu.  Pic,  flour.  Prov.,  flor.  St'Am.,flcà. 

Fleûtaine,  s.  f.,  école  buissonnière  :  «  C'crapaud  là,  ô 
n'éprendra  jamâ  ran;  ô  fait  quasiment  tôs  les  jors  la 
Jleùtaine.  » 

Ital.,  fustagiio.  Bourg.,  feteiae,  futàne.  Champ.,  futaine. 
Morv.,  fatal  ne.  Pic,  fai^tanc,  futane.  Prov.,  fastoni.  Toul., 
fastani.  Vx.  fr.,  fustainr/nc,  fustaine. 

En  Bourgogne,  coari  lai  fcteinc,  c'était  jadis  tenter  le  prix 
de  la  course,  pour  lequel  on  octroyait  au  vainqueur  une  pièce 
àe  futaille.  La  course  est  bien  l'affaire  de  l'école  buissonnière. 
Nous  avons  simplement  ajouté  un  /au  nom  de  l'étoffe.  M.  de 
Chambure  tire  le  mot  de  «  fuite  »,  avec  un  suffixe  de  diminution . 

Fleùte,  s.  f.,  flûte,  instrument,  et  petit  pain  pour  le  café 
au  lait. 

Ital.,  lïauto.  Bourg.,  fle((fe.  L\m.,/ieuta.  Lovr. ,Jîeùte.  Mac, 
Jlicâte.  Pia.,  Jlahute.Pvow.,  flauta.  Sav.,  flufa.  Tovû. ,  f'/au(o, 
flautot.  Vx.  ir.,  fleùte,  frcstel. 

Fleûter,  V.  intr.,  jouer  de  la  tliîte. 

Lat., //u^(7S.  Morv.,  fleu ter.  Prov.,  flaular,  Vx.  ïr.,  fleûter, 
flauter,floastcr,  fluster,  frcsieler. 


"180  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Fleûter,  V.  tr.,  boire  avec  complaisance  et  à  bonne  dose. 
(V.  Fiôler.) 

Fleûtiau,  s.  m.,  flûteau,  petite  flûte  d'enfant  :  «  0  n'ain-me 
qu'à  sôfler  dans  son  fleûtiau.  » 

Berry,  flatèrlau.    Cha.m\:).,  fin  tôt.  Fr.-Cté,  flouëtot.  Morv., 
flctitcau.  Prov.,  fl autel,  fraustcl.  Vosg.,  fieuteau. 

Fleùtoû,  s.  m.,  joueur  de  flûte.  Figure  dans  les  orchestres 
des  fêtes  de  village. 
Moi'v.,  flcutott,  flcutcu.  Vx.  iv.,  flcutcrc,  flcnsteor. 

Floche,  et  Flochon,  s.  f.,  filoche  à  prendre  le  poisson, 
petit  filet. 

Flocher,  V.  tr.,  prendre  dans  la  filoche  :  «  J'seû  été  d'avou 
l'vieux  André,  qui  poche.  J'ii  aijtochê  eùne  carpe.  » 

Flon,  s.  m.,  fil  formé  de  plusieurs  crins,  tordus  ensemble 
pour  attacher  un  hameçon. 

F^loquer,  V.  intr.,  flotter,  osciller.  Ne  s'emploie  qu'en  parlant 
de  l'effet  des  pieds  dans  des  chaussures  trop  larges  :  «  Ses 
pieds  floquont  dans  ses  saibots.  » 

Bourg.,  ftoquat,  floquai.  Champ.,  floquci\  '^îovv.,  floqucr, 
Jîoqaer.  '^orm. ,  floqucr.  Pic,  floquer. 

Floquet,  s.  m.,  grappe  de  fruits  ou  de  fleurs  tenant  à  la 
même  branche. 
Bourg.,  floquai,  floquai.  Vx.  iv.,  floquer. 

Floquéte,  s.  f.,  nœud  de  cravate,  coquettement  disposé. 
Côte-d'Ov,  floquette.  Lorr.,  floquette. 

Floret,  s.  m.,  fleuret,  arme,  et  fil  de  soie. 
\ta\.,fioretto.  Rouch.,  floret.  Yx.  iv.,  floret. 

Flôte,  s.  f.,  écheveau  de  fil,  de  soie,  etc. 
Mâ.G. ,fliote.  Sa.y.,flauta.  {Y.  Échevéte.) 

Flûuî,  v.  intr.,  fleurir. 

Lat.,//o/'^/r.  liai.,  florin e.  Morw,  flùri,  effluri.  Pic,  flourir. 
Pvov.,florir.  St-Am.,  li/uri.  Vx.  fr.,  florir,  flurir. 

Fô,  adj.,  fou,  badin,  enjoué,  excentrique. 

Bas-lat., /b///s.  ltal.,/b//o.  Bourg.. /ô.    Morv.,    fou.   Prov., 
JoUfolii.  Vx.  iv.,  fol,  foui,  fox. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  181 

FoiNEAu,  S.  m.,  fenil,  grenier,  grange  où  l'on  rentre  le  foin: 
((  01  a  couché  dans  Vfoineau.  » 

hat.,  fœnile.  Berry,  foui,  fcriiau,  fenean.  Champ.,  fuinticr 
Fovez,  fo'iieiron.  Montr.,  foincau.  Morv. , /omea».  Saint.,  fo- 
rt ion. 

FoiNAisoN,  et  F'naison,  s.  [.,  fenaison. 

hât. ,foMni(ni.  Montr.,  foinaison.  Mov\'.,foiiaisoa. 

FoiNER,  V.  tr.,  couper  lefoin. 

Berry, /c'/it'/'.  Genev., /e/ie/'.  Montr.,  foiner.  Morv.,  foiiier, 
foiicr.  Norm. jfoner.  Pvov. ,fonar.  Wall.,  ftani.  Vx.  h'.,foncr. 

FoiNOÎi,  s.  f.,  faneur. 

Bevvy,  fc no ux.  Morv.,  foi aoa,  fonou.  (V.  Fauchcâ.) 

FôïoN,  s.  f.,  foison,  abondance  :  «  Des  peùrnes,  des  poires, 
des  calas,  j'en  avons  à  foïon.  » 

Lat.,/«sto.  Bourg. ,  /ofiso/i.  Morv.,  foïon,  fouïon.  Prov., 
fusion.  Vx.  h'.,  foison. 

Fois  (des),  loc.  adv.,  parfois  :  «  T'é  si  jantiie,  vois-tu,  qu'y  a 
dea  fois  que  j't'embrasserô.  )) 

Ital.,  voce.  Dauph.,  vei.  Genev.,  fois.  Hain., /o.s,  /«;<.  Nam., 
fié.  Prov.,  vct.^,  fots,  cegada,  vogada.  Vx.  fr.,  foi::;,  foiede, 
fiée,  foi:;. 

FoLiGÔt,  adj.,  folâtre,  folichon,  d'humeur  trop  gaie  :   «  Oh  ! 
lap'tiote/o/f^o^e.'  all'ne  fait  qu'rire.  » 
M.oniv.,  fouligot.  Prov.,  fou ligaudo. 

Folle,  s.  f.,  bonnet  de  forme  légère  et  avenante  que  portaient 
naguère  les  jeunes  filles,  et  qu'à  tort  elles  remplacent 
maintenant  par  des  coiffures  plus  ((  à  la  mode  ».  (V. 
Calme.) 

Folloir,  V.  intr.,  falloir,  manquer  :  ((  Cor  ein    p'chô,   ô  gâ- 
gnôt;  i  s'en  é  psiS  fallu  gros.  » 
W.-y,  il  foillit  (il  fallut). 

Fondrée,  s.  t.,  fond,  résidu  aussi  bien  de  terrains  que  d'us- 
tensiles :  ((  J'sons  descendus  dans  la  fondrée  du  parc.  »  — 
((  J'ai  ramassé  Vdfondi-ee  de  la  marmite.  » 

h'dt.,  fundds.  lta.l.,fonilo.  Berry ,  fondrée.  Genev.,  fondrail- 
lon.  Morv.,  fondrée.  Nora^.jfo/uli-ille.  Poit.,  fondrée.  Wall., 
fondraillc. 


182       LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO  CHALONNAIS 

FoNGEANT  (papier),  s.  composé,  papier  buvard. 
hat.,  fungosds.  Midi,  papier-fou. 

FoNNE,  s.  f.,  femme  :  «  Y  é  pas  lu  qu'é  méchant;  y  é  sa 
fonne.  » 

hât.,  fomiiia.  \t^\.,  feni/nina.  Berne,  forinc.  Bourg.,  fanne. 
Bi"ess.,/t'/i/ia  Bugist.,/c-'/i/ie.  Dauph.,/c'/ta,/e/i(?.  Forez,  fciia, 
fcne.  Hte-Auv.,^/ina.  Lang.,  fciino,femo.  Lim.,  fc'nno,fcnna. 
hovr. ,  fôine,  founic.  Lyon.,  feiia,fcnna.  Mac,  fenna.  Montr., 
faune.  Morv.,  fonae.  Nivern.,  fonna.  Poit.,  fennec.  Prov,. 
fena,  fcninia.  Rom.,  fenina.  St-Am.,  féna.  Sav.,/c/t/t«.  Toul., 
fcnno.  Wall. ,/t'a/nc.  Vx.  fr.,  famine,  famé,  feine. 

FoNNELÔTE,  s.  f.,  femmelette. 

Bourg.,  /«/ue/oi'e.  Tonl.,  fanhouno,fennarou.  Vx.  fr.,  feni- 
mette. 

FoNTENÎ,  s.  m.,  terrain  marécageux,  entretenu  par  une 
quantité  de  petites  sources.  Givry  a  un  lieudit  /es-  Fonte- 
nottes. 

Lat. ,,/o«s.  Montr.,  fonteni.  Morv.,  fon(ainr/ne.  Prov.,  fon- 
tanil,  fontanilha . 

FÔR,  s.  m.,  four.  (Pour  la  loc.  :  C(  Faire  au  four,  »  voir 
Cueùre.)  Le  Genev.  Ta  comme  nous. 

Lat.,/f</'/if<.s.  Ital.,  f'orno.  Bourg.,  for.  Bress.,  for.  Fr.-Cté, 
foïiot.  Lyon., /or.  Montr.,  fo.  Morv.,  l'ôr.  "Sorm.,  foui.  Prov., 
forn.  St-Am.,  fou.  Sa.v.,  fœur.  Vx.  iv.,forn. 

FÔRCHE,  s.  f.,  fourche,  à  dents  en  bois  ou  en  fer, 

Lat.j/ftrcrt.  Ital-,  forci.  Berry,  forclie.  Bourg.,  forchc. 
Lyon.,  forchi.  him.,  fourcho.  Mkc,  fôrc/ie.  Montr,  forç-hon. 
Morv.,  forche,  fource.  Pic,  fourque.  Piov.,  J'orca.  St-Am., 
fourse.  Wi\U. ,foge.  Vx.  iv.,  forche,  farke,  firche, fourc/ue. 

FÔRCHÉTE,  S.  f.,  fourchette. 

Berr}',  forchette.  Genev.,  forchette.  Mac,  fôrdiète.  Morv., 
forehcite,  forcetle.  St-k\ï\.,fourëéta.  Vx.  iv.,.  forchette,  fur- 
cheste,  fourcele  (creux  de  l'estomac). 

FoRCHC,  ad].,  fourchu. 

Berry,  forchu.  Movv.,  forchou. 

FôuçoN,  s.  m.,  fourche  en  fera  deux  pointes.  (V.  Bident. 


LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  18lj 

FORER,  V.  tr. ,  fourrer,  introduire  de  force. 

lia.\  ,fodi'rarc.  Bonvg.,  forai,  J'orrai.  Prov.,  folrar.  Vx.fr., 
forrer. 

FÔRMi,  s.  f.,  fourmi.  {V .  Frémi.) 

FORMÉE,  s.  f.,  fournée,  ce  que  le  boulanger  met  de  pâte  pour 
emplir  son  four. 
Ital.,  fornata.  Bevvy,  Jbriiée.  Bonvg.,  Jonée.  Prov.,  Jornada. 

FÔRNÎ,  V.  tr.,  fournir,  livrer. 

lia].,  foriiire.  Bei'i'y,Jornir.  ]iou.v^.,Jbr/ii.  yioïv.,  feurnitro. 
Pfov.,  fornir. 

FÔRNi,  s.  f.,  fournil,  endroit  où  se  trouve  le  four. 
Fovez,  J'oiir/iac'.  Movv.,  J'omié.  Poit.,  fonrniou. 

FÔRNiAUi  S.  m.,  fourneau,  portatif  ou  à  demeure. 

Lsit.,  furnellu.f.  It'dl. ,Jbrnello.  Berry,  Jorniau.  Bourg  ,  fo- 
nèa.Montv.,  foriiieau.  Pic,  forgneu.  Prov.,  foraelh,  fornel. 
Vx.  ir.,  Jorniau. 

FORMER,  s.  m.,  fournier,  le  maître  d'un  four,  boulanger. 
Bourg.,  fonci.  Wall.,  J'onrnicr. 

FoRTEÛNE,  s.  f.,  fortune,  biens  :  «  Oh!  j'ons  pas  compté 
d'avou  lu;  ma  ôl  a  d'ia. forteùne.  » 

Lat.  et  Ital.,  fortuna.  Bourg.,  fotèiigne,  fotugne.  Morv., 
forteune.  Prov.,  fortuna.  Vx.  îv.,Jortunc. 

FouÀTER,  V.  tr.,  fouetter,  les  fesses  et  la  crème. 
St-Am.,/{<,"«^t'. 

FouEiLLER,  V.  intr.,  ployer,  fléchir.  Se  dit  surtout  delà  glace 
trop  faible  pour  porter  ceux  qui  sont  dessus,  et  qui  va 
craquer  :  «  Oh!  j'vons  pas  glisser  par  iqui;  y  é  trop  mince, 
y  fuueille.  » 

FouÈRE,  s.  f.,  foire,  apport,  marché  :  u  Y  é  d'main  IsL/ouère; 
y  veinras-tu?  » 

Lat., /erta.  Ital.,  fiera.  Morv.,  fouere.  Prov.,  ficijra,  fcira. 
Vx.  fr. ,  foire. 

FouiLLON,  s.  m.,  individu  sans  ordre  et  sans  soins,  qui 
dérange  tout. 

Champ.,  foillon,  foj/on.  Morv.,  fouillon.  Suiss.  r.,  fouon. 
Wall.,  J'ouan,foyan. 


184      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Fouiner,  v.  intr. ,  fuir  comme  une  fouine,  s'esquiver, 
décamper  :  ((  L'sans-cœur!  quand  les  autres  s'batteint, 
ôl  a/ota'në.  )) 

Bourg.,  fouinai.  Genev.,  fouiner.  Montr.,  fougner.  Moi'v., 
fouiner.  Norm.,  fouiner.  Poit.,  fougner.  Rennes,  fouiner. 
Suiss.  V.,  fouinna.  Valogn.,  fouiner.  Vx.  h'.,  fouiner. 

FouLÔT,  s.  m.,  tourbillon  de  poussière,  coup  de  vent,  bour- 
rasque. Au  figuré,  exaltation  du  cerveau  :  «  Y  é  v'nu  ein 
foulât,  je  n'pouvô  pu  me  t'ni  su  la  levée.  »  —  Le  bour- 
guignon fouleire  (feu  d'artifice)  ne  se  rattacherait-il  pas  à 
notre  mot? 

Bevvy ,  foulot.  Forez,  foullët.  Genev.,  fait  le  t.  Montr.,  foulot. 
Morv.,  foulot,  froulot.  Norm.,  folle.  Suiss,  v.,  fulet. 

FouRQuÉTE,  et  Frouquéte,  s.  f.,  sorte  de  petite  barque  de 
pêche,  dont  l'arrière  est  façonné  en  pointe.  (V.  Barqubt, 
Arloquin.) 

Fourte!  interj.,  dehors  1  «  Fourte!  va-t-en!  sors!   »  Nous 
est  resté  des  invasions. 
Ailem.,  fort!  Ronch.,  fourte!  WnW.,  fourte. 

Foussé,  s.  m.,  fossé  :  «  01  a  tant  bouévu  chopine,  qu'ôl  a 
chu  dans  V/oussé.  » 

Lat., /ossa.  ital.,  fossato.  Berry,  foussé.  Bowvg.,  foussai. 
Champ.,  foussettc.  Dauph.,  foussé,  fousseij.  Lorr.,  foussé. 
Morv.,  foussé.  Prov.,  fossat.  St-Am.,  tera.  Saint-,  fausse. 
Vx.  fr.,  fosset. 

Fouteau,  et  FouTiAU.  (Voir  Foyard,  et  Fau.) 

FouTiMASSER,  V.  \\\Xv . ,  s'occupcr  à  des  riens,  agir  comme 
un  imbécile,  faire  quelque  chose  avec  nonchalance. 

Berry,  foutiniasscr  (tourmenter).  Norm.,  foutimasser,  fou- 
timer.  Kouch. ,  foutimasser. 

FouTRÔT,  s.  m.,  jeu  de  cartes.  Au  figuré,  chose  légère,  peu 

consistante.  J'ai  entendu  un  lettré  bourguignon  dire,  en 

parlant  d'une  œuvre  plus  brillante  que  solide  :  <(   Il  y  a 

dufoutrbt  là-dedans.  » 

llouch.,  I  n'y  a  An  fout r au  (il  y  a  quelque  chose  là-dessous). 

FoYARD^  et  Fayard,   s.  m.,   hêtre.   Des  sabots  de  foyard. 


LANGAGE    POPULAIRK    VRKDLNO-CIIALONNAIS  185 

C'est,  avec  le  bouli'au,  un  des  arbres  que  les  sabotiers 
mettent  le  plus  à  contribution.  On  a  û.\\.Jbaieaa  et/outiau.. 
Ce  mot  a  subi  des  modifications  nombreuses. 

Latin,  f/jjic^.  B;is-latin,  J'(;/<i.  Bourg.,  J'ô,  J'oleà.  Clenev., 
fai/ard,  Joj/urd.  Isère,  J'af/ur.  Morv.,  foatlau.  Savoie,  Jbeu, 
Jaidr.  Vx.  îr. ,  Joui llard ,  Jd ijaii , Jdia.  (V.  Faci.) 

Frâ,  Frâche,  adj.,  frais,  fraîche.    ^ 

\\:\x\.,  fresco.  Bourg., //•«/,  frôche.  Lovv. ,  fra/i.  Morv.,  frô, 
froaàdc,  frâche.  Nam.,  frèche.  Norm.,  //r,  frei.  P i'0\.,  J'rcsc. 
St-Am  jfrè.  Ton\. ,  fi-(;se,frcsquet.  Vx.  îr. ,  frès,  frcscho,  Jrc.::. 

Fràches,  s.  f.,  tiges  de  plantes  :  frâches  de  pommes  de 
terre,  de  betteraves,  etc.  Branchettos  entourant  les  jurons 
et  complétant  le  fagot.  Les  fagots  de  fràclies  sont  des 
fagots  de  branches  d'arbres. 

iwïK, /raclions.  Morv.,  frd te.  Poit.,J're((c. 

Le  bourguignon  a  le  verbe  frdchai  (rompre,  briser),  et  le 
Jura   le  yerhe  frdc/icr  (même  sens). 

Frâgne,  s.  m.,  frêne. 

Lat. ,  fraxinus.  Berry,  frâ</ne.  Boavg. ,  frâgne.  Dauph., 
fragnio.  Isève,  Jragnio.  Montv.,  frâgne.  Morv.,  frâgne.  Poit., 
frâgne,  frane.  Sa.int.,  fragno.  Vx.  h'.,  fraisae,  frasne,freisne. 

Fraîche,  s.  f.,  fraîcheur,  humidité,  frais  du  matin  ou  du 
soir  :  «  Je  m'ieîive  de  boune  heure;  j'aime  ben  de  marcher 
à  la  fraîche.  —  Ce  mot  n'empêche  pas  frâche.  (V.  Frô 
et  Frâ.) 

Loi'v. ,  frochou.  V^'nU.,  frèc/tc. 

Fraisi,  et  Fresi,  s.  m.,  fraisil,  petite  braise. 

Berry,  frasil.  Champ., /r-asm.  Voit.,  frasail,  frasi. 

Frâre,  s.  m.,  frère. 

La.i.,  frater.  Itsil.,  fratcllo.  Beny,frèe.  Morv.,  p-cc.  Prov., 
fraire,  fratre.  Sav.,  frarc.  Vx.  iv.,  f-adre. 

Fràrot,  s.  m.,  frérot,  petit  frère  (dim.  de  frâre). 
Xvtois,  frérotin.  Movv.,  frérot.  Rouch.,  frérot. 

Frèd,  adj.,  froid  :  «  Oh!  qu'i  fait  donc  frèd!  que  temps!  » 
(V.  Froid.) 

Lat.,  frigidits.    Ital.,  frcddo.    Berry,  freid.    Bress.,    frag. 
Dauph., //-c'^.  Lira.  ,//■«.  Lorr.,.  frôd,  frcu.  Morv.,  //-é.  Prov., 

19 


186      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

freg.frey.  Rouch.,//-0(/.  St-Am.,  //'.(.  Sav.,  frâ.J'rùi/et.  Vx.  fr., 
fi'oit. 

Frèdî,  V.  ti".  et  intr.,  refroidir  :  «  Vciiis  donc,  t'vas  lasser 
frèdi  ta.  sôpe.  »  —  «  L'dèt  m'breûle;  j'vas  rtremper  dans 
l'iau  por  lefrèdi    » 
Berry ,  frcdlr,  ferdir,  Jrède;lr.  Bourg. ,  frèdl. 

Frèdure,  s.  f.,  froidure. 

Ital.,  freddura.  Prov.^  freidara,  fre/ura.  Wall.,  frodare. 
Vx.  fr.,  frtdorc. 

Fregon,  s.  m.,  fourgon,  râteau  de  boulanger  pour  remuer  la 
braise  dans  le  four,  tisonnier. 
\tci\.,  forcoiie.  Fr.-Cté,  fregon.  Moniv.,  fregon. 

Fregoner,  V.  tr.,  fourgonner,  tisonner,   remuer  sans  motif. 
Berry,  forgonner,  fougonner,  fougotiner.  Bourg.,  freguenai, 
feurguenai.  Bress.,  frogonè.  Fi'. -Cté,  fregonner.  Geney.,  four- 
gonner. Montv. ,  fregonmr.  Na,m. .,  forguiner.  Sa.v.,  fr' g aenâ. 
V^SiU.,  forgdini.  Vx.  fr.,  fourgonner.  (V.  Frougouncr,  qui  ne 
ditîère  que  par  une  nuance  dans  l'acception.) 

Freguiller,  V.  tr. ,  frétiller,  remuer  constamment  :  «  Aga 
donc  c'poisson,  coume  ô  freguille!  »  —  «  C'te  p'tiote,  ail' 
freguille  tôjor.  » 

Berry,  fertlller.  Bourg.,  freuguillai.  Fr.-Cté,  freguiller. 
hwa,,  freguiller.  Prov. ,  fre^^il/iar.  Vx.  fr.,  fretillicr.,  freteller. 
(V.  Feàrtiller.) 

Freguillôt,  adj.,  remuant,  frétillant  : 

O  bouge,  à  r'inue, 
O  cor  la  rue  . . 
Oh!  l'drôV  de  p'tiot. 
Tout  freguillôt  ! 
(V.  Ver  pillât.) 

Frement,  s-  m.,  froment. 

Lât.,  frun^cntum.  liai.,  fr  unie  rJo.  Bervy,  froument.  Montr., 
frement.  Morv.,  fronme/it.  Prov.,  fromcn.  Wall.,  frouniint. 
Vx.  fr.,  froniniant,  frument,  fournxent. 

Fremer,  V.  tr.,  fermer,  clore,  entourer. 

Lat.  et  Ital.,  fernxare.  Berry,  froumer,  fromer,  freunier. 
Bourg., /"ro/xaf".  Bress., //•of<«u''.  Fv. -Cté Jremai.  Guevn.  fruniaïr. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      187 

Moi'v.,  fromcv.  Norm.,  fvuincr,  fromev.  Pic,  freiner.  Prov., 
fcrinar.  Rouch. ,  frcuDicr.  St-Am.,Jrounié.  Sav.,//-emtî.  Wall., 
freiner.  (V.  Fariner.) 

Frémi,  s.  f.  (jadis  m.),  fourmi  :  «  Méchant  comme  un  frémi 
roussot,  ))  dit  un  vieux  proverbe  cité^par  Jules  Guillcmin. 
((  On  dirôt  qu'jai  des /remis  dans  l'dos.  » 

Lat.,  formica.  Uu\.,  formica.  Berry. fromi,  frotiini.  Bordelais, 
hourmie.  Boarg.,  frémi.  Fr.-Cté, /remî..Hainaut,  fourinissc, 
fourinic/ie.  Il.-V"e,  fromi,  frorimi.  Marne,  frcutni.  Montr., 
frcini.  Movv.,  feurmingn',  frcini,  formi.  Nain. ,  frimouc/ie, 
frontnoucho.  Norra.,  formi  (ni.)-  Pic,  frcumion,  formion, 
forini.  Poit.,  freinie.  Prov.,  formiga.  Rom.,  fromi.  Rouch., 
fourmiche.  St-Am.,  froumi.  Sav.,  Jr'inia.  Wall.,  frumiche, 
fronrnic/te.  Vx.  îv.,  fro/ni^,  forinis,  fromis.  {Y.  Formi.) 

Fremiyement,  s.  m.,  fourmillement. 

Berry,  froinion,  fromilleinent,  frouiniUrment.  Morv.,  frc- 
inillement.  Pic,  fremion,  fremillon.  Prov.,  forniigamcnt. 
Vx.  fr. ,  foarmiement. 

Fremiyer,  V.  intr.,  fourmiller,  démanger. 

Ital.,  forinicaro.  Aunis,  freniigor.  Berry,  fromiller,  frou- 
tniller.  Bontg.,  freinUlai.  Montr.,  freniillvr.  Morv.,  fremiller. 
Pic,  frcinioner.  Prov.,  formicar.  Suiss.  r.,  fremilli,  fremcilli. 
Tonl.,  fourni ig ne/a.  Wall.,  Jrume/n,  frouniehi.  Vx.  fr.,  for- 
inillcr,  formicr. 

Fremiyère,  s.  f.,  fourmilière,  et  foule  nombreuse. 

Ital.,  forniicain.  Berry,  fromillière,  froinllle.  Genev.,  fron- 
mllière.  Metz,  fi'cu m ièye.  Morv.,  frcniillère.  Poit.,  frcmillcre, 
fremigère.  Prov .,  fromiguier .  Rom.,  frotnilière.  Sav . ,  fr'inicr. 
Vx.  ir.,  frontière,  foriniUerc. 

Freti,    s.    m.,    et   Frétille,   f.,    paille,  chaume,  terre  en 
chaume.  A  peu  près  le  même  sens  qiVEtoale.  (V.  ce  mot.) 
Bourg.,  frctaille  (menue  chose).  Montr.,  freti. 

Freùber,  V.  intr.,  chercher,  fureter,  déranger  :  «  Que  c'que 
t'veux  donc?  Tùjor  te  freùbes  partout.  » 
M-Axne,  feutrer.  Vx.  ir.,  furi(lcr,flroncr. 

Frigolés,  adj.,  rôtis.  On  appelle  ainsi  les  châtaignes  et  les 
marrons  tout  chauds  sortant  de  la  poêle  trouée.  (V.  Cfo- 
dàtes,  Frigolliies.)  * 


188  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Frigoler,  y.  il'.,  faire  griller,  rôlir  des  niarron.s  des  châ- 
taignes. 

Genev.,  fer(.5'o/cr,  brcsolcr.  Morv..  frigoler.  'Sovm,  frioler, 
Poit.,  frioalcr.  Sav.,  bri^old. 

Frigolôtes,  adj.  f.,  rôties,  grillées.  Ne  s'applique  qu'aux 
châtaignes  seulement.  (V.  Chodôies.) 

Frigousse,  s.   f.,  Iriture,   cuisine,   fricassée  :   «   Jeanneton 
n'nous  fait  pus  d'ia  bonne  frigousse.  »  Ne  se  prend  guère 
en  bonne  part. 
Bourg,  frigousse.  Geaev.,  ')'igonise.  Pic,  frigousse. 

Frigousser,  V.  tr.,  faire  frire,  fricasser,  cuisiner  tant  bien 
que  mal. 
Bourg.,  frigoussai. 

Frilieux,  adj.,  frileux  :  «  01  é  si/rilieux,  qu'ù  tient  le  poile 
entremi  ses  jambes.  » 

hat., frigidus.  Berry,  fredillcux,frc(.lollûux.  Bonvg.,  frillci'i. 
Genev. ,  frilicu.  Morv.,  frcdillou ,  frillou.  Nam.,  fi-uleux, 
frilcu?.  Norm.,  Jrilou.  Wall.,  froûleûs,  fruslcùs.  Vx.  fr., 
frieuleus,  froidaillous. 

Friller,  V.  tr.^  brûler  avec  de  la  paille  la  soie  d'un  porc 
que  l'on  vient  de  saigner.  Ce  feu  d'artifice  vulgaire  est 
toujours  une  fête  pour  les  gamins,  qui  ne  manquent  pas 
d'accourir  aussitôt  qu'ils  entendent  les  cris  aigus  de  la 
bête  au  boudin.  —  Le  poitevin  dit  frilai  pour  rendre  le 
pétillement  de  l'eau  dans  laquelle  on  plonge  un  charbon 
ardent,  de  l'huile  qu'on  verse  dans  la  poile,  etc. 

Berry,  friller  (être  frileux).  Midi,  usclcr.  Montr.,  friller. 
Morv.,  friller.  Wall., /rouler  (avoir  froid). 

Frillôte,  s.  f.,  cuisson  particulière  de  l'estomac,  bien  connue 
des  trop  assidus  buveurs  de  vin  blanc  :  «  Prends  garde, 
Jacot;  t'chopines  ben  souvent. .  .  Gare  à  \a.frillbte!  » 

Fripouille,  s.  f.,  gens  de  rien,  chose  de  rien.  Terme  de 
mépris  :  «  Eùne  vrâë  fripouille  que  ce  gas-là!  »  —  «  Sa 
marchandise?  N'yé  que  cVlâ  fripouille!  » 

Frisons,  s.  m.,  rubans  de  bois  qu'enlèvent  le  sabotier  et  le 
menuisier'dans  leur  travail  de  rabotage.  En  elïet,  rien  ne 


LANGAGE    POPULAIRP-    Vi.RDUNO-CHALONNAIS  180 

resseml)le  plus  aux  bouclettes  dv  la  frisure  des  femnios. 
Les  enfants  s'amusent  parfois  à  s'en  faire  des  coiffures 
comiques. 
Berry,  frilon,  frillon,  frison.  Fovcz,  frcsil le.  Fr.-CtA,  frison. 

Gencv.,  frison.  Movv. ,  frillo/i.  Nonn.,  frison.  Prov..  frisonn. 

* 

Frô,  adj.,  frais  :  ((  Dis  donc,  not'belle  couraude,  ail'  n'é  jà 
pu  ^\  frùcjicl  »  Ce  mot  n'empêche  pas  notre  locaition  ((  à  la 
fraîche.  »  (V.  ce  dernier  mot.) 
\io\x\"^.,  frô,  frai.  Montr.,   frô.  (V.  Frd.) 

Frôgner,  V.   intr.,  remuer,  se  remuer,   se  caresser  par  un 
petit  mouvement  ondulatoire  :  «  01  é  bê  si  content,   qu'ô 
s^en /rogne  les  épaules.  » 
Bourg.,  frog ni.  Forez,  se  froagni  (se  frotter). 

Froid,  s.  f.,  la  froid.  Certains  citadins,  pour  mieux  parler 
que  les  paysans,  disent //"o/c/  [Y .frèd),  mais  en  féminisant 
ce  mot  :  «  Oh!  la,  la!  brrr!  je  grûle  la  froid.  » 

Bourg.,  frai.  Bress.,//'«^.  Genev.,  froid.  Saint, //'t'^.  Wall., 
frod. 

Froid  (geler  de),  locut.  redondante  et  fautive.  Quand  on  gèle, 
c'est  toujours  de  froid,  (V.  Bas,  Bois,  C/iaud,  Haut.) 

Front  (avoir  du),  locut.,  être  effronté. 

Ital.,    sfrontato.    Bourg.,    cto    e^ff'rontoii.    Prov.,   csfroiifat' 
St-Am.,  été  cfronlô.  Vx.  fr.,  csfrontc,  effronté. 

Frontonière,  s-  f.,  fronteau,  bandeau  formé  de  plusieurs 
tresses,  au  milieu  duquel  est  fixé  un  petit  joyau  de  plus  ou 
moins  de  valeur,  et  dont  les  jeunes  femmes  s'ornent  le 
front.  Sorte  de  ferronnière.  Mais  ce  n'est  point  dans  ce 
dernier  mot  qu'il  faut  chercher  rurigine  du  nôtre,  qui  dit 
simplement  ((  ornement  de  front  ». 

\%^\.,  frontale.   Berry,   frontiau.   Prov.,   frontal.    Vx.    fr., 
fronteaulx. 

Frotée,  s.  f.,  croûton  de  pain  frotté  d'ail,  qu'on  mange  pour 
déjeuner,  ou  qu'on  met  dans  le  fond  du  saladier. 

MoYv .,  frétée. 

P'rougouner,  V.  tr. ,  remuer,  mais  d'une  façon  ennuyeuse: 
((  Ah!  p'tiot,  que  qii'iQ  frougo unes  donc  tôjor  à  coûté 
d'moi?  ))  (V,  Fregoner,  BouUguerj  Ranger,) 


190      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

Frouille,  s.  f.,  fraude,  tricherie. 
Genev.,  frouille.  Montw,  /rouille. 

Frouiller,  V.  tr.  et  intr.,  tricher,  tromper  son  adversaire  au 
jeu  :  «  J'quitte  la  partie;  te  n'fais  qu'/rouiller.  » 

Genev.,  frouiller.  Montr., /rouiller.  Movv., /riper,  frouiller, 
Sav.,  frouiller. 

Frouillon,  et  Frouilloû,  adj.,  tricheur  au  jeu,  trompeur: 
((  Te  gagnes,  mais  pasque  t'ét  nn  frouillon.  » 

Fovez, /rouillon.  Genev.,  frouillon.  Montv.,  /rorùllon.  Sav., 
frouilloa. 

Froumage,  s.  m.,  fromage. 

\ia\.,  Jorinaggio.  Boiwg.,  forniaige.  Forez,  fourma,  frou- 
mageou.W-Anv.,  forma,  himons.  ,/rounia/e.  Montv,  freniagc. 
Morv.,  fromaigc,  froumaigc,  frcumaige,  forniaigc,  froumai^e. 
Pic,  formiige.  Pi'ov.,  formalge.  St-Am.,  /rouma^-ou.  Vx.  fr., 
froumage,  froumarhe,  Jourmage. 

Froumageôt,  et  Fromageon,  s.  m.,  fruit  de  la  mauve,  dont 
la  forme  capsulaire  figure  un  petit  fromage,  que  les  gamins 
mangent  avec  avidité. 

C\\:im\)., /romageot.  inra,  froumaidgeot.  'M.ov\.,/romaigpot, 
/roumaiijcot.  Ronch.,  fromageon.  Saint.,  /romageoii.  Wall., 
frumejoa.  (V.  Froumagère.) 

Froumagèhe,  s.  f.,  mauve  à  feuilles  rondes,  dont  les  enfants 
recherchentle  fruit. 
Bevvy,  /ro/)>agère.  Monti'.,  frcmagère.  (V.  Frouniageot.) 

Frût,  s.  m.,  fruit,  de  n'importe  quelle  nature. 

Lat.,  fractus.  Ital.,  /rutto.  Bervy,  fru,  friiL  Bourg.,  fru. 
Montr.,  Jrut.  Morv.,  /reu.  Prov.,  /rut,  Jrug.  Toul.,  /ruio. 
Vx.  iv.,/ruis,  fruict. 

FOard,   s.   m.,    pigeon.    (Le    vieux    mot  fuie    voulait   dire 
colombier.) 
Lat., /«(/a.  Bouv^.,  fuar.  Rres.s.,  fuiard. 

FuiTER,  v.  iutr.,  fuir,  couler  [)ar  une  fissure  :  «  Ma  tarine  a 
faite;  j'ons  pas  évu  d'bouillun.  » 

'Lht. ,  fugcre.  Ital.,  fuggire.  Ban'y,  fuigfr.  Dauph.,  /'^/f«. 
Moi'v.,  /^^(7t7',  ]^i'QV.,/ugir.  Vx,  h'.,Ju'ir,  f'ougr. 


LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CII ALONNAIS  191 

FuMÉLE,  S.  f.,  remolle.  Le  paysan  ne  niarehande  pas  pour 
ce  mot;  il  le  donne  carrémenl  h  sa  f(Miime,  que  cependant 
il  appelle  aussi  safonne. 

Lat-,  J'cniclla.  Berry,  finnollc.  Hainaut. ,  finnèlc ,  fcumélc. 
Morv.,  fiiniclle.  Nain.,  faniàle.  Pic,  fainolle.  Prov.,  fcinel. 
Ronch.,  feu  mêle.  SA\.,J'cniala.  \VaU.,//'«/>!6'/c'.  Vx.  fr.,  fuinelc, 
/'innclle. 

FuMOÛÉRE,  échelle  clayonnée  pour  le  transport  du  fumier. 

FusiAu,  s.  m.,  fuseau.  Les  grand'môres  l'emploient  encore 
en  filant  au  rouet  :  «  La  grande  Glady,  all'vas'casser;  aile 
é  mince  coume  ein  funiau.  » 

Lat.,  /usas.  Ital.,  fnso.  Bourg.,  fusid,  fii.  Bress.,  Jf(sé, 
Il.-Vne,/»s«a«.  M-dc,  fuse.  Montr.,  feseuu.  Movv.,  feu hiaii. 
feujau.  Cujd.  Poit.,/«.sert.  Prov.,  ///s.  Vx.  tr.,  f'inssel,  ftiiseau, 
fuislax ,  fuseiau,  fuseaulx . 


G 


Gaban,  s.  m.,  blouse,  roulière,  synonyme  de  hliaude.  (V.  ce 
mot.) 
Montr.,  gaban. 

Gadou,  s.  m.,  gadouard,  vidangeur. 
Bourg.,  gadoi.  Lyon.,  gâthuc. 

Gadoue,  s.  f.,  matière  que  remue  le  vidangeur. 
Wall.,  godau  (eau  de  fumier). 

Gadrouille,  s.  f.,  eau  sale,  boueuse,  vase,  et  aussi  boisson 
désagréable,  sauce  mal  apprêtée,  etc. 
Genev.,  Montr.,  Poit.,  même  mot. 

Gadrouiller,   V.   tr.,   gâcher,    salir,    barboter   dans   l'eau, 
marcher  dans  la  boue. 

Genev.,  gadrouiller.  Lyon.,  gabouiller.   Poit..  gadrouillai. 
Rouch.,  watroulier. 

Gafer,  V.  intr.,  patauger,  mettre  les  pieds  dans  l'eau  de 
manière  à  la  faire  jaillir.  Se  dit  des  gens,  des  chevaux,  etc. 
Prov.,  gafar  (accrocher).  (V.  Gaugcr,  Gassoulller,  etc.) 


192      LANGAGE  POPULAIRE  VERDLNO-CHALÛNNAFS 

Gafouiller,  V.  tr.,  remuer,  agiter  en  tous  sens  et  en  désordre. 
Chàtill.,  (jaffjoiiillui.  Dauph.,  (joboriUev.  Geiiev.,  (jaj'ouillcr, 
Limons.,     fjadouilUa.    Pic,    padouillcr.     Piov. ,    gafuuillar. 
(V.  Fcùrnàchcr.) 

Gaige,  s.  m.,  gage,  garantie. 

Ital.,  gaggio.  Moi-v.,  gctr'gc.  Prov.,  ga/gc,  goje.  Vx.  fr., 
icage,  guagc,  goJe,  gaige. 

Gaiger,  V.  tr.,  faire  une  gageure. 

Boarg.,  gaigé.  Moi'v.,  gaiger.  "Sorm. , gagier.  Pvov. ,  gaf.gar, 
gatjar.  Vx.  fi\,  gagier,  gaiger. 

Gaigeùre,  s.  f.,  gageure,  pari. 

Morv. ,  (jaigenre.  Wall.,  wagciir.  Vx.  fr.,  gaigeùre. 

Gaille,  s.  f.,  Iruie.  (V.  Treuë.) 

Gaite,  adj.,  fém.  de  gai  :  «  Aile  é  prou  gaite,  all'rit  tôjor.  » 
Berry,  gailte.  Morv.,  gaite.  Vx.  fr.,  gage,  gnage. 

Gale,    s.    f.,   employé    adjectivement    pour    qualifier    une 
méchante  personne  :  «  Oli!  n'vas  point  d'avou  aile;  y  et 
eùne  vrâ  gale.  » 
Lat.,  callus.  Bourg.,  gaule.  Sav.,  gala.  Vx.  fr.,  galle. 

Galine,  s.  f.,  poule. 

Lat.  et  ital.,  gallina.  Kvt.,  gleine.  Bourg.,  galeigtie.  Dauph., 
gialiiia.  Forez,  jaleiia.,  salciia.  Langued.,  galiiio.  Morv., 
galine  (truie  qui  a  porté  plusieur.s  fois).  Norm.,  guerne.  Pic, 
glaine,  glaig/ie,  glane.  Prov.,  gallina,  galhina.  Rom.,  galina. 
Rouch.,  glène.  Vx.  fr.,  geline. 

Galine,  s.  f.,  petite  pierre  et  caillou  plat.  Les  enfants  jouent 
((  à  la  galine  »  en  tâchant,  à  une  certaine  distance,  de 
renverser  une  pierre  avec  une  moins  grosse.  Ce  jeu  s'exécute 
aussi  en  sautant  sur  un  pied,  et  poussant  devant  soi  la 
pierre  avec  le  pied  qui  est  à  terre.  Dim.  de  galet. 

Berry,  galline,  galine  (jeu  du  bouchon),  inva, galine.  Norm., 
galoche,  galine  (jeu  du  bouchon). 

Galipia,  s.  m.,  galopin,  vaurien,  rôdeur,  vagabond;  qui  ne 
travaille  pas.  Certains  donnent  ce  mot  avec  un  s  ou  un  t 
final. 

Bayeux,  galapian.  Berry,  galapiot,  galopiot.  Bouvg. ,  galapia. 
Orne,  ganipiou.  Pic,  galapiat. 


LANGAGE    l'OPL'LAIHK    N'KRDUNO-CIIALONNAIS  103 

Galon,  s.  m.,  croule  d'une  plaie.  Sorte  de  raascul.  de  gale: 
((  Pouih!  j'veu.x  pas  Tbiqucr;  (M  a  des  galons  sur  toute  la 
figure.  » 

Galoù,  adj.,  galeux,  pi'iiieipalcuient  celui  (^ui  a  de  la  crasse 
sur  la  tête.  Aussi  ce  c|ui  est  inégal  et  rugueux. 
Berry,  (jaloux.  \\.  fr.,  f/allcnx.  (V.  Galouse.) 

Galouse,  s.  f.,  bon  gâteau  local,  dans  la  pâte  duquel  on 
mêle  abondamment  de  petits  cubes  de  courge.  Après  la 
cuisson,  ces  cubes,  quoique  très  attendris,  restent  saillants 
à  la  surface,  qui  se  trouve  ainsi  garnie  de  reliefs  granuleux 
faisant  disparaître  le  poli  de  la  croûte.  De  là  le  nom  : 
galouse,  c'est-à-dire  rugueuse.  (V.  Galoù.) 

Gamache,  s.  f.,  vieille  chaussure,  savate,  soulier  dont  on  a 
plié  ou  coupé  le  talon  pour  en  faire  une  sorte  de  pantoufle. 
Les  Normands  nomment  ainsi  des  morceaux  de  toile  dont 
les  paysans  s'enveloppent  les  jambes. 

Forez,  gamache.  Genev.,  ijamache.  Il.-Vne,  ^a/nacAe.  Morv., 
f/amachc.  Poit.,  f/aniachc.  Saint.,  f/amachc  (guêtre).  St-Am,, 
chatata.  Vx.  fr.,  t/arnachc  (guêtre). 

Gambe,  s.  f.,  jambe.  (Le  français  en  a  encore  gardé  gambade 
et  gambader.) 

Bas-lat.  et  Ital.,  gainba.  Pic,  c/anibc.Prov.,  cainba.  Roucli., 
rja/npe.  W aW. ,  f/ainbe.Y\.  h.,  qambe.,  /ame,f/cnbe.  (V.  Gambi.) 

Gambée,  s.  f.,  enjambée,  grand  pas  :  «  Pour  passer  l'gouillat, 
i  m'a  folu  fâre  la  gambée.    »  Quelques-uns,  fautivement, 
prononcent  cambée. 
Berry,  ajambèe,  èjainbcc,  èfjainbée.  Vx.  fr.,  aïKjainbùe. 

Gambi,  adj.,  bancal,  qui  marche  de  travers,  qui  boite  d'un 
côté  :  «  01  a  chu  d'Ia  mate,  é  pi  61  en  é  resté  gambi.  )i  — 
«  01  é  gambi;  ma  c'qui  n'I'empôche  pas  d'ginguer  quand 
ô  joue.  » 

Berfy,  gambi/.  Bourg.,  gambi.  Genev.,  gambion.  Jura, 
cjambg.  Lang. ,  gambio.  Montr.,  gambi.  Morv.,  gnmbi.  Norm., 
gambicr.  Sav.,  gambie.  (V.  Gambc,  Jarréard,    Toj'tampion.) 

Gambille,    s.    f.,   jambe.    Synonyme  moqueur  et    ditn.    de 
gambe  :  «  0  n'se  tient  pu  su  ses  gambilles.  » 
Bas-lat.,  gamba.  Chnm\). ,  ga/iibillc.  Vx.  fr.,  gambille. 

20 


194      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Gambiller,  V.  intr.,  agiter  les  jambes  de  travers,  boiter.  Se 
prend  toujours  ironiquement. 

Bourg.,  ganihillaî.  Champ.,  traîner  la  gamhiUc.  Lang., 
(janxbèja.  Morv.,  gambiller ,  gamUiiicr.  ^ovm. ,  ganibcler.  Pic, 
gainbillonncr.  Poit.,  être  do  gambillon.  Wall.,  gambier. 
Vx.  fr.,  gambier. 

Gandôleu,    V.    intr.,    remuer    ondula toirement,    balancer: 
((  Quand  ô  marche,  ô  gandôle.  » 
Norm.,  gaadoler.  Prov.,  gancillar.  Vx.  h'.,  gandiller. 

Ganif,  s.  m.,  canif. 

Angl.,  knifc.  Genev.,  ganif.  Vx.  fr.,  keainet,  canitot. 

Gànote,  s.  f.,  sorte  de  gâteau,  de  forme  ovale,  tenant  de  la 
flamusse  et  de  la  corniote,  mais  se  rapprochant  un  peu 
plus  de  la  brioche.  (V,  Corniote,  et  Flamusse.) 

Gàpian,  s.  m.,  employé  de  l'octroi,  gabelou,  rat-de-cave. 
Terme  volontiers  injurieux.  —  Signifie  aussi  drôle, 
polisson. 

Bourg.,  gaibelou.  Forez,  gapian.  Genev.,  gapion,  gaillepaii. 
Lang.,  gabian.  Lyon.,  gàpian.  Moiv.,  gàpian.  Rom.,  gahloux. 
Sav.,  gàpian.  Suiss.  r.,  gàpian. 

Garaude,  s.  f.,  grande  guêtre  de  toile. 

Bress.,  garoude.  Dauph.,  garoda.  Forez,  garaude,  garodon. 
Màcoa.,  garode,  garoude. 

Garaude,  s.  f.,  coureuse,  fille  de  mauvaise  vie. 

Forez,  guiraude.  Genev.,  garaude.  Morv.,  garaude.  Piém., 
garaude,  garûlla.  Rom.,  carauldo  (vieille  sorcière). 

Garauder,    V.    intr.,    courir,    mener    mauvaise    conduite: 
«  Tous  les  soirs  ô  s'en  va.  On  n'sait  point  c'  qu'ô  fait... 
O  garaude.  » 
Genev.,  garauder.  Morv.,  garauder. 

Garaudeû,  s.  m.,  coureur,  garçon  qui  se  dérange. 
Dauph.,  garaudié. 

Garcenôt,  et  Garçounôt,  s.  m.,  garçonnet,  petit  garçon. 
Dans  nos  vieux  Noëls,  le  petit  Jésus  est  fréquemment 
appelé  garcenôt. 


LANGAGE    POPULAIRE    N'ERDUNO-CllALONNAlS  l*J5 

Beri'y,  (jarcniuiidji.  Bouig. ,  //(ircciiô,  (/acciiô ,  gaickenô, 
gaclt'iicn.  Lorr..  (/(ÀchenoL  Pic,  (jacrchonet.  Vx.  fr.,  cjav- 
çonet,  (jarsonnct . 

Garçouniaude,  et  GARçouMÈFtE,  s.  f.,  iillettÇ  qui  joue  trop 
volontiers  avec  les  garçons  :  «  Ta  Jacole,  prends-y  garde  ; 
aile  é  prou  garçouniaude.  » 

Lang.,  garçounlalro.  Montr.,  f/tirçouniaudc.  Morv..  (jur- 
çoiignièo.  Pic,  (juci'chonière.  Vx.  ïv.,  garsonitièrc. 

Garderobe,  s.  m.,  armoire,  meuble,  et  non  pas  chambre  à 
renfermer  linge  et  habits.    Se    dit  concurremment   avec 
or  moire. 
Bress.,  garda-robha.  Gaiiev.,  (jardcroUc.  Vx.  fi'.,  garde  robe. 

Càre,  s.  i.,  guerre,  lutte,  bataille. 

Ital.,  guerra.  Bourg.,  garre,  gare.  Dauph.,  (/«er/vi.  Mac, 
gaarre.  Prov.,  guerra,  gcrra.  St-Am.,  gara.  Vx.  fr. ,  guerre. 

Gare,  adv.,  guère,  un  tout  petit  peu. 

Ital.,  gari.  Bourg.,  gare.  Pic,  onère,  wère.  Prov.,  gaire, 
guaire.  Wall.,  wair.  Vx.  h'.,  guaircs,  gaire,  gueres. 

Gareau,  s.  m.,  pluie  abondante,  averse  :  «  En  r'venant  d'ia 
noce,  j'avons  reçu  un  fameux  (jareaa.  »  Faut-il  voir  là  : 
gare  eau? 

Berry,  garaude.  F'iaud.,  gruot.  Lille,  gruau.  îvlerv.,  gou- 
niau.  Montr.,  garrot.  Morv.,  gtièrot. 

Gargaméle,  s.  f.,  gorge,  gosier.  Nous  trouverons  plusieurs 
mots  ayant  une  double  signification. 

Aube,  garguette.  Poit. ,  gargainé.  Prov.,  gargamella.  Saint., 
gargamelle.  Toul.,  gargamèlo.  Vx.  fr.,  gargainela.  (V.  Gar- 
gouLèie,  Garguiltàt,  Garguillote.) 

Gargôillon,  s.  m.,  ciiarançon  minuscule,   qui   fait  son    nid 
dans  les  grains  :  fèves,  pois,  lentilles,  etc. 
Lat.,  curculio.  Lyon.,  gonrgniUon, 

Gargôiller,  V.  intr.,  gargouiller. 

Maine,  gargoidller  (gazouiller).  Morv.,  gargouèiller.  Toul., 
gargouta.  (V.  Gargoter.) 

Gargoter,  v.  intr.,  barboter,  presque  synonyme  de  gar- 
gouiller. 


196  LANGAGE    POPULAIRE    VERDL.NOCHALONNAIS 

Genev,,  gargotcr.  Pic,  f/argoter  (bruire  en  bouillonnant). 
Prov.,  ijarrjoutar.  Rom.,  garijotier.  (V.  Gargôiller). 

Gargouléte,  s.  f.,  gosier. 

BovLY'^.,  gargoulette,  margoalette.  iuta,  gargoulette.  Montr., 
garquclottc.  Vosg.,  gargolette.  Vx.  fr.,  gargouiller  (se  gar- 
gariser). (V.  Gai-naniclc,  Gargulllùt,  Garguillùre.) 

Garguillot,  s.  m.,  gosier,  gorge. 

Bourg.,  gairguiUô,  gargarl.  Champ.,  garguillot.  Fr.-Cté, 
gorgoillot,  gourgelin ,  Lang.,  gargaillol.  Morv.,  garguillot, 
qairc;eillot,  garlutrot.  Toul..  gargailhot.  (Y.    Gargutllùte.) 

Garguillôte,  s.  f  ,  gorge,  gosier.  Après  le  maso,  qui  précède, 
il  a  fallu  encore  ce  fém.  pour  dire  la  même  chose  :  ((  Se 
ranfrôchir  \d.  garrjuillbte,  »  c'est  boire  un  coup.  On  se  la 
rafraîchit  souvent. 

Lat.,  gorgulio.  Aunis,  garguma.  Berry.  gni-gane.  Champ., 
garguette.  ¥v.-Cié,  gargnillotte,  gargotte.  Genev.,  gargataiiie. 
Lang.,  gargatà,  gargantc.  Lim..  courgniolo.  Movv. ,  garguille, 
Pic,  gargate.  Poit.,  gargane,  garganato.  St.-Am.,  gueurse. 
Sa.int. ,  guarguenail.  Sav.,  gour.~e.  Vosg.,  gargolate.  YVa,U. , 
fjarguète. 

Gàrî,  V.  tr.,  guérir. 

Ital.,  guarirc.  Berry,  garir^  guarir.  Bourg.,  gairi.  Gasc, 
guari.  Lim.,  gorl.  Morv.,  gâri.  Pic,  garir.  Poit.,  guari. 
Prov.,  garir,  guarir.  Rom.,  garir.  St-Am.,  gari.  Vx.  fr., 
garir,  guarir. 

Gâriyon,  s.  f.,  guérison. 

Ita!.,  guarigioiie.  Morv.,  gairïon,  gâriso/i,  Prov.,  guerizo. 
Vx.  fr.,  guarisun,  garison. 

Garlet,  et  Garlôt,  s.  m.,  étui  à  aiguilles.  D'autres  penchent 
pour  garrelet. 

Bourg  ,  garlù,  garrelôt,  garcleiï.  Chami).,  garitiau.  Haut- 
Maine,  garillet.  Montr.,  garlot.  Morv.,  garlot,  guerlot. 

Garniment,  s.  m.,  garnement  :  ((  T'pourôs  ben  garder  ton 
p'tiot;  y  et  un  prou  ch'ti  garniment.  » 

Ital.,  garniinonto.  Cogn.,  garniment.  Prov.,  garnimen. 
Vx.  fr.,  guarncment,  garniment. 

Garmpille,    s.    m.,  coureur,   maraudeur.   Ch.    Nisard  eu 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDU.NO-CHALONNAIS  197 

cloune  une  étymologie  piquante  :  «  Guerne  et  guernillier 
voulaient  dire,  en  normand,  poule  et  poulailler.  Ce  dernier 
se  disait  aussi  poidlier.  On  comprend  donc  comment 
pilleur  de  f/uernes  a  pu  iovmer  fjuarnipilk,i)uh  garnipille.  » 
(V.  Gueùrnipille.) 

Garôille,  s.   f.,  truie  salie.   Se  prend  souvent,  au   ligure, 
pour  désigner  une  fille  de  conduite  peu  propre. 
Bress.,  garoiUc.  Monti'.,  garôille.  (V.  Treuë.) 

Gàrot,  s.  m.  .garrot,  gros  bâton  court,  gourdin,  trique. 
Montr.,  garrot.  Vx.  fr..  garrot. 

Garouiller,  V,  intr.,  courir  salement,  mettre  les  pieds  n'im- 
porte où.  Au  figuré,  vagabonder,  hanter  les  mauvais  lieux. 
(V.  Guèreyé.) 

Gàs,  s.  m.,  garçon,  jeune  homme.  Se  prend  aussi  bien  en 
bonne  qu'en  mauvaise  part. 

Berry,  gas,  gasin,  gason.  Il.-Vne,  gâs.  Maine,  demigâs  (tout 
jeune  domestique).  Morv.,  gâ.  Pic,  ga. 

Gasser,   V.    intr,,  marcher  dans  l'eau,  passer  à  gué  avec 
éclaboussures. 
Montr.,  gasser.  (V.  Gajjer,  Gassotnllcr,  Gaager,eic.) 

Gassouiller,  V.  tr.  et  intr,,  salir  en  marchant  dans  la  boue, 
répandre  de  l'eau,  barboter. 

Ital.  et  espagn.,  gua:::sare.  Bourg.,  gassouillai.  Chàtill., 
gassouiller.  Genev.,  gouiller.  Pic,  gassouiller.  Poit.,  gas- 
souillai.  Saint.,  gassouiller.  (V.  Gasser.) 

Gâter,  v.  tr.,  salir,  déchirer  :  «  Le  ch'ti  morveû!  ô  m'a 
tout  gâté  ses  hébits.  » 

Lat.,  Kastare.  Ital.,  guastare.  Berry,  gâter  (blesser).  Pic, 
water.  Poit.,  gâter.  Prov.,  gastar,  guastar.  Saint.,  gâter. 
Vx.  fr.,  guastcr,  icaster.  (V.  Gassouiller.) 

Gâtiau,  s.  m.,  gâteau,  désigne  volontiers  toutes  sortes  de 
pâtisseries. 

Berry,  gàtiau.  Bress.,  gotiau.  Mac,  gâtiau.  Pic,  œastel 
Prov.,  gastal.  Rouch.,  wateau.  Wall.,  tcastai.  Vx.  fr., 
gastiau.  gasteau. 


198      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

G  ATI  AU  (père),  loc.   familière,  pour  désigner  le  grand-père 
qui  gâte  ses  petits-enfants. 

Gâtre,  s.  f.,  guêtre. 
Bourg.,  Quatre. 

Gau,  s.  m.,  coq.  A  plusieurs  synonymes. 

Lat.,  fjallus.  Lang.,  ijal.  Morv.,  gau.  Norm.,  gau.  (V.  Jau, 
Jagar.) 

Gaudes,  s.  f.,  bouillie  préparée  avec  la  farine  du  maïs,  soit 
au  lait,  soit  à  l'eau  et  au  beurre.  Mets  des  plus  usités  et 
des  plus  goûtés  en  Bourgogne.  Avec  addition  de  sucre, 
recommandé  par  les  médecins  aux  convalescents.  Ce 
potage  pourrait  aspirer  à  être  classé  comme  mets  national, 
si  toutefois  il  ne  l'est  déjà.  —  Sert  pour  la  polenta  des 
Italiens.  —  La  farine  la  plus  renommée  se  tirait  du  village 
d'Echenon,  près  Saint-Jean-de-Losne.  Aujourd'hui  on  en 
a  partout  d'excellente. 
Montr.,  gaudes.  (V.  les  Sonnets  Vevdunois.) 

Gaudi  (se),  V.  pron.,  se  gaudir,  se  réjouir. 

Lat..  gaudcre.  Bourg.,  se  gaudi.  Toul.,  se  gaudina.  Wall., 
si  gaudi.  Vx.  fr.,  gaudjiv. 

Gaudrille,  s.  f.,  libertine,  fille  de  mauvaise  vie  :    «  C'te 
feignante-là,  n"y  é  ran  qu'eùne  peùte  gaudrille.  » 
Bourg.,  gaudrille. 

Gaufrei,   s.    m.,   gaufrier,   ustensile  dont  l'emploi   réjouit 
toujours  les  enfants. 
Bourg.,  gofreï.  Vx.  fr.,  gauff'ricr. 

Gauger,  V.  intr.,  mettre  les  pieds  dans  l'eau  ou  la  boue: 
«  Dieu  de  Dieu!  j'sui-t-i  fait!  En  v'nant,  j'ai  gaugé  tout 
mon  soû.  »  —  Un  certain  nombre  de  nos  mots  se  retrouvent 
dans  le  patois  des  Charentes,  entre  autres  celui-là.  Un  de 
nos  compatriotes  le  croyait  tellement  local,  qu'un  jour, 
l'entendant  prononcer  dans  une  ville  éloignée,  il  se 
retourna  et  dit  à  la  personne  qui  venait  de  s'embourber  : 
((  Oh!  vous,  vous  êtes  Bourguignon!  »  C'était  vrai;  mais 
la  personne  pouvait  être  de  La  Rochelle  ou  d'Angoulême. 
Berry,  gauger,  gaucher,  gouiller.   Bourg.,    gaugé.  Fr.-Cté, 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  199 

(jaugic.    Monti'.,    gaiiger.    Morv.,    r/auccr.   rjoueillcr.  Saint., 
f/aurjer.  (V.  Ga/J'ar,  Gassouillci\  etc.) 

Gaumer,  V.  inti". .  séjourner  troj)  longtemps  dans  l'eau,  dans 
la  sauce,  sur  le  feu  :  «  Ton  linge  f/aunW  dans  l'baquet.  )) 
—  «  L'niainger  gaume  su  l'forniau.  » 

Gaupe,  s.  f-,  coureuse,  fille  ou  femme  dont  la  conduite  laisse 
tout  à  désirer.  Notre  patois  est  riche  pour  désigner  ces 
créatures. 

Bour^. ,  cjaupe.  Forez,  gaupa,  gampa.  Fr.-Cté,  gaupot. 
Genev.,  gaupe.  Jura,  gàfjc.  Morv.,  gaupe.  Suiss.,  gopa.  Toul., 
gaupas.  Vx.  ir.,  gauppe. 

Gausseû,  s,  ra.,  gausseur,  qui  fait  le  malin  :  «  J^n'ain-me 
pas    d'aller   nous  deux  lui  ;    tôjor  ô  s'moque.    Y  et  ein 
gausseû.  » 
Bourg.,  gausseû.  Vx.  fr.,  gosseur.  (V.  Gosse.) 

Gayôt,  s.  m.,  gros  bâton,  rotin  pour  se  défendre,  et  dont 
nos  gas  savent  souvent  trop  bien  jouer. 
Lorr.,  guèijo.  Vosg.,  gayot. 

Gein-ne,  s.  f.,  gêne,  physique  et  financière.   Dans  plusieurs 

de  nos  vocables,  le  son  aigu  è  ou  ei  se  trouve  remplacé 

par  le  son  nasal  plein  :  gène,   gem-ne;  peàie,   pem-ne; 

Madeleme,  Madeleùi-ne,  etc. 

Maine,  géliaigne.  Morv. ,jâne.  Vx.  h\,gehine,  /aïne,  géhenne. 

Gein-ner,  V.  tr.,  gêner,  contraindre. 

Movv. ,  Jdner.  Vx.  fr.,  gehennei\  geiner,  gesner. 

Gelô,  adj.,  gelé.  Indépendant  du  v.  Jauler.  (V.  ce  mot.) 

Lat.,  gelatus.  Bourg.,  jaulaî,  feulai.  Bress.,  xrc/o.  Prov., 
gelât.  Sav.,  :xclà.  Wall.,y«/é.  (V.  Glas,  Jaulce.) 

GÉMÎ,  v.  intr.,  gémir. 

Lat.  et  ital.,  gemei-e.  Berry,  génier.  Pvov.,  gémir.  Vx.  fr., 
gemiT\ 

GÉMissu,  parf.  de  gémi  :  «  Aile  a  tant  gémissu,  qu'aile  en  a 
tombé  mau.  » 

Gençôts  (les),  s.  m.,  agacement  des  dents  produit  par  des 
fruits  verts,  ou  des  aliments  acides  :   «  Tes  peîirnes  sont 


200      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

pas  meùrtes  ;    ail'  m'ont  baillé    les  gençots.  »  (On  dit  : 
donner  les  gençots,  avoir  les  gençots.) 

Bourg.,  ai/ance.  Bress.,  geasos.  Champ.,  f/ences.  Lyon., 
la  dciice.  Montr.,  les  geiiceaax.  Morv.,  le  gciiciot.  Prov., 
enter  Igo. 

Gendre,  s.  ra.,  genre,  sorte,  manière  :  ((  F  vorô  ben  por  mon 
gàs  eùne  fiUote  dans  Vgendre  d'ia  vôt'.  »  Est  dit  par 
l'Italien  qui  parle  français. 

Lat.  et  ital.,  génère.  Morv.,  ;inre.  Prov.,  gendre.  Vx.  fr., 
gendre,  gerre. 

GÉNiLiER,  S.  m.,  gélinier,  poulailler. 

Bourg.;  geneleï.  Montr.,  genUier.  Morv.,  gelnlère.  (V.  Gar- 
nlpilte.) 

Genô,  s.  m.,  genou. 

Lat.,  genu.  Ital.,  glnocchio.  Bourg.,  germon.  Bress.,  ceneii 
him.,  Jo no uèï.  Lorr.,  geno,  Jnou.  Morv.,  geno^  ynoit.  Prov., 
genolh,  ginolh.  St-Am.,  ^enô.  Sav.,  ^enoeu.  Vosg.,  geno. 
Vx.  fr.,  genoill,  gcniiil,  genol,  genonil. 

Genti,  adj.,  gentil,  agréable,  gracieux.  (V.  Gentite.) 

Gentite,  fém.  de  Genti,  gentille,  jolie  :  «  La  p'tiote,  j'ia 
prendrôs  hen;  aile  é  gentite  à  croquer.  » 

Lat.,  gentilis.  Ital.,  gentile.  Berry,  gcntie.  Bourg.,  Janti,  te. 
laitn.,  j'ènté.  Morv.,  gentite.  Vx.  fr.,  gentis,  grntile. 

Gevri,  s.  m.,  givre,  frimas. 

Bonrg. ,  gècre.  Lang. ,  Jalibre.  Morv.,  geori,  genccrl.  Prov., 
gihre.  St-Am.,  ^ëora.  Toul.,  gibre.  Wall.,  gicronde. 

Gevriller,  v.  intr.,  se  dit  du  givre  qui  tombe. 
Morv.,  gei'i-iller,  genecrillcr. 

Giboulôte,  s.  f,,  gibelotte,  fricassée. 

Montr.,  giooulotte.  Wall.,  giblè  d'aioe  (abatis  d'oie). 

Giclôt,  ou  Giquelôt,  s.  m.,  loquet  Constitue  encore  dans 
maints  villages  toute  la  fermeture  des  portes.  Les  paysans 
vont  aux  champs,  pour  la  journée,  et  se  contentent  de 
laisser  retomber  le  loquet;  ils  n'ont  point  de  cambrioleurs 
à  craindre. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDCNO-CHALONNALS  201 

GiCLOTER,  V,  tr.,  loquoter,  agiter,  faire  tourner  le  giclot. 

GiFE,  s.  f.,  gifle,  soufflet. 

Bourg.,  giffla  (joue).  Genev.,  gifflard  (joufflu).  Nara.,  gi/c 
Norm.,  gilJl'-',  j'-ff'c,  Jafjc.  Vosg.,  giffle.  Wâll., ^ehife  (joue). 

GiGiER,  S.  m.,  gésier.  Se  dit  aussi  de  l'estomac  d'un  ivrogne, 
d'un  goinfre  :  «  S'en  é-t-i  fourré  dans  le  gigier!  » 

Lat.,  gigeria.  Berry,  gigier.  Genev.,  gigier,  gisier.  Hain\ 
gigier,  gigé,  csisier.  Lille,  giger,  gigier.  Lorr.,  gigier.  Pic., 
gigier,  giger.  Rouch.,  gigé.  Wall.,  gigi.  Vx.  iv.,  juisier,  jusier, 
jugicr: 

GiGouGNER,  etGiGOGNER,  V.  iutr.,  gigoter,  remuer  les  jambes  : 
«  Pendant  tout  l'bal  (M  a  tant  gigougné,  qu'ô  n'en  peut  pu.  » 
—  V.  tr.,  tirailler,  secouer  en  disloquant  :  «  T'veux  donc 
l'éracher,  que  t'gigougnes  si  fort  la  porte?  »  —  «  T'as  biau 
gigougner  l'manche  du  martiau,  te  l'démanch'ras  point.  » 
Genev.,  ckicougner,  sigougner.  Lang.,  cigougna.  Morv., 
gigortner,  gigoigner  (travailler  maladroitement).  Poit.,  gigou- 
gnai.  Saint.,  gigougner.  (V.  Dégigougner.) 

Gigue  d'andouille,  loc.  Se  dit  d'un  homme  mou,  qui  se 
laisse  aller  en  marchant,  qui  n'a  pas  la  jambe  (gigue)  plus 
forte  qu'une  andouille. 

GiNGois  (de),  loc.  adv.,  de  guingois  :  «  Drès  qu'ôl  a  bu  eun 
varre  de  vin,  ô  va  tout  de  gingois.  » 

Berry,  gimboise.  Bourg.,  de  guingoi.  Forez,  de  gingois _ 
Genev.,  de  giiingoinc  Lhu.,  de  bigouéï.  Pic,  de  guingoin. 
Poit.,  de  ginguois.  Toul.,  de  guingoués.  Vx.  fr.,  à  ggngogs. 

(Le  Berry  et  le  Morvan  ont  le  verbe  Guincher,  aller  de  côté 
et  d'autre.) 

GiNGUER,  et  Giguer,  v.  intr.,  sauter,  courir,  danser  outre 
mesure,  s'amuser  bruyamment  :  «  C't  étourniau  !  tout  le 
temps  ô  n'fait  quginguer.  ))  —  ((  T'sais,  ta  mère  veut  ben 
que  t'joues;  ma  à  n'veut  pas  qu'te  gingues.  »  On  a  nommé 
ginguet  du  vin  à  faire  sauter  les  chèvres. 

Lat.,  joculari.  Berry,  ginguer.  Bourg.,  fringai,  gipaillai. 
Bress.,  zingaé.  Champ.,  giguer.  Fr.-Cté,  ginguer.  Genev., 
ginguer.  Jnra,,  jinguer.  him.,  Jùig lia.  Midi,  / ing uer.  Montv., 
ginguer.  Morv.,  ginguer.  Norm.,  ginguer.  Pic. ,  jingler.  Poit.^ 
jinguai,  ginguer,  giguer.  Rom.,  fgnguer.  Rouch.,  gingler- 
Toul.,  guiniba.  Wall.,  gingler.  (V.  Requinquer,  Gipaillcr.) 

21 


202      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

GiPAiLLER,  V.  intr.,  sauteriller,  gambader  en  faisant  sauter 
ses  jupes. 
Bourg.,  glpaillai.  (V.  Ginc/ucr.) 

GiRiES,  s.  f.,  plaintes  sans  grand  fondement,  manières  de 
plaignarde,  et  aussi  simagrées,  grimaces,  affectations 
hypocrites  :  «  Ah!  mon  Dieu!  en  fait-elle  des  giries!  )) 

Berry,  gj/rie.  Bourg.,  gei/re.  H'e-Marne  et  Marne,  giries. 
Morv.,  giries.  Norm.,  giries.  Pic,  giries  (tromperies).  Poit., 
giries.  Rouch.,   gyries  (mauvais  tours). 

GivÉLE,  s.  f.,  javelle.  Ce  qu'on  coupe  d'herbes  (blé,  orge, 
seigle)  avec  la  faux  ou  la  faucille,  et  qui  attend  d'être  mis 
en  gerbes. 

lta.1.,  g cwela.  Bourg.,  Jaivélc.  Champ.,  javeau.  Morv.,  Jai- 
vale,  zaicéle.  Pic,  gacellc.  Prov.,  gavéoti.  Suiss.  r.,  clzécala. 
TouL,  gabèle.  Vx.  fr.,  garnie,  gacelle^Javaulx.  (V.  Javelles.) 

GivELER,  V.  tr.,  javeler,  couper,   faucher  des  poignées  de 
céréales. 
Aunis,  Jaoouiller.  Movv.,jaivaler.  Poit.,  Javasscr. 

GivELÔT,  et  GivELÔTE,  S.  m.  et  f.,  petite  javelle,  et  petit 
fagot  de  sarments. 

Berry,  javelotte.  Morv.,  javelot],  jaivelot.  Poit. ,  jacelon, 
javelot. 

Glaice,  et  Glas,  s.  f.  et  m.,  glace. 

Ital.,  ghiaccia.  Berry,  gla.  Bourg.,  glaice,  cliaice.  Gasc, 
glas.  Lim.,  glia,  gliaço.  Lorr,,  guiace.  Montr.,  glliaiche. 
Morv.,  guiaice.  Prov.,  glas,  glats.  Rom.,  glat^,  St-Am., 
lyache.  Sav.,  gliais.  Toul.^  glas.  Yoiig.,  cUaise.Yx.  iv.,glachey 
glas.  (V.  Jaulèe.) 

Glaiçon,  s.  m.,  glaçon. 

Bourg.,  glaiçon,  diaiçon.  Morv.,  guiaiçon.  Pic,  glachon. 
Vx.  fi'.,  glason. 

Glener,  V.  tr.,  glaner. 

Bas-Iat.,  glcnare.  Aunis,  glicnncr.  Berry,  liêner,  glainer, 
glener.  Genev..  glêner,  glainer.  Morv.,  guainer,  giiieuner. 
Norm.,  Itanner.  Pic,  glainer.  Poit.,  lienner.  Prov.,  grenar. 
St-Am.,  hjenè.  Vx.  fr.,  glener,  glainer. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  203 

Gliâ,  s.  m.,  glas,  tintement  lugubre  de  la  cloche  pour 
annoncer  une  mort. 

Ital.,  c'iiasso.  Bourg.,  clas.  Morv.,  ïàs.  Prov.,  clas.  Vx.  fr., 
g  la.;,  clas.  ^ 

Gliand,  et  Gliand-Dô,  s.  m.,  gland,  et  gland-doux. 

Lat.,  glandis.  Ital.,  ghianda.  Berry,  aillant,  lland.  Bress., 
i/an,  tjan-do.  Genev.,  aglan.  Maine,  guian.  Manch.,  lion. 
Montr.,  glliandu.  Norm.,  Han,  lion,  glian.  Prov.,  glant, 
aglan.  St-Am.,  Ujè.  Suiss.  r.,  aillan.   Vx.  fr.,  glande,  glan. 

Glissière,  s.  f.,  glissoire  :  «  0  s'é  flanqué  le  c...  su  la 
glissière;  ôl  a  fait  étoile.  » 

Bourg.,  ruea.  Genev.,  glisse.  Pic,  glinchade.  Poit.,  glis- 
souère.  Rouch.,  dégrioloire,  glichoire.  Toul.,  leguenadou. 
Wall.,  glichoire. 

Glonfer.  V.  tr.,  gonfler,  distendre. 

Lat.,  conflare.  Ital.,  gonjîare.  St-Am.,  conlgè.  Vx.  fr.,  con- 
fier. (V.  Gonfle.) 

Gloriéte,  s.  f.,  cabinet  de  verdure  dans  un  jardin.  A  Chalon- 
sur-Saône  on  a  encore  le  rempart  «  de  Gloriette  ». 

Esp.,  glorieta.  Lille,  gloriette.  Rouch.,  gloriéte.  Vx.  fr., 
gloriéte. 

Glu,  s.  m.,  «  du  glu  »,  pour  de  la  glu. 

Lat.,  gluten.  Ital.,  glutine.  Berry,  llu.  Forez,  (jlun,  clœu. 
Genev.,  glu  (m.).  Prov.,  glut. 

Glû,  Glus,  Gluix,  s.  f.,  et  Glin,  s.  m.,  paille  de  seigle  de 
l'année  précédente,  qu'on  emploie  souvent  à  faire  des  liens 
et  surtout  à  couvrir  les  maisons. 

Lat.,  glas.  Aunis,  glieu.  Berry,  glotte.  Hotte.  Bourg.,  gleu, 
glô.  Bress.,  glu.  Fr.-Cté,  glu,  glou,  ghieu.  Guern.,  gllic.  Hte- 
Auv.,  clud  3:  ad  a  (^toit  de  chaume).  Montr.,  gllieux,  gllius.  Morv., 
gaieu.  Norm.,  liot,  gleu,  glu.  Pic,  glui.  Poit.,  glin,  gleu,  glieu. 
Prov.,  clui,  glueg.  Rom.,  gleng.  Rouch.,  glui.  Saint.,  glcux. 
Vend.,  gilu.  W^all.,  glui.  Vx.  fr.,  glugon,  glutj,  glui. 

Gniaf,  et  Gniafe,  s.  m.,  cordonnier,  mais  pas  de  premier 
ordre,  resseméleur.  Expression  dédaigneuse. 

Marne,  niafre.  Norm.,  gniaf.  Poit.,  niaj.  Wall.,  gniaf  Vx. 
fr.,  gnaf 


204      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Gnieû,  s.  m.,  nichet,  œuf  couvé  laissé  dans  le  nid  pour  que 
la  poule  y  vienne  pondre. 

Auv.,  nto,  griiau.  Bevry,  g  nie  u.  Forez,  niât,  niron.  H'"-Maine, 
niau.  Jura,  gnicu.  Morv.,  gniau^  niau.  Norm.,  gnieu,  gniai^ 
niau.  Poit.,  nio,  nion,  nioue.  Prov.,  niau.  Suiss.  r.,  /tiô, 
gniô.  Vend.,  gnieu. 

Gniole,  s.  f.,  tape,  coup  :  «  Si  te  n'me   lâches  pas,  j'vas 
t'envoyer  eu  ne  gniole.  » 

Bourg.,  gniole.  Lorr. ,  niole,  gnole.  Morv.,  gniole.  Pic, 
niolc,  gnole.  Rouch.,  nieule. 

Gnognôte,  s.  f.,  bagatelle,  chose  de  peu  de  valeur  :  «  Qu'é 
c'qui  é  que  c'qui?  Y  é  d'ia  gnognôte  I  » 

Berry,  gniogniot  (niais).  Chatill.,  (//u'oi!  (dernier  né).  Montr., 
nioniot  (niais).  Norm.,  ^/»'o^  (niais). 

Gnôle,  adj.,  crédule,  niais,  simplet  :  «  Côse-te;  t'é  ben  trop 
gniole.  » 

Genev.,  begnule.  Guern.,  niolle.  inra,  gniolle.  Morv.,  gnole. 
Norm.,  gnole,  gnolu.  Vaud.,  gnagnou,  guegnule.  Wall.,  noie. 

Gobe,  et  Gobôt,  adj.,   gourd,    engourdi  par  le  froid  :  ((  Je 
n'peux  pus  t'ni  ma  pleùme;  j'ai  les  dèts  gobes.  » 

Aunis,  gobe.  Berry,  gobe,  gobourd.  Bourg.,  gobe.  Dauph., 
gobio,  goubio.  Isère,  gobio.  Lyon.,  gobo,  goba.  Morv.,  gobiot, 
gouble.  Norm.,  gobot.  Pic,  bande.  Prov.,  gobi,  gobia. 

Gobelôt,  et  GouBELÔT,  s.  m.,  gobelet,  vase  à  boire,  et  liseron, 
fleur  qui  ressemble  à  un  gobelet. 

Bân-lat...  g ubel lus.  Berry,  gonbelet.  Bourg., gôbclle  (petit  vase). 
Prov.,  gobelet.  Rouch.,  gobclot,  gobant.  Vx.  fr.,  gubulet,  gon- 
belet. 

GoBRiCHER,  V.  tr,,  gober,   avaler  vile,    croire  à  la  légère:- 
((  Tout  ça  qu'on  li  dit,  ô  Vgobriche.  » 

God'lurô,  s,  m.,  débauché,  jeune  libertin. 

La.t.,  g audere.  Bourg,,  gaudelurô,  galurô.  Vx.  fr.,  gaudc- 
lureau,  goguclureau,  galureau. 

Godiche,  adj.,  plaisant,  bizarre,  ridicule  :  «  D'avou  sa  cane, 
ét-ti  godiche.,  c'ti-là!  »  Altération  de  Cdaude,  qui,  comme 
Jean-Jean,  veut  dire  :  nigaud. 
Rouch.,  godiche. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONiNAIS  205 

GÔDRON,  S.  m.,  goudron. 

Berry,  gàdron.  Genev.,  qodroa.  Morv.,  (jôdron. 

GoGÂYE,    S.   f.,    bon   repas,    copieusement -arrosé  :  «  Voui, 
l'fameux  gas!  ôl  é  prou  bon  pour  faire  la  gogàye.  » 
Bourg.,  gùg aille. 

GÔGUE,  s.  f,,  plaque  de  fer  attenant  au  bateau,  et  où  se 
place  Vépaillète. 

GoiFFON,  s.  m  ,  goujon.  D'un  apprenti  pêcheur  on  dit  :  ((  0 
n'prend  qu'des  rjoxffons!  )) 
Bourg.,  ^OMt/fo/i.  Bress.,  goifon.  Rouch.j/yowojon,  gouvlioii. 

GoÎTRON,  s.  m.,  maladie  du  cou,  qui  décime  souvent  les 
troupeaux  de  moutons.  On  la  nomme  aussi  bouteille.  — 
Ces  deux  noms  la  désignent  assez  clairement. 

GÔMON,  s.  m.,  mélampyre,  plante  des  terrains  calcaires,  qui 
colore  le  pain  en  rouge  vineux.  Se  dit  aussi  de  l'avortement 
du  grain  de  froment,  maladie  plus  locale  que  le  charbon. 

GÔNER  (se),  V.  pr.,  s'habiller  de  travers,  sans  goût,  et  aussi 
se  travestir,  se  déguiser  pour  les  jours  de  carnaval.  A 
propos  de  ce  mot,  disons  qu'en  Bourgogne  il  a  signifié  : 
1°  Se  mal  vêtir;  2°  se  vêtir  avec  soin  :  «  Pou  l'mardi-gras, 
ô  s'a goné.  ))  —  «  Eh!  dis  donc,  coum'  te  v'ià  gànée!  » 
Ital.,  gona.  Berry,  gounef,  gauner.  Bourg.,  gonai,  gaunai, 

gounai.  Chât.-Chin.,  gôncr.  Dauph.,  gonella  (niaise).  Fore/, 

goncr.  Jura,   gôiié.   Lang. ,   gonela  (tunique).    Lyon.,  gôner. 

Montr.,  gôner.  Morv.,  gôner.  Toul.,  gounél,  gounelo  (robe). 

Vx.  fr.,  gône.,  gonel,  gounela  (jupe  de  femme).  (V.  Gônot.) 

Gonfle,  s.  f,,  musette  :   «  J'vons  danser;  Simon  va  nous 
jouer  de  la  gonfle-  » 
Lim.,  chobrèo.  (V.  Musote.) 

Gonfle,  s.  f.,  bulle,  ampoule  ;  ((  Faire  des  gonfles  de  savon. 
Avoir  des  gonfles  dans  les  mains.  » 
Bress.,  gonfle.  Genev.,  gonfle. 

Gonfle,  adj.,  gonflé  :  ((  01  a  tant  buvoché,  qu'ôl  en  é  gonfle.  )) 
Quand  un  bœuf  a  trop  mangé  de  trèfle  mouillé,  il  est 
gonfle  et  crève.  Alors  on  \q  fait  assacoir,  et  on  le  vend  au 


206      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

rabais,  sous  la  garantie  du  vétérinaire.  —  Un  certain 
nombre  d'adjectifs  prennent  chez  nous  cette  formedépouillée 
de  l'accent  :  enfle,  trejjipc,  trouble,  etc.  Pontus  de  Tyard 
a  délivre  pour  délivré.  Le  genevois  a  cure  pour  curé  (mis 
à  sec). 
Genev.,  gonfle.  Lim.,  t/ofèls.  Morv.,  gonfe. 

GoNGÔNER,  V.  intr.,  murmurer,  se  plaindre  :  «  C'te vieille^  ail' 
n'é  point  drôle;  ail'  gongbne  sans  fin.  » 
Dauph.,  gongonncr.  Genev.,  gongonner.  Lyon.,  gongoiincr. 

GÔNiÀ,  s.  m.,  chiffon,  loque,  et  aussi  la  personne  qui  en  est 
vêtue.  (V.  Gônot.) 

GÔNÔT,  et  GÔNiÔT,  s.  m.,  personne  travestie  de  façon  gro- 
tesque et  triviale  :  «  J'sons  en  carnavau  ;  les  génois  côront 
les  rues.  » 
Fr.-Cté,  gôna  (équiper).  (V.  Gôner,  et  Gonia.) 

GoRDER,  V.  tr.,  quémander,  mendier  :  ((  T'n'as  donc  pas 
honte,  d'aller  c'mentc'qui  iàjov garder  cheû  les  vouésins?  » 

GoRGÉTE,  s.  f.,  petite  gorge,  gorgerette,  col  de  femme. 

Ital.,  gorgierctta.  Bourg.,  gorgeirc.  Bress.,  gor:;ira.  Mac, 
gorgeire.  Morv.,  gorgcire.  Poit.,  gorgcire.  Prov.,  gorgegrcfa. 
Vx.  fr.,  gorgette,  gorgcrete. 

GÔRi!  goret!  exclamation  des  campagnardes  pour  rassembler 
leurs  petits  cochons.  On  entend  aussi  parfois  :  Gouri! 
(Y.  ce  mot.) 

GoRMAND,  adj.,  gourmand,  qui  a  l'appétit  d'une  chose,  qui 
mange  beaucoup. 

Berry,  gormaiid.  Bourg.,  gornian.  Mac,  gôr/nan.  Morv., 
gornian.  St-Am.,  groumi;.  Saint.,  gormand.Vx.îv.,  gourman, 
goiir  nient. 

GoRMAND  (être),  loc,  être  désireux,  avoir  besoin  :  «  01  é 
gormand  d'soumei.  »   —  «  C'te  tare  é  gormande  d'iau.  » 

GoRMANDiSES,  S.  f.,  friandiscs,  sucreries  :  ((  Y  évôt  eun  biau 
dessert;  5^  étôt  plein  de  plats  d'gormandi.ses.  » 
Genev.,  gormandises.  Morv.,  gormandies. 


LANGAGE    POPULAIRE    VKKDUNO-CHALONNAIS  207 

GôssE,  S,  f.,  gausserio,  mensonge,  bourde;  jacasserie,  potin  : 
((  Côse-te;  l'é  tùjor  à  nous  conter  des  gosses.  » 
Bei'i'V,  gausse.  Bourg.,  fjaussc.  Norm.,  gosse.  (V.  Gausscû.) 

GôssER,  V.  intr.,  mentir,  conter  des  blagues. 

Bourg.,  gaussai.  Chatill-,  gausser.  Poit.,  gosser. 

GÔTE,  s.  f.,  goutte,  ration  de  '(  dur  d,  que  l'indigène  multiplie 
avec  trop  de  complaisance. 

Lat.,  gulta.  Ital.,  goccia.  Bourg.,  gôlc,  gueûte.  Morv.,  gotte. 
Pvov. ,  gota.  St-Am.,  goûta.  Sav.,  gotta.  Vx.  fr.,  gotc,  goûte. 

GÔTER,  V.  tr.  et  intr.,  goûter,  discerner  les  saveurs,  et  aussi 
tomber  par  gouttes. 

Lat.  Qi  liai.,  gustave.  Bourg.,  gâtai.  Morv. ,  gotter.  Prov., 
gostcr.  Vx.  fr.,  gosier,  goustcr. 

GouDÔT,  s.  m.,  jeu  d'écolier  consistant  à  courir  d'après 
certaines  règles,  et  à  s'attraper  :  ((  Veins-tu  jouer  au 
goudotr  » 

Gouî,  s.  m.,  serpette  de  vigneron. 

Bourg.,  goût.  Montr.,  goyard  (grosse  serpe).  (V.  Gouisot, 
Sarpe.) 

GouiLLAFRE,  et  GouLiAFRE,  S.  m.,  goinfrc,  glouton,  qui 
mange  par  gourmandise. 

Berry,  goulaffre,  galq(fre.  Bress.,  galafre.  Genev,,  galtau/re, 
gouliafe.  Lille,  galafe.  Lorr.,  goulafre.  Marne,  gouliaret. 
Montr.,  gouillafre.  Norm.,  galqffre.  Pic,  goulafre.  Poit., 
gouhifria.  Rouch.,  galafe,  galoufe.  Sav.,  gaillôfra.lowl., 
galhofre.  Wall.,  galafe.  Vx.  fr.,  gali^lfre,  goulafri. 

GouiLLAT,  S.  m.,  flaque  d'eau  qui  reste  après  la  pluie,  creux 
d'eau  sale,  bourbier  :  «  N'  pass'  pas  dans  Vgoidllat!  »  — 
«  J'ai,  dit  J.  Durandeau,  entendu  une  Bourguignonne  qui 
partait  pour  l'Amérique  dire  simplement  :  «  J 'allons 
passai  le  grand  g  oui  liât!  »...  Appliquer  le  mot  gouillat  à 
l'immense  océan!  Chez  nous  on  appelle  aussi  Paris  le 
grand  village. 

Berry,  gouillat,  gargoille,  gargot.  Bourges,  gouilla.  Bourg., 
gouillai.  Chatill.,  gassouillat.  Cogn.,  g assouil.  Dauph.,  goliat. 
Doubs,  gouillat.  I^'orez,  sabouliat.   Fr.-Cté,   gouillct.   Montr., 


208      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

(/0'illle,ciouilla.  Morv.,  gorjat,!joueillâ, gargouilla. {V.Gouillc, 
Margouillat.) 

GouiLLE,  s.  f.  de  Goaillat,  flaque,  boue,  sale  ruisseau. 

Alp.  rom.,  gouillc.  Bom-g.,  g  ouille.  DeiU\)h. ,  gouille.  Fr.-Cté, 
gouilla.  Genev.,  gouille.  Morv.,  gouaille.  (V.  Gouillat.) 

GouiNE,  s.  i.,  fille,  femme  de  vie  méprisable.  Qaean  (kouine), 
truande,  laissé  aux  Bourguignons  par  les  Anglais  au 
commencement  du  XV*^  siècle.  «  Singulière  fortune  des 
mots,  dit  J.  Guillemin;  le  même  veut  dire  ici  i^eine.,  et  là, 
femme  perdue.  »  Dans  la  Table  ronde,  la  reine  Goïne, 
complétant  les  deux  acceptions,  trompe  et  tue  son  mari. 
Bourg.,  gouiiie,  gouigne.  Bress.,  gouine.  Forez,  gourrine. 
Lang.,  gourrine.  Morv.,  gouine.  Sav.,  gouina.  Rouch.,  gouine. 

GouisÔT,  s.  m.,  et  Gouisôte,  s.  f.,  serpette  de  vigneron. 

Lat.,  gœsum.  Berry,  goué,  gouet,  gou^.  Bourg.,  goi,  goui, 
gousô,  gouisot.  Forez,  goye.  Fr.-Cté,  goillot.  Genev.,  goiset, 
goa^et,  goyarde.  Isère,  gouï.  Lyon.,  goyeta,  goyarde.  Mac, 
goyete  (hachette).  Morv.,  goyar.  Poil.,  gouet.  Rom.,  goi^ 
(épée).  Sav.,  goyet,  goieita.  goyarde.  Tour.,  gouet.  Vx-  fr., 
gog,  goiart.  (V.  Goui,  Sarpe,  Roiràtc.) 

GoiiLE,  s.  f.,  gueule.  Se  dit  désobligeamment  pour  bouche. 
Lat.,  gula.  Ital.,  gola.  Berry,  goule.  Norm.,  goule.  Prov. , 
gola.  Vx.  ir..,  goule,  gole,  gueulle. 

GouLÉE,  s.  f.,  gueulée,  gorgée,  grosse  bouchée  :  «  Gare!  si 

Toinot  s'met  en  coulâre,  ô  n'f  ra  d'toi  qu'eùne  goûlée.  » 

Genev.,   golée.    Lim,  ,    gourjado.    Lorr. ,    goulèye.    Morv., 

gueulée.   Pic,  goulèe.   Poit.,  goulèe    (petit   morceau).  Prov., 

golada.  Wall.,  goulèe.  Vx.  fr.,  goulèe.  (V.  Goulon.) 

GouLERÔT,  s.  m.,  goulot,  ouverture  par  où  l'eau  s'écoule, 
petit  canal  de  pierre  pour  conduire  les  eaux. 
Morv.,  goulerot.  Rouch.,  gulo. 

GouLERÔTE,  S.  f.,  pli  dans  le  terrain  pour  l'écoulement  des 
eaux  pluviales. 

Morv.,  goulerotle. 

GoÛLON,  s.  m.,  même  sens  que  Goûtée.  (V.  ce  dernier  mot.) 
Bourg.,  gaulon.  Champ.,  gaulon  (bon  morceau). 


LAiNGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  209 

GouNÉLE,  S.  f.,  robe,  dans  le  sens  peu  élégant.  Se  dit  aussi 
d'une  fille  mal  attifée,  sale,  effi'ontée  et  de  conduite 
équivoque. 

Bas-lat.,  gitiina,  (jonclu.  Ital.,  '/onria.  Boui'^.,  r;onèle.  Lim., 
gounelou,  gounèu.  Midi,  goncla,  goiinella.  Montr.,  godncllc. 
Nonn.,  goiuiello  (jupon).  Rom.,  gjiia.  Vx.  fr.,  gonnc,  gonelte. 
(V.  Gôner,  Gônàt.) 

GoÛRi,  s.  m.,   goret,   porc.  On  emploie  volontiers  ce  mot 
pour  qualifier  un  enfant  sale  :  «   Oh!  le  p'tiot  r/ouri!  va 
t'en!  ))  Ce  mot  sert  encore  à  appeler  les  pourceaux. 

Lat.,  aerres.  Bas-lat.,  vorretns.  Berry,  gouvis  gourct.  Bourg., 
gotiri,  gorai.  Forez,  gonrri.  H'-Maiiie,  gorin.  Jura,  gouri. 
Morv.,  .70/7".  Toul.,  gonrri.  Yx.  fr.,  corct,  gorret,  gouret. 
(V.  Govl.) 

GoÛRiN,  adj.,  coureur,  vagabond,  libertin. 
Montr.,  gourrain. 

GoiÎRiNER,  v.  intr,,  vagabonder,  rôder,  libertiner. 

Bas-lat.,  gorrinare.  Forez  gourrina.  Lang.,  gourina,  gour- 
rinar.  Montr.,  gourriner.  Prov'..  goui-rlneja. 

GoûsiER,   s    m.,  gosier.    D'un   qui  mange  dru   :   a    Ah!   le 
boufre!  ôl  a  eun  rude  gousier!  » 
Bourg.,  gouslè.  Lorr.,  gosic  Morv.,  gousié.  Vx.  h\,  goslllier. 

GoiiT,    s.  m.,   odeur  :  «  Queiî  drôle  de  ^oà^  qu'ea  sent  por 
iqui!  ))  Faute  locale  invétérée  et  des  plus  caractéristiques. 
Lat.,    gitstiis.    Ital.,   gusto     Bourg.,  flairure.   Prov.,    gost- 
Vx.  fr.,  goust. 

GôvARNER,  V.  tr.,  gouverner,  diriger. 

Lat.,  gahcrnaro.  Ital.,  goceniare.  Bourg., gôaané,  gouoanai. 
Prov.,  gooernar.  Vx.  f  r. ,  gooerner,  guoerner ,  quoverner, 
gouvrener. 

GoYÔTE,  s.  f.,  poche,  bourse,  gousset. 

Bourg.,  goilleutc.  Lorr.,  gosso.SsiV.,  Jata.  Vx.  fr.,  gouchot- 

Graboter,  V.  tr.,  retourner  le  bois,  attiser  le  feu  dans  le 
poêle.  —  Greùbe  voulant  dire  :  bûche,  ne  serait-ce  pas 
cjreùboterf 

Grâces  (faire  des),  loc,  faire  la  coquette,  l'aimable. 
Norm.,  faire  des  grâces. 

22 


210      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Grafer,  V.  tr.,  agrafer   :  «  Eh!   p'iiote,   v'tu  m'grafer  ma 
robe?  J'en  peu  pas  v'nî  à  bout.  )) 
Vx.  fr.,  ijrajfcr,  a(jraj>peir. 

Grainge,  s.  f.,  grange. 

Bas-lat.,   graiiica.    Bourg. ^  grainge.   Lini.,  granjo.  Morv., 
groiage.  Prov.,  graiija,  gvaiiga.  Vx.  fr.,  gragiic,  grandie. 

Grainger,  s.  m.,  métayer  qui  exploite  une  propriété  rurale. 
Daupb.,  granger.  Genev.;  grangcr. 

Grainjons,  et  Grinjons,  s.  m.,  petits  joncs,  oseraies  qui 
poussent  au  long  des  rivières,  et  dont  sont  garnis  les  bords 
des  lions  et  du  Petit-Doubs. 

Graipin,  s.  m.,  grappin,  tisonnier  :  «  Là  vou  donc  c'é  qu't'as 
foré  V'graipin  du  poêle?  » 

Ital.,  grappo.  Champ.,  crape.  Morv.,  graipin.  Pic,  crapc. 
Prov.,  g  râpa. 

Grand,  s.  m.,  et  Grand',  s.  f.  :  «  Mon  grand,  ma  grand'  » 
s'emploient  elliptiquement  pour  :  mon  grand-père,  ma 
grand'mère.  —  Dans  une  des  notes  dont  il  a  enrichi  les 
poésies  de  Bonaventure  Desperriers,  né  à  Arnay-le-Duc, 
le  bibliophile  Jacob  se  demande  ce  que  peut  bien  signifier 
ce  mot  grand.  Que  ne  me  l'a-t-il  demandé,  à  moi!  En  vrai 
Bourguignon,  je  l'eusse  vite  sorti  d'embarras. 

Lat.,  grandis.  Ital,,  grande.  Mac,  grand.  Montpel.,  grand. 
Montv.,  grand.  Prov.,  gran.  (V.  Màre-grand\  Pdre-grand.) 

Grands  cœurs,  s.  m.,  fils  de  chanvre  de  la  première  finesse. 

Gran'ment,  adv.,  grandement. 

Lat.,  grande.  Ital.,  grandemente.  Bourg.,  granman.  Morv., 
qran'nicnt.  Norm. ,  gran'ment.  Pic,  granmeint.  Prov., 
granmcn.  Saint.,  granment. 

G  RAPE,  s.  f.,  ustensile  en  fer,  à  trois  dents  courbes,  pour  la 
pêche. 

Grasse  (terre),  s.  f.,  terre  glaise.  Utilisée  pour  les  tuiles. 

G  rate,  s.  f.,  démangeaison. 

Morv.,  graite.  Poit.,  graleUe.   Saint.,  gratte. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNALS  211 

Gratecu,  s.  m.,  fruit  de  l'églantiei'  et  du  rosier,  surtout  la 
bourre  piquante  qui  entoure  ses  graines.  La  jeunesse  des 
campagnes,  habituée  aux  grosses  farces,  répand  parfois 
de  ce  singulier  duvet  dans  les  lits  des  jeunes  mariés.  On 
est  toujours  riche  en  mauvaises  plaisanteries. 
Sav.,  gvattacu. 

Graton,  s.  m.,  petit  morceau  de  viande  rissolé,  résidu  du 
lard  qu'on  a  fait  fondre.  Les  enfants  s'en  régalent  : 
((  Manman,  donne-moi  des  graions!  » 

Berry,  (/rilloii.  Champ.,  rjraton.  Forez,  graton.  rjréton. 
Fr.-Cté.  (jrelon,  firabson,  grah.son,  r/rabençoii,  qrnhcnsoiL . 
Genev.,  greubon,  graton  (aspérité).  Montr.,  gratton.  Morv., 
greille,  griblaude,  grillaude.  Norni..  creton.  Poit.,  graton. 
Suiss.  r.,  grenhon.  Vx.  fi'.,   erefonni;  (friture  dans  la  graisse). 

Graule,  et  Grôle,  s.  f.,  grêle.  Pris  adjectivement  dans  le 
même  sens  que  gale  :  ((  Ah  !  que  ch'tite  graule  que  ça  fait, 
que  c'te  coraude  iqui  !  » 

Bourg.,  graille.  Movv. ,  grôlc.  Pic,  grieu,  gris.  Prov.,  grcs.sa, 
grcza.  Vx.  l'r.,  grcsie. 

Grauler,  et  Grôler,  v.  intr.,  grêler. 

Bourg. ,///-«(Hrt/.  F. -Cté, groin.  Morv.,  grôlor.Vx.  tr., greslcr, 
grausler.  (V.  Crouler,  qui  a  encore  une  tout  autre  acception.) 

Gravéles,  s.  f.,  petits  cailloux,  gravier  :  ((  T'as  cori  sur  les 
bords  de  Tiau  ;  v'qui  tes  sabots  pleins  de  gravéles.  » 

Bress.,  graoale.  Morv.,  gracelle,  graicale.  Nam.,  graoale. 
Prov.,  graoel.  Wall.,  grarale,  grcvale.  Vx.  fr.,  gracclle. 

Gravicher,  v.  tr.  et  intr.,  gravir,  grimper,  monter  :  «  Que 
brise-tout!  ô  m'dévore  ses  culottes  à  gravicher  su  les 
âbres.  » 

lta[.,gradire.  Bevry,  g raviger,  graviller^gravouiller.  Bourg., 
graivi.  Morv.,  gravicher.  Poit.,  graver,  graviger.  Saint., 
gravocher,  graver.  Tour.,  gravouillcr.  Vx.  fr.,  graver. 

Gravichôt,  s.  m.,  lierre,  parce  qu'il  grimpe  après  les  arbres 
et  les  murs.  —  Les  enfants  donnent  aussi  ce  nom  h  l'épi 
de  blé  qu'ils  s'introduisent  sous  la  manche  de  chemise,  et 
qui  graviche  tout  seul  jusqu'à  l'épaule. 
Morv.,  gravissot.  (V.  Gravicher.) 

Gravichoù,  s.  m.,  enfant  qui  monte  aux  arbres.  Le  grim- 


212      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

pereau  est  surnommé  gravisson.  Rabelais  dit  :  ((  l\  gravait 
as  arbres  comme  ung  chat.  » 
Morv..  grai'ichon. 

Gravière,  s.  f.,  sablière,  carrière  de  sable. 

Champ.,   graciére.  greciére.    Pfov.,  gracier.  Wall.,  ^rar(. 

Gremau,  s.  m.,  noyau  de  fruit. 

Gremélons,  s.  m.,  petites  saillies,  d'une  espèce  particulière, 
que  l'on  remarque  sur  la  terre  après  une  forte  pluie  d'orage 
mêlée  de  gi'èle.  Répond,  par  l'idée  et  la  forme,  à  l'adjectif 
grumeleitjc.  Simulerait  presque  la  contraction  de  «  gru- 
meaux formés  par  les  grêlons.  » 
Lsit.,  gruiiiellus.  Ital.,  grunio.  Vx.  fr..  gruiniel.  greineaux. 

Gremillons,  s.  m.,  petits  grumeaux,  parcelles  coagulées  : 
«  Ton  lait  veint  d'torner  dans  ton  café;  ôl  é  plein  iVgre- 
millons.  n 

Berry,  gremille,  greinilloii.  Genev.,  greniaillon,  grcmoUion. 
Morv.,  greumillon,  giiourinillon.  Poit.,  grc/nillon, gremcitloii. 
(V.  Caton,  Grumelàt,  Matons.) 

Gremuchau,  s.  m.,  peloton,  petit  paquet  de  fil.  J.  Guillemin 
donne  le  plaisant  verbe  engramuchaler  (pelotonner). 
Bourg.,  gremisséa.  Bress.,  gremuchau. 

Greùbe,  s.  f.,  souche,  grosse  bûche,  fragment  de  tronc,  que 
l'on  chosit  pour  mettre  au  feu  avant  la  messe  de  minuit, 
qu'on  arrose  de  libations  de  vin,  devant  laquelle  on 
réveillonne  en  chantant  des  Noëls,  et  qui  pisse  bonbons  et 
friandises  pour  les  enfants  sages.  On  dit  à  un  enfant  lourd  : 
«  Te  n'bouges  pas  pus  qu'eùne  greùbe;  ))  et  d'une  personne 
grosse  et  molle  :  «  La  grosse  greùbe!  » 

Bourg.,  seuche.  Bress.,  grèbe.  Genev.  dit  :  Faire  caqucr  la 
tronche.  Metz,  treffan.  Montr.,  grèbe.  Norm.,  tre^feu,  trejffouel. 
Sav.,  grœuba.Yx.  fr.,  treffouel.  (V.  Queùrle,  Seiiche,  Rossi- 
gnon.) 

Greùmage,  s.  m.,  grappillage.  La  vente  du  raisin  en  détail 
demeurait  interdite,  ainsi  que  le  greùmage,  avant  l'expi- 
ration des  quinze  jours  qui  suivaient  la  vendange  (le  ban 
de  vendange  était  jadis  d'une  grande  importance  en  Bour- 
gogne^ 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  213 

Greùme,  et  Grume,  s.  f.,  grain  de  raisin  :  ((  Ah!  l'biau  râïn! 
donue-moi-z-en  eùne  ou  deux  yrumes.  » 

Bei-ry,  grime.   Bourg.,    (jrciinie.    Champ.,  f/rcunic.  Chùtill., 
gi-ea/nv.  Lang.,  (jraino.  \iovv.,  grêinc,  </reuni^.  TouL,  ;/ri(. 

Greùser  (se),  V.  pr. ,  se  plaindre,  raconter  ses  ennuis,  ses 
misères.  Dans  le  même  sens,  on  dit  aussi   :   «   Faire  ses 
greùses,  »  (V.  ce  dernier  mot.) 
Montr.,  se  tjreuscr. 

Greûses,  s.  f.,  ennui,  contrariétés,  griefs,  plaintes,  lamen- 
tations :  ((  01  a  été  li  faire  ses  (/reùses.  » 
Montr.,  <ji-euscs.  (V.  Se  (jreùser.) 

Grïau,  Gruau,  etGRuïAU,  s.  m.,  seau  de  sapin,  petit  baquet, 
destiné,  dans  tous  les  ménages,  à  recevoir  de  l'eau,  du 
linge  à  laver,  etc.  Ce  mot,  qui  désigne  le  contenant,  désigne 
aussi  le  contenu  :  «  Ein  grïau  d'iau.  » 
Montr. , //riea».  (V.  Grlèlot.) 

Gribiche,  s.  f.,  femme  méchante,  maligne  :  «  C'te  peùte-là, 
y  et  eùne  vieille  gribiche;  ail'  ne  décesse  de  dire  du  mau 
des  gens.  » 
Genev.,  gribiclie.  Norm.,  gribiche. 

Gribouiller,  v.  tr.,  tracasser,  tourmenter,  obséder:  ((  Ah! 
j'ai  ben  la  tête  prou  gribouillée  c'ment  c'qui,  » 
Moiv.,  gribouiller. 

Gribouillon,  s.  m.,  gribouilleur,  grifîonneur. 
Bourg.,  gribouiUi  (trempé  d'eau). 

GRmouiLLONER,  V.  tr . ,  gribouiller,  mal  écrire,  gri filon n er  : 
«  Le  p'tiot  é  r'venu  d'I'école;  ma,  le  ch'ti,  ôl  avôt  gri- 
bouilloné  tous  ses  devouérs.  » 

Hain',  draboulier.   Wall.,   grabouillcr.  crabouii.    (V.   Gri- 
fouiller.) 

Griélot,  s.  m.,  petit  grïau,  vase  de  bois  dans  lequel  on 
reçoit  le  lait  trait  des  vaches.  (V.  Grïau.) 

Grifouiller,  v.  tr.,  grifitonner. 

Rouch.,  grifoulicr,  yrafoulier.  (V.  Gribouilloncr.) 


214      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Grigne,  adj.,  maussade,  grincheux,  chagrin  :  «  Dépeû  qu'ôl 
a  été  rnauportant,  ôl  é  grigne  en  diâbe...  » 

Berry,  grignaud,  grigne  (qui  grimace).  Bourg.,  greigne, 
graignc,  gr^igne,  grlonchc.  Bvet.,  grignoux.  Champ.,  grigne. 
Cogn.,grtg  ne  (croûte  de  i:>a.\n).F[a.nd.,  grigne,  graingne.  Fr.-Cté, 
grigne.  Genev.,  gringe,  grningc.iu.va.,  grigne.  Movv. ,  grignon, 
graingne,  grigne.  Norm.,  grigne  (croûte  de  pain). 

Grignedent,  adj.,  rechigné,    de  mauvaise  humeur,  aigre, 
qui  grince  des  dents. 

Rouch.,  grineden,  grcneden.  (V.  Grigner.) 

Grigner,  V.  intr.,  grincer  :  «  0  la  treùve  si  peùte,  qu'ô  li 
grigne  de.'i  dents.  » 

Ital.,  digrignare  i  denti.  Chàtill.,  grigner  des  dent.<.  Morv., 
groingner.  (V.  Grignedent.) 

Grillôt,  s.  m.,  grillon  :  «  Ugrillbt  é  dans  la  ch'vinée;  ô 
chante  darrei  les  cenises.  » 

Lat.,  grillas.  Ital.,  griilo.  BeiMy,  grelet,  grillet.  Bourg. i 
grilleiï,  gresillon,  grilla.  Forez,  grelet.  Jura,  grillât.  Midi, 
griilo.  Montr.,  grillot.  INIorv.,  greillot.  Poit.,  grelet.  Sav., 
grillet.  Suiss.  r..  grellet.  Vx.  fr.,  gresillon. 

Grillôt,  et  Grûlôt,  s.  m.,  grelot  :  «  0  s'émuseàfâre  souner 
son  grillot.  » 

Lat.,  crotalum.  Centr. ,  greland,  grelot.  Montr.,  grillot. 
Morv.,  greillot.  Vx.  fr.,  grelet. 

Grilloter,  V.  intr.^  faire  du  bruit  à  la  façon  d'un  grelot. 

Grimon,  s.  m.,  chiendent. 
Bourg.,  grimon. 

Gringe,  adj.,  qui  s'applique  au  blé.  Le  blé  est  gringe  quand 
les  épis  sont  maigres  et  les  grains  petits. 

Gringuenoter,  V,  intr.,  gringotter,  fredonner,  chanter 
comme  le  pinson,  comme  le  rossignol.  H'  Estienne  dit  : 
((  Gringuenotter  une  messe.  » 

Bourg.,  grainguenotai ,  gringaai  (faire  sonner).  Vx.  fr., 
gringotter,  gringoter  (se  moquer).  (V.  Rossignoler.) 

Gripe,  s.  f.,  grippe,  catarrhe  épidémique.  Au  fig.  femme 
brusque,  mauvaise,  emportée  :  «  Voui,  ces  fonnes  iqui,  y 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  215 

é  des  vrâ  gvipes.  »  On  se  souvient  de  la  trop  fameuse 
tournée  européenne  de  cette  maladie,  en  décembre  1889. 
—  Plus  d'un  siècle  auparavant,  Voltaire  écrivait  à  Cha- 
banon  :  «  La  grippe,  en  faisant  le  tour  du  monde,  a  passé 
par  notre  Sibérie,  et  s'est  emparée  un  peu  de  ma  vieille  et 
chétive  figure.  »  Je  me  rappelle  ce  couplet,  qui  doit  dater 
de  ce  temps  : 

Maman,  quel  mal  (juefai! 

J'ai  la  f/ripettc, 

J'ai  la  gvipette  ; 
Maman,  quel  mal  qite  j'ai! 

J'ai  la  gripette 

Du  mois  (le  mai, 

Grispin^  ad]'.,  disposé  à  griffer  :    ((   Méfie-te    :   y  et  eùne 
grispine.  )) 
Bress.,  grispin.  Morv.,  grispin. 

Grispiner,  V.  tr.,  saisir  des  mains  et  des  ongles. 

Bress.,  grispiner.  Forez,  grispignà.  Genev.,  grisper.  Morv., 
grispiner. 

Grissoler,  V.  tr.,  rissoler,  jaunir.  Faire  grissoler  un  morceau 
de  viande,  c'est  le  «  faire  revenir  »,  le  dorer  au  feu. 
Genev.,  hrcsoler,  brisolcr.  Noi-ra.,  roussoler. 

Grivolôt,  adj.,  grivelé,  tacheté  de  gris  et  de  blanc,  comme 
la  grive. 

Bress.,  gricale.   Bugey,   gricola.    Morv.,    gricot.    Vx.   fr., 
grivolé. 

Grognoû,  et  Grougnoû,  adj,,  grognon,  grondeur,  pleureur. 
Une  femme  grogneuse,  grondeuse,  on  l'appelle  Marie- 
Grognou. 

Morv.,    groingnon.    Rouch.,    grèniou,    grignou,  engrogné, 
cngraigné.  (V.  Groûgner.) 

Grondée,  s.  f.,  gronderie,  reproche,  réprimande  :  «  D'avou 
lu,  tôjor  des  grondées  !  » 
Genev.,  grondée.  Morv.,  groingnerie. 

Gros,  adv.,  beaucoup  :  ((  Y  é  gros  bon;  j'y  ainme  gros!  » 
Bas-Iat.,  grossas.  Ital.,  grosso.   Berry,  grous.  Bouvg.,  grô. 
Lira.,  gros.  Mac,  gryju.  Pic,  rros.  Vx.  fr.,  gro;,  gros  d'eau 
(grande  marée). 


216      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONN AIS 

Grosses  dents  (parler  des),  loc,  parler  sévèrement  :  a  Aile 
étôt  ben  penaude;  son  pare  l'i  a  parlé  des  grosses  dents.  » 

Grôter,  V,  tr.,  bercer  :  ((  Jean-néte,  veins  g  roter  l' petiot, 
qu'ô  peùrne  ein  c6p  l'seûme.  » 

Bourg.,  breussni.  Bress.,  grotè.  Lyon.,  croassa.  Montr., 
gratter.  Prov.,  barsar,  bressar.  St-Am. ,  gôurti-.  Sav.,  bricher. 
Vx.  fi'.,  borser,  brrsier. 

Groûer,  V.  tr.,  couver  :  «  N'vas  pis  déranger  not'  poule; 
air  g  roue.  »  Ce  mot  a-t-il  un  lien  avec  égroùer  (baisser)? 
La  poule  se  baisse  bien  pour  couver.  —  Se  dit  aussi  dans 
le  sens  de  :  croupir. 

Lat.,  cubarc.  Ital.,  cooare.  Berry,  couer.  Bourg.,  rouer. 
Forez,  coua.  Fr.-Cté,  rjouiocr.  Genev.,  gourer.  Lang.,  coua, 
couga.  Monti'.,  grouer.  Morv.  couer.  Norm.,  couer,  acouer. 
Poit.,  couer.  Prov.,  couar,  grounr,  coar.  Saint.,  coder.  Wall., 
cocer,  couer.  Vx.  fr.,  queuver,  coter.  (V.  Conisse.) 

Groûlée,  et  Grôlée,  s.  f.,  forte  secousse  donnée  à  un  arbre 
chargé  de  fruits  :  «  Oh  !  la  bail'  gronlée  !  toutes  les  peùrnes 
ont  chu.  Si  t'en  veù,  en  v'ià.  » 
Sav.,  sagroUà. 

Groùler,  et  Grôler,  v.  tr.,  secouer  un  arbre  pour  en  faire 
tomber  les  fruits  :  ((  Dis  donc,  Jacot,  veins-tu  groider 
l'poirei?  » 

Ital.,  crollare.  Beri'y^  grouller,  grouiller,  grouler.  Bourg., 
grôlai.  Dauph.,  se^/'o/a.  Forez,  grôlui.  Genev.,  greuler.  Lyon., 
signaler.  Màc..,gucgni.  Montr.,  crouler.  Morv.,  sigôler,  Norm., 
croller,  grouer,  groller.  Poit.,  sigouiller,  segellier.  Sav., 
branla.  Vx.  fr.,  crouller,  croller.  (V.  Croler.) 

Groûgner,  V.  tr.  etintr.,  gronder,  grogner. 

Lat.,  grnnnire.  Ital.,  grugnare.  Berry,  greugncr.  Bourg., 
grongnai.  Prov.,  gronkir,  groiiir.  Wall.,  grogni.  (V.  Grognoû.) 

Grousèle.  s.  f.,  groseille. 

Berry,  groiselle,  grouselle,  ègraselle.  Guern.,  grouaise. 
Hain',  gruzièle,  groisièle.  Movv. ,  grouelle,  groualle,  grouzale. 
Norm.,  groiselle.  Poit-,  gre;;ollc.  Koach.,  gruzièle,  grusièlc. 
St-Am.,  grujàlâ.  Toul.,  agrassol,  "Wall.,  gruzale.  Vx.  fr., 
groisele . 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONN  AIS  217 

Grouselei,  s.  m.,  groseillier. 

Moi'v.,  grouzaU',  f/rouaillô.  Toul.,  agrassoulic.  \x.  fr.. 
groiselicr,  grousclier.  • 

Grû,  s.  m.,  brome  {bromus  secatinus),  parasite  du  seigle^ 
qu'il  rend  moins  farineux.  Donne  un  fourrage  vert  abon- 
dant, mais  durcit  à  sa  maturité. 

Champ.,  gril  (son).  Genev.,  gras  (orge  mondé).  Lorr.,  gru 
(avoine).  Prov.,  gras.  Vx.  fr.,  gru,  grust  (orge  préparé  pour 
labière). 

Grue,  s.  f.,  plante  vénéneuse. 

GrCer,  V.  tr.,  écorcer   l'orge   sous  la  meule  verticale   du 
battoir. 
Genev.,  gruer.  Prov.,  gruar.  (V.  Rchatc.) 

Grûgnôt,  s.  m.,  morceau  de  pain,  ce  qui  reste  de  la  miche, 
ou  du  morceau  que  l'on  grignote. 

Berry,  grigne.  Forez,  groiignou.  Jura,  greqnon.  Maine, 
grigne,  grignette.  Morv.,  grougiion.  Pic,  grigniote.  Poit., 
grigne,  gregne,  grlgnon.  Saint.,  grigne,  grignotte.  Vx.  fr., 
grignette. 

Grûgnoter,  v.  tr.,  grignoter,  manger  lentement,  mordiller. 
Montr.,  grûgnoter. 

Grûler,  V.  intr.,  trembler,  greloter  :  «  A  c'maitin,  l'vent  a 
torné.  Y  é  la  bise;  i'grûlons  d'frèd.  » 

Bourg.,  grullai,  griboulai.  Bress.,  grêlé,  gruiller.  Dauph.. 
gromolà.  Fr.-Cté,  gruler.  Genev.,  greboler,  greuler.  Jura, 
gruler,  grouler.  Lorr.,  greuU.  Mac,  grelai,  croulai.  Morv., 
grebaler,  grecaler.  Poit.,  gresoulai.  Sav.,  grecolâ.  Toul., 
tridoula,  tredoula.  Vx.  fr. ,  grouiller.  (V.  Grûziller .) 

Grûlot,  s.  m.,  ampoule.  Analogie  avec  la  sphéricité  du 
grelot. 

Grumelôt,  s.  m.,  grumeau,  petit  grumeau. 

Lat.,  grumellus.  Ital.,  grunio.  Vx.  fr.,  grumiel,  grenieaux. 
(V.  CatonS,  Grcmillon.) 

Grûziller,  V.  intr.,  avoir  froid,  trembler  de  froid.   Dim.   de 
gruler.  (V.  ce  mot.) 
Pic,  guersiller  {jeter  des  pierres).  Poit.,  grenouiller. 

23 


218      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

GuEÙNiYou,  S.  m.,  guenilleux,  mendiant  sale,  vêtu  de  gue- 
nilles- (Le  bourguignon  a  mauhué  pour  malblanchi.) 
Morv.,  fjucneillou,  guèrcillou,  cjoueillou .  St-Am.,  dègiicnelj/u. 

GuÈRLLN,  S.  m.,  onomat.,  bruit  d'une  sonnette,  d'un  grelot. 
Poit.,  guerliii. 

GuÈRÉYÉ,  adj.,  crotté,  couvert  de  boue.  Semble  bien  être  le 
partie,  de  notre  verbe  garouiUer,  et  devrait  être  garouillé; 
mais  le  patois  a  ses  corruptions.  (V.  Crotou,  Gaugé.) 

GuEiiGNE,  S.  f.,  syn.  de  beùgne.   C'est  aussi  le  nom  d'une 
sorte  de  jeu  de  gobilles  :  «  V'tu  jouer  à  la  gueagne?  » 
Jura,  gagne.  (V.  Beùgne^  Gueùgnon.) 

GuEÙGNER,  V.  intr.,  attendre  longtemps,  traîner,  lambiner: 
K  Dis  donc,  hier  t'é  pas  v'nu  ;  t'm'as  joliment  idiitgueùgner, 
pus  d'eùne  heure,  o 
Morv.,  giceugner.  Poit.,  gueiier.  Saint.,  gueiier,  qaener. 

GuEiÎGNOiN,  s.  m.,  jeu  de  gobilles.  (V.  Gueùgne.) 

GuEÙRDiN,  s.  m.,  gredin,  franc  mauvais  sujet. 

Berry,  giieurdia,  guerdiii.  Bourg.,  giieurdin,  guerdiii.  Lorr., 
gorrlrn,  gourdin. 

GuEÙRiÔTE,  S.  f.,  griotte,  cerise  aigrelette. 

Genev.,   griotte.    Lang. ,   agrioto.   Morv.,   gueriote.   Piov., 
agriota.  Wall.,  griaine,  grinche,  grinque.  Vx.  fr.,  agriote. 

GuEÙRLOTER,  v.  intr.,  greloter. 

Morv.  ,    gueurloter.    Rouch. ,     gargoter.     Suiss. ,    gribolà. 
(V.  Grùler.) 

GuEÙRLu,  S.  m.,  drôle,  garnement. 

Berry,  querlu.  Bourg.,  grdu.  Jura,   grclu.  Morv.,  gueurlu. 

GuEÙRLUCHON,  S.  m.,  péjoratif  du  mot  précédent,  amant  de 
cœur  des  drôlesses,  Alphonse  de  province. 

GuEÙRNAÏON,  s.  f.,  grenaison,  développement  du  grain.  (Le 
savoyard  a  le  verbe  grinnû  pour  dire  que  le  blé  a  un  bon 
rendement.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  219 

GuEÙRNiER,  et  GuEÙRNEi,  S.  ui.,  grenier. 

Lat.,  granarium.  Ital.,  (jranaio.  Berry,  gi/ernlcr.  Bourg., 
grenei.  him. ,  groiiic:^.  Lorr.,  gucrnicr.  Morr.,  gurrcrné.  Pîc, 
guernier.  Prov.,  graniev.  Rouch.,  guernier.  St-Am..  giirni. 
Wall.,  guernier.  Vx.  fc,  grenier. 

GuEÙRNiPiLLE,  S.  m.  et  f.,  vaurien,  homme  de  peu,  coureuse  : 
«  Tous  ces  cli'tis  drôles,  qui  nous  fesont  des  niches,  y  é 
d'ia  vrâ  gueùrnipille.  » 

Bourg.,  guenrnipille.  Dauph. ,  ganippa.  Fore?:,  ganipe, 
giienipe,  gucrnipille.  Movv. ,  gueùrnipille.  (V.  Fripouille, 
Garnipille.) 

GuEÙRNOuiLLE,  et  Gueùrnoille,  s.  f.,  grenouille  :  «  Non, 
moi  j'n'ainme  pas  l'iau  ;  ail'  vous  met  des  gueùrnouilles 
plein  l'ventre.  » 

Lat.,  rana.  Ital.,  ranocc/iia.  Berry,  gr-enoille,  gueraoille, 
Bourg.,  renouille.  Fr.-Cté,  renoille.  Lorr.,  guernouille.  Morv., 
eurnoueille,  gueurnoueille.  Pic,  guernouille.  Poit. ,  greneuille. 
Prov.,  granoilla,  granolha .  Vx.  fr.,  reine,  reinoille,  renoulle. 
(V.  Rânotc.) 

GuEiiRNouiLLER,  V.  intr.,  aller  de  ci  de  là,  perdre  son  temps: 
((  Te  crès  qu'ô  travaille?  Ah  ben  ouiche!  ô  gueûmouiUe 
tout  riong  des  rues.  »  Dans  ce  cas,  ce  mot  contient  aussi 
l'idée  de  buvocher.  (V.   Veùrneùler.) 

GuEÎiRzi,  et  Greûzi,  s.  m.,  grésil. 

Fiandr.  ,  gue.^i.  Liég. ,  gru:;ai.  Mons ,  guer::in.  Morv., 
gueurc'i,  gucurji.  Wall.,  gré:;in,  guerain.  Vx.  fr.,  grésil::, 
gresliz,  grisille. 

GuEÎiRziLLER,  et  Greùziller,  V.  intr.,  grésiller  :   «  Dà,  y  a 

gaeùrzillé  su  nos  vignes  ;  j'n'àrons  pas  grand  vin  c't'an-née.  » 

Berry,   crésiller.   Fiandr.,   guerMler.    Luxemb.,     gurzeler- 

Mons,  guersiner.  Morv.,  gaeurc^iller.  Prov.,  gra::ilher.  Vx.  fr., 

grediller. 

GuiBOLE,  s.  f.,  jambe  longue,  mince.  Se  dit  ironiquement. 
Norm.,  guibolle,  quéolle,  quiolle. 

GuiNDÔLE,  S.  f.,  vase  contenant  une  portion  exagérée  :  «  0 

mainge,  ô  mainge...  I  l'y  faut  des  guindôles  de  sope!  » 

Dauph.,    gandola.    Forez,    gandola  (tasse    en    bois).    Isère, 


220      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

gandola   (tasse  en  bois).   Lang.,    f/andolo.   Morv.,  cjandaule, 
Prov.,  gandola. 

GuiNDOLÉE,  s.  f.,  contenu  de  \a  guindôle. 
Forez,  gandoulée. 


H 


Habile!  excl.,  vite!  va  vite!  :  «  Allons,  habile!  cors!   Le 
mâtre  te  d'mande.  » 
Lille,   habile.'  Rouch..    acite-habile  (accours  promptement). 

Hachon,  s.  m.,  petite  hache,  pour  couper  tiges,  branchettes 
et  autres  menues  pousses.  Le  paysan,  bien  entendu, 
n'aspire  pas  la  première  lettre  du  mot,  et  dit  :  «  Vhachon, 
mon  n-hachon.  » 

Ital.,  accia.  Champ.,  asse,  assau.  Dauph.,  aissetto.  Lim., 
hochou.  Montr.,  haichon.  Morv.,  asciaii.  Poit. ,  ascieau. 
Prov.,  apcha,  agssa.  St-Am.,  achon.  Sav.,  aston.  Yx.  fr., 
haiche. 

HÂë,  s.  f.,  haie,  buisson,  clôture  d'épines. 

Bas-lat., /ia_9a.  Bourg.,  has.  Dauph.,  agi.  Lorr.,  hd.  Morv., 
hâ.  Norm.,  haion.  Suiss.,  adz-e.  Wall.,  hâh,  hùhe,  hahai, 
hâte.  Vx.  fr.,  hasel,  haseau,  haison,  heugue,  hage.  (V.  Soî.) 

Haïssu,  part,  de  haïr. 

Haït,  v.  tr.,  pour  hait  :  ((  Oh!  j'I'Aai-t-i!  »  Très  usité,  mais 
guère  à  d'autres  temps. 

Hàrbe,  s.  f.,  herbe,  herbage. 

Lat.,  herba.  Ital.,  n-ba.  Berry,  harhc.  Bourg.,  harbe,  arbe. 
Hain*,  hierbe.  Lim.,  hevbo.  Montr. ^  harhc,  primes  harbes 
(petites  herbes).  Morv.,  harbc.  Prov.,  erba,  herba.  St-Am., 
arba.  Wall.,  ièbe.  Vx.  fr.,  erbe  (parfois  mascul.). 

HÀRBou,  adj.,  herbu,  herbeux  :  «  J"veins  d'mon  pré;  ôl  é 
prou  harbou.  » 
Morv.,  harbou.  Prov.,  herbut. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDINO-CIIALONNALS  221 

Hardi!  excl.  pour  exhorter,  stimuler  :  «  Courage!  allons  ! 
rondement  !  Malheureusement  ce  mot  sert  souvent  à  exciter 
les  personnes  qui  se  querellent  ou  se  battent  :  «  Hardi! 
hardi  les  enfants!...  »  C'est  le  macte  animo  latin  pris  dans 
le  sens  méchant. 

Ital.,  (irdito  !  Bress.,  arvi!  Cogri.,  hardi!  Lille,  liardi! 
Morv.,  Iiairdl!  Prov.,  ardit!  Saint.,  ardit!  Wall.,  luivdÂ! 
Vx.  fr.,  liardjj! 

Harigner,  V.  tr.,  tracasser,  chercher  querelle  :  «  Ole  mauvais 
coume  eùne  teigne;  ôl  hariyne  tout  l'monde.  » 

Bourg.,  /iari/ai(j/i.ai.  Fr.-Cté,  argiienai.  Montr.,  Iiaregner. 
Pic,  anjucher.  Vx.  fr.,  liargne^  Iier(j!ic. 

Harignoù,  s.  m.,  hargneux,  qui  cherche  querelle,  mauvais 
coucheur. 

Bress.,  harlijncuv .  Poit.,  liavgnou.  Vx.  fr.,  Iiar/jnc,  licrae, 
hergne  (querelle). 

Harnoi,  s.  m.,  harnais.  Se  disait  jadis  pour  toutes  sortes 
d'appareils  de  pêche,  d'agriculture,  de  mine,  etc. 

Ital.,  arnese.  Berry,  amas.  Bourg.,  Iiarnois.  Morv.,  liair- 
nois.  Nam.,  hernè.  Pic,  harnus  (attelage  de  quatre  chevaux). 
Prov.,  arnes.  Wall.,  Iiema.  Vx.  f  r. ,  harnois ,  Iiarnei^, 
Iiarnas,  Iiarnoj/s. 

Harnoicher,  V.  tr.,  harnacher,  accoutrer. 

Morv.,  hainioicher.  Prov.,  arncscar,  arncsar.  Vx.  fr., 
aharnaskier. 

Haut  (monter  en),  loc.  redondante  et  fautive.   Quand  on 
montej  c'est  toujours  en  haut. 
Mac,  hiaut.  (V.  Bas,  Bois,  C/iaud,  Froid.) 

Harse,  s.  f.,  herse. 

Lat.,  hirpex.  Bas-lat.,  Iicrcia.  Ital.,  erpice.  Dauph.,  Jierpi. 
Haint,  hierse.  Montr.,  Iiarclie.  Nam.,  hipe.  Wall.,  ipe.  iprc. 
Vx.  fr.,  herce. 

HÉBiLLÉ  de  soie,  S.  ui.,  porc. 

Bourg.,  haibillai  desoo.  Cogn.,  habillé  de  soie.  Jura,  habillé 
de  soie.  Morv.,  haibillé  de  soie.  Norm.,  vêtu  de  saie  (un  noble, 
un  monsieur).  Pic,  habillé  de  soie.  Sav.,  habelia  de  chuai. 

HÉBiLLER,  V.  tr. ,  habiller. 

Bourg.,  aibillai.  Montr.,  harhillir.  St-Am.,  abehjë. 


222  LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Hèbit,  s.  m.,  habit,  vêtement  quelconque. 

Lat.,  habitas.  Ital.,  abito.  Bourg.,  haibi,  aibi.  Lim.,  liohi. 
Lorr.,  ébi.  Morv.,  hèbit.  Prov. ,^abit,  habit.  Vx.  fr.,  abit,  habis. 

HÉRiTANCE,    s.    f. ,     héritage,    transmission   qui   ne   va   pas 
toujours  toute  seule  dans  les  campagnes. 

lta,\.,  ereditaffijio.  Morv.,  hèritation.  Prov.,  hcretatge.Yx.  fr., 
ei'ifaf)e. 

H  BÛCHER,  et  HoucHER,  V.  tr. ,  hucher,  appeler  d'une  voix 
perçante  et  de  loin. 

Lat.,  hucriare.  Berry,  hucher.  Bourg.,  hue hai,  nulai.  Bress., 
ucé.  Lim.,  hucha,  huckas.  Morv.,  heuchcr.  Norui.,  hucher, 
huchier.  Pic,  huquer.  Poit.,  heuchai.  Prov.,  huchar,  uchar, 
ucar.  Rom.,  huker.  Suiss.  r.,  hutschi .  Wall.,  Iiuquer,  houkl. 
Vx.  fr.,  huscher,  huchier.  (V.  Chouper.) 

Heure,  s.  f.,  heure,  division  de  la  journée  que  le  paysan 
devine  sans  montre  ni  horloge. 

Lat.,  hora.  Ital.,  oro.  Prov.,  ora,  qora.  St-Am.,  ora. 
Vx.  fr.,  ure,  hure,  cure,  nore. 

Heï'rler,  V.  intr.,  hurler,  crier  avec  force. 

Lat.  et  Ital.,  ulularc.  Berry,  hûler,  ûler,  ioû.ler.  Morv., 
heuler,  caler.  Norm.,  lia  1er,  neûlcr.  Pic,  heuler.  Poit., 
heuler,  hauler.  Prov.,  ulular,  udolar.  Suiss.  r.,  nia.  Wall.^ 
hoûler.  Vx.  fr.,  uller,  uslcr,  heurler. 

HïÂR,  adv.  de  temps,  hier. 

Lat.,  herl.  Ital.,  ier.  Berry,  hiar.  Bourg.,  lé,  hié.  Morv., 
hiar,  l/'ar.  Prov.,  lier,  er,  ier.  Vx.  fr.,  er,  her,  ar,  hjjer, 

Histouére  de,    loc.  familière  :  «   Conte-nous   donc  c'qui, 
liistouére  de  rire.  » 
Lat.,  hlstorla.  Vx.  fr.,  Istoire,  estoiro,  hestolre,  hystoire. 

HivÂR,  s.  m.,  hiver. 

Lat.,  hibernus.  Ital.,  Intcrno.  Bourg.,  hlvar.  Forez,  huoar 
(la  neige).  Morv.,  hloar.  Prov.,  ioern.  St-Am.,  evâ.  Saint., 
hioar.  Wall.,  Ivier' .  Vx.  fr.,  Ivern,  Icer,  i/cer,  hi/ver. 

Home,  et  IIoume,  s.  m.,  mari  :  ((  Ben  sûr,  ail'  va  y  dire  à 
son  hourne.  » 

Lat-,  hoinu.  Ital.,  uonw.  Bourg.,  home,  hourne.  Bress., 
orne.  Jura,  liouinntoa.  Lira.,  home.  Mac,  home.  Morv  ,  honme, 


LANGAGE    POPULAIRE    VKRDUNO-CIIALONNAIS  22IÎ 

Jioutne.  Nivern.,  honmr.  Poit.,  honme.  Prov.  ,  oni ,  ho/i>, 
home.  St-Am.,  oumou.  Saint..  Iiouiiic.  Toul..  home.  Vv.  fr., 
home  Jionme,  hoiime,  hons.  • 

rioNTOU,  adj.,  honteux,  timide  :  <(  Ta  p'tiote  n'ose  pas  parler; 
aile  é  hontoaae  devant  Tmonde.  » 

Ital.,  on^oso.  Morv.,  hontoit.  Prov.^  aiictos.  Vx.  fi'.,  hoii- 
toiis,  honteus. 

IJÔPiTAU,  S.  m.,  hôpital.  Suit  la  même  règle  que  clCoau  et 
autres. 

Lat.,  hospltalc.  Ital. ,  ospclulv.  Doubs,  cpctau,  opciaK. 
Lorr.,  opità.  Prov-^  hospifai,  cspifal.  St-Am.,  epetô.  Vx.  ir., 
hospital. 

HÔTELÉE,  s.  f.,  hottée,  le  contenu  d'une  hotte. 
Rouch.,  hotelcc. 

HÔTRiAU,  s.  m.,  hotte  plus  mince  et  plus  allongée  que  la 
hotte  ordinaire  ;  surtout  la  hotte  de  vendange. 
Bourg.,  eïUe^  hottriot.  Lim.,  honàto.  Morv.,  houtte  (hotte). 

HouxNÊTE,  et  HouNÀTE,  adj.,  honnête  :  «  Vos  êtes  ben  hoa- 
nùte,  not'  moussieu,  »  répond  invariablement,  en  portant 
la  main  à  son  bonnet  de  coton,  le  vigneron  ou  le  fermier 
au  passant  qui  lui  dit  bonjour  et  lui  demande  de  ses 
nouvelles. 

Lat.,  honestus.  Ital.,  onesto.  Piov.,  honest.  Wall.,  o/iics. 
Vx.  fr.j  honcste,  houneste,  oneatc. 

Hounét'tê,  s.  f.,  cadeau,  présent. 

Morv.,  hounèteté.  Prov.,  Iionestat,  honestetat.  Vx.  fr., 
honestet,  honesté,  onncsté. 

llouNEUR,  s.  m.,  parfois  f.,  honneur,  politesse  :  «  Vos  êtes 
ben  boune,  not'dame;  vos  me  faites  ben  d'Vhouneur.  » 

Lyon.,  honour.  Prov.,  honor,  oaor.  Vx.  fr.,  horwr\  oiiur, 
honor,  onor,  oneur. 

Housse!  excl.  impérat.,  va-t'en!  file!  S'adresse  surtout  aux 
gamins,  aux  enfants  qui  vous  fatiguent  :  «  Y  a  prou  long- 
temps que  t'é  là;  t'm'ennuies.  Allons,  housse!  »  Cette 
injonction  s'adresse  aussi  aux  chiens  que  Ton  veut  ren- 
vover.  On  leur  dit  également  :  «  V'tu  côri  !  )) 


224      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

HÛREUSEMENT,  adv.,  heureusement. 
Rouch.,  ureusemen. 

Hûreux,  et  Heûrou,  adj.,  heureux. 

Berry,  hurcux.  Bourg.,  hctirou,  carou.  Lim.,  htiroà.  Morv., 
hureu,  hircu,  hihicU.  Pic,  hurcux:  Rom.,  /icuros.  Rouch., 
(ireux.  St-Atn.,  crcu.  Wall.,  ureu.  Vx.  fr.,  curoux. 

Hûssier,  s.  m.,  huissier,  peu  aimé  dans  les  campagnes. 

Lat. ,  ostiari.us.  Bevvy,  hnssier.  Bourg.,  huchier,  Jiussiè. 
Genev.,  hussiev.  Morv.  ,  hussier.  Nam.,  uchir.  Wall.,  ouhî. 
Vx.  fr.  ussier. 

HÛTEAU,   et   Housteau,    s.    m.,    hutte,   baraque,   maison: 
«  Entrer  à  Vhùteau.  » 
Wall.,  haute. 


I,  pr.  pers.,  je,  il  :  «  /seû  bé  content  d'vous  vouer.  » 

Lat.,  ego.  Ital.,  io.  Bourg.,  ;:,  el.  Forez,  i,  io.  Liég.,  i,  ji. 
Nivern.,  i.  Pic,  ege,  ef ,  eu/'.  Poit.,  i.  Prov.,  eu,  icu,  io. 
Suiss.  r.,  i,  io.  Y.x.  fr.,  eo,  io,  jo,  ge. 

Ia-ïa  (faire),  loc,  caresser,  particulièrement  passer  dou- 
cement la  main  sur  les  joues  :  «  Allons,  mon  geiiti  p'tiot, 
fais-me  ïa-ïa,  »  dit  la  maman  à  son  bébé.  —  N'aurait-on 
pas  là  une  réduplication  du  oui  allemand,  resté  des  diverses 
invasions? 

Iau,  et  lÂ,  s.  f.,  eau  :  «  01  ôt  maugé;  en  travarsant  l'Doubs, 
tout  çansien  a  chu  dans  Vïau.  »  Comme  en  bien  d'autres 
syllabes,  prononciation  très  mouillée.  —  Pour  ce  mot, 
donnons,  exceptionnellement ,  un  exemple  curieux  des 
transformations  survenues,  par  un  long  usage,  dans  la 
prononciation  et  l'orthographe.  De  Veau,  substantif  actuel, 
le  nom  a  été  jadis  :  ère,  algue,  âge,  aque  (sans  parler  de 
notre  patois).  Eoe  s'est  conservé  dans  évier;  aiguë,  dans 
aiguade,  aiguière  ;  âge,  dans  la  locution  être  en  âge  (en 


LANOAGK    POPULAIRK    Vr^RDUNO-CHAI.OMNAIS  225 

eau),  qu'on  écrit  à   torl    en    narje;  a(jue,    dans    aqueux:, 
aquatique ,  aquai'elle. 

Lat.,  a({ua.  Ital.,  acqiia.  Esp.,  af/ua,  Aveyr.,  at/o.  Berry 
tau,  aie.  Bourg.,  eà,  ià.  Bress.,  aigrie,  édie.  Daupli.,  aiqua. 
Forez,  aigua,  ei/gua.  Fr.-Cté,  ijaa.  Lang.,  ny  /a.  Lille,  ïau, 
aiae.  Lim.,  àigo.  Lyon.,  aiguë,  aiguy.  Moiitr.,  icau.  Morv., 
aâ,  eai,  iatie.  Norm.,  iaou,  iau.  Pic,  iau,  icu.  Poit.,  aiguë. 
Prov.,  aïija,  algua.  Rouch.,  iau.  St-Ara.,  égiïge.  Saint.,  èi'C. 
Sav.,  aiga.  Suisse,  égue,  ègoue.  Wall.,  iau,  aiire.  Vx.  fr.,  ère, 
aiguë,  âge,  aque,  ewe,  iave,  auge,  gnue. 

Idée  (une),  adv.  de  quantité,  un  peu,  fort  peu,  un  soupçon  : 
((  J'tâterai  ben  d'ton  vin  blanc  ;  ma  j'n'en  veià  pas  lourd,  tant 
s' ment  eùne  idée.  »  —  «  01  et  eùne  idée  pu  grand  que  sa 
seûre.  »  (V.  Miette  (eùne). 

lÉ-T-i?  loc.  interrogative,  est-ce?  c'est-il?  ((  T'ias  pas  vu 
ginguer?  Yé-t-i  donc  qu'ôl  é  fou?  » 

Ieîi,  pr.  pers.,  leur,  à  eux  :  «  Attends,  attends!  j'm'en  vas 
ïeù-z-j  dire...  )) 

Lat.,  illi.  Ital.,  lovo.  Berry,  icux.  Bourg.,  /o,  lotc.  Morv., 
ieu.  Norm.,  leux.  Prov.,  lor,  Ihor,  luv.  Vx.  fr. ,  (or,  lur. 
(V.  lôte,  Leûs.) 

lÈVE,  s.  m.,  lièvre. 

Laf*.,  lepus.  Berry,  licuve,  lieubc.  Genev.,  {la)  liêere.  Maine, 
lèvre,  gucuorc.  Morv.,_  ièoe.  Pic,  lieuve,  r/euve.  Wall.,  lie. 
Vx.  fr.,  lèvre. 

Ilai,  adv.  de  lieu,  là  :  «  0  n'fait,  jar,  pas  grand  ôvrage;  ôl 
é  tôjor  por  iqui,  por  ilai.  » 

Lat.,  illac.  Ital.,  là.  Bourg.,  ilai,  lai.  Morv.,  ilai.  Nivern., 
Ict.  Prov.,  lai,  lag.  Vx.  fr.,  là. 

Ilons  (les),  dénomination  locale  de  terrains  situés  aux  extré- 
mités de  Saint-Jean,  et  qu'entouraient  jadis  des  bras  factices 
du  Doubs,  aujourd'liui  desséchés.  Là  se  trouvent  l'Allée 
des  Cordiers,  la  Levée  de  Chauvort,  etc.  —  Une  dispo- 
sition analogue  se  remarque  aux  extrémités  de  Verdun, 
entourées  du  bras  artificiel  nommé  le  Petit-Doubs,  et 
couvertes  de  pittoresques  oseraies  poussées  naturellement 
dans  les  alluvions.  L'eau  un  peu  stagnante  qui  circonscrit 

24 


226      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

ce  dernier  terrain  est  garnie  de  joncs  [grainjoncs]  et  de 
nénuphars  ;  et  l'angle  qu'elle  termine  est  la  Pointe-du- 
Pré.  —  Le  premier  de  ces  terrains  est  dit  les  lions  de 
Saint-Jean;  l'autre,  volontiers,  le  Pré,  tout  court. 

Imeùr,  s.  f.,  humeur,  au  sens  physique  et  au  sens  moral; 
«  0  n'é  pas  ben  ;  ôl  a  des  imeùrs  plein  le  côr.  »  —  «  Aile  é 
prou  gentite;  aile  é  tôjor  de  bonne  imeùr.  )) 

Lat.j  humor.  Ital.,  umore.  Berry,  hinieur.  Bourg.,  hcuincu. 
Pic,  himeur.  Piov.,  huinor,  iinior,  ynior.  St-Am.,  inieû. 
Wall.,  imeùre.  Vx.  fi'.,  liuinoi\  huincav. 

Imparfait,  adj.,  mal  élevé.  En  parlant  d'un  enfant,  on  dit: 
«  Qu'ol   é  donc  imparfait,  c'raorveux-là!  ô  n'fait  qu'des 
malices  à  tout  l'nionde.  » 
Lat.,  inipcrjecius.  Ital.,  imper fetto. 

Incou.modé,  adj.,  malade,  infirme  :  ((  Not'  pauv'Jacot,  ôl  a 
chu  du  foineau  ;  ôl  é  ben  incoamodë .  » 
Morv.,  incouniodè. 

Inducation,  s.  f.,  éducation,  que  nos  braves  gens  confondent 
avec  instruction. 
Lat.,  educatio.  Morv.,  inducation. 

Induquer,  V.  tr.,  éduquer,  élever  et  instruire. 
Lat.  et  Ital.,  educare.  Norm.,  induquer. 

In-nocent,  adj.,  dépourvu  d'intelligence,  idiot.  A  le  même 
sens  dans  plusieurs  localités. 

Lat.,  innocuHS.  Ital.,  innocente.  Berry,  ènoeent.  Bourg., 
igneuçan,  ignoçan.  Bress.,  inancent.  Liég.,  ènoccinn.  Morv., 
énocent.  Prov.,  ignoccn.  Roueh.,  inochen,  énochen.  St-Am., 
énoucè.  Vx.  fr.,  inoccnt. 

Inseûlance,  s.  f.,  insolence. 

Lat.,  insolentia.  Bourg.,  inseûlance. 

Inseûlent,  adj.,  insolent. 

Lat.,  insolens.  Bourg.,  insealan. 

Instreîîment,  s.  m.,  instrument,  et  parfois  ustensile. 

Lat.,  instrurnentuni.  Ital.,  struniento.  Bourg.,  inatreuman. 
Morv.,  estreunient.  Prov.,  estrunient,  estrunieii,  esturinen. 
Vx.  fr.,  estruman,  esfrunien. 


LANGAGK    POPULAIRE    VKRDUNO-CHALONNAIS  227 

Inventioner,  V.  tr.,  inventer,  découvrir. 

Lat.,  iiweaire.  Ital.,   inventarc.  Morv.,  cc(^itionncr.  Poit., 
inventionnai. 

Invitance,  s.  f.,  invitation,  provocation  :  «  Cheû  la  Jean-ne 
va  y  avouer  le   batein-nie   du    p'tiot;  je  compte   ben  su 
Vinvitance.  » 
Lat.,  iiuvtaUo.  Ital.^  iiivito. 

lÔTE,  adj.  poss.,  leur  :  «  Ible  mâïon  ;  ià(e  chin.  »  (V.  leù, 
leû.) 

lou-cou-cou  !  cri  de  joie,  qui  termine  la  plupart  des  chansons 
et  des  danses.  Certains  y  voient  un  équivalent  à  l'ancien 
lo  hiimenœe!  —  On  le  trouve,  sous  la  forme  lou-hou-hou! 
en  Saintonge  d'abord,  puis  dans  les  vers  de  deux  poètes 
bretons,  Brizeux  et  Lenir. 

loup-LÀ-LÀ!  autre  cri  de  joie,  que  poussent  fréquemment  les 
jeunes    gens,    quand   ils   courent,   et    surtout  quand  ils 
dansent. 
Poit.,  houp!  (V.  le  mot  précédent.) 

Iqui,  adv.  de  lieu,  ici  :  <(  Eh!  dis  donc,  veins-tu  por  iqui?  » 
Lat.,  hic.  Ital.,  qui.  Esp.,  aqui.  Arden.,  iqui.  Artois,  ichi. 
Berry,  èct,  écit.  Bourg.,  iqui.  Bress.,  iqui.  Champ.,  iqui,  ichi, 
ichc.  Dauph.,  iqui.  Fland.,  chi,  ichi.  Fr.-Cté,  qui.  Jura,  hique, 
hiche.  Mac,  iquc,  iquiè.  Mars.,  aqui.  Montr.,  iqui.  Morv., 
ichi,  iqui.,  itrhi.  Norm.j  icliin,  ichite.  Pic,  ?'/.;,  ichi.  Poit-, 
itji,  itchi,  iqui,  iquit.  Prov.,  aici,  aissi.  Saint.,  ichi,  ikit. 
Sav.,  itie.  Suiss.  r.,  ice,  ike,  ihi,  inhi.  Toul.,  cnjci,  cnça. 
Vx.  fr.,  issi,  icr/,  iqui. 

IsQUE,  s.  m.,  X,  lettre  de  l'alphabet. 
Rouch.,  isque. 

Itou,  Étou,  Atou,  adv.,  aussi  :  ((  Te  vas  à  la  fouére,  moi 
itou.  »  —  ((  T'en  as  baillé  au  p'tiot;  baille-moi-z-en  étou.  » 
Lat.,  ita.  Bourg.,  aità,  et  ta.  Champ.,  (itoui.  Fr.-Cté,  aitou, 
aitout.  Genev.,  et  tôt.  Jura,  étou.  Mac,  ctou,  étô.  Montr., 
atout.  Morv.,  aitou,  auchi.  Norm.,  atout,  étou,  itou.  Pic, 
atout.  Poit.,  étou,  itou,  itout.  Rouch.,  ètout.  St-Am.,  étou. 
Saint.,  ètou,  ètout,  litout  (lui  aussi").  Sav.,  r^oc.  Suiss.  r.,a/ot. 
Vendée,  aétou.  Wall.,  ato.  Vx.  fr.,  et  tord. 


228  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNOCHALONNAIS 

IvRER  (s'),  V.  pr.,   s'enivrer  :   «   Qu'vous-tu  fàre  de  lu?  O 
.s'f'rre  quasiment  tô  les  jôrs.  » 

Lat.,  chriari.  Berry,  s'icrer.  Bress.,  s' lever .  Genev.,  s'icrer. 
Montr.,  s'iivcr.  Norm.,  s'icrer.  Poit.,  s'ivrer.  Prov.,  enieurar, 
eniurar.  Suiss.  r.,  icrâ.  Toul.,  s'ijUroufina.  Vx.  fr.,  ciii/orer, 
eniiwrer. 


JÀ,  adv.,  déjà,  maintenant,  à  présent. 

Lat.,  /ani.  Ital.,  (jta.  Bourg.,  degj/.  P'r.-Cté,  dcjai.  Morv., 
dije.,  diji,  Vx.  fr.,  ja,  dc^ja,  dés  jà. 

Jabot,  s.  m.,  estomac  :  «  Hïâr  ôl  étot  d'noce.  01  a  maingé, 
ôl  a  maingé...  ô  s'en  a  fouré  plein  V jabot.  » 
Poit.,  ya^or. 

Jâcin,  s.  m.,  aiguillon  d'abeille,  et  même  de  serpent.  On  le 
dit  aussi  d'une  mauvaise  langue  de  femme. 

hcit.,  Jaculam.  Berry,  (jêçon,  gësson,  fjuêsson.  Bvess.,  J  ne  in. 
Champ., ya/'pon..  Fr.-Ctë,  f/^a/ço/i.  Isère,  jar  (aiguillon  de  tout 
insecte).  Montr.,  j'as.  Morv. ,  Jaiçon,  jaiceron. 

Jacôte,  s.  f.,  jaquette,  vêtement. 
Bourg.,  jaicotte. 

Jacote,  s.  f.,  pie.  On  baptise  de  ce  nom  la  femme  babillarde. 
'^lonU.,  jacqiiette.  (V.  Agasse.) 

JÀCRiAU,  et  Jaque,  s,  m.,  geai. 

Berry,  jaie.  Bourg., /«</«<(?.  Montr.,  jacquot,  jacqucricau. 
Movv.,  jâqac.  Norni.,  gai.  Pic,  gai.  Prov.,  gai.Jai.  Vx.   fr., 

Jàdi,  adv.,  jadis. 

hat.,  Jam  dies.  Boui'g.,  jaidi.   Prov.,  Jadis.  Vx.  fr.,  jadis. 

Jalouserie,  s.  f.,  jalousie. 

Lat.,  aelotjipia.  Ital.,  gelosia.  Prox. ,  gctosia,  gdosia.  Rouch., 
jalouserie.  Vx.  fr.,  gelosic. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNOCIIALON.NAIS  229 

Jamà,  adv.,  jamais. 

Ital.,  çjiaminai.  Bourg.,  jaimol,  /ci.  Bress.,  mimai.  Dauph., 
jamei.  11. -V%  Jamains.  Lim.,  joniài.  Lorr.,  j'cmàs.  Morv., 
^ainià,  jama,  Jcuniâ.  Niv.,  /'aimas.  Prov.,  jamais.  Rouch.. 
jamù.  Rom.,  jamvs.  Vx.  h\,  Jà  mes. 

Jânei,  adj.,  moisi  :  «   Ton  pain  n'é  pas  hé  cucût;  ô   sent 
Vjdnei.  (V.  A'azc.) 
Morv.,  janci.  (V.  ^\uè.) 

Jan-Jan,  adj.,  ironique,  niais,  imbécile.  (V.  Colas.) 

Japillard,  s.  m.,  petit  chien  qui  aboie  toujours,  qui  ne  cesse 
de  japper. 

^lon\r. ,  Japillav.  (V.  Japillcr.) 

Japiller,  V.  intr.,  japper  souvent.  Se  dit  des  petits  chiens 
qui  se  font  toujours  entendre. 

Berry,  japillcr  (parler  aigrement).  Bourg.,  j'aipè.  Montr.. 
japillcr.  Morv..  :raippcr.  Poit.,  Japiller  (criailler).  Prov., 
papar. 

Jâr,  s.  m.,  oie  mâle. 

Berry,  j^rs.  Bonvg. ,  Jair.  Champ.,  iars.  Morv.,  Jair,  Jâr, 
^air,  sâr.  Norm.,  qars,  gantier.  V\c.,  gars.  Poil.. /crc.  "Wall., 
gear.  Vx.  fr.,  'jarce.  Jar. 

Jarbe,  s.  {.,  gerbe,  spécialement  celle  du  blé. 

Berry,  gearbc,  gear  bande  (la.  maîtresse  gerhe).  Bonvg.,  Jarbe. 
Hain",  garpc.  Morv.,  Jarbe,  sarbe.  ^a.m. .  Jaabc.  Pic,  giierbc, 
garbe.  Prov.,  garba.  Rouch.,  garbe,  garpe.  St-Am.,  jdrba. 
TouL,  garbe.  Wall.,  Jâbc.  Vx.  fr.,  jarbe,  garbe. 

Jarbée,  s.  f.,  gerbée,  botte  de  paille. 
Pic,  gtierbéc.  Rouch.,  garbéc. 

Jarber,  v.  tr.,  mettre  en  gerbes.  Fin  fêtée  des  moissons. 
Bourg.,y«ï^a?'. 

Jardinage,  s.  m.,  réunion  de  fruits,  de  légumes  :  «  Un  plat 
de  jardinage.  » 

Gene\.,  Jardinage.  Ro^ich. ,  gardénache.  Vx.  h\,  frnvtage, 
fruit  âge, 

Jàre,  adv.,   jà,  certes,  ma  foi!  pardieu  !  Excl.  complétive 


230  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS 

à  sens  multiples  :  «  Y  é  jàre  ben  vrâ  !»  —  «  J'en  ow&jàre 
prou  !  »  etc. 
Bourg.,  jarre.  Morv.,  jair,  jar. 

Jargouner,  V,  intr.,  jargonner,  parler  un  langage  corrompu. 
Morv..,  :;argo(incr,  jairgoner.  Prov.,Jarr/ouiiegcar.  Vx.  fr., 
gardoncr,  jurgotiillcr,  gergonner. 

.Tarni!  et  Jarnidié!  juron  assez  familier  aux  campagnards. 
Quelques  chercheurs  y  voient  la  contraction  de  :  «  Je  renie! 
Je  renie  Dieu  !  » 

Bourg.,  y'ar/it/  Poït-,  Jarnidic  !  jariiongoi!  Yx.  fr.,  harni- 
bieu  ! 

Jâron,  s.  m.,  nom  de  chacune  des  deux  grosses  branches 
constituant  la  partie  principale  du  fagot.  Le  breton  appelle 
jaron  une  espèce  de  vesce.  Le  cognaçais  dit  jarron  de  via 
(de  veau)  le  morceau  pris  dans  le  bas  du  fémur  et  avant  le 
genou. 

JÀRRÉARD,  adj.,  claudicant,  qui,  par  suite  de  vicieuse  con- 
formation naturelle,  se  dandine  en  marchant.  (V.  Gambi, 
Tortampion.) 

JÀRELÔT,  et  Jarlôt,  s.  m.,  sorte  de  baquet  :  a  Y  é  prou 
engageant,  ma  fi!  Je  n'ii  prêterai  puran;  ô  m'a  crevé  mon 
jàrelbt.  » 

Berry,  jarlèe,  jâlais,  jàlot.  Bress.,  jcrlc,  gerlon,  jarlot. 
Champ. ,yarZe.  Forez,  ^er/a.  Genev., /arlc,j crie,  jarlot.  Lang., 
gerlo,  jhcrlio.  Lyon.,  gerla.  Maine, ya^o^.  Morv.,y<;<r/6'.  Norm., 
jalot.  Prov.,  gerla.  Rom.,  Jar le. 

Jârteire,  s.  f.,  jarretière. 

Angl.,  ganter.  Artois,  garretier.  Berry,  jarretier.  Bourg., 
jaéeire.  'Mà.c,  Jartire.  Morv.,  jairtère.  Novm.,  Jarretier.  Pic, 
gartier.  Rouch.,  gartier.  Vx.  fr.,  jartière,  gertier,  gartier. 
(Y.  Jàrter.) 

Jârter,  v.  tr.,  mettre  des  jarretières.  A  côté  de  cette  acception 
propre,  s'emploie  couramment  au  figuré  par  les  rouliers 
et  conducteurs  de  voitures,  quand  ils  ont  à  menacer  un 
gamin  qui  les  ennuie  :  «  Attends,  morveux!  Si  te  n't'en  vas 


LANflAOE    POPULAIRE    VERDIINO-CHALONNAIS  231 

pas,    j'm'en    vas   te  Jârter,   »  c'est-à-dire  t'eiivoyer    un 
coup  de  fouet  qui  te  fera  des  jarretières. 
Artois,  garreter.  Moniv.,  j arrêter.  (V.  Jartel^e.) 

Jârtoû,  ad].,  cagneux,  qui  a  le  pied  bot,  la  jambe  tordue 
à  l'endroit  des  jarretières. 

Genev.,  Jarretod.  Jura,  jarroutu.  Lang.,  jarreUè.  Morv., 
j arrêta.  "Poit.,  Jaruuillou. 

Jâsées,  s.  f.,  causeries,  syn.  de  Jasons.  On  réunit  souvent 
les  deux  ;  «  Depeû  quéque  temps,  n'y  é  cheû  nous  qu'des 
jasons  et  àesjasées,  ))  ce  que  nous  appelons  encore  des 
disons-disettes.  (V.  Jasons.) 

Jasons,  s.  m.,  syn.  et  souvent  complément  du  précédent, 
causeries,  bavardages,  cancans.  Fournissent  une  occupation 
assez  assidue  aux  ménagères.  (V.  Jàsées.) 

Jâsoû,  adj.,  jaseur,  babillard,  potinier. 
Morv., y«soH.  Vx.  tr.,  ja:-ard,  ja^eresse. 

Jaspiner,  et  Jaspiller,  v.  intr.,  bavarder. 

Bevry,  japper,  j'appiller.  Genev.,  Jaspiner  (disputer).  Poit., 
japper,  jappiller.  Kouch.,  jaspiner.  Vx.  îw,  jaspiner. 

5aù,  s.  m.,  coq,  et  personnage  qui  fait  l'important. 

Bevry,  jau.  Bourg.,  yari/a/i.  Champ.,  jau.  Forez,  j«i,  Jau. 
Lang.,  gala.  Lim..  jàii.  Lorr.,  jan.  Lozère,  jal.  Morv.,  Jau. 
Norm.,  Jau.  Poit.,  Jau.  Saint.,  Jau.  (V.  Gau,  Jagàr.) 

Jaulée,  s.  f.,  gelée. 

luSit.^gelu.  Ital.,  gelata.  Bourg., Jaulée.  Prov.,  gelada,gilada. 
Vx.  fr.,  gelede,  gielèe.  (V.  Gela,  Glas.) 

Jauler,  V.  intr.,  geler. 

Lat.et  Ital.,^e/a7'e.  Bourg.,  Jaulai,Jeullai.  Lorv. ,Jâlc.  Prov., 
gelar.  St-Am.,  selé.  Wa.\[.,Jaler.  Vx.  fr.,  gieler,  geller. 

Javéles  (tomber  en),  loc.  Se  dit  d'un  objet  formé  de  douves 
et  entouré  de  cercles  (tonneau,  cuvier,  baquet,  etc.),  et  qui, 
par  suite  de  sécheresse,  se  disjoint  et  laisse  tomber  ses 
planchettes  de  côté  et  d'autre.  (V.  Givéle.) 

Jayâr,  s.  m.,  coq.  Syn.  de  Jau. 
Forez,  Jaillar.  (Y .  Jau,  Gau.) 


232  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

JÂZERON,  S.  m.,  jaseran,  chaîne  de  cou  à  mailles  fines  en  or. 
Bijou  de  fondation,  dont  le  nombre  de  rangs  indiquait  la 
fortune  du  ménage. 

Ital..  tjliia^^crcno.'Boiug.,  gorgolre.  Lang.,  J ha: eran.  Lyon., 
jascron.  Prov.,  jaseran.  Rom.,  jaseran.  Vx.  fr.,  ja:crant, 
jascrcnc. 

Je,  pr.  pers.,  nous  :  ((  Voui,  voui,  /"la  marions;  dans  huit 
jôrs  je  fons  la  noce.  » 

Il.-V',y6'.  Nivern.,  i.  Pic,  ege,  ef,  eiij'.  Prov.,  eu,  ieu,  io. 
Vx.  fr.,,/o.  (V.  Jnu.) 

Jean-néte,  s.  f.,  narcisse,  fleur.  Aurait  aussi,  d'après  un 
Noël,  servi  à  désigner  les  cocottes  de  l'ancien  temps  : 

Vous  acie.::  donc  mal  es  J/cux, 

Èties  sans  lunettes, 
QuittanI  un  lys  gracieux 

Pour  une  Jeannette. 

Même  vocable  en  Bresse  et  en  Morvan. 

Jeîi,  s.  m.,  jeu.  Prononciation  très  ouverte;  comme  feù. 

Ldit. ,joeus.  Ital.,  giuoi'o.  Bonrg.,  jeu .  Lille, y«.  hjon.,Juè. 
Pro\. ,  joc,  j'uec,  l'uoc.  TouL,  yoc".  Vx.  i'r.,  giu,  geu,  gieu,   ju. 

Jeûn-^er,  V.  intr.,  manquer  de...  :  «  L'pauv'!  Sa  fonne  li 
ta.\t  jeùn-per  Vpa.\n.  O  b'sogne  portant  prou!  »  Pour  la 
prononciation  pourrait  s'écrire y^m-z^e/',  comme  un. 

hdit. ,  jejunare.  Movv.,  jeûner.  Pvov.,  junar,jeon.ar.  Vx.  fr., 
jej'uner,  Juncr,  gciincr. 

jEiàRER,  V.  intr.,  jurer,  faire  serment. 

h'ài.,  juron'.  H^lX.,  giurare.  Morv.,  .seurer,  jeurcr,  scuher, 
Prov.,  Jui'ar.  Vx.  iv.,  jurrer. 

Jeùrement,  s.  m.,  jurement,  juron,  serment. 

Lat.,  juramentnm.  Ital.,  giuramento.  Morv.,  Jeùrement, 
:zcùment,  jeu ro n .  Prov . ,  juranien t . 

Jeùriau,  et  Jeùroû,  s.  m.,  jureur,  qui  a  l'habitude  de  jurer. 
h2i.t.,  jurator.  liai-,  giuratore.  Morv.,  jeurou.  Prov.,  juraire, 
jurador. 

Jeûsque,  prép.,  jusque. 

Lat.,  usifue.  Bourg.,  jcuciue,  jeiisque.  Bress.,  ta  nqu'  .Morv., 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      233 

jeusquc.  Pic,  dasquc.  Prov.,  fiiscas,  duesca.   Saint.,  dusque. 
Vx.  fr.,  usqiic,  j'uïsc,  josquc,  dcsque. 

Jeùsqu'à  temps  que,  loc. ,  jusqu'à  ce  que  :  «  Te  resteras  iqui 
Jeùsguà  temps  que  j'aie  moudu  mon  grain.  » 

Genev.,  jusqu'à  tant  que. 

Jeûste,  adj.,  juste,  d'accord. 

Lat.,  Justus.  Ital.,  giusto.  Berry,  Jusse,  Jut,  Jute  (nivelé). 
Bourg.,  jeuste.  Prov.,  /ust.  Vx.  h\,juss. 

Jeûstement,  adv.,  justement,  exactement. 
Bourg.,  Jeusternan. 

JiCLE,  s.  f.,  petite  seringue  en  sureau,  qui  sert  d'amusette 
aux  enfants. 

Berry,  gille.  Bourg.,  chlclc.  Bress.,jiccle.  inra,  gicle.  Maine, 
cannegiloire.  Montr.,  gicle.  Morv.,  jighi,  j:icle.  Norm.,  giloire. 

JiCLÉE,  s.  f.,  jet,  jaillissement  :  «  En  passant  proche  de  la 
voiture  à  Jacot,  j'tai  étrapé  eijne  jiclée!!...  »  Quelques- 
uns,  comme  pour  le  verbe,  pencheraient  pour  Gicler. 
Plusieurs  patois  leur  donneraient  raison;  mais  pourquoi 
s'éloigner  àejaculari? 

hsit., /actum.' Berry,  jille.  Dauph.,  «/tcZée.  Genev.,  regiclée. 
Jura,  gicle,  jicle.  Lang.,  gisclàda.  Maine,  gilée.  Midi,  rejiscle. 
Morv.,  gighiot.  Norm.,  jilée.  Prov.,  giscle.  (V.  Jiclot.) 

JiCLER,  V.  tr.,  lancer  de  l'eau,  de  la  boue,  etc.,  et  v.   intr. 
jaillir  avec  force  d'un  jet  d'eau,    d'une  petite  seringue, 
d'une  flaque.  Très  imitatif. 

Lsit.,  jaculari,  regicere.  Berry ,  jillcr,  giglcr,  zigler.  Bourg., 
j'iclai,  chiclai.  Dauph..  rejicler.  Forez,  jiclà.  Fr.-Cté,  chiclâ. 
Frib?,  zicliar.  Genev.,  gicler,  gigler,  rejicler.  W-M-oXne,  giler . 
Jura,  gicler,  giler.  Lang.,  regiscla.  Lyon.,  giclo,  jiclo.  Midi, 
rejiscler.  Montr.,  gicler.  Morv.,  jighier,  zicler,  :;ig(er.  Norm., 
ziguer,  ziler,  giler.  Poit.,  giler.  Vro'v.,  gisclar.  Suiss.  r., 
dgicla.  Toul.,  regita.  Vend.,  gilâer.  Vx.  fr.,  /alir.  (V.  Jiclot, 
Jicleràte.) 

JiCLERÔTE,  s.  f.,  petite  seringue  que  se  façonnent  les  enfants, 
à  l'aide  d'un  tube  de  sureau  et  de  tampons  de  chanvre 
humide.  Comme  cet  instrument  ne  peut  avoir  le  luxe  d'une 
douille,  on  pratique  un  trou  près  du  haut  du  tube,  qui  par 

25 


234      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

ce   moyen  aspire  très   bien   l'eau  et   la  renvoie   encore 
mieux. 

Berry,  jillouére.  Bourg.,  chiècle.  Bress.,  jlclote.  Cogn., 
fchliquetoére.  H'-Maine,  gilée.  Jura,  gicle.  Morv.,  zicle. 
Norra.,  éliençoure,  éclisse.  Poit.,  éciissouère,  siclouère,  gui- 
choire.  (V.  Jicle,  Taperiau.) 

JiCLÔT,  S.  m.,  et  JicLÔTE,  s.  f.,  petit  jet  d'eau,  ce  que  peut 
envoyer  une  Jicle,  ou  un  corps  frappant  dans  l'eau;  tache 
de  boue  qu'on  se  fait  en  marchant,  ou  qu'envoie  la  roue 
d'une  voiture,  le  sabot  d'un  cheval,  etc. 

Lat.,  jactus.  Ital.,  getto.  Berry,  gitte.  Bourg.,  chicclô. 
Montr.,  giclot.  Prov.,  get.  Vx.  fr.,  g  es,  g  test,  giet,  gect,  gees. 
(V.  Jiclée.) 

J'ment,  s.  f.,  jument.  Le  paysan  n'emploie  jamais  Va  dans 
ce  mot  :  «  Ma  j'ment.  » 

Lat.,  jumentum.  Ital.,  giumeato.  Berry,  Jernent.  Bourg., 
jeman.  Montv. ,je/nent.  Morv.,  s' ment.  F low.,  jument.  St-Am. 
cavala.  Vx.  iv.,  jumen. 

Jôë,  s.  f.,  joue,  que  notre  jeunesse  montre  si  souvent  fraîche 
et  rosée. 

Ital.,  gota.  A-unis, j'otte.  'Ben'y,jotte.  Morv..  jô.  Poit.,  jotte, 
Prov.,  gauta.  Wall.,  joé.  Vx.  fr.,  jode,  joe. 

JoiGNU,  part,  dejoinre,  joint,  réuni. 
Morv.,  joindu.  Saint.,  joignu. 

JoiNRE,  V.  tr.,  joindre,  réunir. 

hat. ,ji(ngere.  Ital.  giugncre.  Prov.,  janher,  junger,joinchcr. 

JoiYoû,  adj.,  joyeux. 

Ital.,  gioioso.  Bourg.,  joyou.  Vrov. ,  Jogos.  Vx.  tr.,  joùs, 
joious,  joieus. 

Joliment,  adv.,  beaucoup,  exagérément  :  «  Dis  donc,  ô  n'é 
pas  gein-né;  quand  on  li  a  olïri  des  dragées,  ôl  en  a  joli- 
ment pris!  » 

Cogn.,  Joliment.  Prov.,  Joliament.  Vx.  ir.,  jolicment,  joli- 
vement. 

JoLiTE,  et  JouLiE,  adj.,  analogue  de  gentite. 

Ital.,  giulivo.  Honrg, ,  joliôte.  Morv.,  soulic.  Saint.,  Jolitc. 
Vx.  fr.,  joliue,  jolye,  joliete. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  235 

JoNFER,  V.  intr,,  occasionner  une  douleur  sourde,  que  l'on 
comprime.  On  dit  d'un  mal  de  dents  :  «  Ça  jji '^on/e.  » 
Bress. fjonfer.  Montr.,  jonfcr. 

JoNFLER,  V.  intr.,  souffler,  respirer,  ronfler.  Se  dit  en  parlant 
d'une  fiarde,  d'un  diable,  d'une  toupie. 

Norm., /o/i/Zer.  (V.  Baronfler.) 

JÔR,  s.  m.,  jour,  clarté,  lumière  :  «  Vtu  bente  l'ver,  feignant; 
y  fait  grand  y ôr.  »  —  «  Que  brusine!  I  n'fait  tant  s'ment 
pas^ôr  pou  lire.  » 

Lat.,  diurnus.  Itai.,  giorno.  Bourg.,  joi\  jô.  Bress.,  zor. 
Lorr.jjo.  Lyon.,yor.  Mac,  jor,  Joa.  Montr.,  yeM.  Morv.,  ^ôr, 
20ur,so.  Niv.,  zor.  Vie,  jauv,  j or,  àjou  fait  (à  la  chute  du 
jour).  Prov.,  /orn,jor.  St-Am.,  ^o?<.  Sav.,  ^eur.  Vx.  iv.,jurz, 
jor,  Jorn. 

JÔRNÈE,  S.  f.,  journée  :  «  La  pauv'fille,  aile  va  enjornée; 
ma  à  n'gagne  pas  gros.  »  Indépendamment  de  jornée, 
nous  avons  journau.  (V.  ce  dernier  mot.) 

ItaL,  giornata.  Berry,  jornée.  Bourg., /o/iée.  Dauph.,  jonrna. 
Lira.,  journado.  Morv.,  zornce.  Prov.,  joraada.  St-Am., 
zournô.  Sav.,  zeiirnâ.  Vx.  fr.,  jornée. 

JÔT,  Jou,  Juc,  s.  m.,  juchoir,  perchoir. 

Làt,  jug uni.  Berry, yac.  Bourg.,  juchai,  guiche.  Champ., 
jouque.  Fiand.,  joutjuc.  Genev. ,  Jot.  H'°-Auv. ,  dzu.  Montr., 
JOU.  Nam., yoc.  Norm.,  juc.  Poit.,  j'u.  Toul.,  Joue,  jouquié. 
Vx.  iv.,  juc,  joue.  (V.  àJàt,  Jouchoù.) 

JÔT  (à),  Jou  (à),  Juc  (à),  loc.  adv,,  juché.  S'emploie  en  parlant 
des  oiseaux  qui  sont  sur  le  juchoir  :  «  La  poule  et  àjbt.  » 
Bress.,  àjou.  Genev.,  à  jot.  (V.  Jàt.) 

Jou,  pr.  pers.,  je. 

Lat.,  ego.  ItaL,  io.  Toul.,  jou,  j/eu,  yu. 

JoucHER,  V.  intr.,  jucher,  se  hisser  sur  le  perchoir. 

Berry,  gucher,  gueucher.  Bourg.,  juchai.  Lim.,  juchas. 
Morv.,  jeucher.  Nam.,  joker.  Norm.,  hucher,  huchier.  Toul., 
enjouca.  WaW. ,jouki.  Vx.  ti\,  joquier,  juchier. 

JoucHoû,  s.  m.,  juchoir. 

Berry,  guche,  juche,  gueuche.  Montr.,  juchou.  Morv., 
jeuche.  Fie,  joukoir.  Vx.  h..,  jucheoir. 


236      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNOCHALONNAIS 

Jouer  de  la  musique,  loc.  redondante,  jouer  d'un  instrument 
quelconque. 
Saint.,  même  locution. 

JouERiE,  s.  f.,  jeu,  amusement:  «  L'feignant,  ô  n'ain-me  que 
les  joueries.  »  (V.  Jeu.) 

JouEÛ,  adj.,  joueur. 

Ital.,  giuocutore.  Bourg.,  juea.  Bresse,  juriau.  Morv., 
j'ouraU.  Vvov.,  joguador.  Vx.  tv.,jouere. 

JouFLARD,  adj.,  jouflQu,  rebondi  des  joues,  bien  nourri. 
Geney.,joufflard. 

JouPER,  V.  intr.,  gambader,  sauter. 

Morv.,  jouper  (sauter  à  pieds  joints).  (V.  Ginguer.) 

JouRNAU,  et  JoRNAU,  S.  m.,  journal,  feuille  périodique. 
Ital.,  giornale.  Morv.,  zornau,  ^ournatt. 

JouRNAU,  et  JoRNAU,  S.  m.,  journal,  mesure  agraire  d'environ 
cinquante  ares.  Équivaut  à  peu  près  à  ce  qu'un  homme 
peut  labourer  en  un  jour.  Quantum  vt<o  die  per  boum  avare 
poteat.  ((  01  é  prou  chiche;  ô  se  m'sure  le  pain  por  se 
bailler  eunjornau  d'târe  de  pus.  » 

hat-,  diu  ma  lis.  Ba,s-\a.t.,  Joraalis.  Bervy,  j'ournau.  Cogn., 
jôrnau  (1/3  d'hectare).  Marne,  journel.  Morv.,  j'ornau.  Prov., 
jornau,  j ornai.  "Wall.,  Journel. 

Jouter,  v.  intr.,  bégayer  :  «  J'ii  dirai  son  fait  &3ins  jouter.  » 
—  ((  Quand  ôl  a  qu'ét'chous'  qui  l'tracasse,  ajoute,  ajoute, 
qu'ô  n'peut  pu  parler.  » 

Bress.,  jeter.  Monir.,  joter.  St-Ara.,  pequelyë.  TouL.  que- 
queja. 

JuGEÔTE,  s.  f.,  jugement,  sens  droit,  intelligence  :  «  Que  v'tu 
qu'ô  fasse?  0  n'a  pas  por  deux  yards  de  jugeote!  » 

Ital.,  giudicamento.  him.,  juj a mén.  Prov.,  jutjamen.  Xoul., 
jutiomen.  Vx.  tv.,  j  aise,  jugement.  (V.  Estoc,  CompetXrnote.) 

Jûi,  V.  intr.,  jouir. 

Lat.  et  Ital.,  gauderc.   Genev.,  gaudir.   Morv.,  jui.   Prov. 
gaudir,  jausir,  gau^lr. 

JÛISSEMENT,  s.  m.,  jouissance. 

MoTV.,  juissance.  Prov.,  gaudensa. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      237 


Labôr,  s.  m.,  labour. 

Bourg.,  laibor.  Morv.,  laihôr.  Vx.  fr.,  lahor. 

Labôrage,  s.  m.,  labourage. 

Bourg.,  laibor aige.  Morv.,  laiboaeraige,  laiboulmize.  Prov., 
laboratge.  Vx.  fr.,  labôrage,  labouraigf^. 

Labôrer,  V.  tr-,  labourer. 

Lat.,  laborare.  Ital.,  Icworarc.  Bourg.,  laborai.  Morv., 
laiboucrer,  laiboiiher,  rabourer.  Pic.,  rabourcr.  Prov.,  la- 
hor ar,  laorar,  laarar.  Vx.  fr.,  laborer. 

Labôreu,  s.  m.,  laboureur. 

Lat.,  laborator.  Ital.,  lavoratore.  Bourg.,  laborei,  laihorei. 
Metz,  rèborous.  Morv.,  laibouèrou,  laibouliea.  Prov.,  Inbo- 
rador.  laboralre.  Vx.  fr.,  laborcor,  laborcre. 

La  CELLE,  pr.  dém.,  celle-là. 
Pic,  cholle-lo.  (V.  Les  ceux.) 

Lâcher  de   l'iau,   loc,    uriner.   J'ai   entendu   souvent  les 
paysans  d'une  localité  voisine  dire  :  «  Faire  de  l'iau.  » 
Norra.,  gâter  de  l'eau. 

Laçôt,  s.  m,,  lacet,  à  l'usage  des  corsets,  et  aussi  filet  pour 
prendre  certain  gibier. 

Bourg.,  laissa.  Nam.,  lasèlc.  Prov.,  lassai.  Wall.^  lèèète. 
Vx.  fr.,  lasset. 

Lagosser,  V.  tr.,  laver,  mais  mal  :  «  V'ià  du  joli  linge,  ma 
fi!  y  é  prou  lagossé.  )) 
Morv.,  lagocher. 

Lagôt,  s.  m.,  lavoir,  petite  pièce  d'eau,  flaque. 

Béarn,  lagot.  Moutr.,  lagot.  Morv.,  lagô.  Poit-,  lacquasse. 
Suiss.  r.,  lagot. 

Lai,  art.  et  adv.,  la,  là.  Plus  usité  dans  la  Côte-d'Or. 

Lat.,  illac.  Ital.,  là.  Bourg.,  lai.  Il.-V%  illé.  Mac,  liaumou 
(là-haut).  Montr.,  lai.  Morv.,  lai.  Niv.,  let.  Prov.,  /a//,  lai. 
Vx.  fr.,  là. 


238      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

LÈë,  S.  f,,  lé  d'étoffe,  de  toile,  etc.  :  «  J'engraisse;  i  m'faut 
mét'nant  eùne  lèë  d'pus  à  mes  jupes.  » 
Lat.,  latus.  Ital.,  lato.  Prov.,  lat.  Vx.  fr.,  lèe,  let,  lai. 

Lain-ne,  s.  f.,  laine.  Cité  pour  la  prononciation  nasale. 

Lat.,  Ital.,  Esp.,  lana.  Prov.,  lana.  Sav.,  la/ma.  Vx.  fr., 
laine. 

Laitusson,  s.  m.,  tithymale,  plante  qui  se  mêle  au  foin,  et 
qu'il  faut  en  séparer  au  moment  de  la  récolte,  parce  qu'elle 
lui  communique  une  mauvaise  qualité. 
Monti'.,  laitusson. 

Lambroche,  s.  m.,  lambruche,  petit  raisin  sauvage  (Mervans). 
Lat.,  labrasca.    Ital.,    lambrusca.  Berry,  lambroche,   larn- 
breuche.  Prov.,  labrasca.   Vx.   fr.,  lambrusche,   lambrusque, 
lambrunche. 

Lande,  s.  f.,  lente,  œuf  de  pou,  que  les  mères  ne  craignent 
pas  assez  et  laissent  sur  la  tête  des  enfants. 

Bas-lat.,  lens.  Berry,  tende.  Bourg.,  lens,  lente.  Dauph., 
lande.  Genev.,  lande,  landine.  Hain',  lin.  Lang.,  lande.  Lyon., 
lande.  Nam.,  tende,  lène.  Poit. ,  lande.  Prov.,  tende.  Wall.» 
len.  Vx.  fr.,  lente. 

Landin,  s.  m.,  landier,  ancien  chenet  à  tige,  dont  l'extrémité 
évasée  pouvait  recevoir  une  tasse  où  tenir  chaude  une 
boisson  quelconque.  Mot  qui  a  pris  l'article. 

Bas-lat.,  anderius.  Berry,  languet.  Forez,  ander.  Jura,  andin 
(l'andin).  Monte,  andier  (Tandier).  Morv. ,  landiè.  Poit., 
lande,  landin.  Wall.,  andi.  Vx.  fr.,  cndier,  andier. 

Langue  (repasser  sa),  loc,  babiller  à  cœur  joie.  Manière  de 
dire  imagée  et  bien  dans  la  couleur,  dans  l'esprit  du  pays. 
C'est  comme  le  régusou,  qui  repasse  son  couteau  pour 
qu'il  coupe  mieux. 

Languir,  v.  intr.,  désirer,  attendre  impatiemment,  ou  dou- 
loureusement :  «  y  languis  d'vous  vouer.  » 
Lat.,  languere.  Ital.,  languire.  Vx.  fr.,  languir. 

Lantârne,  s.  f.,  lanterne,  d'un  usage  constant  pour  aller  eu 
veillée  les  soirs  d'hiver. 

Ital.,  lanterna.  Prov.,  lanterna.  St-Am.,  lètarna.  Vx.  fr., 
lanterne. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  239 

Lâr.  s.  m.,  lard,  et  au  figuré  embonpoint.  D'un  qui  engraisse  : 
((  0  fait  son  làr.  » 

Lat.,  lardant.  Ital.,  lurdo.  Bourg.,  là.  Prov.,  lar,  lart. 
Vx.  fr.,  lar,  lart. 

Lardanche,  s.  f.,  mésange  bleue.  Espèces  nombreuses. 

Bas-lat.,  mc^cn^a.  Hain',  masinque.  Lièg.,  masincic.  Montr., 
lardanche.  Pic,  masingue.  Ponth.,  imbesiiigue.  Wall., 
mazenye.  Vx.  fr.,  mcsang/ie. 

Larme,  s.  f.,  goutte,  petite  quantité  :  «  V'iàdu  bon  riquiqui; 
peùrnez-en  eùne  larme.  » 

Lat.,  lacri/ma.  Ital.,  lagrima.  Fr.-Cté,  larmoitc.  Morv., 
lairine.  Nam.,  larme.  Prov.,  lacrima,  lacrema,  lagrema. 
Wall.,  lame.  Vx.  fr.,  lairme,  larme. 

Larmier,  s.  m.,  soupirail  de  cave. 

Bourg.,  larmei  (coin  de  l'œil).  Fr.-Cté,  larmie.  Morv.,  lair- 
miè.  Wall.,  lar  mire  di  cave. 

Larmuse,  s.  m.,  lézard  gris,  lézard  de  muraille. 

Lat.,  lacerta  mari.  Dauph.,  larmuse.  Lyon.,  larmu;si, 
larmouésl,  larmise.  Vx.  fr.,  larmi(i;xc.  (V.  Lisard.) 

LASSER,  V.  tr.,  laisser  :  «  Zà.s-.se-me  donc  tranquille!  » 

Lat.,  laxare.  Ital.,  lasciare.  Mac,  laissi.  Pic,  laieher, 
laissier.  Prov.,  laissar,  laisar.  St-Am.,  lâche.  Vx.  fr.,  lazsier, 
lesser,  laissier. 

Lavasse,  s.  !.,  forte  ondée,  et  aussi  soupe,  tisane,  boisson 
trop  allongée  :  «  0  m'a  fait  bouére  eun  cop;  y  étôt,  ma  fi! 
d'ia  vrâ  lavasse.  » 

Bourg.,  laivaisse  (et  réprimande  sévère).  Nam.,  lacanye. 
Prov.,  laoaci.  Wall.,  lavas'.  Vx.  fr.,  lavace. 

La-vau,  adv.,  là-bas,  au  loin. 

Fland.,  la-vau.  Montr.,  là-vau.  Morv.,  daivau.  Rouch., 
lavau,  lauvau.  (V.  Liavan,  And'lai.) 

Lavier,  s.  m.,  évier.  Encore  de  la  famille  des  mots  qui  ont 
pris  l'article  :  l'évier,  levier,  lavier. 

Basq.,  auger.  Champ.,  lavier.  Forez,  aigïiie.  Liég.,  aiwi. 
Mons,  aitteu.  Montr.,  aguicr.  Morv.,  agie,  lévié.  Norm., 
lavier.  Pic,  lavier.  St-Am.,  lavicû.  Wall.,  aivi  (puisoir). 
Vx.  fr.,  euwier. 


240  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

LÀ-vou,  LÀ-vou  c'que?  adv.,  où,  là  où,  où  est-ce  que? 
((  Lù-vou  cqué  la  p'tiote?'  AU'  patevôle  cor  por  iqui,  bé 
seùr!  » 

Berry,  làoou.  Bourg.,  lai-rou.  Bugey,  uo.  Lorr.,  lavoù,  doii. 
Mac,  qua,  quevâ.  Montr.,  qoua.  Morv.,  laicou.  Poit.,  Icwon, 
lacour.  Vend.,  Icœoure. 

Lequeùl,  Laqueùle,  pr.  rel.,  lequel,  laquelle- 

St-Am.,  louquôlou,  laquôla.  Vx.  fr.,  liquel,  li  quel. 

Les  ceùs,  pr.  dém,,  ceux-là. 
Morv.,  le  ceu.  (V.  La  celle.) 

Lét'e,  s.  f.,  lettre  de  l'alphabet,  épître,  missive. 

Lat.,  littera.  Ital.,  lettera.  Berry,  lètre.  Bourg.,  lôttre. 
Morv.,  lette.  Prov.,  lettra,  letra.  Vx.  fr.,  Ictre,  leitre. 

Leû,  s.  m.,  lieu,  endroit,  pays. 

Lat-,  locus.  Ital.,  luogo.  Bourg.,  ieû,  lei.  Fr.-Cté,  lue.  Lorr., 
leâ.  Montr.,  leu.  Morv.,  len.  Pic.,  lia.  Prov.,  loc,  luoc,  luec. 
Wall.,  lue.  Vx.  fr.,  liu,  leu,  lieu. 

Leû,  et  Leûs,  pr.  pers.,  leur,  à  eux  :  «  Je  leùs-j  dirai.  » 
Berry,  leux.  Bourg.,  la,   los,  lote.   Il.-V%   leu,    lou.   Lim., 
lours.  Lorr.,  zote.  Morv.,  lieu,  ieu.  Norm.,  leux.  Prov.,   loj\ 
Ihor,  lur.  Wall.,  leu.  Vx.  fr.,  lo7\  lur. 

Leûmeire,  s.  f.,  lumière. 

Lat.,  lumen.  Ital.,  lumiera.  Bourg.,  lemeire,  lemayre.  Bress., 
lemire.  Hain',  leumière.  Lim.,  lumieir  o..  horv.  ,  eulmève, 
Imère.  Prov.,  lumera,  lumeira,  lumneiva.  Rouch.,  leumière. 
St-Am.,  lemire.  TouL,  lum,  lumenario.  Wall.,  loumire.  Vx. 
fr.,  lumière. 

Leûmeire  (éleùmer  la),  loc,  allumer  la  lampe,  la  bougie. 
Solécisme  des  plus  familiers  à  tous,  et  caractéristique. 
Toléré  cependant  par  Littré. 

Le  Midi,  et  d'autres  régions,  disent  aussi  :  «  Allumer  la 
lumière,  w 

Leûmerôte,  s.  f.,  lumignon,  petite  lumière,  petite  lanterne. 
Berry,  luminon   (bougie  de  résine).   Lille,  leum'rotte   (ver 
luisant).    Pic,    lumion,    lumichon.   Rouch.,    leumeurete    (feu 
follet).  Wall.,  leumeroite.  Vx.  fr.,  limignon. 


LANGAGK    l'OPUt.AIllE    \KRDUNO-CII ALONNAIS  241 

Leûne,  s.  f. ,  lune  :  ((  Au  chu'  da  la  Icâne...  »  ^u  figuré,  trou, 
vide,  etc.  A  un  qui  n'avait  pas  mangé  depuis  la  veille  : 
((  Vos  devez  avouer  eùne  fameuse  leùne  dans  l'venlr'.  » 

Lat.  et  Ital.,  laiia.  Houri:;.,  U'iifjiic.  Lim.,  /kiih.  Lyon.,  Iiiii((. 
Morv.,  leiinc.  Pic,  Icitiic,  lèiiiy.  Prov.,  imiu,  Ihuna.  St-Ain., 
luiia.  Sav.,  lena.  Roacli.,  U'iiue.   Wall.,    leùne.  Vx.  l'i-..    lune. 

Leùver,  V.  tr.,  lever,  soulever. 

Lat.  et  Ital.,  lecare.  Bourg.,  leiicai,  lecai.  Genev.,  lever  la 
table  (la  desservir).  Lini.,  lècas.  Lorr.,  loucè.  Morv.,  leuver. 
Prov.,  lecar.  Vx.  fr.,  lerer,  liccer. 

Leùver  (se),  v.  pr.,  se  lever,  sortir  du  lit  :  «  0  fi'leno''  tard, 
é  pi  ô  va  bouére...  » 
Bourg.,  st'  learai.  Lorr.,  se  lucer.  Mac,  se  lircr. 

Lî,  s.  m.,  lit  (le  distinguer  des  deux  mots  suivants). 

Lat.,  lectus.  Ital.,  letto.  Bourg., /r.'j'.  Nam.,  leit.  Norni.,  Uct. 
Prov.,  leit,  leich.  lie;/.  Wall.,  lat.  Vx.  l'r.,  llct. 

Li,  temps  de  verbe,  lu  :  ((  J'ai  //  ma  lei^'on.  » 
Bourg.,  li.  Morv.,  li.  (V.  Lisu.) 

Li,  pr.  pers.,  lui,  elle  :  «  J'vons  li  dire.  » 

Il.-V%  /r",  lu.  Morv.,  li.  Poit.,  //,  //^.  Wall.,  In.  Vx.  fr.,  li, 
lei,  ///,  lu;/. 

Li.ÀvAN,  adv.  de  lieu,  là-bas. 

Forez,  layan.  Montr.,  liaucans.  Morv.,  laàoan.  (V.  Là-vau^ 
And' lai.) 

r 

LibÀrté,  s.  f.,  liberté,  permission,  hardiesse. 

Lat.,  libertas.  Ital.,  libcrtà.  Morv.,  libarlè.   Prov.,  libcrtat. 

Libre,  adj.,  déluré,  leste,  étourdi  :  «  Aile  é  prou  gentite;  ma 
aile  é  trop  lihi^e.  » 
Lat.,  liber.  Ital.,  libero.  Morv.,  libe.  Prov.,  livre,  Hure. 

LiCHÉE,  s.  f.,  lapée,  lippée,  ce  que  la  langue  prend  en 
léchant,  en  buvant,  en  lapant  :  «  Je  l'y  é  tendu  la  tasse; 
ô  vous  en  a  pris  eùne  fameuse  lichée.  » 

LicHER,  V.  tr.,  lécher,  avaler,  boire  avec  trop  de  complai- 
sance :  ((  Le  gas,  ôl  a  liché  toute  la  boutoille!  » 

Ital.,  leccare.  Berry,  licher.   Bourg.,   lâchai.  Bress.,    lécer. 

26 


242  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Maine,  lichcr.  Morv.,  liclœr.  Norm.,  lie  lier.  Pic,  licher, 
léker.  Poit.,  lichai  (manger  avec  gourmandise).  Prov.,  lecar, 
leehar.  Wall.,  lècid.  Vx.  fr.  ,  Icchier,  leschier,  leicher. 
(V.  Loichçr.) 

Licher,  v.  intr.,  glisser  :  «  Prends  garde!  y  a  pleùvu,  y  é 
mau  ;  t'pourôs  beii  licher. 
Flam.,  glitscn.  Vx.  fr.,  (jlicicr,  glinscr,  (jlneicr. 

LicHERÔTE,  S.  f.,  glissoire  :  «  Si  t'voux,  en  sortant  d'clâsse, 
y  a  eùn  endrèt  oùsqu'y  a  jaulé;    j'y   pousserons    eîin' 
licherote.  » 
Pic,  glincliade.  (V.  Glissière.) 

LicHoii,  s.  m.,  lécheur,  qui  aime  à  boire,  qui  caresse  trop 
souvent  la  bouteille. 

Berry,  lichc,  licheax.  Champ.,  llchard.  Forez,  Uche,  H'- 
Maine,  lichoux.  Morv.,  liehou. 

Licô,  s.  m.,  licou,  ou  licol. 
Bourg.,  licô.  Vx.  fr.,  licol. 

LicÔTE,  s.  f,,  loquet  de  porte;  suffit  aux  paysans. 
Morv.,  licotte.  (V..  Loijact.) 

LicÔTER,  v.  intr.,  osciller,  se  dit  d'une  porte  dont  la  licote  a. 
trop  de  jeu.  —  Siguifie  aussi  :   soulever  le  loquet  de  la 
porte. 
Morv.,  licoter. 

LiGNÔL,  s.  m.,  ligneul,  fil  poisseux  des  cordonniers.  La  pro- 
nonciation supprime  volontiers  le  l,  ce  qui,  à  l'oreille,  fait 
ressembler  ce  substantif  à  l'adjectif  lignât,  qui  suit. 

Berry,  lignou.  Bress.,  ligno.  Cogn.,  lignou.  Genev.,  Ugnu. 
Il.-V%  ligneux.  Midi,  lignol.  Montr.,  ligna.  Morv.,  ligneau. 
Norm.,  ligueur.  Poit.,  lignou.  Prov.,  lignoou.  Rouch.,  queu- 
dejî.  Wall.,  linioule,  Ugnau.  Vx.  fr.,  lignel. 

LiGNÔT,  adj.,  poli,  uni,  glissant  :  ((  Méfie-te!  t'vas  licher;  la 
gliace  é  ben  lignite.  » 

Limace  du  foie,  loc.  (V.  Dauge.) 

Bourg.,  leniaisse.  Morv.,  lémaice,  clniaice. 

LiNCiô,  s.  m.,   linceul,   drap   de   lit.    A  Saint-Usuge,   une 


LANCAGE  POPULAIRE  VERDUNO  CHALONNAIS      243 

mariée  reçoit  toujours,  de  sa  mère,  U)  matin  de  ses  noces, 
une  pièce  de  toile,  destinée  à  lui  servir  de  lincîeul.  Malheur 
à  qui  la  taillerait  pour  s'en  faire  du  linge! 

hat. .  lin ieolam.  Bas-lat.,  Ic/ulolas.  Ital.,  linc^uolo.  Berry, 
Uiicieux.  Bourg.,  laiiccu.  Daupli.,  Iciiwieu,  Icnccu.  Forez, 
lencio,  leiisio.  Lang.,  leasoou.  Lyon.,  li/içou.  Merv.,  lansu. 
Montr.,  lança.  Pic,  llncheux.  Prov.,  linsooii,  linsol,  lanssol. 
Rom.,  linsol.  St-Am.,  lèça.  Vx.  fr..  liuvicux,  linchiiis,  linsuel, 
linceu. 

LisÀR,  s.  m.,  lézard  :  ((  Le  p'tiot  drôle!  ô  s'chaute  au  soulô 
c'ment  eùn  lisdv.  » 

L?Li.,'  lacer  tus.  Ital.,  luccrta.  Ben-y,  li^ard,  liserd.  Bourg.. 
lii^ar.  Genev.,  liu:^ard.  Morv.,  Injàr.  Prov.,  lazert,  lausert. 
Vx.  fr.,  Icisavde,  lisardc,  li^ari.  (V.  Lanunse.) 

Lisoû,  s.  m.,  liseur,  mangeur  de  livres  sans  profit.  On  cite 
plaisamment  lisarde,  que  nous  ne  recueillons  cependant 
pas. 
Bourg.,  Vucà.  Vx.  fr.,  leisor. 

LissivE,  s.  f.,  lessive  :  «  La  Jean-néte  s'é  métu  à  couler  sa 
lissive.  ))  (Ed.  du  Méril  voit  dans  couler  une  aphérèse 
d'écouler.) 

Lat.,  lixiei.a.  Ital.,  liscicia.  Genev.,  lissice.  Vx.  fr.,  lexive, 
lecive. 

LissivER,  V.  tr..  faire  la  lessive. 

LissivEusE,  s.  f.,  laveuse,  lavandière,  femme  qu'on  loue 
pour  donner  ses  soins  à  la  lessive. 

Berry,  lessircusc.  Bourg.,  lairandeirc ,  laiisoasc.  Lim.  , 
biijandièro.  Morv.,  lairoacc. 

Lissu,  Lussu,  et  Lussiau,  s.  m.,  eau  de  lessive. 

Lat.,  lixieiam.  Berry,  lesn'f,  Icssti,  lissu.  Bourg..  ler(ssu. 
Bress.,  lissu.  Champ.,  lèc/iu,  lessu.  Chatiil.,  léchu.  Cogn., 
lessit.  Fr.-Cté,  Icssu,  lissu,  lisiè.  Genev.,  lissu.  H'^-Marne, 
tcssa.  Jura,  less((S.  Midi,  lissieu.  Montr. ,  lissu.  Morv.,  rdiu, 
luc/ii,  lussu.  Voit.,  lissi.  Prov.,  lissiu,  Icissiu.  Sav.,  lècliu. 
Suiss.  r.,  lissu,  linsa,   lien;u.  Yon . ,  Ivssu.   Vx.    fr.,  Icssieu. 

Lisu,  part,  de  lire  :  «  Mon  live  ôt  tout  li.'^u.  »  Quand  il  faut 


244      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

dire  :  lu,  le  paysan  dit  :  liau;  mais  quand  il  faut  dire  :  lui, 
le  paysan  dit  :  lu,  ou  H. 
Berry,  Usa.  Rourg.,  li.  (V.  Li.) 

Liv'e,  s.  m.,  livre. 

Lat.,  liber.  Ital.,  libro.  Lorr.,  lice.  Morv.,  Uv'c.  Prov., 
libre.  Vx.  fr. .  livre. 

LivRÔT,  s.  m.,  petit  livre.  Ici  le  r  se  prononce. 
Ital.,  libretto.  Bourg.,  livra.  Vx.  fr.,  livret. 

LoiCHE,  s.  f.,   lèche,    tranche  de  pain   assez  mince,   pour 
tremper  ou  faire  rôtir. 

Ital.,^/sc«.  Berry,  liche.  Bourg.,  loiche.  Daupli.,  leichi, 
letclto.  Montr.,  lauche.  Morv.,  loiche.  Norm.,  lèche.  Pic, 
lékc.  Poit.,  liche.  Prov.,  lisco,  lesco.  .Sniss.  r.,  letsche. 
Vx.  fr.,  lesche,  lèche. 

LoiCHER,  V.  tr.,  lécher. 

Ital.,  leccarc.  Berry.  lichcr.  Bonvg.,  lochai.  loichai.  Morv., 
loicher.  Pic,  lèLer.  Prov.,  lecar,  Icchar.  Wall.,  léchi. 
(V.  Licher.) 

Loin,  adv.,  longtemps  :  «  01  é  proche  de  descendre;  ô  n'en 
a  pas  pour  loin.  » 
Bourg.,  lôgne.  Lille,  loin. 

Loisi,  s.  m.,  loisir,  bon  temps. 

Bourg.,  loisi,  lé;i/.  Dauph.,  lei.ri.  Lim.,  lèc^ei.  Pic,  laisi. 
TouL,  lec-e.  Wall.,  lôr/i.  Vx.  fr.  ,  Icisir,  loi/sir.   (V.  Louâiji.) 

LoLÔT,  s.  m.,  lait;   quelquefois  pour  indiquer  une  boisson 

douce. 

Lat.,  laetifi.  \{a\.,  latte .Yiouvg..,  lai ssca,  /a/sseaa (petit  lait). 

Bress.,  las.'^nj/.  Bugey,  Ira^sa;/.  Fr.-Ctë^ /ra7ro?!  (lait  inférieur). 

Hain',  lachau,  lassait.   Lorr.,   laicè,   là.    Montr.,   laissieau. 

Nam.,  lasia .   Prov.,  lach,   larj,  lai/t.   Rouch.,   lassau,  lolo. 

St-Am.,  le.  Sav.  lassai.  Wall.,  lésai,  lolo.  Vx.  fr.,  lot,  lalct. 

♦■ 
LoPER,  V.  tr..  boire  beaucoup,  avec  excès. 

Morv . ,  loper .  (V .  Loquer .  ) 

Lopoû,  s.  m.,  qui  boit  trop,  ivrogne. 
Morv.,  lopou. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  245 

LÔQUENCE,  S.  f.,  éloquence,  beau  parler.  Ce  mot,  que  nous 
avons  encore  entendu,  est  rarement  employé;  il  appartient 
plutôt  au  patois  de  La  Monnoye.  * 

Lat.  ,  cloqncntia.  Ital.;  eloquoiula.  Bourg.,  lôquancc. 
Lorr.,  louquance .  Poit.,  loqtceiiGe.  Prov.,  cloquencia,  cto- 
quensa.  Saint.,  loqncnce. 

LoQUER,  V.  tr.,  boire,  lever  le  coude  :  ((  Lu?  la  jôrnée 
durant,  ôl  a  loqwUVcWOw  les  aimis.  »  (V.  Loper.) 

Loquet,  s.  m.^  hoquet.  Encore  une  fois  l'article  fondu  avec 
le  nom.  On  entend  fréquemment  dire  : 

J'ai  l' loquet. 
Dieu  m' In  fait. 
Vie'  Jésus!... 
Je  n'iai  pus. 

Les  bonnes  femmes  apprennent  cette  formulette  aux  enfants, 
prétendant  qu'on  fait  cesser  le  hoquet  en  la  prononçant. 

Cogn.,  loquet.  Genev.,  loquet-  Lira.,  sa/ir/u.  Morv.,  cliicot. 
Poit.,  loquet.  Wall.  hiHfe. 

Dans  ce  mot,  absolument  rien  du  loquet  de  porte. 

LÔR,  adj.,  lourd,  qui  a  le  vertige.  Se  dit  du  mouton  qui  a  le 
lordbt.  (V.  ce  mot.) 

Berry,  lovdaud.  Bourg.,  lor.  Morv.,  lor^  lardais.  Vx.  fr., 
lur,  lurd,  lor,  lour. 

LoRDÔT,  s.  m.,  vertige  des  moutons.  Les  bêtes  ont  les  indis- 
positions des  gens,  et  les  gens  les  indispositions  des  bêtes. 
Je  me  rappelle  un  vieux  bonhomme  qui,  lorsqu'il  avait  la 
tête  un  peu  prise,  me  disait  :  «  Auj'd'heù,  i  n'vas  pas; 
j'ai  Vlordbt.  ))  On  appelle  aussi  lurdijt  la  pesanteur  de  tête 
que  le  buveur  éprouve  après  l'ivresse  :  «  Ah!  lasse-me 
donc!  te  n'vaux  pas  deux  yards;  t'as  Vlordbt.  » 

Berry,  lordéne,  lorderie.  Bourg.,  nirô.  Forez,  la.  lourde. 
Lim.,  louèijno.  Midi,  lourdun.  Montr.,  lordot.  Morv.,  ailoi- 
risseman,  ailordiiion.  Wall.,  lourdcrie,  lourdi.<e.  ^'x.  fr., 
lourderie.  (V.  Tournis.) 

Loij,  s.  f.,  loup,  et  personne  qui  vit  retirée  :  «  r)n  n'ie  vouét 
jamâ;  y  et  ein  vrâ  loù.  » 
Lat.,  lupus.  Ital.,  lupo.  Art  ,  Icù,  leup.  Bevvy,  loube.  Bourg., 


246      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO  CHALONNAIS 

loù.  Lorr..  ha.  Pic,  /eu.  Prov.,  l/i/i,  lop.  Rouch.,  Icu.  St-Am., 
Icà.  Sav.,  locu.  Wall-,  Ica.  Vx.  fr..  In,  (oa,  leu.  (V.  Loù- 
vairou.) 

Loua  ¥[,  s.  m.,  loisir,  délassement. 
Morv, .  loua  ni.  (V.  Loisi) 

LoûEiN,  s.  m.,  lien,  attache. 

Lat.,  Itgamen.  Ital.,  legamc.  Berry,  lian.  Bress.,  loin. 
Montr.,  loin.  Morv.,  louâteuve.  Norm.,  lian.  Prov.,  liani. 
Wall.,  loien.  Vx.  fr.,  loien.  Hem.  (V.  Loj/cùrc.) 

Louer,  v.  tr.,  lier,  attacher. 

Lat.,  ligare.  Ital.,  legare.  Hain'.,  loier.  Montr.,  louer.  Pic, 
leuj/er,  loj/er.  Prov.,  lif/uar,  liai-.  Wall.,  loii.  Vx.  ir.,  loiej\ 
Ijjcr.  (V.  Lor/er.) 

LouGER,  et  LoiGER,  V.  tr.  et  intr.,  loger,  habiter. 

Lat.,  locare.  Morv.,  loir/e/-,  loigicr.  Lorr.,  lougè.  Vx.  fr., 
lof/icr,  lojcr. 

LouïA...,  première  partie  de  trois  locutions  fondamentales 
employées  par  les  mariniers  dans  la  direction  de  leurs 
bateaux  :  Loida  cVavant,  maille  en  avant!  Louïa  (Vamltan, 
maille  au  milieu  !  Lon'ia  d'arriè,  maille  en  arrière  !  Celle-ci 
retient  quand  l'équipage  traverse  un  courant.  —  Ces  trois 
mailles,  utilisées  pour  la  traction  des  bateaux  lourds,  se 
tiennent  d'un  seul  côté  de  la  rivière;  mais  souvent  on  a 
besoin  de  faire  tirer  la  maille  sur  l'autre  bord.  (V.  Bcnu.- 
méri.)  —  Ce  mot  louïa.  ne  peut  guère  se  traduire.  En 
reprenant  cette  phrase  de  notre  glossaire  :  Tira  louïa  la 
maille,  je  ne  puis  m'empécher  de  voir  dans  louïa  une  con- 
traction de  là  où.  il  //  a.  Ce  serait  donc  :  1  ire  là  où  il  y  la 
maille.  Tout  cela  est  de  l'a  peu  près.  Ces  expressions  sont 
d'une  syncope  assez  obscure.  (V.  Fa  tii^a!) 

LouRDL^u,  adj.,  lourdaud,  simple,  idiot.  Épithèr<'  qu'on  ne 
ménage  pas  à  qui  la  mérite. 

Bcrry,  alordc.  Bourg.,  tor.  Moiv.,  lôràai^  (feni.  date). 
Wall.,  lourdô.  Vx.fr.,  lounlault,  lonràu.^. 

Loù-VAiROu,  s.  m.,  loup-garou,  loup  errant.  Et  sorcier,  dont 
le  rôle  a  défrayé  bien  des  légendes.  11  errait,  voulait-on,  la 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  247 

nuit,  transformé  on  loup.  Au  figuré,  individu  farouche  et 
fuyant  le  monde. 

Art.,  leup-icaroK.  Berry,  loup-beroii,  loup  brou.  Bourg., 
leu-ooirou,  lou-coirou.  Hain'.  leu-icarou.  Morv.,  loiip-cârou, 
vérou.  Norm.,  earoa.  Pic,  leuwavou.  Wall.,  Icu-warou, 
lèœarou.  Vx.  fr.,  leuwarou,  garou.  (V.  Loïc.) 

Loyer,  v.  tr.,  lier,  attacher. 

Bourg.,  loi/ai.  Bress.,  louer,  Icijer.  Fr.-Ctê,  loijie.  St-Am., 
kujc.  Vx.  fr.,  lo'icr.  (V.  Louer.) 

LoYEÛRE,  s.  f.,  lien,  attache. 

Mac,  laijcure  (lien  pour  les  bœufs.  (V.  Loûeiii.) 

Lu,  pr.  pers.,  lui.  N'empêche  pas,  dans  certains  cas,  la  pro- 
nonciation Lui.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Bourg.,  li,  lu.  Lorr.,  lu.  Morv.,  lu.  Wall.,  lu.  Vx.  fr.,  li, 
lei,  lij,  lui/. 

LuGNÔTES,  et  LuNÔTES,  S.  f.,  lunettes,  besicles  :  «  T'n'y 
voués  d'jà  pas  prou  ;  mets  donc  tes  lugnutes.  » 

Bourg.,  tiignôte.  Lille,  leunette.  Rouch.,  leunete.  St-Am., 
lunëta.  Tout.,  mcricles.  Vx.,  fr.,  lunecte. 

Lui,  art.,  le  :  «  I  faut  lui  empocher  d'faire  ça.  »  Très  excep- 
tionnel, mais  très  local  et  très  usité  chez  les  paysans. 

LuïÔTE,  s.  f.,  lueur  légère,  lumière  naissante  ou  mourante. 
Berry,  lieur.  Morv.,  luïote.  Prov.,  lugar.  (V.  Lusàt.) 

LuizERNER,  V.  intr.,  luire  faiblement  et  par  intervalles. 

Lat.,  lacère.  Bourg.,  lu;anai.  Forez,  lusarnà.  Maine,  lui- 
serner,  luisarner.  Morv.,  luiserner.  (V.  Lure.) 

LuNÔT,  LuNÔTE,  et  LuNÉTE,  S.  m.  et  f.,  linot,  de  ce  que, 
dit-on,  cet  oiseau  aime  la  graine  de  lin.  Le  masculin 
Lunbt  nous  suffit  parfois  pour  les  deux  genres.  La  pro- 
nonciation va  de  lanbt  à  lagnbt. 

Berry,  linot,  lunotte,  lunette.  Genev. ,  ninotte.  Montr.^ 
lunette.  Morv.^  uluaette.  Nam.,  Une.  Norm.,  siffler  la  linotte 
(perdre  son  temps).  Wall.,  linièr^û.  Vx.  fr.,  leinote. 

LÛRE,  V.  intr.,  luire. 

Lat.  et  ital.,  lucere.  Morv.,  lur-e.  Prov.,  /î<»tv,  lu^ir.  Toul., 
lusi.  Wall.,  lure.  (V.  Luiserner.) 


248  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

LÙTER,  V.  tr.,  terrasser,  vaincre.  Lutter  quelqu'un,  pour 
lutter  contre  quelqu'un,  mais  avec  l'idée  de  succès.  Un 
marinier,  confectionneur  de  radeaux,  parlant  d'un  sien 
camarade  assez  fort,  disait  :  «  J'I'aurôs  ben  lùté.  >> 

Lat.,  lactarl.  Ital.,  luttare.  Midi,  ne  lutter.  Morv.,  se  leiiter. 
Noroi..  litev.  Prov.,  lochar,  luchar,  loltar.  Vx.  iv.,  laitier, 
laitier,  lucter,  luicter,  Hier. 

LuzÔT,  et  LuzÔTE,  s.  m.  et  f.,  petite  lumière,  lampe  qui 
donne  peu  de  clarté,  tison  restant  du  feu,  lumignon  restant 
de  la  chandelle  :  «  Dépôche-te  d'ralleùmer  ton  feù  ;  n'y  a 
pus  qu'eùn  luzbt  dans  les  c'nises.  »  —  «  N'y  avôt  qu'eine 
luzdte  su  la  taule,  j'n'y  vouéyôs  pus  ran.  » 

Bourg.,  lusote  (feu  de  paille,  et  ver  luisant).  Moiitr.,  iuxot. 
(V.  Luïote,  Reluzàt.) 


U 


Ma,  conj.,  mais. 

Bourg.,  ma.  Hain'.  iné.  Lorr.,  mû.  Prov.,  nmi,  nias,  ma. 
Rouch.,  rnê.  St-Am.,  rné.  Wall.,  main,  mâie. 

Mâbre,  s.  m.,  marbre,  au  propre  et  au  figuré. 

Lat.,  marmor.  Ital.,  marmo.  Bourg.,  mâbre.  Morv.,  mâbre. 
Prov.,  marme.  Suiss.  r.,  mabro.  VJ^àll.,  marm.Yx.  iv.,  mabj-e, 
malbre. 

Mâchedrl,    adj.,    mâche-ferme,  qui  mange  avec    avidité, 
gourmand. 
Bourg.,  mâchedru.  (V.  Maingeoâ.) 

Màcheùre,  s.  f.,  barbouillage  de  noir,  tache  quelconque. 
Genev.,  mâchure  (masc). 

Màcheùrer,  V.  tr.,  raâchurer,  barbouiller  de  noir.  Avant 
l'invention  des  masques,  on  se  barbouillait  de  lie  de  vin. 
Ital.,  mascherarc.  Bourg.,  mâcherai,  màchurai.  Champ., 
machuver.  Forez,  machurâ.  Ht«-Auv.,  matsara.  Lorr.,  ma- 
cherer.  Morv.,  mâcheurer.  Prov.,  mascarar.  Suiss.  r., 
mat^ura,  matschera.  Toul.  ,  mascara.  Wall.  ,  maherer, 
mahurer.  Vx.  fr.,  mascurer,  maschurer,  mascerer. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  249 

MAcHEÙRON,  S.  m.,  tout  objet  qui  clcvieQt  noir,  suie,  lumi- 
gnon, papier  bmlé,  etc. 

Genev.,  mnc/uiroii.  Morv.,  macheuroii.  Suiss.  r.,  mat^uron. 
Wall.,  inacuvian,  noiret. 

Mâchoû,  adj.,  qui  mâche,  qui  remue  quelque  chose  entre 
ses  dents    :    «   Que   qu'te  voux  qu'ô  parle   ben,  c'vieux 
màchoù-\k\  » 
Morv.,  mâchoure. 

Mâchouiller,  v.  tr.,  mâcher  difficilement,  sans  appétit, 
mâchonner  :  «  Dépeû  qu'ôl  a  été  enrheûmé,  61  a  tôjor 
quête  chouse  qu'ô  mâchouille.  » 

Bourg.,  inàchouillai.  Cogn.,  matrouiller.  Forez,  matroulie, 
matrollie.  Genev.,  nulchillcr.  Lang.,  mastulia,  mastuthar. 
Lyon.,  mâchiller.  Midi,  mdchoter.  Morv.,  màqueiller.  Poit., 
inatouiller,  maeJiouinai.  Rouch.,  maqucdier.  "W ail.,  marjul lier. 
Vx.  îr.,machoiller,  inachotler. 

Ma  fi!  excl.,  ma  foi!  revient  fréquemment  dans  les  conver- 
satiou!?  :  «  Ma  fi  voui!  ma  fi  non.  » 

\.z.\,..  fides.  \\,^\.,  jcde.  Bourg.,  ma  foué!  Bress.,  ma  fa  y  ! 
Fr.-Cté, /a//.  Lorr.,^,  mèfoû!  Mac,  ma  faï,  mafion! Novm., 
ma  fonge.'mafinguette!  Pic,  fi.  Prov.,  fe.  Vx.  tr.,feid,  fcU, 
foy- 

Magnin,  Magnan,  Magnier,  s.  m.,  chaudronnier  ambulant: 
((  As-tu  des  castroles  à  rac'moder?  V'ià  Vmagnin  qui 
passe.  »  Ce  mot  a  autant  d'orthographes  que  d'étymologies 
différentes. 

Bas-lat.,  magninas.  lta.\.,  ma  g  aano.  Berry,  mlgnan.  Bourg., 
maignié,  magnieii.  Champ.,  maignien.  Forez,  magneii.  Genev., 
magnin.  Jura,  magnin,  magnié.  Lorr.,  magniake.  Montr. , 
magnin.  Morv.,  niaignin,  mignin.  Norm.,  magnan,  maignin. 
Pic,  magniake.  Poit.,  maignin.  Sav.,  magnin.  Vx.  fr.,  mai- 
gnen,  magnan. 

Mâgre,  adj.,  maigre,  défait. 

Lat.,  macer.  Ital.,  magro.  Bourg.,  magve,  moigre.  Prov., 
magve.  Wall.,  maig.  Vx.  fr.,  magre.  (V.  Maigriàt.) 

Mai,  adj.  poss.  f.,  ma. 

Lat.,  mea.  Ital.,  m«a.  Bourg.,  mai.  Pic.,e«?',  ème,  emn'. 
Prov.,  ma.  Vx.  fr.,  m'  (m'ame,  m'espée). 

27 


250      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Maie,  s.  f.,  grand  récipient  en  bois,  dans  lequel  chaque 
ménagère  pétrit  le  pain  de  la  maison.  Orthographe  peu 
fixée  et  variant  à  l'infini. 

Lat.,  tnactra.  Bas-lat.,  ina'Ua.  Ital..  madia.  Anj.,  mette. 
Berry,  met.  Bourg.,  tnai.  Champ.,  met.  Dauph.,  amat.  Forez, 
amat.  Fr.-Ctë,  mxdt,  rneii.  Gasc,  mach.  Guien.,  mack.  Jura, 
maid.  Lim.,  ma.  Lorr.,  ma.  Lyon.,  amat.  Midi,  mèo,  maie. 
Montr.,  maie.  Morv..,  mai,  arche.  Norm.,  met.  Pic,  maie., 
moic.  Poit.,  met.  Prov.,  macj,  mastra.  Rova.^mag.  Rouch., 
mée.  Saint.,  tnet.  Wall.,  mets.  Vx.  ïv.^mect.  (V.  Pétrissoire.) 

Maigriôt,  adj.,  maigret,  maigrelet,  chétif,  qui  a  mauvaise 
mine. 

ItaL,  magvetto.  Genev.,  maigrolet.  Morv.,  maigrichon. 
Pi-ov.,  magret.  Rouch.,  maiguerlol.  Vx.  fr.,  mai  grelin, 
niegret.  (V.  Mâgre.) 

Mailla,    s.   f.,  terme  de  marine  fluviale,   corde    tirée   par 
l'équipage  de  chevaux  remorqueurs. 
(V.  7V/'â,  Louïd.) 

Maillot,  s.  m.,  maillet,  petit  marteau  solide. 

Genev.,  maillot.  Prov.,  maihet.  Wall.,  niaiet.  (V.  Mar- 
luche.) 

Mainche,  s.  f.,  manche  de  vêtement. 

Lat.  et  Ital.,  munira.  Bourg.,  mainche.  Morv.,  moinche, 
niance.  Piov.,  mangtta,  mancha.  Vx.  fr.,  mance. 

Mainche,  s.  m.,  manche  d'outil. 

Bas-lat.,  maiiiciiin.  Ital.,  manico.  Bourg.,  mainche, 
moinche.  Forez,  mango,  mungun.  Morv.,  moinge.  Prov., 
margue.  Wall.,  main. 

Mainchôt,  s.  et  adj.,  manchot. 

Lat.,  mancus.  Bourg.,  mainchô.  Morv.,'  mainchôt,  moin- 
chot,  manguin.  Poit.,  mancrot.  Vx.  fr.,  nianc. 

Maingeoû,  et  Migeoû,  s.  m.,  mangeur. 

ltdLl.,mangiatore.  Bourg.,  main'jeii,  mcijoà.  Lyon.,  mi/ou. 
Moev. ,  mcgcou,  migeoa,  maingeon,  m';:ou.  Prov.,  manjaire, 
manjador.  Vx.  fr.,  mangear.  (V.  Mdchcdru.) 

Mainger,  et  Miger,  v.  tr.,  manger,  absorber,  faire  dis- 
paraître. 


LANGAGE    l'OPULAIRE    VERDUNO-CH ALONNAIS  251 

Lat.,  manducarn.  Ital.,  manqmre.  Berry,  fuir/ner.  E^urg., 
maiatjc,  mningeai,  incijai.  Bress..  inan^é .  Dauph.,  niigic. 
Hain',  /nif/ner,  mcfjnar.  nionntwr.  Lille,  mi.er.  how. ,  minier . 
Monti'.,  monrjlr.  Morv.,  minier,  mige'^,  mogcr,  mtgtter, 
ni'^er.  Nam.,  inotinii.  Nivern.,  mesiv.  Norm.,  manjasser. 
Poit.,  niigner,  mignoter.  Prov.,  manjar.  Rouch.,  mengcr, 
niéiiier,  mier.  St-Am.,  mcV/îié.  Sav.,  mejsâ.  Suiss.  r.,  nicdji 
inidjl.  Wall.,  mier,  iii.igncr,  mougnicr,  inanii.  Vx.  fr., 
inangicr,  nien/icr,  manjur. 

Mainger  la  cape  à  Diou,  loc,  se  dit  d'une  personne  sans 
ordre,  d'un  dissipateur  :  «  Lu?  On  l'iaiss'rôt  fâre,  ô 
inangerbt  La  cape  à  Diou.  »  Sent  son  méridionaL 

Main- ME,  adj.  et  adv.,  même. 

HaI.,  medesimo.  Bevry,  matnmc .  Bourg.,  molnie.  moèinc. 
Movv. ,nioinrne.  Prov.,  rnedcsme,  mcscsine,  mcicssme.  Vx.  fr., 
meïsme.,  rues/ne. 

Main-mement,  adv.,  mêmement. 

Bourg.,  moimeman,  inasmernent.  Morv.,  moinm'ment.  Prov., 
me^eisamen.  Vx.  fr.,  mecsmem.cnt,  miesmoincnt. 

Màïon,  s.  f.,  maison,  habitation,  intérieur  :  «  T'é  pas 
gein-née,  toi;  t'vas  t'preiàmener  pendant  que  j'garde  la 
màïon.   )) 

Lat.,  mansio.  Ital.,  mngione.  Arden.,  inan/on,  ma/on.  Arden., 
manjon,  ma/on.  Art.,  mason.  Berry,  maihon,  maïon.  Bourg., 
moison,  nidson,  mdgcoii,  mâglon.  Charent.,  méjon.  Flandr. , 
ma/on.  Fr.-Cté,  mason,  moësoii.  Hain',  mason.  Jura,  mahon, 
Lim.,  meijon.  Lorr.,  ma/on,  mojon,  mohon,  mahon.  Mac, 
moaison.  Montr.,  mas-hon.  Morv.,  màjon,  mdion,  mâzon, 
maihon.  Nam.,  manjo.  Norm.,  moison.  Pic,  mason,  mahon, 
mansion,  mageon,  mon.  Prov.,  maiso,  magson,  maiso,  maio. 
Rouch.,  mason,  maon,  mon.  St-Am.,  majon.  Sav.,  ma~on, 
ma/on.  Suiss.  r.,  maison,  moaaison.  Verv.,  mâhon.  Wall., 
mason,  mohon,  mocho,  mochoice.  Vx.  fr.,  maïo. 

Maïs  (paille  de),  loc.  On  appelle  paille  de  maïs  les  feuilles 
qui  servaient  d'enveloppe  à  la  grappe.  On  les  fait  sécher, 
et  on  les  emploie  à  rembourrer  les  paillasses. 

Maitin,  s.  m.,  matin;  de  très  bonne  heure. 

Lat.,  matutinus.  lta.\.,  mattino.  Bourg.,  maitin.  Lorr.,  métin. 
Moi'v.,  maitin.  Prov.,   mati.  St-Am.,   matèn.  Vx.   fr.,  main- 


252      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Maitk«iaule,  adj.,  matinal. 

Berry,  matlnau.  Morv.,  matiiiaule.  Prov.,  matinal. 

Mait'nant,  et  Mét'nant,  adv.,  maintenant,  à  présent. 

Ital. ,  manteneiite.  Bourg.,  mointenan.  Morv.,  inùCnan. 
Prov.,  manteiierit.  Rouch.,  métcnant.  Vx.  fr.,   maintenant. 

Mait'née,  s.  f.,  matinée. 

Ital.,  mattinata.  Morv.,  maiienée,  mait'nelle.  Prov.,  mati- 
nade.  Vx.  fr.,  matinée. 

Maitoû,  s.  m.,  matou.  Appellation  moins  bienveillante  que 
rninbt,  minoù. 
Morv.,  maitou.  Norra.,  marcou.  Pic.,  marlou. 

Malère,  s.  f.,  tige  de  chanvre  mâle. 

Malice,  s.  f.,  contrariété,  vexation  :  «  Ah!  qu'j'ai  donc 
malice  que  vous  seûtes  venue,  la  chamb'  pas  faite!  » 

Latin,  malitia.  Ital.,  mali:;ia.  Bourg.,  maglice.  Prov., 
malicia,  malissa.  Rom.  nialecia.  Vx.  fr.,  malisse. 

Malûr,  s.  m.,  malheur. 

Prov.,  malahur.  St-Am.,  maleù.  Vx.  fr.,  nialeurfè,  maleur, 
mal  ëur. 

Malûreux,  adj.,  malheureux. 

Berry,  malharciix.  Bourg.,  maulhurous.  Bress.,  molourieu. 
Morv.,  mal/lieu,  malùrea.  Pic,  malluircux.  Prov.,  malauros, 
malahnros.  Wall.,  mal'luiratls.  Vx.  fr.,  maleurè,  maleiïreus. 

M'amie,  s.  m.  et  f.,  mon  ami,  mon  amie.  Appellation  cares- 
sante, qu'échangent  réciproquement  le  frère  et  la  sœur,  le 
mari  et  la  femme,  etc.,  et  sans  différence  pour  les  deux 
genres  :  «  Veins-tu,  in  amie?  Marci,  m'amie!  »  —  <<  Faire 
des  inamies,  »  caresser,  cajoler.  On  écrit  aussi  ma  mie, 
mais  c'est  moins  correct.  Un  chant  du  XII le  siècle  donne  : 
«  Mamée  dame.  » 

Berry,  m'amie.  Bress.,  m'amia.  Morv.,  manmie.  Rouch., 
amt'sse  (amie).  Vx.  fr.,  ma  mie. 

Manéte,  s.  f.,  anse,  poignée  transversale  qui  termine  le 
manche  du  rochet  ;  est  posée  à  l'ouverture  d'un  vase,  d'un 
panier.  N'est  point  le  diminutif  de  manne. 

Genev.j  manille.  Lang.,  mania,  manillo.  Lyon.,  manillon, 
manille,  manelli.  Prov.,  manelha.  Rom.,  manette. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  253 

Manquer,  v.  intr.,  acception  particulière  de  être  absent: 
((  Y  a  ben  longtemps  cVjà  qu'toii  fieù  manque  de  clieû 
vous.  )) 

Bas-Iat.,  mancarc.  Berry,  wanqner  (être  dans  le  besoin). 
Prov.,  mancar,  manquar.  Wall.,  manker,  ruâker. 

Mantiau,  s.  m.,  manteau. 

Lat.,  mantilc.  Ital.,  manteUo.  Berry,  mantiau.  Bourg., 
maiitèa.  Morv.,  tnanqtilau.  Piov.,  niantel,  inantcth,  rnantcu. 
Vx.  fr.,  inantel,  mantiau. 

Ma  que,  conj.,  pourvu  que. 

Bourg.,  ma  que.  Bress.,  mai  que.  Dauph.,  ma  que.  Forez, 
ma  que.  Lyon.,  ma  que.  Morv.,  mû  que  (lorsque).  Prov.,  mes 
que.  Vx.  fr.,  pouroeu  que. 

Mâr,  s.  f.,  mer.  Peu  usité,  les  voyages  lointains  n'étant  pas 
dans  les  goûts  du  pays. 

Lat.  et  Ital.,  mare.  Bourg.,  mar.  Prov.,  mar.  St-Am.,  mère. 
Vx.  fr.,  mers. 

Marande,  s.  f.,  repas  de  midi. 

Lat.,  merertda.  Esp.,  mcrieada.  Berry,  mùvande.  Bourg., 
maraude.  Forez,  /)}areiida.  Fr.-Cté,  maraude,  mèrande,  mouè- 
rande,  marandon.  Genev.,  mèrende,  mêrcndon.  Montr., 
marande.  Morv.,  marande,  mèrande.  Poit.,  marandon.  Saint., 
marandon.  Suiss.  r.,  mareindon. 

Marander,  V.  intr.,  dîner,  faire  le  repas  de  midi. 

Esp.,  mercndar.  Alp.-Frib.,  marendar.  Champ.,  marander. 
Cogn.,  marandonner.  Fr.-Cté,  mer  end  à.  Lim.,  morcndas. 
Morv.,  marander,  mèrander.  Rom.,  marender  (goûter). 
Suiss.  r.,  marreni'i,  niarreitidd. 

Marchoû,  s.  ni.,  marcheur.  Le  piéton  est  un  marchoà. 
Morv.,  marc  hou. 

Marci!  s.  m.,  merci!  remerciement. 

Lat.,  merces.  Ital.,  nierce.  Berry,  marci.  Bourg.,  marci. 
Lorr.,  marci.  Prov.,  merce,  mercey.  Sav.,  maci.  Vx.  fr., 
mercit,  mercj/.  (V.  Marcicr.) 

'Marcier,  et  Mercier,  v.  tr.,  remercier  :  «  Vlâ  l'afatiau 
qu'vous  m'aveins  prôté;  j'vous  marcie  ben.  » 

Bourg.,  rcmarcié.  Prov.,  rcmarcier.  Wall.,  riniersi.  Vx.  fr.^ 
mercier.  (V.  Marci!) 


254  langage:  populaire  verduno  chalonnais 

Mardéle,  et  Maréle,  s.  f.,  margelle  de  puits. 
Berry,  inardellc.  Morv. ,  incurgcalle. 

Mardiéne!  interj.,  parbleu!  pardi!  etc. 

Forez,  mni'ffia.  Morv.,  mardiennc,  mar'lié.  Poit. ,  /iterdc, 
merdlngne.  Suiss.  r.,  mardi. 

Mare,  et  Mère,  s.  f.,  mère.  On  donne  ce  nom  à  toute  vieille 
femme  :  ((  Eh!  mare  eùne  télé.  » 

Lat.,  mater.  Ital.,  madré.  Bourg.,  moire  Bress.,  more. 
Dauph.,  mare.  Lim.,  mdi.  Movv.,  m ée.Pvov.,  ma ir'c.  St-Am., 
mère.  Sav.,  nidre.   Suiss.  r.,    mcmèe.   Vx.   fr.,   niedre,  tnere. 

Mare,  s.  m.,  maire  :  «  Y  ét-i  bentôt,  Jean-not,  que  j'vons 
aller  d'vant  mousieu  Vmâre  "?  » 

Lat.,  major.  Bourg.,  moire.  Mac,  mare.  Morv.,  mare. 
Vx.  fr.,  meor,  mère,  majenr. 

Mâre-Grand',  s.  f.,  grand'mère. 
Bourg  ,  meire-grar...  (V.  Grand'.) 

Margadou  (à  la)  !  loc.  exclani.  de  nos  mariniers,  réplique  à 
l'appel  :  à  la  civadou!  —  Par  ce  mot,  dont  le  sens  littéral 

.  nous  échappe,  —  car  il  ne  doit  rien  avoir  du  normand 
rnarga  signifiant  :  ordure,  —  les  camarades  répondaient  aux 
appelants,  et  il  est  certain  qu'ils  voulaient  dire  :  «  Allons 
dîner!  »  On  peut  remarquer  la  désinence  méridionale  du 
mot. 

Margôlon,  s.  m.,  homme  d'affaires  véreuses,  marchand  de 
vieux  chevaux,  mauvais  boucher,  etc.  ;  en  général  terme 
de  mépris. 
Montr.,  margaloa. 

Margouillàt,  s.  m.,  margouillis.  Même  sens  que  goidllàt. 
(V.  ce  mot.) 

Lat.,  marga,  marguillum.  Berry,  margoille,  margouillàt. 
Bourg.,  margouitli,  gargouilli.  Jura,  margouille.  Lang., 
margouillis,  margoulhar  (tremper  dans  l'eau).  Morv.,  mar- 
gouèilla.  Norm.,  mm-gn^,  inargasse,  margouiiler  (sdilit).  Sav., 
margottd  (patauger).  Vx.  fr.,  niarguiller,  margoillcr  (rouler 
dans  la  boue). 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  255 

Margouléte,   s.   f.,   mâchoire  :    «   O    t'I'i   a   flanqué  eîine 
moniitle  par  la  margouléte...  » 

Bourg.,  martjouicttc  (gosier).  Champ.,  niargoulctfe  (bas  du 
visage).  Cogn.,  mnrgotilcUe.  Norm.,  m ari/ouletta  (bouche  sale). 
Pic,  margouléte.  Rouch.,  marijoiilete .  Wall.,  niarfjoKlete 
(gosier,  estomac). 

Margoulin,  s.  m.,  vaurien,  vagabond,  qui  rôde  et  court  les 
chemins. 

Marichau,  s.  m.,  maréchal-ferrant. 

Lat.,  inare^caleus.  Ital.,  maniscallo.  Berry,  nuilichau, 
rnaréchau.  Bouig.,  mairchaii,  riiairechan.  Cogn.,  niarlcknu. 
Hain',  marissiau,  maricaa,  marichau.  Lorr.,  marcha.  Moiv., 
maiceau,  marchait.  Nam.,  marichau.  Norm.,  marèchaud, 
Pic,  marichau,  maricha.  marissaa.  Prov.,  maiiescale,  ma- 
nescal.  Rom.,  marescaux.  Rouch.,  marissiau ,  maricaa. 
Suiss.  r.,  marteau.  Wall.,  marihâ,  marèchau.  Vx.  fr., 
muro.'^r/iaus^  mariscliax,  niari.ssal,  mui'eschal. 

Marichauder,  V.  tr.,  faire  métier  de  maréchal,  travailler  le 
fer,  forger. 
Norm.,  marèchauder. 

Marignier,  s.  m.,  marinier. 

Ital.,  mariniero.  Piov.^  marignier.  Vx.  fr.,  maroider., 
maroimier. 

Marîïer,  s.  m.,  marguiller. 

Lat.,  matricularius.  Berry,  mariUier.  Bourg. ,  marillei., 
marullai.  Montr.,  maridicr.  Nam.,  maurelî.  Pic,  mairier. 
Wall.,  mardi.  Vx.  fr.,  marregliier. 

Maringôte,    s.   f.,   sorte    de   voiture    longue,   autre  qu'un 
camion,  et  emplo3'ée  jadis  par  les  charretiers  des  maisons 
de  roulage. 
'!^ovm., '  maringotc  (mauvaise  voiture).  Saint.,   maringôte. 

Màrle,  s.  m.,  merle.  On  dit  d'un  triste  garçon  :  «  Y  et  ein 
biau  marie  !  » 

Lat.,  merula.  Ital.  merlo.  Berry,  marlaud.  Bourg.,  marie, 
miàle.  Fland.,  marie.  Fr.-Cté,  malou.  Juia,  mairie.  Montr., 
miarle.  Morv.,  micrle  (fom.).  Norm.,  melle.  Pic,  ormerle, 
curmerle,  ermele.  Prov.,  merle.  St-Am.,  marlou.  Sniss.  r., 
marlot.  Wall.,  miel  (loriot).  Vx.  fr.  melle. 


256  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Marloû,  s.  m.,  rusé,  retors;  aussi  souteneur.  Au  commen- 
cement du  siècle,  les  gamins  gratifiaient  de  ce  surnom  les 
perruquiers.  Le  Dictionnaire  Savoyard  de  F.  Brachet 
donne  le  mot  inerlou  comme  abrégé  de  merde  de  loup. 

Marluche,  s.  f.,  gros  maillet,  mailloche. 

Lat.,  maliens.  Berry,  malluche.  Bress.,  inarleache.  Guern., 
inaillachc.  Morv.,  mailluèche.  Vx.  l'r.,  niaiihoche.  (V.  Maillot.) 

Marnife,  et  MoRNiFE,   s.  f.,  morniflc,  soufflet,  coup   de  la 
main  sur  la  joue. 
Pic.  mai'g/iouf'o,  horniflc.  Rouch.,  marnioufe. 

Mâronier.  s.  m.,  marchand  de  marrons.  L'homme  qui  les 
vend  a  pris  le  nom  de  Tai-bre  qui  les  produit  :  «  J'vons 
mainger  des  nuirons;  Vmâronier  a  v'nu.  »  (V.  Frigolés.) 

Marôt,  s.  m.,  marais  :  «  Por  aller  la  vouer,  j'ons  pris  par 
le  pré  des  marots.  » 

Lat.,  rnariscus.  ItaL,  inarese.  Haln',  marache.  Morv., 
mailla.  Norm.,  marc/as.  Suiss.  r.,  niara.  Wall.  maras\  Vx.  ïv., 
marais,  mares,   niarcsqs. 

Martiau,  s.  m.,  marteau  :  «  Faura  donc  t'fâre  entrer  c'qui 
dans  la  tête  à  côps  à! martiau?  » 

Bas-lat.,  marias.  ItaL,  niartello.  Bourg.,  martea,  malca. 
Morv.,  mairteai,  marteai.  Nam.,  maurtia.  Pic,  martiau, 
martieu.  Pvov.,  martel,  martell.  S>t-Am.,  marte.  Sav.,  mariai. 
Wall.,  martiau,  mariai.  Vx.  fr.,  martel,  martiax,  martiaus. 

Martiau,  s.  m.,  dent  molaire.   Dans  quelques  localités  on 
dit  correctement  :  marteau. 
Genev.,  marteau. 

Marveille,  s.  f.,  merveille,  toute  chose  extraordinaire. 

Lat.,  mirabilia.  Ital.,  maraciglia.  Berry,  marveille.  Bourg., 
niorcaille.  Bress.,  mor avilie.  Lim.,  miràudio.  Lorr.,  merveille., 
mdrvôije.  Morv.,  marveille.  Prov.,  meravalha,  meravilla. 
Rom.,  meravella.  Vx.  fi-.,  mercclle. 

Marveilloû,  adj.,  merveilleux. 

Ital.,  maravii/lioso.  Berry,  marceilleux.  Bourg.,  marvillou, 
morvouillou.  Prov.,  mèravillos,  meravillios. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAFS  257 

Mâskûrk,  s.  f.,  masure,  bicoque. 

lîas-lat.,  m  a  ii;i  ((!•(.'.  Bourg.,  ma^eire.  Morv.,  mûgnc,  masu'c're, 
meur:;('illo.  Suiss.  r.,  rna.se,  /nu^ot.  Vx.  fr.,  /nature,  inisiùvc, 
mf!;sière,  inasaille. 

Masques  (côri  les),  loc,  se  déguiser,  en  Carnaval,  aller  par 
les  rues,  et  pénétrer  par  bandes  dans  les  maisons.  Tous  les 
travestis  ont  ce  privilège  durant  les  jours  gras,  et  ils  sont 
toujours  bien  reçus. 

Masques  (mots  ébillés  en),  loc,  mots  défigurés  par  une 
prononciation  fnutive(au  point  de  vue  des  gens)  :  «  Ah! 
c'té-ln,  quand  all'parle,  tous  les  mots  sont  ébillés  en 
masques.  )) 

Mataflan,  et  Matefaim,  s  m.,  sorte  de  crêpe,  que  nos 
ménagères  sautent  habilement  dans  la  poêle,  et  qui  paraît 
fréquemment  sur  la  table. 

Bress.,  nuitafan.  Bugey,  inaiafdn.  \)i\u]}h..  iiKifufan.  Forez, 
matafdtn.  Genev. ,  nuitafan,  nKitc-Jaim.  Lang.,  tndtofan. 
Lyon.,  niatdfan,  niaênfon,  niutcfain,  UHitcjui.  Mac,  nuttafan . 
Montr.,  matafan.  Piov.,  niat(i/((n.  Sav.,  inatafan. 

Mate,  s.  f.,  meule.  Des  inaies  de  foin,  de  blé,  de  paille,  etc. 
Genev.,  mutolle  (pain  de  beurre).  Montr.,  mate.  Sav..  moclla. 

Matéuaux,  s.  m.,  matériaux  :  u  Ovafàre  bâtir;  ôl  ad'jàtous 
ses  mater  aux.  » 
Uouch.,  matèrcaux. 

Matons,  s.  m.,  grumeaux  du  lait  tourné,  d'une  sauce  id., 
du  savon  non  dissous  dans  l'eau,  etc. 

Champ.,    niallun.     l'iand.,    maton..    Lorr.,    maton.    Norm. 
mattc.  Poit.,  mate,  maton,  matiUon.  Rouch.,  maton  (froma'ï-e 
de  crème  et  d'œufs).  V.  fi-.,  mat/ion,  mattc,  maton  (lait  caillé). 
(V.  Gvemillons.) 

Matons,  s.  m.,  tourteaux  formés  du  résidu  des  fruits,  et 
des  plantes  oléagineuses  dont  on  a  extrait  l'huile.  Les 
Bressans  les  utilisent,  pendant  l'hiver,  à  augmenter  la 
qualité  nutritive  de  leurs  foins.  Ce  fait  se  produit  par  la 
quantité  de  matière  caséeuse  ou  albumineuse   que  con- 

28 


258  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS 

tiennent  les   tourteaux.    Le   maton  de  calas    est  surtout 
recherché  par  les  enfants  comme  gourmandise. 

¥ove'i,  pain  inaloa.  l'Aère,  maton,  pallUoa.  Mont'r.,  maton. 
Morv.,  malton.  Wall.,  maton.  (V.  Trcalllot.) 

Màtre,  s.  m,,  maître. 

Lat.,  maf/istcr.  Ital.,  maestro.  Bourg.,  moltre.  Lorr.,  mâtc. 
màitc.  Montr.,  mâtre.  Movv. ,  niàti'c.  Pic,  mète,  moUr,  moètc. 
Prov.,  niaicstic,  majcstre,  macstre,  mcstre.  Rouch.,  mcéc. 
St-Aïu.,  nirtrc.  Wall.,  mais'.  Vx.  fi'.,  maistrc,  ine.<trc. 

Mâtrgsse,  s.  f.,  maîtresse. 

Ital.,  maestra.  Bourg.,  moiti-rfisc.  Montr  ,  /natrossc  Morv., 
niatro^sc.Pvov.jna/c.^ti-a,  maistra.  St  Am  ,  mètrcc/ia.  Vx.  fr., 
m  a'r  stresse,  /ii  ai  stresse. 

Mau,  s.  f  ,  mal,  maladie,  empêchement  :  «  Les  dents  me 
font  mau.  »  —  ((  01  a  ben  du  mau  à  joind'  les  deux  bouts.  » 
Lat.,  inalarn.  Ital.,  malo.  Ardèch.,  maon.  Berry,  mati. 
Bourg.,  mau,  maul.  Bress.,  mau.  Bugey,  md.  Dauph.,  md. 
¥\3t.\.w.,  inaa.  Il.-V%  maa.  Lille,  md.  lim.,  iiu'iu.  Lorr.,  ma. 
Morv.,  mau.  Pic,  mau.  Poit.,  mau .  Piov.,  mau,  mal.  St-Am., 
mô.  Sav.,  ma.  Rouch-,  mau.  Wall.;  mau,  ma.  Vx.  fr.,  maus, 
mal. 

Mau,  adj.,  malade  :  «  Oh!  l'pauv'  garçon!  ôl  é  bé  mau; 
ô  n'  passera  pas  la  neùt.  » 

Ital.,  malalo.  Bourg.,  mallalde.  Lille,  malva.  Lim.,  molaudo. 
Morv.,  mallalde.  Prov.,  mal  apte,  matant.  St-Am.,  ntaladou. 
Wall.,  inalàd.  Vx.  fr.,  lualabde,  mallade. 

Mau,  et  Moû,  adj.,  mouillé  :  c(  Je  r'veins  par  la  pleiie  ;  ma 
cote  é  tote  maule.  ))  —  ((A  la  fête,  not'  Cath'rinea  dansé... 
aile  en  étôt  moule.  » 

Berry,  mollliè.  Bourg.,  /»ô.  Champ.,  mou  (le  mou,  le  temps 
humide).  Lim.,  moulin.  Morv.,  mO.  Rouch.,  ino.  Sav.,  mollia. 
Wall.,  mo. 

Maubon,  adj.,  mauvais  (mal-bon),  mais  qui  renchérit  sur  le 
sens  de  ce  mot,  méchant. 

Ital.,  malcaylo.  Bourg.,  maucoi/.  Bress.,  maubon.  Ilain', 
niait,  metj,  moucais.  Montr.,  maubon.  Nam.,  muab.  Pic, 
maonais,  niau'ais.  Prov.,  maleais.  Wall.,  marà.  Vx.  fr., 
ma  Irais,  maires,  m((urès,  mauraijs. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      259 

Maucoifée,  ad].,  mal-coifTée,  mais  surtout  femme  de  mœurs 
trop  faciles. 
Bourg.,  tnaucoi/fèc. 

Maucontent,  adj-,  mécontent. 

Bress.,  maucontent.  Morv.,  maucontent.  Lorr.,  niaiicontant. 

Maufeçant,  adj.,  malfaisant. 

Berry,  maufais'ant.  Morv.,  niaufè^an.  Poit.;  inaufa^ant. 
Vx.  fr.,  nialfesan,  mcfaisa/d. 

Maufait,  adj.,  malfait. 

Bourg.,  maufail.  Montr.,  nxanfuit  (méfait,  s.).  Morv.,  niaiifc. 
Suiss.,  mnffi.  Vx.  fr.,  nianfait  (le  diable). 

Mauger,  V.  tr.,  ensorceler,  jeter  un  sort  :  «  N'  m'en  parlez 
pas;  j'craisqu'ô m'a maar/ee.  »  Scarron  appelle  la  sorcellerie 
l'art  de  maugis. 
Montr.,  mauijcr.  (V.  Dcmauger.) 

Maugré-,  prép.,  malgré. 

Ital.,  nialgrado.  Berry,  mauijrè.  Besanç.,  maiiQva.  Boiirir., 
n^augrul.  Bress.,  nuiiigcè.  Daupli.,  niai/gra.  Lim.,  maiigia.i. 
Lorr.,  mâ'jrc.  Morv.,  maugré.  Pic,  maugré,  margrè.  Poit., 
maugré.  Prov.,  malgrat.  Rouch.,  maugré.  St-Am.,  màgrô. 
Vx.  fr. ,  maugré,  maugréerie. 

Mauladrèt,  adj.,  maladroit. 

Bourg.,  mauialdrol.  Bress.,  mauluitrct.  Morv.,  maulaidrouè. 
St-Am.,  môlailrâ. 

Maulépris,  adj.,  mal  appris. 

Morv.,  maulaipris.  Vx.  fr.,  /nal~appris. 

Maulendeùrant,  adj.,  malendurant. 

Beriy,  malendurant.  Bress.,  maulendeùrant.  Morv..  mau- 
paitient.  Vx.  fr.,  malendurant. 

Maulentendu,  s.  et  adj.,  malentendu,  parole  mal  interprétée, 
et  personne  peu  intelligente. 
St-Am.,  môl-étédu.  Vx.  fr.,  malentendu. 

Mauler,  et  Môler,  v.  tr.,  mêler,  emmêler,  confondre. 

Lat.,  miscere.  Ital.,  mlschiare.  Berry,  micheler.  Bourg., 
maulai.  Morv.,  moler.  Prov.,  messlar.  Vx.  fr.,  meslei\  inedler, 
nieller. 


260  LANGAGE    POPULAIRE    VKRDUNO-CHALONNAIS 

Mal'lin-Maulô,  adv.,  mêli-mêlo. 

Bourg.,  inaulin-nintilo.  Moi'v.,  niôlln-môlo. 

Maupardu,  adj.,  mal  employé  :  «  D'avou  toutes  ces  bavétes 
qu'air  s'en  va  tôjor  taillant,  en  v'ià-t-i  du  temps  tnaa- 
parduf  )) 

Mauparlant,  ad]'.,  médisant,  et  aussi  grossier,  brusque. 
Vx.  fr.,  malparlier. 

Mauprôpe,  adj.,  malpropre,  répugnant. 
Mac,  sole. 

AIauvi,  s.  m.,  mal  vif,  peu  ingambe,  invalide.  J.  Guillemin 
rapporte  ce  jeu  de  mots,  qu'il  a  entendu  d'un  vieillard: 
«  J'seù  pus  maavi  que  grive.  ))  (Le  mauvis  est  une  espèce 
de  petite  grive.  ) 

Mauvoulance,  s.  f.,  malveillance,  mauvais  vouloir,  humeur 
contraire. 

Lat.,  malcoleniia.  \t^\.,maliro(/li('ii.za.  Mow.,mauco{(Uiiicr, 
madcoi/la/icr,  nudiroidoir.  Poit.,  innui'clnnco,  maloonlaiico. 
Prov.,  malcolensa.  Vx.  i'r.,  iiuilcoilUuicc,  mnl-ccillcncc,  mnl- 
nicillancc. 

Mauvoulant,  ad]'.,  malveillant. 

Lat.,  malccolciis.  Morv.  ,  iiiancolUaii.  Prov.,  inalvolcii, 
mali'olcnt.  Vx.  fr.,  inal-i-uilldn:.,  inalcnclUaat. 

M'cHÔT,  s.  m.,  un  peu,  adoucissement  de  p'chot.  (V.  ce 
dernier  mot.) 

Me,  pr.  pers.,  moi. 

Lat.,  rnc.  Rouch.,  iiu'\  mi.  Vx.  fr.,  me,  moi/.  (V.  Moue.) 

Mèdi,  s.  m.,  midi  :  ((  Su  l'cô  d'médi  v'nez  m'  vouer;  j'  f" rons 
la  marande.  » 

Bas-lat.,  medifllcs.  Ital.,  mc^.::odi.  Berry,  mèdi.  Bourg  , 
mèdi,  mi.  Champ-,  meldi.  Dauph.,  mcijour.  Forez,  mè/ofir, 
meinJoin\  mejouo.  Genev.,  mi-;eur.  Guern.,  me/eu .  Lorr., 
mcidij.  Lyon.,  mèjout\  meiijoiir.,  mojouo.  Morv.,  met'/t.  Norm., 
me/eu.  Prov.,  inie-Jour,  metjouv,  média,  micgdia.  Rom., 
mieQ-jorii,  mieçj-dia.  Sav.,  mic^eur.  Vx.  fr.,  mesdi,  /nic-dis, 
miedi,  medi,  midij. 


LANGAGK    POI'ULAIKE    VKRDUNO-CII ALONN AIS  261 

MFîni  (Ifis),  loc,.,  tournure  redondante  usitée  eoneurreninient 
avec  le  mot  précédent  :  «  Dépôche-to  ;  len  médi  sont  sounés.  » 
Parfois  aussi  :  «  Les  médi  ont  souné.  »  —  ((  Su  les  médi.  » 
Cogn.,  les  médi.  Gencv.,  midi  ont  soiiiiè. 

Meilloiî,  adj.,  meilleur. 

Lat.,  riirlior.  Ital.,  tnir/liorc.  Bas-nonn.,  niiltcur.  Rerry, 
nièlic'ur.  Bourg.,  iiioiuok  ,  nioilloa.  ilain',  melicn.  Lorr., 
maillon,  maïou.  Mac,  indilliou.  Prov. ,  iiicllior,  mcillor, 
meil/icr.  Rouch.,  milicrt.  Wall.,  incicûs.  Vx.  l'r.,  Diccllor, 
melleur,  mcdlor,  iniadrc. 

Meine,  s.  f.,  mine,  air,  figure. 

Ital.,  iDiiui.  Bourg.,  mci/j/tr,  iDoirjtie.  Sl-Am.,  nirna.  Vx.  fr., 
mine. 

Mein-.m'ment,  adv.,  mémement,  même. 

Berry,  meinme.  Bourg.,  /nosn^ement.  Cogn.,  meinmemcnt 
Prov.,  m(\~eis(U}}en.  Vx.  fr.,  niesmeiuent,  maisnïeinent. 

Mêle,  s.  f.,  nèfle. 

Lat.,  ine.-<f)iliis.  Ital.,  ne.<pola.  Berry,  /iiêle.  Bress.,  nèple. 
Champ.,  nielle.  Genev.,  m'-fe,  neife.  Haiii'.  nèpe,  nèf'e.  Morv., 
T'ièlc.  Nam.,  inespe.  Nonn.,  niète.  ineille.  l'ic,  uiexle,  nierl'', 
niedle.  Poit.,  H/r/r-,  nu-rèli'.  l^rov.,  nesple.  Saint.,  nièle.  Siiiss.  r., 
nièlé.  Wall.,  mes/'.  Vx.  fr.,  ne;de,  ne/li\  inesle. 

MÊLiER,  S.  m.,  néllier. 

Berry, //)r//(7-,  nièplicr.  Ilaint,  nèpier.  Mons,  mesplle.  Moi-v., 
mèlié.^  mèlè.  Norm.,  inèliei\  meillei\  meslier.  Pic,  nierlier. 
Poit.,  mêlé,  mèlicr,  niérclier.  Suiss.  r. ,  mèlei.  Wall.,  mespli. 
Vx.  fr.,  nespliee,  t)iespli('r.  nielliee. 

Melin,  et  M'lin,  s.  m.,  moulin. 

Bas-lat.,  moliniiA.  Ital.,  molino.  Beny,  tnolin.  Bourg., 
nielin.  Morv.,  /)irlin///i\  /nUi/iij/i' .  Pic,  niolin,  mèlin,  nteiitiii. 
Prov.,  nio/i/i,  niu/i.  ^^'aIl.,  mo/i/i.  Vx.  fr.,  molin. 

MÉMER,    y.   tr.,  embrasser   :    «    Mcmer   papa,    manman.    » 
Semble  contenir  le  mot  aimer  (m'aimer). 
Bress.,  mèmcv.  St-Ani..  niàniù.  (V.  Miclicicv.) 

MÉNETREi,  S.  m.,  ménétrier. 

Bourg.,  nienctrei,  nieunetrei.  ]\Iorv.,  luènetrc.  ^^'all.,  niestrc. 
Vx.  fr.,  meneslricr,  meneslve^. 


262  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNOCILVLONNAIS 

MÉNEÙT,  S.  m.,  minuit  :  «  J'iroiis  à  la  messe  de  méneùt,  é 
peu,  en  rentrant,  j'ferons  rossignon.  » 

Lat.,  incdia  noctc.  Ital.  ,  lue^^a  notie.  Berry,  mènult, 
rncinmat.  Bourg.,  mcneu,  inainiwu.  Bresse,  minai.  Fr.-Cté, 
maiiineu.  Forez,  mcj/not,  niciiot.  Il.-V,  mènuil.  Lim.,  mici- 
jo-ne.  Lorr.,  mèiieu,  inènciuje.  Montr.,  minet.  Morv.,  mèncu, 
mena,  mingnau.  Norm.,  menait,  mcinnuit.  St-Am.,  mina. 
Saint.,  minent.  Sav.,  mièniuai.  Wall.,  mé/mit,  mèie-nute. 
Vx.  fr.,  mce-nnt.  mic-nidt,  miniiict. 

MÉNEÙT  (les),  redondance  qui  fait  pendant  à  les  médi  :  «  Vé 
les  méneùt.  )) 
Genev.,  les  minuit. 

Mensonge,  s.  m.,  petit  carré  ou  petite  étoile  de  carton  ou  de 
bois  mince,    sur  quoi   l'ouvrière  pelotonne  le  fil    de  son 
((  échevéte  ». 
Poit.,  mensonge. 

Mentoii,  s.  et  adj.,  menteur,  diseur  de  bourdes. 

Ital.,  wentitore.  Morv.,  menton.  Prov.,  mentidov.  St-Am., 
inékijeâ.  Vx.  fr.,  menteor. 

Menusserie,  s.  f.,  minutie,  bagatelle  :  «  Bah!  ô  s'émuse  à 
des  menusseries  qui  ne  sarvont  d'ran.  )) 

Lat.,  minniia.  Genev..  mcraitic.  Hain',  mcnutè.  Wall.? 
minuté. 

MÉQUÈURDL  s.  m.,  mercredi. 

Lat.,  mercurii  (lies.  Berry,  mèquerdi,  meincredi.  Bourg., 
mâci-cdi.  Genev.,  mrcreili.  II'-Maine,  minquerdi.  Morv., 
mèqucurdi.  Pic,  mécredi.  Prov.,  mercre.  Rouch.,  mer<juèdi. 
\\'all.,  miekr,  dimieh'.  Vx.  fr.,  merquedi,  mccredi. 

Merdaillon,  s.  m.,  blanc-bec,  bambin,  bonhomme  qui  fait 
l'important  et  n'est  que  ridicule. 
Lyon.,  mardou.  Sav.,  merdaillon.  Vx.  fr.,  merdou. 

Merde  de  coucou,  s.  f.,  gomme  que  l'on  recueille  sur  certains 
arbres,  principalement  sur  les  pêchers  et  les  pruniers, 
Bress.,  merde  de  coucou.  Morv.,  mède. .  . 

Merlusine,  et  Mère-lusine,  s.  f.,  corruption  de  Mélusine, 
fée  qui  apparaissait  lorsqu'un  membre  de  la  famille  de 
Lusignan  devait  mourir.  Alors  elle  remplissait  l'air  de  ses 


LANGAGE    POPULAIRE    \ERDI 'NO  CH  ALONNALS  263 

géniiss(Mnriils.  (  )n  diloiicorcî  inuinlenanl.  :   a   Pousser  dos 
cris  do  Merlasi/ie.  » 
Bourg.,  /ii((r(((.i'(i(jiu'. 

MÉROTE,  s.  f.,  diiiiiii.  dft  mère,  petite  niôro,  nom  caressant 
que  les  enfants  donnent  à  leur  maman. 
Rouch.,  inenicrc,  inerotle. 

MÉSAisE,  adj.,  mécontent.  Mésaise,  en  français,  signifie 
malaise;  nous  avons  détourné  ce  vocable  de  son  acception 
propre. 

Bress.,  iiKitiJciisc.  Vx.  fr.,  lucsai/sc,  nièsnisiè. 

Mesure,  s.  f.,  nom  spécial  d'un  petit  vase  cylindrique  en 
fer  blanc,  muni  d'une  longue  queue  à  crochet,  et  dont  se 
servent  les  laitières  pour  puiser  le  lait  et  le  mesurer  aux 
pratiques  :  «  Comben  tV mesures  vous  faut-i?  » 

Lat.  ,  incnsitva.  Ital.  ,  inisuia.  Prov.  ,  mesura,  incsitra. 
(V.  Tvpciiiic .) 

MÉsusE,  s.  f.,  abus,  mauvais  usage- 
Morv.,  iiicm.  Vx.  fr.,  inc^usdijc. 

Mét'ni,  V.  tr.,  maintenir, 

Ital.,  maiitciwre.  Morv.,  vièteni.  Prov.,  niaiitencr,  inculener. 
Vx.  fr.,  nxiintcnir. 

M'ÉTOu,  syncope  de  moi-étou,  moi-itou,  moi  aussi. 

MÉTU,  part.,  mis  :  «  Te  n'crains  pas  l'iau?  —  Non  ;  j'my  é 
métu  tout  d'gô.  »  —  ((0  n'é  pas  manchot;  ô  s'é  métu  tout 
drèt  à  son  ôvrâge.  » 
Morv.,  incita. 

Meû,  adv.,  mieux. 

Lat.,  ineliiis.  Ital.,  idcijUo.  Bourg.,  mcii.  Lorr.,  inàs,  mrux. 
Nam.,  inia.  Prov.,  iiicls,  meils,  rniclhs.  Sav.,  miu.  Wall.,  inî. 
Vx.  fr.,  tniciilx,  /nt'/Lr,  inlcx,  /nias,  etc. 

Meûguet,  s.  m.,  muguet. 

Bourg.,  ineuguaj/.  Genev.,  mnrrjuct,  mcnrguct.  Morv., 
meu.jact.  Wall.,  murijnè.  Vx.  fr.,  iimgcit,  inasijuet. 

Meuillenot,  s.  m.,  linge  dans  lequel  on  lace  un  nouveau-né. 
(Mervans.) 


264  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CFIALONNAIS 

Meûlé,  et  Meûnei,  s.  m.,  nieuniei'. 

Morv.,  niciilc.  St-Ain.,  inonni.  (V.  Mi'ujiiler.) 

Meùr,  adj.,  mûr  :  ((  Catli'rine,  faut  miger  c'te  pouére;  aile 
é  meùr  Le.  d 

Lat.,  mainriis.  Ital.,   matiiro.  Berrv,  meùr,    menx.   Bours;. 
nieur,  inen.  Biess.,  iiiciir.  Genev.,  tueur.    Hain',   nirur.   Lira., 
inotiuro.  Lori'.,  niitr.  Moiv.,  tueur.,  rneu.  Nara.,  irieùr.   Nonn., 
meur.  Pic,  ineur.   Prov.,  madur.  St-Am.,  mù.  l'oul.,  rnudur. 
Wall.,  nicar,  niatceur.  Vx.  fr.,  meùr,  un'ur. 

Meure,  s.  f.,  saumure. 

Lat.,  inurla .\Ui\. ,S(da  mo/'a.  Bvess.,  meure.  Genev.,  mouare, 
moire.  Wall.,  sumcur.  Vx.  fr.,  suumuiji-c. 

Meure,  s.  f.,  mûre,  fruit  du  mûrier  et  de  la  ronce  :  «  Y  fait 
biau  rioiig  des  foussés;  voiis-jou  cuyer  des  meûre.'f?  )) 
J.  Arayot  dit  rneùrte  pour  mûre  (fruit)  ;  nous,  nous  le  disons 
pour  ynàre  (adj.  fém.). 

Lat.  et  Ital.,  mora.  Auv..  moura.  Berry,  meùse,  meure, 
molle,  /uôse.  Genev.,  meure.  Hain',  meurle,  meure,  maure. 
H'-Maine,  more,  moure.  Lang. ,  amouro.  Lim.,  motiro.  Morv., 
moue,  moure.  Nam.,  meure.  Norm.,  moure,  mouj'et,'  morct. 
Poit.,  moure.  Prov.,  mora.  Rouch.,  moure.  Toul.,  amouro. 
Wall., /»o»/-t',  'ueule.Wx.  îi'.,meu/'e,  mure,  muere.{\.  Meùi-on.) 

MeÙrei,  s.  m.,  mûrier. 

Genev.,  meurier.  Rouch.,  moùrier.  Toul.,  amourlè.  Vx.  fr., 
morier,  meurier. 

Meûrer,  V.  intr.,  mûrir  :  «  Y  aura  pas  gros  d'vin  c't'an-née; 
les  raïins  n'meûront  pas.  » 

Lat.  et  Ital..  maturare.  Berry,  meùrer,  meùser,  meùrlr. 
Bress.,  mcurer.  Genev.,  meurir.  Hain',  mûri.  Morv..  meuri. 
Nam.,  mûri.  Prov.,  madurar.  Rouch.,  meurir.  St-Ani.,  môrè. 
Wall.,  meurer,  maicouri,   maœeri.    Vx.   fr.,  meùrer,   murer. 

Meûréte,  s.  f.,  préparation  de  poissons  assaisonnés  au  vin 
rouge.  Mets  recherché  presque  cà  l'égal  de  la  pôchouse. 
J.  Guillemin  donne  môretie,  que  je  n'ai  jamais  entendu. 

Lorr.,  meurotte.  Monti'.,  meùrcite.  Morv.,  meureiie.  (V.  Pô- 
ehouse.) 

Meûréte  (fiairer  la),   loc,  chercher   à   découvrir    quelque 


LANGAGE    IM^PULAIIUO    VKUDUNO-CIIALONNAIS  2(J5 

cliose,  ei  aussi  lâcher  de  so  faire  invit(>r  à  dincr   :   ((   (Jué 
qu'le  vourôs  bon  savouér,   (iiio  l.'veiiis  c'nieiit  c'(|ui  flairer 
la  ineài'éley  »  C'est  l'analogue  de  :  tourner  autour  du  pot, 
lâter  le  terrain. 
'    Lori'.,    iiu'Hfètt'. 

Meûron,  s.  m.,  mûre  sauvage  :  «  01  a  niigé  des  mcnrons  en 
s'preùni'naut  ;  ôl  en  a  la  bouche  toute  gafouillèe.  » 

Bress.,  incdron,  iiivo",  nioiwon.  Geiiev.,  nicùrou.  Montr., 
mouron.  AIoi'v.,  inuron.   Pic,  niuiiron.  (V.  Meure,) 

Meùsiait,  s.  m.,  museau,  laide  figure. 

Ital.,  iitiiso.  Hain',  inusidn.  Nain.,  iiucla.  Pic,  tnit.-<è, 
rnoiiijuon.  Pi'OV.  ,  mus,  mnrsel,  ntfwsol.  St-Ain.  ,  miu-è. 
(V.  Musiaii.) 

Meùsique,  s.  f.,  nmsique,  tout  son  plus  ou  moins  discoi'dant. 
Lat.  et  Ital.,  muslcd.  Boui-g.,  mimcle.  Piov.^  mti.;ica. 

Meùsir,  V.  intr.,  moisir. 

Lat.,  macère.  Itai.,  mtiJJ'nrc.  Daupli.,  mu.-^ir.  Piov.,  mo.:!r. 
Vx.  fr.,  tnuiàir,  moi'ij/r. 

Meùsse,  adj.,  déconfit,  penaud,  décontenancé,  mortifié, 
attrapé,  boudeur  :  «  Quand  aile  a  vu  c'qu'alle  avôt  fait, 
ah!  voui,  qu'aile  a  été  meùsse!  » —  a  0  veint  d'casser  son 
biau  vâre;  ôl  en  é  cor  tout  meùsse.  » 

Berry,  mousse.    Bourg.,    measse.   Biess. ,   n}(usso.    Champ., 
mousse.    Fr.-Cté,    moussu.    Lille,     mof(sse.     Moi'V.  ,    /neussc, 
meussot.    Poit.,    mousse.    Suiss.   r.,    moûts,    mou(:.o.    Wall. 
musse,    muchi. 

Meù.sser  (se),  V.  réll.,  se  taire,  se  cacher,  se  coucher. 

Lat.,  mussare.  Ben-y,  musser  (glisser).  Boui-g.,  meussui. 
Norm.,  mue/ter^  muehier.  Pic  ,  unicher.  \x.  fr.,  inuccr 
muccher,  /ïiussier,  /aucoa^er. 

MiÀLET,  s.  m.,  homme  de  petite  stature. 

MiAUNER,  et  iSIiÂLER,  V.  intr.,  miauler  :  ((  C'matou  et 
enniuant;  ô  n'fait  qu' mianne/-.  » 

Berry,    miûler.    Bress.,    miaiicr.    Genev..     minier.     Morv., 
miûncr,    miâler,  mionner.  Noi-iii.,    miuner,  miuuder.  St-AnT 
mi/aiié.    Sav.,    mionnù,    miould.    Vx.    fi-.,   mio/er,    mijauder 
mlaulder. 

29 


266  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CH ALONN AKS 

MiAUNOÙ,   adj.,  miauleur.    Se   dit  d'un    cliat,    ou  d"ua  qui 
imite  le  chat. 
Moi'v.,  iniâiwii.  Vx.  fr.,  inioleur. 

MicHÉTE  (faire),  loc.,  caresser  la  figure  avec  les  mains.  On 
dit  aux  enfants  :  «  Allons,  ma  p'tiote,  fais-me  michete.   » 
Bourg.,  inichaile.  (V.  Mùincr.) 

MiÉTE  (ei^me),  adv.  de  quantité,  un  jjeu  :  «  Te  n'  m'ain  mes 
pas  tant  s'ment  eùne  miéie.  »  (V.  eùne  idée.) 

MiGNARDER,  V.  tf.,  parcr,  mettre  en  toilette  :    «   La  Glady 
vont  aller  au  bal;  faut  vouer  c'ment  ail'  se  mignardc.  » 
Beiiy,  nïiijnardev  (jouer).  Morv., /////y/iOî'/Y/'er  (faire  le  câlin.) 

MiGNÔT,  adj.,  gentil,  gai,  caressant. 

Cliaiup.,    viigiiot.   Morv.,    miijnaU.    Suiss.  r.,   nicgnot,,   inè- 
(jiKinl.  Vx.  fr.,  niirjnot. 

MiGNOTER,  V.  tr.,  caresser,  cajoler,  flatter,  faire  des  bonnes 

grâces. 
Bourg.,  /iu;)/iôta(.  Vx.  fr.,  /iiiij/ioUT,  niiij/ioniicr. 

MiLSipnn  (à),  loc.  adv.,  bien  loin,  au  diable.  Manière  de 
parler  prise  du  nom  du  Mississipi,  qui,  en  efïet,  n'est  pas 
très  proche,  ou  plutôt  allusion  à  la  C'^^  du  Mississipi, 
établie  en  1716  par  La\\',  et  qui  jeta  une  si  terrible  per- 
turbation dans  tout  le  royaume.  (  )n  ne  s'est  pas  contenté 
du  mot,  et,  comme  on  rit  de  tout,  on  a  forgé  la  locution  : 
«  A  milaipipi  les  gneûrnoilles.))  Qu'est-ce  que  les  batraciens 
avaient  affaire  là-dedans? 

Bourg.,  niissipitL  Cogn.,  iinlslpipi.  Morv.,  missipipis  (en 
mille  morceaux). 

MhNÉTE,  s.  f.,  petite  luzerne. 

Berry,  miijuoaneltc.  Morv.,  ininettc. 

MiNÔT,  et  MiNoû,  s.  m.,  minet,  petit  chat  :  ((  Veins,  mon 
p'iiot  minai!  »  —  «  Peilite  chate  lait  d'  joulis  minois.  » 

Berry,  ini/iun,  ini(jnoii.  Lille,  iiiinou.  Morv.,  inlnoii.  Rouch., 
imiiou.  Toul.,  in'uiaut,  inlnuudo,  inincto.  ^^'all.,  niinon. 
(V.  Miton.) 

MiNÔT,  adj.,  tout  ce  qui  est  velu  et  doux,  comme  le  velours, 


■   LANGAGE    POI'ULAIKR    VERDUNO-CIl ALONNAIS  207 

comino   les    chatons    des    fleurs    mâles    des    anientacées 
(ormes,  bouleaux,  saules). 
Mêmes  congénères  que  le  précédent. 

MiNÔTE,  S.  f.,  menotte,  petite  mniu  d'enfant,  de  fillette. 

Ital.,  iiuinciia.  Herry,  mciictlo,  meiiiltc.  Giiern.,  m'uiottc. 
Jura,  mcni/ic.  ]^:\n^..  inc/ioto.  Morv.,  iniuotc.  Pnit-,  iiiciictic, 
rneiilttc.  Prov.,  inanctd.  Suiss.  r.,  iiicucuki.  Wall.,  muriote. 

MiÔT  et  MrÔT,  adj.,  muet. 

Lat.,  mutas.  Hain',  niuaii.  Lille,  iniiof.  Montr. ,  intint. 
Morv.,  inlot.  Nam.,  ntoia.  lloucli.,  mnaii.  St-Am.,  moue. 
Wall.,  ii)oai/an,  mtii/ati,  maot,  mouœai.  Vx.  fr.,  /iikcI,  miiUiii, 
mue.::,  ntnenn. 

MiÔTE,  S.  f.,  miette,  parcelle  de  pain,  d'un  corps  quelconque. 
Beri'-y,  mi/e(f.e.  Bourg.,  mlciittc.  Morv.,  /;*/o/!  (miette),  miotte 
(mie).  Norm.,  miotc  Pic,  miotte  \\'all.,  iincU\  milcic.  Vx.  l'r., 
i))icc(p,  ml  etc. 

MiRoû,  s.  m.,  miroir,  souvent  un  fragment  de  glace  cassée. 
Berry,  tiiimn,  /mroné.  Bourg., ///'/'o,  miroiia',  niirùlù^  mirou. 
Lille,  miro.  Lim.,  mirèï.  I  orr..  mirieii,  mcrca.  Mans,  mlreux. 
Morv.,  miroiu'-.  Piov.,  mirocr,  miroiter,  mirador  (mireur). 
Rouch.,  miro,  inirlrt.  St-Am.,  merc.  Vx.  h-.,miroavr,  miraour, 
miroer,  miri-or. 

Mise,  s.  f,,  corde  fine  et  serrée,  que  charretiers  et  cochers 
mettent  au  bout  de  leurs  fouets. 

Miser,  v.  tr.,  mettre  l'enchère  sur  quelque  chose  :  «  J'n'ai 
ran  mi-'^é  h  c'te  vendue.  » 
Genev.,  miser. 

Misère,  s.  f.,  peine,  mal  :  «  Jarnigué!  que  j'ai  donc  èvu 
à' misère  pour  m'en  r'vcmî!  >) 

Lat.  et  ital.,  /ni.-<eria.  Berry,  misère.  Prov.,  miseria.  \x.  fr., 
miserie,  /nisere. 

MisÈKER  (faire),  v.  intr.,  occasionner  de  l'ennui,  delà  peine 
à  quelqu'un  :  «  Ah!  le  ch'ti  gas!  ô  m'a  prou /h//  misàrer 
d'après  lu  !  )) 

MiSTiFRisÉ,  adj.,  élé'gant,  muscadin,  beau,   petit-maître,  tiré 
à  quatre  épingles. 
Bourg.,  mistifrisé.  Vx.  fr.,  miste. 


268  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUXO-CHALONNAIS 

MiTAN,  et  MoiTAN,  S,  111.,  milicu  :  ((  Mets  c'qui  au  milan 
d'ia  taule.  »  —  «  J'vons  partager  c'gâtiau  pô  Vinitan.  »  — 
((  01  a  chu  au  biau  mitan  du  gouillat.  »  Chez  Du  Cange  on 
trouve  laiiiitan. 

Lat.,  in  mcd io.  Beviy .  /nifan.  Boiivg.,  mitan.  Bress.,  nioitan. 
Dini/tan,    nietftii.  Fni'e/,   im'',   invij^    nicijlnn.    Fr.-Cté,   nioidint. 

Genev.,  mcildn.  ll.-^'^  niittin.  Lang  .  niié,  'dc;/.  Lille,  milan. 

(/(•mitant.  Lim..  mi('i.  Loir.,  moj/tnn.  Lyon.,  mifan.  nx'',   mr;i. 

Mac  ,  mitdii.  Moiili'.,  mnihai.    Morv.,    milan,    imitan.  Xo-m  . , 

ni'j/cn,  m(\//('n,  mit((n.  l'ic.,  mitan.  Vo\l.,  mitant .  Prov.,  initan, 

/iiicf/.    Roiicll.,    mitant.,    m('[ir((.     dcmitant.    Sî-Am.,     nn(:((té. 

Saint.,  mitan.  Sav.,  na''t('-.  Wall.,    dcniitan.    Y.\.    fi-.,   nujittai, 

niof/i((i.  mci/,  n}i.  ((mmi/.  (Y.  Milanteire.) 

WiTANTEiRE,  S.  f.,  moitié,  ce  qui  est  au  milicu,  intermédiaire: 
«  Faut  côper  c'ie  bande,  é  peu  en  prend'e  la  mitanteire.  » 
Boui'g.,  initie,  mitanteire  (mitoyenneté).  Bi-ess.,  niri/tia. 
Chaïup.,  'uei.  Dauph.,  mdta.  Forez,  meta.  Lim.,  nnajta. 
]Montr.,  moitié.  Morv..  mi tanlii'i-e,  nnlantu',  mitié  ,  monlii'. 
Prov.,  /nitat,  miec/i.  Roucii.,  (/emotié.  St-Am.,  matià.  Sav., 
niatia.  Vx.  fr.,  mi/tic-.  (V.  Mitan.) 

Mite,  .s  L,  ni  taine  :  ((  Por  s;i  fouére,  j'ii  ai  éclieté  eùn  jouli 
paire  de  mitca.  » 

Has-lat.,  mitelhi.  Berry,  mile,  l^ouig.,  mite.  Genev.,  mite. 
H''-.-\nv.,  mita.  Moiv.,  mitaii/ne.  Poit.,  mite.  Suiss.  v.,/nitta, 
mitann.a.  Vx.  fr..  mittame. 

MiTON,  S.  m.,  chat,  et  aussi  manchon. 

Lat.,  miti.<.  Jura,  mitan.  Morv.,  miiou  (maiiche  de  gilet)- 
Xorm.,  init<ni.  Vx.  fr.,  miiouin.  (Y.  Mi/tôt.) 

MrroNihc,  s   f. .  panade,  soupe  mitoimée.  Quelques  p'_>rsoMnes 
disent  aussi  panée.  (V.  ce  dernier  mot.) 
lîeiay,  mitnunade. 

MiYASSE,  S   f.,  gâteau  de  maïs,  jadis  de  milb-t,  [)lus  petit  et 
un  peu  pins  ferme  que  le  mijjet.  (V    ce  mot.) 
Montr.,  milha^se. 

MiYASSiÈRE,  s.  f.,  vase  en  ferre,  d'un  certain  diamètre,  très 
plat,  et  dans  lequel  on  fait  cuire,  au  four,  le  miyet. 
Montr.,  miltassière. 


i,anga'^;e  populaire  verd'no-ciialonnais  209 

MiYRT,  s.  m.,  grand  ilan,  mou,  prrpaiv  avec  d 's  (Piifs,  du 
lait  et  de  la  farine  do  froment  ou  de  maïs,  et  cuit  au   four. 
Cogn.,  niii/at.  Montr.,  mille/.  (V.  Mii/nssicrc.) 

M'nange,  s.  f.,  vendange. 

Par  un  adoucissement,  phonétique,  —  analogue  à  celui  (pii 
fait  dire  :  m'chb  pour  p'c/?ô,  ni  nu  pour  v'na,  —  nous  a\ons 
ici  une  famille  de  quelques  mots  dont  le  v  initial  s'est  changé 
en  m  {m'nange  pour  vnange,  etc.).  Il  n'y  a  pas  autre  chose 
h  trouver  Là  qu'une  euphonie  p  ir  mollesse  de  prononciation. 
(V.   V'nanr/e.) 

Champ.,     rc/wi/i'/r.     Jui'a,     rciuinf/cd.     Moiv.  ,     inriio'iKjf'. 

ni'nnnc^c.  Suiss.  r..  rcnccnd/c. 

M'nangeoû,  s.  m.,  vendangeur. 

Moi'V.,  nit'iioiiifji'iiit,  in'naii ion.  Vx.  fi'.,  r"/t()i/i'j<'i(/'.  (V. 
l  '/Ui  iit/coû . } 

M'nangku,  V.  tr.,  vendanger. 

Morv.,  incnoiiiijcr,  m' nan.zcr.  (V.  V'nani/er.) 

M'NANGEiiôr.  S.  m.,  pi?tit  panier  servant  à  recevoir  le  rai-in 
coupé  pendant  la  vendange.  (V.   V nangevoi.) 

M'iNKr;,  V.  ir.,  jouer,  exécuter  un  nir  pour  mener  une  danse, 
une  marche.  S'applique  au  musieien  (tambour,  fifre,  ou 
violon)  :  «  Allons!  lo  v'ià  qu  o  va  ni'ner  la  marclie  de  la 
mariée.  » 

Lat  ,  ini.na/'c.  Itai.,  mi'narc.  Boui'g.,  mcnnnl.  Nh"ic  ,  nicnl. 
Morv.,  iiiciincr.  Prov.,  //(cv/r//-.  Wall.,  iiuncr,  inùitcr.  Vx.  fi'., 
nmlncr,  iii'iicr  (un  bi'uit).  (V.  Monncr.) 

M'nî,  V.  intr.,  venir  :  «  .l'ain-me  ben  meù  m'en  ni  nir  iqui.  » 
Le  r  supprimé  se  prononce  devant  une  vo3'elle  et  n'existe 
pas  devant  une  consonne  :  «  M'en  ni' ni  cheû  nous.  » 
Analogie  avec  ni'nange  et  ses  composés. 

Lat.  et  ital.,  cenirc.  Berry,  ceiiulvc,  cciiire.  Prov.,  venir. 
Wall.,  ri  ni.  Vx.  fr.,  ce  nir. 

M'noû,  s.  ju.,  meneur,  celui  qui  dirige  une  noce,  une  fcte, 
une  danse,  conducteur. 

Ital.,  nienufore.  Bourg.,  mcnoii.  Morv.,  incnon.  Piov., 
menairr,  menador.  Vx.  l'r.,  meneur. 


270  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS 

M'nu,  part.,  venu.  (V.  M'nî.) 

M'nuser,  V.  tr.,  menuiser,  faire  des  choses  menues,  rompi-e 
en  petits  inorceaux. 
Ital.,  nii/iri.~.^arc.  Prov.,  mcnicar. 

Mo,  s.  m.,  mot,  parlé  on  écrit. 

I.at..  niiitt-iin.  Ital.,  molto.  Bourg.,  ladX.  niô.  Prov.,  mot. 
Vx.  fr.,  mot. 

MôcHE,  s.  f.,  mouche,  insecte  et  femme  finaude  :  «  Y  et  une 
fine  moche.  » 

Lat.,  mi(sca.  Ital.,  m.osca.  Boui'g.,  moiL-ijuc.  Hinn.,  Diorr/uc. 
Mac,  mnclte.  Morv.,  môchc.  Nani.,  moche.  Norm.,  monqde. 
Pic,  monhc.  Prov.,  niosca.  Suiss.  v.,  mafia,  Diots'-Itu.  Wall., 
mohc.  Vx.  fr.,  mnsc/w,  mousdic. 

Mode,    s.  f.,  trajet    déterminé  fait   sur   la    rivière    par    les 
mariniers  delà  Saône:  k  J'ons  fait  une  modr",  deux  modes,  » 
disent-ils.  Lyon  n,  le  verhe  moder,  modo,  pour  pariit.  Les 
modes  de  nos  majiniers  vieniii-nt  de  là. 
Bourg.,  mci'tilc.  Mac,  monde. 

MÔDRE,  V.  tr.,  moudre. 

Lat.,  mnicre.  Ital-,  macinare.  Ben-y.  meùdre,  niende.  Morv., 
nioiire.  Pic,  mnrre,  meider.  Piov..  imdre.  St-Am.,  iundfe. 
Wall.,  nioùrc.  V.\.  fr.,  tïtourie,  iinmldri-.  more,  maaldre. 
(V.  Mou  (In.) 

Moë,  s   f.,  moue,  grimace,  mauvaise  liumnir. 

Champ.,  niorjne.  Geiiev.,  moinjne.  Morv. .  me:,e.  Xam.,  maire. 
Pic,  mouse.  Roueh.,  rnouse,  dppe.  Wall.,  /y/o/rc.  V.\.  fr., 
moes,  moe.  (V.  Moiise.) 

MÔGNE,  S.  f.,  foi'ce  et  adresse  du  joueur  de  billes  :  ((  (3lad'la 
mogne;  à  poquo  de  joliment  loin.  ))  Mo'guon  est  il  pour 
queUjue  chose  dans  l'origine  do  ce  mot? 

MoissE,  adj.,  moilc,  humide  :  «Aile  a  métu  dansson  ormoire 
son  linge  tout  moi.sse.  » 

Lat.,  /niididus.  Ital.,  itmido.  Angl.,  molst.  Lille,  moisS''. 
Wall.,  mat',  Vx.  fi'.,  inoiste. 

MoiNRE,  adj.,  nuindre,  diminué. 

Lat.,  niiiior.  Lorr.,  maure.  Luxemb.,  minre.  Mess.,  maure. 


LANGAGE    POPULAIRE    VEnoUNO-CHALONNAIS  271 

Morv.,  nwinrc.    Prov.,    meiulrc,    niciire.    Siiiss.    r.,    ihcindre. 
Wall.,  rnolnr.  V\.  le.,  /nciwe,  iiw/ii/re. 

Moi-z-i,  Moi-z-EN,  euphonies  très  usitées  :    ((   \)\s-inoiz-i; 
baille-7noi-.;-e/i.  » 

MÔLE,  s.  f.,  meule  à  moudre,  à  aiguiser. 

Lat.  et  ital..  inula.  Lyon.,  iiiola.  Prov.,  inola.  Vx.  IV., 
tnuvlL%  mole,   niculle. 

MÔLER,  V.  tr.,  mêler,  brouiller,  confondre. 

Lat.,  /nisccrc.  Ital.,  inisc/iiarc.  Bei-ry,  mirlwlcr.  Bourg., 
maillai.  Prov.,  mcslar.  !St-Am.,  niclf/c.  Vx.  fr.,  niesl'T,  /nedlei-, 
mcllcr,  mci'lci-. 

MÔME,  S.  m.,  enfant,  gamin. 

Morv.,  inoinc  {tii'e-momc,  sage-feuiine).  Vx.  fr.,  monw. 

MÔME,  adj.,  sot,  slupide  :  ((  C'tu  gas?  Y  é  ben  l'pu  môme  de 
cheû  nous.  )) 

Champ.,  /y(o/uo/i.Genev. ,  moine,  momasse,  mô/nichon.Rouch., 
momcu.  Suiss.  i'.,  mômo,  mouina  (t'ém.). 

MOQUE,  s.  f.,  moquerie,  raillerie^,  grimace  :  «  Voui,  quand  ô 
vous  dit  qu'été  chouse,  y  é  tôjor  eùne  moque.  » 
Bourg.,  niô(iac.  Genev.,  moque- 

MOQUOÛ,  adj.,  moqueur,  gouailleur. 

Berry,  /nof/uai-d.  Bourg.,  môqacu.  Daupli.,  moquou.  Lorr., 
moaquoii.  Morv...  moquou.  Vx.  fr.,  movqucui-. 

MÔH.  s.  f. ,  la  mort,  fort  appréhendée  des  paysans  malades. 
Lat.,  mors.   Ital.,  moi-tc.  Bourg.,  màr.   Lyon.,  mor.   Mess., 
moue.  Prov.,  mort.  Vx.  fr.,  mort. 

MÔR,  adj.,  mort.  Se  dit  déjà  d'un  moribond. 

Lat.  mortuus.  Ital.,  morte.  Bourg.,  mor,  mô.  Wall,  moirt. 
Vx.  fr.,  mort.  (V.  Mouru.) 

MoucHiLLER,   V.  tr.,    mordiller,    mordre   à    petites    dents  : 
«  0  n'a  point  d'opétit;  quand  ô  mainge,   ô   morchille.  » 
Genev.,  morsiller.  Roucli.,  morjelier.  Vx.  fr.,  mordiller. 

MoRCiAU,  et  MouRCL^u,  s.  m.,  morceau,  fragment. 

Bas-lat.,  morsellus.  Ital,  morsc^/o.  Berry,  morciau.  Bourg., 
morcea.  Lim.,  morcèu..  Morv.,  morccai,  mouciau,  mourciau. 


91-? 


LANGAGE    POPULAIRE    VEUDUNO-CH ALONNALS 


Pic.  niourchcd.  Prov.,  niorscl,  inorscits.  St-Aiii.,  moucc. 
Suiss.  1'.,  niovcc.  Wall.,  /Hoi'cùdi,  moirsnl.  Vx.  fr.,  inorsia/i, 
niorscdii,  morccl. 

MÔRDE,  V.  tr.,  mordre. 

Lat.  et  ital.,  wordevc.  Bourg.,  niôdrc.  Lyon.,  luodrc.  Piov., 
mordre.  St-Am.,  nieùdrc.  Vx.  fr.,  iiujrdrc. 

MÙRON,  s.  ni.,  mouron  ((  pour  les  petits  oiseaux  )). 

Pvov. ,  inoi/rroua,  niOLirel.    Rouch.,  nioron.    Wall.,    moron. 

MoRVANDiAU,  DELLE,  S.  m.  et  f.,  habitant  du  Morvan. 
Moi'V.,  inoi'candcati. 

MoRVL-\L',  S.  m.,  morveau.  amas  de  morve. 
Il.-V%  morciaa,  nwrcias.  (Y .  Moncheriâ.) 

jMorvoù,  adj.,  morveux,  mal  mouché. 

Bei-ry,  morcoiix.  Genev .,  niourccux.  Morv.,  morcoii.  Norm., 
morcou,  nioi-easse.  Poit.,  morcoa,  morcliou^  inouchuu.  Roiich., 
inoaqHL'H-'.iix.  Suiss.  r.,  inoccaa.  Wall.,  moitquicu.  (V.  Mou- 
chou,  Naquou.)       . 

MÔTE,  s.  f.,  gazon. 

Ital.,  molta.  Berry,  moutte.  Norm.,  motte.  Vx.  fr.,  mote, 
mot  lie. 

MoucHERiÀ,  s.  m.,  morve,  humeur  visqueuse  qui  sort  du  nez 
Rouch.,  mouqucllnn.  (V.  Morclau.) 

MoLXiiON,  s.  m.,  moucheron,  bout  de  mèche  non  éteinte: 
u  01  a  bentôt  fait;  d'avou  ses  dèts  ôl  ôte  le  mouchon  d'ia 
chandéle.  » 

Cogii.,  mouchon.  Daupli.,  moue  Forez,  /))Ouchon.  Fr.-Cté, 
mousseron.  Genev.,  mouche.  Guern..  cmouquilton.  Lang  , 
moue,  mousc.  Luxemb.,  mouchiruu.  Lyon.,  mouchon.  Morv., 
mouchet  on.  Noi-ni.,  mouqueron,  mouquet.  Pic,  mot/uei. 
Rouch.,  mouhlion,  mouqueron.  Saint.,  moachiron.  Wall., 
mohe,  molui.  Vx.  fr.,  mouclieron. 

MoucHÔTE,  S.  f.,  raouchettes  :  ((  Passe-me  la  mouchàte,  que 
j'côpe  l'nazo  d'ia  chandéle.  » 

MoucHoû,  adj.,  morveux.  Petite  injure  adressée  à  un  enfant 
malpropre,  mal  mouché. 

Bress.,  mouehoa.  hoir.,  mouchoux.  Montr.,  mouchou.  Poit.  ^ 
mouchou.  (V.  Morxoû,  Naquoù.) 


LANGAGE  POPULAIRH  VERDUNO-CHALONNAIS      27'î 

Mouciiû,  S.  m.,  mouchoir  de  poche. 

Berry,  mouchouer,  mouckouè.  Bourg-,  mouchen.  Morv., 
mouchouè,  mouchou.  Pic,  moukoir.  Rouch.,  mouco,  moucau. 
St-Am.,  mousô.  Saint.,  mouc/wnc^.  'ïoul.,  moucadoa.  Vx.  fr., 
tnouchouc7\ 

MouDU,  part.,  moulu,  fatigué,  brisé  :  a  L'mûgnier  a  moudu 
tout  son  grain.  »  —  «  J'ai  sié  é  peu  monté  du  bôs  lôte  la 
jornée;  j'n'en  peux  pu;  j'sis  mouda.  » 

Bourg.,  mclii.  Bi'ess.,  inolii.  Rouch.,  inolii.  Wall.,  moln. 
(V.  Môdrc.) 

MouDURE,  S.  f.,  mouture. 

Lat.,  molitura.  Bas-lat.,  modura.  Berry,  rnodare,  mondare. 
Forez,  modura.  Prov.,  mooudnra.^  inoldava,  inoltara.  Vx.  fr. , 
mousture,  moulcturc,  moullure. 

MouÉ,  pron.  pers.,  moi. 

Lat.,  me.  Ital.,  io,  me.  Mac,  mai.  (V.  Me.) 

MouÉ,  s.  m.,  mois. 

Lat.,  mensis.  Ital.,  mcf^e.  Bourg.,  n\ô.  Hain',  mô.  Il.-V% 
màs.  Prov.,  mes.  Rouch.,  /nos.  Sav.,  ma.  Wall,  meâ,  Vx.  fr., 
nicls. 

MouÉ  d'âvri,  loc,  poisson  d'avril  :  «  On  li  fait  encroire  tout 
c'qu'on  vont;  on  li  a  baillé  ein  fameux  moue  dWorL  » 
Genev.,  mois  d'avril. 

Mouess'noû,  s.  m.,  moissonneur. 

Berry,  méticeux.  Fourgs,  mèss'ni.  Hain',  mesn.et(.r.  Morv., 
moichenou,  mouchenon,  monèclienoa.  Nam.,  mùchencn.  Pic, 
mèchoiioux.  Poit.,  mèlitscur,  mèéinoiix,  niâHoier.  Prov.,  mes- 
souiner.  Wall,  mèheiieu  (glaneur).  Vx.  fr.,  moissoiicor. 

MouÈssoN,  s.  f.,  moisson. 

Lat.,  mcssio.  Berry,  mèticc.  Fourgs, /»c'.s.so/i.  Hain',  m«c/(07î. 
missoii.  Liai.,  meissou.  Metz,  moclion.  Montr.,  /nonss-Iioii, 
maiss-hon.  Morv.,  moichnn,  moitchon.  Nam.,  mcchon.  Poit., 
mètice.  Prov.,  meissoua,  meisho.  Rouch.,  michoii.  Saint., 
mètioe.  Suiss.  r.,  messon.  Wall.,  méchon.  Vx.  fr.,  moisoii. 

MouÈssouNER,  et  Mouèss'ner,  V.  tr.,  moissonner. 

Berry,  mètiGcr.  Bourg.,  moisëcnai.  Forez,  marc.  Fourgs, 
mems'nai.  Hain',   muchcncr,   mes'ner.    Montr.,  mouss-hener, 

30 


274  LANGAGE   POPULAIRE    VËRDUNO-CHALONNAIS 

maiss-hener.  Nam.,  mèchener.  Poit.,  mètioer.  Prov.,  meis- 
sounar.  Rouch.,  rnesncr.  Saint.,  mèticer.  Wall.,  inchcner 
(glaner).  Vx.  fr.,  messonner. 

MouFEs,  s.  m.,  moufles,  gros  gants  de  peau  fourrés,  servant 
à  ceux  qui  coupent  les  épines  dans  les  baies.  Les  doigts, 
excepté  le  pouce,  ne  sont  pas  séparés. 

Bas-lat.,  buffula.  Genev.  et  Lille,  moujjes.  — Norm.,  mouffles. 
Wall.,  mouffes,  inofes.  Vx.  fr.,  inojles. 

MouFLÔT,  ad]'.,  doux,  gonflé,  joufflu,  fourré,  rebondi.  Se  dit 
des  joues  d'un  enfant,  d'un  gâteau,  d'un  édredon,  etc. 

Bas-lat.,  miiffida.  Bourg.,  môjlô.  Bress.,  moujlo .  Montr., 
mouflot.  M.OVV . ,  mq/lan,  môflot.  Norm.,  moujlu.  Prov.,  moflet. 
Roucb.,  mouflu.  Wall.,  mafiè.  Vx.  fr.,  majle,  mafflu. 

MouGNON,  et  MÔGNON,  S.  m.,  moignon. 

Berry,  nieugnori.  Genev.,  )no(cgnon,  mogiion.  Lang.,  nwu- 
gnoà.  Montr.,  mougnot.  Rouch.,  mogiwn.Yx.  fr.,  mougnon. 

Mouillasse,  s.  f.,  bruine,  petite  pluie,  ondée  légère. 
Morv.,  mouèlUaissa  (endroit  marécageux). 

Moule,  s.  m.,  mesure  de  capacité  pour  le  bois  à  brûler  : 
((  J'ons  éch'té  eùn  moule  de  bôs  por  noteliivâr.  »  Équivaut  à 
un  mètre  cube.  On  le  mesure  à  l'aide  de  deux  tiges  ver- 
ticales et  d'une  horizontale,  chacune  d'un  mètre  et 
ajustées  l'une  dans  l'autre.  Elles  servent  ainsi  de  cadre  aux 
bûches,  longues  également  d'un  mètre.  De  cette  manière, 
on  obtient  naturellement  le  mètre  cube. 

Berry,  roule  (pile  de  bois).  Prov.,  molle.  Vx.  fr.,  moelle, 
molle,  mole. 

Mouleton,  s,  m.,  molleton. 
Genev.,  mouleton. 

MouMENT,  s.  m.,  moment. 

Lat.,  momentum.'  Ital.,  mcnento.  Berry,  mnument.  Morv., 
mômeiign' .  Prov.,  moment.  Saint.,  mouman. 

MouN,  et  Men,  pr.  pers.,  mon. 

Lat.,  meus.  Ital.,  mio.  Berry,  moun.  Hain',  mêfi.  Pic,  men, 
min.  Prov.,  mas.  Rouch.,  mèn.  Wall.,  mi.  Vx.  fr.,  meon,  mi, 
men. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  275 

MouNER,  V.  (r. ,  mener,  conduire. 

Ital.,  mcnarc.  Morv..  inoiaicr,  moifjneryinoucncr,  niourjncr. 
(V.  M'ner.) 

MoÛNiAU,  et  MÔGNiAU,  s.  m.,  moineau.  Au  fig.,  d'un  gas 

prétentieux:  «  V'ià-t-i  pas  eùn  ben  biau  moùniau,  ma  fi  !  » 

Ard.,    moellon.    Berry,    moigaeau.    Mac,   inoiiiô.    Norm., 

moisson.  Pic,  morrgneau,   moinet.   Rouch.,   moniau.   Wall., 

nwhon.Yx.  iv.,  moine,  moisnel,  moiniaii,  moisSun,  mousson. 

MouRÎ,  et  Meùrî,  V.  intr.,  mourir, 

Lat.,»(07"t.  LtSil., /norii'c.  Berry,  mouvi,  motii'cr,  mourir. 
Bourg,, /nef^rï.  Bress.,  mnri.  Fr.-Cté,  meurt.  Lim.,  mûri-, 
LoiT.,  mcuri.  Lyon.,  mari.  Morv.,  meuri,  mûri,  niou/ii,  mou- 
ritrc.  Pic,  morir.  Prov.,  morir,  mûrir.  Sav . ,  mocri.  Suiss.  r., 
mure.  Wall.,  morl,  morir.  Vx.  fr.,  mûrir,  morir. 

MouRu,  part.,  mort    :   «  L'pauv'  diâbe!   ôl  é  ben  vite  été 
mouru!  )) 
St-Am.,  mcû.  Wall.;  moru.  (V.  Môr.) 

Mou.sE,  s.  f.,  moue,  maussaderie,  mauvaise  humeur, 
Lille,  mousse.  (V.  Moë.) 

Mou-SER,  V.  tr.  et  intr.,  bouder  quelqu'un,  faire  la  moue. 
Bourg.,  moulai.  Fland.  et  Hain.,  mouscr.   H'-Main.,  mnus- 
sincr.  Lille,  mouser.  Morv.,  mouser,  fèrc   lai  tneue.  Norm., 
mulcr.    Rouch.,  faire   la  mouse,    la    lippe;  Wall.,    mouscr, 
muser.  Vx.  fr.,  faire  la  moe. 

MoussERiYON,  s.  m.,  petit  moucheron  :  ((  Au  bord  de  l'iau, 
vou  ben  dans  le  p'tiot  bois,  y  en  a  des  mousserii/ons  !  on 
en  é  dévoré.  »  (V.  Mousseron.) 

Mousseron,  s,  m.,  moucheron,  cousin.  Notre  ceinture  de 
deux  rivières  nous  en  fait  naître  parfois  des  nuées.  Alors, 
gare  aux  peaux  douces  ! 

Bourg.,  mouson.  Genev.,  mouchillon.  Lille,  mouq'ron.  Pic, 
mouheron.  (V.  Mousserii/on.) 

MousTAFA,    s.    m.,    moustachu,    gaillard    qui    a  de   fortes 
moustaches.  Ironique, 
Wall.,  moustajîa. 

Mousu,  adj,,  qui  fait  la  moue,  boudeur. 

Fland.  et  Lille,  mouson.  Rouch.,  mousète  (fém.,  maussade). 
Wall.,  mouson,  inuss.  (V.  Mouse.) 


27G  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

MouTEiLLE,  S.  f.,  nioutelle,  petite  lotte. 

Lat.,  niustcla.  Bourg.,  mouteule.  Champ.,  motcllc.  Genev., 
inoutalle.  Morv.,  moutcillc. 

Mout'nei,  s.  m.,  petit  berger,  jeune  gardeur  de  moutons  : 
«  T'sais  pas  qui  y  é  qu'a  fait  c'qui?  Y  é  le  p'tiot  moiWnei 
du  père  François.  » 

Mouton,  s.  m.,  petit  ver,  larve  qu'on  trouve  dans  les  cerises 
noires  :  «  Je  u'  maing'  pas  de  tes  cerises;  y  a  des  moutons 
d'dans.  » 

Bourg.,  môton.  Mac,  inoncton  {\e  monton),  Montr.,  mouton. 
Prov.,  inolto,  multo,  moto. 

MouTRÔT,  s.  m.,  petite  élévation  de  terre,  monticule.  Dans 
les  environs  de  Tournus,  des  émiueuces  de  terre,  qu'on 
suppose   être  des  sépultures,    sont   dénommées    mearbt, 
muvot. 
Lat.,  murus.  Bress.,  tnciitro. 

MouYER,  Y.  tr.,  mouiller,  humecter. 

Lat.,  mollirc.  Berry.  moillicr-  Prov.,  maelhar,  moUuu\ 
moillav.  Vx.  fr..  moilicr,  moillicr,  meuiller. 

MûcHER,  et  MussER,  V.  tr.  et  pr.,  cacher,  se  cacher;  pour  le 
soleil,  se  coucher  :  «  Soulô  mûohant.  » 

Bourg.,  mcûssai,  caichai.  Champ.,  muser.  Il.-V%  enter. 
Lille,  mucher.  Morv.,  uicusser.  Norm..  mcusser,  ntuchcr, 
muchier.  Pic.  et  Rouss.,  mucher.  \Vall.,  muchi.  Vx.  fr.,  mu- 
echcr,  muchier,  muhier. 

MûcHÉTE,  S.  f.,  cachette,  petite  cache. 

Bourg.,  eaicheiïte.  Lille,  muche.  Norra.  et  Pic,  à  la  muche 
ienpot.  Rouch.,  muche.,  muclictc. 

MÛGNiER,  s.  m.,  meunier. 

Lat.,  molinarius.  Bas-lat.,  moncrius.  Ital.,  molinaro.  Bourg., 
mufjnié,  mugnai.  Genev.,  mûnier.  Hain',  monier,  mouiller. 
Lim.,  moùniè..-.  Midi,  mûnier.  Morv.,  tnugnicr.  Nam.,  mounî. 
Norra.,  mounier.  Pic,  magnier.'  Prov.,  molinier,  mounier, 
monier.  Wall.,  mouni,  molinier.  Vx.  fr.,  mounier,  meusnicr, 
mulnier.  {Y.  Meùlc.) 

MULE,  s.  f.,  engelure  :  «  J'ai  les  ynùles  au  talon.  »  Cette 
phrase,  très  usitée,  est,  moins  l'inversion,  le  vers  d'un 
de  nos  vieux  A^oëls. 


LANGAGI-:    l'Ol'ULAlUK    VKKUUNO-CMALuNN AIS  277 

t'iaiul.,  inni/lc.  Genev.  et  Lorr.,  umlc.  Moiv.,  mâle,  l'oit., 
/iiiilo/i.  Wall.,  iiieùlc 

MuLÔT,  s.  m.,  mulet. 

Ij'aI. ,  iiudus.  It'àl. ,  III  ulctto.  Moi'v.,  iiinlui.  St-Am,,  mule. 
Vx.  fr.,  mulet. 

MuRGEi,  et  MeÙrgei,  monooau,  tas  :  ((  Eùn  miirf/ei  de 
piâres  »  est  un  tas  de  pierres  qu'on  forme  dans  les  vignes 
en  défrichant. 

Bei'ry,  manjèc.  Bourg.,  inuri/ci,  mcurgcl.  Brie,  mcr>jcr. 
Fi'.-Cté,  mut'gic,  murfjier,  niuv'jcrot.  Fonvgs,  morgic,  inouvchi, 
mourgiict.  Genev.,  moè .  Jura,  iiiurger.  Mac,  morgt\  ropeille. 
Montr.,  mcurot,  niurot.  Morv.,  nicurgé,  meur:^èrc.  Poit., 
murgé.  Rom.,  moye.  Sav.,  nioai.  Suiss.  r.,  rnorgiè,  mordju, 
mourguet.  Vosg.,  mcurgèe. 

MusiAU,  s.  m.,  museau  :  «  Oh!  l'maulépris!  v'tu  ben 
mei^isscr  ton  peut  musiau!  » 

Bourg.,  musca.  Bress.,  mcsiau,  musillon,  mcu^clion.  Genev. 
etU.-V',  mougiie.  Lira.,  inuséa .  Meiz,  /neu^gnou.  Morv., 
meugiwau.  Nani:,  iiui.:ia.  Sav.,  mo<\;ai.  Wall.,  mu.cai, 
musiau.  Vx.  fr.,  inusel.  (V.  Mcûsiau.) 

MusoN,  s.  et  adj.,  musard,  lambin,  flâneur. 

Morv.,  tnuson,  bidon,  bu/on.  Prov.,  mn.idr/.,  luusunl. 
Vx.  fr-,  ntusurt. 

MusÔTE,  S.  f.,  musette,  jadis  choyée  des  danseurs. 
Bourg.,  muscutc.  (V,   Gu/i/la.) 


N 


Naige,  s.  f.,  nage,  action  de  nager  :  ((  l'or  ratrapai  Tbatiau, 
ô  s'é  j'té  à  la  naif/p.  » 
St-Ain.,  na^re.  Wall.,  a  nuïc  (à  la  nage).  Vx.  fr.,  iwjc. 

Naiger,  V.  intr.,  nager. 

Lat..  nature.  Ital.,  iftare.  Hain'-,  nanger.  Morv.,  nouer. 
Pic,  nanger,  langer,  larger.  Roucb.,  ininger.  Wall.,  nui. 
Vx.  fr.,  naiger,  nagier,  nagger,  neer,  noer. 


278      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

Naipe,  s.  f.,  nappe  :  «  L'côsin  veinra  gôter;  faut  niéte  la 
naipe.  » 

Lat.,  mappa.  Ital.,  tcœoglia.  Berry,  naplllon  (guenille). 
Bourg,  et  Morv.,  naippc.  WaW.. ,  iriapc.  Vx.  fr.,  napc,  mappc. 

Naisir,  et  Nâzir,  v.  intr.,  moisir,  sentir  l'aigre. 

Lat.,  mucere.  Ital.,  nmffarc.  Bress.,  naiècr  (faire  rouir  le 
chanvre).  Jura,  naisir.  Prov.,  m^zir.  St-Am.,  lau^'i.  Wall., 
nuisir.  Vx.  fr.,  rntdsir,  moisj/r.  (V.  Nà^é.) 

Naissu,  part,  du  v.  ndtre,  né. 

Berry,  natchu.  Bourg.,  nal .  Bress.,  noctt.  Lim.,  nàcu. 
Lorr.,  nahlii.  Mac,  naqui.  Morv.,  nâssu. 

Nan-ne  (faire),  loc.,  dîner,  faire  le  repas  de  midi. 

Angl. .  noo/i  (midi).  Ait.,  iione.  (V.  Quut' heures,  Vèprô, 
Rècle.) 

Nan-ni,  adv.,  nenni,  non. 

Lat.,  non.  Ital.,  no.  Berry,  nannî .  Bourg.,  nainrn,  nèna, 
nennain.  B'iand.,  nin.  Fr.-Ctéj  nc.net.  Morv.,  nini.  Norm.^ 
nannin.  Vx.  fr.,  ne/lnil,  Jienal,  nennin,  nennjj. 

Naque,  s.  f.,  morve,  mucosité  qui  sort  du  nez  d'un  enfant: 
«  Mouch'  donc  ton  p'tiot;  la  naqne  li  tombe  dans  l'bec.  » 
Bourg.,    naiqne.     Morv.,    nùtqnr.    Poit.,    nacre.    Wall., 
nacqKC  (odorat). 

Naqué,  part-,  craché.  Se  prend  dans  un  sens  figuré.  Pour 
exprimer,  par  exemple^  qu'un  enfant  a  les  traits  de  son 
père  :  «  Eh!  dit- on,  coume  ô  le  ressembe  !  Y  é  lu  tô 
naqué.  )) 

Bourg.,  naquai,  riaiquni.  Bress.,  naquer  (faire  jaillir  de 
l'eau,  de  la  boue.  A  peu  près  l'équivalent  de  notre  Jicler). 

Naquoû,  s.  m.  et  adj.,  morveux,  et  au  fig.  gamin  qui  fait 
l'important,  de  ceux  dont  on  dit  :  ((  On  li  tordrôt  l'nâze, 
qu'  y  en  sortirôt  côre  du  lot.  » 

Bourg.,  naiqnun,  naqria  (Naquet  était  jadis  le  surnom  du 
garçon  de  salle  d'un  jeu  de  paume).  Champ. ,  n((C((rd,  aaqueux. 
Genev .,  nuinibot.  Lang.,  ninhot.  Morv.,  niaquoii.  Norm., 
nabot.   Poit..  narrnii.  Renn.,  nachard .   (V.   Morvoû.) 

Nasiait,  s.  m.,  r.aseau  :  «  L' voués  tu  d'avou  son  ch'vau? 
1  t'ii fiche  des  r.ops  su  1'  nasiau  qu'la  pauv'  béte  en  saingne.  » 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  279 

Lat.,  nas((s.  Ital.»  narlcc.  1L-V%  nnsiau .  Pic.^  nasleii. 
.Vx.  fr.,  naseau. 

Nâtre,  V.  intr.,  naître. 

Lat.  etltal.,  nasccre.  Bourg.,  nâtre.  Morv.,  nâte.  Prov., 
nascer,  naisser.  Vx.  fr.,  nestre,  naistrc. 

Naviau,  s.  m.,  navet,  et  au  fig.  objet  de  peu  d'importance  ; 
■((  Ça?  y  et  eùn  naciau!  » 

Lat.,  napus.  Ital.,  ncwonù.  Berry,  naveau,  tiaoiau.  Midi, 
naoeau.  Nam  ,  navia.  Pic,  naciau .  Poit.,  naina.  Roucli . , 
naviau.  St-Am.,  naoë.  Saint.,  naceau.  TouL,  nap.  WalL, 
naciau^  naoai.  Vx.  fr.,  navlel,  naviet. 

Navôte,  s.»f.,  navette,  plante  dont  la  graine  fournit  l'huile 
de  ce  nom. 
Berry,  nahelte,  nabla.  Morv.,  naiootte.  Vx.  fr.,  naoete. 

Navôte,  s.  f.,  navette,  outil  du  tisserand.  —  On  se  rappelle, 
à  Verdun,  cette  ruse  d'un  ancien  tisseur  de  toile.  Il  payait 
un  gamin,  qui  descendait  dans  la  cave  et  mettait  en 
mouvement  le  battant  du  métier,  pour  que  ce  bruit,  joint 
à  celui  de  la  navette,  fît  croire  à  la  femme  que  le  mari 
travaillait,  tandis  que  le  buveur  levait  le  coude  au  cabaret. 
Bas-lat.,  naceta.  Ital.,  novetta.  Vx.  fr.,  navette. 

Nâze,  et  Nazô,  s.  m.,  nez. 

Lat.,  nasus.  Ital.,  naso.  Bas-norm.,  ««ej'.  Bourg.,  né,  née. 
Bress.,  nave,  no.  Lim.,  nà.  Lorr.,  né.  Nam.^  /id.ô'.  Prov., 
nas,  nas.  Rom.,  nas.  Ronch.,  nac,  naso.  St-Am.,  nô.  Saint., 
nazot.  Sav.,  raâ-  Toul.,  nas,  na.se t.  Wall.,  nase.  Vx.  fr., 
nés,  nés.  (V    Nâsà.) 

Nâzé,  adj.,  qui  a  mauvaise  odeur,  moisi. — Lajardinière  lavait 
à  grande  eau,  dans  un  tonneau  près  du  puits,  ses  salades. 
Elle  les  déposait  ensuite,  toutes  ruisselantes,  dans  une  haute 
corbeille  :  «  Les  laissez- vous  là-dedans?  demandai-je.  — 
Tant  s'ment  pour  les  égouter;  pas  longtemps,  ail'  sen- 
tireint  Vnàzé.  »  —  Naze  voulant  dire  :  nez,  n'y  a-t-il  pas, 
dans  nazé,  l'idée  de  punais? 

Bourg.,  meusi,  inesi,  naizô  (rouissoir)  .  Dauph.  ,  naiser 
(rouir).  Fr.-Cté,  naiser  (rouir).  Genev.,  naisé.  Montr.,  nniz-hi. 
Morv.,  ai^er,  naiz~er  (rouir).  Neufch.,  nasi,  gcsi.  Vx.  fr., 
naizer  (rouir).  (V.  Naisir.) 


280      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

\ 

Nè,  adj.,  net,  propre,  clair,  luisant. 

Lat.,  nltidas.  Ital.,  nctto.  Bourg.,  nai.  Prov.,  net,  ncd,  ncde. 
Vx.  fr.,  /le/^j,  /ie.s,  net^  nect. 

NÉGRESSE  (la),  s.  f.,  marmite  dans  laquelle  font  la  soupe  les 
mariniers  d'un  équipage.  (V.  Pérole.) 

N'empôche  que,  loc.  contractive,  cela  n'empêche  pas  que... 
Cogn.,  Il  empêche  quc... 

Nentille,  s.  f.,  lentille,  légume.  On  donne  aussi  ce  nom 
aux  taches  de  rousseur  :  «  Y  ôt  bé  vrâ;  la  Toinon  serôt 
cor  pu  brûve ,  si  ail'  n'avôt  pas  des  nentilles  plein  la  figure.  » 
Lat.,  Icnticula.  \idi\.,  Icnticchla.  Berry,  nentUl&i  Bourg., 
naïuillc.  Gogn.,  Morv.  et  Pic,  nentille.  Prov.,  lentille.  Toul., 
dentilho.  Vx.  fr..  lentille. 

NÉTÉYEMENT,  etNÉTEYAGE,  S.  m. ,  ncttoicment,  nettoyage 
Ital.,  nettamento.  Morv.,  noteyaige.  Rouch.,  nétinien.   Vx. 
fr.,  nettotjenxent. 

NÉTÉYER,  V.  tr.,  nettoyer  :  «  AU'  vous  nétèije  ça    qu'y  é 
prope  coume  cinq  sous.  » 

Lat.,  nitidare.  Ital.,  nettare.  Berry,  nettetjer,  nctteger, 
nettir.  Bourg.,  nottouè.  Champ,  et  Fland.,  nottier.  Genev., 
nettat/cr.,  Hain'  nétier.  Morv.,  nètèger,  nètèïer,  notèj/cr, 
Norm.,  néquier,  nater,  nètier,  nétir.  Poit.,  nettir.  Prov., 
netejar,  nedeyar.  Rouch.,  nétier,  renétier.  \\all.,  nettir,  nèti- 
Vx.  iv.^  nctoier,  ncsto//er,  nectier. 

Neù,  adj.,  neuf  :  «  Son  onque  veint  d'ii  bailler  eùn  hébit 
tout  neù.  )) 

Lat.,  novus.  Ital.,  naovo.Bervy  et  Bourg.,  nen.  Bress.,  nia. 
Gasc,  néon.  Hain' et  Lille,  nué.  L'im.,  niau.'Lorr.,  niif.  Morv. 
et  Pic,  neu.  Poit.,  7*0.  Prov.,  non,  niieu.  Sa,v.,  nietioc.  Wall., 
noâ.  Vx.  fr. ,  nuof,  noef. 

Neûrî,  et  NÔRÎ,  V.  tr.,  nourrir. 

Lat.  et  ital.,  nutrirc.  Bourg.,  norri.  Hain'  norir.  Morv.,  yiârc. 
Pic,  norir.  Prov.,  nurir,  noirir.  Wall.,  noùri,  nori.  Vx.  fr., 
narrir,  norrir. 

Neûrice,  et  NÔRicE,  s.  f.,  nourrice.  Réputées  sont  les  fraîches 
et  saines  nourrices  de  la  Bourgogne. 


LANGAGK    POPULAIRIî    VEIiDt;NO-CHALONN.\  IS  2^1 

Lat.,  nntritia.  Ital.,  ntitricc.  Morv.,  iieiiric<\  iinricc,  noricc. 
Pi'ov.,  niiirissa,  noi/riasd.  Vx.  fr.,  no/'i-icc,  nurricc. 

Neûriteùre,  et  Nôhiteùue,  s.  f.,  nourriture. 

Lat.  et  Ital.,  natrltara.  Berry,  noarreture,  nourrisscrnent. 
Morv.,  nurltcarc.  Prov.,  noi/ritara,  noiridara.  Wall.,  noii- 
tare.  Vx.  fr..  nui-tare,  norreiure,  noureture. 

Neùsance,  s.  f.,  nuisance,  tort,  préjudice. 

Lat.,  nocentia.  Ital.,  noceasa.  iiei'ry,  musse,  nuiscmcc. 
Norm.,  neùsance.  Prov.,  nojjsensa,  nosensa.Yx.  fr.,  neusu/ice, 
nuisance. 

Neùt,  s.  f.,  nuit  :  ((  Bonsouér,  compeire;  i  fait  neùt;  j'vons 
dremî.  » 

.  Lat.,  nox.  Ital.,  notic.  Angouni.,  ncut.  Arden.,  Besanç.  et 
Bourg.,  neu.  Biess.,  né.  Dauph.,  not.  Il.-V%  nuitée.  Jura, 
nat,  net.  Lini.,  ne,  nèit.  Lorr.,  neut,  neutje,  neu.  Lyon.,  ncj/. 
Mac,  neu.  Midi,  iiccht.  Montr.,  net.  Morv.,  neu,  nuée,  gnuèe. 
Pic,  neuit.  Poit.,  neut,  neuil,  neet,  nit.  Prov.,  noit,  noich, 
nuoit,  nuot,  nueh,  nuh.  Rom.,  nuech.  St-Am.,  nâ.  Saint., 
neat.  Sav.,  niuai.  Wall.,  nute,  neit.  Vx.  fr.,  noit,  nuis,  nuits, 
nuict,  nujjt. 

Neûyer,  s.  m.,  noyer,  arbre. 

Lat.,  nux.  Ital.,  noce.  Berry,  nogier,  nou^er,  nouer,  calou- 
nier.  Bourg.,  calôtei,  caleute.i.  Bress.,  noyi.  Lira.,  néjo. 
Morv.,  noué,  noujé,  calenè.  Poit.,  nourjcai,  nouât/ ,  nouqi, 
noai.  Prov.,  nouguier^  norjuier,  nogier.  St-Am.,  nongi.  Sav., 
nager.  Suiss.  r.,  nolii.  Vx.  fr.,  nager,  noier. 

On  remarquera  que  le  Bourguignon,  le  Berrichon  et  le  Mor- 
vandeau ont  chacun  un  ou  deux  verbes  répondant  à  notre  subst. 
cala.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Neûzille,   s.  f.,  noisette   :   «  Vons   nous  preùmener  sur  la 
levée,  por  miger  brament  nos  neùzilles.  » 

Lat.,  nucella.  Ital.,  nocellç..  Any,  nosille,  nouzille,  nouscille. 
Berry,  nousille,  noisiUe.  Bourg.,  nesille,  nosel,  nou^eiite, 
nôsotte.  Bress.,  nu^ille,  anaille.  Champ.,  riougette.  Dauph., 
oulagni.  Forez,  aulagne.  allongne.  Fr.-Cté,  ndillofe.  Frib., 
alogne.  Hain..  neusétc,  noséte,  nogéte.  IL-V'^e,  nosille,  nosctte. 
Jura,  n6'5j7/c  Lim.,  nou^illias.  Lorr.,  neuhatte,  nujote,  cacatle. 
Mac,  alogne.  Messin.,  nugeotte.  Montr.,  nusillc,  alogne. 
Morv.,  nouée,  nouotte,  nouillotte.  Nam.,  neùje.  Pic,  neusctte, 

31 


'2iiZ  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNQ-CHALONNAIS 

nesette.  Poit.,  nouille,  nousUle,  nouseille.  Rom.,  aulanie. 
Rouch.,  nogètc,  Jiojètc,  nosète.  Sav.,  alôgne.  Vend.,  no^cille. 
Wall.,  nojette,   noujette,   neûchc.  Vx.   fr.,  noiiille,    nousille. 

Neûziller,  s.  m.,  noisetier. 

Ital.,  nocciaolo.  Aunis,  nou;;illie7\  Berry,  noisillier,  noti- 
silliev.  Hain.,  ncusià,  nosiei\nosetiev.  Morv.,  noujetiei.  Nam., 
ncû/'i.  Pic,   ncigetier.   Wall.,   nojetier,   neâhi.   Vx.   fr.,   noi- 

selicr. 

Neveùr,  s.  111.,  neveu  :  «  01  é  ben  le  neoeur  à  son  onque,  » 
dit-on  pour  constater  l'identité  de  quelqu'un. 

Lat.,  iicpos.  Ital.,  ncpote.  Lyon.,  nccou.  Montr.,  necciir.- 
Prov.,  nops,  ncbs,  ncbot.  St-Am.,  necô.  Toul.,  nehout.  Vx.  fr., 
ncpccd,  nié,  nieps,  ncud,  nevol,  nevo^. 

Néye-Chrétien,  s.  m.,  périssoire.  —  Cette  appellation 
plaisante  n'a  dû  être  imaginée  qu'après  un  certain  nombre 
d'accidents.  Elle  a  son  analogue  dans  le  Centre,  où  une 
sorte  de  pâtisserie  indigeste  est  appelée  :  «  Étouffe- 
Chrétien.  » 
Toul.,  iicfjofol.  (V.  Avluquiii.) 

NÉYER,  V.  tr.,  noyer,  faire  périr  par  immersion. 

Lat.,  nccare.  Ital.,  ncgare.  Bei-iy,  narjcr,  negcr.  Bourg., 
jièjjai,  noyai.  Catal.,  negar.  Champ.,  iiaj/er.  Dauph.^  noya. 
Forez,  naisâ.  Fr.-Cté,  naser.nâsi,  iiaisir.  Gasc. ,iicga.  Genev., 
nager.  Hain.,  néicr.  Jura,  nagi.  Lim.,  ne/as.  Morv.,  neiger, 
niycr.  Norm.,  ncachcr,  nier,  noyer.  Pic,  ncyer.  Poit.,  nau^ai, 
négeai.  Prov.,  negar.  Rom.,  negcr.  Roueb.,  nier,  nèicr,  noter. 
St-Am.,  nayë.  Suiss.  r.,  néJii,  neilii.  Toul.,  ncga.  Tour.,  negcr. 
Wall.,  nier.,  negcr,  nouycr,  iièi.  Vx.  fr.,  nayc,  ncyer,  neir, 
no  ici'. 

NiÂR,  s.  m.,  nerf  :  «  Quà  ç'a-t-i  qu'aile  avôt  fait?  L'butôr! 
ô  t'ii  flanquôt  des  cops  de  niar  de  beû.  » 

Lat.,  nercus.  Ital.,  nerco.  Gênev.,  nicrfe,  niarfe.  Prov., 
nervi.  Toul.,  nerbi.  Vx.  fr.,  nier,  ner. 

NiARGUER,  v.  tr.,  narguer,  gouailler,  persifler. 

Lat.,  naris.  Bas-lat.,  naricus.  Bourg.,  niarguai.  Vx.  fr., 
faire  des  }iares. 

Pour  narguer  on  contracte  les  narines. 


LANGAGE    POPULAIRE    \l';RDUNO-CIlALONNArS  283 

Niflet!  excl.  nêg.,  non,  non!  pas  du  tout!  Du  A-ocabulairc 
des  écoliers  :  «  Ah!  t'crais  que  j'vas  t'en  bailler?  Nijtet!  » 
—  Quelle  origine  trouver  à  ce  mot?  A  Provins,  on  nomme 
niflettea  de  petites  pâtisseries  à  la  crème,  et  iiijlet  un 
gourmet.  Il  n'y  a,  là,  aucun  rapport  avec  notre  négation. 
(V.  Nix!) 

NiNE,  S.  et  adj.  f.,  naine,  petite  femme. 

Lat.,  nanus.  Ital.,  riano.  Berry,  Genev.  et  Lyon, /tt/it;.  Pic, 
naintressc.  Vx.  fr.,  naine. 

NiNFiA,  s.  m.,  nénuphar. 

Lat.,  niiniph.œa.  Ital.,  ninfca.  Vx.  fr.,  ncufart. 

NiôcHE,  adj.,  sot,  niais,  nigaud  :  «  01  a  ben  été  li  dire 
l'afàre;  ôl  é  prou  nibche,  ma  fî  !  »  Par  une  sorte  de 
réduplicatif  plaisant,  on  dit  aussi  :  nionio.  Un  vieux  pro- 
verbe disait  :  ((  La  nience  de  Chalon.  » 

Ital.,  nidiacc.  Berry,  nioche,  niolc.  Bourg.,  gniole.  Bross. 
et  Forez,  nioche.  Genev.,  niôc/ae.  Jura,  niauche.  Norm.,  nio. 
Prov.,  nizaic,  niaic.  Sav.,  nioche.  Suiss.  r.,  niohu.  Wall., 
ninoche.  Vx.  fr.,  m/ais,  nie^.  (V.  Niqucdoiiillc.) 

NioÛD,  et  NÙD,  s.  m.,  nœud  :  ((  N'y  a  si  gros  nùd  qu'on  ne 
défasse.  » 

Lat.,  nodus.  Ital.,  nodo.  Berry,  non,  noud .  Bress.,  niond. 
Il.-V,  neu.  Lyon.,  noi(,  nu.  Morv.,  /loii.  Nam.,  /ikL-.  Xoiin., 
non,  noue,  noud.  Pic,  nou.  Pi'ov.,  not,  no,  nous,  noune. 
St-Atu.,  nô.  Toul.,  nouiél.  Wall.,  nouk.  Vx.  fr.,  neu,  u  lu, 
noud. 

NiQUEDOuiLLE,  S.  m.,  simple,  niais,  imbécile  :  «  Oh!  Tgrand 
nifjuedouille!  6  n'sait  tant  s'ment  ran  dire!  » 

Berry,  ni'juedouille.  Fland.,  nicdouille,  Jura»,  niijuedouillc, 
Lille,  nicdoul.  Morv.  et  Norm.,  niquedouillo.  Rouch.,  nique- 
doule.  Saint.,  nir/uedoui/e.  Suiss.,  niqucdouille.  Yonn.,  nica- 
d ouille.  (V.  Nioche.) 

N'iTOU,  loc.  adv.,  non  plus  :  ((  Y  a  eùn  bal;  ma,  à  cause  de 
la  Jaqueline,  ô  n'veut  pas  y  aller. . .  et  moi  nitoa.   »  Itou 
voulant  dire  :  aussi,  n'itou  est  conséquemment  :  non  itou. 
Mieux  vaut  donc  l'écrire  n'itou  que  nitou. 
Xoi-in.,  nitou,  itetou. 


284  LAXr.AGE    POPULAIITE    VERDUNOCH ALONNAIS 

NiuAGE,  S.  111  ,  nuage,  nue,  nuée. 

Lat.,  niihcs.  Ital.,  inibc.  Bourg.,  iKiaiijc,  nitcùjc.  Forez, 
niolla.  Laiig.,  nioul,  /licuiil,  iiibonl.  Lyon.,  (jiilola.  Prov., 
nioti,  niodl,  nioiila.  Rom.,  nica.  Toul.,  nibnul. 

NiviAu,  s.  in.,  niveau,  égalité. 

Lat.,  HIicUk.  Ital.,  h'rrllo.  Guern.,  licf't.  Hain.,  iiiciau. 
Prov.,  lire!/,  /tircl.  Ivouch..  iticiuK.  AVall.,  Icoai.  Vx.  Ir., 
liceau. 

Ni.\!  etNisfù!  oxcl.  nég.  non!  non  pas!  Le  premier  est  la 
prononciation  adoucie  du  nicldz  allemand. 

Lat.,  niri.  Ital.,  no.  Boirg.,  nain..  Morv.,  no.  Pic,  neiii^ 
naie,  na.  Prov,,  non.  no.  V.\-.  [r.,  niut.  (V.  Nijlet!) 

Noble,  adj  ,  fort,  grand,  mais  pres(jue  toujours  ironique  et 
en  niau\aisc  part.  J'ai  enfrudu  une  paj'sanne  admonester 
ses  poules  en  termes  non  équivoques  :  ((  Attends!  nobles 
p. . .  !  ))  leur  ci'iait-elle,  pour  les  empjcher  de  picorer  dans 
le  jardin  et  les  faire  rentrer.  Ce  singulier  attends  n'est 
point  une  faute;  le  pluriel  attendez  eût  été  beaucoup  trop 
long  pour  l'impérieuse. 

NOiNOSPANT,  prép.,  nonobstant,  malgré. 

Lat.,  nmt  ijbstan:>.  \i?d.,  non  ostnnte.'BQtvy ,  nostant.  Bourg., 
noaostan.  Bress.,  no.itun.  Vx    fr.,  non  obstttiit. 

Non  pas,  loc.  redondante  :  «  0  cor  meû  que  non  pas  son 
freire.  » 

Nos,  pron.  pers.,  nous.  N'est  pas  toujours  employé.  Vient 
plus  volontiers  au  début  de  la  phrase  :  «  Nos  v'ions  ben.  » 
Lat.,  nos.  Ital.,  noi.  Bourg.,  no.  Pic.  et  Prov.,   nos.   Wall.» 
noise- .  Vx.  i'r.,  nus.  (Y.  Je.) 

Note,  et  Noute,  adj.  poss,,  )iotre  :  «  Noute  fonne;  note 
fieu.  » 

Lat.,  nostcr.  Ital.,  nostro.  Berry,  noùtc.  Bourg-,  note.  11. -VS 
no'/tre.  Mac,  n'ton.  Morv.  et  Noim.,  noute.  Pic,  no.  Piov., 
nostro.  Suiss.  r.,  nontro.  Vx.  fr.,  nostro,  nostre,  no. 

Nou!';,  s.  L,  source  naturelle,  rigole,  et  aussi  prairie  maré- 
cageuse. —  Près  de  Chalon-sur-Saône,  un  pou  plus  loin 
que  le  village  de  Saint-Marcel    {VHuhiliacus   à    l'église 


LANGAGE    POPULAIRE    VKKDtJNOCM  ALONN.\  IS  :285 

fondée  par  Gontran  et  aux  dorniors  jours  d'AlxMa rd)  se 
trouve  une  maison  de  maître,  entourée  de  ses  fermes,  et 
qui  porte  le  nom  de  «  Domaine  de  In  Noue  ».  A  Mon- 
tereau,  une  promenade  sur  la  rive  gauche  de  l'Yonne  est 
appelée  Les  Noues. 
Bas-lat.,  noa.  Norm.,  noc,  noue.  Vx.  fr.,  noe. 

NouÉGE,  s.  f.,  neige  :  ((  J'ons  été  pris;  j'pouvions  pas  rentrer 
du  marché  :  y  avôt  d'ia  nourpe  pa  dessur  les  saibots.  » 

Lat.,  nrx.  Ital.,  necc.  Berry,  ncitjc  mêlée  de  pluie  (neige 
pourrie).  Bourg.,  nage,  noir/e.  Bress.,  nôgc,  nese.  Catal.,  neu. 
Fr.-Cté,  noigc,  nedgc.  Hain.,  niée.  Isère,  net,  alfa.  Jura,  na. 
Lim.,  ncil,  necio.  Lorr.,  nadge.  Montr..  noucge.  Morv.,  notiègc, 
nnlge,  noue.  Nam.,  nivc.  Norm.,  nii/e.  Poit.,  nèrc,  nice. 
Prov.,  ne((,  nien,  niex.  Rom.,  nicx.  St-Am..  nc;e.  Sav.,  nd. 
Toul.,  nèii.  Wall.,  nlcuic.  Vx.  fr..  nolf,  ncif,  negc,  noigc. 

NouÉGER,  V.  intr.,  neiger  :  «  Y  é  i)rou  joli,  quand  on  vouét 
c'ment  c'qui  nouéger  tout  blanc  dans  les  prés.  » 

Lat.,  nlngere.  Ital.,  rwcarc.  Ilain.,  /liter.  Moiv.,  noiger, 
nouègcr,  noi^er.  Nam.,  nli-cr.  Prov.,  necar.  Vx.  fr.,  negei\ 
negier. 

NouÉL,  s.  m.,  Noël,  la  fête  et  les  cantiques.  Ce  mot  se  pro- 
nonce 1res  rapidement,  comme  s'il  (Hait  monosyllabique. 
Nau  est  aussi  très  usité,  surtout  dans  les  vieux  Noels. 

Lat.,  naialis.  Ital.,  nalale.  Berry,  nonel,  nau,  no.  Bourg., 
noëi.  Bress.,  noyé.  Hain.,  noè.  lAm.,  nodau.  Mac,  nuër. 
Mons.,  noue,  nouée.  Morv.,  noé.  Pic,  noué.  Prov-,  nadal, 
nddau.  Rouch.,  noé.  St-Am.,  /wr/gé.  Toul..  nadal,  nouel. 
Wall.,  noie,  y X.  îv.,noiicl,  iioc,  /ioiicu.-i.  [V.  Greicbe,  Seicche.) 

NouÉL  (chandelle  de),  dénomin.  locale.  Chandelle  bariolée, 
multicolore,  enjolivée  de  reliefs,  que  les  femmes  et  les 
enfants  portent  et  allument  à  la  messe  de  minuit.  Dans 
certains  ménages,  on  en  laissait  toujours  une  neuve  dans 
chaque  chandelier,  comme  ornement  sur  la  cheminée. 

Nouer,  adj  ,  noir,  au  fig.  triste. 

Lat..  nigcr.  Ital.,.  nci-o.  Bas-nonu.,  nair.  Bourg.,  noir, 
noiri  (noirci).  Mac,  /<«'/.  Morv.,  nouer,  iiur.  Prov.,  negro^ 
nier,  ner.  St-Am.,  nà.  (V.  Nouéi'te.) 


286      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

NouÈRTE,  adj.,  fém.  du  précédent,  noire. 

Lat.,  nif/ra.  liai.,  ner-a.  Bas-noim.  et  11. -V%  noire.  Morv., 
nouére,  nare.  Prov.,  nicre,  acre.  Rouch.,  noirfe.  St-Ani., 
nâre.  Wall.,  neûre.  Vx.  fr.,  iicirc.  (V.  Nouer.) 

NouvEÛLE,  s.  f.,  nouvelle  :  ((  Dis  donc,  sai.s-tu  pas  ben  la 
nouveùle?  La  Dodiche,  ail'  se  marie  d'avou  son  boun 
aimi.  » 

Ital.,  noucUa.  Bourg.,  nôccllc,  nem-ele.  Bress.,  nocala. 
Dauph.,  noceltc.  Lille,  nouoielle.  Lim.,  iiouoolo.  Lorr.,  iioeéle. 
Mac,  nôca'Uc.  Morv.,  nocclle.  Prov.,  nocella,  nocelha,  noela. 
Vx.  fr.,  iiocelc,  nucclc,  novclle. 

NouviAU,  adj.,  nouveau  :  «  Eh!  vouésin,  3^  a  du  novxiau 
cheiî  vous?  —  Ben  voui,  ein  gros  p'tiôt,  si  genti,  ^  rament 
ein  amor  d'ange.  » 

Lat.,  noce/lus.  Ital.,  noccllo.  Bas-norm.,  nouriaon.  Berry, 
noiinau.  Bourg., /lôreà, /icf/uùî.  Bi'ess. , //oeto.  Il.-V%  nourlau. 
Liua.,  liOuocà.LiOVv.,  iiocè.  Pic,  nonciau.  Prov.,  iioccll,  iiorclh, 
aocl.  St-Am.,  notice.  Sav.,  nociau.  Wall,  noudau.  Vx.  fr., 
nocele,  nociau,  nouoiax,  nouvclet. 

NovALE,  adj.,  terre  navale,  précédemmentenboisou  pàquiers 
défrichés,  et  nouvellement  rendue  à  la  culture. 

NuN,  pron.  indéf.,  personne  :  «  J'seû  été  cheû  les  Simon, 
j'ons  treùvé  7iun  »,  ou  ((  y  avôt  jmn.  » 

Lat.,  ne  untis,  niilltis.  Ital.,  wssuno,  niuno.  Bourg.,  nnn, 
niuis.  Bress.,  nion.  Champ.,  ne^^im.  Esp.,  niuitijano.  Forez, 
Iffj/ai,  Icnr/iui.  Isère,  nengiin,  nciyiin.  Lang.,  neijnn,  nengnii, 
ilt'ij((n.  Lorr..  nuson.  Lyon.,  niijon.  Mac,  nion,  ncdian. 
Montr.,  ncquin,  nicn,  nion.  Morv.,  nu,  nun.  Rom.  nejun, 
nc(jus,  ncus,  dcnf/((n,  dcnf/iis.  Sav.,  nion.  Suiss.  r.,  nion,  gnion. 
Toul.,  (le'iun,  ilcijuao.  Vx.  fr.,  nnn.s,  nc-<un,  nesung,   ncssunc. 

Nylù,  s.  m.,  œil  :  «  Eh!  mon  chat,  j'avons  donc  babo  à  nos 
p'ii'ts  nijeui'-nijenri'  »  (V.  Œtuji-,  U;jot,  Zieù.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CII ALONNAIS  287 


0 


ô,  pr.  pers.  m.,  iJ.  S'emploie  devant  une  consonne  :  '((  O  veint  ; 
dm'dit;  à  s'en  va.  »  On  entend  parfois  ô,  mais  rarement. 
Saint.,  ô.  (V.  Ôl,  Ôl.) 

b,  et  ÔT,  3°^®  pers.  s.  indic.  prés,  du  v.  être  :  «  01  à  vrâraent 
bé  brave.  »  —  «  Allé  ô/férivée  qu'aile  évôt  mau.  »  S'emploie 
concurremment  avec  é. 
Bourg.,  a.  Lorr.,  ot.  Moiv.,  ô.  (V.  É.) 

ÔBLi,  s.  m.,  oubli,  négligence. 

Lat.,  oblitus.  Ital.,  oblio.  Morv.,  obli.  Prov.,  oblit.  Vx.  fi'., 
obli,  oabltj. 

ÔBLiANCE,  s.  f.,  manque  de  mémoire,  à  peu  près  synonyme 
du  mot  précédent. 

Ital.  oblian^a.  Prov.,  oblidaiisa.  Vx.  fr.,  obliunce,  ou- 
hliciice. 

ÔBLiE,  S.  f.,  oublie,  cette  petite  pâtisserie  mince  et  en  cornet, 
que  font  tirer  les  marchandes  de  plaisir,  el  qui  fait  la  joie 
des  enfants. 

Bas-lat.,  oblata.  Genev.,  oubli.  Prov.,  oblia.  Rouch.,  oblic. 
Vx.  fr.,  oublèe. 

ÔBLiER,  V.  tr  ,  oublier,  négliger. 

Lat.,  obUoisci.  Ital.,  obliare.  Berry,  oblier,  obelicr.  Bourg., 
obliai.  Lim.,  aublidas.  Morv.,  oblier,  obier,  oubier.  Norm., 
oblier.  Prov.,  oblidar.  Rouch.,  oblier.  St-Am.,  éblei/é.  Vx.  fr., 
ublier,  oblier,  oubltjer. 

Obuseau,    et   Obuvau,    s.   m.,    amusette,  jouet,    joujou,  à 
l'usage  des  enfants. 
,Bress. ,  obusau.  Bourg.,  aubusiau.  Morv.,  abujotlc,  aibii'iot. 
Rouch.,  relusète,  crlusète,  relusoir. 

Obuser,  et  Obuyer,  v.  tr.,  amuser  :  «  Y  et  eùn  prope  cà  pas 
grand'cliouse;  ô  n'songe  qu'à  s'abuser.  » 
Bourg.,  aubusai.  Bress.,  obuser.  Dauph.,  amusié.  Moiitr., 


288  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

aiibuser.    Morv.,   abii/c/\    abuher.    Rouch.,    rclaser,    vcluster. 
St-Am.,  abicyc,  uniui/ë.  Vx.  fi*.,  abuser.  (V.  Ébuijei\  Éinuscr.) 

OcÂsioN,  s.  f.,  besoin  :  «  J'ons  d'ia  bé  brave  tèle;  n'en  av'ous 
pas  ocâsionf  » 

Lat.,  occasio.  Ital.,  occaslone.  Geiiev.,  occasion.  Prov., 
occasio,  ochaiso,  uc/iaiso.  Vx.  fr.,  ochoison,  achoisoa,  ache- 
son,  ocquoisoii. 

ŒuYE,  s.  m.,  œil.  On  dit,  assez  grossièrement  :  «  Pisser  des 
œiujes  »  pour  :  pleurer. 

Lat.,  oculus.  Ital.,  occhio.  Berry,  //e«..  Bourg.,  caille. 
Dauph.,  œa.  Hain.,  onail,  oaùle.  Lim.,  e/.  Lorr.,  et(jjc.  Maine, 
net.  Prov.,  ol,  olh,  oill,  hacl,  Juielh,  uil.  St-Am.,  sa.  Sav., 
jeu.  Wall.,  oàie.  Vx.  fr.,  otV,  cl,  ieu,  eu,  uetl,  icx,  œil,  œl, 
œul.  (V.  Ucllot^  Ntjcû,  Zieii.) 

ÔF'AR,  et  ÔFRi,  part,  du  v.  o/rî,  offert. 
Bourg.,  ojar. 

ÔFRÎ,  V.  tr.,  offrir,  présenter. 

L'ai;.,  qffervc.  Ital.,  offcrirc.  Dauph.,  u^ffri.  Morv.,  cujfri, 
oujjrl.  Prov.,  ufriv.  Vx.  fr.,  oajfvir. 

Ogres,  s.  m.,  orgues. 

Lat.,  organum.  Ital.,  organo.  Fr.-Cté,  ogres.  Prov.,  orgue. 
Wall.,  ôre.  Vx.  fr.,  orgciics,  orgrcs. 

OÏAU,  OusiAu,  et  ÔSLÀ,  s.  m.,  oiseau.  Un  gas  disait  à  une 
fille  entreprenante  :  ((  T'sais  prou  chanter,  bel  oïau! .  . . 
ma. . .  ))  Et  il  la  plantait  là. 

Lat.,  acis.  Bas-lat.,  ucellus.  Ital.,  ucccllo.  Aunis,  osia,  osa. 
Berrj',  oisiau.  Bourg.,  ougia,  ousia,  osea,  oisca.  Bress., 
ugeau.  Dauph.,  u::ea.  Forez,  xuaï.  Hain.,  oslaii.  Il.-V,  oisiau, 
soiscatt,  gasiau.  Jura,  ugc,  agcau,  ï(sai,  usiau.  Lim.,  auzcû, 
auzèou.  Lyon.,  ziziau.  Mac,  esiau.  Montr.,  usieau.  Morv., 
ouïou,  oùïai.  oûïa,  oujà.  Nam.,  oùja.  Norm.,  acias.  Pic, 
cusicu,  oisieu.  Poit.,  ausea.  Prov.,  oousseau,  ousel.  Rouch., 
osiau.  St-Ain.,  jouâsc.  Saint.,  ôslâ.  Sav.,  àjô,  àgcau.  Suiss.  r., 
osé,  osl.  Toul.,  auzèl.  Vosg.,  ougc.  oajcix.  Wall.,  ojeaa, 
osiau,  oùhai.  Vx.  fr.,  oiscl,  aciaalx. 

ÔL,  et  ôl,  pron.  person.  m.,  il.  S'emploie  devant  une  voyelle: 
((  bl  érive  ;  ol  entre.  » 


LANCAGl':    POPUI.AIlil':    VKKnUNO-ciIALONNAlS  2S9 

l.at.,  Ulc.  Ital.,  //.  Herry,  /,  /.  Moiv.,  ol.  Piov.,  il,  ils. 
Saint.,  o,  ol,  ni  t' (c'est).  Wall.,  /,  //.  Vx.  li-.,  el,  il. 

Oliéte,  s.  f.,  œillette,  tête  de  pavot  blanc,   dont  on  fait  de 
l'huile.   Celte  huile  sert  généralement  pour  les   fritui'es, 
de  préférence  au  saindoux. 
hàt. ,  olcuin  .  Pic,  oullettc.  Rouch  . ,  oliètc.  Vx.  h'. ,  oliciic 

Ombréte,  s.  f.,  ombrelle. 

Ital.,  ombrclla.  Genev ..  ombrelle . 

Ongue,  s.  m.,  ongle. 

Lat.,  inif/nis.  Ital.,  nnçjliia.  I\^or\^,  nni/hi'.  Pic,  onijue. 
Prov.,  ongla,  inigla.  Saint.,  onglle.  Vx.  fr.,  iingle. 

O.NQUE,  s    m.,  oncle. 

Lat.,  acuncnli/s.  Morv.,  oii/,/ii\  Prov.,  oncle,  avoncle.  Vx. 
fr.,  iincle.  (V.  Toulon.) 

Ons  (]'),  et  i'AvoNS,  1^''^  pers.  pi.  du  prés,  du  v.  avouer,  nous 
avons. 
,     Bourg. /'afco/(S.  Il.-V°, /'o/is. 

Opêtit,  et  Op'tit,  s.  m.,  appétit. 

Lat.,  ap'petilus.  Ital.,  appelilo,  Rourg. ,  àrtpètl.  Bress., 
opeti.  Dauph.,  apeti.  Lim.,  opèti.  'Prov.,  appétit,  apviit.  Vx. 
fr.,  apctit.  (V.  Épetit.) 

Opôser,   V.   tr.,  empêcher;  mais,    ici,  employé  intransiti- 
vement :  «  Te  crais  qu'  t'es    l'pus    fort;  w'opâse  que  j'ie 
flanquerai  eùne  raclée.  » 
Lat.,  opponerc.  Ital.,  oppor-re.  Vx.  fr..  oposer. 

Oquéle,  s.  f.,  difficulté,  discussion,  paroles  :  ((  Oh!  v"là  ben 
des  oquéles  pouran!  » 
Lat.  et  ital.,  loquelu.  Jura,  oquel. 

ÔR,  s.  m.,  or,  richesse. 

Lat.,  auruni.  Ital.,  oro.  Bourg  ,  ô.  Prov.,  avr.  St-Am.,  eu. 
Vx.  fr.,  aur. 

Oragan,  s.  m.,  ouragan. 

Ital.,  orarjano.  Genev.,  oragan.  Vx.  fr.,  houragan. 

Orde,  s.  m. ,  ordre  :  «  01  é  ben  planté  d'avou  sa  bêle  ;   alT 
n'a  pas  d'orde  pou  deux  yards.  » 

32 


-90  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Lat.,  ordo.  Ital.,  ordiac.  Rerry .  orde.  Bourg.,  odre. 
JSIorv.,  orde,  ordon  (rangée).  Prov.  ^  horde,  ordc ,  orden. 
Saint.,  orde.  Vx.  fi'.,  ordre. 

Orgelôt,  s.  m.,  orgelet,  petite  tumeur  au  bord  des  paupières, 
et  qu'on  appelle  vulgairement  :  compère  loriot,  graind'orge. 
Morv.,  or(jelot.  \Vall.,  oriou. 

Orges  (faire  ses),  loc.,  faire  finement  ses  affaires,  tirer  bon 
parti  d'une  chose.  Pareille  formule  est  usitée  en  Lorraine 
et  autres  lieux.  —  Cette  locution  en  a  une  autre  pour 
conséquence  :  c'est  quand  on  a  «  fait  ses  orges  »  qu'on  a 
((  du  foin  dans  ses  bottes  ». 

Lat.,  hordeum.  ItaL,  or.^-o.  Prov.,  ordi.  Wall.,  icoirj . 
Vx.  fr.,  orge. 

Orille,  s.  f.,  oreille  :  «  On  en  a  prou  dit  su  toué,  va;  les 
orille.s  ont  dû  t'  seùner.  » 

Lat.,  aiiris,  aiiricida.  Ital..  oreceJua.  Bas-norm.,  olllère. 
Bourg.,  or  aille,  oroillc,  airoarlle,  atroille.  Lim.j  ôrelio, 
ànréillo.  Lorr.,  araillc,  èrâ]ic.  Morv.,  aireillc,  eille .  Norm., 
aulière.  Pic,  areille,  airèle,  èraile,  èrelUc.  Prov.,  axreVia. 
St-Am.,  ourclije.  Vosg.,  airaille.  Vx.  fr.,  aureille,  orille, 
orelle,  oroillc,  aroillc. 

Oriller,  s.  m.,  oreiller. 

Ital.,  origiiere.  Bourg.,  o'rillirr.  jSIorv.,  orille.  Prov.,  au- 
rclhier.  Wall.,  oriller.  Vx.  fr.,  orillicr,  oriller,  oreiller . 
(V.   Tète.) 

Oriot,  s.  m.,  loriot.  Notre  patois,  plus  près  de  la  source,  a 
conservé  la  forme  pure,  le  /  n'étant  que  l'article  incorrec- 
tement agglutiné  avec  le  substantif  (l'oriot).  On  verra 
plusieurs  mots  dans  ce  cas. 

Lat.,  auréolas.  Ital.,  rigogolo.  Berry,  lourioa.  Bourg., 
oriô.  Genev.,  oriot,  oriol,  ouriou.  Montr.,  oriot.  Pic,  uriot. 
Prov.,  auriol.  Wall.,  oriiniel.  Vx.  fr.,  oriox,  oriou,  curiels, 
leurieul  (compère-loriot. ) 

Orjù,  s.  m.,  feu-follet.  Longtemps  on  a  cru  que  ces  exha- 
laisons des  cimetières  étaient  les  âmes  des  trépassés. 
Montr.,  orjue.  (V.  Clâ.) 

ÙRLER,  V.  tr..  ourler. 


LANGAGE  POPULAIRE  \'EKI)(INO-CH ALONNAIS      291 

Ital.,  orldic.  Bourg  ,  orhii .  Moiv.,  orler.  l'iov.,  orlar. 
Toul.,  unrcla.  \'x.  fr.,  orler. 

Orlot,  s.  m.,  ourlet. 

Lat.,  oruhi.  Ital.,  o/'/o.  Beri-y,  Bourg,  et  Champ.,  orle. 
Forez,  orloii.  Morv.,  orle.  Toul.,  ourèl.  V'x.  h-.,  tirlc,  ur, 
orle. 

Ormiau,  S',  m.,  orinc,  ormeau. 

Lht. ,  Il linn.i.  Ital.,  o//»o.  Bevry,  oi-niiaii.  Bourg.,  orinca. 
Gasc,  onriiic.  Il.-V'',  oi-iniaii.  Marne,  ourtncl.  Norni . . 
ourtnc,  our/nct.  Poit.,  ouiiia.  Prov.,  o//>/(",  olm .  Rouch., 
ouvrne.  Saint.,  ounniô .  Toul.,  oum ,  ounn.  ^^'aIl.,  lioimniau. 
Vx.  fr.,  on /ne,  online. 

Ormise,  s.  f.,  remise,  Jiangar  pour  les  provisions,  les  che- 
vaux, les  voitures. 
Morv. ,  ormise . 

ÛRMomi:,  s.  m.,   armoire  :   ((   Son    armoire,   ôl   é  plein   de 
linge.  ))  C'est  là  un  des  luxes  de  la  province. 

Lat.,  arinurinin .  Ital.,  ar/nario.  Anjou,  ornionère.  Berry, 
orinoirc,  armoire.  Bourg.,  orniuire,  ormairc,  omeille,  ornicle. 
Champ.,  anmuire.  Esp.,  (imiario.  Fr.-Cté,  aurniuire,  uii- 
rc/nare.  Lim.,  èijinâri.  Lorr.,  a/»('/7t'.  Midi,  orrnoire.  Moiv., 
orniouùre.  Pic,  ornière.  Prov.,  armari.  Rouch.,  cunère, 
onièrc.  Wall.,  orinoire.  Vx.  fr.,  almarie,  armar'ic,  uu/naire, 
aunioire. 

Ortillons,  s.  m  ,   doigts  des  pieds,  le  gros  surtout.   Peut 
passer  pour  un  diminutif  d'orteil. 

Ital.,  nrlif/lio.  Berry,  oriè,  artj,  arfoiil,  ortiijnollc.  Dauph., 
artou.  Douai,  oi'to.  Forez,  artjio.  Gonev.,  or/euil,  artcuil, 
artieu.  Hain.,  artoilte.  II. A'',  orial,  orta.  Lyon  et  Midi, 
urteil.  Pic,  orlii-n.  Piow,  (irtril.  Rouch.,  artoil.  SaV., 
artar/.  Wall.,  orinil.  ùrila..  \\.  h-.,  orlel,  ortil,  arleil,  ortanx. 
(V.  Artù.) 

ôsELOT,  S.  m.,  oiselet,  petit  oiseau.  Diminutif  d'oisel.   Littré 
cite  un  diminutif  non  latin  :  aciceUus. 

Bas-lat.,  aiiceilus.  Ital.,  uccellino.  Rouch.,  oselot,  osclei. 
Vx.  fr.,  oi/.-ic/cl,  oiselon . 

OsiÈRE,  s.  f.,  oseraie,  lieu  planté  d'osiers. 

WA^Aiii. .  o.'idriœ .  Berry,  oiiscrie.   ^loiv . ,  oucicre .    Rouch., 


292      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO -CHALONNALS 

osière.  Wall.,  osil,  osicrc  (l'osier  môme).  Vx.,o.-crf,  o;craic'* 
o;croi . 

OUILLE.  S.  f.,  oseille  :  ((  Quand  ail'  vous  parle,  on  dirôt 
qu'air  veint  d'miger  àTosille.  » 

Lat.,  oxalr's.  Ital.,  acctosa.  Morv.  et  Poit.,  otuillc.  Suiss. 
1'.,  saletta.  Vx.  fi'.,  o::eiUe. 

O.sTiNÉ,    adj.,  entêté  :  c  X'm'en  parlez  pas;  j'n'en  pouvons 
ran  fâre.  Y  et  eun  ostiné  du  diâbe.  » 
Lat.,  obstiiiafns.  Ital.,  ostinato.  Rouch.  et  Vx.  fr.,  ostinè. 

OsTiNER,  V.  tr.,  ennuyer,  contrarier,  tourmenter  :  «  Là  là! 
qu'ô  ra'o.s/'mé' donc!  »  —  La  forme  réfléchie  restreint  ses 
acceptions  à  s'obstiner,  s'entêter. 

L,s.t.,ohstinarc'.  Ital.,  ostinarc.  Prov.,  obstinar.  Vx.  l'r., 
osiiner. 

ÔT,  terminaison  fait)  de  la  3'"^  pers.  du  sing.  de  l'imparfait: 
»  O  iesbt,  61  allô^!,  ô  venô^,  »  etc.  S'applique  à  ce  temps 
de  tous  les  verbes.  Certains  verbes  lorrains  ont  aussi  cette 
terminaison.  («  J'voyô.s  qu'ai'  li  bouiiô/.  .  .  ») 

OucHES,  s  f.,  entailles,  créucluros  faites  sur  un  double  ^ 
morceau  de  bois  (à  l'instar  des  boulangers),  pour  marquer 
les  dcmrées  prises  à  crédit.  On  marque  de  cette  façon  le 
nombre  des  verres  d'eau  que  les  buveurs  absorbent  à 
Santenay.  D'autres  en  tii'niient  compte  à  l'aide  de  petits 
cailloux  posés  sur  la  table,  près  du  vase. 

Bi-ess.  et  hyon ..,  ntic/ic .  Montr.,  quantc.  Morv.,  /ncrr/nc. 
Norm.,  orhe.  (V.  Patara.) 

OuÉë,  s.  f.,  oie  :  ((  Veins-tu  d'avou?  J'vons  porter  à  note 
dame  l'ouê'éd'la  Saint-Martin.  » 

Bas-lat.,  auca.  Ital.,  oca.  Beri'y,  ocltc.  Morv.,  oiié.  Nam., 
cmwc.  Toul.,  auc,  auqno,  auquclo.  Wall.,  àœe.  \'x.  ir., 
aiuce,  oe,  o«e,  oijc,  hoijc.  (V.  Ot/oa.) 

OÙGNiON,  s.  m  ,  oignon. 

Lat.,  unio.  Morv.,  oiKjnion.  Prov.,  uignoit,  iij/wn.  St-Am., 
^eni/on.  Vx.  fr.,  ouKjnon,  onfjno/i. 

OaicHE!   particule   exclamative,    oui!    bah!    Ne   s'emploie 


LANGAGK    POPULAIRE    VF,RDUNO-(Il  A  I.ONNAI -,  203 

qu'ironiquement  et  nêgalivenicnt.  Se  dit  conçu ireuinient 
avec  vouiche.  Affaire  d'euphonie. 
Norra.,  onichc !  (W .   Vonlche.) 

Où  LE,  s.  f.,  marmite,  vase  en   terre,  dans  lequel  se  loin  la 
soupe,  les  gaudes,  etc. 

Lat.  et  Ital.,  olla.  Berry,  oulle.  Rourg.,  oie,  otilc.  Bress., 
eule.  Dauph . ,  oiile,  ola.  Forez,  oida,  ouleta,  onlUi .  I""r.-Cté, 
eulà.  Guern.,  houle  Lang.,  oiilo.  ou  la.  Lyon.,  iil/((.  Mac, 
ouïe.  Môrv..  toule,  to'ilon..  Poit.,  oulle .  ouille.  Piov.,  oiilo, 
onla.  Rom.,  oUi.  Suiss.  r.,  cuhi^  olla.,  (jullha.  Toiil.,  oulo. 
Vx.  fr.,  olc,  ollc,  oulc,  olllc. 

OuvÀRTURE,  S.  f.,  ouverture. 

Itâl.,  apertara.  Bourg.,  orâlure.  Pi'ov  ,  nhcrium .Yx.  fr., 
ouverture. 

OuvERiER,  et  OuvREi,  S.  m.,  ou\"rier. 

hnt. ,  opcrarius.  Itul. ,  opéra /o.  Bourg.,  ourrai,  ôcrel  {\e^ 
vignerons  appellent  leur  femme  :  note  ôrrelre).  Cogn  . ,  ocerier. 
Morv.,  ouvré.  Poit..  or/rré,  -rr  (jeune  garçon,  —  fille).  Prov., 
ohrler.  Rom.,  ohrla .  Roueh.,  oncèrier.  St-Am.,  oiicri. 
Wall.,  oucericr.  Vx.  fr.,  ocerer,  ocricr^  ocerier. 

OuvERiER  (jour),  s.  composé  m.,  jour  ouvnible,  où  l'on  peut 
ouvrer.  (V.  ce  dernier  mot.) 
Lim.,  Jourbran.  Sav.,  ;enorrà.  Wall.,  oucrant. 

OuvR.ÀGE,  et  ÔVRÂGE,   S.  f.,  ouvrag<i  :    «    De  la   bêle,  de  la 
boune  oiwràfie.  » 

Lat. ,  o/)?^s.  Ital. ,  o/)f'^r/.  Berry,  ocrai  (je.  Bourg.,  oc  rai  (je. 
ourrai;je.  P  ro\ .,  obral;/e.  Ton\.,  obro .  Wall . ,  oc/y'.  Vx.  fr., 
ou  c  rai  g  e. 

Ouvrer,  v.  intr. ,  travailler. 

Lat.,  o/)erari.  Ital.,  operarc.  Bourg,  et  Lille^  or/'a«.  Prov., 
obrar.  Vx.  fr.,  ocrer.,  oucrer.  œuvrer. 

OuvRÎ,  V.  tr.,  ouvrir. 

Lat.,  aperire  ital.  aprire.  Berry,  ocrir.  Bourg  ,  ôvri. 
Mac,  ?(c- f.  Montr.,  ;/r77>.  Pvo\..  ubrir,  obrir.  Wall.,  ocri. 
Vx.  fr.,  iicrir,  uccrir,  ocrir,  olcrir,  auhrir. 

OuvRi,  part,  d'ounr'i,  ouvert  :  ((  Y  é  trop  tùt  por  entrer;  y  é 
pa  ouvri.  )) 


294      LANGAGE  POPULAIRK  VERDUNO- CHALONNAIS 

hat..  apcrtits.  Ital..,  aperto.  Berry.  ovrl.  Bourg.,  ovar. 
Bress.  et  Dauph.,  ucri.  Fr-Cté  et  Morv.,  ouvri.  Sav.,  (cri. 
Vx.  fr.,  aubi'i,  etc.  (V.  le  mot  précédent.) 

ÔYON,  s.  ni.,  oison.  On  ne  se  gêne  pas  pour  donner  ce  nom 
aux  gens  simples  :  a  Te  n'comprencls  pasc'qui?  Y  é  portant 
pas  déficile...  Oi/on,  va!  » 

Ben-y,  oihoa,  ochoii,  oijnn.  Bourg.,  ôson.  Bress.,  or/on, 
i'ujon.  Jura,  ouilloii.  Lorr.,  onsson,  oullloii.  Montr.,  oijon. 
Morv.,  oàïon,  oitjo/i,  oiïioW'.  Pic,  en  son.  Rouch.,  oàon. 
Suiss.  r.,  oa/ûe,  ouhion.Vx.  îv.,oi/e,  oijon,  oj/son.  (Y.Otd'c.) 


PÂ,  adv.  nég.,  pas   :   ((    0  n'é   pà    tant    s'raent    ra'nu    au 
d'vant  d'son  onque.  » 
Bourg.,  pa .  Mac.  po.  Prov. ,  pas.  Rouch.,  pa.  Vx.  fr.,  pas. 

Pà,  s.  f  ,  paix,  silence  :   «   Voyons,   galopin,   ficlie-me  eùn 
p'chô  la  pà!  )) 

Lat  ,  pax .  Ital.,  pacc.  Bourg.,  pat,  pot.  Lorr.  et  Morv., 
pa  Prov .,  pax,  pat;.  St-Am.,  pè.  Vosg.,  pa.  Wall.,  pà'w, 
paide.  Vx.  fr.,  pars,  j>cs,  pc;.  (V.  Rànotc.) 

Pàcot,  s.  m.,  boue,  crotte;  au  fig.  embarras  :  ((  D'avou  tous 
ses  micmacs,  ô  s'ê  mètu  dans  V pàcot  jeiisque  au  cou.  » 
Genev.,  paco. 

Padouc,  s.  m.,  padou,  ruban  mi-til  et  mi-soie  :  k   La  p'tiote 
a  été  m'qu'ri  du  padoiic  pou  border  ma  mante.  » 
Nonn.,  padoue  (ièm.).  Vx.  ir.,padoiic.. 

Pàdreau,  s.  ]n.,  perdreau,  jeune  perdrix. 

Ital.,  pcridclotto.  Berry,  pevdriaa,  pardruin,  pardrijaa. 
Morv.,  padfean.  Prov.,  /lei-di^jul.  pcrdl(jo.  TouL,  perdvjal. 
Vx.  fr..  pri-drinu,  pertri.-^caii . 

PAdri,  s.  f.,  perdrix. 

Lat., /;(■/■(//./■.  liai., /;(V7(/(7  .  Bourg.,  fiaidri,  podn/.  11. -V% 
firdri.r  /icnlcri.r-  Mor\'.,  padii.  Piov.  pefdit.;.  St-Am.,  pcdii. 
W<\\\ . ,  pcrtrl ,  plein.  Vx.  IV..  perdrix,  pcrtrlx,  plctris. 


LANGAGIC    r^OPULAIRK    \KUDUNO-CII AI.ONNAIS  29") 

Pafe,  adj.,  gris,  iyyc  :  «   Vrâ,  ôl  on  pi'cn-t-i,   d'ccs  gôlcs  6 
pi  d'ces  gôtes!  Aussi,  drès  rmaiin,  ùl  é  pafe.  » 
Genev.,  pafe.  Vx.  fr.,  paf.^ 

Pafouiller,  V.  intr,,  bavarder,  causer  beaucoup,  causer 
trop,  sans  rien  dire  do  sérieux,  et  aussi  s'exprimer  d'une 
manière  confuse. 

Pagane  (en),  loc,  en  pagaie,  pêle-mêle,  terme  de  marine 
fluviale  :  «  Toaé,  pô  côrî,  te  laiss'  tout  ton  clieii-\ous  en 
pacjane.  ))  J'ai  aussi  entendu  prononcer  :  en  pagaille. 

Pagnié,  s.  m.,  panier. 

l^at. .,  panarinn.  Ital..  panière.  Borrj',  pei//iié,  panier,  pènè. 
'Boxxvg.,  penei.  h\m. .  jionlè.  Loir  spegni.  Prov ..  panier.  Sav., 
caoè.  Vx.  iv.,  pennier.  j)annier.  (V.  Pagnière,  Penei.) 

Pagnière,    s.    f.,   corbeille   en   osier,    plus   grande   et   plus 
évasée  que  le  pagnié,  dont  elle  est  devenue  le  féminin. 
C'est  généralement  dans  la  pagnière  que  les  villageoises 
apportent  leurs  marchandises  au  marché. 
Bress.,  panire.  Genev.  et  Rouch.,  panière. 

Paillôt,  s.  ni.,  balle,  enveloppe  des  grains. 
Morv.,  pailloù,  balol,  bouffe. 

Paillote,  s.  f.,  paille  des  épis  du  maïs.  Sert  à  remplir  les 
paillasses,  et  quelquefois  des  matelas.  (V.  Panouille.) 

Paipié,  s.  m.,  papier  :  «  Le  p'tiot,  ô  sait  d'jà  lire  en  paipié 
(lire  l'écriture).  » 
Ang\.,  paper.  Bqiivg., paipié.  Mac,  papi. 

Paire,  s.  m.,  un  paire  :  ((  J'm'é  écheté  an  paire  de  bas,  et 
un  paire  de  saibots.  » 

Lira.,  poréî.  Mac,  èpaire.  Poit.,  un  pareil  de  sabots. 
Saint. j /)a(/-6'.  Toulon. , />a7'e/.  Vx.  iv.,  paire. 

Palanche,  s.  f.,  perche,  levier. 

Lat. ,  palanca.  Montr.,  palanche.  Toul.,  palanco  (planche 
à  passer  un  ruisseau).  Vx.  ïv.,  palangue. 

Paléte,  s.  f.,  petite  pelle,  et  battoir  des  laveuses,  avec  lequel 
elles  battent  le  linge  sur  leur  selle. 
Ital . ,  pale/ta .  Morv . ,  palette  (dent  incisive) .  Norni . ,  palette 


29f)  LANGAGE    POPliLAIRH    VERDUNO-CHALONNAIS 

(l-elle  à  feu).    Poit.,  palette.    Prov.,   palcia.    Reims,  polclte 
(pelle  à  feu).  Vx.  fr.,  paclletio. 

Palfeùrmier,  s.  m.,  palefrenier, 

Rouch  .,  p a IJeivriicr .  Wall.,  pal fiirni.    Vx.  fr.,  palefrenier. 

Palisse,  s.  f.,  haie,  palissade  vive. 

Bas-Iat..  paliciam .    Ital.,  paliz^ata.  Berry,  palisse.   Poit. 
palisse,    polisson.    Rom.,  pallia.    Saint.,   palisse.  Vx.    fr., 
palis,  pallis,  paslis.  (V.   Boac/turê,  Plessis.) 

Pampiyon,  s.  m.  papillon. 

Lat.,  papilio.  Ital.,  parpaglione.  Art.,  picolet .  Berry, 
parpillon.  Bourg.,  parpaillon.  Bress.,  parpilloa.  Dauph., 
parpaillon.  Forez,  parpaillon.  Genev.,  parpillon.  H"-Âuv., 
parpaillhor.  him  .,  parpoillaii,  parpoliô.  Moi'v .,  panpillon, 
parpouillon.  Poit.,  parpion,  parpaion.  Prov.,  parpalhoun, 
Rom.,  parpalho,  parpalhol.  St-Am.,  parpcluon.  Wall., 
pau'ion.  Vx.  fr.,  paceillon,  parpaillon,  papillot. 

Pan.às,  et  PANES,  s,  m.,  vieux  linges^  vieux  vêtements,  tor- 
chons, chiffons. 

Yjdil.,  pannu  s.  Ital.,  pannaccio.  Fovez,  pana,  pana  (essuyer). 
Lille,  pana  (benêt).  Lyon.,  pananian  (essuie-main).  Mac, 
pauneinain  (essuie-main).  Morv.,  ponais.  Norm.,  pannas  (plu- 
meau). Vx.  fr.,/)«/(/K?, /)a/mefliam  (essuie-main).  (V.  Paniaux, 
Paies,  Pièces,  Pajiosse.) 

Pancher,  V.  tr.,  épancher,  répandre  :  «  01  a  panché  iont  son 
siau  par  terre.  »  Se  dit  aussi  pour  :  Satisfaire  un  petit 
besoin  naturel.  L'ivrogne  sort  du  cabaret  pour  panchev 
de  l'eau. 

Lat.,  expandere.  Ital.,  spandere.  Bourg.,  èpainchai.  Genev., 
pancher  d'eau.  Montr. ,  piisshir.  Morv.,  èpinchcr .  Vx.  fr., 
espanchcr.  (V.  Lâcher.) 

Panée,  s.  f.,  panade,  soupe  qu'on  prépare  volontiers  pour 
les  enfants. 

Ital.,  panata.  Berry,  panée,  panache.  Bourg.,  paiiiaide. 
Prov.,  panada.  (V.  Papète,  Papoutc.) 

Paniaux,  et  Pan-nlâs,  s.  ra.,  haillons,  vieux  vêtements  : 
«  Aile  é  braque,  ma  fi  !  all'côrt  les  rues  en  paniaux.  » 

Lat.,  pannus.  Ital.,  pannaccio.  Bourg.,  pannô.  Vx.  fr., 
pcneaux.  (V.  Panas,  Panosse,  Pattes,  Pièces.) 


LANGAGE    POPULAlRIi    VKUUUNO    CHAI.ONNAIS  2')7 

Panichets,  Panissets,  et   Paneciiats,  s.   m.,   fciiilh's  qui 
foi'nuMit  ren\'(>loppo  de  la  grapp(;  de  maïs,  et  qu'on  enlève 
en  ècliaillaiit. 
Bress.,  panichct.  Montr.,  paiiniisct.  (V.  Echaillcs.) 

Panosse^  s.  f.,  vieux  linge,  mauvais  chiffon,  toi'chon. 

Bng.,  paiioce.  F'orez.  panoussa.  Fr.-CtL',  pa/iuusse.  Genev., 
panossc.  Lyon.,  paaoïissa,  paiinossc.  Montr.,  pdiinoAsu. 
Prov.,  paiioncha,  vd/iouchon.  Suiss.  r.,  pannoséu.  (V.  Pa/ias, 
Paniaux.) 

Panosse,  s.  f.,  personne  paresseuse,  mollasse,  sans  caractère: 
«  Que  grande  panosse!  a'  n'Hclie  ran  tout  Tlong  du  jor.  » 
—  ((  Jacot  travaille,  lu;  ma,  toaé,  feignant,  t'né  qu'eùne 
vieille  panasse.  »  C'est  l'acception  figurée  du  mot  pré- 
cédent. 
Sav.,  panossa.  Vx.  ïv-,  panosscax  (fainéant,  déguenillé). 

Panouille,  Penouille,  et  Paneille,  s.  f.,  grappe  de  maïs 
mûre.  Le  paysan  a  parfois  abondance  de  mots. 

ItaL,  paniioc/du.  Autun.,  /ifuiomlle.  Cogn. ,  paneulllc. 
Montr..  pennoulllc.  Poit.,  penouille  (tige),  /tenon  (épi  égrapé). 
(V.  PalUàte.) 

Panouillon,  et  Penouillon,  s.  m.,  grappe  de  maïs  qui  n'a 
que  quelques  grains  mal  venus,  ou  qui  n'a  pu  mûrir. 
Dimin.  de  Panouille. 

Panserôt,  s.  m.,  abdomen  saillant.  Tout  naturellement 
diminutif  de  panse. 

Lat.,  pantex .  Ital.,  pa/icia.  Bourg.,  pansero.  Montr., 
pansercau.  Pic,  jKincke.  Prov.,  pansa,  pailla .  Vx.  l'r., 
pancc,  panchc. 

Pansoû,  s.  m.,  pansu,  gourmand,  biberon. 
Genev.,  panfu.  Morv.,  pansou. 

Pantet,  s.  m.,  pan  de  chemise  qui  sort  de  la  culotte,  parti- 
culièrement de  celle  des  enfants  :  ((  L'toqué!  ô  n'sait  pu 
c'qu'ô  fait;  ô  veint  de  s'preùm'ner  tout  en.  pantet!  »  —  Un 
grand-père  verdunois  du  commencement  du  siècle  déam- 
bulait gravement  en  chemise,  les  matms  d'été,  dans  son 
jardin.  Il  appelait  cela  «  se  promener  en  robe  de  chambre 
de  grenadier.  » 

33 


298  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Bourg.,  pannô  (en  pannô,  en  chemise).  Fr.-Cté,  Genev.  et 
Jura,  pantet. 

Pantion,  s.  m.,  chiffon,  morceau  de  mauvaise  étoffe  : 
((  Que  qu't'  veux  que  j'fasse  de  tous  ces  ch'tis  pantions?  » 
(V.  Panas,  etc.) 

Papéte,  s.  f.,  soupe  pour  les  enfants,  bouillie. 

Berry,  pépcttc.  Bourg.,  papote,  papa.  Dauph.,  papct.  Fr.- 
Cté,  paipct.  Genev.,  papet,  papette.  Pic,  pépetle.  Rouch., 
papin.  Tovà.,  papct.  Wall.,  pape.  (V.  Panée,  Papoute.) 

Papon,  s.  m.,  poupon,  expression  enfantine. 
Movv.,  papou.  (V.  Papàneau.) 

Papône,  s.  f,,  poupée.  Considéré  comme  fém.  de  papon. 
Movv. ,  paponae.  (V.  Papàneau,  Papounôt.) 

Papôneau,  et  Papouneal',  s.  m.,  personnage  dessiné,  gravé, 
émaillé,  sculpté,  ou  découpé  :  «  V'ià  d'jolis  papbneaux 
dans  c'cadre.  »  —  u  J'ii  ai  baillé  eùne  vieille  àissiéte  où  y 
avôt  des  papbneaux.  »  —  »  Vous  savez  ben,  son  ormoire 
avec  des  papbneaux  taillés  d'ssus.  «  Dirain.  de  papon. 
(V.  Papounbt.) 

Papounôt,  s.  m.,  synon.  de  Papbneau,  mais  pris  dans  un 
sens  péjoratif.  Statue  grossière  taillée  au  couteau,  dessin 
informe  :  «  C'marmot-là,  à  l'école,  au  lieur  d'étudier,  ô 
fait  des  papounbts  su  tous  ses  liv'es.  »  (V,.  Papàneau.) 

Papoute,  et  Poupoute,  s.  f.,  soupe  d'enfants  :  ((  Allons, 
p'tiot,  y  é  temps;  veins  raiger  la  papoute.  » 

Bervy,  papoute,  papoue.  Bonvg.,  papôtc.  Cha.mp. ,  papoute. 
Fla.nd. ,  papin.  Forez,  papa.  Genev .,  papot,  papote.  H'^-Auv., 
papa.  Movv .,  papoute.  Saint.,  poupou.  (V.    Panée,  Papéte.) 

Pâquiers,  et  Pâquers,  s.  m.,  pâquis,  pâturages  qui  étaient 
autrefois  des  bois,  et  dont  la  qualité  est  médiocre. 

hât. jpascere'  Ital  ,pascolo.  Bourg. , pâquc'i, parpiei.  Lon'., 
pâqui.  Morx.,  pâquis.  Vx.  h'.,  pastis. 

Par,  s.  f.,  part,  portion,  morceau. 

Lat.,  pars.  Ital.,  parte.  Bourg.,  pa.  Prov.  et  Vx.  fr., 
part. 


LANGAOK    POPULA1RI-:    VERDUNO-CHAI-ONNAIS  299 

Parai,  s.  f.,  cloison,  muraille.  Corruption  de  paroi. 

Lai.,  paries.  Ital.,  pareio.  Bress.,  parai/.  Forez,  pareij . 
Montv.,  poirai.  Movv.,  parié.  Norm. , /)a/-e;,  paroit.  Prov., 
parct.  Wall.,  pareusc,  paveuie.  Vx.  fr.,  pareil,  pareil., 
p a rojj ,  parai.  ( V .  Po iré . ) 

Paraissu,  part.,  paru. 

Morv.,  paraissu,  pairaissu. 

Parapel,  s.  m.,  parapet. 

ha.t, , parare pectus .  Ital . ,  parapetto.  Berry,/)a/7ve< (estomac). 
Genev.,  Wall,  et  Vx.  fr.,  parapel. 

Par  après,  loc,  adv.,  ensuite. 

Berry  et  Norin., /la/' a/)/'è5.  Prov.,  cii  après.  Vx  fr.,  en 
après,  par  après. 

Parasine,  et  Parésinr,  s.   f.,  poix-résine.  Parasine  n'em- 
pêche psis  pouége.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Rouch.,  poix-rasiiie. 

« 

Parcer,  V.  tr.,  percer. 

Lat.,  perciderc.  Ital..  perfugiare.  Bourg.,  parce.  Morv., 
porccr.  Vie,  percher,  putcr.  Prov.,  perlusar.  Vx.  fr.,  per- 
cier. 

Parceréte,  et  Percerôte,  s.  f.,  vrille,  foret. 

Genev.,  percet,  percerctte  Mavne,  percette.  Montr.,  per- 
cerette.  Movv.,  porçou.  Norm  .  et  Voit.,  pcrcetie. 

Parche,  s.  f...  perche,  long  brin  de  bois,  soutien  d'un  jeune 
arbre,  d'une  plante, 

Lat.  et  Ital.,  perlica.  Berry,  Bourg,  et  Mac,  parche. 
Movv.,  parce.  Pvov.,  pergua,  perga,  per/a.  St-Am.,  parse. 
Wall. /u'ss.  Vx.  îv.,  perche,  parche. 

Parchie,  s.  f.,  perchée,  ce  qui  tient  sur  une  perche.  Perchée 
d'oiseaux,  d'herbe,  etc. 
Morv-,  pcrchie. 

Parde,  V.  tr.,  perdre. 

Lat.  et  \ta,ï.,  perdcre.  Berry.  pnrde.  Bonvg.,  padrc,  paidr 
pardre.  Mac.,  /u'cdre.  Movv .,  /lardc.  Vvov ., perdre.  .St-Ani., 
padre.  Wall.,  pied.  Vx.  iv.,  perdre. 

Pardié!    Pardine!    et    Pardiènl;!    excl. ,    pardieu!    Juron 


300  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

affirmatif  familier  à  toutes  les  classes.   Ces  trois  formes 
s'emploient  indistinctement. 
Bourg.,  padci!  Vx.  fr.,  par  De!  par  Dieu! 

Pardouner,  V.  tr.,  pardonner. 

Lat.,  pardonarc.   Ital.,    pcrdonarc.    Morv.,    pairdouncr 
Prov .,  pci-donar.  Vx.  ïi'.,  pcrdiincr,  parduincr,  pcvdoncr. 

Pare,  Père,  et  PEmE,  s.  m.,  père. 

Lat.,  patcr.  Ital.,  padrc.  Bourg.,  poire.  Bress.,  porc. 
Dauph., /)rt/-c.  Lim.,  pài.  Morv.,  pce,  poupa.  Prov.,  paire, 
parjrc.  Sav.-pa/v.  Vx.  h.,  pedrc,  pcrc. 

Pàre-grand,   s.   m.,  grand-père.    Inversion    très    familière 
chez  nous. 
Bomg.,  peirr-rj rail.  (V.   Grand.) 

Pariûre,  s.  f.,  gageure,  pari  :  «  TTain-mcs  tant  que  t'vas 
côri  la  vouer;  j't'en  fais  laparinre.  » 
Fr.-Cté,  Geiiev.  et  hyon.,  parinre. 

Parler  à,  loc.  d'un  sens  bien  local,  fréquenter,  faire  sa 
cour  :  ((  Toinot  yja/'/e  à  la  Jeannéte;  j'vouérons  ben  si  ô 
la  d'mande,  à  la  fin  des  fins.  » 

Berry,/)alei\  pa/lcr.  Bovwg.,  palai,  pairollai.  Lille,  parler 
à.  Morv.,  pàler,  pairlcr.  Norm .  et  Pic,  paroler .  Prov., 
parler.  Wall.,  parlé  à,  paârlè.  Vx.  fr.,  paroler.,  parler. 

Parleûre,  s.  f.^  parlerie,  parlage,  babillage. 

'Qonvg.^parhire  Morv .,  pairlement.  Poit.,  parlange.  Prov., 
parlaria.  S<iini. ,  pari  are.  Vx.  ïr.,  parlerie. 

Parusse  (que  j'),  Parlît  (qu'ù),  subj.,  que  je  parlasse,  qu'il 
parlât  :  «  Y  érôt  donc  folu  que  yparlisse  à  c't  houme? 
J'érôs  été  ben  empochée.  » 

Parméte,  V.  tr.,  permettre. 

Ijdil..  permittcre.  Ital.,  peiineitere.  Bom-g. ,  pariiielre,  par- 
maitre.  Vx.  h\  ,  perineiire. 

Parmetu,  part,  de  panmUe,  permis. 
Berry,  penneita.  Bourg.,  parniailtu. 

Par'pleûe,  s.  m.,  parapluie. 

Genev  .,  parepluic.  (V.  Pc(r'sol.) 


LANGAGE    POI'ULAIHE    VERDUNO-CHALONNAIS  301 

Parsî,  s.  m.,  persil. 

Lat.,  petroselinuin  .  \ta.l. ,  pctrosclllno.  Berry. parsL  Bourg., 
piarsl.  Fland., /)erst/t.  Morv., /u'ars/.  Norm.  et  Pic, />t'/'.sm. 
Suiss.  r.,  pierrassel,  picrrossct.  Wall.,  plc^^^in.  Vx.  fr., 
picrrcsill,  pcrsiii. 

Par'sol,  s.  m.,  parasol. 

Itsil.,  pcwasolc.  Geney . ,  paresol   (V.  Pav'pleûc.) 

Parsône,  et  Parsoune,  s.  f.,  personne. 

Lat.  et  Ital., /îerso/ift.  ^Qvvy ,  pavsounc .  Bourg. ,  parsonnc, 
porsùnc.  Movv., parsonc.  Prov.,  pcrsoaa.  St-Am.,  pcchcna. 
Sa,y .,  parsc lia.  Vx.  iv.,  pcrsoiic. 

Par' VENT,  s.  m.,  paravent. 

Ital.,  paraccnto.  Genev.,  parccent. 

Pas,  s.  m.,  marche  d'escalier.  Le  pa.f  do  la  porte  :  «  Peùrnez 
garde,  la  bonne  mare;  por  entrer,  y  a  eùn  pas.  » 

Lat..  passns.  liai.,  passa.  Gaevn.,  pas  d'us  (seuil).  Moi-v.  , 
Norra.,  Prov.  et  Vx.  fr. ,  pas. 

PÀSQUE,  contraction  de  la  loc.  conjonct.  parce  que. 
St-Am.,  preqaà.  (V.  A  cause  que.) 

Passée,  s.  f.,  trou,  passage  pratiqué  dans  une  haie:  «  T'voués 
\di  passée;  les  p'tiots  s'fouront  par  là  por  picorer.  » 

Ben-y,  Morv.,  Norin.  et  Poit.,  passée.  Suiss.  r.,  /lassaira, 
passiau  (échelle  pour  franchir  une  haie).  Vx.  fr.,  passée. 

Passer,  v.  tr.,  achever,  terminer  :  «  J'poux  ben  côrî  m'obuyer 
ein  p'chô;  j'ai  passé  ma  l'çon.  » 

Itsil.,  passarc.  Cogn.,  passer.  Midi,  passer  un  livre.  Prov. 
et  Vx.  fr. ,  passar. 

Passera,  s.  m.,  passereau,  moineau. 

Lat.,  passer.  Ital.  passera.  Berry,  passe,  prase.  Brcss.  et 
Monte.,  passera.  Sav .,  passera.  (Y .   Tiri .) 

Passerôte,  s.  f.,  passoire. 
Fr.-Cté,  passerotte. 

P'assez,  loc.  adv.,  contraction  de  :  pas  assez   :  «   J'ai   ben 
faim  de  sôpe;  te  n'm'en  hiùWe  p'assez.  » 

Patàche,  adj.,   fém.  de  patachon  (au  lieu  de  patachouse, 


302  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

peu  usité),  femme  mal  tenue,  sans  tournure,  et  parfois  de 
mœurs  équivoques  :  ((   Quand  t'voux  t'preùmener,  n'vas 
donc  pas  d'avou  c'te  patàche.  » 
Ital.,  patacc/iia.  (V.  Patachoû.) 

Patachoû,  adj.  m.  et  parfois  subst.,  homme  sans  beaucoup 
de  conduite,  qui  boit  trop  fréquemment,  et  court  la  ville 
et  les  chemins  :  «  Que  v'tu!  ô  travaille  deux  jôrs  par 
semain-ne,  é  peu,  drès  qu'ôl  é  payé,  ô  s'en  va  bouére  ça 
qu'ôl  a  gangné;, . .  n'y  é  ran  qu'eùn  patachoû.  » 
Morv.,  patachon.  (V.  Patache.) 

Pataille,  adj.,  bavarde,  cancanière  :  ((  Si  vos  v'iez  l'acouter, 
air  vos  en  dira,  là  pataille! 

Pataler,  V.  intr.,  galoper.  Se  dit  surtout  d'un  cheval  qui  va 
grand  train.  Notre  patois  a  peu  de  mots  plus  expressifs  que 
ce  verbe,  qui  fait  entendre  le  bruit  rapide  des  quatre  pieds 
du  coureur.  C'est  un  peu  le  quadrapedanie  putrem.. .  — 
Signalons,  en  passant,  une  étymologie  fantaisiste  et  naïve 
d'une  vieille  verdunoise  :  «  On  dit  coume  ça  pasque, 
quand  le  ch'vau  jjatale,  en  entend  ses  pàte'aller.  »  (Cela 
rappelle  l'étymologie  de  pantalon,  ainsi  nommé  parce  qu'il 
pead  sur  le  talon,  et  autres  de  cette  force.)  Pataler  se  dit 
aussi  d'un  enfant  qui  court  en  frappant  fort  des  pieds. 

Jura,  pataler  (courir  bruyamment).  'Sovxn.,  patarë.  Vx.  fr.  > 
pètclcr. 

Patapouf,  adj.,  homme  lourd,   corpulent  :    ((    Ton    lichoij 
d'vouésin,  y  et  ein  gros  patapouf.  » 
Rouch.,  patoiif,  patapouf. 

Patàr,  s.  m.,  patard,  monnaie  ancienne  valantenviron  cinq 
liards  :  «.  D'ta  poche  de  la  jôrnée,  j'n'en  baillerô  pas  tant 
s'ment  ein  patâr.  » 

Ital.,   patacco.  Lille,  patdr.    Prov.,  patac.  Wall.,  patâr. 
Vx.  fr.,  patart,  pactac,  pastur. 

Patarà,  s,  m.,  vase  ou  pot,  contenant  une  certaine  quantité 
de  liquide,  et  qu'à  Santeuay  Ton  remplir  de  l'eau  laxative 
que  les  amateurs  y  vont  boire.  (V.  Oarlies.) 

Patak(ju,    s.    m.,    embarras,    préoccupation   mouvementée. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  30o 

Être,  se  mettre  en  paf.aron,   remuer,    ranger,   mettre   en 
ordre  chez  soi  pour  les  préparatifs  d'une  réception,  etc.  : 
«  Y  é  donc  ben  grand'féte  clieCi  l'gros,  qu'ôl  é  dans  tous 
ses  patarous  ? 
Bourg.,  Jura  et  Morv.,  patarou. 

PÂTE,  s.  f.,  chiffon,  morceau  de  linge,  neuf  ou  vieux.  Un 
confesseur  grognon,  qui  n'aimait  pas  à  confesser  les 
femmes  (?),  renvoyait  toutes  celles  qui  venaient  à  lui, 
en  leur  disant  :  «  Allez-vous  en,  têtes  de  paies:!  »  Par  là 
il  faisait  allusion  à  l^ur  cale,  ou  bonnet  de  linge.  Dans  les 
jardins,  près  des  endroits  boisés  et  humides,  on  fait  des 
feux  de  pâtes  pour  se  défendre  contre  les  cousins;  mais, 
en  étouffant  ces  bestioles  piquantes,  on  s'asphyxie  à  moitié 
soi-même. 

Bourg.,  paitc.  Bress.,  patte.  Dauph.,  pata.  Forez,  pata. 
patte,  petas.  Fr.-Cté,  paie.  Genev.,  paie.,  piotc.  Jura,  patc, 
Lang.,  pelhot,  pel/ia.  Lyon.,  pâte,  pata.  Midi,  pâte.  Prov., 
pata.  Rom.,  peUia,  pellle.  Suiss.  r.,  pata.  Toul.,  patarocos. 
Vx.  fr.,  peille,  peillol.  (V.  Patin,  Petas,  etc:) 

Pate-mouillée,  s.   f.,  personne,   homme  ou  femme,   sans 
énergie  :  ((  0  n'sait  pas  se  r'torner;  y  et  eiàne  vrX  pàte- 
mouillée.  » 
Vx.  fr.,  patte-moaillce. 

Pâtés  (crier  les  petits"),  loc.  Se  dit  des  cris  que  pousse  une 
femme  en  mal  d'enfant.  Jadis,  les  marchands  de  petits 
pâtés  les  criaient  très  fort  dans  les  rues.  On  voit  l'analogie. 
Lorr.,  même  loc. 

Patevôler,  V.  intr.,  aller  de  droite  et  de  gauche,  courir  de 
tous  côtés,  être  un  peu  partout  :  ((  D'avou  vot'  raau  d'piod, 
vous  d'vez  gros  vous  enniùer?  —  N'm'en  parlez  pas,  moi 
qui  ain-me  tant  paiecùler. . .  »  —  Plus  loin,  on  trouvera 
le  verhe  pjatipoter.  (V.  ce  mot.)  L'un,  celui  de  cet  article, 
semble  s'employer  pour  les  personnes  ;  l'autre,  pour  les 
habitants  delà  basse-cour.  —  Analogie  avec  batifoler,  et 
harivoler  cité  par  M.  Jaubert. 

Patier,  s.  m.,  marchand  de  chiffons,  qui  achète  et  revend 


304  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

des  paies.  Jadis  c'était  le  nom  du  marchand  de  chiffons  à 
faire  le  papier. 
Montr.,  patticr. 

Pâtière,  s.  f.,  maie,  coffre  à  boulanger  la  pâte.  (V.  Bal- 
longe.) 

Patin,  s-  m.,  diminut.  àa pâte.  (V.  ce  mot.) 

Pativôler,  V.  intr.,  voler  bas  en  s'aidant  des  pattes,  comme 
les  oiseaux  de  basse-cour.  (V.  Paieoàler.) 

Pâton,  s.  m.,  petit  bloc  détaché  de  la  masse  de  pâte. 
Genev.,  Morv.  et  Saint.,  pàton. 

Patoué,  s.  m.,  patois,  ce  langage  qu'on  prétend  corrompu, 
qu'on  dédaignait  jadis,  et  dans  lequel  on  puise  maintenant 
pour  remonter  aux  étymologies,  et  connaître  les  usages, 
les  coutumes,  les  traditions  des  localités. 
Midi,  patois  (compatriote).  Morv.,  patouc. 

PATRiGÔt,  s.  m.,  patrouillis,  patrouillage.  Au  fig.,  mauvaise 
affaire,  embarras  :  «  Y  é  pas  por  dire;  ma  ô  s'é  métu  là 
dans  un  fichu  patrigbt.  » 
Dauph.  et  Genev.,  patrlgot.  Yonne,  patouillat  (ruisseau). 

Patrigôter,  V,  intr.,  patauger,  barboter  :  «  Diabe  d'enfant! 
V'tu  ben  n'pas  tant  patrigôter!  ))  —  Au  fig.,  mettre  la 
main  à  des  affaires  peu  claires. 

Bourg.,  patrimavgotai.  Champ.,  patricotter.  Genev.,  pa- 
irigoter.  (V.  Patroiller.) 

Patroille,  s.  f.,  sorte  d'écouvillon,   étoffe  sale  emmanchée 
au  bout  d'une  perche,  pour  remuer  et  nettoyer  le  four. 
Montr.  et  Norm.,  patroille.  Orne,  paiouillc. 

Patroille,  s.  f.,  patrouillage,  eau  sale,  boue  liquide. 

Aube,  patouitlas.  Berry,  paioille,  patouillat.  Marne,  pa- 
touillas.  Midi,  patouilleric.  Montr.,  patroille.  Morv. ,  pa- 
touéillat,  patouéillc.  Norm.,  patouillat,  patouillis .  Poit., 
patouil,  patrouil.  Yonn.,  patouitlas.  (V.  Gouillat.) 

Patroiller,  v.  intr.,  patrouiller,  patauger,  marcher  dans 
le  patrouillis.  Se  prend  aussi  dans  le  sens  impersonnel  ; 
((  Auj'deù  i  patroille  (aujourd'hui  il  y  a  mauvais  chemin).  » 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CUALONNAIS  305 

Aube,  paioidller.  Berrj',  putoiller,  patr'njiiL'r.  Champ., 
patouillt'i', platroiùller.  Lyon., pit/'ogiœr  (gâter,  écraser).  Midi, 
patoiiillcr.  Morv.,  patonciUcr.  Norm.,  patonlUer,  uutrouilU'v, 
jxitriijonsser.  Pic.,  [xiti-otnllci^  pdtonlUcr.  l'oit.,  patrouiller^ 
patlfagncr.  Saint  ,  puti-onUlcr-.  Suiss.  v.,  pnlrullhi ^fxdrijjola. 
Tour.,  ericaycr.  Vx.  fr.,  pfttroiiiller.  (V.  Ptitriijotcr.) 

Patroilloû,  s.  m.,  enfant  qui   s'amuse  à   remuer  de  l'eau 
sale.  Pour  tous  les  mots  de  cette  famille,  la  prononciation 
d'une  certaine  contrée  supprime  volontiers  le  /•  (Patouille, 
Patouiller,  Patoailloù). 
Poit.,  pafr'ouillon. 

Pàturiau,  s.  m,,  petit  pâturage. 

Berry,  pàturall,  pàtarcrm,  pàtnfinu.  Il.-V,  pàlour,  pàlii- 
riiiti,  pdstourl.aii.  yhi'iwe,  /Ktfin-as.  Morv.,  patfni-cdu.  Nivern., 
pàtiireau,  pjâfjiriau,  pàttivdil. 

Pau,  s.  m.,  pal,  pieu,  poteau. 

Lat.,  palus.  Ital.,  jxilo.  Berry  et  Bourg.,  pau.  Lim.,  paon. 
Mac,  j>ô,  pan  île  bciinc  (pal  à  bennes,  perche  qui  sert  à  porter 
les  bennes  de  vendange).  Montr.  et  Morv.,  pau.  Norra.,  pô. 
Poit.,  pati.  Pvov.,  pal.  Sav.,  palgn.  Toul.,  esptoiin.  Wall.,  pa, 
poteau.  Vx.  fr.,  pau, 

Pauforciie,  s.  f.,  pieu  terminé  en  fourche.  Les  chasseurs 
appellent  pauforceau  le  piquet  auquel  ils  attachent  le 
filet  pour  pluviers. 

Cogn.,  pauforr/ir.  Genev..  paufa-  (\ev\ev  en  fer,  et  pieu  qui 
servait  à  enlever  les  gerbes  des  dîmes).  Morv.,  paufichot.  Poit., 
paufourclit'. 

Paule,  s    f.,  pelle,  pour  le  feu,  pour  le  four, 

Lat.  et  Ital., /)«/«.  'BevrY,pali\  pullc  Bouvg..  paule.  Champ., 
palle.  Mac.  et  Montr.,  paule.  Morv.,  pall<\  poUc,  pâlotte. 
Norm.  et  Poit.,  pallr.  Prov.,  jHtla.  Sav.,  pàla.  St-Am.,  pôla. 
Suiss.  v.,pala.  Wall.,  pàl .  Vx.  fr.,  pel(\  polie,  palle. 

Paulée,  et  Pâlee,  s.  f  ,  pellée,  pelletée,  le  contenu  d'une 
pelle 

Berry,  pallerèo.  Bourg,  et  Montr.,  paulée.  Morv.,  polletèc. 
Norra.,  Pic,  Rouch.  et  Wall.,  paléc.  (V.  le  mot  suivant.) 

Paulée  (repas  de  la),  souper  qui  se  donne  à  la  fin  du  battage, 
et  ainsi  nommé  de  la  dernière  pellée  de  blé  que  l'on  vient 

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306  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHaLONNAIS 

de  ramasser.  {Voir  Renard.)  Également  repas  donné  aux 
gens  du  pressoir  après  le  pressurage  qui  termine  les  ven- 
danges. —  Quant  à  rét3'mologie  du  mot,  j'abrège  un 
article  spécial  de  J.  Durandeau  :  «  Pour  M.  Cunisset- 
Carnot,  \a  paulée  est  un  mot  dijonnais  signifiant  la  fin  des 
récoltes  (moissons  ou  vendanges),  et  aussi  la  fin  d'un 
ouvrage  :  ((  Si  le  temps  reste  beau,  nous  ferons  demain  la 
pôlée  des  blés...  »  Mais  paulée  veut  dire  aussi  le  repas  de 
réjouissance  qu'on  fait  une  fois  la  récolte  terminée,  et 
alors />au/ee  est  peut-être  pour  poêlée...  M.  Maillard  de 
Chambure  est  de  cet  avis.  De  son  côté,  Clément  Janin 
observe  que  «  dans  la  Côte  et  une  partie  de  l'Auxois  on 
donne  le  nom  de  paulée  à  la  fête  qui  termine  les  moissons; 
c'est  le  tue-chien  des  Dijonnais  ))...  Puis  Mignard,  qui 
pille  Delmasse,  lequel  a  écrit  :  ((  Lai  paulée,  repas  donné 
aux  faiseurs  de  vins  après  le  pressurage,  à'epulia  :  faire 
la  paulée,  se  régaler.  »  Le  bouquet  de  la  paulée  est  aussi 
usité  chez  les  ouvriers  du  bâtiment,  qui,  dès  qu'ils  l'ont 
posé,  ne  manquent  pas  de  l'arroser  en  abondance.  » 

Berry,  poêlée.  Bourg.,  pelée, paulée.  Morv.,  poaalée,  paulée. 
Norm . ,  pelée. 

Pauler,  V.  tr.,  remuer,  netioyer  avec  la  pelle. 

Bourg.,  pauial.  Champ., /^la/c/'.  Forez,  paleyi.  Morv.,  palier, 
potier.  Poit.,  paleijer.  Suiss.  r..  palà. 

Pautrer,  v.  tr.,  marcher  sur,  piétiner,  broyer,  écraser: 
«  Ô  t'ia  vorteillé  su  Tsable,  épeu  ô  t'I'a  paulré  c'ment  ein 
tas  d'pàtes.  » 

Art.,  èpôtrer.  Berry,  pautrer.  Cogii.,  pautriguer  (presser 
dans  ses  doigts).  Fland.,  épautrer.  Genev.,  piotonner.  Mac, 
petougiai.  Moiv. ,  pautrer,  ai/nartoiller .  Pic,  épautrer, 
épeutrer.  Rouch.,  épautrer.  Wall.,  épautrer,  pautrier,  pitié. 
Vx.  fr.,  pictler,  pieloicr.  pietiler,  pietonrr,  picteller.  (V.  Tré- 
pill'r,  Trlper.) 

Pauv'e,  s.  et  adj.,  pauvre,  malheureux. 

Lat.,  pauper.  Ital.,  pocero.  Ban-yioim.,  pouer.  Berry,  ponre, 
fioucre,  paître.  Bourg.,  pùcre,  prô'-e,  preiïoe.  Bress.,  paurioa. 
Lorr.,  pore.  Lyon.,  poiiro.  Montr.,  poucre.  Morv.,  ponre. 
Norm.,   jioure,  ponret.   Pic.,    jxjure,  paure-    Prov.,  paupre, 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  307 

paiibrc,  paiirc.  Rom.,  pou rc.  U ouch.,  po/r.   St-Ani.,  paàcrou. 
Toul.,  paiirc.  Wall.,  /jôr.  Vx.  i'i'.,  pnnrc,  pdoiir. 

Pauv'ment,  adv.,  pauvrement. 

Ital.,  poccramciite.  Bourg.. prôrPivan.  Lorr.,  pôniuui.  Prov., 
paabrainrn,  paitroineiit..  Roueh.,  pocc.fmcn.   Toul.,  /ladro/twii. 

Pauvrôsse,  s.  etadj.,  pauvresse,  mendiante.  En  ce  mot  le  r 
reparaît. 
Morv.,  paurossCj  ponro'<sc,  patircllle. 

Pauv'té,  s.  f.,  pauvreté,  dénuement. 

Lat.,  paupevtas.  Ital.,  poccrUt.  Bei"rj\  padretc,  poiirctc., 
poKPcrd'.  Bourg.,  pôcrctal.  Morv.,  poiireti'.  Pic,  paucerté. 
Prov.,  paiipretat,  paubrctat^  panretat.  Rouch.,  poocrté. 
Sl-Ani,  peùcrcto.  To[i\.,  /Kuirièfo,  pcuirctat.  Wall.,  vocrité. 
Vx.  fr.,  poi'ortcit,  porcrtè,  ponccrtc,  poiircté. 

P'cHÔ,  adv.  de  quantité,  peu  :  «  T'as  ein  fameux  quignôt 
d'pain;  baille-moi-z-en  donc  eùn  p'chb.  »  Un  ramollisse- 
ment de  prononciation  a  fait  que  certains  en  sont  venus 
jusqu'à  dire  :  un  m'cAô.  (V.  ce  mot.) 

Lat.,  pattciis.  Ital.,  poco,  pochctto.  Berry,  p'chon.  Bourg., 
pcc/iô,  poHc/iot,  p'chcïi.  Rress.,  pou,  pc.c/io,  poncho.  Bugey, 
pou.  Jura,  pcehot,  pic/iot.  Lim.,  pdu.  Lorr.,  pô.  Lyon.,  pou. 
Mac,  potion.  Montr.,  pochot.  Morv.,  poiclicuot,  p'chot.  p'sot, 
p'son,  poué.  Pic,  p'chot,  pohe  à  pohc  (peu  à  peu).  Prov., 
pic/iot,  piclwun,  pour.  Rouch.,  pou.  St-Am  . ,  peu.  Sav.,  pou. 
Suiss.  r.,  pcc/iot,  pic/ion.  WaU.,  pau,  pô,  pok.  Vx.  fr.,  poi, 
pou,  pocket. 

PÉ,  et  Pî,  s.  m.,  pied. 

La.t.,  pcs.  Ital.,  pici/c.  Bress.,  pie.  Genev.,  piôtc.  Lim.,  pé. 
Lorr., /){.  Mac, /Jei'V'S.  Montr., /hV.  Norni.,  pic.  Poit.,  piotc. 
Vvow.,  pc.  St-Am., />//(;'.  Toul.,/)é.  Wall.,/)/.  Vx.  fr.,  pict, 
pic.  /lied. 

Pécheler,  V.  tr.,  paisseler,  f^arnir  d'échalas.  Se  dit  pour 
étayer  la  vigne,  et  ramer  les  pois.  (V.  Pessiau.)     . 

PÉCHELEÙRE,  S.  f.,  paissclurc,  petit  lien  de  chanvre.  Les 
vignerons  s'en  servent  pour  attacher,  après  la  taille,  la 
vigne  aux  paisseaux.  (V.  Pesaiau.) 


308      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUKO - CHALONNAIS 

PÉCHiLLER,  V.  Ir.,    niaiiger   peu,  et   presque   avec   dégoût: 
«  D'pei'i  qu'ôl  a  été  mau,  l'opetit  ne  r'veint  pas;  ô  n'fait 
qu'péchiller.  » 
Bress.,  pèchlllcr. 

PÉcuNiAUX,    s.    m.,    argent.    Ne   s'emploie   qu'au   pluriel  : 
((  C'iéqui,  ôl  et  à  son  afâre  ;  ôl  a  des  pccimiaux.  » 
Lat.  et  Ital.,  jiccimid.  Vx.  fr.,  j>ccuiue,  peniiie. 

Peindu,  part.,  peint  :  ((  Jarnidié!  ç'd  biau  cheùlu;  ses  vôlots 
sont  peindds  en  vâr.  » 
Boui'g.,  piiidu,  poiadii.  Vx.  fr.,  peiii;:,  /xiiiit,  painct. 

Pelnturlurer,    V.    ir.,    peinturer,    peindre   grossièrement, 
barbouiller. 
Morv.,  paùi(carlc!(rci\  Vx.  fr.,  jialiitnrcr. 

Peinturluroù,  s.  m.,  celui  qui  peinture;  barbouilleur  d'en- 
seignes. 
liai. ,  /jitiorcllo .  Vx.  iv.,  paintnric7\ 

Pelisse,  s.  f.,  fragment  de  peau  de  mouton,  que  l'on  met  sur 
les  sabots  en  en  rentrant  le  bout  en  dedans,  afin  d'amortir 
la  dureté  du  bois  sur  le  cou-dc-pied. 

hsit.,  pellis.  Ita.].,  pe II icia.  Movv.,  plisse  (semelle  en  paille 
pour  les  sabots).  Norm.,  pclette.  Piov.,  pclissa.  Vx.  it., police. 

Pelosse,  s.  f.,  prunelle,  petite  prune  sauvage. 
Montr.,  ])clossc,  poulesse.  (V.  Pciirnéle.) 

Penaillons,  s.  m.,  vieilles  bardes,  guenilles. 

Po'it. ,fe/iailloiLS,  fieiinilles.,  penillcs.  Rouch.,  pendci-lor/ues. 
Saint.,  penaillons.  Yx.  ïv.,  peiudllon  (moine).  (V.  Pendrillon.) 

Pendriller,  V.  inti'.,  pendiller,  flotter:  «  Les  penaillons,  ô 
pendrilleint  à  la  bise;  y  étôt,  ma  fi,  prou  peut!  » 

Bonrg.,  pa/u/rlllai.    Morv.,  pandriller.   Vx.    fr.,   peiidier, 
pendeier. 

Pendrillon,  s.  m.,  ce  qui  pend,  cbifîon  ;  cordon  qui  pend 
derrière  un  vêtement  mal  ajusté:  «  Aile  é,  ma  fi!  prou 
bêle,  avou  tous  ses  pendrillon.^  pou  darrei  sa  robe!  » 

Berry,    pcndilluchc.   Fo'avg^,  pcnd'llon.    Morv.,   }>cndrillon. 
(V.   Pendillons.) 


LANGAGE    l'OPULAlUK    VKHOCNl  )-CII  ALOXNAIS  309 

PÊNE,  S.  f.,  ]);inne,  graisse  gaiiiissaiil  la  peau  du  porc. 
Gencv.  et  Vx.  h\ ,  priiuc. 

Penei,  s.  ni.,  panier. 

Berry,  pcfjnici\  pèitè,  pcrjur.  Boui'ii.,  pfiic'i.  Maine,  pi'uicr. 
Movx. ,  pciiè.  Voii. ,  pané,  j)Ciu\  St-Ani.,  /.(iiii.  (V.  Pdfjnier.) 

Pénerée,  s.  f.,  le  contenu  d'un  panier. 

^lovv. ,  J>éiui"éc .  Y*\t.^  jKiijn.crrc,  pfdi/iicrèr.  \  x.   iv- ,  jKiiivrèc. 

Peneù.  adj.,  penaud,  inquiet,  mortifié,  qui  est  en  peine. 
^evvy ,  ]>i'nt'ii.r.  Bourg. . /''vtr//.  Geiiev..  jx'tiut.  Morv. . ///(c». 
V\Q..,  jK'iii'H.r .  Wall . . /j('/(r'M.  Vx.  \v . ,  j:cii<  n.r.  pei.aut.    . 

Penser,  v.  intr.,  faillir,  Tnanquer,  être  sur  le  point  de. 
((  01  a  pensé  cheûdre.  » 

Penser  (se),  v.  réfl.,  mais  sens  intr.,  penser   :  «  I    in  pense 
que  t'pourôs  ben  m'rend'  les  quêtes  sous  quej't'ai  prôtés.  )) 
Morv.,  sf  /iL'itscr. 

PÉR.ÀT,  s.  m.,  grosse  pierre  servant  à  amarrer  un  bateau. 
Perchôte,  s.  f.,  petite  perche,  perchette,  soutien  d'un  jeune 
arbre. 

Lat.  et  Ital.,  pertica.  Berry  et  Bourg.,  parchc.  Prov.» 
pergiicta.  p'rrjn,  fierja .  Wa.U. ,  ptss.  Vx.  h.,  perchette. 

PÉRÎ,  V.  intr.,  mourir.  Le  part,  est  souvent  employé  subjS- 

tantivement  pour  mort  :  ((  01  é  pérî,  »  comme  en  jNIorvan. 

Lat.  et  Ital.,  perire.  Movv.,  />èfitfe.  Prov.  etVx.  iv..  j>erir. 

PÉRÎ  (se),  V.  pron.,  se  donner  la  mort  :    ((    01  avot  eùn  ben 
gros  torment;  y  é  pou  c'qui  qu'ô  se  péri.  )) 
Fr.-Cté,  S(?  pèi-i. 

Pérôle  (la),  s.  f.,  marmite  de  l'équipage  des  mariniers.  Cette 
appellation  n'est  pas  la  seule  qui  désigne  cet  ustensile. 
(V.  Négresse.) 

Pessiau,  s.  m.,  paissean,  échalas  :  ((  J'ons  prou  d'raïins 
autôr  de  nos  pessiaux.  » 

Lat. , /K(x///«s.  Berry ,  paUsiau,  pessi.o/i.  Bourg.,  pais.seâ, 
poicià,  po/'çot,  poiciot.  Da.uph  . ,  pej/ssel.  Forez,  pei/s.'iai/.  Fr.- 
Cté,  pdlssL'l,  puis.>eaii.  Genev.,  paf^sei.  Lang.,  pm'.-isel.  peissel. 
Lyon.,  paissean,   passeau.    Morv.,    palchà.    pctiau.     Prov., 


yiO      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO -CH  ALONNAIS 

p'dssi'lh, priisscl.  ïiom.,  pai.iscl.  pni/sso.  Sa.y .,  pac/iô,  passai. 
Toul.,  paj/ssêl .  Vx.  fr.,  paisscl^  paisscaii,  paisson. 

Pessie,  et  P'ssiE,  s.  f.,  vessie. 

Lat.,  vcsica.  Ital.,  vcssica.  Bourg.,  meujie.  Piov.,  ccsica, 
cesi'ja,  veissigu.  Wall.,  cesscte,  Vx.  fr.,  cesie,  cecte. 

Pkt,  s.  m.,  pis,  mamelle  de  la  vache  :  ((  Dis  donc,  p'tiot,  tes 
vaiiLies  sont  ben  crotoûses;  quand  on  lieu  tire  le  lot,  i  dèt 
pas  été  ben  prôpe?  —  Ah!  si;  on  lieù-z-y  lave  le  pèt.  »  — 
L'orthographe  pè  ou  pei  serait  préférable;  elle  anéantirait 
une  forme  qui  soulève  inutilement  une  idée  d'incongruité. 
L'\[.,  pi'i^fKs.  Ua.\.,  petto.  Bourg., /)('(".  Genev . ,  pètrc.pritrc. 
Maine,  /"'.  Montv. ,  pet .  Morv.,  [)é.  Prov.,  pcc/i,  peit,  piec/i. 
/lieif,  perjr,  pi  t.  St-Am.,  pirnr/w.  Wall.,  pë.  Vx.  fr.,  pect, 
pi::  (seins). 

Petas,  s.  m.,  chiffons,  pièces  pour  nipetai^ser 

Mac,  peta.  Poit.,  fietas.  Saint.,  petat.  Toul.  ,  pelas. 
(V.   Pâte,  Patin,  etc.) 

Peta.s.ser,  V.  tr.,  rapetasser,  raccommoder  de  vieilles  hardes. 
Foriez,  petassa.  Poit. ,  petasser.  Rom.,  padassar. 

Petassoû,  s.  m.,  ravaudeur,  fripier,  celui  qui  commerce  en 
vieux  chiffons. 
Toul.,  petassnu. 

Peteû,  adj.,    honteux,   timide,  craintif  :   «   Oh!    l'drôle  de 
Jean-Jean!  01  é  là  d'vant  vous  c'ment  eùn  peteù!  » 
Liin.,  pètoù . 

Peteû,  s.  m.,  roitelet. 

M  ic,  ptea.  (V.  Roitelet.) 

Petî  !  s.  m.,  cri  dont  se  servent  les  paysans  pour  appeler  les 
poulets  :  «  Peti!  petî!  »  —  Se  dit  concurremment  avec 
petiot. 

Petiot,  et  P'tiôt,  s.  et  adj.,  petit.  Ce  mot,  qui  nous  est 
si  familier,  se  trouve  en  de  nombreux  exemples  de  ce 
vocabulaire. 

Lat.,  t<-ni{'S.  ltA\. ,  piccolo .  honvg. ,  petiô.  petic/nô.  Bress., 
pciiot,  pctiet.  Bugey,  petion  .  Dâuph  .,  petiot.  Fr.-Ctè,  pcr/iii- 
giiof.   'jenev.,  petiot,  petiolct.    Lira.,    piti.    Lorr.,  pequial. 


LANGAGE    POPULAlHK    VERDUNO-CHALOiNNAIS  .">  1 1 

Mac  .  pcils.  Montr.,  petiot.  Morv..  /•'rion.  petiot.  Norm., 
tiot.  Pic.  piot.  p'tiot.  p''/i/iut,  f/niot.  Roncli.,  p'tiot,  tiot. 
St-Am.,  peti.  Sav.,  pctiu,  petioit.  'l'oul..  fiir/ion,  j)ic/tot. 
\\d\[.,  petiot,  tiot,  piti.   Vx.  fr.,  petiot,  peti;,   petit;;. 

Petiôt-baisselon,  s.  m.,  liouc  de  petite  dimension,  servant 
à  sarcler  le  sarrasin. 

Petiôtement,  adv.,  petitement. 

Pvov .,  petitement.   Rouêh. ,  j')tiote/)ten  .  Vx.  i\-..petiteni'-iit. 

Peton  (peiiôt  ),  s.  m.,  pelit  pied.  Quoique  peton  soit  déjà 
un  diminutif,  nous  disons  très  \^olonliers  :  ((  Tes  petHjtn- 
peton^.  » 

\i?i\. ,  pcdiao.  Fr.-Cté, />'"o/i.  Maine,  péton .  ISIoi'V.,  pinri, 
peton.  Kouch.,  pe  ta  t.  Suiss.  v.,  pion  (pied  de  bas).  Toul., 
penet.  Tour.,  p'Hons.  Wall.,  pèiot.  Vx.  fr.,  peton. 

Pétrà,  s  m.,  empêtré,  lourd  comme  une  pierre,  sot,  gros- 
sier, niais  :  ((  Que  gros  péirâ!  » 

Bonvg.,  pétr.  Bvet. ,  petra.  Marn.,  petrat.  Morv.  et  Norm., 
pètra.  Poit.,  pétvâ. 

Pétrissoire,  s.  f.,  pétrin. 

h^i.,  pistriniini.  Boarg. ,  prête  (pétri).  Fr.-Cté  et  Genev., 
pètri.<.-^'>ii-(' .  Lyon.,  pâtrièi-e.  Pic,  pertrissoir.  Wall.,  prtis- 
tein.  Vx.  fr.,  peati-in.  (V.  Mée.) 

Peu,  adv.,  puis,  ensuite,  d'ailleurs. 

Lat.,  post.  Ital.,  poi.  Bourg.,  j)eix.  Forez  et  Morv.,  peu. 
Pvov .,  poiii,  paois,  pdeis,  pos,  pus.  S--iV.,poai.  Toul.,  péj/s- 
sou/i.  Vx.  (v.,  post,  pui/s,  puissec/i  (depuis  ce  jour).  (V.  Epeù.) 

Peùce,  s.  f.,  puce. 

Lit.,  pulic.  Ital.,  pu.lee  Bourg.,  peiice.  Lyon.,  pu:;i. 
M.ot\U'.,  pu'ie.  Pic,  puchc.  Poit..  piouse,  piousèc.  Prov., 
piu:;e,  piat.;.  Yiowch  .,  ji au che,  poche,  puehe.  St-Ani.,  puzc. 
Tou\.,  pui/se,  piouse.  V^^iûl.,  puc/ie,  poiiss.  Vx.  fr.,  pulee, 
jiuchc . 

Peùce,  s.  m.,  pouce. 

Lat  t  poliex.  ][a.\.,  polliee.  Amiens,  pu uch.  Bourg.,  peiice. 
Breifi. .  poge.  Fland.,  pauc/ic  ^lontv ..  pou;/e.  Morv.,  peuce. 
Pic,    peu,    peuce,    /leuche,    /lOuc/ie.     Prov.,    polce,   pouse, 


312  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CH ALOXNALS 

po^c.  poitA,  ponf; .  ^l-kva. ,  pn;oa .  AVall..   pôss,   poù.îs.   Vx. 
t'r..  p'iiif/i,  pdiic,  poii:<!^(',  potdcf. 

Le  Petit  Poucet  devient  Pôgcrl  dans  nos  vieux  contes. 

Peùc;^le,  s.  f.,  pucelle;  Il  n'est  pas  de  Noël  où  ce  mot  ne  se 
trouve  employé  pour  désigner  la  vierge  Marie. 

Ital.,  pnicclla.  Berry,  plnccHe.  Uress.,  peiiça la.  Prov., 
jv''icrl(i,  pii:ac''la.  Rouch.,  pucliclc.  Vx.  fr.,  pucelc,  pulcella, 
jjtiii-rlc. 

Peùceron,  s.  m.,  puceron. 

lievi-y,  piôson.  Rouch.,  piichero/i.  Vx.    fr.,  pnlçon,   pulçof. 

Peû.nAs,  adj.,  punais,  qui  exhale  une  mauvaise  odeur  par  le 
nez. 

houvg-,  p''na,  pt'iiai.  yioniv. ,  penas.  Morv.,  pcanâ .  Pic, 
pnuuàsc.-Vvox .,  patnais.  Vx.  îv.,  /xir/nès,  punés^  panes. 

Peûn.vse,  s.  f.,  punaise,  hôtesse  a.charnée  et  puante  de  cer- 
tains lits. 

Bourg., /)(?/ia»?t'.  Fland.,  pnaassc.  Lille,  punac/w.  Morv., 
pci(/i<i:;e,  peunâiUc,  p'ad/'e.  Rouch.,  piina.-ise,  panache.    Vx. 

fr. .  pinjnesc . 

Peûxitance,  s.  f.,  pénitence. 

Lat.,  pœnitcntia.  Ital.,  pi'niten^la.  Bourg.,  pegnitaacc . 
'\lo\'v ..  pcanltence.  Prov.,  pcnitcncia,  pcneden^a,  pciitciua . 
Vx.  fi'.,  peuitaare,  penitenche,  peneance. 

Peuple,  et  Peûpier,  s.  m.,  peuplier. 

Latin. /'0/9/;/'<s.  Ital.,  pio/ipo,  popolo.  Aan'i^,  pihlc.  Barry, 
piiiipc,  pou/ilc.  popidicr,  popelicr.  Lang.,  piboal.  Lyon., 
p'ibli},  piifo.  Montf.,  peaple.  Morv.,  peuple,  plplnier,  pipl- 
Ijner.  Norni .  et  Pic,  peuple.  Poit..  poapc,  popalon.  Prov., 
pibonla.  Rouch.,  peaple,  poupier.  Saint-,  populot,  poaple. 
Sav .,  pchle.  'Voa[. ,  pihoal.  W-àW.,  poapcer.  Vx.  iv.,  pouplier. 
popalier,  popilwr.^  popliei\  puii/x/lin. 

Peùrée,  s.  f  ,  purée,  bouillie.  On  fait  chez  nous  d'excellentes 
«  soupes  à  la  purée  »  :  de  pois,  de  haricots,  de  pommes  de 
terre. 
Bas-lat.,  purca.  yiovx .-,  peurèc.  Vx.  h . ,  purée . 

Peùrge,  s.  f.,  purge,  médicament  purgatif. 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      'U3 

Ital.,  piii'iia.  Genev.,  pnrijc.  H""  Auv.,  pnrd^a .  Moiv., 
pcnrr/e.Xx.   ïv.,  purge. 

Peùuî,  V.  intr. ,  pourrir. 

hsit.,  piiircrc.  Ital.,  imputridlrc.  Bourg.,  pôvrti .  Morv.., 
pcnvl.  pari.  Prov.,  poirir.  St-Ani.,  piiri.  (poun  i).  Vx.  fr. 
purir,  purrir,  porrir,  potmrijr. 

Peûriau,  s.  m.,   purin,  urine  des   bestiaux,  recueillie  dans 
des  réservoirs,  et  qui  sert  à  certains  arrosages  dos  terres. 
Rouch.,  pnriau. 

Peùrier,  V.  Ir. ,  prier,  supplier. 

hht.,  pi'ocari.  lta\.,  pr-rr/arp.  Buvvy,  p"'i'r/'i\  vei/er,  poûrlcr  • 
Morv.,  pruricr.  Piov.,  prt^ipn-,  prcçjtiar ,  prcipiv.  Saint., 
pciiricr.  Vx.  fi'.,  proicr,  prcicr. 

Peùriére,  s.  f.,  prière,  supplication.  '  ■ 

Lat.,  prccatlo.  Ital.,  preghiern.  Berry,  prèi/ùre,  pcriècrc. 
Bress.,  jireiilrc.  Lira.,  pràji'ro.  Morv.,  pcurlcro,  pcuricle.  Pic, 
pragére.  Pvov. ,  [tnigicicra.  Vx.  fr.,  proicre,  prcierc. 

Peûriteùre,  s.  f.,  pourriture. 

Berry,  ponrritancc.  Morv.,  pcurltcnrc.  Prov.,  poirldnra, 
ptirldiira.  Vx.  i\\,  piirrcturc,  porrcture. 

Peùrnant,  part,  du  v.  prende,  prenant. 

Berry,  pi'riiant.  Vx.  ir.,  pren.it n^^  peinant. 

PEÙRNE,et  Preùne.  s.  f.,  prune. 

Lat.,  prunum.  Ital.,  prugiia.  Bourg.,  prenne,  preugne, 
peiirne.  L\l\e,  pmnnr'.  Lyon.,  porna.  Mac.  et  Montr.,  prenc. 
Morv..  peurne.  Pic,  proiine.  Prov.,  prnna.  Rom.,  prone. 
Roueh.,  prone,  praune.  Sav . ,  pronna.  WsiW. , pronne,  preiinn. 
Vx.  fr.,  prune. 

Peùrnei,  s.  m.,  prunier. 

Ba.s-La,t.,  prnnarius.  Bourg.,  prene'f.  Mor\tr., prené.  Rouch., 
pronier.  Wall.,  pronnler.  'V^K.  fr.,  prunier. 

Peurnéle,  s.  f. ,  prunelle  :  «  J'ai  évu   ben  des  psùrnéles  ; 
j'vons  en  faire  de  la  boisson.  » 

Berry,  preunellc.  Bourg.,  peurnaUc.  Morv..  peurnais,  peur- 
ncllc.  Prov.,  agrena.Yx.  fr.,  purnclle,  plonele.  (V.  Pelossc.) 

35 


314  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Peùrn'lei,  s.  m.,  prunellier. 

Berry,  prciincllier,  pciirneliier.  Bourg.,  pcurnelai.  Morv., 
pcuraclè.  Prov.,  agj-cnier.  Vx.  iv.,  purnelicr. 

Peùrnez,  impérat.  du  v.  prende,  prenez. 
Bourg.,  pcHvnci.  Loir.,  pcrno.;. 

Peùrniau,  s.  m.,  pruneau. 

Bas-Noi m-, /)/•«/»'««.  Berry.  pctirniati.  Boiwf:..  prcnià.  Bress. 
et  Il.-V,  prnnlau. 

Peùrnoû,  aclj.,  preneur. 

Ital..  prciuHtore.  Bourg.,  prcnon.  Morv,,  pcurnou.  Piov., 
prciididor.  Vx.  fr.,  prcndcor,  prc/icor. 

Peùrnu,  part,  du  v.  prende,  pris. 
Bourg.,  prciiK,  pria. 

Peùrtauger,  v.  intr.,  patauger.  Au  figuré,  faire  mal  les 
choses,  mettre  le  désordre  :  «  Ah  ben,  voui!  J'ai  vu  dans 
son  ormoire.  Pauv'  linge  !  y  é  prou  peùrtaugé!  » 

Montr.,  pvctaugcr.  Norm. ,  patôchcr.  Wall.,  padgtè,  paglè. 
Vx.  fr.,  patoier. 

Peûrte,  et  Porte,  s.  f..  porte. 

Lat.  et  Ital.,  porta.  Bout'g..  pote.  T)auph.,  porta.  Lorr., 
pôtc.  Lyon.,  porta.  Mac,  pourtc.  Marcig.,  paôrtc.  Prov., 
porta.  ^t-Am. ,  peiirta,  paarta,  Yx.  fv..  porte. 

Peùrter,  et  Porter,  v.  Ir.,  porter. 

Lat.  et  Ital.,  portarc.  Berry,  pourtcr.  Bourg.,  pota'..  Bress., 
pcurtè.  Dauph.,  port<;.  Lorr.,  pôtvr.  Morv.,  pourtcr.  Prov.. 
portar.  Vx.  ïv.,  porter . 

Pei^vf,  adj.,  laid,  désagréable.,, sale,  méchant  :  «  Oh!  l'peiJt! 
v'tu  ben  te  t'cacher!  »  —  ((  01  a  peut  âr.  peùte  façon.  »  — 
M.  Jouve  constate  que  ce  mot  est  un  des  plus  anciens  du 
patois  lorrain.  Il  le  soupçonne  d'origine  celtique.  Ce  mot 
est  bien  aussi  ancien  chez  nous.  On  a  même  appelé  le 
diable  :  «  le  Peut.  » 

L.a.t.,  putidus.  Bonrg.,  peu,  peut.  Fr-Ct',  petit.  Jura,  Lorr., 
Motilr.  et  Morv.,  peut.  8t-Ani.,  Icdou. 

Peùtf.fin,  s.  f.,  fin  triste,  di'plorable,  malheur,  catastrophe  : 
«  O  va  mau,  l'gas;  ô  Ve^  psùtejin.  »  —  Pour  cette  locution. 


LANGAGE    POPUF.AmE    VERDUNO-(  H ALONNAIS  ol"5 

J.  Guillcniiu  dit. qm^  la  Bresse  clialonnaise  a  le  vcrh)3  pcii- 

tefener. 

Bourg.,  pcnteflii.  Danph.,  pctalhi.  Forez,  pidafin.  Lang.- 
piitofi.  Lyon.,  pidafin.  Montr.  et  Morv.,  pcutcjhi.  Vx.  fr.' 
putcfi,  putejin. 

Peùtement,  adv. ,  laidement;,  vilaiiiemeut. 
Morv.,  pcutcmcnt . 

Peùvez,  2o  pers.  pi.,  ind.  prés.,  pouvez. 
I,orr.,  peurè. 

Pî,  s.  m.,  pic,  instrument  de  fer,  pointu  des  deux  bouts. 
Ital., /)Acco/if.  Berry  et  Morv., /)/.   Prov.,  pic.  Vx.    [v.,  pis 

Pî,  s.  m.,  petit  morceau  de  bois,  appointi  djs  dea\;bouts, 
que  les  enfants  font  sauter  à  l'aide  d'un  bâtonnet.  A  chaque 
saut  du  bois  pointu,  les  joueurs,  sans  s'inquiéter  de  com- 
prendre, disent  :  «  Pi!  mi!  trois-picotis!  »  Qu'est-ce  que 
cela  signifie?  Les  Limousins  appellent  ce  jeu  picotai.  Il  y 
a  là  une  analogie  frappante.  Un  poète  de  Limoges  le 
nomme  killola  (?).  —  Les  Normands  du  Bessin  appellent 
le  petit  bâton  pointu  piv!i,  et  le  lancent  à  l'aide  du  haculo, 
'  hagulot.  —  Les  Genevois  disent  aussi  haculo.  —  Les 
Foréziens  ont  donné  au  jeu  le  nom  de  baculon,  nou\  elle 
analogie.  Ils  l'appellent  encore  quinet,  et  ils  ont  le  mot 
pi-côte  pour  dire  courte-échelle. 

PiÀLER,  et  PiÔLER.  v.  intr.,  piauler,  crier.  Se  dit  du  cri  des 
enfants,  des  oiseaux,  et  des  volailles 

Itàl.,  pi;/olarc.  Berr}^  pioulcr.  Bourg.,  piaillai.  Champ., 
piailler,  piailler.  Forez,  piôld.  Fr.-Cté,  piauler.  Genev., 
piiiler,  piiiler,  piauler.  Il.-V%  qaérier.  Lim.,  piaulas.  Maine, 
pii/ner.  Morv.  et  Norm ..  piauler.  Saint.,  piâler.  Suiss.  r., 
pioula.  Toul. ,  piaula.  Vx.  fr.,  /a'oler.  (V.  Piauner,   Piner.) 

PiÀLOÙ,  s.  m.,  qui  piaule,  qui  crie. 
Vx     fr.,  piaulcur. 

PiÀRE,  S.  f.,  pierre. 

Lat.,  petra.  Ital.,  pintra.  Bourg.,  piarrc.  Bress.,  piare . 
Lim.,  peira.  Lorr.,  pirre.  Prov.,  pi'tra,  peira,  /lei/a.  St-Am., 
piàra.  ?>a,v . ,  piera.  'l'oal..  /n'i/ru.  Wall.,  pir.  Vx.  fr.,  /lierc, 
pierre. 


316  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO- CIIALONNAIS 

Pi  AU,  et  Pl-\,  s.  f.,  peau,  épidémie  :  «  0  n'vout  pas  aller 
s'bât'  ;  ôl  a  peur  pour  sa  pian.  »  (Ne  pas  confondre  avec  le 
mot  suivant.) 

Lat-,  pcllis.  Ital.,  pelle.  Bas-Norni.,  piaoa.  Berry,  piaii. 
houvg.,  peoj  piâ.  Bvess.,  piau.  DaMph.,  pet.  Gasc.,/3e/.  11. -V% 
pian.  Lira  .  pé'i.  Mcàc,  piau.  Movv. ,  peai,  plan.  Norm.,  pian, 
pelettc.  Pic,  pieu,  pian.  Poit. ,  pca,  peai.  Prov.,  pel,  pcl/i. 
Rom.,  pé.  Ronch..  f/ian.  St-Am.,  pc.  Sav.,  pian.  Toul.,  pel. 
Wall.,  pai,  pian.  Vx.  fr.,  pel,  peal,  piuu,  piax . 

PiAU,  S.  ni.,  poil,  cheveu.  Ne  se  prend  pas  voloniiers  en 
bonne  part.  On  ne  dit  jamais  piaujc  pour  parler  des  beaux 
cheveux  d'une  femme. 

Lat.,  pHns.  Ital.,  pela.  Boui-g.,  //ai.  Bress.,  pai.  Foiez, 
peliuc/ii.  L\m. ,  piàii.  Mkc,  pa;/.  Poit.,  pian.  Prov.,  peil.  Sâv., 
pà.  Vx.  fr.,  pcil,  peal,  poil.  (V.  Foi.) 

PiAu-MORTE,  s.  f.,  durillon,  aux  pieds  ou  aux  mains,  cor, 
œilde-perdrix. 

Plauner^  \.  intr  ,  crier  comme  les  oiseaux  de  basse-cour. 
Fr.-Cté,  pianner,  pionner.  Jura,    piùnev.    Moiv.,  pianaer, 
pioniier.  Norm.,  p'anar.  (V.  Pidler,  Piuer.) 

PicoN,  s.  m.,  gouvernail  de  môme  genre  que  l'empeinte, 
mais  plus  court  et  placé  à  l'avant.  Terme  de  marine 
fluviale. 

PicÔT,  s.  m.,  produit  du  chardon  pir/nblot.  (V.  ce  dernier 
mot.)  Par  leurs  mille  crochets,  ces  petites  têtes  s'attachent 
aux  vêtements.  Les  gamins  s'amusent  à  les  lancer  sur  les 
passants,  qui  ont  du  mal  à  en  débarrasser  leurs  habits. 
Aux  promenades  du  dimanche  surtout,  cette  espièglerie 
triomphe. 

Picot,  s    m.,  pointe,  aiguillon,  épine,  écharde,   tout  ce  qui 
pique  :  «  Prends  garde  à  tes  dèts,  p'tiote  ;    la  branche  a 
des  picots. 
Bourg.,  picot.  Morv  ,  jtiipiot.  Poit.  et  Rouch.,  picot.  » 

Picote,  s.  f.,  petite  vérole.. 

Morv.,.  i5flro/e.  Norra.,  cèrcitc,  cèrenlc.  Poit.,  picotte.  Piov., 
ceirola,  pichota.  Toul..  picoto. 


LANGAGK    POl'UI^AIRK    VKRDdNO    CIIALONNAIS  317 

Picoté,  adj.,  marqué  do  la  petite  vérole  :  ((   La  pam'lillc! 
aile  é  restée  la  figure  toute  picotve.  » 
Morv.,  picassc. 

PicÔTis,  s.  m.  (V.  Pi.) 

PiDANCE,  parfois  Pitancur,  s.  f.,  pitance.  A  aussi  l'acception 
de  bonne  cuisine,  gâteau,  etc. 

Bas-Lat., /Jfc/lonf/a.  lUi\.,  pictaii.ra.  Yiovry.  pida/icc.  Bourg., 
pitaiiic/ic,  pldance.  Genev.,  pidancc  Morv.,  /^/(/«/tce  (maillet). 
Prov.,  pi(tta/tsa,  piedaiisn .piilan^a.  Vx.  fr.,  pitandic.peddiLCc. 

PiDER,  V.  tr..  mesurer,  avec  le  pied  ou  une  paille,  la  distance 
d'un  palet  à   un   autre.    Expression  dont  se  servent  les 
enfants  qui  jouent  au  palet. 
Genev. ,  pidcr.  Sav.  et  Suiss.  \'.,pldà.  (V.  p'ifjer.) 

PiDiÉ,  s.  f.,  pitié,  compassion. 

'Ldii.,  pietas.  lidi\.,  pl'-tn.  Berry,  pinaw.  Bourg,  et  Bress., 
pidià.  Forez,  pidn.  Fr.-Ct('',  puli .  I,im.,  picita.  Mâcon.,  pcdji. 
Montr.  et  Morv.,  pidlc.  Poit.,  pidi ,  pidè.  Vïov.,  pictat,  plaint, 
pitat,  pidat.  St-Am,,  pcdijà.  Toul.,  /datât.  Vend.,  pldàù. 
Vx.  fr.,  l'itc,  pitvi,  /iitc..~. 

PiDiou,  adj.,  piteux,  pitoyable,  qui  inspire  la  pitié 

Béarn,  picta((oiis.  Bress.,  pldion.  Lyon.,  pidoti  (coniiia- 
tissant).  Montr. ,/^/i'//o/^.  \loiv..  /lididulc,  jjidion.  Poit.,  /ik/ok. 
Prov.,  piatable.  Saint.,  j>idons.  TouL,  plctadous.  Vend., 
pldou.  Vx.  fr.,  /dteatjlc.,  jiituible,  pdons  (plein  de  pitié). 

Piéton,  s.  m.,  facteur  rural  :  a  J'atendons  Vpiéton,  raport 
aux  nouveùles  du  p'iiot.  Si  ù  veint  xhe,  j"li  baillerons  à 
bouére  eîin  bon  cùp.  » 

Ital.,  pedoiic.  Genev . ,  /noton.  Mo;\-  ,  pictoii.  Prov..  pc.;o, 
pcoa.  Sav .,  pcdoii.  Wiûi. .  pito/t. 

PiFRE,  s.  m.,  pif,  nez  gros  et  bourgeonné.  Jadis  on  se  faisait 
presque  gloire  de  cette  décoration  du  buveur. 

Berry.  /;('/'•  Bouig., /hY/'/'c  (gars).  Norm .,  /)//'.  Poit..  piJJ're. 
Prov.,  fd/JUrt  (replet).  Toul. , /^///'c  (fifre), /y//a»n gros  pendart). 
Vx.  fr.,  pijrc  (gourmand). 

Pige,  s.  f.,  mesure,  point  de  comparaison,  et  aussi  attrape. 
Berry,  pige  (mesure,  et  piège),  Bourg.,  pl;jc.    Geuev.,  pidc. 
Morv. ,  pif/c,  pisc. 


318      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO - CHALONNAIS 

Piger,  v.  tr.,  mesurer,  particulièrement  au  jeu  de  bouchon, 
où  l'on  a  à  constater  la  distance  des  sous. 
Berry,  Bourg,  et  Morv.,  piger.  (V.  Pldcv.) 

Piger,  v.  tr.,  attrappar,  tromper  et  dérouter  quelqu'un  qui 
médite  un  projet  mauvais  :  «  L'aut'  voulôt  l'mét'  dedans; 
ma  ô  l'ia  brament  pigé.  » 
Berry  et  Pic,  phl^''^- 

Piger,  v.  tr.,  écraser,  fouler,  aplatir  avec  les  pieds.  On  pige 
le  raisin  dans  la  cuve;  on  pige  et  avarie  une  récolte  en 
marchant  dessus  ;  on  pige  la  terre  pour  la  durcir,  etc. 

Bourg.,  Bress.,  P'orez,  Montr.  et  Morv.,  pii/cr.  Poit.,  pi;/cr 
(creuser,  piquer).  Sav.,  pifjcr  (écraser  la  pomme  à  cidre). 
(V.  PauCfcr,  Piler.) 

PiGNARD,  s.  m.,  peigneur  de  chanvre. 

Forez,  pi/j/wres.  Movv.,  pirjiiai\  pigiiàroa. 

PiGNE,  S.  m.,  peigne. 

\.ai%.,  pecten.  Mal . ,  petti ne .   Berry  et  Bourg.,  pignc.   Mac, 

peignic.  Montw,  pigne.  Movv.,    pingiie,  pi;/ne.    Piov.,    pif/no, 

,     penche.  Sav.,  pêne.  Suiss.  r.,  pi'jna.  Vx.  fr.,   pigne,  piegne. 

Pigne-cu,  adj.   m.  et  parfois  subst. ,  être  sale,  méprisable, 
homme  de  rien,  servilo,  hypocrite. 
Rouch.,  penecn. 

PiGNÉE,  s.  f.,  peignée,  roulée  :  «  Ah!  j'te  li  ai  fichu  eùne 
pignée. . .  ô  s'en  sôvenra.  ))  —  A  de  noinbrcux  synonymes. 
Bourg,  et  Moiv.,  piijnée. 

PiGNER,  V.  tr.,  peigner,  démêler. 

Lat.,  pcctiaare.  îtal.,  pettinare.  Bouig.,  plgntd.  IL-V', 
peugner.  ^Slorv.,  pigner.  Prov.,  pcuchen<ir.  St-Am.,  pgeaé. 
Sav-,  pend.  Wall.,  peigni.  Vx.  fr.,  pigner,  pignier. 

PiGNÔLOT,  S.  m.,  chardon  à  foulon.  J.  rUiillcmin  cite  ces 
deux  vers  du  cru  : 

Les  chardons,  les  pignolos 
Etaient  pour  /noi  des  roses. 

Ce  chardon  sert  de  peigne  dans  l'industrie  du  foulon. 
(V.  Picot.) 


LANGAGE    POF'ULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  319 

PiLK,  S.  m.,  inillol  cuit  cl  prêt  à  être  mangé.  Mets  jadis  assez 
répandu. 

Bve^s.,  pile,  pf'lc. 

Piler,  v.  tr.,  piétiner,  fouler  aux  pieds. 

Lat.,  pilare.  ]ta\. ,  pillaro.  Il.-Y%  piler.  Pvov.,  pilar.  Vx.  fr., 
piler.  (V.  Pautrer,  Piger.) 

PiLURE,  s.  f.,  pilule. 

Lat.,    jnlula.   ÏVà\.,  pillola.  Rross..  pilare.   Prov.,    pillula. 
Wall.  pcll.  Vx.  fi'.,  ]nhile. 

PiMPÔNER,  V.  tr.,  pomponner,  parer.  Ce  verbe  implique  tou- 
jours l'idée  de  prétention   :   «  Ah!    la    p'tiote  drùlesse!  I 
n'sais  point  trop  c'  qu'ail'  deveinra;   ma  ail'  se  pimpone 
gros.  )) 
Genev.,  se  pouponner.  Isère,  pinipona. 

PiNçÔT,  s.  m.,  pincée,  minime  quantité  d'une  chose. 
Fr.-Cté,  pinçot. 

PiNçÔTE  (à  la),  loc,  à  la  pincette,  exprimant  une  agacerie 
gentille.  Les  enfants  se  disent  entre  eux,  et  les  mamans 
aux  bébés  :  «  Bise-me  k  \a,  pinrijle  »,  quand  ils  désirent 
que  l'enfant  les  embrasse  en  leur  prenant  les  joues  ou  le 
menton  avec  ses  menottes. 
Bour^;:.,  pinçôte.  Fr.-Cté,  pineoite.  Wall.,  pisseil. 

PiNçÔTES,  s.  f. ,  pincettes,  instrument  du  foyer. 
WâU.,  pissett.  Vx    iv.,  p'ucet/e. 

PiNER,  V.  intr.,  piauler.  Se  dit  des  poussins,  et  aussi  des 
jeunes  oiseaux,  (jui  jettent  de  petits  cris  et  commencent 
leurs  chants.  —  Autre  acception  :  quand  l'enfant  embrasse 
la  mère,  la  mère  dit  à  l'enfant  :  «  Fais  piner  »,  c'est-à-dire 
fais  chanter  ton  baiser. 

Morv.,  pi/icr.  Nonn.,  pi;/nei\  picler^  pigler.  Saint.,  pi/ner. 
Wall.,  piler. 

PiNGÔLE,  s.  f.,  perche,  gaule.  Se  dit  principalement  des  per- 
ches ajustées  au-dessus  de  certains  puits  pour  lircr  les 
seaux,  le  gros  bout  faisant  bascule  :  «  Va  qu'rî  le  siau, 
écroche-le  à  {"x  pinrjàle,  et  tire-nous  de  l'iau  fràche.  » 


320  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CH ALONNAIS 

PiNJON,  S.  m,,  pigoon. 

Lat.,  pi/iio.  Ital.,  picclonr.  Bourg. .  rn'/ijnn.  Norm.  et 
Pic,  pinr/eon.  Pïov.,  pi/on.  \Ya\l. ,  pic'oii.  /xïrion.  Vx.  fr., 
pignon,  pif/on,  pcnjon. 

PiÔLÉ,  adj.,  qui  a  des  lâches  de  rousseur:  «   Ali!   voui,   je 
l'counais;  y  é  c'iu  qu'é  tout  piôlé.  )) 
Berry,  Morv.  et  Vx.  fi=..  plnlc.  (V.  Pipolù.) 

PiÔNE,  S.  f-,  pivoine. 

h^t., pu'on i(/ .  It'dl. ,  pconia.  Genev.,  piroine  (m^^c).  Norm., 
pione,  pianmc.  Vie,  pione.  Poit.,  pilonne.  Roucli.,  plone. 
Vx.  l'i'.,  /ij/onc. 

PioucHE,  S.  f.,  pioehe. 

Bas- Lat. , /)/oe?;.s.  Bevvy,  plcuche,  pleuche.  Morv.,  plenckc, 
plccho.  Vx.,  pioc/ict,  pleuche. 

Pioucii(-:r,  V.  tr.,  piocher. 

Berry,  plenc'ici^  pleacher.  Bourg.,  pleiirhal.  Morv.  ,pleitc/ter, 
plencer.  Vx.  fr.,  piocher. 

Piper  mot  (ne  pas),  loc,  ne  pas  souffler  mot,  ne  rien  dire. 
Morv.,  piper  n\ot.  Vx.  plf)er. 

PipiE,  s.  f.,  pépie.  Incommodité  bien  fréquemment  ressentie, 
et  qu'on  augmente  en  clierchnnt  à  l'npaiscr.  Le  couplet 
suivant  est  trop  d'à-propos  pour  ne  pas  être  cité.  Les 
buveurs  le  chantent  à  cœur  joie  : 

Hein!  Itelttl  behcons  donc 
De  ce  /V/s,   le  inelUenr  (ht   monde! 

Ileln!  hein!  benrona  donc 
De  ce  jus,  car  ôl  é   hon! 

Si  j'n'cn  l)eùcl/is  pns, 

J'airlns  hi  pi  pic  ; 

Si  f  II  en   heltilnt^  pas, 

J'airlns  le  li/iiipi((. 

Je  ne  suis  pas  fixé  sur  le  sens  de  ce  dernier  mot,  que 
j'ai  aussi  entendu  :  larnpin.  A  moins  qu'il  ne  veuille 
exprimer  le  besoin  de  Lainper? . . .  (V.  Sétier.) 

Lat.,  pilnlla.  Ital.,  plpltn.  Bourg.,  pi  pie.  Genev.,  plpl. 
Lim.,  pepldo.  Lyon.,  pipi.  Morv..  pipée.  Prov.,  peplda. 
Houcli..  jnple.  WalL,  pepln.  pcpeln.  Vx.  fr..  pejilc. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  321 

PiPOLÉ,  adj.,  qui  a  le  visage  plein  de  taches  de  rousseur. 
Étoffe,  drap  piqués  :  «  AU'  se  creit  gentite.  Ah  ben, 
vouiche!  aile  ê  ben  trop  pipolëe.  » 

Bress.,  />f/Jo/c'.  Montr.,  pipé.  Morv.,  pipe,  pipolc.  Poit., 
hvc^olai,  pignevli. 

Le  Normand  appelle  ces  marques  tacht^s  de  son.  {Y.  Ploie. y 

PipoLER,  V.  tr.,  marquer  de  taches,  de  points,  pointilier. 

Pique   (prendre    la),    loc.,    se    piquer,    devenir    hostile,    se 
brouiller,  prendre  la  mouche. 
Vx.  fr.,  picque. 

Pique  du  jour  (à  la),  loc.,  à  la  pointe  du  jour  :   ((  Y   et  ein 
rude  piouchoù;  ô  part  à  la  pique  (hijbi\  » 
Jura,  piqueta  du  dzon.  Movy .,  pi(/iic,  pirincite  doit  jor.  Poit., 

j)l(iuelte  lin  jour.  (V.  Pile.) 

PiQUE-FEÙ,  s.  m.,  tisonnier.  Très  efficace  pour  provoquer  la 
mitraillante  éruption  des  étincelles. 

Piquet  (compter  au),   loc,  se  dit  d'une  chose  importante: 
((  01  évôt  pinte  dépeû  l'maitin  ;  quand  ôl  é  rentré,  sa  fonne 
li  a  fichu  eùne  tripotée   qui   comptât  au  piquet,   n  Vient 
évidemment  du  jeu  de  ce  nom. 
Genev.,  même  locution. 

Pire,  s.  m.,  empire.  Rive  gauche,  en  terme  de  notre  ancienne 
marine  fluviale  :  «  Vira  de  pire!  ))  Tourne  du  côté  d'em- 
pire! c'est-à-dire  du  côté  de  la  rive  gauche.  (V,  Bvonquev, 
Riaume.)  —  Depuis  que  notre  mot  Tj/'onç-î^er  est  imprimé, 
J.  Durandeau,  dans  sa  piquante  étude  ^\xt  Les  deux  Bour- 
gognes, a  donné  une  varian-te  curieuse  des  deux  mots  Pire 
et  Riaume.  Il  a  recueilli  ceci  :  a  Tra-ré  »  [trans  regnum), 
côté  de  la  Saône  appartenant  au  royaume  de  France; 
((  tram-pi  ))  [trans  ijnperium),  côté  du  rivage  franc-comtois. 
Cela  pourrait  sembler  ingénieux;  mais  c'est  très  vraisem- 
blable. 

PiRÔLE,  et  PiRAULE,  S.  f.,  tcrmc  dont  se  servent  les  mariniers 
pour  désigner  le  repas,  les  mets  :  «  Préparer  la  piràle; 
manger  la  pirôle,  de  bonne  piràle.  » 

36 


322  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

PiSQUE,  conj.,  puisque  :  «  Plaque  y  é  c'qui,  va  ben!   » 

Bas-Noim., /)(e/s7?/e.  ^owv^.,  puque.  Genev.,  puiqiic.  Il.-V", 
plsque.  Loi'i".,  peaqae,  pisqae.  Mac,  pi-que.  St-Am.,  pichqiie. 
Vx.  h'.,  puisque. 

Pisse,  s.  f.,  pissat,  urine:  «  Ma  fi,  voui,  dans  ton  escayé   y 
sent  gros  la  pisse  de  chat.  » 

Champ.,  pichon.  Genev.,  pisse.  Lille,  pichntn.  Mac,  jnssi 
(pisser).  Morv.,  pic/tot.  Rouch.,  pissiate.  Wall.,  picliate. 

PissERÔTE,  S.  f.,  pissote,  canule,  petit  canal,  gouttière. 
Moi'v.,  pichcvottc. 

PissoTiAU,  s.  m.,  récipient  pour  le  soulagement  des  buveurs 
de  cabaret;  parfois  moitié  de  vieux  tonneau. 
Rouch.,  pissotiau. 

Pissoû,  ad]'.,  pisseur,  particulièrement  le  buveur. 

Lille,  pichoUx.  Morv.,  pichou.  Rouch. ,  pissiou.  Wall., 
picliou, 

PiTE,  s.  f.,  poule  toute  jeune,  qui  n'a  pas  encore  pondu. 
Bress.,  pite.  Moiitr.,  pi/c.  Morv.,  pi(e.  (V.  Poiineùse.) 

PiTE,  s.  f.,  uniquement  employé  dans  cette  locution  :  «  A  la 

pite  du  jôr  »,  pour  :  au  point  du  jour,  à  la  pointe  du  jour. 

Ital.,  punta.  Bourg.,  jiiquc  du  jo.  Mac;  pequc   du  j'ou. 

Prov.,  poncha,  punta.  Rouch.,  piqueté  du  jour.  Wall.,  pont. 

Vx.  fr.,  puinte,  poincte.  (V.  Pique  du  jour.) 

Pitou,  s.  m.,  putois. 

Bas-Lat. ,  pntaclus.  Ital.,  pu;.c:ola.  Berry,  chat-pitois. 
Boni'g.,  pi tiei'i,  pitô  (fouine).  Montr.,  pitou.  Morv.,  pitois. 
Nonn.,  pitou.  Vx.  ir.,  putois. 

PivER,  V.  intr.,  tourner  sur  un  pivot,  pivoter.  Un  enfant  dit: 
«  J'fais  piver  ma  fiarde,  »  quand  celle-ci  tourne,  pour  ainsi 
dire,  en  dormant. 
Bourg.,  picai.  Champ.,  pilcottcr. 

PiYOCHER,  V.  tr.,  pignoclier,  manger  malproprement  :  ((  Y  et 
eùnmauprôpe;  ô  n'fait  quepiïjocher  dans  son  eissiéte.  » 

Bevry,  pignocher.  Forez,  pignorchd.  Genev.,  chafouillcr . 
haus.,  picliogiier.  Lyon.,  pillocher.  Neufch.,  pichonner. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  323 

PiYON,  S.  m.,  envie,  petite  languette  de  peau  qui  se  soulève 
autour  des  ongles,  et  qu'on  a  tort  d'arracher. 

Bvess.,  pt lion. 

PiYÔT,  et  PiYEÛ,  s.  m.,  thym,  plante  aromatique  utilisée  en 
cuisine.  Il  y  a  une  sorte  de  pij/ot  sauvage,  que  les  Ijonnes 
femmes  vont  «  racoter  »  pour  en  préparer  des  infusions 
contre  le  rhume. 
Bress.,  pillcu.  Morv.,  poiilot. 

Plaice,  s.  f.,  place  publique.  La  nôtre  a  son  côté  ombreux, 
sous  ses  larges  platanes  plantés  en  1811. 

Lat.,  platca.  Ital.,  pia:;za.  Bourg.,  plaice,  plaice.  Mac, 
plautre.  ]SIontr.,  plliaiç-he.  Morv..  plaice.  Pic,  plache. 
Prov.,  plassa.  Vx.  iw,  plache,  place. 

Plaignoû,  et  Plaignard,   adj.,   qui  se  plaint,  et   souvent 
sans  raison. 
Morv.,  plaiadou,  plaingnou. 

Plaignu,,  participe  de  plainde,  plaint. 
Morv.,  plaindu. 

Plainche,  s.  f.,  planche.  Les  scieurs  de  long  en  façonnent 
avec  les  longs  sapins  qui  nous  arrivent. 

Lat.,  planca.  Montr.,  plionchc.  ISIorv.,  plainche.  Pic, 
planke.  Prov.,  planca,  plancha,  planqua.  Wall.,  plang . 
Vx.  fr.,  planque. 

Plaincher,  s.  m.,  plancher,  fenil,  grenier,  resserre  au  grain 
et  au  fourrage. 

Movy .,  plainche.  Prov..,  plancat.  Wall-,  planchi.  Vx.  fr., 
planchicr. 

Plainde,  v.  pron.,  se  plaindre  :  «  On  l'entend  toior  plainde  ; 
ma,  vouah  !  ô  né  pas  si  mau  qu'ô  veut  ben  dire.  » 
Berry,  se  plainer.  (V.  Plainder.) 

Plainder,  V.  tr.,  plaindre. 

Lat.,  plangere.  Ital.,  pianijere.  Berry,  plaïner.  Bourg., 
plaindre.  Prov.,  planhcr,  plaigner,  planger.  Toul.,  plaigne. 
Wah.,  plalnd.  Vx.  ir.,  plclndre,  plaindre.  (V.  Plainde.) 

Plain-nk,  s.  f.,  plaine.  Nous  en  avons  de  vastes,  couvertes 
de  beaux  champs  de  mais. 


324  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNALS 

Ital.,  plana.  Bourg.,  piai ne.  Prov.,  plana,  planlia,  plaujna. 
Vx.  fr.,  plaigne. 

Plaisu,  part,  du  verbe  plaire,  plu. 
Morv.,  plâïu. 

Plate,  s.  f.,  bateau  plat  pour  les  laveuses.  La  plate  est  un 
lieu  de  prédilection  pour  les  «  jasons  »  et  les  cancans  de 
la  ville.  —  On  donne  aussi  ce  nom  au  grand  bateau   du 
bac,  dans  lequel  on  passe  chevaux  et  voitures. 
Ital.,  platta.  Lyon   ,  plata,  plattc . 

Platiau,  s.  m.,  plateau. 

"Lille,  platlaa,  parler  plailau  (parler  patois).  Genev  .,  plateau 
(madrier).  Wall.,  ptatai,  platiau.  Vx.  fr.,  plalel. 

Platine,  s.  f.,  poitrine,  dans  le  sens  d'organe  propre  à  parler 
fort  et  longtemps  :  «  Ah  voui!  c'té-là,  ail'  vous  en  a  eùne, 
de  platine.  N'y  en  a  qu'por  elle!  »  —  Encore  aile  et  elle 
ensemble. 
Mac,  platcnc. 

Plâtrée,  s.  f.,  platée,  contenu  d'un  plat  copieux. 
Pic.  et  Vx.  fr.,  platelée. 

PlÀyant,  adj.,  plaisant. 

Movv .,  plaïan,  pldhiant.  WaW. ,  plalhan.  Vx.  iv.,  plaisant. 

Plàyi,  s.  m.,  plaisir  :  <(  Si  j'veins  por  iqui,  y  é  pas  tant  por 
mon  plàyi.  » 

Ital., /Jf'acc/'^?.  Bei'ry,  pliasl,  plaisl.  Bourg.,  plaul,  ptâsi, 
plaij'i.  Bress., /)/a//.s/.  Champ.,  plarji.  Dauph.,  plei.;(.  Lim., 
plo^èl.  Lorv. ,pièhl.  Morv.,  pldi,  plaihi.  Pvov .,  placer .  St-x\m., 
pU'ul.  Sav.,  pliaisl.  Vosg.,  plahi.  Wall.,  plaisl.  Vx.  fr., 
plcsir^  plaisir. 

Plàyi  (au)!  loc.  elliptiq.,  au  plaisir!  Jetée  tout  court  de  la 
sorte,  elle  veut  parfaitement  dire  :  «  Au  plaisir  de  vous 
revoir!  » 

Plein-nôt,  s.  m.,  planche  assez  forte  et  large,  posée  de  la 
terreau  bateau,  pour  qu'on  puisse  y  entrer  ou  en   sortir. 

Plessis,  s.  m.,  haie  vive.  (V.  BoucJiure,  Palisse.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CUALONNALS  325 

Pleùdre,  et  Plôdre,  V.  intr.,  pleuvoir. 

La,t.,  p lucre .  lta,[.,  pioocre.  Berrj',  jilctirc,  plenvo.  Bourg., 
plcucre,  pieitiarc.  Bress.,  piôre.  Daupli.,  il  plot.  Moiitr., 
pllioure.  Morv.,  picurc^  picadrc,  pleure,  /)luirr.  Norm., 
pleudrc.  Pi'ov.,  plooure,  ploure,  piuoure.  St-Ani.,  ploucû. 
Wall.,  plour,  ploure.  Vx.  Ir.,  pluccir,  ploucocr,  ploooir, 
plui/r. 

PLEÛë,  s.  f.,  pluie. 

Lat.,  plucia.  Ital.,  ploca.  Beri'v,  pleue.  Bourg.,  />leu(/e, 
plcuc .  Bress.,  plô;e,  piô .  Dauph.,  pleici.  Fr.-Cté,  pleuije. 
Genev.,  plioi]e,  plio;c,  plio(hc.  Jura,  pietif/c,  pieuiha.  Lyon., 
plaii-i.  Mess.,  plioucc.  Montr.,  plllouc.  Morv.,  picue,  plcue. 
Pic,  pleuce.  Prov.,  plucia,  ploia,  plucia.  Rom.,  ploip-. 
Rovwh. ,  pluèfc.  St-Am.,  ploucc.  Saint.,  plcue,  picue.  Sav., 
placée.  Wall.,  pleuce,  plaie,  ploie.  Vx.  fr.,  pluiete,  />lur/e. 

PleùmÀche,  s.  m.,  phnnage,  pauadio,  ornement  de  coiffure  : 
((  Aile  a  été  d'ia  noce;  ail'  vous  évôt  ein  pleùmàcJie  su  son 
cliapiau  ! . . .  falot  vouer.  )) 

Bourg.,  pieu/rtei;/c,  plu/jieige,  plcunici'jc.  Genev.,  plumac/te. 
Morv.,  pieuinar.  Vx.  iw,  pluinuiijc. 

Pleùme,  s.  f.,  plume. 

hat.,  pluma.  lta.\. ,  piunia  .  Hevvy,  plcuntc.  Bourg.,  pleiune, 

picunw,  plcuinùtc.  Jiress. ,  plcuinc,  pieuino.    Fland.,  plcuinc. 

Lim  .,  pluma,  horv. ,  pieume.  Mac,  plcumc.  Merv.,  pieume. 

Montr.,   plliùume.    Morv.,    pieitme,  pleumc.    Prov.,  pluma. 

Rouch.,   plcuinc.    .St-Am .  ,   plêma.     Sav. ,   plonn\a.  Wall., 
plomm,  plcumc.  Vx.  îv.,  plume. 

Pleùmer,  v.  tr.,  plumer,  et  aussi  parfois  peler. 

Bei'i'y,  plontei-j  pleumer  (peler),  liourg.,  plcu/uer,  vicuuiai. 
Fland.,  plcumc/-.  ]SIorv.,  plcumer,  èplcumer.  Poit.,  piaumcr 
(muer).  Prov.,  pluniar.  St-Am.,  plemc.  Wall.,  plcumer, 
ploumè.  Vx.  fr.,  plumer.  (V.  Pôlcr,  Plurer.) 

Pleùmiau,  et  Plumiau,  s.  m.,  plumeau,  et  aussi  aile  d'oie, 
dont  les  ménagères  se  servent  pour  épousseter,  ramasser  la 
cendre  devant  le  feu,  etc. 

Berry, /)/c'»//(r(s  (fait  d'aile  d'oie).  Maine,  plumas.  Morv., 
pieumeau,  plcumâ.  Xorui.,  plumas.  Poit.,  plumall  (d'aile 
d'oie).  Wall.j  jdeumiau. 


326  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CH ALONNAIS 

Pleurer,  v.  tr.  etintr.,  pleurer,  et,  dans  un  sens  tout  parti- 
culier, mesurer  parcimonieusement  :  «  Pleurer  la  nourri- 
ture à  quelqu'un,  ))  la  lui  reprocher. 

Lat.  et  Ital. ,  /)/o7'a/'c.  Bourg.,  pr'ctirai.  Bress.,  plorev. 
Dauph., /)/of<re.  Genev.,  pleurer  (reprocher).  Il.-V%  plorer. 
Lyon.,  plourer.  Montr.,  plliourer.  Morv.,  pieuher.  Norm., 
pleurer.  Prov . ,  plorar.  Wall., /)/orc.  Vx.  fr.,  plurer,  plorer, 
plourer.  (V.  Couiner.) 

Pleùvocher,  V.  intr. ,  pleuviner,  pleuvoir  légèrement. 

BvefiS.,  pleuviner.  Genev.,  plarigner,  ploucif/ner.  Rouch., 
pluvèner.  Sav.,  plocègner .  Vx.  fv.,  plouciner,  pluciner. 

Pleùvu,  S^*  pers.  s.  du  parfait  de  ;j/e?((i''e,  plu  :  «  Je  v'ieins 
côri;  y  a  pleiœu  tôte  la  jornée.  » 
Morv. ,  pleuvu. 

Plot,  s.  m.,  billot,  escabeau,  bloc  de  bois  scié  dans  un  gros 
tronc,  et  sur  lequel  la  cuisinière  hache  sa  viande,  ses 
herbes,  etc.  On  entend  souvent  dire  de  quelqu'un  qui  a  le 
sommeil  lourd  :  «  0  dort  c'ment  eîin  plot.  » 

Bas-Lat.,  ploda.  Berry  et  Forez,  plot.  Fr.-Cté,  éploton, 
Genev.  et  Lyon.,  plot.  Montr.,  plliot.  Morv.,  piot,  pioton, 
plot,  ploie.  Prov.,  plot.  Sav.,  plô. 

Plote,  s.  f.,  pelote,  tas,  amas  de  diverses  choses.  N'est  pas 
le  féminin  de  plot. 

laSii.,  pila.  lta,\.,  fil  Iota.  Bevvj,  pelote  (du  fumier).  Bourg., 
peleïUe.  Vrov.,  pelota,  pilota.  Vx.  h'.,  pilote,  pelotte. 

Plùcher,  V.  trans.,  éplucher. 

Lat.,  pilarc.  Ital.  ,  piluceare.  Genev.,  pluehcr.  Pic, 
épluker,  PvoY. ,  pelucar.  Vx.  fr.,  esplucher,  esplucicr. 

Plùchons,  s.  m.,  épluchures,  rognures. 
Genev.,  plùchons. 

Plurer,  v.  tr.,  peler,  ôter  la  pelure  d'un  fruit. 

Morv.,  pleumer,  polcr  {\in  arbre).  Norm.,  plurer.  Prov., 
pelar.  Vx.  (v.,  peller.  (V.  Pleiinicr.) 

Pô,  prép.,  par,  et  aussi  :  pour.  N'est  pas  exclusivement 
employé,  /'or  inl.  rvient  devant  une  voxelle.  C'est  affaire 
d'oreille. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  327 

*    Lat.  et  lta.1.,  pcr.  Bourg.,  po.  J.ovv.,  /la.  Mac,  prr.  Piov., 
per.  Roucli.,  po .  Vx.  fr.,  pcr.  par.  (V.  Par.) 

POCHE,  s.  f-,  pêche,  action  de  pêcher,  et  poisson  qu'on  a 
pris  :  «  Eh  ben!  mon  gas,  la  poche  â-t-éle  boune?  » 

Ital.,  posca.  Bourg., poche.  Bress.  etMontr.,  poche.  Morv., 
pouéee,  pouache.  Wall.,  peli.  Vx.  fr.,  poische,  pesc/te. 
(V.  Pôchouse.) 

Pocher,  v.  tr.,  pécher  :  «  J'm'en  vas  au  Doubs,  pocher  la 
friteùre  pou  le  dîner.  » 

Lstt. ,  pLScarL  Ital.,  pcscarc.  Bouvg., pochai,  poché.  Bress., 
pocher.  R^"-Novm.,  pcr/ uer.  Morv.,  pouâcher.  Prov.,  pescar . 
RoMch. ,  pèciacr  St-Am., /jéci.  Wall.,  pehi.  Vx.  fr-,  pesxier, 
pocc/iier,  pcschcr. 

PôcHERÔTS  (rats,,  loc,  rats  pêcheurs;  rats  d'eau,  qui  font 
concurrence  à  l'homme  pour  la  chasse  au  poisson.  (V.  Po- 
ol toà.) 

PôcHON,  s.  m.,  cuiller  à  pot,  louche  pour  servir  la  soupe 'î 
((  L'goinfe!  ô  mainge  ses  gaudes  à  plein  pbchon.  » 

Genev.,  pochon.  Mac,  pôchon.  Morv.,  poiche.  Rom., 
poçon.  Wall.,  pochon  (pleine  verrée). 

PÔCHON,  s.  m.,  tache,  pâté  d'encre  :  «  Que  p'tiot  saligot!  Su 
toutes  ses  pages  ô  n'fait  qu'des  pucliona.  » 
Rouch.,  tacon. 

PùcHoù,  s.  m.,  pêcheur.  Aux  bords  de  nos  deux  rivières, 
chacun  l'est.  Un  fantaisiste  nous  disait  :  ((  Chez  nous, 
tout  enfant  vient  au  monde  une  ligne  à  la  main.  » 

Lat.,  pi.scalor.  \Isl\.  ,  pcscatore.  Bourg.,  Bress.  et  Montr., 
pochon.  Morv .,  pouâchoii.  Prov . ,  pa^cairc,  pescador.  Rouch., 
pêqueux.  Vx.  fr.,  peschcrre,  pcceldcre,  peschcur.  (V.  Pô- 
c  lierais.) 

PùcHOUSE,  s.  f.  Ce  mot  n'est  pas  le  féminin  de  yàchoù.  11 
désigne  une  matelote  particulière  assaisonnée  au  vin  blanc. 
Cette  manière  d'accommoder  le  poisson  est  spéciale  aux 
bords  de  la  Saône.  Verdun  est  si  renommé  pour  la  con- 
fection de  ce  mets,  —  son  mets  national,  —  que  des 
gourmets  viennent  de  Beaune,  par  groupes,  par  bandes, 
pour  s'en  régaler.  Le  goût  prononcé  de  nos  voisins  rend. 


328  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

par  périodes,  le  poisson  relativement  cher  clans  le  petit 
pays. 
Bress.  et  Montr.,  pnc/tnii.^c.  (V.  Meùrctc.) 

PÔDRE,  s.  f.,  poudre,  et  tout  ce  qui  est  pulvérisé. 
Mâe.j  pendre. 

PÔFER,  V.  intr.,  poulîer,  éclater  de  rire  en  s'efforçant  de  se 
contraindre  :  «  01  étot  si  drôle;  ô  nous  VsbX pbfer.  )i 
Boai'g.,  pùfai. 

Poi,  s.  m.,  pois,   petits  pois.   D'un  dormeur  dont  l'haleine 
bouillonne,  on  dit  qu'il  ((  sôfle  les  pois  ». 

L.dii.,  pistun .  Bourg., /)o/.  Roiich  . , /)05.  Wall., /)ch.  Vx.  fr., 
poix,  pois.  (V.  Sôflcr  les  pois.) 

Foi.  s.  m.,  poil,  cheveu,  brin  d'herbe,  menue  chose  :  «  0 
n'vout  ran  fâre  du  tout  ;  ôl  a  ein  fameux  poi  dans  la  main.  )) 
Lat.,  pilns.  Ital.,  pelo.  Bourg.,  poi.  Gasc,  priel.  Il.-V", 
jia,pai.  \^\\\\ . ,  pi  aoH .  Montr. . /jo/.  ^iovx . ,  poué .  Voit. .pian. 
Pvox .,  pc ou,  peh  pelli,  pcll.  Saint.,  pan.  Sav.,  pà,  pioeu. 
Toul.,/*e/.  Vx.  h-.,pau,  peil.  (V.  Pian.) 

Poi-FouLÔT,  S.  m.,  poil-follet,  duvet.  Se  dit  aussi  bien  de  la 
jeune  barbe  qui  pousse,  que  des  plumes  des  jeunes  oiseaux 
et  de  la  première  toison  des  moutons. 
Moi'V.,  poaéfoiilot.  Poit.,  pifolet.  Rouch.,  sot  poil. 

PoiLOÙ,  adj.,  poilu,  velu.  vSe  dit  de  l'homme,  de  l'animal 
et  de  la  plante. 
Morv.,  ponèloa.  St-Ani.,  picaleii. 

Pointer,  v.  intr.,  poindre.    Se  dit   du  jour,   soleil   levant: 
«  O  s'ieùve  à  bonne  heure,  pou  xouér  pointer  l'jèr.  » 

Lat.,  piiiiQcre.  Ital.,  spuntare.  Cogn.,  pointer.  Prov., 
punger,  ponger,  poigner.  Vx.  fr..  puindre. 

PoiNTusE,  adj.  f.,  pointue, 

Lim.,  pouiichiida .  Prov.,  ptinchiita.  Vx.  fr.,  poinctne. 

Poiré,  s.  m.,  muraille. 

hat.,  paries.  Ital.,  parete.  Norm..  parei.  Prov.,  paret. 
Wall.,  pareass.  parente.  Vx.  fr.,  pareil,  parot/,  pareg, 
paroit.  (V.  Parai.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNALS  329 

Poison,  et  Pôïon,  s.  f.,  poison  :  ((  Qu'é-co  qu'y  (t  que  c'qui? 
Jéte-s-y  vite  ;  y  é  (ïla  poison.)) —  Le  vieux  français  a  main- 
tenu cemot  féminin  jusqu'au  milieu  du  XIV*^  siôelc. 

Lut.,  potlo.  \ia.l.,  pojio ne.  liervy,  poison,  liourg.,  poumon. 
Cogn.,poéson.  Genev .,  poison  (tém .) .  him., pouôi..:ou.  Morv., 
poidllon.  Prov.,  poi^o,  orjsou.  St-Am.,  picaj'on.  Sav., 
poàxon.  Vx.  fr.,  poison  (fém.). 

Poison,  et  Pouéson,  adj.,  épithète  injurieuse  donnée  à  une 
méchante  femme  :  ((  C'te  mauvàs'-là,  n'ii  parle  point;  y  et 
eùne  vrâ  poison.  » 

Poisse,  adj.,  poisseux,  gluant  :  «  01  a  tant  patrouillé  ses 
peùrnes,  qu'ôl  en  a  les  mains  toutes  poisses.  » 
Herry,  pègeux.  Vx.  h'.,  poisseux. 

PÔLER,  V.  tr.,  peler,  arracher  le  poil  :  «  Mon  Diou!  à  que 
c'qu'i  r'sembe,  d'avou  son  chapiau  tout  pôle!  » 

Movy . , poler,  pèoler.  Prov.,  pclar.  Vx.  îv.,  peler.  (V.  Pleii- 
mer.) 

PoMÂCHE,  s.  f.,  mâche,  doucette,  blanchette,    «  salade  de 
chanoine  ». 
Montr.,  ponimàche.  Morv.,  poniâcJie. 

PoMEiLLER,  V.  tr.,  visitcr  des  engins  de  pêche  sans  les  enlever 
de  l'eau... 

Pômon,  s.  m.,  poumon. 

Lat.,  pulino.  lta.\.,  pol/none.  Bourg.,  pômon.  Bress.,  porinon- 
Genev.,  polmon.  Prov.,  polino,  pulnio.  Rom.,  pon\n\on. 
Wall.,  ponton.  Vx.  fr.,  ponion,  polmon.,  ponlmon,  pulmun. 

PôNER,  v.  tr.,  poser,  mettre  en  place. 

La.t. .,  ponere.  Ital.,  posare.  Champ.,  poncr.  Forez,  ponà. 
Genev.,  paner  (payer,  contribuer).  Lim.,  douné.  Prov.,  pausa>-, 
pauzar.  Vx.  fr.,  pouser,  poser. 

PoNGER,  v.  tr.,  éponger,  enlever  l'humidité  avec  une  éponge, 
Norm.,  èpinger.  Rouch.,  ponger. 

PoNTENiER,  S.  m.,  pontounicr,  passeur  préposé  au  bac,  celui 
qui,  glissant  les  mains  sur  la  corde,  fait  filer  le  grand  ou 
le  petit  bateau  d'un  bord  à  l'autre  de  la  rivière. 

37 


330  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIl ALONNAIS 

Berry,  panioniiier.  Bourg.,  pontcnei.  Bress.,  pontani.  V.  fr., 
pontonier. 

PoQUE,  et  PoucHE,  s.  f.,  i)oclie. 

Bas-Lat.,  puiicha.  Berry,  poche  (^ac).  Novn^.,  poriqKc.  Vosg., 
pcuc/ic,  pôchc,  pouche.  Vx.  fr.,  poque,  pouchc. 

PoQUER,  V,  tr.,  atteindre.  Verbe  usité  entre  les  enfants  jouant 

aux  billes.  C'est  toucher  la  gobille  de  son  partenaire  avec 

celle  qu'on  lance  d'assez  loin.  —  Pris  quelquefois  dans  le 

sens  de  laisser  :  «  Pogue-me  iqui  c't  imbécile.  » 

Fr.-Cté,/i/o7Ha.  Eure-et-Loir  et  Poit., /ior/«er.  (\'.  Chiquer.) 

PoQUÉTE,  et  PouQuÉTE,  S.  f.,  petite  poche^  pochette. 

Bâs-^Oï-m.,  pouquette.  II. -V%  ponchetle.  Vx.   fr.,  pochette. 

PoR,  prép.,  pour,  et  par.  Pô  devant  une  consonne. 

Lat.,  pro.  Ital.,  per.  Berry,  peàr.  Bourg.,  po,  pôr.  Bress., 
por.  Dauph.,  pc.  Lorr., /)o,  pou.  Mà,Q. ,  pre.  Morv.  et  Pic, /)o/". 
St-Am..  prc,  per.  Sav.,  pé.  Toul.,  per.  Vx.  fr.,  pro,  por,  pur. 
(V.  Pô,  Poiire.) 

Por  iqui,  por  ilai,  loc,  par-ci,  par-là. 

Bourg.,  por  iqui,  por  ilai.  Mac,  premequlé.  jMorv.,  porqtii 
porlai,  pourqui  pourlai. 

PoRQuÉ,  conj.  et  aclv.,  pourquoi. 

Ital.,  perche.  Bourg.,  porquel,  poquei.  Sav.,  parcâ.  Wall., 
pokol.  Vx.  fr.,  porqucL  porcoi,  potirr/noi/. 

Portail,  s.  m.,  porte  d'entrée,  grille  :  «  0  s'ét  érâté  d'vant 
V portail  delà  cor.  »  L'entrée  la  plus  minime  est  portail. 

Lat.,/Jor/!o.  Bas-Lat., yoor/'a/e.  Berry, portau,  portai.  Genev., 
portail.  Morv.,  portail.  WalL,  poirtâ,  poirtau.  Vx.  fr., 
portai,  portaa. 

Portant,  conj.,  pourtant. 

Bourg. , /)Oi!«/t.  Vx.  fr.,  pour  tant. 

PoRTEFEÙiYE,  S.  m..  Ht  :  ((  J'ai  seùne;  i  va  m'fôrer  dans 
V porte feùiije.  «Cette  appellation  originale  estforten  usage, 
comme  celle  de  «  ciiapelle  blanche  )),  qui  signifie  la  même 
chose. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  331 

Portion,  s.  f.,  potion,  remède  qui  n'a  pas  toujours  les  sym- 
pathies du  paysan. 

h^i.,  poiio.  Ital.,  po:ionc.  Genev.  et  Lyon.,  portion.  Vx. 
fr.,  pocion. 

PoRToû,  s.  m.,  porteur,  commissionnaire. 

\ta,\.,  portatore.  Bonvg. ,  pôtou.  Pic,  portcux.  Prov.,  por- 
tador.  Vx.  ir.,  porter re,  portcor. 

PoRTU,  S.  m.,  pertuis,  trou,  trouée. 

Lat. ,  pertusus.  Ital.,  pertuso,  pcrtugio.  Berry,  partus, 
pcrtas.  BouL'g.,  pottc.  Bress.,  pctiii.  Daiiph.,  pcr/i(s.  Forez, 
partu.  Fr.-Cté,  pouthu.  Il.-V'et  hz,\\g.,  portas,  hyon.,  purins, 
pnrtsu.  Mac,  prêta.  Montr. , poartas,  pourtusi.  Morv.,  pear- 
teu.  Pic,  pertuis  (d'aiguille).  Pvov.,  par^tus,  pertus,  partais. 
Renn.,  porta.  St-Am.,  goalë,  capoà.  Suiss.  r.,  perle,  perti. 
Toul.,  traac    Vx.  Ir.,  pariai/s,  périrais,  pertuiks.  (V.  Crût.) 

PoRTusER,  V.  tr.,  creuser,  trouer. 

Bat-Lat.,  pertasarc.  Ital.,  pcrtar/iare.  Berry,  portusor, 
portnser.  Bourg.,  potasai.  D3iU.]}h.,  pcrta^^olé.  Fovaz,  par taza. 
Mac,  prctusi.  Morv.,  venrtuïer,  peurta/er.  Rom.,  pertasar. 
Toul.,  traaca,  Vx.  fr.,  parta(.scr,  /tcrtuisier,  pertai/ser. 

PoRVUQUE,  loc.  conj.,  pourvu  que. 
Sav.,  paroi  qa'. 

PossiBE,  adj.,  possible  :  «  Y  ét-y  l)en  Dieu  po-ssihe!  » 

Lat.,  possibilis.  Ital.,  possihilo.  Berry,  possible  (peut-être). 
Bom-g.,  possible  (peut-être).  lÂm.,  /loassibtè.  Prov .,  possible. 

Postillon,  s.  m.,  languette  de  papier,  ou  carte  percée,  enfilée 
à  la  ficelle  d'un  cerf-volant,  et  qui  rejoint  celui-ci  quand 
le  vent  souffle.  Très  employé  jadis. 
Lille,  postillon. 

Potée,  s.  f.,  soupe  épaisse  et  savoureuse,  dans  laquelle  on  a 
mis,  avec  la  viande  ou  le  lard,  toutes  sortes  de  légumes, 
choux,  pommes  de  terre,   haricots,   carottes,   etc.   Grand 
régal  des  paysans. 
Lille,  potée  (mesure  pour  les  liquides).  V^all.,  potaie . 

PoTER,  V.  intr.,  péter.  Une  femme,  qui  ne  voyait  rien  au- 
dessus  des  agréments  (?)  de  son  homme,  lui  disait  :  «  Potey 
pote,  m'aniie  ;  y  é  du  bonbon.  »  C'était  délicat. 


332  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

L3.t.,  pcdcr-c.  Ital.,  spefc^^are.  Bonvg. , potai.Frov. ,  petar. 
Sav.,  pcttâ.  Vx.  fr.,  poirrc. 

PoTET,  s.  m.,  petit  pot,  encrier  :  c(  Je  n'peux  pas  écrire; 
j'n'ai  pus  d'encre  dans  mon  poiei.  » 

Bas-Lat.,  potellas.  Bourg.,  peu,  pô.  Forez  et  Fourgs,  pontet. 
Fr.-Cté,  poutot.  Jura,  potct,  poutot.  Lorr.,  poutat,  pota. 
Lyon,  et  Morv.,  potet.  Pic,  potequin.  Poit.  et  Saint.,  potct. 
Toxxl.,  poutet.  Vx.  tr.,  pos,  pot. 

PoTiAU,  s.  m.,  poteau,  pilier. 

Ital., /)«/o.  Prov., />05(lc/.  Ronoh. ,  potiau.  Wa.\l.,  posstai. 
Vx.  fr.,  postel. 

PouDRiYER,  V.  tr.,  éparpiller,  semer  autour  de  soi;  répandre 
de  la  poudre,  poudrer.  —  Au  fig.,  chercher  à  paraître: 
«  Pou  f are  ses  embarras,  ô  n'é  pas  manchot;  o  poudrille 
prou.  )) 

Montr.,  poudriller.  Rouch.,  pourer.  Vx.  fr.,  pouldrer,  poul- 
droier. 

Pouë,  et  Pour,  s.  f.,  peur  :  «  Va  donc!  a  pas  pouë!  » 

Lat.,  pacor.  Ital.,  paurn.  Bas-Norm.,  poucs.  Béarn.,  poou. 
Bourg.,  peiïy  pô  (prononcé  pôë).  Bress.,  po.  Dauph.,  pou. 
Yï.-Ciè,  pouc.  G&sc  poou.  H'^-Mne,  poue.  Il.-V%  pou.  Lim., 
pàu.  Mac,  pou,  paeu.  Montr.,  po.  Morv.,  peu,  poù.  Poit-, 
pou.  Pi'ov.,  pacor,  paor.  St-Am.,  pô.  Saint.,  pour.  Toul., 
poou.  Yend. .  paour.  V^âll.,  pawou.  Vx.  iv.,poû,poor,  poour, 
paor,  pcor. 

PbuÉGE,  S.  f. ,  poix. 

Lat.,  pix.  Bas-Lat.,  pega.  Ital.,  pece.  Auwerg.,  page.  Berry, 
péje.  Bîess. ,  pe^e.  Da,uph.,  pegi.  Genev .,  pège, pègue.  Lang., 
pego.  Maine,  paige.  Montr.,  po/^/c  Morv., /)o«t'.  Vvow.,  pes, 
pes,  Rom.,  pégue.  Sa.v.,  pé:^e.  Suiss.  r.,pedge.  Toul.,  pego. 
Vx.  h.,  pège,  pel~,  pois.  (V.   Parasine.) 

PouEiN-NE,  S.  f.,  peine  :  «  Ah!  voués-tu,  d'avou  tes  bouderies, 
te  m'fais  prou  à^l^ipouein-ne.  » 

Lat.,  pœna.  Ital.,  petia.  Bourg.,  pone.  Bress.,  plana. 
Dauph.  et  Fr.-Cté, /)o?;/îe.  'Lim.,  peno.  Lovr.,  pouêne.  Mac, 
pai/tnc.  Mess.  ,  polnc.  Montr.  ,  poiii-ne.  Morv.  ,  poiqne, 
poingne.  Pic. ,  poine,  peigne.  Itonch . ,  poinc ,  St-Xm. ,  penna. 
Sàw.,  pêna.  Wall.,  yoôn/i.  Vx.  îr.,  poine,  poenr,  paine,  pegnc. 


LANGAGE    POPULAIRE    VKRDUNO-CUALONNAIS  333 

PouÉRE,  S.  f.,  poire. 

Lat.,  piriini.  Ital.,  pcra.  Bort'y,  po'sc,  ponèsc.  Genev., 
poj/'c  (masc).  Morv.,  pouèe,  pouère.  St-Xm. ,  parc .  Vx.  i'r., 
poire,  porc. 

PouÉREi,  s.  m.,  poirier. 

Lat.,/>j>«s.  Ital.,  pero.  Bevvy,  poisier,  pouèfi'wr.  Bourg., 
pôreï.  Loi'r.,  poirci/e.  Morv.,  poucrù,  poire.  Wall.,  pcri. 
Vx.  fr.,  perier. 

PouÉssoN,  s.  m,,  poisson,  ressource  de  nos  deux  rivières. 

h3it.\  piscis.    Uni.,  pescionc.  Art.,  posson.  Lille,    pichon. 

Lorr.,  pouchon.   ISIorv.,    pouâc/wn,   pouchon.    Pic,  ptsson, 

pichon.  Pvov.,  peisso.    St-Am.,  pnchoii.    Suiss.    r.,  posson. 

Wall.,  pisson,  pichon,  pehon.  Vx.  fr.,  pcscion,  poisson. 

PouÉTRiNE,  s.  f.,  poitrine. 

Lat.,  pectus.  Ital.,  petto.  Bourg.,  poitraignc,  poitrcne. 
Prov.,  pcitriiia,  pcctri/ia.  Vx.  fi'. ,  poitrine,  petrinc, poictrinc. 

PouGNE,  S.  f.,  poigne,  poignet  :  «  Ah!  l'bigre,  que  pour/ ne 
qu'ô  vous  a!  » 

L.a.t. ,  pugnis.  lia.\., pufjno.  Bevvj,  porignet .  Genev.,  poiir/ne, 
pofjne.  Movv .,  pou^nct.  Prov.,  panh,  poing.  Hom. ,  ponngne. 
Ro{\ch . , poinCj por/ne.  Wall.,  pougnet,  pouniet, pogn.  Vx.  fr., 
poigne:?,  poingne.;,  poin,  puing,  pniii;. 

PouGNiE,  s.  f.,  poignée,  ce  qu'on  tient  dans  la  main. 

Hevrj,  pougnie.  'Bovwg.,  pognic.  Lyon.,  pugnato.  Montr., 
pougnie.  Morv.,  poingnie,  pougnic.  Pic,  ptngnie.  Poit., 
pougnage.  Prov . ,  podhnda,  ptcnchada.  Rom.,  pitgnie.  Rouch., 
pognie.  Suiss.  r.,  pngna,  pougna.  Vs^all.,  pougni/',  pougneic. 
Vx.  iv .,  poingnie,  pngn'.e,  pnignic,  jminiiie.   (V.    Poagnon.) 

PouGNON,  S.  ni.,  petite  miche  ((ue  les  ménagères  font  pour 
les  enfants  a\'ec  le  restant  de  la  pâte;  gâteau  fait  d'une 
pougnie  de  farine. 

'bilowiv.,  pougnon.  Vx.  îv.,  èpoignc  (gâteau).  (V.  Pougnic.) 

Poui!  interj.,  pouah!  fi!  Exprime  le  dégoût,  la  répulsion: 
((  Poui  donc!  poui  caca!  »  dit-on  aux  enfants  pour  les 
empêcher  de  toucher  à  quelque  chose  de  malpropre. 

Bourg.,  poui!  pouef  Bress.,  poui!'  Sav.,  pouai  (porc). 
Vx.  iv.,pog' 


334  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALOiNNAIS 

PouiLLE,  et,  PouiLLÔT,  S.  m,,  pou. 

Lat.,  pediculus.  Ital.,  piilocckio.  Berry,  pouell.  Boui'g.» 
Bress.  et  Fr.-Cté, /)0Ht7/e.  Lyon.,  pui,  piou.  Montr.  et  Morv.^ 
pouillot.  Voix.,  poiieil.  Vnow.,  pe^olh,  pcsoill,  pcoill.  Saint., 
pouil.  Suiss.  r.,  pian.  Vx.  fr.,  paon,  pou. 

PouiLLER,  V.  tr.,  chercher  et  ôter  les  poux,  plutôt  avec  les 
doigts  qu'avec  le  peigne. 

Berry,  peuiller.  Bourg.,  poaillal.  Moi'v. ,  dcpouillencr . 
Vx.  fr.,  pooiller. 

PouiLLOÛ,  adj.,  pouilleux,  misérable.  S'emploie  pour  inju- 
rier :  «  Oh!  VpouiUoû!  »  dit-on  à  un  traînard,  fainéant, 
mal  accoutré. 

Lat.,  pedicidosas.  Ital.,  pidocchioso.  Berry,  poueillou. 
Bonrg., poaillou^pouillcu.  Bress. ,  ponillou. Fouvgs,  pouail/oa. 
hyon. ,  pouUlu,  pulllu.  Montr.,  pouilloux .  Morv.,  pouiUou. 
Prov . ,  pc^olhos,  peoillos .  St-Am . ,  pieali/cù. 

PouisER,  V.  tr.,  puiser,  de  l'eau,  etc. 

Berry,  poiger.  Bourg.,  poisci'.  Champ,  poiigcr.  Morv., 
pouïcr, pou/cr.  Norm.  et  Pic, puc/a^r.  Prov.,  po.;ar.  Suiss.  r., 
pouaisi.  Vx.  iv.,  puiser. 

PouiT,  s.  m.,  puits. 

Lat.,  puteus.  Ital.,  po::;o.  Bourg.,  poué.  Lang.,  ports,  him., 
peu .  Moniv.,  poidts.  Movv. ,  poué.  Pic,  puche.  Poit.,  potiè. 
Prov.^  pot:^,  pont:;.  St-Am.,  pwà.  Suiss.  r.,  ponè.  Wall., 
passe.  Vx.  h\,pnch,  pni.c-,  put. 

PouLÔT,  s.  m.,  jeune  poulet.  Il  y  a,  en  Bresse,  une  chanson 

du  Ricochet,  qu'on  appelle  la  chaiifton  du  Poulo  rouge. 

iVàl.,  podastro.  Bonvg. ,  ponlô,  /lonlcà.  Bvess. ,  ponlo,  polet. 

Forez  et  Lyon.,  piiliot,  piliotta.   Montr.    et  Morv.,    poulot. 

Prov.,  polet,  pollat.  St-Am.,  poule.  Wall.,  polet. 

PouLÔT,  adj.  employé  dans  les  deux  genres.  Expression 
d'amitié,  terme  de  caresse,  qu'affectionnent  surtout  les 
enfants  entre  eux  :  ((  .l't'ain-me  ben,  mon  poulot,  ma 
poulbte.  ))  —  «  Y  et  eun  gentit  poulot.  » 

Montr.  et  Norm.,  potdot. 

POUME,   s.  f.,   pOUi'.UO. 

Lat.,  poninni.  Ital., /^o/uo.   Berry,  paume.   Bourg,  et  B'orez, 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDCNO-CIIALONNAIS  335 

poinc.  H'^-Auv.,  pniiin  (niasc).  Lille,  juin.  Lorr.,  pciime. 
Lyon.,  porinic,  fiotand.  Monfcr.,  jinninmc .  Morv.,  j^niimc, 
poame.  Pic,  peinte.  Prov.,  jioni.  Roneh  . ,  pnn,  peiia.  St-Ain., 
poiunn.  ^■d'ini  ,  pounie.  Vx.  ïv.,  prune,  jio/nc . 

PouME  d'amour,  s.  f.,  baie  du  pommier  (L'amoni'  [amome 
des  jardiniers,  oranger  du  savetier). 

PouME  DE  TARE,  pommc  de  terre. 

Lille,  ptia-d'-tievre.  Rouch.,  peanetlére.    Vosg.,  'jn entoile 
de  tiare.  (V.  Tarteufle.) 

PouME  d'orange,  s.  f.,  orangG.  Dans  Olivier  de  Serres  on 
trouve  ces  dénominations  :  pomme  d'orange,  pomme  de 
coin,  pomme  de  grenade,  etc.  Dans  une  chanson  populaire 
on  a  ce  vers  : 

Aux  qtuitre  coins  du  lit  s-rj  a  qnatr'  ponini's  d'orange. 

Berry,  paume  d'orange. 

PouMEi,  s.  m.,  pommier.  A  Mellecey  on  chante,  aux  noces, 

,     une  chanson  du  Poumei. 

Ital.,  poniiero.  Boui-g.,  pouincl.  Lorr.,  peniei,  pemèj/e. 
Islontv.,  pouiiniè.  AIoi-v.,  poantè,  pouniè.  Prov.,  panier,  po- 
niier.  Rouch.,  peumier.  Vx.  fr.,  punier,  poniier.  (V.  Dèpar- 
tiau .) 

PoÙNER,  V.  tr,,  pondre. 

Lat.,  fio/te/'c.  Bevry,  pouner.  poaer,  ponre.  Morv.,  paner, 
pouner.  Norm.,  ponncr.  Poit.,  pougner.  Prov.,  pouner. 
Vx.  îr.,  pouner,  panner.  (V.  Grouer.) 

PoÙNEÛSE,  S.  f.,  pondeuse,  poule  qui  pond. 

Movv . ,  poneuse,  pouncusc.  Sarth.,  poneuse.  (V.  Pite.) 

PoÙNL',  part,  de  pouner,  pondu. 

Champ,  et  Morv.,  ponit.  Xx.  fr.,  pouf,  pounu. 

PoùPONER  (se),  V.  pron.,  sepoupiner,  se  bichonner,  se  parer, 
se  friser,  comme  on  ferait  d'un  poupon. 
Genev.,  se  pouponner. 

Po  ÙPÔTE,  s.  f .  huppe. 

Lat.  et  Ital.,  upupa.  Berry,  id)e,  duhe,  Montr.,  poupotte. 
Prov.,  upa.  Vx.  l'r.,  liupe,  puput. 


336  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

PouRCiAU,  S.  m.,  pourceau. 

Lat.,  porrcllf/s.  Ital.,  porcello.  Tl.-V%  pourciau.  Pic, 
porc/lieu.  Prov.,  porcel,  porcelh.  Wall.,  ponrsai,  poursia. 
Vx.  ti'.,  porccl,  poiirceL  p^fciau,  poi-ceatt. 

Poûre,  prép.,  pour  :  «  Vous  baulez  tôjor  poure  rien.  »  La 
finale  de  ce  mot  est  des  plus  accentuées,  de  sorte  que 
((  pour  rien  »  se  prononce  :  pourenrien  (la  seconde  syllabe 
comme  la  première  d'heureux) .  —  Plusieurs  ne  disent  déjà 
plus  ran  ;  «  Y  é  bé  seùr,  dit  le  vendeur  à  l'acheteuse 
économe,  vous  voudreins  que  j'vous  baillisse  tout  c'qui 
poure  rien.  »  (V.  Por.) 

Pourie,  s.  f.,  sorte  de  plante  ligneuse,  qu'on  trouve  volon- 
tiers dans  les  haies.  Très  recherchée  des  enfants  pour  sa 
saveur  sucrée. —  Fait  partie,  comme  Véternbt  et  le  tendron, 
des  friandises  naturelles  que  les  jeunes  écoliers  vont  cher- 
cher dans  les  prés  et  dans  les  champs.  —  Le  comte  Jaubert 
donne  :  herbe  à  la  pourrie  (consoude  officinale),  et  l'appelle 
encore  saigne-langue. 
Vx.  fr.,  pourrée  (poirée). 

Pourôt,  et  PÔRÔT,  s.  m.,  poireau. 

ha.t.  ,porrus.  lta,l.,  porro.  Bei'vy,  pourèc,  poarièe..  ponreau, 
pouriau.  Bourg.,  porro.  Genev.  et  hyon .,  ponrreau .  Morv., 
pourèe,  parée.  Pic,  porioa,  porgeon.  Prov.,  porr,  poijre. 
Rom.,  poret.  Sav.,  porre.  Wall.,  porai.  Vx.  li\,  poiriau, 
porr  eau. 

PoÛRoii,  adj.,  peureux,  timide. 

Ital.,  pauroso.  Bourg.,  polrou,  poreux.  Lyon.,  pouroii. 
Morv.,  pourou, polrou,  pouiiou.  'Pvov.,paoros, pacoros.  Wall., 
pawoureu.  Vx.  fr.,  paoros,  pcuros,  paoureux. 

PouRERiEz,  2®  pers.  pi.,  cond.  de  pouool,  pourriez.  —  Les 
1res  et  2^^'-^  pers.  pi.  de  ce  temps  des  verbes  en  voir  : 
savoir,  revoir,  etc.,  subissent  presque  toutes  l'intercalation 
de  la  syllabe  re  (très  fortement  prononcée). 

PoussERÔTE,  s.  f.,  poussière,  celle  de  la  paille  brisée  par  le 

fléau,  d'abord;  puis,  par  extension,  toute  autre  poussière. 

Bourg.,  pousserôte,  ponsseire.  pouricre.    Bress.,  paussire- 

Fï.-Cté,  pousserotte.  LiUe,  pourette.  Lim.,  poussiciro.  Morv. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  337 

pntisscrollc  (neige  fine),    'l'oul.,  poidhoro.    Wall.,    poiiretie. 
Vx.  t'i'.,  ])oidclei\  poiisiere.  (V.  Poussât.) 

PoussÔT,  S.  f.,  petite  quantité,  parcelles  de  poussière. 

Bourg.,  poussa,  ponssciï.  Fr.-Cté,  pousse,  poussât.  Lyon., 
noussa.  Morv.,  poussot,  pousstè.  St-Am.,  pocha.  (V.  Pous- 
scvôte.) 

Pouvoî,  V.  tr.,  pouvoir. 

Lat.,  possc.  Ital.,  potcrc.  Bourg.,  pôcoi.  Dauph.,  pocci. 
Wa.[\.,  poleur.  Vx.  fr.,  poder,  pocr. 

Pouvu,  parf.  de poacoî,  pu  :  ((  Je  v'ieins  tirer  les  Roués; 
j'ons  pas  pouou,  faute  à  Colas,  qu'étôt  bé  mau.  » 
Morv.  et  Rouch.,  pouvu.  Wall.,  pocii. 

Pre,  adj.  abréviatif,  premier.  Du  langage  des  enfants,  dans 
tous  les  jeux  où  ils  ont  à  donner  des  numéros  d'ordre  : 
((  Y  é  moue  Vpre;  toué,  Vse;  toué,  Vder.  n  (La  pronon- 
ciation est  tout  simplement  celle  de  la  première  syllabe 
de  :  premier,  .second,  dernier.) 

Berry  et  Bourg.,  yO/'e?<.  Lille,  preinmc.  Norm.,  prcii.  (V.  Se 
Der.) 

Premei,  adj.,  premier. 

hât.. pin/nus.  lta,l. ,  priiniero.  Bonvg.,  premei.  horr., preinôL 
M.kc.,prenii.  Movv. ,  peurmê.  Pvov .,  primer,  pritnier.  Rouch., 
preumo.  Wall.,  prumi.  Vx.  fr.,  premer.  (V.  Pre.) 

Prende,  y.  tr.,  prendre. 

Lat.  et  lta.1.,  preaderc.  Berry,  prenre.  Bonrg.,  prâre,  pare. 
Morv.,  prenre.  Pic,  prinde.  Prov.,  pcnre,  prener.  Wall., 
preind.  Vx.  fr.,  prende,  panre. 

Prés-bàtards,  s.  m.,  prés  situés  au  fond  des  vallons,  ou  au 
bas  des  pièces  cultivées,  dont  ils  reçoivent  les  eaux.  Ont 
une  grande  ressemblance  avec  les  prés-de-fauclie.  (V.  ce 
mot.) 

Prés-de- FAUCHE,  S.  m.,  prés  arrosés,  situés  au  bas  des 
collines,  sur  le  bord  des  rivières  et  des  ruisseaux.  —  Dans 
le  Charollais,  on  distingue  trois  classes  de  prés  :  les  pré.^- 
de-fauche,  les  prés-d'embouclie,  et  les  pàquiers.  (V.  Prés- 
bâtards.) 

38 


338  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNALS 

Prés-d'embouche,  s.  m.,  prés  situés  sur  le  versant  des 
coteaux,  et  destinés  à  l'engrais,  au  vert,  des  bêtes  à  cornes. 
(V.  les  deux  mots  précédents.) 

Presse  (avoir),  loc,  être  pressé  de...,  avoir  hâte  de...  : 
«  Tons  presse  de  vouer  not'gas  r'veindu.  » 
Morv.,  avoir  presse. 

Pressouèr,  s.  m.-,  pressoir,  dont  les  approches  ne  sont  pas 
sans  danger  quand  il  fait  couler  le  vin  doux. 

La,t. ,  prcssorii(/)i.  Bevvy,  pressouè.,  persnnè.  Bourg.,  treû. 
Norm.,  persoax.  Vx.  fr.,  pressoar,  pcessouer.  (V.  Treuil.) 

Prête,  s.  m.,  prêtre. 

hat-,  prcsbi/ter.  Itsil.,  prête.  Bourg,  et  Morv.,  pi'éte.  Prov., 
prcire,  precuire,  prestre.   Wall.,  pryess.    Vx.   fr.^   preccire, 

provcire,  pruveire,  procoire,  prestre,  prebstre. 

I 
Preû,  s.  m.,  provin. 

Lat.,  propago.  Ital.,  propaggiiie.  Berry,  prouin,  pcroui/i, 
prognis.  Bourg.,  preu.  Prov .,  probaina.  Vx.  ir.,  provain, 
poarcain. 

Preîimener,  V.  tr.,  promener,  conduire. 

hsit.,  prominai'e .  Berry,  poarmcncr.  Bourg.,  promeunai, 
parnienai,preumcriai. Dauph., />/-o/»c/ia.  Morv.,  proinouègncr. 
St-Am.,  premené.  Wall.,  por/ninè.  Vx.  fr.  ,  pourrnencr, 
proumener. 

Preùpos,  s.  m.,  propos,  causeries,  potins. 

hat.,  proposituin.  Berry,  perpos,  prepoux.  Bourg.,  propô, 
prepô.  Dauph.,  prapou.  Lim.,  pèrpàïi.  Lyon.,  parpous. 
Vx.  fr.,  propos. 

Preiiposer,  V.  tr.,  proposer. 

Lat.,  nroponere.  Ital., proporre.  hervy, perposer, propotiser. 
honrg.  j  proposai .  St-Am. ,  prepeù^é.  Vx.  îr.,  proposer. 

Prévenî,  V.  intr.,  provenir  :  «  C'te  montre  que  t'voués,  aile 
se  dérange  jamâs.  Aile  me  préoeinl  d'mon  grand.  )) 
L.at. .,  procenire.  Genev .,  prévenir.  Vx.  h'.,  provenir . 

Prijon,  s.  f.,  prison. 

Lat.,  prehcnsio.  Ital.,  prigionc.  Jura,  prigeon.  Morv., 
prijon,  prihon.  Prov ., prcisô.  Wah. ,  prihon.  Vx.  h.,  prison, 
Drisun. 


LANGAGE    POPULAIRE    VKRDUNO-CHALONNAIS  339 

Prmounier,  s.  m.,  prisonnier. 

Ital.,  prir/ioiiiere.  Morv.,  pr/'/'ongnè.  Prov.,  preisonier. 
Wall.,  prihalr.  Vx.  iv. ,  prisonnier. 

Prlsoû,  acij.,  priseur  do  tabac.  Ils  n'ont  pas  toujours  été 
sympathiques  :  Aniurath  IV  les  faisait  piler  dans  un 
mortier.  C'était  radical. 

Prô,  adj.,  près,  proche. 

Lat.,  prope.  Ital.,  pressa.  Lyon.,  prochi.  Prov.,  près. 
St-Am.,  prè.  Toul.,  prèp.  Vx.  ir.,  prc^,  près. 

Prôcher,  et  Prâcher,  v.  tr.,  prêcher. 

hat. ,  prœclicare.  Ital.,  prcdlcarc.  Bourg.,  prôchai, proche. 
Dauph.,  prêcluè.  Lon.,  prâchè.  Prov.,  predicar,  prcsicar. 
St-Am.,  prëzè.  Wall.,  prèchi.  Vx.  iv.,  prescher,  precschicr, 
preecher,  preticr. 

Prôpe,    adj.,    propre,   qui   appartient  à,  convenable,    net: 
«  Vouah!  y  et  ein  prope  à  ran.  » 

Lat.,  proprius.  Ital.,  proprio.  Bourg.,  prôpe.  Morv., 
prope,  peurpc.  Prov.,  propri.  Kowah..,  prope.  St-Am.,  peû- 
prou.  WaM.,  prope.  Vx.  îv.,  propre. 

Prôpeté,  s.  f.,  propreté. 

Bourg.,  prôpeiai.  Movv .,  prop'tè.  St-Am.,  peâpretô. 

Prôt,  adj..  prêt,  préparé  à. 

Lat-,  paratus.  Ital.,  pronto.  Bourg.,  prot,  proo.  Lorr., 
prât.  Morv.,  prôt.  Pvov.,  prêt,  prest.  St-Am. ,  prétou.  Vx.  fr., 
/77'6'.^,  près  t. 

Prôter,  et  Preûter,  v.  tr.,  prêter. 

Lat.,  prœstare.  Ital.,  prestare.  Berry,  preûter.  Bourg., 
preàtai.  hovv.,  prâtè.  Morv ., prôter .  Prov .,  prestar.  Wall., 
pruste.  Vx.  ir .,  prcster. 

Prôtoû,  adj.,  prêteur. 

Bourg.,  preutou.  Morv.,  prôtou.  Prov. ,  prestou,  prestarfre. 
Vx.  fr.,  prestere,  prestei/r,  presteor . 

Prou,   adv.,  assez,   suffisamment  :    ((   Vous  m'baillez  tout 
c'qui?  marci  !  J'en  ai  prou.  » 

'Qo.rry,  prou.  Bvea^. ,  praii.  preu.  Champ.,  prou.  Dauph., 
pro,  prout.   Espal.,  prou.   Forez,  pro,  prou,  prot.    Genev., 


340  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

pvca.  Lang.,  pron,  prouii.  I.im.,  prou.  Lyon.,  pro,  prou, 
prot.  Mac,  Morv.  etPoit.,  prou.  Prov.,  pro,  prou.  Rom., 
pneu.  Saint. . />ro?<.c.  Sav..  prou,  proeu.  Suiss.  r.,  pru,  prou, 
pru,  preu.  To\il.,  prou.  Vx.  fr.,  pru,  prcu,  pro,  prou,  prod. 

Proufit,  s.  m.,  profit,  gain,  bénéfice. 

Ital.,  profitto.  Berry,  proufit.  Morv.,  prouji,  pourfi.  Prov., 
projieg,  projiejjt.  Vx.  i\\,  proufit,  porjit. 

Proufiter,  "\'.  intr.,  profiter. 

\ta,[. ,  profittare.  Forez,  proufitâ.  Movv.,  prou  Citer .  Prov., 
profcchar,  prof'eitar.  Vx.  fr.,  proujfiter,  proufiictcr, 

ProumÀte,  V.  tr.,  promettre. 

Lat.,  proniitterc.  \ta.\. ,  promrttere.  Honvg.,  premaite.  Prov., 
proinetre.  St-Am.,  premëtre.  V^âW. ,  proniett.  Vx.  fr.,  pra- 
nietre,  proumaitrc. 

Proumàtu,  part,  deproumàie,  promis. 
Bourg.,  prcmaitu.  Lorr.,  preiui. 

Prousse  (être  en),  loc,  être  animé,  excité,  colère:  «  01  é  gros 
en  prousse  après  son  p'tiot.  » 
Roucli.,  même  locution. 

Provàrbe,  s.  m.,  proverbe. 

ha,t.,  procerbiuin.  Ital.,  proccrhio.  Bourg.,  prôoarbc.  Prov., 
procerbl.  Vx.  fr.,  procerbc. 

Plrer,  V.  tr.  et  intr.,  égoutter,  couler. 
Lille  et  Norra.,  purer. 

PÛRÎsi,  s.  m  ,  pleurésie. 

Miû.,  pleur Isia.  Genev . ,  purè^ie,  plurésie.  Montr.,  purèsi. 
Pi'ov .,  pleurc^ia.  Vx.  iv.,purizi  (masc).  (V.  Echaufaison.) 

Pus,  et  Pu,  adv.  de  comparaison,  plus  :  a  Quand  t'vas  la 
vouer,  te  prends  Vpus  cor.  » 

luAt. ,  plus.  Ital.,  plu.  Bas-Norm.,  pues.  Berry,  pus.  Bourg., 
pu.  Bress.,  pie.  horv.,  pu.  Mîic. ,  plicù.  Morv.  et  Norm  . ,  pu. 
Pic,  pus,  puche.  Prov.,  pus,  plus.  Rouch.,  pus.  St-Ara., 
plë.  Saint-, /5«s.  TouL,  pu.  Wall.,  pus,  pu.   Vx.    fr.,  plus. 

Pu.çsiN,  et  P'ssiN,  s.  m.,  poussin  :  ((  Aile  et  empêtrée  c'ment 
eijne  poule  qui  n'a  qu'eùn  p'ssin    » 
hât.,  pulliccnus.  Ital.,  pulcino.  Bourg.,  pucènc   (poussine). 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  341 

Genev .,  piis.-iin,  pucin.  LiWe,  poiichin.  Mà.c.,  puJlioa.  Morv., 
p'cin.  Prov.,  potu~i,  poLri.  St-Am.,  piuèn.  Wall.,  poijon. 
Vx.  fr.,  pulcin,  pouciii. 

Put!  interj.   de  dédain    :   «   Eh   ben!   quoi?  put!...   éprâs 
tout,  j'm'en  moque.  » 
Poit.,  pute!  Wall.,  pal! 

PuTÔT,  adv.,  plus  tôt,  et  plutôt. 

Bourg.,  piitô.  Lyon.,  piiitoa.  Mac,  petou.  St-Am., ple-teû. 
Toai.,  pulcu.  \Ya.U.,  pittàt.  Vx.  iv.,plus  tost,  plustost. 


Q 


QuÀVetQu'À-CE?pr.  rel.  et  interj.,  quoi?  et  qu'est-ce?  Figure 
dans  le   plus  grand  nombre  des  phrases  interrogatives  : 
«  Ma,  qua  c'a-t-i  qu'aile  a  qu'à  crie?  —  Aile  a  qu'aile  a 
chu.  » 
Bourg.,  r/u'a-ce,  qu'a-çii?  Il.-V",  qua,  quai?  (V.   Que.) 

QuAiNGNÔ,  S.  m.,  était  jadis  le  nom  du  présent  que  les  par- 
rains faisaient  à  leurs  filleuls  le  premier  jour  de  l'an  après 
leur  baptême.  (V.  Quignot,  Quin-nbi.) 

Quand,  adv.,  avec,  en  même  temps  que  :  c(  J'irai  là-bas 
quand  vous.  » 

Genev.,  quand.   Il.-V",  quand  et.   Norm . ,   à  quand  nous, 
quant  et  nous.  Sav.,  quand.  (V.  A  quand.) 

Quand   que,    loc,   lorsque    :    ((    J'prendrons  noute   grande 
panière  quand  que  j 'irons  au  marché.  » 
Morv.,  quanqne  (autant  que).  Pic,  quandquc. 

Quante,  adv.,  quand.  Nous  avons  vu  «  quand  »,  mais  qui 
a  une  autre  acception  :  «  Quante  la  p'tiote  veinra,  j'ii 
baillerai  eiàne  flameùsse.  » 

Lat.,  quando.  11. -V%  quante.  Pic,  quat,  quainde.  Prov., 
quan,  can.  Wall.,  quant.  Vx.  fr.,  quand,  quant. 


342  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

QuÀréle,  s.  f.,  querelle,  dispute. 

Lat.  et  Ital.,  qncrela.  Bourg. ^  quarollc.  Prov.,  qucrela^ 
querella.  Vx.  fr.,  qaerlele,  carelle. 

QuARTEi,  S.  m.,  quartier,  morceau,  portion. 

Lat.,  quartavins.  Ital.,  qaavûeve.  Bourg.,  quaioi,  catei. 
Prov.,  Cartier.  Vx.  fr.,  quarter,  cartier,  quartier. 

Quasi,  et  Quasiment,  adv. ,  presque.  Entre  dans  une  locution 
assez  piquante  :  «  Y  a  du  quasi,  »  comme  qui  dirait  :  Il 
y  a  du  presque,  c'est  presque  cela  :  «  0  va  d'avou  elle; 
aile  Tainme  quasiment .  »  Remarquez  elle  et  aW  employés 
concurremment. 

Lat.  et  Ital.,  quasi.  Berry,  quamcat.  Bourg.,  quasiman. 
Bress.  ,  quosi,  cosiment.  Champ.,  quasiment.  Jura,  casi. 
Lorr.,c'as(,  quasiment.  Is/làb.,  rosi,  quosi.  Morv.,  quaihiment. 
l:^ovm.  et  Pic,  quasiment.  Prov.,  quais,  cais.  Rom.,  casi. 
Rouch.,  casi.  casimen.  St-Am.,  quosi.  Saint.,  quasiman. 
Sav.j  quasi.  Wall.,  quasimint.  Vx.  fr.,  quasj/,  quasi. 

QuÀTE,  adj.  numérique,  quatre  :  «  Quàte  sous.  » 

Lat.,  ciuatuor.  Ital.,  quattro.  Berry,  quat' .  Bourg.,  quatc. 
Morv.,  quaite.  Prov.,  quatre,  catre.  Rouch.  et  Wall.,  quate. 
Vx.  fr. ,  quatre. 

Quat'enchiffe,  s,  m.,  quatre-de-chifïre,  piège  pour  prendre 
les  rats,  les  oiseaux,  et  composé  de  trois  petits  bâtons  à 
peu  près  disposés  en  forme  de  4.  ((  Les  glossaires  du  Nord 
de  la  France  désignent  le  même  appareil  sous  le  nom  de 
cat  in  chiffe,  ou  chat  de  bois,  cat  d^bos;  caté/ust,  souri- 
cière   »  (E.  deChambure.) 

Morv.,  quatre  en  chiffre.  Rouch.,  quatechife. 

Quat'fers  d'un  chien  (ne  vaut  pas  les),  loc.  imagée  et 
expressive  pour  dire  :  Ne  vaut  rien.  (V.  QuaVcingt  dix 
neuf  coups.) 

Quat'iieùres,  s.  m.,  goûter,  léger  repas  que  l'on  fait  vers 
les  quatre  heures.  La  mère,  panier  au  bras,  rentrant  de 
courses,  demande  à  son  p'tiot  :  «  As-tu  fait  quaf heures?  )) 
(V.  Récie,   Vèprer.) 

Quat'vingt  dix  neuf  coups  (avoir  fait  les),  loc.  dont  on  se 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  343 

sert  pour  dire  de  quelqu'un  qu'il  a  mené  une  vie  joyeuse, 
dissipée,  avenlureusc,  et  qu'il  ne  vaut  pas  cher.  (V.  QuaV- 
fers  d'un  chien.) 

Que,  pr.  relat.,  quoi  :  ((  Q^/r-' qu't'as?  Q«e  qu'te  voux?  )) 

Lat.,  quid.  Bourg.,  qiwi.  Lorr.,  7«è.  Sav.  cà.  Vx.fr.,  quel, 
coi,  quoi/.  (V.   Quà.) 

QuEMENT,  conj.,  comment.  Nous  mettons  ce  mot  à  cette 
lettre  parce  qu'on  ne  manquera  pas  de  l'y  chercher.  Mais, 
pour  son  orthographe  plus  logique,  nous  renvoyons  à 
Cment.  Un  cas  analogue  se  présentera  pour  quelques 
autres  lettres. 

QuEMiN,  S.  m.,  chemin,  route  â  suivre. 

Ital.,  cammino.  Bourg.,  c/iemi.  Champ.,  chemi.  Lille, 
qacmin,  qu'/nin.  Nivern.,  sem in.  Pic,  cainiii.  Prov.,  canii. 
Vx.  fr.,  qucmin,  chemin.  (V.  Chtirnin.) 

QuÉQUE,  et  QuÉTE,  adj.  indéf.,  quelque. 

Bourg.,  quoique.  Bress.,  quoque .  Bugey,  quoquè.  Lim., 
càuc.  Rouch.,  queque.  St-Am.,  quoquj/e.  Vx.  fr.,  quel  que, 
quelque. 

QuÉQu'cHOUSE,  et  Quét'chouse,  loc,  quelque  chose. 

Mac,  quoque  chuse.   Rouch.,   quct'cosse.   Sav.,    câquerê. 

Quéqu'fois,  et  Quet'fois,  adv.,  quelquefois. 

Bress.,  quoquefaij .  Dauph.,  quoque  fei.  Lorr.,  quèque  fouè. 
Lyon.,  quauquecei/,  quoqueté.  Rouch.,  qucqucfos,  quet'fois. 
Sav.,  quaque  vcq.  Wall.,  queq'fos.  Vx.  fr.,  quelquefoys. 

QuÉQu'uN,  pr.  indéf.,  quelqu'un. 

Bourg.,  quficun,  quécun.  Bugey,  quaquion.  Lira.,  càûcu. 
Lorr.,  inq .  Morv.,  qncqiia. '^ovm.,  quécun,  queuqu'ua.  Poit., 
quicqu'un.  Rouch.,  quçqu'uu,  quèquccun.  St-Am. ,  quôquj/on. 
Sav. ,  cftco/i.  \Va.[\. ,  quéqu'un.    Vx.  fr.,   qnelcung,  quelcun. 

QuERÎ,  et  Q'rî,  V.  tr.,  quérir,  chercher  :  «  Attends!  attends! 
si  tu  n'veins  pas,  j'm'en  vas  aller  Vq^rî.  »  —  «  J'peux  pas 
ouvrî  l'tirouér;  va  m'  r/uri  la  clé.  )) 

Lat.,  quœrcre.  Ital.,  cUicdei-e.  Bas-Norm.,  f/'//.  Berry, /.Tt. 
Bourg.,  queri,  qucri.  Champ.,  querre.  Forez,  qnarre,  carre, 
kare.  \l.-V\  qu'ri.  Lang.,  quere.LïUe,  quère.  'Lyon.,  quarre, 
carre,  care.  Mot\ ., quarre,  querre,  quùhi,  qu'ri.  Na,vû.,quêre. 


344  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Norm.,  kri.  Poit.,  qnlavc,  cri.  crir.  Prov.,  qacvrcr,  qaerrc. 
Rom.,  qiiercr,  querrc,  qucriv.  Saint.,  q'vi.  Sav.,  qu'vl. 
Vend.,  quiare.  Wall  ,  qucri.  Vx.  fr.,  querrc^  quierrc,  qucrri, 
quérir. 

QuEÛ,  et  Que,  adj.,  quel. 

Lat.,  qualis.  Ital.,  qualc.  Berry,  qucu,  quculle,  queux. 
Bourg.,  quoi.  Il.-V%  queu.  Morv.,  qucu,  quieu.  Prov.,  quai, 
cal.  Rouch.,  queu,  qucul.  Vx.  fr.,  quei,  qex,  quel. 

QuEÙLÔT,  S  m.,  culot,  dernier  né  d'une  famille,  d'une  couvée. 
Le  fumeur  appelle  aussi  qiieùlot  ce  qui  reste  au  fond  de 
sa  pipe.  (Culot,  de  là  culoter.) 

Berry,  culot,  chnitculon,  queulot  (croupion).  Champ,  et 
Fland.,  culot.  Forez,  couassoii.  Genev.,  conâtre.  Morv.,  bos- 
queuion,  Doussot,  queulot.  Pic,  culot.  Poit.,  clocu,  coculau. 
Rouch.,  erculot.  Wall.,  coulo,  houlo.Yon. ,  jaculon.  Vx.  fr., 
culot. 

QuEÙRLE,  s.  f.,  grosse  souche,  racine  d'arbre. 

Bourg.,  queute.  St-Am.,  surla.  (V,  Greùbe,  Seûehe.) 

QuEuvEU,  s.  m.,  cheveu. 

Lcit.,  capillus.  Ital.,  capcllo.  Nam.,  chejia.  Pic,  ccwieu. 
Prov.,  cabelh.  Rouch.,  qu'oeu.  Wall.,  chetsè.Wx.  h\,  cheeoel, 
cheoel,  cliecol,  cecol,  cheooil.  (V.  Poi.) 

Qui   c'qui?  et  Qui   É  c'qui?  contract.  de  Qui  est-ce  qui? 
«  Qui  c'qui  veint  por  iqui  nos  déranger?  » 
Berry,  qui  c'quif  Lorr.,  quiasque? 

QuiEN,  S.  m.,  chien.  Sert  souvent  d'injures. 

Lat.,  canis.  Ital.,  cane.  Berry,  quieii,  chin,  c/iiaii.  Bourg., 
chen.  Pic.  /àen  Prov.,  caii.  Rouch.,  quicn,  tien,  Saint.,  cbein. 
Sauter.,  tchèn.  Wall.,  chen.  Vx.  fr.,  chen,  cien.  (V.  Chin.) 

QuiGNÔT,  s.  m.,  quignon  de  pain,  de  gâteau  :  «  Y  étôt  la 
fête;  le  drôle  a  v'nu;  j'ii  ons  baillé  un  quignbt  de  flan.  » 
Lat.,  cutieus.  Bourg.,  quignô,  chignon.  Champ.,  cugnon, 
cuignon.  Fr.-Cté,  quignot,  quigneu,  cugneu.  Genev.,  tignon.- 
Lorr.,  cugnon.  Maine,  cheignon.  Montr.,  grugnot.  Morv., 
queugnon.  Norm.,  chiff'un.  Pic,  quignot,  kignon.  Rennes, 
chiffon.  Rom.,  quignon,  lîouch.,  keuniè,  chiquet,  chippe. 
Suiss.  r.,  quegnon.  Toul.,  crouquet.  Vx.  fr.,  esquignon. 
(V.  Quaingnô.) 


LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  345 

QuiN-NÔT,  QuiN-NOTE,  S.  aux  allures  d'aclj.  :  «  Mon  quln-nbt, 
ma  quin-note,  »  connue  qui  dirait  :  ((  Mon  canard,  ma 
canette.  »  Terme  d'amitié  qu'échangent  entre  eux  les 
enfants.  —  A  prononcer,  la  première  syllabe  de  ce  mot  est 
très  simple;  il  est  moins  facile  de  l'écrire.  Le  son  qui  n'y 
entre  pour  rien  ;  c'est  quin,  comme  dans  le  mot  quinqiiin, 
comme  la  fin  d'avleqain.  Pour  l'œil,  aussi  bien  que  pour 
l'oreille,  il  faudrait  presque  écrire  quainnot. 

Norm.,  qucnnot,  quénaud,  caignot^  queniot.  Saint.,  chenot 
(petit  chien).  Poit.,  queniau  (petit  enfant). 

Quelqu'un  voulait,  à  tort,  voir  là  le  masculin  de  quenotc. 
Ne  pourrait-on  remonter  à  qaaingnô  (v.  ce  mot)?  L'idée 
de  présent,  de  chose  agréable,  a  pu  facilement  arriver  à 
désigner  une  personne  qu'on  airae.  D'autre  part,  on  vient 
de  voir  qu'en  poitevin  queniau  veut  dire  petit  enfant. 
Faudrait-il  chercher  de  ce  côté? 

QuiNQuiN,  et  QuiNQUE,  S.  m.,  le  cinquième  des  doigts  de  la 
main,  le  petit  doigt  :  «  T'n'as  pas  été  sage;  mon  quinquin 
m'y  a  dit.  » 

Lat. ,  quiiitus.  Bress.,  quinquin.  Flam.,  quinquin  (petit, 
petit,  terme  de  caresse).  Genev.,  glin-glin.  Lille,  quinquin  (tout 
petit).  Montr.,  quinquin.  Norm.,  quien-quien  (pinson).  Sav., 
guinguelin. 

On  serait  tenté  de  voir  en  ce  vocable  le  réduplicatif  de 
guin,  dont  quin-nbt  (v.  ce  mot)  n'est  probablement  qu'un 
diminutif.  Une  des  chansons  les  plus  populaires  du  chan- 
sonnier lillois  A.  Desrousseaux  a  pour  titre  :  Le  jftit 
Quinquin  ;  mais  ce  mot  n'a  pas  le  sens  du  nôtre. 

QuiNSON,  s.  m.,  pinson. 

Lat.,  pincio.    Ital.  ,  pinsione.  Bourg,  et  Champ.,  quinson. 

.     Dauph.,  quinçon.  Forez,  quinson.  Fr.-Cté,  couisson,  quinson. 

Genev.,    quinson.    Jura,    quinson.    Lang.,   quinsoun.    Lyon., 

et  Morv.,  quinson.  Norm.,  pinchar.  Prov.,  quinsoun,  Idnsou. 

Wall.,  pinc/ion,  pisso/i.  Vx.  fr.,  pinçun. 

QuiNTAU,s.m.,  quintal:  «  J'ii  ai  vendu  eùn  quintaudCiwcme.  » 
Bas-lat.,   quintallus.  Ital.,  quintale.    Prov.,   quintal.    Sav., 
quintau.  Vx.  fr.,  quintal. 

^uiTERj  V.  tr.,  laisser,  lâcher,  diminuer  de  prix  :  ((  01  a 

39 


346  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CH ALONNAIS 

quité  son  d'ventai.  »  —  «  J'ai  quité  mon  coutiau  su  l'plot.  » 
—  «  0  m'a  quité  trois  francs  su  ma  note.  » 

Bas-lat.,  quietare.  Ital.,  qaetare.  Morv.,  quitter.  Prov., 
quitar.  Vx.  fr.,  quitcr,  quitter. 

QuiTER,  V.  intr.,  cesser,  interrompre  :  «  Qu'ôl  et  en-niuant! 
ô  n'quite  pas  de  tracasser.  » 

Qui  veint,  formule  adjective  pour  dire  :  prochain,  prochaine: 
«  L'an  qui  veint,  la  semaine  qui  veint.  » 
Gen.,  qui  vient. 

Quouë,  s.  f.,  queue.  Nous  disons,  comme  partout  :  «  N'y  é 
ran  d'si  deùr  à  éracher  qu'la  quouè.  » 

Lat.,  cauda.  Ital.,  coda.  Art.,  qéeu.  Berry,  coue.  Bourg., 
eoae,  quoue.  Bress.,  coue.  Dauph.,  coûat.  11. -V,  coue.  Lim., 
coua,  cuuo.  Marn.,  conè.  Montr.,  couë.  Morv.,  coue.,  quoue. 
Nam.,  caice.  Poit.,  coue.  Prov.,  cou.,  coda,  coi^a.  Rom.,  quoue. 
St-Am.,  couva.  Saint.,  coue.  Sav.,  coa,  cava.  Toul.,  quo, 
couo.  Wall.,  coœe.  Vx.  fr.,  eue,  coe,  coive,  keuë.,  coue. 

QuoÙNEiLLE,  s.  f.,  quenouille,  colonne  de  bois  placée  à 
chaque  coin  du  lit  pour  en  soutenir  le  ciel,  et  autour  de 
laquelle  on  enroule  par  moments  les  rideaux.  Sans  doute 
comparée,  quoique  plus  volumineuse,  au  bâton  de  la 
quenouille  à  filer  :  ((  Nout'  Dodiche  va  se  marier;  j'ii 
beillerons  ein  biau  dodo  à  quoùneilles.  » 

QuoiJNEiLLE,  s.  f.,  bâton  auquel  tient  le  chanvre  à  filer.  Au 
figuré  on  dit  :  «  01  a  de  l'œuvre  à  la  quoùneille.  »  Certains 
écrivent  couneille ;  mais  notre  mot  ne  subissant  qu'un 
simple  déplacement  de  voyelles,  il  est  bon  de  lui  conserver 
le  plus  possible  sa  physionomie  orthographique.  —  Le 
maçonnais  appelle  pq^^e  l'attache  qui  soutient  la  quenouille 
sous  le  bras.  —  La  quenouille  a  été,  dans  beaucoup  d^ 
nos  anciennes  provinces,  et  est  encore,  dans  plusieurs  de 
nos  départements,  un  des  gages  les  plus  précieux  offerts 
par  le  promis  à  sa  fiancée  :  chez  les  Romains,  on  portait 
derrière  la  nouvelle  mariée  une  quenouille  garnie  de 
laine.  —  A  Carnac,  on  fait  présent  à  la  mariée  d'une 
quenouille  qu'elle  est  obligée  de  filer.  —  Dans  l'Orne,  on 
vient  chercher  le  trousseau  de  la  mariée  avec  une  charrette^ 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  347 

sur  le  devant  de  laquelle  on  a  planté  une  quenouille.  — 
Dans  la  Manche,  le  bedeau  présente  une  quenouille  à  la 
mariée,  qui  y  attache  un  ruban  et  une  pièce  de  fil.  —  En 
Sologne,  cinq  paysans  présentent  à  la  future  une  quenouille 
et  un  fuseau.  —  Dans  les  Landes,  une  vieille  femme  porte 
la  quenouille  de  la  mariée  pendant  toute  la  durée  de  la 
noce.  —  Dans  le  Lot-et-Garonne  et  dans  le  Tarn-et-Garonne, 
on  porte  en  pompe  la  quenouille  et  le  fuseau  de  la  mariée 
à  sa  nouvelle  demeure,  etc.,  etc. 

Bas-lat.,  conucula.  Ital.,  conocchia.  Berry,  qncnoille,  c/aou- 
neille,  counoille.  Bourg.,  qucnoillc,  quelogne,  felogne.  Forez, 
couleigne.  Fr.-Cté.  quelogne,  qrœlouille.  Genev..  cologne. 
Lyon.,  cologni.  Mac,  coneUe.  Montr.,  quouneille.  Morv., 
concilie.  Prov.,  coulongne.  Rouch.,  quéneule.  Sav. ,  cologne. 
"Wall.,  kinoïe,  quenoille,  qiieuneule.  Vx.  fr.,  connoille,  que- 
longne.)  keneule. 

QuoÙNEiLLÉE,  s.  f.,  provisiou  de  filasse  qui  garnit  la  que- 
nouille. 
Bourg.,  quelongnèe. 


R 


RÀ,  syncope  et  synonyme  de  Arrà.  (V.  ce  dernier  mot.) 

RÀ,  s.  m.,  mot  dont  se  sert  le  paysan  pour  appeler  les 
cochons  :  «  Rà!  va!  vein  iqui!  » 

Râ,  et  RÂë,  s.  f.,  ligne,  raie,  ruisselet.  —  La  prononciation, 
ouverte  et  longue,  se  rapproche  plus  du  second  des  deux 
mots.  (V.  Roie.) 

Rabiau  (au),  loc,  en  diminuant.  Lorsqu'on  joue,  aller  au 
rabiau,  c'est  perdre  des  points.   Dans  un   marché,  avoir 
du  rabiau,  c'est  obtenir  une  diminution  de  prix. 
Morv.,  ralbiau.  (V.  Racaut.) 

Rabistoquer,  V.  tr.,  rapiécer,  raccommoder,  mais  sans 
donner  bien  bel  air  à  l'objet  avarié. 


348  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Genev.,  rahistoquev.  Rouch.,  rahistiquer.  Sav.,  rahlstocâ. 
(V.  Rabobincr,  Rebcrdauler.) 

Rabobiner,  et  Rabobicher,  v.  tr.,  rajuster,  remettre  en 
état,  réconcilier  :  «  Aile  é  si  jentite,  qu'ailles  a  rabobinés 
en sera be.  » 

Genev.,  rabobiner.  Morv..  raipouoiner.  Norm.,  rabaubiner 
(répéter  lioniquement  le  dire  de  quelqu'un).  (V.  Rabisloquer, 
Ramiauler.) 

Rabônir,  V.  tr.,  rabonnir,  rendre  meilleur,  bonifier  :  «  Après 
c'qu'ôl  a  fait,  l'vauran,  y  é  pas  lu  qu'on  veut  rabànir.   » 
Montr.,   rabonder.    Morv.,    rabouni,   raibouni.    Suiss.    r., 
rabouana. 

Rabot,  s.  m.,  petit  soulèvement,  inégalité  de  pavé,  de  terre 
sur  les  routes  :  «  J'seû  été  au  mitan  d'ia  levée;  y  avôt  ben 
des  rabots.  » 
Bourg.,  raibô. 

Rabotoû,  ad]'.,  raboteux,  inégal.  Plancher,  chemin  vabotoû. 
Genev.,  rabota.  Morv.,  raibotou.  Vx.  fr. ,  rabottcux. 

Rabouter,  v.  tr.,  raboutir,  coudre  bout  à  bout  :  «  L'pauvre 
houme!  ôl  a  l'air  minâbe.  Sa  fonne  devrôt  ben  li  rabouter 
ses  nipes.  » 

Raboutoner,  et  Rabout'ner,  v.  tr.,  boutonner  de  nouveau: 
«  Vouéyons,  chin  d'sâlôt,  raboutone  donc  ta  cueûlote.  » 
Wall.,  ribottné. 

Racàter,  et  Raquàter,  v.  tr.,  ramasser  :  «  Eh!  vieux!  que 
qu'te  fais?  Racàte  donc  ton  bounôt.  » 

Racater  (se),  V.  pr.,  se  retirer,  s'abriter  :  «  Eh!  boune 
vouésine,  que  d'venez-vous  donc?  On  n'vous  vouét  pus.  — 
Que  v'iez-vous,  vouésin!  par  ce  grô-t-hivâr,  i  m^racate 
au  counôt  d'  mon  feù.  » 

Râche,  s.  f.,  teigne,  gale.  On  entend  souvent  dire  :  Ça  teint 
bon,  ça  teint  coume  râclie.  » 

Berry  et  Bourg.,  raclœ.  Bress. ,  râche.  Forez,  rachi. 
Fr.-Cté,  râche,  raitse.  Genev.,  râche.  Jura,  rache.  Lang., 
rasca.  Lyon.,  rachi.  Montr.,  râche.  Morv.,  râche.  Prov., 
rcdzc,  rasca.  Suiss.  r.,  ratse.  Vx.  fr.,  râche. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  349 

Râchet,  adj.,  mot  qui,  d'abord  synonyme  de  Râcîioù,  a 
ensuite  son  acception  figurée,  qui  le  fait  l'équivalent  de 
((  gamin  »  :  «  Allons,  dit  une  femme  à  un  drôle  qui  l'en- 
nuie, va-t'en  donc,  ch'ti  râchet.  » 

Ital.,  raschid,  Bourg.,  râchai.  Dauph.,  rachct.  Jura,  racket. 
Lang..  rascas.  Montr.,  rachct.  Rom.,  rasca,  rai/cha.  Vx.  fr., 
rachat,  rachats.  (V.  Rnckoù.) 

Râchoû,  adj.,  rude,  rugueux,  qui  a  la  teigne. 

Aunis,  ruchou.  Beiry,  râchons.  Bourg. ,  râchou.  Forez, 
ràchous,  rochous.  Lang.,  rasroiis.  Lyon.,  ràc/ions,  rochous. 
Morv.,  rdchou.  Prov.,  rascas.  Vx.  fr.,   racheux.  (V.  Rdclict.) 

Râcloû  de  boyaux,  loc,  crin-crin,  mauvais  joueur  de  violon, 
—  qu'on  est  encore  bien  heureux  de  trouver  et  de  jucher 
sur  ses  tonneaux  pour  les  noces,  les  foires  et  tous  les  bals 
de  fêtes, 
Rouch.,  racleux  d'boïau. 

R.\CLÔT,  s.  m.,  raclure,  croûte  ordinairement  d'un  beau 
brun  doré,  qui  reste  au  fond  de  la  marmite  oiî  l'on  a  fait 
cuire  les  gaudes,  et  que  la  cuillère  enlève  par  rubans.  Très 
recherché  de  certains.  Les  mères  abandonnent  volontiers 
ce  régal  aux  enfants. 

Berry,  rdclon.  Chalon.,  raclo.  Maine,  râclon.  Morv., 
rdghiot.  Sav.,  rupon.  (V.  Rdsure.) 

Rac'moder,  V.  tr  ,  raccommoder. 

Berry,  rac'moder.  Morv.,  raic'moder.  Norra.  et  Poit., 
rac'moder.  Wall.,  rakomodè.  Vx.  fr.,  raccommoder. 

Racoin,  s.  m.,  recoin,  coin  sombre,  angle  retiré  :  «  J'ons 

sarché  dans  tous  les  racoins,  et  j'ons  pas  pu  y  treiàver.   » 

Berry,  racoin.  Bourg.,  recoij.  Lille,  racoin.  Morv.,  racoin. 

Norm.,    rencoin,    rincoin,    racoin.    Wall.,    rcncoin.    Vx.    fr., 

recoin.  (V.  Counàt.) 

Racôti,  adj.,  raccourci,  de  petite  taille;  et  aussi  :  desséché, 
retiré,  racorni  par  le  feu. 

Lat.,  recoctum.  Bourg.,  raicôti,  récôti.  Vx.  fr.,  r'acourci. 
(V.  Recoquerillcr.) 

Radelier,    s.  m.,  celui  qui  confectionne  les  radeaux.   La 


350  LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

prononciation   élide  le  premier  e  autant  que  possible,  et 
finit  par  donner  racVlier,  et  chez  certains  même  ?'ad'ier. 

Radiau,  s.  m.,  radeau. 

Lat.,  ratis.  Ital.,  sattera.  Bas-Lat.,  radellus.  Prov.,  radclh. 
TouL,  rach.  Vx.  fr.,  radeau. 

Râfe,   ad]'.,    rugueux,   rude  au  toucher,   au   fig.  revêche  : 
«  T'as  les  mains  ben  ràfes:  on  dirôt  la  langue  d'ein  chat.  » 
—  ((  Qu'ôl  é  don  rd/e  en  vous  parlant!  » 
Bress.,  rdfc  Fr.-Cté,  revache.  Montr.,  rafe. 

Rafler,  v.  tr.,  effleurer  :  a  01  avôt  bu  ein  coup  d'trop;  ô 
ràjlbt  les  murs  en  rentrant.  » 
Bourg.,  rajUai.  (V.  Rijler.) 

Rafouillon,  s.  m.,  chose  de  rebut,  mauvais  reste  de  viande: 
({  Que  c'qu'ié  que  ces  ra/ouillojisqu'ie  m'bailles  à  mainger? 
Notre  chin  n'en  vourôt  point.  » 
Bourg.,  raifouillûii.  Norm.,  r affreux. 

Ràfu,  s.  m.,   bruit,  tapage  :   «   Que  râfu  qu'te  nous  fais! 
V'tu  ben  t'taiser  !  »  —  «  La  neùt  j'ons  entendu  ein  vâfa 
du  diâbe.  » 
Berry,  rajfut.  Morv.,  raffut,  raiffut. 

Ragâcher,  V.  tr.  et  intr.,  rabâcher^  gronder,  taquiner,  parler 
sans  cesse,  sans  raison,  et  surtout  d'une  manière  ennuyeuse. 
Berry,  rahûter.  Bourg.,  rabâchai,  rabâchai.  Champ., 
racâter.  Fr.-Cté,  ravouner.  Jura,  rahûter.  Morv.,  ralcdter. 
Norm.,  ragâcher.  Pic,  racacher.  Poit.  et  Saint.,  rahûter. 
(V.  Racjogner,  Randoiicr.) 

Ragâcher,  v.  tr.,  gagner  aux  billes,  en  faisant  rouler  dou- 
cement la  sienne.  Terme  de  jeu  enfantin. 

Ragâchoû,  s.  et  adj.,  rabâcheur  :  ((  01  é  enniuant,  c'vieux 
ragàchoù;  à  rec'mence  tôjor  lamain-me  chouse.  »  (V.  Ra- 
(jognon.) 

Ragogner,  v.  tr.,  gronder  à  tout  propos,  murmurer,  bou- 
gonner, maugréer  :  ((  Que  c'que  t'nous  vagognes  donc  là, 
toué.  » 

Morv.,  racjosser,  raigoigner.  Prov.,  regaugnar.  (V.  Ragâ- 
cher, Randoner.) 


LANGAGK    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  351 

Ragôgnon,    s.  et  adj.,   grognon,   mécontent,  grondeur,   qui 
trouve  à  redire  à  tout. 
Morv.,  ragossoii,  vaiijoignon,   vaujolfjnou.  (V.    Rar/dc/iou.) 

Ragotoû,  s.  et  adj.,  bavard,  cancanier,  diseur  de  menteries, 
faiseur  de  ragots  :  «  C'tô-là,  all'vous  en  débile!  ma  y  él 
eùne  ragotouse.  )) 
Morv.,  ragotoû. 

Ragouillage,  s.  m.,  mauvaise  ratatouille,  cuisine  d'auberge, 
mets  à  sauce  trop  longue  et  fade. 
Bas-Lat.,  regiistus.  Cogn.  etPoit.,  ragouillage. 

Ragouer,  V.  tr.,  rassasier,  dégoûter  :  ((  J'n'en  voux  pu,  d'ton 
fricot;  j'en  seû  ragoué.  » 

Raïin,  s.  m.,  raisin  :  «  h'raïin  è  meùr;  j'allons  v'nanger.  » 
Lat.,  racptnus.  Ital.,  raceino.  Berry,  rasia.  Bourg.,  rasin, 
ra^iii.  Isère,  raisl.  Lim.,  rosïn.  Mac,  rainsain.  Metz,  rejin, 
rèliiii.  Montois,  roiijin.  Morv.,  ràj'in,  rdsin.  Pic,  roslii,  raisin. 
Prov.,  rnsin,  ra^ain,  ra;ini.  Rouch.,  rosiii.  St-Am.,  rcn:;cn. 
Sav.,  re^in.  Wall.,  rojin.  Vx.  fr.,  reisin,  roisin. 

Raïinet,  s.  m.,  raisiné,  cette  confiture  locale,  faite  de  fruits 
cuits  dans  le  vin  doux,  excellente  comme  on  la  façonne 
chez  nous  et  dans  le  Midi.  On  en  connaît  le  nom  à  Paris, 
mais  on  n'y  connaît  guère  la  chose. 
Genev.,  la  raisinée.  Vx.  fr.,  raisinet,  résinée. 

Rkih,  s.  m.,  organe,  voix,  parole  :  «  J'te  réponds  qu'on  l'en- 
tend, c'tu-là  ;  ôl  a  eùn  fameux  rail.  » 
Morv.,  raille. 

Raim,  et  Rain,  s.  m.,  ramée,  ramille,  branchetto.  On  dit  un 
rain  de  balai,  de  fagot.  De  là  :  rainsée,  correction  donnée 
avec  un  7'ain.  —  Se  dit  aussi  d'un  bord  de  chemin,  d'une 
lisière  de  bois. 

Lat.,  ramas.  Bress.  et  Montr.,  7Yiin.  Morv.,  raime.  Prov,, 
rama,  ramasse.  Vx.  fr.,  raim,  raime,  ram,  ramel,  ramon. 
(V.  Ramiau,  Remesse.) 

Rain-néte,  s.  f.,  crécelle.  Même  source  que  Rânote,  le 
bruit  de  la  crécelle  imitant  volontiers  le  coassement  de  la 
grenouille.  —  Les  trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte, 


352  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

cet  instrument  peu  harmonieux  remplace  les  cloches 
((  parties  à  Rome  »,  et  dans  les  mains  des  enfants  sert 
à  appeler  les  fidèles  aux  offices  et  principalement  aux 
Ténèbres.  —  Dans  la  Franche-Comté,  certains  villages 
dénomment  la  rainette  :  cri-cri,  ou  bruyant.  (V.  Tar- 
tevéle.) 

Rain-non,  s.  m.,  murmure,  bruit  confus  de  paroles.  Quand 
le  chat  ronronne,  il  fait  son  rain-non. 
Morv.,  rainon. 

Raïon,  s.  f.,  raison  :  É-t-i  godiche,  c'tu-là!  ô  n'a  pas  à'raïon 
de  s'ensauver  c'ment  c'qui.  »  —  Prononciation  analogue 
à  :  Râïin,  Mâïon,  Plâïi. 

Lat.,  ratio.  Ital.,  ragione.  Bourg.,  roison.  Fr.-Cté,  rason, 
ra/'on.  Lorr.,  ràkon.  Morv.,  raïon,  ràjon.  Prov.,  ra/o,  raxio. 
St-Am. ,  rajon.  Sav.,  rcijon.  Yx.  fr.,  raistin,   reson^    reison. 

Raïouner,  V.  intr.,  raisonner,  discuter. 

Lat.,  rationare.  Ital.,  ragionare.  Morv.,  râjouner.  Prov., 
razonar,  rasonar.  S  t. -A  m.,  rajouné.  Vx.  fr.,  raisnier. 

Raïons  (avoir  des),  loc,  être  en  querelle,  en  dispute,  en 
altercation  :  ((  N'ii  dis   donc  ran;  ôl  a  tôjor  des  ratons 
d'avou  tout  r  monde.  » 
Genev..  aooir  des  raisons.  Morv.,  avoir  des  raïons. 

Raisse,  s.  f.,  sillon  double,  tracé  au  moyen  de  six  raies, 
pour  l'ensemencement  du  maïs  et  des  pommes  de  terre. 
Indre,  raisc. 

R^ALER,  v.  intr.,  aller  de  nouveau  :  «  J'avions  à  r'vouér  la 
p'tiote  cheû  sa  grand';  j'y  sons  r'alés.  n  —  «  J'n'ai  pu  mau 
au  genô;  je  r^cas  à  l'école.  » 
Vx.  fr.,  râler. 

Rambôr,    s.   f.,   rambour,    sorte   de.  pomme   originaire   de 
Rambures,  territoire  d'Amiens.  (V.  le  Glossaire  des  Noëls 
Bourguignons.) 
Bourg.,  rainbor. 

Ramendever  (se),  v.  pr.,  se  i-appeler,  se  remémorer. 

Lille,  rainintucoir.  Rouch.,  ramentacer.  Wall.,  rarnintrwer. 
Vx.  fr.,  ramembrer,  ranienter,  ramenteooir.  (V.  se  Recorder, 
se  Remembrer.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  353 

Ramiau,  s.  m.,  rameau,  petite  branche  feuillue. 

Lat.,  ramcllus.  Bourg.,  raimea.  Morv.,  raimiau.  Prov., 
ramel.  Sav.,  rainpau.  Toul.,  vamadeto.  Vx.  fr.,  ra/nel, 
rameau.  (V.  Raiin.) 

Ramiauler,  V.  tr.,  rendre  amis,  réconcilier  :  ((  J'ies  ons 
invités,  é  pi  j'Ies  ons  ramiaulés.  »  Dans  la  première  moitié 
du  mot  on  trouve  un  réduplicatif  d'ami  (r'ami). 

Maine,  amianler,  ramiauler.  Morv.,  raimiauler.  Norm., 
ramiauler^    ramiclier.   Poit.,   ramtgiiaudcr.  (V.    Rabobincr.) 

Ramounà,  et  RoMONÂ,  s.  m.,  ramoneur  :  «  On  entend  Vra- 
mound  chanter.  Gare!  y  é  l'hérondale  d'hivar.  )) 

Ma.'ine,  ramogiiard.  Morv.,  ramona,  raimougnà,  raimoignâ. 
Pic. ,  ramonai. 

Ramouner,  V.  tr.,  ramoner  :  «  Pour  pas  mett'  le  feù  à  ta 
ch'vinée,  faut  la  fâre  ben  ramouner.  » 

Morv.,  rainiouner.  Pic,  ramonner  (balayer).  Vx.  fr., 
ramoner. 

Ramouner,  et  R'mouner,  v.  tr.,  ramener  :  «  Veins,  veins, 
p'tiot  drôle,  j'vas  Vramouner  cheû  vous.  » 

Bourg.,  rémené.  Morv.,  raimouiior,  raimougncr.  Wall., 
reminer.  Vx.  fr.,  rameiner,  ramaincr,  ramcyaer,  r'amener. 

Ran,  s.  m.,  rien  :  ((  Te  nVaux  ran!  »  —  «  Je  n'te  dois  ran!  » 
Par-ci,  par-là  on  entend  également  ren  (pr.  rin).  Vient, 
par  une  bizarrerie  étymologique,  du  latin  res  (chose)  :  Non 
habeo  rem,  je  n'ai  rien,  littéralement  :  Je  n'ai  pas  quelque 
chose. 

Berry,  re/i,  rin.  Bourg.,  ran.  Bross.,  ran,  rin.  Dauph., 
ren.  Fland.,  rin.  Fr.-Cté,  ran.  11. -V%  ren.  Jura,  ran.  Lim. 
et  Lorr.,  ré.  Mac,  ran.  Mont.,  rié.  Montr.,  ran.  Morv.,  ran., 
rin.  Poit.,  ren.  Prov.,  re.  Sav.,  rè.  Suiss.  r.,  ran,  rein.  Toul., 
re,  res.  Vosg.,  ron.  Wall.,  rin,  rein.  Vx.  fr.,  riens,  rien 
(chose). 

Rancâser,  et  Rancasser,  v.  intr.,  jeter  les  derniers  souffles, 
râler.  Se  dit  de  l'agonisant  qui  respire  avec  peine  et 
suffoque  :  «  01  é  ben  prô  d'pâsser  ;  ô  rancàse.  » 

Lat.,  rancare.  Bourg.,  rancôssai.  Dauph.,  ranchcisier. 
Fv. -Cté,  rancot/er.   Genev.,   ranquemeler .    Isère,   rancheisié. 

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354  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Jura,  rancasser.  Montr.,  rancaser.  Morv.,  ranqueaer.  Noi-m., 
ranccr.   Wall.,  rôld.  Vx.  fr..  raller.  (V.  Raticot.  ) 

Ranchée,  et  Rang[E,  s.  f.,  rangée  :  «  Eùne  ranchée  d'âbres, 
eùne  rangie  d'mâïons.  » 

Berry,  ranchée,  ranche,  range,  rande.  Genev.^  ranchée. 
Lyon.,  ranchée,  ranche.  Morv.,  ranchie,  rancie.  Norm., 
ranguie.  Prov.,  rangiera.  Wall.,  reingeaie.  Vx.  fr.,  rengée. 

Rancôrsî,  V.  tr.,  raccourcir.  ^ 

St-Am.,  racoursë.  Vx.  fr.,  r  acourcir . 

Rancôt,  s.  m.,  enrouement,  respiration  de  moribond  :  «  J'ai 
évu  frèd,  à  c'maitin,  é  pi  v'ià  qu'j'ai  Vrancbt!  » 

Lat.,  rctucus.  Bress.,  ranco.  Forez,  ranquct.  Fr.-Cté,  rancot. 
Genev.,  ranco.  Jura  et  Montr.,  rancot.  Morv.,  rangot.  Norm., 
rancie.  Toul.,  ranguil,  rascle.  (V.  Rancaser.) 

Rancoû,  adj.,  qui  a  le  rancot,  enroué  dangereusement. 
Montr.,  rancou. 

Rancueiine,  s.  f.,  rancune,  animosité. 

Bas-Lat.  ,  runcurina.  Ital.  ,  rancura.  Berry,  rcmcure. 
Champ.,  rancor,  rancour,  rancœur.  Maine,  rancœur.  Morv., 
ranqueune.  Prov.,  rancura.  Vx.  fr.,  rancure,  rancune. 

Rancueûnoû,  adj.,  rancunier. 

Lat.j  rancidus.  Morv.,  ranqueunou.  Vx.    fr.,   rancuneux. 

Randoner,  V.  intr.,  gronder,  être  de  mauvaise  humeur  : 
«  L'pauv'vieux,  ô  n'é  pas  émusant;  y  é  si  sôvent  qu'ô 
randone.  » 

Artois,  randouler,  rindoulcr  (faire  un  bruit  prolongé). 
Norm.,  randonner,  randouiner,  rantouiner {honiWiv  trop  long- 
temps. (V.  Rngâchor,  Ragogncr.) 

Ranfrôchî,  V.  tr.,  rafraîchir  :  «  Aile  obliôt  de  m'rende  mes 
sous;  j't'li  ai  ranfràchi\si  mémouére.  » 

Bourg.,  ranfraichi,  ranfroichi,  rcfroichi.  Morv.,  ranfraî- 
chi.  St-Am.,  refrcsë.  Wall.,  rafrechi.  Vx.  fr.,  refreschir, 
rafreschir. 

Ranfrôchissement,  s.  m.,  rafraîchissement,  refroidissement. 
Morv.,  ranfraichisiCDwnt.   Vx.    fr.,  refreschissenient,  ra- 
f reclassement,  rajraiscliissement. 


LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  355 

Rangueûgner,  V.  intr.,  être  colère,  mais  en  dedans;  garder 
les  vilains  mots  qu'on  voudrait  dire  aux  autres,  mais  qu'on 
ne  dit  qu'à  soi  tout  seul  :  «  Je  n'sais  pas  c'qu'ôl  a;  ma  ô 
rangaeùgne  tô  l'temps.  » 

Lang.,   rampela.    Lyon.,   rampcUo.    Prov.,    ramproti;/nar\ 
rampeiav.  Vx.  fr.,  ramponner,  ramprosncr. 

Rangueûgnoû.  adj.,  qui  gronde  intérieurement. 
Lim.,  roungouniou. 

Ranlargî,  V.  tr.,  rélargir  :   «  Not'fonne  m'a  ranlargi  mes 
jambes  de  cueùlôte.  » 
Wall.,  rildrgi . 

Rànôte,  s.  f.,  rainette,  petite  grenouille  verte.  —  On  peut  se 
rappeler  le  couplet  : 

Pd ! pâ! 
Rânàtes,  pâ! 
Vequi  Mossieu 
L'abbé  de  Luxeu! 
Que  Diou  gâ!... 
Pâ! pâ! 

couplet  malheureusement  trop  connu  des  paysans  de  jadis. 
Lorsque  l'abbé  de  Luxeuil,  seigneur  de  Montureux-sur- 
Saône,  venait  en  cet  endroit,  ses  vassaux  étaient  obligés 
de  battre  l'eau  des  fossés  pendant  la  nuit,  afin  d'empêcher 
les  grenouilles  de  coasser.  Pour  se  dédommager,  ils  chan- 
taient ce  couplet  en  chœur,  mais  sans  doute  en  sourdine. 
Quel  sybarite  que  cet  abbé  !  et  comme  il  soignait  son 
rejios!  —  Une  autre  version,  celle  que  donne  Jules 
Guillemin,  prétend  que  les  paysans  avaient  cette  tâche 
pendant  les  couches  de  la  dame  de  Luxeuil.  Cela  se  com- 
prendrait mieux  et  serait  plus  vraisemblable.  Pourtant  le 
vers  est  là,  et,  puisque  l'abbé  était  le  seigneur  du  château, 
quelle  châtelaine  pouvait-il  donc  y  avoir  en  couches? 

Lat.,  rana.  Forez,  rcnna .  Norm.  et  Pic^  raine.  Prov., 
raineta.  Rouch.,  roignc.  Wall.,  raine.  (V.  Rain-ncte, 
Renoille.) 

Ran  que,  loc,  rien  que  :  «  0  n'm'a  beillé  ran  que  c'qui.  » 
Bourg.,  rail  que.  Cogn.,  rein  que. 


356  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Rapapilloter  (se),  v.   réfl.,  se  remettre  en  meilleur  état. 
Peut  se  prendre  au  physique  et  au  moral. 
Norm.  et  Pic,  même  mot. 

Rapatafioler,  V.  tr.  N'est  à  peu  près  uniquement  employé 
que  dans  cette  locution   :   «    L'bon   Dieu  X;r a-pat ajiolel  » 
c'est-à-dire  te  bénisse!    Se  dit  ironiquement  à  quelqu'un 
qui  vous  ennuie. 
Rouch.,  rapatafioler.  Y^ic,  patafiolcr. 

Râpe,  s.  f.,  crochet  au  long  manche  pour  tirer  la  braise  du 
four. 
Morv.,  râpe.  Vx.  fr.,  râpe. 

Râpé,  s.  f.,  piquette  faite  avec  du  raisin,  sur  lequel  on  verse 
de  l'eau.  Du  tonneau  on  tire  jusqu'à  épuisement.  Alors, 
sur  le  même  raisin  on  reverse  des  seaux  d'eau,   et  l'on 
obtient  un  faible  diminutif  de  la  première  piquette. 
Genev.,  râpi.  Saint.,  râpé.  Vx.  fr.,  rappé. 

RÀPEAu,  s.  m.,  appeau.  Jeune  oiseau  dont  on  se  sert  pour 
attirer  les  autres.  Petit  instrument  qu'on  met  dans  sa 
bouche  (à  soi,  bien  entendu),  et  à  l'aide  duquel  on  imite  le 
chant  des  oiseaux. 

Lat.,  rapellum.  Forez,  râpai,  rapaji.,  rapio.  Lang.,  rapel- 
laire.  Morv.,  aippeau.  Prov.,  rampeou.  Wall.,  appel.  Vx.  fr., 
rapcau,  apex,  apax,  apcls. 

Rapiamus  (faire),  loc,  chiper,  soustraire  un  objet.  Terme 
latin  introduit  d'abord  dans  le  langage  des  collégiens, 
mais  passé  ensuite  dans  celui  de  tous  les  enfants,  parmi 
lesquels  le  mot  et  la  chose  sont  passablement  usités. 
Devenu  populaire. 
Lat.,  rapere .  Norm.  et  Vie,  faire  rapiamus. 

Rapiéc'ter,  V.  tr.,  rapiécer  :  «  La  couraude!  all'ne  treùve 
jamû  l'temps  à.^ rapiéc'ter  son  lioume  ;  ô  va  tout  dég'nillé.  » 
Wall.,  rapcssi.  Vx.  fr.,  rapiécer.,  rappiéccr. 

Rapondre,  V.  tr.,  rallonger,  ajouter,  rejoindre  deux  mor- 
ceaux :  ((  T'crès  donc  que  j'sons  bitous?  On  y  vouét  prou 
qu'y  é  rapondu.  » 

Genev.,   rappondrc,  appondre.  Morv.,    raipondrc.    Sav., 
rappondre.  (V.  Apondrc.) 


LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS      357 

Raponsr,  s.  f.,  pièce  d'étoffe,  de  linge,  ajoutée  sans  soins 
minutieux  à  une  autre  pièce. 
Jura,  rapponsc.  Suiss.  r.,  rapponsa. 

Raport  à,  loc,  à  cause  de  :  «  L'niariage  a  manqué  rapport 
à  lu,  qui  v'iôt  pu  gros  d'écus  et  pu  long  d'târe.  » 

Rapôrter,  et  Rapûurter,  v.  tr.,   rapporter,  faire  des  rap- 
ports en  sournois. 
Morv.,  raipouiier. 

Rapsauder,  V.  tr.,  raccommoder,  mais  imparfaitement  : 
((  Lapauv'fille!  aile  a  ben  Tintention  de  r'tenî  son  linge; 
ma  air  le  rapsaude.  » 

Aunis,  rapsauder .  Geuev.,  rapsodcr.  Morv.,  rapsôder.Vic, 
rapsauder.  (V.  Ratapiaclier,  Rataponer .) 

Rase  (au),  loc,  au  ras,  jusqu'au  bord,  comble. 

Lat.,  rasus.  Ital.,  raso.  Morv.,  au  rase.  Prov.,  ras.  Vx 
fr.,  r««,  ras. 

Ràsure,  s.  f-,  synonyme  de  Raclot.  (V.  ce  dernier  mot.) 
Bress.,  râsurc.  Jura,  rasure .  Montr.,  rdsure. 

Rat,  Rate,  s.  m.  et  f.,  terme  d'amitié  donné  aux  petits 
garçons  et  aux  petites  filles  :  «  Veins,  mon  p'tiot  rat! 
Bise-me,  ma  p'tiote  rate!  »  Ces  mots  caressants  naissent 
spontanément  de  la  bonne  humeur  du  pays. 

Ratapacher,    V.    tr. ,    rapetasser,    raccommoder    imparfai- 
tement, sans  soin  et  sans  goût. 
Morv.,  raipatachcr.  (V.  Rapsauder,  Rataponer.) 

Rataponer,  et  Ratiponer,  v.  tr.,  retaper  et  rapiécer. 

Genev.,  retaconner.  Morv.,  rabiauder .  Poit.,  rahlller. 
Rom.,  tacon  (pic'Ce,  morceau).  Rouch.,  rataconcr.  Wall., 
rabii.  (V.  Rapsauder,  Ratapaelier .) 

Rate,  s.  f.,  souris.  Est-ce  parce  que  les  petites  souris  blan- 
ches sont  gentilles,  qu'on  a  appelé  rates  les  dents  blanches 
des  enfants?  —  La  rate  est  la  femelle  du  rat.  Mais,  chez 
certains  fantasques  d'entre  nous,  on  a  apparié  des  couples 
d'une  manière  plus  excentrique  :  le  rat  et  la,  souris  ;  le 
crapaud  et  la  grenouille;  le  pou  et  la. puce,  etc.,  etc. 


35&  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Bourg.,  raite.  Bress.  et  Genev.,  rate.  Morv.,  raite.  Poit. , 
ra?!(Vi  (rat  et  souris).  Prov.,  rata.  St-Am.,  rata.  Suiss.  r., 
rattc.  Toul.,  ratclo.  Vosg.,  raite.  (V.  Rates.) 

Rate  (faire  la),  loc,  faire  sautiller,  courir  de   tous  côtés, 
mais  surtout  faire  arriver  brusquement  devant  les  yeux  de 
quelqu'un,  un  ra3'on  de  soleil  réfléchi  par  un  petit  miroir 
qu'on  manœuvre.  Amusement  déplaisant  des  gamins. 
Genev.,  faire  la  rate. 

Rater,  v,  tr.,  chasser  le  rat,  la  souris.  Se  dit  du  chat. 
Bress.,  rater. 

Rates,  s.  f.,  dents  d'un  petit  enfant.   Mamans  et  nourrices 
emploient  ce  mot  d'une  façon  toute  gentille  :  ((   M'amie, 
montre-me  tes  p'tiotes  rates.  »   Dans  plusieurs  provinces 
les  dents  de  lait  portent  ce  nom. 
Genev.  et  Saint.,  rates.  (V.  Rate.) 

Rate-volerate,  et  Rate-voluche.  s.  f.,  chauve-souris.  Les 
paysans,  ignorant  qu'ils  ont  affaire  à  un  destructeur  d'in- 
sectes nuisibles,  clouent  encore  impitoyablement  la  chauve- 
souris  aux  portes  de  leurs  granges. 

Bas.-Alp.,  rate-pléne.  Dauph.,  ratapena.  Forez,  ratni'ou- 
lac/i,  rate-colage,  ratapenna.  Gasc,  rato-penno.  Genev., 
ratoulite .  Isère,  ratapena.  Lang. ,  rato-pcnado.  Pic. ,  casseuris, 
cateseuris.  hîm.,  pissorotto.  Lyon.,  ratacolagi,  rate-colage, 
ratapenne.  Montr.,  rate-i'oalace.lSlovv.,  chaucoucfieri,  chau- 
vouchie,  seri.  Nam.,  chau-sori,  chéhau-sori.  Norm.,  souris- 
gangue.  Prov.,  ratapcnada.  Rom.,  ratapennada.  Rouch., 
cate,  caute-soris,  queue  d'sori .  St-Am .,  rata-coulache.  Sav., 
rataoolà^a.  Suiss.  v. ,  ratta-i:olairc.  Toul..  rato-peno.'Vend., 
ratacolaire.  Vosg.,  colant-raitte.  Wall.,  chaice-sori.  Vx.  fr., 
ratepenade,  saris  chauve,  chauve  la  sori^. 

Râtiau,  s.  m.,  râteau,  et  râtelier  pour  le  foin  et  la  paille. 
Lat.,   rastelluni.   Ital.,   rastrello.    Dauph.,   ra^ew.    Il.-V% 
rdtiau,  rdtè,  rdtel.  Lim.,  ràteii.  Lorr.,  r'tei.  Lunév.,   rètio . 
^loniv.,  ratieau .  Morv.,  ràteai,  rdtiau.  Rouch.,   rètiau.   St- 
Am.,  rôté.  SdiX .,rdtai.To\x\.,rastél.  \\.iv.,  rastel,  rasteau. 

Ratichon,  s.  m.,  réprimande,  reproche  :  «  En  rentrant 
d'I'écôle,  ôl  a  r'cevu  du  père  ein  ratichon  soigné.  » 


LANGAGE    POI^ULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  359 

Ratoire,  s.  f.,  ratière,  souricière. 

Berry,  ratouève.  Bourg.,  raitore,  raitoûre.  Cogn.,  ratocre . 
Montr.,  ratenre.  Morv.,  raUouère.  Prov.,  vateira.  Vx.  fr., 
ratouere,  ratoire. 

Ratour,  s.  m.,  retour,  détour,  chemin  qui  force  le  marcheur 
à  se  retourner. 

Ital.,  ritorno.  Berry,  ratour.  Bourg.,  retor .  Norm.,  ratour. 
Prov.,  rctorn.  Rouch.,  ratour.  Vx.  fr.,  retor,  retur,  retour. 
(V.  Retor.) 

Ratourner,  V.  intr.,  retourner,  détourner. 

Ital.,  rltornare.  Berry,  ratourner,  artourner.  Bourg.,  re- 
toiiiiai.  Prov.,  retor/iar.  Rouch..  rctonnai.  Wall.,  ritourné. 
Vx.  fr.,  returner,  retorner,  retourner.  (V.  Retoracr .) 

Ràtri,  adj.,  flétri,  desséché  au  four  :  ((  Eh!  dites  donc,  la 
mère?  C'te  miche  é  ben  vàtrie.  » 
Bourg.,  râtri. 

Rauger,  V.  tr.,  mouvoir,  agiter,  remuer  :  «  Allons!  v'tu  te 
t'nî;  Vrauges  tôjor.  »  —  «  J'vas  qu'rî  du  lait;  rauge  les 
gaudes.  »  (V.  Roger.) 

Raug'mente,  s.  f.,  augmentation  de  prix,  renchérissement: 
«  Ben  marci!  sur  les  troquets  y  a  gros  d'ia  raug'mente!  » 
Morv.,  raugmente . 

Raug'menter,  V.  intr.,  renchérir  :  «  V'ià  l'pain  qui  raug'- 
mente; faudra  s'sârer  la  sous-ventrière.  » 
Morv.,  ra.ugmcntcr. 

Ravàchelins,  s.  m.,  débris  de  toutes  sortes,  entraînés 
d'abord,  puis  laissés  par  les  courants  d'une  inondation 
(branchages,  fragments  de  bois,  de  joncs,  de  roseaux, 
outils,  fragments  de  meubles,  de  vaisselle,  etc.).  :  «  Grand 
Dieu!  Y  a-t-i  été  tèribe!  Y  avôt  haut  c'ment  c'qui  d'raod- 
chelins  sur  les  bords  !  )) 

Rayasses,  s.  f.,  feuilles  de  raves,  ramassées  pour  le  bétail. 
On  appelle  les  Bressans  «    migeous  de  raives  »,  et  les 
Savoyards  «  croque-raves  ». 
Montr.,  raisasses. 


360  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Ravaut  (au),  loc,  au  rabais.  Presque  synonyme  de  Rabiau. 
Wall.,  au  îYioaiit.  (V.  Rabiau.) 

Raviaule,  s.  f.,  mets  dans  lequel  on  a  mis  force  raves. 
Poit.,  rahiaule. 

Ravier,  s.  m.,   tas  conique  de  raves,  de  pommes  de  terre, 
disposé  dans  les  champs  ou  dans  les  cours. 
Montr.,  rdoier. 

RAvoNÉE,  s.  f.,  sorte  d'herbe,  ayant  de  la  ressemblance  avec 
le  chiendent,  mais  qui  n'est  d'aucun  usage,  et  qu'on  briîle 
par  tas  dans  les  champs  pour  la  transformer  en  engrais. 
Genev.,  vuKonet  (raifort),  ravonaille  (roquette).  Sav.,  ra- 
voiiind  (terrain  sec  et  peu  fertile),  hocrllii  (mauvaises  herbes 
que  l'on  brûle  comme  nos  raconées). 

RÉBARBARAT1F,  ad].,  rébarbatif. 

Genev.  et  Lyon.,  vébarharatif.  Vx.  fr.,  reuharbatif. 

RebÀte,  s.  f.,  meule  verticale  des  moulins,  servant  à  gruer 
l'orge. 
Lyon.,  vabata  (faire  du  bruit,  se  disputer).  (V.   Gruer.) 

Rebauler,  et  Rebôler.  v.  intr.,   pleurer,  gémir,   crier  très 
fort,  pleurer  en  criant.  S'emploie  comme  Banler,  dont  il 
est  cependant  le  réduplicatif  :  «  D'abord  que  j'ie  quitte,  ce 
p'iiot,  ô  s'met  à  r'bauler.  » 
Morv.,  rébolcr.  (V.   Brainier.) 

Rebéquer  (se),  v.  pr.,  se  rebifïer,  se  révolter.  En  Bourgogne, 
ou  appelle  vebecca  un  enfant  insoumis. 

Ital.,  ribcccare.  Bourg.,  se  rebaiqual.  Genev.,  rebéquer 
(dégoûter,  en  parlant  des  aliments).  Movw .,ser'bailier.  Vx.  fr., 
rebecquer,  rebec  (qui  résiste,  s'insurge). 

Reberdauler,  v.  tr.,  refaire  mal  quelque  chose  :  ((  Ce  diâbe 
d'carloij,  ô  m'a  drôlement  r'berdaulé  mes  souleis!  )) 
(V.  Rabistoquer.) 

REBEiàiLLER,  Rebuyer,  ct  Reveûiller,  V.  intr.,  chercher  en 

remuant  avec  désordre,  mettre  sens  dessus  dessous,  fureter, 

bouleverser  :  «  As-tu  fini  de  7''beùiUer  dsons  mes  afâres?  » 

Bervy,  rebeuiller,  rcbouler.   Bourg.,   rebeuillai.  Bress.,  re- 


LÀ'NOAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  361 

iieuillei'.  Genev.,  rabouUlcr,  vebouilier.  Jura,  rchcalller . 
Montr.,  rpociiiUcr.  Mow .^  r'bculller,  arbeidllcr,  erbcuiller. 
Niv.,  rebcuiller,  rebouler.  Suiss.  r.,  rebouUhi.  Vx.  Iv.,  iri- 
bouiller. 

Rebeûillon,  s.  m.,  bulles  d'air,  bouillonnement  que  le 
poisson  fait  monter  à  fleur  d'eau. 

Rebor  (à),  loc,  à  rebours. 

Bas-Lat.  ,  rebursus.  Bourg.,  ai  rebor.  Vx.  f  r. ,  rebors, 
reburs,  arrebours,  rebous. 

RÉBORGER,  V.  intr.,  déborder,  passer  par-dessus  les    bords; 
«  0  prend  tant  de  sôpe,  que  son  assiéte  en  réborge.  » 
Lat.,  vergere.  Bress.,  réborger. 

Reboufer,  V.  intr.,  saillir,  ressortir  avec  gonflement,  bouffer  : 
((   Sapeùrju!    la  bail'   robe  qu'aile   avôt!   pou   darrei,  y 
r'boujbt  c'ment  eùne  marmite.  » 
Poit.,  rebouffer. 

Rebouler  des  zieù,  loc.,  rouler  des  yeux,  faire  les  gros 
yeux  :  «  L'peut  drôle!  tout  l'temps  ô  m,er  boule  des  zieù,.. 
On  dirôt  qu'ô  va  m'miger.  » 

Lat.,  revolvere.  Bourg.,  riboulai.  Bress.,  rebouler.  Morv., 
rebouler,  erbouler,  Poit.,  rtbouler. 

Rebuillon,  s.  m.,  dérangement,  bouleversement.  Faire  le 
rebuillon,  mettre  tout  sens  dessus  dessous,  mais  pour 
nettoyer  et  remettre  en  place  ensuite.  La  bonne  ménagère 
fait  souvent  le  rebuillon.  Si  la  prononciation  était  logique, 
elle  dirait  rebeûillon,  puisque  le  verbe  est  rebeùiller. 
(V.  ce  dernier  mot.) 
Bress.,  rebeûillon. 

RÉCHANDÎ,  V.  tr.,  réchauffer  :  «  Fais  eùne  flambée;  j'voudrôs 
ben  XQ^réchandi  l'bout  des  dèts.  » 

Lat.,  recandescere.  Ital.,  riscaldere.  Bress.,  réchandir. 
Montr.,  rechandre.  Norm.,  recofer.  Pic,  récaujer.  Wall., 
rehâdi.  Vx.  fr.,  reschauffer. 

Rechâner,  V.  intr.,  hennir. 

Lat.,  hinnire.  Berry,  hannir,  rechâner.  Bourg.,  rccliànai. 
Montr,,  rècaner.  Poit.,  rechanai.  Vend.,  rechegnai.  Vx.  fr  , 
henir,  hanir. 

41 


362  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

RÉCHAQUER,  V.  ti.,  recueilHr,  rattraper,  recevoir,  saisir  au 
vol  quelque  objet  qu'on  vous  jette  :  «  Réchaque  donc  l'iau 
dans  ton  bassin.  »  —  «  Hé!  jéte-me  des  cerises;  j'vas  les 
réchaquer.  ))  —  «  Coume  le  réchaques  ben  rvolant!  ô 
n'tôche  tant  s'ment  pas  la  raquéte.  » 
Bress.,  rechoquer.  Montr.,  réchaquer. 

Rechaud  (au),  loc.  :  «  S'coucheraw  i^' chaud,  ))  c'est  se  coucher 
sans  faire  son  lit  entièrement.  On  appelle  encore  cela 
retaper  non  lit.  Mauvaise  coutume  de  quelques  ménagères 
qui  craignent  leurs  peines. 

RÉCHETER,  V.  tr.,  racheter. 

Bourg.,  re'chetaî.  Pic,  racater.  Vx.  ir.,rachater,  racheter. 

Rechigner,  v.  tr.,  singer,  contrefaire,  imiter  en  raillant, 
mal  accueillir  :  «  Poui  !  c'musiau  d'singe-là,  ô  r'chigne 
tout  l'monde.  » 

Lat.,  regeminare.  Ital.,  scliemire.  Berry,  rechigner  (velever 
la  lèvre  supérieure).  Bourg.,  rejannai,  regignai,  requignai. 
Bress.,  rcjenner.  Chai.,  r^echig ner.  Cha,ii\, ,  rejauner.  Dauph., 
eichargnier .  Forez,  echar/iie,  êchargni,  échargnâ.  Lang.,  es- 
carni.  Montr.,  rechigner.  Morv.,  rechairgner,  regigner.  Pic, 
rejongler.  Prov.,  rechinar, rechinhar.  Rom. ,  cscarnir.  Rouch., 
arénier.  Toul.,  rufa.  Vx.  fr.,  escharner,  reschigner. 

RÉGIE,  s.  f.,  goûter,  ou  petite  collation  après  le  repas  du 
soir.  Répétition  du  souper. 

Bourg,  et  Champ.,  recie.  Rouch.,  cine.  (V,  QuàVheûrcs, 
Rossignon.) 

RÉciNER,  V.  tr.,  faire  la  récie. 

Lat.,  recœnare.  Bourg.,  recinai.  Champ.,  reciner.  Lille, 
rechenner.  Rouch.,  rechiner,  rechèner. 

Rec'mencer,  V.  tr.,  recommencer. 

Ital.,  ricominciare.  Bourg.,  requeniancé.  Prov.,  recomen- 
sar.  Wall.,  rikniainsi.  Vx.  fr.,  recumencer,  rccomniencier. 
(V.  Arc'mencer.) 

Recôqueriller,  V.  tr.,  recroqueviller,  racornir  par  le  feu: 
«  L'pauv'petiot!  rfeii  a  pris  ché  eusses;  on  n'a  pas  pou  vu 
l'sauver.  Quand  on  l'a  r'treùoé  dans  les  c'nises,  ôl  étôt 
tout  recbquerillé.  n 


LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  363" 

Lat.,  rccoquere.  Bourg.,  recocrillai,  recôquillai.  Vx.  fr., 
recorbiller.  (V.  Coqueriller,  Racôtl.) 

Recorder  (se),  v.  pr.,  se  ressouvenir. 

Lat.,  rccordare.  Ital.,  ricordare.  Bourg.,  recôdai.  Lorr., 
se  recouder.  Pic,  ercorder  (encourager).  Prov.,  recordar. 
Rouch.,  se  recorder.  Wall.,  rikoirdé,  recorder  (enseigner, 
répéter  une  leçon).  V.  fr.,  se  recorder.  (V.  se  Ramendeoer,  se 
Remembrer.) 

Recounaissu,  part,  de  Recounâtre,  reconnu. 
Bourg.,  requenu. 

Recounâtre,  v.  tr.,  reconnaître,  observer,  découvrir. 

Lat.,  recoçinoscere.  Ital.,  riconoscere.  Bourg.,  recueuneutre, 
rcqueuaoUre.  Prov.,  recognoscer,  reconoscer,  reconnoisser. 
Wall.,  riknuh.  Vx.  fr.,  recoaoistre,  recognoistre. 

Récurer,  et  Récueùrer,  v.  tr.,  écurer,  nettoyer  :  «  Putôt 
que  d'tailler  des  bavétes,  va  donc  récueùrer  tes  chaudrons.  » 
Lat.,    curare.    Bourg.,    récurai.    Montr.,    récurer.    Morv., 
écuhicr.  Rouch.,  récurer.  Wall.,  rihuré.  Vx,  fr, ,  recurer. 

RÉcuRON,  s.  m.,  lavette,  mauvais  linge  à  écurer. 

Bourg.,  récuron.  Morv.,  écuhion,  requeuron  (bouchon  de 
paille  pour  vaisselle). 

RÉDicuLE,  adj.,  ridicule,  et  aussi  petit  sac  que  les  dames 
portaient  jadis  au  bras  et  qu'elles  reprennent  maintenant. 
Lat.,  ridiculus.  Rouch.,  rédicule.  Vx.  fr.,  ridicule. 

RÉFRiGNÔLÉ,  adj.,  frileux,  refroidi  :  «  J'ai  fait,   à  c'maitin, 
eùn  tôr  su  la  levée;  ma  i  f'sôt  eùne  bise  du  diâbe. . .  j'seû 
tout  réfrignôlé.  )) 
Lat.,  frigidulus.  Ital.,  freddoloso. 

RÉFRiQUER  (se),  V.  pr.^  se  réjouir  d'avance  :  «  Les  griôtes 
seront   bentôt  meùrtes;   i  vcCréfrique  d'en  miger.    »    — 
«  J'vons-t-i  nous  obuyer  à  c'te  fête!  Je  mréfrique  d'y 
ginguer.  » 
Montr.,  se  rafriquer. 

RÉGAUDIR  (se),  V.  pr.,  se  réjouir,  se  divertir,  s'ébattre  :  ((  Dà! 
hier,  à  l'aport,  j'ons  fricoté,  j'ons  bu,  j'ons  dansé;  j'nous 
sons  prou  régaudis!  »  De  ce  mot,  M.  Mignard,  par  une 


364  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

étymologie  à  lui,  conclut  que  l'on  devrait  dire  :  danser  un 
régaudon  (et  non  un  rigaudon). 

Lat.,  gaudere.  Ital.,  rallcgrarsi.  Bourg.,  se  règaudi.  Bress., 
se  rc^oyi.  Montr.,  s'évaudir.  Rom.,  engausir, 

RÈGE,  s,  f.,  sillon,  raie  qui  sert  de  sentier  dans  les  terres. 
Bress.,  i^ègc.  Prov.,  rcgo.  Vx.  fr.,  i^ega. 

Reginguer,  V.  intr.,  regimber,  se  rebiffer.  N'est  pas  le  rédu- 
plicatif  de  ginguer  :  «  0  n'é  pas  ben  c'mode  ;  drès  qu'on  li 
fait  eùne  reprémande,  ô  r'gingue.  » 
Berry,  reginguer. 

Regiper,  V.  intr.,  gigoter,  tressaillir,  lancer  des  coups  de 

'  pieds,  se  débattre  avec  des  soubresauts  :  ((  Quand  j'vons  li 

bailler  l'titi,  à  ce  p'tiot,  ô  r'gipe  tô  c'ment  eùne  sarpent.  » 

—  ((  L'pauvre  houme  !  ôl  é  bé  mau  !  ô  n'peut  pu  r'giper.  » 

—  Quand  il  est  hors  de  l'iau,  le  poisson  regipe.  —  La 
forme  pronominale  de  ce  verbe  (se  i^egiper)  n'en  change 
presque  pas  l'acception.  Ainsi,  dans  les  exemples  cités,  on 
pourrait  aussi  bien  dire  :  «  Se  regipe.  )) 

Lat.,  repedare.  Berry,  giper,  regiper.  Bourg.,  regippai, 
giper,  j'upcr.  Bress.,  regiper.  Cham^. ,  giber.  Flund.,  regibier. 
Fr.-Cté,  giper,  juper.  Montv.,  regipper.  Morv.^  regiber.  Poit. 
et  Saint.,  giber.  Vx.  fr.,  rccjipper^  regiheir. 

Regret,  s.  m.,  déplaisir,  contrariété,  peine,  chagrin  :  «  I 
m'fait  regret  d'vouér  ces  pauv'gens  si  maupourtants.  » 

Lat.,  régressas.  Forez,  Lyon,  et  Nam.,  regret.  Wall.,  regret 
c/'on  nmu  (retour  d'un  mal).  Vx.  fr.,  regrès,  regret.  (V.  Ma- 
lice .  ) 

Regrigner,  V.  tr.,  froncer,  rider  :  «  L'vieux,  ôl  a  la  mine 
prou  peùte;  ô  n'fait  qu'la  rgrigner.  »  On  dit  :  ((  Eîine 
poume  regrignée.  » 
Bourg.,  regrignai. 

Regrigner  (se),  v.  pr.,  se  rider  au  moral,  s'assombrir: 
«  Pasqu'ô  va  su  l'âge,  le  père  Chose  se  r'grigne  de  pu 
en  pu.  O  craint  la  môr.  » 

Régûzer,  V.  tr.,  aiguiser,  appointir. 

Lat.,  acuere.  Bourg.,  régusai,  égousai.  Cbatill.,  règuser. 
Morv.,  raiguïer.  Vx.  fr.,  raguiser.  (V.  Remôler.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  365 

RÉGÛzoû,  S.  m.,  aiguiseur,  rémouleur. 

Bourg.,  règusou.  Moi'v.,  rai(juiou.  Toul.,  atjuset.  (V.  Re~ 
môloà.) 

Rein-ne,  s.  f.,  reine  :  ((  La  mignonne  Magrite  étôtla  rein-ne 
de  la  fête  ;  tô  Ttemps  aile  a  dansé.  » 

Lat.  et  Ital.,  résina.  Prov.,  rcfjtna,  rcina,  rcijna.  Rouch., 
roine.  Vx.  fr.,  rcïiie,  roïne,  roi/ne. 

Rejauper,  V.  intr.,  rebondir  :  «  Ma  balle?  Gageons  que  j'ia 
fais  rjauper  pu  haut  qu'toi.  »  Se  dit  aussi  d'une  personne 
qui  saute  lestement  :  «  Le  bigre!  ô  n'é  pas  gambi;  ô  r'Jaupe 
tô  c'nient  eùne  bique.  » 
Bourg.,  rejoupal. 

Rejicler,  V.  intr.,  rejaillir. 

Lat..  rcjiccrc.  Dauph.  et  Genev.,  rcçjicler.  Lang.,  rcjiscla. 
(V.  Jicler.) 

Relaver,  v.  tr.,  laver,  mais  seulement  pour  la  vaisselle: 
«  V'tu  ben  aller  r'/are/' tes  assiettes;  »  autrement,  pour  le 
linge,  par  exemple,  on  dit  :  laver. 
Pic,  Rouch.,  WaU.  et  Vx.  fr.,  relaccr. 

Relaveuse,  s.  f.,  laveuse  de  vaisselle,  qu'on  prend  souvent 
en  aide  dans  les  grandes  occasions. 
Pic,  rclavensc.  Rouch.,  relaceussc. 

Relavure,  et  Relaveùre,  s.  f.,  eau  sale  provenant  du  lavage 
de  la  vaisselle. 
Rouch.,  vclaGuve. 

Réleiîmer,  V.  tr.,  rallumer  :  «  J'ai  èicindu  la  lampe;  faut-i 
que  j'ia  véleàmef  » 

Bourg.,  rélernai.  Morv.  ,  railcmer.  Rouch,,  valeunicr. 
Vx.  fr.,  ralumer,  ^'allumer. 

Relicher,  V.  tr,,  lécher  :  ((  Qu'ô  bouéve,  qu'ô  mainge,  le 
fichu  gormand,  ô  se  r'iiche  tô  l'temps  la  babouine.  » 

Relucher,  V.  tr.,  reluquer,  lorgner  du  coin  de  l'œil, 

Genev.,  relucher.  Luxemb.,  lâcher.  Morv.,  eurluquer. 
Pic,  erlukcr.  Rouch..  relouquer.  Wall,,  louki,  rilouki, 
louker,  loukier. 


366  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Relùre,  V.  intr.,  reluire,  briller. 

Lat.,  relucere.  Ital.,  rilacere.  Bourg.,  reluire.  Prov., 
reluzei',  reluzir.  Wall.,  rilûr.  Vx.  fr.,  reluire.  (V.  Trèlure.) 

Relusôt,  s.  m.,  étincelle,  tison,  reste  de  feu  :  «  0  v'iôt 
s'chaufer  les  dèts,  ma  n'y  évôt  pu  qu'ein  r'iusbt  dans  la 
chvinée.  »  (V.  Lusbt.) 

Remander,  v,  tr.,  repriser,  raccommoder  des  vêtements,  du 
linge,  etc.  «  Drôl'  d'emplâtre!  a\n'sait  pas  tant  s'ment 
r'mander  ses  bas  !  )) 

Ital.,  rammendare .  Esp.,  remandar.  Bress.,  remcnder. 
Mac,  remander.  Montr.,  remeader.  Morv.  ,  reinander, 
raimender ,  ermander .  Rom.,  ramandcr.  Sav. ,  remêdâ. 
(V.  Rabistoqucr^  Rahohlner.) 

Remarcier,  V.  tr.,  remercier,  rendre  grâces. 

Bourg.,  remarcié.  Prov.,  reniarciar.  St-Am.,  remâche. 
Wall.,  rimersi.  Vx.  fr.,  mercier. 

Rémasser,  V.  tr.,  ramasser,  prendre,  relever. 
St-Am.,  rarnôsé.  Vx.fr.,  r'a/nasser. 

Remaugeoîi,  et  Remaugeù,  s.  m.,  rebouteur,  celui  qui  remet 
les  fractures,  les  foulures.  Ces  sortes  de  raccommodeurs, 
qui  parfois  réussissent,  sont  très  courus  dans  les  villages, 
et  la  ville  n'est  pas  sans  y  avoir  encore  un  brin  de  con- 
fiance. Se  croire  guéri  est  donc  quelque  chose? 

Berry,  armigeux,  remcgeux,  i-egoiigneux.  Bress. ,rcmaufjeur- 
Morv.,  raimoingeou,  remanceu,  rcbouteu,  rcgôgnou. 

Remauger,  V.  tr.,  remettre  les  foulures,  les  fractures.  Quand 
le  rebouteur  cherche  à  remettre  en  place  un  membre  cassé, 
un  muscle  déplacé,  il  remauge. 
Mont.,  remauger.  (V.   Elicher.) 

Remeimbrance,  s.  f.,  mémoire,  souvenir  :  ((  J'I'ai  voyue 
quête  part;  j'en  ai  ben  eùne  idée  de  r meimhrance .  » 

Berry  et  Montr.,  remenbrance.  Morv.,  mcmbrance .  Poit., 
remembrée.  Pvov . ,  remembransa.  Vx.  fr.,  ramembrance. 

Remeimbrer  (se),  v.  pr.,  se  rappeler,  se  remémorer. 

Lat.,  rememorare.  Ital.,  remembrare.  Angl.,  to  remcmber. 
Bourg.,   se  remrnnhrai.    Norm.,  se  remambrer.  Poit.,  se  re- 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  367 

mernhrai.  Vx.  fr.,   memhrer,   amcmbrer,  ramembrer.  (V.  se 
Ramendcvcr,  se  Recorder.) 

Remesse,  s.  m.,  balai.  Les  sorcières  allaient  au  sabat  à 
cheval  sur  des  manches  à  balais;  on  les  appelait  ramas- 
sières.  Au  XV'^  siècle,  une  «  ramassière  »  fut  brûlée  à 
Nuits.  En  balayant,  on  remesse. 

Lat.,  ramus.  Ital.,  rama^ura.  Bourg.,  remaisse,  reniaice, 
7'atV?tosse (correction).  Forez,  ramat.Yv.-Ciè,  remaisse.  Genev,, 
ramassa.  Lille,  ramon.  Mac,  ramo .  Mess.,  rèmon.  Montr., 
remai.  Norm.,  ramon.  Prov.,  ramas.  Rom.,  donner  la 
ramasse  (avec  un  fouet  formé  des  ramées  du  balai).  Rouch., 
ramon.  Sav.,  remasse.  Wall.,  ramon.  Vx.  fr.,  ra«io/t  (ramo- 
nage). (V.  Raim.) 

Remesser,  V.  tr.,  balayer. 

Rouch.,  ramoner.  (V.  Balii/er,  Remesse.) 

Remessure,  s.  f.,  ramassis,  balayure. 

Bourg.,  remaissure.  Roucli.,  ramonure.  (V.  BaUyure.) 

Remétu,  part.,  remis. 
Morv.,  remettu. 

Remôler,  V.  tr.,  aiguiser  couteaux  et  ciseaux  sur  une  meule. 

St-Am.,  remoulé.  (V,  Réguser.) 

Remôloû,  etR'MOULEÛ,  s.  m.,  rémouleur. 

Bas-Norm.,  èmouleux.  Genev.,  moliére.  Pic,  rameuleux  . 
Wall.,  rimoleu,  (V.  Régusou.) 

Remontrer,  v.  tr.,  montrer,  apprendre,  enseigner  :  «  Le 
mâtre  li  r'monire  l'écriture.  » 

Lat.,  monsirare.  Ital.,  mostrare.  Berry,  rebontrer,  bontrer. 
Hain',  monstrer,  montrer.  Morv.,  remontrer .  Prov.,  mostrar. 
Wall.,  rimostré,  mostrer.  Vx.  fr.,  remonstrer,  mostrer, 
mustrer,  monstrer. 

Rempirer,  V.  intr.,  aller  plus  mal  :  «  L^méd'cin  é  ben  v'nu; 
n'empôche  que  l'pauv'diâbe  rempire.  » 
Rouch.,  rempirer.  Vx.   fr.,  r' empirer. 

Rempleinsir,  V.  tr.,  remplir  :  «  Aile  évôt  trop  rempleinsi  sa 
marmite  ;  la  sôpe  a  reborgé.  » 

Prov.,  remplir.  St-Am.,  repli.  Wall.,  reinpli.  Vx.  fr., 
rempler^  replenir,  raemplir,  reamplir. 


368  LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Rempleûmer  (se),  v.  pr.,  se  remettre  clans  ses  affaires. 

Rouch.,  rcinplcumer.  Wall.,  reploumé.  Vx.  fr.,  remplumer. 

Renâquer,  V.  intr.,  cracher  de  gros  crachats  tirés  du  nez. 
Bourg.,  renaquai. 

Renard  (prendre  le),  loc.  C'est  se  livrer  aux  réjouissances 
qui,  tous  les  ans,  terminent  la  grande  opération  de  la 
moisson.  Le  soir  du  dernier  jour,  pour  la  rentrée  à  la  ferme, 
on  enjolive  la  voiture  finale,  que  les  plus  ingambes  sur- 
montent d'une  croix  confectionnée  avec  des  épis,  et  ornée 
de  tleurs  et  de  rubans  entremêlés.  Toute  la  bande  des  gars 
et  des  fillettes,  que  précèdent  les  vieux,  suit  le  char  en 
chantant  et  surtout  en  huchant,  c'est-à-dire  en  jetant  à 
tout  propos  et  hors  propos  leur  cri  favori  de  :  You  cou  cou! 
qui  se  répercute,  sonore,  tout  le  long  de  la  route.  Arrivé  à 
la  ferme,  ce  nombreux  personnel  s'attable,  fait  au  copieux 
dîner  l'honneur  d'un  appétit  et  d'une  soif  pantagruéliques; 
puis,  pour  aider  à  la  digestion,  l'on  gagne  la  grange  où 
l'on  danse  au  son  du  crincrin  et  de  la  gonfle,  qu'on  a  tou- 
jours sous  la  main  pour  la  circonstance.  —  Analogie  avec 
la. paulée  (v.  ce  mot).  —  Mais  «  le  Renard'^  »  On  ne  le 
voit  guère  apparaître  dans  tout  cela,  —  C'est  vrai.  La 
coutume  a  survécu  à  son  étiquette.  On  ne  retrouve  pas  le 
pourquoi  de  cette  dénomination. 
Montr.,  prendre  le  renard. 

Renâré,  adj.,  défiant,  fin,  rusé  comme  un  renard. 

Bourg.,    rendrai.    Lille,    renarè.   Poit.,    renarde.    Wall., 
renarè.  Vx.  fr.,  renarde. 

Renârer,   v.  intr.,  rusailler,  user   de  finesses    comme  le 
renard. 
Bourg.,  rendrai.  Poit.  et  Vx.  fr.,  renarder. 

Rendoublée,  s.   f.,  redoublement,  souvent    d'injures.    Ne 
s'emploierait  pas  pour  la  répétition  d'une  chose  agréable. 
Il.-V%  reoeni.  Montr.,  rendoublée. 

Rendoublée  (de),  loc.  adv.,  à  nouveau  :  «   Quand  ôl  a  évu 
bise  la  p'tiote,  ô  l'a  cor  bise  de  rendoublée.  » 

Renfrougné,  adj.,  refrogûé,  mécontent. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  369 

Genev.,  reJroii(jnc.  Pic,  crfrigac,  recafrofjiiô.  Vx.  fr., 
rcfronf/ni\  rcfroiijité,  f(!iiJron;jnc. 

Rengueùgner,  V.  tr.,  reboiitcr.  Ne  pas  confondre  avec  lian- 
gaeàgner.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Ren-nhausser,  V.  tr.,  rehausser,  mettre  plus  haut  (prononcez 
/•an . . .  ) 
Morv.,  rcimausser.  Wall.,  l'ihôssi.  Vx.  fr.,  rchaulsor. 

Renicler,  V.  intr.,  renâcler;  au  figuré,  hésiter,  reculer  : 
((  Qu'é  c'qu'y  ét-i  qu'ôl  a  dans  l'nazô,  qu'ô  r'nicle  tôjor?  )) 
—  «  On  disôt  qu'ô  li  flanquerôt  eùne  trempe;  ma  ôl  a 
reniclé.  » 

Berry,  re/ilclcr.  Genev.,  renasqner.  M'all.,  reniclé.  Vx.  fr., 
rcnaquer,  renasqaer. 

Reniquer,  V.  tr.,  renier,  refuser  la  chose  promise. 
Moi'V.,  euvniquer. 

Renmouceler,  V.  tr.,  amonceler,  ramasser  en  tas  :  «  Attends 
vouer,  que  yrenmoucéle  mes  calas  dans  mon  d'vantei.  » 
Pic,  ranionckeler. 

Renoille,  s.  f.,  grenouille. 

Lat.,  vnnicula.  Bourg.,  renoille,  reiiouille,  renouvelé.  Bress., 
renoille.  Four.,  reneidlle.  Fr.-Cté,  renoille.,  renotieille.  Genev., 
renoille.  Lim.,  gronoaillo.  Lyon.,  granolli.  Montr.,  renouille. 
Morv.,  renoueillc.  Sav.,  reneidlle.  Vx.  fr. ,  renouille.  (V.  Râ- 
note.) 

Renter,  V.  tr.,  repriser,  remonter,  rempiéter  :  «  Aile  tricote 
bé  ben;  aile  m'a  rente  qIxïi  paire  de  bas.    »  C'est  tricoter 
des  pieds  à  de  vieux  bas  dont  on  a  conservé  les  jambes. 
Morv.,  renter.  Vx.  fr.,  rantcr. 

Rentôrner  (se),  v.  pr,,  s'en  retourner  :  «  Piarot  é  v'nu.  0 
v'iôt  m'dire  qu'ô  vourôt  ben...  ma,  l'béta,  ô  s'é  ventorné 
sans  oser.  » 

L.B.t.,retornare.  lta,l., ritornare.  Berry,  ratourner,  artourner. 
Bourg.,  retonncd.  Prov.,  retornar.  Wall.,  ritourné.  Vx.  fr., 
retorner,  rcturner. 

Renvarser,  v.  tr.,  renverser,  détruire,  faire  tomber. 
Bourg.,  rancarsè.  St-Am.,  rèvresé.  Vx.  fr.,  rcnoerser. 

42 


370      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUXO -CH ALONNAIS 

Renvïer,  V.  tr.,  renvoyer,  rendre,  restituer. 
Morv.,  rcnvicr.  Vx    fr.,  reiircicr,  rcncoier. 

Repailler,  v.  tr.,  rempailler  :  «  La  Giraude  a  passé;  j'ii  ai 
baillé  mes  cheires  à  r' pailler.  )) 
Genev.,  repailler. 

Repailloû,  s.  m.,  rempailleur  de  chaises. 
Genev.,  repaillcur. 

RÉPANCiiER,  V.  tr.,  épancher,  répandre. 

Bourg.,  rcpanchai,  èpeinchai.  Vx.  fr.,  respniidre. 

RÉPARME,  s.  f.,  épargne,  économie. 

Bourg,  et  Morv.,  rèparnie.  Vx.  fr.,  espergne,  cspargne. 

RÉPARMER,  V.  tr.,  épargner,  mettre  de  côté  :  «  Si  ù  n'dépense 
ran,  y  é  pas  faute  d'avouer;  ô  réparme  prou.  » 

Lat. ,  parcere.  Ital.,  risparmiare.  Bourg.,  rèparmai,  épar- 
mai.  Bress.,  Fr.-Cté,  Montr.  et  Morv.,  rèparmer.  Prov., 
cspargnar.  Suiss.  r..  rcperma.  Wall.,  spàrgni .  Vx.  fr., 
es/iarner,  esparnier,  cspargnier. 

Repentu,  part.,  repenti. 

Morv.,  repeiita.  Wall.,  ripeinti.   Vx.  fr.,  repcnli. 

RÉPEÙLER  (se),  V.   pr.,  se  rappeler,   se  souvenir  :    «    Voui, 
voui,  l'malhureux,  bs'vépeùle^tvow  d'  l'avouer  argardée!  » 
Vx.  fr.,  rapcler.  rappeler. 

Repiquer,   v.   intr.,    augmenter   de  prix,    reprendre   de    la 
valeur  :  ((  Au  marché,  i  n'se  vendôt  pas  gros  d'aibord; 
ma,  par  après,  la  vendue  a  r' piqué.  » 
Morv. ,  repiqué . 

RÉPOUNER,  v.  tr.  etintr.,  répondre,  raisonner  :  «  A  tô  c'qu'on 
li  a  dit,  ôl  a  tôjor  répounu.  » 

Lat.  et  Ital.,  responderc.  Cogn.,  répouner.  Morv.,  repnuner^ 
Prov.,  rcspondrc.  Wall.,  rcspond'.  Vx.  fr.,  respniidre,  res- 
pondrc. 

Reprémande,  s.  f.,  réprimande. 

Lat.,  rcpriine/ida.  Vx.  fr.,  repi'iinande. 

Reprocher,  v.  intr.,  revenir,  en  fait  de  digestion,  donner 


LANGAGE    FOPL'LAIIΠ   VEKDUNO-CMALO.NNAIS  371 

dos  rapports  :  «  Je  n'inuingc  pu  (l'boudin;  loiUe  la  jornée 
ô  me  r  proche.  » 

Beri'y,  rcprcnchcr.  Bi'ess.,  rc/oui/lcr.  Genev.,  rcproclivr. 
Prov.,  rcprofx'hdv.  Vx.  fr.,  rc/n-oc/iicr,  i-c/iruccr.,  fcproiivlicr. 
(V.  Farfouiller.) 

RÉPUGNER,  V.  ti'.,  regarder  avec  répugnance  :  ((  C'te  Toinéte, 
allée  si  mauprope,  i[\\Q  y  répugne  c'qu'all'  nous  fricote.  » 
Lat.,  repii(/iiarc.  Ital.,  r('pi((jii:irc,  rifudjuare.  Prov.,  rcpu- 
giiar.  Vx.  l'r.,  rc/iKfjiicr. 

RÉsiPÈLE,  s.  ni.,  érésipèle,  ou  mieux  érysipèle. 
Roucli.,  ri:-<ipcrc. 

Ressembler,  v.  intr.,  l'essemliler  à  :  a  I/genti  p'iiot!  0 
ressembe  son  peire;  y  é  lu  tout  naqué.  »  —  On  dit  bien  : 
ressembler,  ressembleint  ;  mais,  devant  Te  muet,  le  l 
tombe  :  ressembe. 

Ital-,  rit^entbrarc.  Berry,  arscmhlcr.  Bourg.,  rcsaii/iai. 
Bugey,  rc's.^iinhla.  Lorr.,  rcsaniicr.  Montr.,  retirer  de... 
Morv.,  inutei'  (sow  père),  l'ic,  rassa/iei',  re.'isa/ier,  ersianer. 
Piov .,  ressemblai',  resse/Jilur .  W'nïl..  7-issoué,  rassoie.  Vx.  fr., 
reseinhler,  r-essambler.  (V.  Sembler.) 

RÉssu,  part.,  ressué.  Se  dit  de  certains  corps  qui  rendent  de 

riuimidité  iiiléricure.   Chez  nous,   réssu  constate  que  ce 

rendement  est  terminé.  Une  chose  réf>sue  est  une  chose  qui 

a  été  mouillée  et  qui  cesse  de  l'être,  ressuyée. 

Ita!.,  risudare.  Prov.,  resitdar,  re^adar.   Vx.  fr.,    rrssuc. 

Rétaquer,  V.  intr.,  bruire  avec  éclat.  Ce  verbe,  sans  équi- 
valent, ne  s'applique  guère  qu'au  bruit  du  tonnerre.  Le 
paysan  dit  :  ((  Le  tounare  rétaqae.  n  Le  réduplicatif  indique 
l'intention  d'exprimer  des  coups  qui  se  succèdent. 

Retinton,  s.  m.,  écho,  reflet,  léger  souvenir  d'une  personne 
ou  d'une  chose  :  «   1  m'répeùle  eùn  brin  la  p'tiote;  j'en  ai 
c'ment  eùn  r'tinton.  )) 
Cogn.  et  Poit.,  retinlon.  (V.  Retintoiùn.) 

Retintouin,  s.  m.,  arrière-goût,  reste,  retour  :  «  Quand  j'ai 
migé  du  fromage,  j'en  ai  tôjor  eùn  r  tintouin  dans  l'gar- 
guillôt.  »  —  «  01  a  évu  eùn  r'tintouin  d'coli(iue.  »  —  En 


372  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

plus  d'un  cas,  ce  mot  et  le  précédent  sont  S3aionymes,  avec 
cette  nuance  que  le  premier  s'applique  volontiers  au  moral, 
et  le  second  au  physique.  (V.  Retinton.  ) 

Retor,  s.  m.,  retour,  action  de  revenir  d'un  endroit. 

Ital.,  ritorno.  Berry,  ratour,  artour.  Bourg.,  vctor.  Piov., 
rctora.  St-Am.,  rctou.Yx.  h\,  retor.  (V.  Rutonr.) 

Retôrne.  s.  m.,  retour,  remise  sur  un  marché,  échange  : 
((  0  v'iôt  m'bailler  son  pré  cont'  le  mien;  ma  ô  d'mandôt 
eùne  trop  grosse  retôrne.  » 
Bourg.,  retonèe.  Morv.,  retôrne. 

Retorner,  V.  intr.,  retourner,  revenir. 

Ital.,  ritornare.  Berry,  ratourner,  artoiirner.  Bourg., 
retonai.  Morv.,  retorner.  Prov.,  retornar.  Wall.,  ritourné. 
Vx.  h'.,  rétamer .  (V.  Ratourner.) 

Retrait,  s.  m.,  lieu  où  l'on  se  retire,  latrines.  Nos  grands- 
pères  n'avaient  d'abord  que  les  champs  et  les  prés,  où 
chacun  allait  «  voile  au  vent  )^  Puis  ils  établirent  ce 
réduit  intime,  mais  le  plus  loin  qu'ils  purent  de  l'appar- 
tement :  au  fond  d'une  cour,  au  bout  d'un  jardin.  Au  point 
de  vue  de  l'odorat,  c'était  bien;  mais  ayez  donc  la  colique 
la  nuit,  et  par  la  pluie  ou  la  neige!... 
Vx.  fr.,  retraict,  retret. 

Reùbe,  et  ROBE,  s.  f.,  robe. 

Ital.,  roba.  Prov.,  rauba.  St-Am.,  roula.  Vx.  fr.,  reube, 
robe,  robbe. 

Reûche,  s.  f.,  corbeille  en  osier,  d'une  forme  spéciale,  pour 
mettre  la  pâte  à  porter  au  four. 

Fr.-Cté,  ruchote.  Morv.,  i-euchon.  'Sorm.,  ruchof,  ruehrtte. 
(V.  Boinon .) 

Reûme,  s.  m.,  rhume. 

Lat.,  rheuina.  Ital.,  reuina.  Bourg,  et  Morv.,  reuinr.  Prov., 
rcuma.  Rouch.,  rlieuine.  St-Am.,  rëniou.  Toul.,  raunias. 
Vx.  fr.,  reumc,  rheurne. 

Reûmoû,  adj.,  enrhumé,  qui  tousse  habituellement. 
Bourg.,  reumculoa. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  373 

Reûtoner,  V.  iiitr.,  trop  tromper.  .Se  dit  de  la  soupe  dans 
laquelle  on  a  coupé  le  pain  trop  longtemps  d'avance,  et  do 
sauces,  de  mets  qui  cuisent  et  recuisent  indéfiniment: 
«  Ta  fricassée  n'a  pas  bon  goût;  t'ias  laissé  reûtoner,  » 
(V.  Beùrtaler.) 

Revarper  (se),  et  Reverper  (se),  v.  pr,,  se  redresser,  se 
raidir  contre  quelqu'un,  lui  tenir  tête,  se  rebiffer  :  «  Le 
diâbe!  drès  que  j'voux  l'envier  à  l'école,  ô  se  r' carpe  coume 
ein  chat  en  coulàre.  » 

Bourg.,  rcparpi,  vccarpai.  Bress.,  rccarpai.  Montr.,  re- 
varper. TouL,   rcguina.  Vx.   fr.,  hcrpcr,  lierapcr,   rcharber. 

Revenge,  s.  f.,  revanche,  coup  rendu  pour  un  coup  reçu. 
Bei'ry,   revenchc,   revangc.    Bourg.,   rcoainche.  Bress.,   re- 
ecage.  TouL,  rcbcnjo.  Vx.  fr.,  receiicke,  revanche. 

Revenger,  v.  tr.,  venger,  revancher,  défendre  quelqu'un  : 
«  On  li  f'sôt  du  mot,  à  c'petiot;  je  l'ai  reoengé.  » 

Lat.,  oliidlcare.  Berry,  reoaii;jcr,  rccciiclicr.  Bourg.,  re- 
vainchai,  reoain/ai.Co'^n.,rccenoer.  Genev.  et  Midi,  rccanger. 
Montv. ,  reoenger.  Morv  ,  rcooiiiger.  Pic,  crcinger.  Rouch., 
crccngcr,   recengcr.  Vx.  fr.,  reccngcr,  reeanchcr,  reocngier. 

Revenî,  v.  tr.,  ranimer,  redonner  de  la  vigueur  :  «   01  étôt 
bé  mau;  ma  j'ii  ai  beillé  eiane  gôte  pou  li  roeni  l'cœûr.  » 
Lat.,   reoeiiire.   Ital.,    rineairc.    Berry,  areenir.   Bress.    et 
Prov.,  recciiir.  Wall.,  rient.  Vx.  fr.,  reoenir. 

Reverdière,  s.  f.,  verdier,  oiseau. 

Berry,  cerdrin.  Bress.,  reoordière.  Doubs,  vo'ijotiere.  Guern., 
Kcrtbernant.  Morv.,  verdais,  acrdin,  ccrdoie,  ccrdulc,  ver- 
dange.  Norra,,  tcrdvix. 

Reviauler,  v.  intr.,  aboyer  en  gémissant  :   ((  Tôte  lai   neùt 
j'entends  pô  lai  rues  des  chins  qui  r\naidont.  » 
Morv.,  reviauler. 

Revoiller,  et  Ravoiller,  v.  tr.,  réveiller  :  «  0  dremôt  su 
l'ôvraige;  j'te  l'ai  brament  réooillé.  » 

Lat.,  eoigilare.  ItaL,  risoegliare.  Berry,  draoiller.  Bourg., 
rèoaillè.  Lim.,  reoe/(er.  Lorr.,  rcoaillé,  récoillè,  ravài/i.  Mac, 
cceilli.  Morv.,  rêcaillè.  Prov.,  reoeihar.  St-Am.,  récelr/ë. 
Vx.  fr.,  resoeiller.  reoeliier,  esceillcr. 


374      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO -CHALONNALS 

Revouérons,  fut.  de  recouér,  reverrons  :  ((  Boasauér!  J'm'en 
vas;  ma  j'nous  r'oouérons.  » 
Bourg.,  rci'oiron. 

REVU,  part.  pass.  de  rarmter  :  «  J'évô  guâri  mon  reùme,  é 
pi  j'en  ai  t'^écu  eùn  aute.  »  Eu  {(kni)  avec  réduplicatif. 

R'gueùlisse,  s.  m.,  réglisse  :  «  J'ieùsse;  j'vas  m'éclieter  du 
v'yaeùlisiie.  »  Encore  un  des  mots  dont  nous  avons  changé 
■le  genre. 

Lat.,  lii/iiiritia.  Ital.,  i'eijolhu(.  Berry  et  Genev.,  argue- 
lisse.  Pic,  régolic/ic,  fiii'jolii'/i(\  ringolisse.  Prov.,  rcgulecia, 
rcgalicia,  regiiellcia.  Rouch,,  règtièlissc.  Wall.,  i^e/iOuUss. 
Vx.  fr.,  fccnlisse,  ficollsse,  regulisse^  iccitetllisse , 

Rl\che,  adj.,  rèche,  âpre  au  goût,  au  toucher.  —  S'applique 
au  figuré  pour  un  caractère  diliicile. 

Allem.,  rcsche.  Bourg.,  rldclœ.  Pic,  réiic.  Rouch-,  rldche. 
Vx.  fr.,  recch. 

Rl-^u,  s.  m.,  œuf  que  les  villageoises  laissent  en  réserve 
pour  indiquer  aux  poules  l'endroit  où  elles  doivent  pondre. 

Riaume,  s.  m.,  royaume.  En  terme  de  notre  ancienne  marine 
fluviale,  rive  droite  :  «  Vira  de  riaume!  »  Tourne  du  côté 
de  royaume!  c'est-à-dire  du  côté  de  la  ri\e  droite. 

Le  Forez  a  :  mare  pour  rive  droite,  et  :  galerne  pour 
rive  gauche.  (V.  Bvonquov,  Pire.) 

Ribon-Ribaine,  loc,  bon  gré  malgré.  Aujourd'hui  peu  em- 
ployée chez  nous,  et  rép;indue  plus  loin  que  la  Bourgogne. 
On  la  trouve  chez  Rabelais,  Saint-Gelais,  etc.  —  C'est 
par  ces  deux  mots  que  débutent  les  fameux  Noeï  Bor- 
guif/non  de  Gui  Barôzai  : 

Grand  Dei,  ribon-ribène,  ai  fan  qiianjinféclaite.  .  . 

Bourg.,  ribon-ribène.  Tou\. ,rihou/i-ribogro.  Vx.  iv.,ribon- 
ribnnnc.  (V.  le  Glossaire  de  La  Monnoye,  dans  notre  première 
édition  des  Noëls,  de  1842.) 

RiDiAu,  S.  m.,  rideau,  toile  tendue  pour  cacher. 

Bourg.,  ridià.  Il.-V%  ridiau.  Lorr.,  ridia.  Mac,  ridiau. 
St-Am.,  rcdgo.  Vx.  fr.,  ridel,  rideau. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUXO-CHALONNALS  375 

RiFLER,  V.  tr.,  effleurer,  raser,  frôler  :  «  Crapau!  ton  caillou 
m'a  rijlé  l'orille.  » 

Champ.,  èri/Icr.  Genev.,  rillcr .  Lang. ,///.-;«.  Lim.,  rljlfr, 
Morv.,  fret  lier,  f'rilcr  (anagramme  de  rijler.)  Norm.,  èrajler, 
crifler.  Pic,  rijler.  Wall.,  rijjfler.  Vx.  fr.,  èra/ler,  ùrijler, 
riffler  (pi-endre).  (V.  Rafler.) 

RiGOULE,  s.  f.,  rigole,  petit  fossé,  tranchée  pour  planter. 
Vx.  fr.,  rigolla,  rigiiotc. 

RiGouLER,  V.  intr.,  couler  dans  une  rigolo. 

Lat.  et  Ital.,  rigwe.  Berry,  rioler.  rûjoler.  Bourg.,  rif/ôlai. 
Champ.,  rigoiiler,  rigoler.  Morv.,  rigouler. 

RiGUE,  s.  f.,  réunion  d'individus  qui  font  un  travail  en 
commun  :  «  La  rigne  des  crocheteurs.  »  Par  extension, 
bande,  société  :  Une  joyeuse  rir/ue;  faire  partie  d'une 
rigue.  [Y.  Bade.) 

Rimé,  adj.,  odeur  et  goût  désagréables,  contractés  par  les 
aliments  trop  cuits  qui  se  sont  attachés  au  fond  du  vase 
sur  le  feu  :  «  Ah!  Jean-néte,  tes  gaudes  sentent  Vrimé!  » 
Bourg.,  rimai.  Forez,  riima .  Lang.,  rima,  riimn,  rnmagn. 
Poit.,  rimai.  Prov.,  rima,  rninaga.  Rom.,  rima.  Saint., 
riniè.  Toul.,  ratnn.  Vx.   fr.,  rime. 

Rincée,   s.  f.,  averse,  réprimande,  volée  de  coups.  (V.  une 
quantité  de  synonymes  de  cette  dernière  acception  :  Daubée, 
Dégelée,  Pignée,  Pile,  Raclée,  Roulée,  Volée,  etc. 
Genev.,  Montr.  et  Midi,  même  mot. 

RiNGUER,  V.  tr.  et  intr.,  regretter,  être  privé  d'une  chose,  se 
passer  avec  tristesse  de. . .  :  «  Ah!  voui,  ma  pauv'petiote, 
quand  t'vas  été  partie,  j'vas  joliment  i'ringuer!  » 

RiÔLE,  s.  f.,  gaieté.  «   Être  en  viole,   »   c'est  être  en  joie, 
presque  faire  la  débauche.  Se  prend  en  bonne  et  en  mau- 
vaise part. 
Berry,  riole.  Bourg.,  riàlc.  Bress.,  riole.  (Y.  Riôler.) 

RiÔLER,  V.  intr.,  fêter,  se  réjouir,  se  livrer  au  plaisir. 

Boui'g.,  riôler.  Genev.,  rioler  (rabâcher).  Morv.,  riôler. 
(V.  liiùle.) 


376  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

RiON,  S.  m.,  rayon,  sillon.  «  Semei*  les  rions,  »  c'est  semer 
quelques  grains  le  long  de  la  raie  mitoyenne  des  sillons. 
(Ce  mot  n'est  qu'une  contraction  de  rayon, comme  riaiune, 
de  royaume.) 
Norni.,  rion. 

RiORTE,  s.  f.,  brin  d'osier  tordu  et  servant  de  lien,  lien  fait 
d'une  brancliette  d'arbre.  On  lit  dans  J.  Guillemin  :  «  Sur 
les  bords  du  Doubs  on  les  appelle  des  illons,  je  suppose, 
parce  qu'elles  (ces  branchettes)  croissent  sur  les  petites  îles 
qui  parsèment  le  fleuve.  ))  Ce  n'est  pas  tout  à  fait  juste. 
(V.  notre  mot  lions.) 

Lat.,  vetorta.  Auv.,  redorte.  Berry,  r^otie,  rlotte,  rouelle. 
Bourg.,  èrouelte.  Champ.,  rouelle.  Dauph.,  riorla.  Forez, 
ariôle,  riôlo.  Fr.-Cté,  rorle,  riorle,  rôlio.  Genev..  rloulc. 
l-.yon.^  riota.  Montr.,  riorle,  rorle.  Morv.,  rouèlc,  rouole. 
Poit.,  rouelle,  riorle,  rlorlonc.  Prov.,  rcdorla.  Rom.,  rorle. 
Suiss.  r.,  rioula.  Vx.  fr.,  rlole.  (V.  Riôle,  Rôle.) 

RiÔTE,  s.  f.,  perche  de  chêne  tordue,  servant  à  la  confection 
des  radeaux.  (V.  Riorle,  R(Jle.) 

Riper,  v.  intr. ,  glisser,  s'échapper  :  «  Oh!  c'gueîirdin 
d'pouésson,  ô  m'a  ripé  entre  les  dèts.  » 

Bei'ry,  riper,  criper.  Aunis,  Morv.,  Poit.,  Saint,  et  Vx.  fr., 
7'iper. 

Riquiqui,  s.  m.,  toute  liqueur  de  dessert  quelconque,  eau-de- 
vie,  rhum,  genièvre,  etc.  :  «  Hardi!  mon  vieux!  eùne  gôte 
de  riquiqui  pou  fâre  descende  le  dîner.  » 

Bourg.,  Dauph.  et  Genev.,  rirpdqui.  Pic,  rikild.  Sav., 
riquiqui  (garçon  espiègle). 

RiSANT,  part,  prés.,  riant,  caressant. 
Bourg.,  risan.  Vx.  fr.,  riaiil. 

RisÔTE,  s.  f.,  risette,  entre  le  rire  et  le  sourire,   surtout  bon 
rire  enfantin  :  «  Allons,  p'tiot,  fais  risole  à  man-man.  » 
Berry,  riole.  Champ.,  rios,  riol,  riole.  Morv.,  risolle.  Norm., 
riole,  rioc/ie.  Pic,  liole.  Prov.,  riscl.  Saint.,  risolle. 

Risoù,  s.  m.,  rieur,  moqueur  :  ((  C'drôle!  yéteinch'ti  risoù; 
ô  r'chigne  tous  ceûsses  qui  passont.  » 


LANGAGE    POPULAIRE    VF.RDUNO -CMALONNAIS  377 

Bei'ry,  rieiix,  vicaiicax.  Laiig.,  fi::u((Uè.  Morv.,  riou,  risou 
rlckea.  Norm.,  richoinc.  Iloucli.,  rio((.'lo\i\.  ^  risoul/ic.  Wall., 
rioa,  riourtc,  ryca. 

Risu,  pass.  du  verbe  rire  :  «  AU'  li   a  disu  quét'chouse  à 
l'orille,  é  peu  ôl  a  /v'.s'u,  ùl  a  visa!! .  .  .  » 
Moi'v.  et  Suisse,  /v'j». 

RivEiRE,  s.  f.,  rivière.  Nous  sommes  fiers  des  deux  nôtres. 
Lat.,    ripa.    Ital.,   ridera.   Berry,   rioièe.    Bourg.,    riccire. 
Miic -,    rcoiro.   Montr.,  rccùrc.    Morv.,  ricicc.  Pvov.,    ribeira, 
rlbaijra.  St-Am.,  retire.  Vx.  fr.,  rivière. 

R'loge,  s.  m.,  horloge.  Encore  un  genre  changé  :  «  J'ons 
un  bon  }''lofje  cheii  nous.  J'veins  d'ie  r'raonter;  ô  marche 
quasiment  tout  l'moués.  » 

Lat.,  horologiuin.  Ital.,  orolo^jio.  Aube,  reloge.  Berry,  r'ioge, 
reloge.  Bourg.,  reloge.  Cogn.,  reloge.  Gasc,  rellotge.  Genev. 
horloge  (masc).  Midi  et  Montr.,  reloge.  Morv.,  heurloge 
(masc.)  Poit.j  reloge.  St-Ara.,  ourloiuoa.  Saint.,  reloge.  Sav., 
relœuc/e.  Toul.,  relotge.  Yonn.,  reloge.  Vx.  fr.,  reloge,  orloge, 
oriloge,  orloige,  auloge,  ierlogc. 

RocHEr,  s.  m.,  louchet,  hoyau  à  lame  tranchante,  dont  le 
manche. est  terminé  par  une  poignée  transversale  ou  ma- 
nette, sorte  de  bêche. 

Indre,  loaclie  ^bande  de  terre).  Laiig.,  lachet.  Wall.,  losè 
(bêche).  Vx.  fi*.,  lacet,  louche;^. 

RÔDE,  s.  f.,  bande,  troupe.   A   presque  le  même  sens  que 
Rigae,  et  pourrait  passer  pour  son  synonyme. 
Montr.,  rote.  (V.  Rigne.) 

Rôë,  s.  f.,  roue  de  véliicules,  de  moulins,  etc. 

Lat.  et  Ital.,  rota.  Bourg.,  renë.  Lang.,  roda.  Liai.,  rodo. 
Lyon.,  roa.  Moi'V.,  rot  te,  reue.  Pic,  reue,  renie.  Poit.,  rode. 
Prov.,  roda.  Rom.,  i-oe.  Rouch.,  rue.:^.  St-Ani.,  reùca.  Sav.. 
rôa.  Vx.  fr.,  roe,  roue. 

ROGER,  V.  tr.,  syn.  de  Raager,  bouger,  remuer  :  «  01  é  cousu 
de  douleurs  ;  ô  n'peut  pu  s'/'oyer.  )) 

Lat.,  roture.  Ital.,  roteggiare.  Bourg.,  rôgé.  Bress., rô g cr. 
Champ.,  rager.  Montr.,  rogcr.  (Y.  Ranger.) 

Rogne,  s.  f.,  talure,  meurtrissure,  écorchure   d'un  certain 

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378  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

endroit  chez  un  apprenti  cavalier  :  «  01  a  été  à  ch'vau  à 
c'maitin,  é  pi  ôl  a  étrapé  la  rogne.  » 

Lat.,  robir/o.  Ital.,  rogna.  Bress.,  rogne.  Genev.,  rogne 
(chicane).  Prov.,  ronha.  Wall.,  ragn.  Vx.  fr.,  roingne,  rongne. 

RoiE,  s.  f.,  ru,  petit  cours  d'eau,  raie  entre  sillons. 

Berry,  ri,  ri/,  riau.  rieu.  Bourg.,  rote.  Flam.,  rien,  rie:x. 
Forez,  ru,  rio,  rui,  risa.  Frib.,  ru,  riô.  Lang.,  rial  riau,  riou. 
Lille,  richo.  Lini.,  riii,  riou.  Mons,  rirhat.  Montr.,  roio. 
Morv.,  ru,  raue,  rcue,  roie.  Pic,  ruie.  Poit.,  l'i,  riau.  Prov., 
7-cc,  7-is,  rios,  regu.  Rom.,  riu.  Rouch.,  roile,  rissiau.  St-Am., 
râ.  Saint.,  l'ège.  Sav.,  ria.  Toul.,  l'ia.  Vosg.,  ru.  Wall., 
roie,  richo,  rucheau.  Vx.  fr.,  rieu,  ru,  rug,  mis,  roie,  ruissel, 
russeau.  (V.  Râ,  Russiau.) 

RoiRÔTE,  et  RouARÔTE,  S.  f . ,  petite  serpette  pour  couper  le 
raisin.  Le  vigneron  a  un  assez  riche  vocabulaire.  (V.  Sarpe, 
Sarpéte,  Goui,  Gouiftbt.) 

RoiTELÔT,  s.  m.,  roitelet. 

Bress.,  roidelo.  Wall.,  rôietai.  Vx.  fr.,  roitel,  roietcl, 
roietiau,  rogtiau,  rogtrlet.  (V.  Petcù.) 

RÔLER,  v.  tr.  et  intr.,  rouler,  faire  tourner,  aller  en  tournant. 
h?i\,.,  roture.  \i?L\. ,  rotolare.    Bervy,  roler,  roller.  Bourg., 
rôlai.    Prov.,   rolar,    rotlur.    St.-Am.,    reùlé.    Wall.,    rôle. 
Vx.  fr.,  roler,  voiler. 

RoNCHONER,  V.  intr.,  grogner  :  «  Qu'é  ce  qu'ôl  a  donc,  c'diâbe, 
qu'  tô  l'jor  ô  ronchone?  » 
Bourg.,  ronchounai.  Quercy,  rou/,ouna. 

RoNFE,  et  Ronfle,  s.  f.,  sommeil  d'ennui   :   «  0  nous  en 
dégoise  trop,  c'bestiâ-là. . .  J'en  ai  la  ronje.  » 
Bourg.,  ronfe. 

RoNGEON,  et  RÔGEON,  S.  m.,  cœur  qui  reste  d'un  fruit  rongé  ; 
rongeon  de  pomme,  de  poire,  dans  lesquels  on  a  mordu  : 
«  0  n'é  pas  chiche,  lu;  ô  vous  beillerôt  ben  voulentier 
ses  rongeons.  » 

Berry,  rougeon,  rouillon.  Bress.,  ro/'on.  Montr.,  rogeon. 
Morv.,  rongeon,  ringeon. 

Roquer,  v.  intr.,  roter  :  «  En  miugeant,  ô  n'fait  que  roquer  ; 
y  et  ein  vrâ  goret.  » 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  379 

Lat.,  cructavc.  Ital.,  eruttare.  Bress.  et  Montr.,  roquer. 
Pic,  réper,  rciipcr.  Wall.,  reupè,  reupi.  Vx.  fp.,  roter ^ 
router,  roue  ter. 

Roquerai,  s.  m.,  rot,  explosion  incivile. 

Lat.,  ructus.  Ital.,  rutto.  Pic,  rèpe,  reupe.  Wall.,  reupp. 
Vx.  fr.,  rot  te. 

Rossée,  s.  f.,  bonne  raclée,  roulée.  Ce  mot,  dans  ce  glossaire, 
a  plus  d'une  demi-douzaine  de  synonymes.  On  le  trouve 
dans  Littré,  ainsi  qu'un  certain  nombre  d'autres,  auxquels 
le  célèbre  lexicographe  a  donné  une  facile  hospitalité. 
Nous  voulions  d'abord  les  supprimer;  mais  nous  avons 
reconnu  que  cette  rigueur  porterait  préjudice  à  la  physio- 
nomie de  notre  langage  populaire. 

RossiGNÔ,  s.  m.,  rossignol  :  «  L'av'vous  entendue,  la  preîi- 
menouse?  AU'  chantôt  tout  c'ment  Vrossignb.  » 

Lat.,  luscinia.  Ital.,  rusignuolo.  Berry,  rossicjnot,  rossignou, 
roussignol,  roussignau .  Bourg.,  reucigneu,  rossignô.  Il.-V, 
j'oussignol,  rossignoulet.  Morv.,  rossignot.  Pic,  oursignot. 
Poit.,  rossignot,  rossignou.  Prov.,  rossinhos,  rossignola. 
St-Ara.,  reusegneû.  Wall.,  ràskignou,  raskigno.  Vx.  fr., 
lousseignol,  rossigniau,  luscignol. 

RossiGNON,  S.  m.,  repas  que  l'on  fait  le  soir,  après  la  veillée. 
On  le  prend  aussi  parfois  pour  synonyme  de  :  réveillon, 
ce  repas  bourguignon  invariablement  attaqué  au  retour  de 
la  messe  de  minuit,  et  où  l'on  n'épargne  ni  boudin,  ni  car- 
bonnade,  ni  marrons,  ni  vin  blanc.  Le  mot  est,  comme 
l'avance  J.  Guillemin,  «  une  corruption  du  vieux  mot 
recinoji,  qui  se  disait  et  qui  vient  de  recœnare,  souper  une 
seconde  fois.  »  «  V'ià  l'cô  d'méneù;  i  nous  faut  fâre 
vossignon.  )) 

Bourg.,  rôssignon.  Bress.,  rossignou.  Montr.,  rossignon 
(petit  repas  avant  le  coucher).  (V.  Rècic.) 

RÔT,  s.  m.,  grappe  de  maïs,  encore  laiteuse  et  rôtie  devant 
le  feu.  Les  grains  se  durcissent,  se  dorent,  et  éclatent. 
Régal  des  gamins,  qui,  trop  souvent,  font  de  cette  gour- 
mandise la  cause  d'une  picorée  en  règle.  Les  jeudis,  ils 
reviennent  des  champs  les  poches  pleines  de  ces  jolies 


380  LANGAGE    POPULAIRI':    VERDUNO-CH ALONNAIS 

grappes.  Heureux  lorsqu'ils  ont  esquivé  le  garde-cham- 
pêtre! 
Montr..  rôt.  Prov.^  ratist.  Vx.  fr.,  r-osi.  (V.  Panouille.) 

RÔTE,  s.  f.,  route,  et  chemin  qu'on  a  à  faire  dessus. 

Lat.,  rupia.  Bourg.,  rôto.  Sav.,  rota.  Vx.  fr.,  roupie. 

RÔTE,  s.  f.,  baguette  flexible  :  ((  0  m'a  baillé  su  l'dos  des 
bons  côps  d'/'d^e.  J'en  ai  core  mau.  »  (V.  Riôte,  Riorte.) 

RÔTI,  et  RouTÎ,  V.  a.,  rôtir,  griller  :  ((  0  n'fait  qu'la  montrer 
au  fei^i  pou  fâre  roidï  sa  viande   » 

Bas-Bret.,  ros^ft.  Ital.,  arrostire.  Esp.,  ros^tr.  Berry,  j'oâti, 
roiitir.  Moi'v . ,  i^oûti .  Prov.,  ranstir.  St-Am.,  ruti.  Suiss.  r., 
routi,  rotisti.  Wall.,  rosti.  Vx.  fi'.,  rostir. 

RÔTIE,  s.  f.,  tartine  de  pain,  souvent  de  la  longueur  de  la 
miche,  et  sur  laquelle  on  étend  beurre,  confitures,  etc.,  etc. 
Une  des  plus  préconisées  est  celle  du  fromage  blanc  frais, 
que  l'on  couvre  de  rondelles  de  radis,  de  ciboule  ou  d'ail. 
Berry,  roùtic.  Montr.,  ronde.  Morv.,  roûtic.  Norm.,  dorée 
(dorée  au  feu).  Sav.  rutia.  Vx.  fr.,  rosiic. 

RouÂcHER,  V.  intr.,  mâchonner  comme  les  animaux  qui 
ruminent,  tourner  et  retourner  quelque  chose  dans  sa 
bouche  sans  l'avaler. 

Lat.  et  Ital.,  rumiaare.  Berry.,  rouingcr,  ranger,  roinccr, 
roingner.  iura,  roingi.  Pic, roHOiir.  Prov .  ,roin(ar,  rorninar. 
Nancy,  ringcr.  Norm.,  rouingcr,  rtinger.  Vx.  fr.,  ronger, 
ritngicr,  ranger. 

RouBAN,  et  RiBAN,  S.  m.,  ruban  :  «  Aile  étôt  bé  brave;  ail' 
s'é  métu  des  roubans  partout.  » 

Angl.,  rlbbon.  Awey r.,ribon.  Berry,  Bress.  etIl.-V°,  ribaa. 
Morv.,  rouban,  ribaa.  Wall,  et  Vx.  fr.,  riban. 

Rougeurs  (les),  s.  f.,  rougeolle  :  ((  La  Hyôte  a  les  rougeurs; 
pauv'  chàte!  faut  brament  la  soigner.  )) 

Moi-v.,  roitgie.  Prov.,  rogor.  WnU.,  rogear,  roaciu.  Vx.  fr., 
rogear-,  rogncur. 

RouiN,  s.  m.,   regain. 

Ital.,  rjadiinc.  Noi'in.,  reroln,  rcfnln  (foin  nouveau).  Pic, 
régula,  ruuaiu.  Wall.,  riguiii.  \x.  fr.,  regain. 


LANGAGE    l'OPULAIHE    VliRDUNO-CIIALONNAIS  381 

Roupille,  s.  f.,  roupie,  goutte  qui  tombe  du  nez. 

Bas-Lat.,  royoc'rfa.  hervy,  ri(ichc,rouiche.  Poit.,  russe.  Vx.  fr., 
ronpjic,  rubije,  ruhic. 

RoupiLLoû,  s.  m.,  roupilleux,  qui  a  la  roupie  au  nez.  Un 
bébé  avait  une  telle  aversion  de  son  grand-père,  un  peu 
trop  souvent  roupilleux,  qu'il  se  relirait  avec  effroi  toutes 
les  fois  que  celui-ci  voulait  l'embrasser.  Pour  ne  pas  se 
priver  des  caresses  du  p'tioi,  le  pauvre  vieux  cessa  de 
priser. 
Rouch.,  roupclicH.v .  V.\.  fr.,  roupicnx. 

RoûsE,  S.  f. ,  rose  :  «  T'é  béll'  coume  eùn'  voùae.  »  —  Une 
large  feuille  de  rose,  disposée  ad  hoc,  et  qu'on  a  bien 
gonflée  en  soufilant  dedans,  produit  la  même  explosion 
que  la  groseille  à  taperiau. 

Lat.  et  ital.,  rosa.  Bourg.,  rcihc,  rcusc.  Prov.,  rosa. 
St-Am.,  roi'ua.  Wall.,  roc-.  Xx.  fr.,  ro^c,  rose.  (V.  Taperiau.) 

RousÉE,  s.  f.,  rosée  :  «  Tendre  coume  rouf<ée.  » 

Lat..  ros.  Ital..  rujjiada.  Bourg.,  reiuée.  Lim.,  rousado. 
Morv.,  ronsce.  Prov.,  rosada,  ro:xada.  Sav..  rosâ,  érosà. 
St-Am.,  rcCuô.  Toul.,  ros.  Wall  ,  rouséc.  Vx.  Ir.,  rousèe, 
rusée,  rosede. 

RousEiLLER,  V,  intr.,   tomber  sous  forme  de  rosée  :    «   A 
c'maitin,  Ttemps  s'é  couvri;  é  peu  v'ià  qu'i  roiiseille.  » 
Morv.,  rons'dllcr.  Poit.,  rosader. 

RousiAU,  s.  m.,  roseau. 

Annis,  rouc/ie.  Berry,  roache,  ruuc/ic.  Guern.,  ros.  H'-Maine, 
rouclic,  rousse,  l^ixn. ,  rouseii.  Morv. ,  rosiau^rousiau,  roseai. 
Norm.,  7-os,  rauche.  Poit.,  rouchc.  Prov.,  raujcl,  ro^eu. 
Saint.,  rouchc.  Wall.,  rosiau,  ro^ai.  Vx.  fr.,  rosel,  rouscau. 

RousiER,  S.  m.,  rosier. 

lta.1.,  rosaio.  Prov.,  ro^er.  St-Am.,  rouc-l.  Wall. . /'ô.rt. 
Vx.  fr.,  rosier. 

RousiÈRE,  s.  f.,  roseraie,  endroit  planté  de  roseaux. 
Berry  et  Morv.,  rousièrc.  Vx.  fr.,  rosière,  rouclière. 

R0US.SÔT,  adj.,  roux.  Les  paysans  emploient  fréquemment 
ce  mot;  c'est  un  nom  donné  à  leurs  bœufs.  Adressé  à  une 


382  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

personne,   se  prend  en  mauvaise  part.   Saint-Simon  dit 
que  le  cardinal  de  Bissy  était  un  rousseau. 

La.t.,  j-ussus.  Ital.,  rosso.  Bress.,  rousso.  Lini.,  roussèii. 
Montr.,  7'oussot.  Prov.,  ros.  Vx.  fr.,  roas,  rousseait. 

RousTi,  adj.,  accablé,  ruiné,  fichu,  mort  :   «  0  m'a  gagné 
toutes  mes  gobilles;  j'sei'i  rousti.  »  — 0  rancâse,  le  pauv'! 
ôl  é  rousti.  )) 
Lille,  rousti. 

RouYER,  s.  m,,   roulier.   Jadis,  ce  terme  désignait  spécia- 
lement les  conducteurs  de  voitures  de  roulage. 
Vx.  fr. ,  roulier . 

RouYÈRE,  s.  f.,  blouse  solide,  portée  jadis  par  les  rouliers. 
Bress.  et  Wall.,  routière. 

RuDÉYER,  V.  tr.,  rudoyer  :  ((  AU'  ne  pourra  pas  rester  d'avou 
lu  ;  ô  n'fait  que  d'ia  rudétjer.  » 
Berry,  rudoyer,  rudê;/cr.  Morv.,  reudoijcr.  Vx.  fr.,  rudoi/er. 

RuÔTE,  s.  f.,  ruelle,  petite  rue,  sentier  entre  murs  ou  haies. 
Également  la  ruelle  du  lit. 

Berry,  rueite.  Bourg.,  roulade.  Morv.,  airiotte.  Nivern.^ 
riot,  riolle.  Pic,  ruelette.  Vx.  fr.,  ruele,  ruelle. 

RussiAU,  s.  m.,  ruisseau,  petit  cours  d'eau. 

Lat.,  ripus.  Ital.,  rusccllo.  Berry,  riau,  roussirai.  Bourg., 
7'ouc/tas,  russéa.  Champ.,  rouchais.  Movv . ,  7-oucheat,  rou- 
chcau.  Pic,  r/o,  riou,  riu.  Rouch.,  réio,  risso.  Sav.,  ria. 
Vx.  fr.,  roisseu,  roisscau,  rur/sel,  rossel,  russeau.  russiau. 
(V.  Rôle,  Rà.) 


S  (faire  des\  loc,  tituber,  aller  de  droite  et  de  gauche  par 
suite  de  trop  copieuses  libations.  Encore  une  locution  assez 
répandue,  et  que  nous  conservons  néanmoins  comme  bien 
nôtre. 
Bourg., /car e  des  caisses.  Morv.,  /rrîrc  des  S. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  383 

Sâ,  s.  m.,  sac,  au  propre  et  au  figuré  :  «  J'ii  ai  baillé  ein  sa 
d'poumes  de  tare.  »  — «  T'as  métu  moun  at'àre  dans  Vnâ.  » 
N'empêche  pas  sac. 

Lat.,  saccns.  Ital.,  sacco.  Berry,  sa.  Bourg.,  sai,  sa;/,  set. 
Montr.,  sa.  Wall.,  sâ,  sofj.  (V.  Sac/œ,  Suchot,  Sar-à-Didhc.) 

Sa,  s.  m.,  sas,  tamis  de  crin  :  «  Por  fàre  ses  corniotes,  aile  a 
passé  sa  fleur  au  sa.  » 

Ital.,  sctanio.  Auvergne,  seda.  Forez,  siot.  Guern.,  sê^. 
Il.-V%  sâs.  Morv.,  sâ,  sasse.  Norm.,  set.  Prov.,  sedas. 
Vx.  fr.,  saas,  susse,  saad. 

Sabat,  s.  m.,  bruit,  tapage  :  «  V'tu  ben  n'pas  faire  tant 
û^sabat,  ch'ti  p'tiot;  t'm'essourdilles  les  orilles.  » 

hàt. ,  sabbatuni.  Ital.,  sabato.  Bourg.,  saibai.  Pic,  sabat. 
Prov.,  sabat,  sapte,  sabde.  Vx.  fr.,  sabat. 

Sabat,  adj.,  qualification  donnée  à  un  enfant  turbulent  et 
dont  le  bruit  fatigue  :  «  V'ià  eùne  heure  que  t'tapages 
autor  de  moue;  taise-te  donc,  sabat!  n 

Sabouler,  V.  tr. ,  gronder,  secouer,  troubler,  réprimander 
vertement,  rosser  :  «  T'as  pas  été  à  l'école  aujord'heù; 
gare!  ta  mère  va  i' sabouler.  » 

Lat.,  sabularc.  l'^orez,  saboalâ  (rouler  dans  l'ordure).  Montr., 
sabouler.  Morv.,  saibouler.  Pic,  Poit.,  Rouch.  et  Suiss., 
sabouler.  Wall.,  sabouler  (poursuivre  à  coups  de  pierres),  ce 
qui,  chez  nous,  est  cadouner.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Sabouler,  et  Sabouter,  v.  tr.,  mal  faire  sa  besogne  :  ((  Ah  ! 
y  et  eùne  pauv'  condense;  ail'  vous  saboule  toute  son 
ôvrage.  )) 

Bress.,  sabouler,  sabolé.  Pic,  chaboter .  Prov.,  sabotar. 
Vx.  fr.,  saboter. 

Sac-à-diâbe,  loc.  injurieuse,  sac-à-diable,  vaurien,  étourdi, 
qui  brave  et  saccage  tout. 
Rouch.,  saquadlale . 

Sache,  s.  f.,  grand  sac  :  «  J'ii  porte  eîine  sache  de  joulis 
calas.  AU'  s'ra  contente.  » 
Genev.  et  Mac,  sache.  Morv.,  sal.  (V.  Sâ,  .Sachot.) 

Sachée,  s.  f.,  contenu  d'un  sac. 

Art.,  sacquic.  Wall.,  secheie.  Vx.  fr.,  sachée. 


384  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Sachot,  et  SÉCHOT,  S.  m.,  sachet,  petit  sac. 

Ital.,  sacclœtto.  Berry,  sachot.  Bourg.,  saichà .  Bresse, 
chacet.  Bugey,  sacet.  Lorr.,  socke^  sèche.  Montr.,  saichot. 
Poit.,  sachot.  Prov.,  saquct.  Wall.,  séchai.  Vx.  iv. ,  sçac/ict. 
(V.  Sa,  .Sache.) 

SàcleRj  V.  a.,  sarcler  :  «  01  et  liébile  à  sclcler  son  champ.  )) 
A  Paris,  du  temps  de  Ménage,  on  disait  :  sclcler. 

hat.,  sarculare.  Ital.,  sarc h ia re. Fiand. ,  sarqueler.  Genev., 
sercler.  Guern.,  serclair.  Montv.,  saucllier.  Morv.,  sâqhier. 
Nonn.,jercir,  sorcier .  Pvov . ,  salclar,  serclar.  Rouch  . ,  .sa- 
(/wcr  (arracher).  St-Aiii.,  cliali/è.  Wall.,  saucier,  sarqueler, 
sakler.  Vx.  fr.,  cercler. 

Sâclot,  s.  m.,  sarcloir.  A  un  jardinier  qu'on  trouvait  au 
cabaret  un  camarade  disait  :  «  Eh  ben!  y  et  iqui  qu'le 
serches  ton  sàclot?  »  —  On  entend  parfois  :  sàclote. 

Lat.,  sarculus.  Ital.,  sarchiello .  Berry,  sarciaa.  Fland., 
sarquelot.  Genev  .,  sercloret.  Montv. ,  saclot.  Movv .,  sdq/iiot. 
Prov .,  sauclet.  Ronch.,  sarqucloi .  St- A.m.,  feùchô.  Saint., 
sarclât.  Wall.,  sarquelo,  saùcleu,  sâcleu.  Vx.  fr.,  sacleau, 
sarc/iiau,  sarceau. 

Sâcloû,  s.  m.,  sarcleur. 

Ital.,  sarchiatore.  Morv.,  sâqhiou.  Pvov. ,  salclaj/re.  Vx.  fr., 
sercleur. 

Sagouiller,  et  Sagoiller,  v.  tr.,  secouer,  remuer,  barboter 
dans  l'eau  sale,  mal  laver  le  linge.  Par  extension  s'applique 
parfois  à  d'autres  besognes  mal  faites  :  «  AU'  sagoille 
joliment  sa  lissive!  » 

Bress.,  sangoiller.  Gasc,  sargoullla.  Montr.,  segoiller. 
Poit.,  sacouiller,  sigouillai.  Saint.,  sagouiller.  Vx.  fr., 
segoiller. 

Sagouillon,  et  Sagoillon,  adj.,  souillon,   personne  mal- 
propre, qui  fait  du  pauvre  ouvrage, 
Rouch.,  saadroulion. 

Saibôt,  s.  m.,  sabot.  On  dit  d'une  fille  enceinte  qu'elle  a 
((  cassé  son  salhot  ».  Variante  de  la  «  Cruche  cassée  ». 

Berry,  sî6oi;.  Bourg.,  sat^CM.  Friand.,  chabot.  Morv.,  s«i- 
hot.  Pic,  cliabou,  chabot,  cabou.  Vx.  fr.,  cabot.  (V.  Esclôt.) 


LANGAGK    POPULAIRK    VKUDUNO-CII ALONNAIS  385 

Saiboteu,  V.  inti'.,  saboter,  niarcher  bniyamnieiit,,  dounor 
des  coups  de  pied  avec  ses  sabots.  S'emploie  aussi  pour 
dire  qu'on  a  mal  lra\aill(''  :  «  Ob!  ri'eignau,  ô  ftalhofe  tout 
c'qu'ô  fait.  )) 

B^;•^'J^  sa.!)otci\  saihcutdi .  Fland.,  r/iabotcr.  Morv.,  scii- 
boter.  Norni.  et  l'ic,  chabotcr.  Poit.,  sahotaillcr.  l'rov., 
sahotar.  Saint,  et  Vx.  li'.,  saboter. 

Saignerôte,  s.  f.,  plante  (l'acbillêe  millt'feuillos)  (pie  les 
enfants  s'amusent  à  s'introduire  dans  le  nez  pour  le  faire 
saigner. 

Saignépe,  s.  f.,  gerçure,  fente,  crevasse  que  le  froid  produit 
sur  les  mains,  et  qui  saigne. 
Montr.,  savj nette. 

Saillâ,  s.  f.,  femme  malpropre,  souillon,  qui  met  en  désordre 
et  salit  tout  autour  d'elle  :  ((  Que  sai'/Zc/.'  quand  all'fait  son 
diner,  sa  cueûsine  et  eùne  écueùrie,  )) 

SAïon,  s.  f.,  saison.  Analogie  avec  màïon,  vain,  etc. 

Lat. ,  .s«<('o.  \ii\\.,  stafiione.  Bourg.,  saison.  JAm.,  soson. 
Lorr.,  sâhon.  Morv.,  sd'/on,.  Prov.,  sa^o.  St-Am.,  c/id/'on. 
Sav.,  f^a^on.  Wall.,  saidion.  Vx.  fr.,  saison. 

Saint-Amour!  excl.  des  vieillards  du  commencement  du 
siècle  :  «  Quand  il  boit  mon  bon  vin,  et  surtout  la.  honiip 
denrée  :  Saint-Anionr!  s'écrie  t-il,  que  ça  ne  dure-t-i 
encore  vingt-cinq  ans!  »  [Correspondance  de  18 17.) 

Saint-Longin,  loc.,  jeu  de  mots,  sobriquet  donné  au  garçon 
qui  va,  vient,  et  travaille  avec  lenteur,  qui  est  long. 
Rouch.,  Saint-Lo/i(jui. 

Saite.s,  2™'  pers.  du  prés,  de  l'indicatif  du  verbe  saoouèr  : 
((  J'vous  ain-me  gros,  saites-vous  l)é?. .  .  )) 
Mac. ,  suite. 

Saive,  s.  f.,  sève,  liquide  nutritif  des  végétaux,  force  du  vin, 
vigueur  de  l'homme. 

Lat.,  sapa.  Berry,  sèpe,  sicc.  Forez,  saca.  Prov.,  saba . 
\'x.  fr.,  sece,  cecc.  (V.  Saicer,  Seàillùt.) 

Saiver,  V.  intr.,  faire  sortir  la  sève  de  la  branche  de  saule, 

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386  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

de  noisetier,    de  merisier,   que   les   enfants  frappent    du 
manche  de  leur  couteau  pour  fabriquer  des  sifflets. 

Angoum.,  saber  (donner  de  la  sève).  Berry,  sàpcr,  sicer. 
Forez,  saccr.  Lang.,  saba.  Montr.,  saccr.  Morv.,  saicer. 
Norm.,  càsacer.  Poit.,  subi-,  sabcr.  Piov.,  saba,  sabla.  Saint., 
sabc,  saber.  Wall.,  chaccr.  (W  SeùUlôt.) 

Saligôt,  adj.,  saligaud  :  Y  «  éteùn'  petiote  saligoie ;  aile  a 
tôjor  la  frimousse  crassouse. 
Genev.,  Srt//<;o^.  Rouch.,  sa/f'^o.  (V.   Saliplau.) 

Saligôter,  V.  tr. ,  salir  :  «  Ma,  voué  donc  coume  t'as  saligoté 
ta  jupe;  te  n'pourâs  pu  aller  à  la  fête.  » 
Genev.,  saliffoicr. 

Salipiau,  adj.,  sale,  mal  vêtu,  mal  appris. 
St-Am   ,  chôlua.  (V.  Saliijin.) 

Salîre,  s.  f.,  salière. 

Ital.,  salicra.  Mac,  salirc.  Wall.,  salir  (coffre  à  sel). 
Vx.  fr. ,  salllcre. 

Saloper,  v.  tr.,  faire  maladroitement  quelque  chose  :  «  Ah  ! 
c'te  Marion!  Je  n'ii  baillerai  pu  ran  à  faire  ;  ail'  m'a  si  ben 
salopé  ma  robe!...  » 
St-Ara.,  c  lia  loupé. 

San,  s.  m.,  sang  :  «  A  quand  j'ons  vu  c'qui,  ça  nous  a  torné 
Vsan.  » 

Lat.,  sani/ids.  Ital.,  sanguc.  Bourg.,  san.  Prov.,  saiic. 
Vx.  fr.,  saiic,  sans. 

Sanger,  V.  tr.  et  inti'.,  changer  une  chose,  et  varier  de  figure, 
d'embonpoint,  aussi  bien  (juc  d'habitudes. 

Lat.,  curnblre.  Ital.,  canibiarc.  Berry,  sanger.  Bourg., 
clieingcai.  Genev.,  sanger.  Pic,  ranger.  Prov.,  ca/nblar, 
canxjar.  St-Am.,  sè;ë.  Wall.,  ca/igi,  ca/nbgler,  cliainbger. 
Vx.  fr.,  changicr,  changer. 

Sangouner,  v.  tr.,  secouer  violemment,  sans  précaution  :  ((  On 
a,  c'te  neùt,  sangoané  la  porte;  j'savions  pas  c'qu'iétôt.  » 

San.souille,  s.  f.,  petite  écope,  avec  laquelle  on  vide  l'eau 
de  la  santeine  d'un  petit  bateau.  (V.  Santeine.) 


LANGAGE    POPULAllîE    VKRDUNO-CIIALONNAIS  387 

Sansouiller,  V.  tr.,  gargouiller,  barboter,  secouer  un  linge 
dans  l'eau.  S'emploie  au  figuré  :  ((  Attends,  ch'ti  vauran! 
j'm'en  vas  i' sansouiller!  » 

((  Sans-pli,  »  surnom  donné  plaisamment  à  un  suisse  de 
l'église,  lequel,  dans  l'exercice  de  ses  fonctions,  se  tenait 
raide  comme  sa  hallebarde,  ses  vêtements  ne  faisant  pas 
un  pli.  (V.  les  Sonnets  Verdunois.) 

Santeine,  s.  f.,  sentine,  l'endroit  le  plus  bas  d'un  bateau,  où 
l'eau  se  rassemble  en  raison  de  la  pente,  et  d'où  on  la 
rejette  à  la  rivière  à  l'aide  de  \a  sansouille.  La  santeine, 
—  en  petit  la  sentine  d'un  navire,  —  se  trouve  entre  deux 
traverses.  (V.  Sansouille.) 
Lat.  et  Ital.,  scntina.  Vx.  fr.,  sentine. 

Sapigne,  et  Sapeigne,  s.  f.  jale,  ou  cuve,  vaisseau  en 
planches  de  sapin,  servant  pour  la  lessive,  les  provisions 
de  lait,  et  autres  besoins  du  ménage. 

Bourg.,  saipeignc.  Cliamp.,  sapine  (hotte  pour  le  raisin). 
Forez,  sapine  (soc  de  charrue).  Jura,  sapine  (cuvier  de  ven- 
dange). Lyon.,  sapina  (grand  bateau  en  sapin,  transportant  sur 
la  Saône  du  sable  et  des  pierres).  Morv.  et  Vx.  fr.,  sapine. 

Saquer,  v.  tr.,  jeter,  pousser,  enfoncer,  blottir  du  foin,  des 
pommes  de  terre  et  autres  denrées  dans  des  coins. 

Berry ,  sacquer.  Bourg.,  saqaier.  Forez,  saquà.  Lille, 
saquer  (tirer,  travailler  fort).  Lyon.,  saqua,  saquo .  Mac, 
saquai.  Morv.,  sacquer,  saiquer.  Poit.,  sacquer.  Vx.  fr., 
sacher,  sacier,  sachicr  (tirer). 

Saqueùrdiéne!  juron  honnête  des  bons  vieux  d'autrefois. 
Corruption  adoucie  de  Sacredié!  Chaque  fois  que  mon 
«  bon  vieux  »  grand-père  éternuait,  il  ne  manquait  jamais 
de  s'écrier,  après  l'explosion  :  «  Eh!  saqueùrdiéne!  » 
Rouch.,  suquerdiè ! 

Sarazenère,  champ  planté  de  sarrasin. 

Ital.,  grano  saraceno.  Vx.  fr.,  sarrasin. 

Sarazin,  s.  m.;,  nom  d'une  ancienne  tribu,  éteinte  aujour- 
d'hui, mais  dont  le  souvenir  persiste.  J'ai  entendu,  dans 
mon  jeune  temps,   cette   qualification  jetée  comme  une 


388  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

grosse  injure  à  la  face  d'un  mauvais  drôle  :  «  Attends, 
saraz-in!  »  L'inconscient  qui  se  servait  de  ce  mot  était 
dans  l'orthodoxie  étymologique,  l'arabe  ■  srtrrV  voulant 
dire  :  voleur,  brigand. 

S  ARCHER^  et  Sercher,  V.  tr.,  chercher. 

Lat.,  circarc.  Ital.,  cercare.  Berry,  sercher,  sarchcr,  char- 
clicr.  Bouig.,  charc/ial.  Genev.,  cerchcr,  sctrcher.  St-Ani., 
sonrchc.  Moi'v.,  sercher.  Pic,  cerquicr.  Prov.,  cercar, 
scrqttar.  Nivern.,  sercher.  Vx.  fr.,  cercer,  cerc/ier,  ccrchier, 
sccrcler.  (V.  Cliarcher .) 

Sàrer,  y.  tr. ,  serrer,  enfermer,  presser. 

Lat.,scvrt/r.  MA.,  serrare.  Berry,  sarrcr.  Bourg.,  sarai. 
Fove'A,  sarrâ.  Mi\c. ,  sarrai .  Morv.  et  Xorui.,  sarrer.  Pic, 
serer.  Poit.,  assarer.  Prov.,  sarrar,  sei'rar.  St-Ani.,  c/icrc. 
Wall.,  sei-c.  Vx.  fr.,  serer,  serrer. 

S  ARGOT,  s.  m.,  cahotement,  choc,  secousse,  occasionné  aux 
voitures  primitives  du  pays,  par  les  ornières  de  dimension 
de  certains  petits  chemins.  . .  où  il  y  a  aussi  des  pierres: 
((  Les  sargots  de  la  vouéture  ont  démantibulé  mon  r'ioge.  » 
Au  figuré,  peut  signifier  malheur  ou  contretemps. 

Berry,  sagot,  sargot.  Bourg.,  sargô,  sargeû.  Bress-,  Champ: 
et  Fr.-Cté,  sargot.  Isère,  segrola.  Montr.,  segrot.  Morv., 
soubà.  Norra.,  saquet. 

Sargoter,  V.  tr.  et  intr.,  cahoter,  secouer  :  «  C'te  vouéture 
n'a  point  d'bonté  por  nous;  ail'  nous  a  jouliment  .sfl/^^o^r'.s-,'» 
—  ((  Hiâr,  vous  éteins  parti  ;  on  a  sargolé  vote  porte.  » 

Berry,  sagotcr,  sargoter.  Bourg.,  sargentai,  sargotat. 
Bress.  et  Champ.,  sargoter.  Fr.-Clé,  sargonler.  Met/,  c/ier- 
goter.  Montr.,  segroter.  Poit-,  sicotai.  Wall.,  hlhoter. 
Vx.  fr. ,  sargotar. 

S.^RiN,  s.  m.,  sciure  de  bois  :  «  Ma  page  d'écriture  ne  veut 
pas  chesser;  j'y  vas  métro  du  sàrin.  » 
Montr.,  sarrlii.  Roucli.,  soi/en.  Sav.,  raisso/i.  Wall.,  sçoin. 

Sarment,  s.  m.,  serment  :  «   Seùtes  çartain;  j'\os  en  fais 
.    Vftarmcnt.  » 

Lat.,  .iacraiiu'utiiiii .    Ital.,   sagranienlo .   Bourg.,  sarment, 

sarrnan.  Morv.,  sarment.  Prov.,  sacrament.  ^^'all.,  scrmain. 

Vx.  fr.,  sagrament.^  sairemerU,  screment.  (V.  Serment.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONXAIS  SSO' 

Sarmon,  s.  m.,  sermon  :  ((  Noute  cueiirè,  quand  ô  prôclie,  ô 
nous  débite  lôjor  le  nuMu-ine  snvuwn.  » 

Lat. ,  .se/v)/o.  Ital.,  sci-nione.  J-îourg.  et  Morv.,  sarinoit. 
Pi'OV.,  sprinn,  sermon.  V.\.  l'i-.,  scrnuiit.  sicriiioii. 

Sarmoxer,  V.  ti'.,  sermonner,  faire  de  la  morale. 

Lat.  et  Ital.,  sennonare .  Rourg.,  sannonal.  Morv.,  sar- 
moncr,  sarinoiuwr.  Prov.,  scrinonar.  Vx.  fr.,  sarmoncr, 
sci-inoiicr. 

Sàrpe,  s.  f.,  serpe,  serpette. 

Berry,  aarpc .  Bress.,  snrpa.  Getiev.,  Mac.  et  Morv.,  sarpc, 
Vx.  fr.,  serpe,  sarpe.  (V.  Goi(i\  Goinsuf.) 

Sarpent,  s.  f.,  serpent.  On  dit  «  eùne  sarp('nt  ».  De  temps  à 
autre  j'ai  fait  entrer  dans  ce  glossaire  un  de  ees  mots  où 
la  prononciation  locale  change  Ve  en  a.  C'est  seulement 
pour  rappeler  le  fait;  je  n'ai  pas  le  moins  du  monde  l'in- 
t'mtion  de  les  recueillir  tous  :  Le  S3'Stème  est  indiqué;  cela 
suffit.  — «  Nos  charmeur.s  morvandeaux,  dit  M.  de  Cham- 
bure,  possèdent  des  formules  pour  arrêter  la  marclie  des 
serp;Mits.  Il  leur  suffit  de  regarder  le  reptile  en  face,  et  de 
lui  dire  à  voix  basse  :  «  Te  voilà,  servante  du  Peut;  je  te 
dis  que  Noël  était  (ici  la  date  de  la  fête),  et  je  t'ordonne  de 
ne  pas  aller  plus  loin.  »  La  mauvaise  bête,  entendant  ces 
paroles,  rebrousse  aussitôt  chemin,  et  s'en  retourne  dans 
le  bois.  » 

hcit.,  serpens.  lia.]. ,  serpente.  Bevfj,  sarpent .  Bourg.,  5«r- 
pan.  Bress..  sarjtaa  (fém.).  Dauph.,  sarp/n,  serpen.  Fr.-Cté, 
surpa .  Genev.,  serpent  (fera.).  Lim.,  ser,  serpen.  I.orr., 
serpaa.  Morv.,  sarpent,  sarpe,  serpe.  Piov.,  sarpent.  ser, 
cer.  St-Am .,  sarpc.  Sav..  sarpê.  Suiss.  r.,  serpein.  Toul., 
serp.  Wall.,  sierpaln.  Vx.  fr.,  sarpent,  serpent,  serpente 
(fera.). 

Sarpiyère,  s.  f.,  serpillière,  toile  grossièje  et  claire  pour 
emballages. 

Genev..  r/iarpilière,  elierpllière.  Piov.,  sarpellieira.  Roiich., 
sarpcllère.  Vx.  fr. .  serpcliere. 

Sarqijeù,  s.  m.,  cercueil. 

Lat.,  sarcopliagus.  Beiry,  sarcv,  sarquev,  serqueu,  sercœur, 
Cliarap.,   sarr/aloa,  sarqiieu.   Maine,  sarquenl.  Morv.,  sar- 


390  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

qucu.  Pic,  sarhcu,  suvh'cul.  Wall. ,  sa/V.ô.  Vx.  iv. ,  sarcoiis, 
sarquc.^,  sarcacux,  sarciicîl. 

Sârure,  s.  f.,  serrure.  Ignorée  encore  de  plusieurs  de  nos 
paysans,  qui  n'ont  que  le  simple  loquet  pour  fermeture. 
Ital.,  scrratiira.  Berry,  sarnirc,  sarriisc,  scrritse.  Moi-v., 
sârcurc.  Prov.,  sarral/ia,  scrradnra.  Sav.,  saraillc.  Wall., 
scr,  serre,  soir.  Vx.  fr.,  seredare,  serreare,  sei'rouse,  sicritre. 
(V.  Gielùt,  Licàte.) 

Sarvante,  s.  f.,  servante,  support,  ustensile  de  cuisine  ser- 
vant à  soutenir  sur  le  feu  marmite  et  poêlon. 

Beny,  Dauph.,  Forez  et  Genev  ,  sitrcante.  Prov.,  ser- 
caille,  sircenla.  St-Ani.,  scrccta.  Wall.,  siercantt.  Vx.  tr., 
sercante. 

Sarvî,  V.  tr.,  servir,  obliger. 

Lat.  et  Ital.,  scrcire.  Berry,  sarcir.  Bourg,  et  Morv.,  .sarct. 
Prov.,  sirclr.  Wall.,  siei'ci.  Vx.  fr.,  t^erci/r,  sercir. 

Sarvice,  s.  m.,  service,  ouvrage  à  faire,  bon  office  à  rendre. 
Lat.,   serciùiu/n.   Ital.,   seraicio.    Bei-ry,   Bourg,   et  Morv., 
sareice.  Prov .,  scfcisi.  St-Am.,  sercichon.  Wall.,  sicrciss. 
Vx.  fi'.,  seifcise,  sercisc. 

Sarviéte,  s.  f.,  serviette.  «  C'qui?  ces  paipiès?. . .  Y  é  bon 
à  faire  des  sarciétes  sans  orlôts.  »  Chacun  sait  à  quoi  s'en 
tenir  sur  la  nature  de  ces  serviettes. 

Ital.,  salcietia.  St-Am .,  serdëia .  Vx.  fr.,  serciete. 

Sarviteur,  et  S/.rviteû,  s.  m.,  serviteur. 

htxt.,  sercitor,  Ital.,  sercitorc.  Bourg.,  savciteur.  Prov., 
scrindor,  sei-ceife.  Wall.,  slciritenv .  Vx.  fr.,  serviior,  ser- 
cltar,  scrcltonr. 

Sau,  s.  f.,  sel  :  «  Ton  bouillon  é  fadasse;  mets-y  donc  cime 
bonne  pincée  d'.sa?<.  » 

Lat.,sr</.  Ital..sa/6'  Berry,  sa«.  Bourg.,  sei,sau.  Bugey 
et  Dauph.,  sa.  Fi'.-Cté,  sal,  saii.  Gasc,  sal .  Hain'  et  Lille, 
se.  Lorr.,  .<«.  Montr.,  sau.  Morv.,  sai.  Pic,  se.  Poit., 
seul,  saau.  Pvov .,  saa,  sal.  Rom.  sau.  Rouch.,sc'.  St-Am., 
c/iô.  Saint.,  sau,  saau.  Sav.,  sd.  Vosg.,  sau.  Wall.,  se. 
Vx.  fr.,  sel. 

Saucée,  s.  f.,  averse,  pluie  vigoureuse  qui  met  les  gens  à 
une  jolie  sauce.  (V.  Trempée,  Rincée,  etc.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VKFtDUNO-CIIALONxNAIS  301 

Sauceron,  s.  m.,  clianipignon.  J.  Guillciiiiu  justifie  le  nom 
en  disant  que  ce  produit  sert  à  relever  les  sauces  de  certains 
mets. 
Bres8.  et  Montr.,  i^auccron.  Vx.  i'i-.,  snnlccron. 

Sauceiion,  s.  ni.,  saucière,  vase  de  terre  à  mettre  la  sauce. 
Rouch.,  sauceron.  Wall.,  sassi.  Vx.  fr.,  saussicrc. 

Saucette,  s.  L,  mouillelto  trempée  dans  la  sauce. 
Rouch.,  saiicèfe,  toui/nùle. 

Saufre,  et  Sauv',  prép.,  sauf,  excepté  :  ((  J'veinrai  vous 
vouer,  saufre  l'hivâr,  »  —  «  Lu?  Y  et  ein  goret,  sauo'vote 
respèt.  » 

Lat.,  salcus.  Ital.,  salco.  Berry,  so/re.  Genev.,  so,"i-e,  sauce. 
Morv.,  sojfre,  saufre.  Prov.,  sw/r,  salf\  sal.  St-Ara.,  se  ne 
pô.  Saint.,  sauo.  Vx.  fr.,  salce,  saus,  sauce. 

Sauge,  Sause,  et  Saus,  s.  m.,  saule.  —  Lorsqu'une  jeune 
fille  a  été  délaissée  par  son  amoureux  et  qu'il  en  épouse 
une  autre,  les  jeunes  gens  du  pays  vont  couper  des 
branches  de  saule  et  les  plantent  devant  la  porte  de  l'aban- 
donnée. Quel  est  le  sens  de  cette  coutume?  Il  semble 
presque  maintenant  qu'il  renferme  une  pointe  d'ironie. 
C'est  cependant  le  contraire  de  ce  qu'il  a  été  dans  l'origine. 
L'erreur  est  tout  entière  dans  le  mot.  La  coutume  a  été 
d'abord  de  porter  à  la  triste  fillette  de  la  sauge,  la  plante 
aromatique  qui  passait  pour  curative,  et  on  symbolisait 
par  là  le  désir  qu'on  avait  de  guérir  la  blessure  morale  de 
la  pauvre  affligée.  Puis,  sauge  signifiant  également  saule, 
on  s'est  reporté  à  ce  dernier,  oubliant  la  signification  pre- 
mière, —  et  l'on  plante  le  saule  sans  plus  savoir  ce  que 
l'on  fait. 

Lat.,s«/tx.  Ital.,  salcia.  Bourg.,  sau;/c.  Lim.,  assolai. 
Montr.,  sauije.  Morv.,  sauce,  sauciw,  sauge.  Poit.,  sau^e. 
Prov.,  sause,  sausct.  Rouch.,  sau.  St-Am.,  cliôsou.  Saint., 
sau;e.  Suiss.  v.,saudja.  Yo^g. .  saussc.  Wall.,  saulx,sauc/te. 
Vx.  fr.,  saulge. 

Sauseri,  s.  m.,  espèce  de  moineau,  qui  niche  principalement 
dans  les  saules.  Vient  naturellement  de  notre  mot  sauge. 
(V.  Passera,  et  77/'/.) 


392      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO -CH ALONNAIS 

Saumeùre,  s,  f.,  saumure. 

Lat..  (sal)  iiKirui .  Ital.,  sdla  inojti .  Genev.,  nwiiarc,  moire 
Movx  .,  saunicai-e.  WiiW  .,  sa  incur.  Vx.   ïv,  sauniiiijrc . 

Saute- EN-BVRQUE,  s.  f.,  rediugolo  courte,  à  l'instar  des 
vestons  de  pêcheurs,  commode  pour  sauter  en  bateau,  et 
que  portaient  les  jeunes  gens  à  l'entour  de  1830. 

Sauterfau    s.  m.,  sauterelle. 

Beri'y  et  Flandr.,  siKitcriaii.  Fr.-Cté,  sautcurlau.  Ilain', 
saiUriau,  .•iaullan.  Lille,  sauterlau .  Moi-v.,  sautcreau.  snii- 
trallc .  Xiveni.,  s'iKfercau.  Poit.,  sautcrùiu,  sautci'ea,  sautra. 
Piov .,  s((u(arflla .  Rouch.,  saiitèriaii.  Saint.,  saiiirû,  san- 
ircau.  Vx.  fr.,  sal/crclc,  santcrcan. 

Sauterie,  s.  f.,  sauteuse,  danse  rapide  et  mouvementée,  qui 
s'exécute  presque  toujours  au  son  enfiévrant  du  tambour, 
et  qui  termine  nos  farandoles. 

Lat.,  saltare.  Moi'v,,  sauterie.  Wall.,  satlcu.  Vx.  fi-., 
saitlteuse. 

Sauve,  adj.  des  deux  genres,  sauvé,   vée   :   «  01  a  été  ben 
raau;  ma  ô  va  miei^i. . .  le  v'ià  sauve.  »  —  «  Y  é  c'ment  la 
vaque  à  Nicot.  A.lle  étôt  bourenfe;  aile  é  .^auve  itou.  » 
Genev.  et  Midi,  sauce. 

Sauvon,  et  Savon,  s.  m.,  savon. 

Lat.,  sapo.  Ital.,  sapoue.  Bourg.,  saicon.  Bress.  etMonfr.- 
saucoii.  Pic,  sucelon.  Prov.,  sabo.  St-Am.,  cliacon.  Toul., 
sabou.  ^'x.  l'r.,  sacelun. 

Sàvonade,  s.  f.,  savonnage  :  ((  J'évô  hé  du  linge  sale.  J'iai 
métu  à  tremper,  é  pi  c'tantùt  j'ai  fait  ma  snconade.  » 
Genev.  et  Midi,  savonnadc. 

Savouér,v.  tr.,  savoir,  connaître. 

Lat.  et  Ital.,  saperc.  Bourg. ,  5ea«roi.  Il.-V%  saca,  sacai. 
Mac,  sacaï,  sctc;-cous  (savez-voux)?  Morv.,  saivoua.  Prov., 
saber,  saper.  Toul.,  sabc.  Wall.,  saveur.  Vx.  ir.,  sacer, 
sacoir,  sçucoir. 

Savouér  mau,  loc,  savoir  mauvais  gré,  être  fâché,  prendre 
en  mauvaise  part  :  «  O  m'a  saca  mau  d'ii  avouer  dit  ça.  » 
Midi,  savoir  mal . 


LANGAGE   POPULAIRIÎ    VERDUNO-CEIALONNAIS  393 

Savu,  part,  de  sacoaér,  su  :  ((  Drè  qu'ùl  a  savu  c'qui,   ôl  a 
côri  li  pourter  quête  chouse.  » 
Bourg,  et  Morv.,  saicu.  Vx.  fr.,  seu,  sçu. 

Sav'vous?  loc.  contractive,  savez-vous? 
Cogn.,  sao'coas?  Vx.  fr.,  sçaa'ousf 

SciÀLER,  et  SiÀLER,  V.  ti'.,  fermer  liermétiquemenl,  cacher, 
bondonner  une  futaille  :  «  L'pâre  Tournas  a  fini  de  sciàler 
son  tonneau,  »  —  «  L'argent  é  sciàZe  dans  l'orraoire.  » 
Morv.,  siâler,  seller.  Vx.  fr.,  saaler,  scelcr. 

Se,  adj,,  second.  Est  l'abréviation  de  ce  mot.  Employé  par 
les  enfants  dans  leurs  jeux  pour  se  compter. 
Berry,  seu.  (V.  Prc,  Der.) 

Se,  pron.  pers.,  employé  pour  :  nous,  vous  :  «  Vous  s'portez 
ben?  »  —  ((  Aujôrdeu  dimanche,  nous  s'preùm'nons  su 
la  levée.  » 
Berry  et  Morv.,  se. 

Secôr,  et  S'coR,  s.  m.,  secours. 

'Ldii . ,  saccursuni .  Ital. ,  soccorso.  Bourg,  et  Morv.,  secor. 
Prov.,  socors^  sccors.  Vx.  fr.,  sueurs,  S'-cors,  souscors. 

Secôrî,  et  S'cÔRÎ,  V.  tr.,  secourir. 

hat.,  succarrere.  Ital.,  soccorrerc.  Morv .,  secorre,  s' eori. 
Prov.,  soccorre,  secorre,  secorrcr.  Vx.  iv.,sccorir,  sequcurir, 
souscourir,  suceur rir. 

SÉcÔT,  adj,,  sec;  au  figuré,  égoïste  :  «  Lu?  ô  n'doune  jamâ 
ran  ;  y  et  ein  sécbt.  » 

Lat,,  siccus.  Ital.,  seeco.  Berry,  chèche,  se.  Bourg.,  sa. 
Pic,  se.  St-Am.,  chë,  sëche.  Wall.,  seg.  Vx.  fr.,  seque, 
sèche,  sec.  (V.  Sô.) 

Seichez,    imp.   de   savouér,  sachez  :  ((    Seichez  ben,  vieux 
malin,  qu'vous  n'valez  ran  du  tout.  » 
Bourg. ,  seiche. 

Seille,  s.  f.,  seau,   baquet,  vase  de  bois  qui   sert  dans  le 

ménage  et  aux  vendanges.  Petit  seau  pour  traire  les  vaches. 

Lat.,  s'dula.    Bourg.,   saillô.    Bress.,    seille,  soille.    Forez, 

scilloa.    Genev.,  seille,  seillot.    Lang.,  selio.  Lyon.,  seille. 

45 


394  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNALS 

Montr.,  soillc.  Morv.,  Norin.  et  Pic,  seille.  Poit.,  seilleau. 
Prov.,  sc-lha.  Rom.,  scil/a,  sclha.  Vx.  fr.,  seille,  soille. 
(V.  Siau.) 

Seins,  impér.  et  subj.  d'eï/'e,   soyez,  soyons  :   «   Y  a  pas 
d'danger  que  ]  seins  si  bêtes;  je  l'counassons.  » 
Bourg.,  sein.  Lorr.,  sins. 

Séjôr,  s.  m.,  séjour,  résidence. 

Ital.,  soggiorno.  Bourg.,  sè/'or.  Prov.,  sojor/i,  scjorn. 
Vx.  fr.,  sn/'urn,  se/or,  sii/'nr. 

Sembler,  v.  intr.,  ressembler  à  :  «  Colas  semhe  jouliment 
sa  mère.  » 
Bugey,  simbla.  Midi,  sembler.  Sav.,  sêblâ.  (V.  Ressei)iblcr.) 

Sen  d'vant  DIMANCHE,  loc.,  sens  dessus  dessous. 
Morv.,  sen  d'can  dimoinge. 

Sentu,  part.,  senti. 

Cogn.,  scntut.  Genev.,  Morv.  et  Roucb.,  sentu.  Wall., 
sintu.  Vx.  fr.,  santi,  sentu. 

Serciller,  v.  tr.,  écouter.  —  Ce  mot  est  un  de  ceux  qu'on 
m'a  communiqués.  Je  n'ai  recueilli  aucune  phrase  où  il 
figure.  Le  Berry  a  sarciller,  qui  veut  dire  :  ravauder.  Ce 
n'est  plus  cela. 

Serment,  s.  m.,  sarment,  bois  de  la  vigne.  —  On  a  remarqué 
sarment  pour  serment.  Voilà  maintenant  que  nous  avons 
serment  pour  sarment.  C'est  un  peu  comme  l'allemand  qui 
dit  bichon  pour  pigeon,  qI  pigeon  pour  bichon.  Ainsi  vont 
langues  et  dialectes. 

Lat.,  surnienlum.  \ià\. ,  sarmento.  Genev.,  Lyon.,  Neufch. 
ei)?iOw .,  serment.  St-Am . ,  sar/»c'.  TouL,  eissermen.  Vaud. 
et  Vx.  fr.,  serment.  (V.  Sarment.) 

Sersifi,  s.  m.,  salsifis. 

Ital.,  sasscfrica.  Lyon.,  sarsijl.  Norm.,  serciji.  Roucli., 
cramola.  Vx.  fr.,  serciJl.  (V.  Aller  au...,  Berland .) 

Seter  (se),  et  S'ter  (se),  v.  réfl.,  s'asseoir.  Abrév.  de  asseter. 
Berry  et  Maine,  sî'e^e/",  asstt'iîer.   Morv.,  se  siétcr.   Norm., 
siéter,  assièter.  Suiss.  r.,  se  sètà.  (V.  Asseter,  Cheiirter.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  305 

SÉTiE,  et  SÙTiE,  S.  f.,  sécheresse  du  gosier,  grand'soif.  Indis- 
position bien  entretenue  dans  la  localité.  —  Plus  près  du 
latin  que  notre  mot  français. 

hat.,  sitis.  lta,l.,  sete.  Bress..  setic,  sotie.  Vx.  fr.,  scid. 
(V.  Pipie,  Soi,  Soichcrosse.) 

Seli,  s.  m.,  seuil  :  «  L'vieux  reste  iqui  su  Vseii,  qu'ô  s'chaufïe 
tout  bêlement  les  genô  au  soulô.  » 

Lat.,  soliiiin.  Ital.,  sogliu.  Bourg.,  seuil  le.  Morv.,  scti. 
Prov.,  sol,  suhl.  Rouch.,  seulicr,  soeil,  suail,  sueil.  Wall., 
soâ.  Vx.  fr.,  suel,  soil,  sole,  esseuil. 

Seû,  et  Seûrô,  s.  m.,  sureau.  Sert  à  la  confection  de  plusieurs 
petits  ustensiles  d'enfants  :  taperiau,  jiclerôte,  etc.  (V.  ces 
mots.) 

Lat.,  sanibucus.  Ital.,  sambuco.  Berry,  seû,  seue,  sens, 
suis.  Dauph.,  seu.  Fland.,  sahu,  schu.  Fr.-Cté,  saivii,  seii. 
Genev.,  sait,  saiu.  Isère,  scù.  Jura,  sou.  Loir.,  seu.  Maine, 
scur,  su,  sûr.  Morv.,  seu.  Nam.,  seussc.  Norm.,  seu,  scur, 
sus.  Pic,  seurj,  séu,  sèiju.  Poit.,  seu,  seuje.  Prov  ,  sambuc, 
saug.  Rom.,  seu,  sahué.  Rouch.,  sèu.  Sologne,  scus.  Suiss.  r., 
saii,  siutu,  sahu.  loul.,  sa/aie,  sauquié.  Vaud.,  suau,  sahu, 
sau.  Wall.,  sé/iu,  sayu,  sahoii,  sawe,  sawoii.  Vx.  fr.,  sèu, 
sèur,  suraut,  suc^cau,  sul.:r,  .se»s.  (V.  Seùt/cr.)  ' 

Seû,  l»"*^  pers.  du  v.  ét?^e  :  «  I  seû  bé  seijr  qu'aile  et  iqui.  » 
Bourg.,  seii,  se.  Fr.-Cté,  seu.  Morv.,  cheus,  seu. 

Seûcer,  V.  tr.,  sucer  :  «  Le  p'tiot  seûce  tôjor  ses  dèts.  » 

hat. ,sugere.  Ital.,  succiare.  Bourg.,  seuçai.  Fland.,  churher. 
Morv.,  seucer,  ckucher.  Norm.,  chuchcv.  Pic,  chukei\  Prov., 
sucar,  succar.  Vx.  fr.,  sucicr,  succher,  suger. 

Seûche,  s.  f.,  souche,  tronche,  grosse  bûche. 

Ital.,  socco.  Berry,  suc/io,  socfic.  c/iuc/ie,  choche,  cosse. 
Bourg.,  suche.  Fland.,  c/ioque.  Fourgs,  soutse.  Fr.-Cté,  seuche. 
Montr..  soche.  Morv.,  cheuche.  Norm.,  cliouque,  c/iuque. 
Pic,  choque,  choke.  Prov.,  soc,  soca.  Saint.,  cosse.  Vx.  fr., 
suche,  cuchc,  souche.  (V.  Greiibc,  Queùrle.) 

Seûçôt,  s.  m.,  objet  que  l'on  suce,  réglisse,  sucre  d'orge^  etc. 
Bourg.,  seûçot.  Movv .,seurot .  Prov.,  sucet.  Rouch.,  chuchot. 

Sgûçoter,  V.  tr.,  suçoter,  faire  fonctionner  le  seàçbt. 
Berry,  seûçotai.  Morv.,  scuçoter. 


396  LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Seûçoû,  s.  m.,  suceur  :  «  Poui!  quand  ô  vous  bise,  ce  gros 
mastoc,  y  et  ein  vrâ  seùçoû! . . .  » 
Bourg.,  seiiçou.  Pic,  ckuclœu.  Vx.  fr.,  succeur. 

Seûcre,  et  Seûque,  s.  m.,  sucre.  Au  figuré,  chose  très  bonne. 

hat.,  saccharum.  Ital.,  succhcro.   Bourg.,   seucrc .  Fland., 

suc,  chue.   Lille    chue,   chuquc.    Lorr.,   scuc.  Morv.,  seucrc, 

seuque.  Pic,  suc,  chue.  Pvov. , sucre.  Rom.,  chucrc.  .St-Am., 

sëcrou.  Wall.,  souk.  Vx.  fr.,  cuere,  chucrc,  sucerc. 

SEÛë,  s.  f.,  suie  :  «  01  é  blanc  coume  la  seùë.  » 

Berry,  suje.  Dauph.,  s«/c/(t-  Fr.-Cté,  scuche,  seutche.  Jura, 
sache,  sutse.  Metz,  sieue.  Montr.,  surje.  Morv.,  chue,  seue, 
Poit.,  s?/^e.  Prov.,  SMfrt,  sucia,  sua,  suc/a.  St-Am.,  sur^c. 
Saint.,  surjhe.  Vosg.,  scuche.  Vx.   fr.,  suie. 

Seùer,  V.  intr.,  suer,  transpirer. 

Lat.  et  Ital.,  sudare.  Morv.,  chucr.  Prov.,  su;ar,  suar. 
St-Am.,  trôché.  Wall.,  souu^è.  Vx.  fr.,  suer. 

Seûiller,  v.  intr.,  siffler,  de  la  bouche,  ou  avec  un  sifflet. 
Aunis  et  Berry,  siler.  Châtill.,  SHt7/e/'.  Guern.,  si/illd.  Lang., 
s'oùla.  Movv .,  ehuler,  schiler,  su'ier,  suillcr.  Nam.,  c/iufflcr. 
Norm.,  scier,  schller.  Poit.,  siler.  Prov.,  siular,  eschiular. 
Rouoh.,  chiffle.r.  Saint.,  siler.  Wall.,  hujler.  Vx.  iv.,chijjler, 
cijler.  (V.  Seûillot,  Subler.) 

Seûillôt,  et  Suillôt,  s.  m.,  sifflet,  surtout  celui  que  les 
enfants  taillent  dans  des  branchettes  de  saule.  En  tapant 
avec  le  manche  de  leur  couteau  sur  l'écorce  de  la  branche 
pour  qu'elle  s'en  détache,  ils  chantent: 


ou  bien 


Sève,  sève, 
Mon  seûillot  ! . . . 

Seùillc,  scifillc ,  ma  pincte, 

Su  le  c...  de  Nan-nète;. 
Scûille,  seùillc,  mon  seûillot, 

Su  le  c. . .  de  Piarot  1 

Préalablement  ils  y  ont  pratiqué  une  incision  en  forme 
d'anche.  On  fait  la  même  opération  avec  les  branches 
d'osier,  muse  d'osatj.  La  muse  de  ble  est  un  sifflet  fait 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS 


397 


avec  un  chalumeau  vert.  —  Ch.  Nisard  donne  une  autre 
chanson  : 

Sève,  sèt'C,  scce, 

Sur  le  pont  de  Scce  ; 

Sécillon,  sèvillon, 

Sur  le  pont  de  Châtillon. 

Une  comparaison  avec  d'autres  couplets  peut  être  inté- 
ressante. En  voici  quelques-uns: 

FORÉZIEN 

Sava,  saoa, 
Quia  de  madame! 

Savasstcu, 
Quio  de  monsicu  ! 

De  ce  quio  on  peut  rapprocher  le  :  «  Catiau  de  Madame 
Lala,  »  jeu  usité  à  Lille. 


Franche-Comté 

Sèce,  sève, 
Contidtème !  (?) 
S'te  reins  ben, 
J'te  barrai  du  bon  cin; 
S'te  veins  mau, 
J'te  barrai  d' la peiiss'  de  c/ioan. 

Poitou 

Sabe,  sabe,  ma  pibole, 
Tu  boiras  dau  Jus  do  fjrole, 
Si  tu  n'sabes  pas, 
Tu  n'en  boiras  pas. 


MORVAN 

Saice,  saice,  mon  Jleuteau, 
Tôt  en  piau  de  colincau! 

Se  teu  saices  bin, 

Taire  deu  vin; 

Se  teu  saives  mau, 
T'airé  d'iiau. 

Saintonge 

Sabe,  sabe,  mon  petit. 

Te  baiWrai  des  œufs  rôtis! 

Sabe,  sabe  tout  àjait. 

Te  baill'rai  des  œufs  mollets! 


Berry,  cldfflet.  Bourg.,  scuillot.  Lille,  chifflotiau.  Morv., 
suillet.  Norm..  suflet.  Pic,  chiflot.  Rouch.,  chifflot.  Wall., 
chujlot. 

Seùne,  Seûme,  et  Seùnon,  s.  m.,  somme,  sommeil. 

L.3ii.,  somnus.  Ital. ,  son/io.  Vr.-Ciè.  sanne.  Lim.,  souniei. 
Lorr.,  soméi/e.  Lyon.,  suin.  Mac,  scne.  Montr.,  scunne. 
Poit.,  songe.  Prov.,  som ,  son.  St-Am..  sr.noii .  Saint., 
sonrjhc.  Sav.,  sonne.  Toul.,  son.  Vx.  fr.,  souine,  sann, 
somme.  (V.  Soume.) 


398  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Seùr,  adj.  et  ad\^,  sûr,  certain. 

Lat.,  sccuras.  Ital.,  sicitro.  Berry  et  Bourg.,  scar.  Lim., 
segur.  Morv.,  scar.  Prov..  scijur.  St-Am.,  sui.'Wx.  ir.,soiir, 
sciir',  segur,  seiir . 

Seûre,  s.  f.,  sœur. 

Lat.,  soror.  Ital.,  sororc.  Bourg.,  seu. hjon.,  sorre.  Morv., 
clieiir.  Prov.,  sor,  seror.  Rouch.,  seure,  siièrc.  Sslv.,  c/iunira. 
Toul.,  sor.  Vx.  fr.,  seur,  suer,  seriir,  sofur,  serour,  6crcur. 
(V.  Seùrùlc.) 

Seûrement,  adv.,  sûrement. 

Ital.,  sicuramente.  Morv.,  soureineni.  Prov.,  scguraincnt. 
St-Am.,  é  bèii  sai  (c'est  bien  sur).  Vx.  fr..  soarcincnt,  seu- 
re me /i  t. 

Seûreté,  s.  f.,  sûreté,  assurance, 

Lat.,  securitas.  Ital.,  sicurta.  Bourg.,  seurtal,  seurclai. 
Morv.,  scuretè.  Prov.,  segurtat.  Sav.,  churctà.  Vx.  fr.,  scùrtè, 
seurcté. 

Seûrôte,  s.  f.,  petite  sœur.  Diminutif. 
Morv.,  chearotte.  (V.  Scùrc.) 

SeÛrtout,  adv.,  surtout,  principalement. 

Bourg.,  suteû.  St-Ara.,  surtou.  Vx.  fr.  sur  (/ne  tout,  en  sur- 
quetout. 

Seûte,  s.  f.,  suite,  conséquence,  ordre. 

Lat.,  sccta.  Bourg.,  seute,  suttc.  Morv.,  chuite.  Rouch-, 
sieute.  Sav.,  rhnita.  Vx.  fr.,  sicute,  stcutte,  suitte. 

Seûtes,  irapérat.  et  2"i«  pers.  plur.  du  subj.  prés,  du  verbe 
être,  soyez,  et  soyiez  :  «  Allons,  les  p'tiots,  seùtes  bé  sages.  » 
—  «  Dépôchez-vous;  faut  qu'vous  seùtes  là-bas  d'main.  » 

Seùvre,  et  Seuv',  v.  tr.,  suivre. 

Lat.,  sequi.  Ital.,  scguire.  Aunis,  sègre.  Berry,  suire,  suce, 
sucre,  seucre.  Bourg.,  sucre,  scùgre,  enseàgre,,  seucrc,  en- 
seucre.  Bress.,  suire.  Forez,  sègre.  Fr.-Cté,  suire,  seudre. 
Guern.,  sicre.  Lyon.,  sioure,  siore.  Morv.,  c/nitre,  cladtre, 
sègre,  sigre,  signer.  Norm.,  sieucre.  Pic,  suire.  Poit.,  sigre, 
sègre,  signer,  scguer,  seucre.  Prov.,  seguir,  sogre.  Rom.,  sègre. 
Roach.,  suife,  sieure.  Saint.,  sègre.  Sav.,  cliuicre.  Suiss.  r., 
seigre.  Vend.,  segàer.  Wall.,  sûr.  Vx.  fr..  sugcre,  suire,  sicre, 
§uioir,  segre. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  399 

SeÙvu,  part,  do  t:^eàDre,  suivi. 

Bourg.,  scûfjti.  Moi'V.,  scijd,  sidrii.  Vx.  fr.,  scgu. 

Seùyer,  s.  m.,  sureau. 

Berry,  sui/aa.  Montr.,  seuillicr.  (V.  Seù.) 

SÉYON,  et,  SoiLLON,  S.  m.,  sillon. 

Berrj',  scillon.  Montr.,  soilloii.  Vx.  fr.,  scillon,  scifjlon. 

SiAu,  s.  m.,  seau.  Pour  indiquer  une  bonne  averse,  nous 
disons  :  «  I  pleut  à  siaax.  »  —  Parce  que  Vs  se  fait  for- 
tement sentir,  quelques-uns  pencheraient  pour  écrire  sciau, 
comme  en  Picardie  et  en  Lorraine. 

Lat.,  sllala.  ItaL,  sccclùa.  Aunis,  ser/Ua,  sc'gliaii.  Art., 
sclUcaa.  Berrj%  sicm.  Bourg.,  saillô.  Bress.,  scille,  seillet. 
Forez,  sc'dU,  sellloa.  Fourgs,  saille,  sailloii.  Fr.-Cté,  seille, 
soille.  Genev.,  siau,  scille,  seillot.  Il.-V,  slau.  Lille,  séiaii. 
Lorr.,  sciau.  Mac,  selietc.  Midi,  siau.  Morv.,  chiau,  soillot. 
Norra.,  setZ/e.  Pic,  scian.  Poit  ,  scil,  seilla,  seilleau.  Prov., 
selha,  selh.  Rora.,  saiau,sciet/.  Rouch.,  sciau.  St-Am.,  chclr/e. 
Suiss.  r  ,  scll/ia,  sellhon.  Wall.,  scan,  scijai.  Vx.    fr,,  scille. 

Siau,  s.  m.,  seigle.  (V.  Saille.) 

SicHE,  adj.,  chiche,  avare,  parcimonieux. 

Lat.,  ciccuni.  Ital.,  cica.  Fr.-Cté,  sichc.  Vx.  fr.,  chic/ie, 
sichc. 

Si  fait,  loc.  adv.,  mais  si,  si  bien.  Affirmation  très  accen- 
tuée :  «  Je  n'ia  créyôs  pas  gentite?  —  Oh!  si  fait!  »  — 
Dans  son  Dictionnaire  du  patois  normand.  Ed.  du  Méril, 
à  l'article  Si  fait,  dit  :  «  Cette  forme  de  négation  est  d'au- 
tant plus  remarquable  que,  dans  les  poèmes  dialogues  de 
Roswitha,  .s-i  est  employé  comme  particule  négative.  »  — 
Dans  son  Glossaire  du  patois  picard,  l'abbé  Corblet,  après 
avoir  dit  que  si  fait  est  «  une  réponse  de  redressement  à 
une  phrase  négative  »,  continue  en  empruntant  l'alinéa 
d'Ed.  du  Méril,  ce  qui  met  la  fin  de  son  article  en  contra- 
diction avec  le  commencement.  —  Le  comte  Jaubert,  dans 
son  Glossaire  du  Centre,  se  garde  bien  de  cette  opinion  et 
dit  :  «  Le  si  fait,  affirmation  particulière  du  français,  n'est 
que  le  si  (oui)  des  Italiens,  avec  un  certain  degré  d'insis- 
tance. »  —  Dans  les  autres  patois,  si  et  si  /ait  sont  des 


400  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

plus  affirmatifs.  Comment  le  Normand  peut-il  y  trouver 
une  négation? 

Ital.,  sijfato.  Mac,  se  (si).  Norm.,  si  fait  (négation,  d'après 
Ed.  de  Méril).  Pic,  si  fouet.  Rouch.,  sifè,  si/ra. 

SiFLOÛ,  s.  m.,  sirtleur,  qui  siffle  constamment,  homme  ou 
oiseau. 

Lat.,  sibilator.  Ital.,  sibilatorc.  Lyon.,  sifflou.  Sav.,  schlarai. 
Vx.  fr.,  sijieur. 

SiGNÔLE,  s.  f.,  vielle,  instrument  de  ressource  pour  les  bals  : 

Jean  a  pris  sa  signale; 
O  va  nous  fàr  danser. 
Jcan-ne  a  mis  sa  bàl'  robe; 
J'cons  aller  la  biser. 

Ital.,  sonella.  Bress.,  signole.  Jura,  signôle.  Vx.  fr.,  soi- 
gnole. 

SiNiFiANCE,  s.  f.,  signification. 

'Lâ.t.,  signijicatio.  \i2i\.,  signiJîca.;ione.  Prov.,  signijicatio. 
Vx.  fr.,  sencjication. 

SiNiFiER,  V.  tr.,  signifier^  déclarer. 

Lat.  et  Ital.,  signijîcare.  Morv.,  senifier.  Prov.,  signijiar, 
signijîcar.  Wall.,  signifii.  Vx.  fr.,  sener,  senejîer. 

SiRUGiEN,  s.  m.,  chirurgien. 

Ital.,  chirurgo.  Bourg.,  sirujiea.  Genev.,  cérussien,  céru- 
gien.  Vx.  fr.,  swgicn,  sei'urgien,  cgrurgicn. 

SisiTE  (fâro),  loc. ,  s'asseoir  :  ((  Veins,  p'tiot,  \eh\sfàre  sisite 
au  counôt  du  feù.  » 

S'mal\-ne,  s.  f.,  semaine. 

Lat.,  septiinana.  Ital.,  scminana.  Bourg.,  scmeigne.  Dauph., 
seinane.  Lorr.,  stnàne.  Pic,  essemangnc .  Prov.,  semmana, 
septmana.  Wall.,  seinainn.  Vx.  fr.,  semuigne,  sepinaine. 

S'mences  (les),  s.  f.,  époque  des  semailles  :  Y  é  bentôt  les 
s' menées.  » 

Lat.,  scininalia.  Ital.,  seininasione.  Berry,  senaille.  Charent., 
semerailles.  Montr.,  senaille.  Prov.,  scmenalha.  Wall.,  se- 
niaw.  Vx.  fr.,  seniaill. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  401 

S'ments,  s.  m.,  enscmcncemonls  fournis  par  le  locataire 
d'un  terrain,  que  le  bailleur  est  chargé  de  labourer. 

Ber-r-y,  sèment,  sunience.  Forez,  essemcnis .  Genev.,  semons. 
Morv.,  sonxencc,  se/nens.  Poit.,se«!e.  Pvov .,  senicnsa.  Wall., 
se/nains.  Vx.  fr.,  semenchc. 

S'mer,  V.  tr.,  semer. 

Lat.  et  Ital.,  semmare.  Berry,  s'niej\  seumcr.  Est,  sener. 
Norm.,  snnicr.  Prov.,  scnienav,  seinnar.  St-Am.,  chcné. 
Vx.  fr.,  somer,  sicmcr,  semer. 

S'mer  les  épousés,  loc,  jeter  sur  le  couple,  à  son  retour  de 
l'église,  différentes  sortes  de  graines  :  blé,  avoine,  fèves,  etc. 
Cette  coutume,  ancienne  et  toujours  pratiquée,  contient 
certainement  un  symbole,  celui  de  la  prospérité,  de  l'abon- 
dance que  l'on  souhaite  au  jeune  ménage.  Dans  certaines 
noces,  des  amis  riches,  au  lieu  de  se  servir  de  grains  pour 
«  semer  les  épousés  »,  les  saupoudrent  de  dragées.  Ce  sont 
les  gamins  qui  jubilent...  et  se  battent  pour  ramasser  les 
sucreries!  Ils  voudraient  des  noces  tous  les  jours. 

S'mondre,  V.  tr.,  offrir,  proposer  une  affaire,  une  emplette: 
«  J'ii  ai  s'mondu  mon  blé.  ))  Se  dit  généralement  des 
domestiques  :  «  Aile  é  venue  se  s'mondre.  » 

Lat.,  subinonere.  Berry,  semouner,  scmonncr.  Forez,  se- 
mounâ.  Lorr.,  senionde.  Montr.,  semoadre.  Morv.,  scmonre. 
Prov.,  semondre,  somondre,  somonre.  Vx.  fr.,  soinandrc, 
sumondre. 

S'moû,  s.  m.,  semeur. 

Lat.,  se  minaf  or.  Itdil.,  se  mi  natore.  Bourg.,  senioû .  Prov., 
semenaire,  semenador.  St-Am.,  che/n/eû.  Wall.,  scmcu.  Vx. 
fr.,  semeour,  semer c. 

S'mouye,  et  S'môye,  s.  f,,  semoule. 

Lat.,  simila.  Ital.,  semola .  Genev.,  simolat.  Lyon.,  si- 
mouille.  Vx.  fr.,  sinile,  simencL 

Sô,  Sôche,  adj.,  sec,  sèche. 

Lat.,  siccus.  Ital.,  secco.  Berry,  so,  chèche.  Bourg.,  sô. 
Bress.,  so.  Montr.,  sô.  Pic,  se.  Rouch.,  seque.  Wall.,  seg. 
Vx.  fr.,  sec,  seque,  sèche.  (V.  Sécôt.) 

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402  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Sô,  et  Sou,  prép.,  sous. 

Lat.,  stib.  Ital.,  sotto.  Berry,  sos,  sonr.  Bourg.,  so,  20. 
Bress.  et  Lyon.,  so.  Moi'v.,  sos,  sô.  Prov.,  sotz.  Sav.,  dc^œu. 
Wall.,  so.  Vx.  fr.,  so.:;,  sost,  suz.  soub.;. 

S'ô,  et  S'ou,  coiitract.  de  Si  vous  :  «  Eun  p'tit  sou,  s'a  plait 
(ou  s'ou  plait).  »  —  Aux  visiteurs  qui  vont  au  Mont-Saint- 
Michel  les  gamins  demandent  :  «  Sou,  s'plait,  »  pour  :  Un 
sou,  s'il  vous  plaît.  C'est  laconique. 
Poit.,  s'o. 

SÔFLER,  V.  tr.,  souffler,  respirer. 

'Ldii .,  su fflave .  \idi\. ^  soffiure.  Bourg.,  so/?rtt.  Bress.  et  Lyon., 
sojler.  Piov.,  soffiar,  sufflcw.  St-Am.,  scâlyè.  Toul.,  bu/a, 
poulsa.  Wall.,  sojlè.  Vx.  fr.,  sojler,  stiffler,  soujîcr. 

SÔFLER  LES  POIS,  loc.,  rouller  en  faisant  sortir  de  sa  bouche 
un  souffle  qui  ressemble  à  une  ébullition.  Employé  par  La 
Monnoye  dans  ses  fameux  Noëi. 

Ital.,  soffiarc.  Bourg.,  so/lai.  Prov.,  ro/i/?rt/\  Tou.\.,  roujla, 
rounca.  Vx.  fr.,  ronchier.  (V.  Poi.) 

SÔFRANCE,  s.  f.,  souffrance. 

Ital.,  soJfevnn.^a.  Bourg.,  sôfrance.  Mac,  sofrance.  Prov., 
stijrcnsa,  stifrunsa.  Wall.,  sojrants.  Vx.  fr.,  sufrancc,  sou- 
fra nce. 

SÔFRÎ,  v.  intr.,  souffrir,  endurer. 

Lat.,  su/ferre.  Ital.,  sojfrirc.  Berry,  soffrir.  Bourg.,  sôjri. 
Lim.,  su/ri.  Lorr.,  soufri.  Lyon.,  sojfri.  Morv.,  souffri, 
sojfri.  Poit.,  sofrandcr.  Prov.,  siiffrir,  souffrir.  St-Ara., 
snj'rt.  Vx.  fr.,  soffrir,  sufrir,  soufrir.  soefrir . 

SÔFRÎ,  part,  du  verbe  précédent,  souffert:  «   Ah!  que  gros 
maux  sùfri  par  ce  chin  d'temps!  » 
Bourg.,  sô/'ri.  Lorr.,  soufri.  Morv.,  soujfri. 

Soi,  s.  f.,  soif  :  ((  01  a  tant  buvoché,  c'  lichoù,  qu'ô  n'  fait 
qu'crier  la  soi.  » 

Lat.,  sitis.  Ital.,  sete.  Berry,  soi,  souè.  Bourg,  et  Champ., 
sot.  Cogn.,  set.  Fr.-Cté,  soi.  Isère,  seï.  Lille,  so.  Lim.,  se. 
Maine,  sert.  Morv.,  souè.  Prov.,  set.  St-Am.,  châ.  Saint., 
soi.  Sav.,  sa.  Wall.,  seu.  Vx.  fr.,  soi,  soef,  soucf.  (V.  Pipie, 
Sùtie .  ) 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  403 

Soi,  et  Soie,  s.  f.,  haie  sèche. 

Bas-Lat.,  sotum.  Montr.,  soie.  (V.  Hâë.) 

SoiCHER ,   V.    tr.,    sécher,    dessécher   ;   «    Ton    vin    blanc, 
l'gueùrdin,  ô  m'  soiche  la  garguillôte.  » 

Lat.,  siccarc.  Ital. ,  seccarc.  Berry,  chécher .  Bourg.,  soichai. 
Montr.,  soichcr.  Morv.,  soaccher^  soicher.  Norm.,  sèquer. 
Prov.,  secar,  sccliar.  Wall.,  scchi.  Vx.  fr.,  seccher,  scicher, 
sec /lier. 

SoicHEROssE,  S.  f-,  sécheiesse. 

Berry,  chècherèche,  sécheté.  Morv..  soichcrosse,  soicheroUe, 
souèchcrcsse.  Norm.,  sèqueresse.  Prov.,  secaressa.  Rouch., 
sèqucrcsso.  Wall.,  segress.  Vx.  fr.,  secerecke,  secherece, 
sekcreche. 

SoiFEB,  V.  intr.,  apaiser  sa  soif,  boire,  et  parfois  beaucoup. 
Morv.,  souêj'er  (avoir  soif). 

SoiFOÛ,  s.  m.,  soiflfeur,  ivrogne  :  «  Vrâ!  que  soi/où  qu'ça 
fait  qu'ton  houme!  » 

SoiLLE,  s.  f.,  seigle. 

Lat.,  secnle.  Ital.,  scgalo.  Berry,  seillc.  Bress.  et  Bourg. , 
soillc.  Champ.,  soilc.  Fr.-Cté,  soille,  soila.  Jura,  seillou. 
Montr.,  soille.  Morv.,  seillc,  soillc,  soucillc.  Nam..  soil. 
Norm.  et  Pic,  soilc.  Prov.,  sctjuel.  Suiss.  r.,  sei/la,  chala. 
Wall.,   soilc.  Vx.   fr.,  soille,  segle,  seillc.  (V.  Sicai.) 

SoiTURE,  s.  f.,  étendue  de  pré  qu'un  homme  peut  faucher 
(soûer)  en  un  jour.  —  ha  soiture  morvandelle  est,  comme 
le  journal,  de  22  ares  35  c.  La  grande  soiture,  dont  ce 
pays  n'use  point,  est  de  35  ares  28  c.  On  dii  journal  pour 
les  terres  labourables,  soiture  pour  les  prairies. 
Bas-Lat.,  soittira.  Morv.,  soiteure.  (V.  Soïicr.) 

SoiTUREi,  s.  f.,  faucheur,  celui  qui  soiie. 
Montr.,  soiturier. 

Soldas,  s.  m  ,  étincelles  qui  s'échappent  en  feu  d'artifice 
d'une  bûche  lorsqu'on  tisonne  activement.  (Voir,  dans  la 
liste  suivante,  ses  traductions  imagées.) 

Forez,  aubes.  Làng.,  espagnols,  espagaôous.  Morv .,  soldas, 
Poit.  et  Saint.,  bretons  de  feu. 


404  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

SÔNE,  S.  f.,  la  Saône,  dans  laquelle  le  Doubs  se  jette  à 
Verdun.  Le  confluent  a  lieu  à  la  pointe  de  l'Ile.  (V.  les 
Sofinets  Verdunois.) 

SÔPE,  s.  f.,  soupe.  C'est  l'aliment  de  prédilection  pour  le  soir; 
aussi  dit-on  sôper.  Plusieurs  s'en  contentent  pour  leur 
dernier  repas. 

Ital.,  sopa.  Bourg.,  sôpe.  Lyon.,  sopa.  Movv.,  sô/)c.  Prov., 
sopa.  Sav.,  sepa.  Wall.,  sop.  Vx.  îv.,soappe,  soupe  (tranche 
de  pain). 

SÔPER,  V.  tr.,  souper,  manger  la  soupe. 

Bourg.,  sôpai.  Movv.,  sôper.  Sav.,  sepâ.  Vx.  fr.,  sopcr, 
souper. 

SÔPiR,  s.  m.,  soupir.  Combien  nous  avons  regretté,  d'abord, 
notre  ancienne  et  belle  «  Allée  des  Soupirs!  »  Heureusement 
elle  commence  à  renaître.  Petit  peuplier  deviendra  grand. 
hat.,  suspiriuin.  Ua.[.,  sospiro.  Bourg. ,  so/)j>.  Prov.,  sospir, 
sospire.  St-Ara..  scûlyon.  "Wall.,  sospeur.  Vx.  fr.,  sopir, 
souspir,  suspir. 

SÔPiRER,  V.  intr.,  soupirer,  désirer. 

Lat.,  Sf^s/jn-a/'C.  Ital.,  sospirarc.  Vvov.,  sospirar.  St-Ara., 
scûli/ê.  Vx.  fr.,  suspircr,  souspirer. 

SÔR,  s.  m.,  sort,  difficulté,  empêchement.  Dans  bien  des 
phrases  s'emploie  d'une  façon  particulière  :  «  Oh  !  gueùrdin 
à'sôr!  j'ai-t-i  du  mau  !»  —  «  Ona  jetéeun.sdr  su  ma  vaque.  » 
—  «  Eh  ben  !  la  p'tiote  ne  peut  pas  v'nî?  Y  é  donc  eun  aàr!  » 
Lat.,  sors.  ItaL,  sorte.  Lyon.,  sôr.  Prov.,  sort.  Vx.  fr., 
sors,  sors,  sort  (f.  puis  m.). 

SÔRD,  adj.,  sourd:  «  01  é  sorti  c'ment  eun  pot.  » 

Lat.,  siirdus.  Ital.,  sordo.  Berry,  sord.  Bourg.,  sor,  sodé. 
Lyon.,  sor.  Morv.,  sor,  de.  Prov.,  sord,  sort.  Vx.  fr.,  sord, 
sour,sourt.  (V.  Sourdiau.) 

SÔRis,  s.  f.,  souris. 

Lat.,  sorex.  Ital.,  sorlee.  Bas-Norm.,  soucris.  Berry, 
souris  (m.),  souriite.  Prov.,  sorti..:;,  sorrits.  Rouch.,  soris. 
Vx.  fr.,  soris,  sourie-,  suris.  (V.  Rate.) 

SORTE,  S.  f.,  sorte  :  «  01  é  métu  d'dans  d'eùne  bàle  sorte!  » 
Lat.,  sors.  Ital.,  sorta.  Bourg.,  soie.  Vx.  fr.,  sorte. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CH ALONNAIS  405 

SÔRTÎ,  V.  intr.,  sortir,  partir,  —  et,  acception  parliculière, 
venir  de.  Ainsi  :  ((  U  sort  de  pocher,  ô  sort  de  miger.  » 
hKi.,  surgere.  Ital.,   sortirc.    Bourg.,  sôti.    Mac,   sourti. 
St-Am.,  chourti.  Vx.  îv.,  sortir. 

SÔRTu,  part,  de  so/'tl,  sorti,  parti. 
Morv.,  sortu. 

Soù,  et  Sô,  s.  f.,  souë^  établé  à  pourceaux. 

Lat.,  sus.  Bourg.,  sa,  son,  sea.  Fourgs,  sauc,  sca,  soute. 
Forez,  soue,  soute,  souda.  Fr.-Ctô.  essoutc.  Guern.,  soute. 
Jura,  assout.  Maine,  soue.  Montr.,  souc.  Morv.,  soue.  Norm., 
sou,  souc,  souille,  souctte.  Prov.,  soude.  Vend.,  souque. 
Vx.  fr.,  sou;:.  (V.  Tecq  à  porcs.) 

Souci,  s.  m.,  sourcil. 

Lat.,  supercllluin.  Ital.,  sopracclgllo.  Berry  et  Genev., 
souci.  Isère,  surrcllle.  Lyon,  et  Norm.,  souci.  Prov.,  sobreclll, 
sohreciiha.  St-Am.,  seùccli/c.  Vx.  fr.,  sorclllc,  sourcih, 
surcil,  sourciculx . 

SouER,  V.  tr.,  faucher. 

Bress.,  soucr.  Montr.,  soucr .  Vx.  fr.^  so'icr.  (V.  Soiturc.) 

SouÉR,  s.  m.,  soir  :  «  Bonjor,  vouésin!  A  G'souér!  » 

Lat.,  scrus.  Ital.,  sera.  Berry,  souér,  soli-,  de  soir  (ce  soir). 
Bourg.,  sol.  Fourgs,  sa,  essa.  Guern.,  scr,  scrdïe.  H'°-Auv., 
scr.  11. -V",  sa.  Lim.,  set.  Mac,  sa'/ .  Morv.,  sur.  Norm.,  se, 
ser,  serèe,  scrancc,  scrange.  Pic,  série.  Poit.,  ser,  seras, 
serce.  Prov.,  sera,  ser.  St-Am.,  chd.  Saint.,  a  ser.  Sav., 
vèpoernâ.  Vosg.,  sa.  Wall.,  serâf.  Vx.  fr.,  selr,  soir. 

SouFLÔT,  s.  m.,  soufflet  de  feu. 

Bourg.,  sôflal.  Morv.,  souf/lot.  Wall.,  soflet.  Vx.  fr., 
soujlet. 

SouLEi,  et  SÙLEi,  s.  m.,  soulier.  Chaussure  à  laquelle  les 
sabots  font  une  forte  concurrence. 

Lat.,  solea.  Berry,  soui/cr.  Bourg.,  soulal.  Bress.,  seulai/. 
Il.-V,  sole,  soleuil.  Isère,  solar.  Lille,  sorlet.  Lim.,  soullliè.. 
Lorr.,  sole.  Mac,  soular.  Montr.,  suies.  Pic,  seulet,  sole, 
soulè.  Vvov.,  soiicr.  Rouch.,  sorlè.  St-Am.,  cliould.  Sav., 
solâr,  Toul.,  sabatou,  souleto  (semelle).  Wall.,  sorlet-  Vx.  fr., 
soller,  soulier,  soter. 


406  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

SouLÔ,  S.  m.,  soleil  :  ((  Si  ô  s'couche  d'avou  Vsoulb,  ô  s'ieùve 
itou  d'avou  lu  ;  ôl  é  du  maitin.  » 

Lat.,  sol.  Ital.,  sole.  Art.,  sole,  soleil.  Berry,  soulé,  soulëil. 
Bourg.,  solo,  sercH.  Bress.,  selea.  Bug.,  sèlay.  Dauph.  et 
Fland.,  solci.  Fr.-Cté,  sonlet.  Lim.,  soulei.  Lorr.,  slod.  Mac, 
sleu,  selon.  Morv.,  sordnu,  soûlai,  choulet.  Norra.,  solai,  soie, 
soulè.  Pic,  sole,  solcu.  Perch.,  soûlai.  Poit.,  soulail.  Prov., 
souieou,  solclh,  soleilh.  St-Am.,  chelô.  Saint.,  soulcil.  Sav., 
chuélâ.  Suiss.  r.,  selau,  selea.  Vosg.,  solo.  Wall.,  solci,  solo. 
Vx.  fr.,  soleib,  solau:;,  sonleux,  solci,  souloy. 

SoÛLÔT,  s.  et  adj.,  soulard,  ivrogne  :  «  0  û'déraâre  pas  du 
cabaret;  y  et  eun  vrâ  soùUjt.  » 
Lille,  soûlot. 

SouME,  s.  m.,  somme,  sommeil  :  «  01  é  prou  feignan;  ô  n'a 
jamà  fini  son  soume.  » 

Lat.,  somnus.  Ital.,  sonna.  Poit..  son(/c.  Prov.,  som,  so7i, 
sonelh.  Saint.,  song/ie.  Wall.,  somcic.  Vx.  fr.,  songe,  sonic, 
soume,  soninc,  saan.  (V.  Seûne.) 

SouMÉTU,  part.,  soumis  :  «  J'étôs  l'pus  fôr;  ô  s'é  soumétu.  » 
Morv.,  soumettu. 

SoÙNER,  et  Sener,  V.  tr.,  sonner. 

Lat.  et  Ital.,  sonnrc.  Bas-Noi'm.,  sounâer.  Berry,  souncr. 
Bourg.,  sénat,  seitnai,  dindai.  Dauph.,  sonna.  Forez,  sauna. 
Lyon.,  sono.  Morv.,  son-ner,  sonner.  Prov.  et  Rom.,  sonar. 
St-Am.,  cliouné.  Saint.,  souncr.  Toul.,  souna,  (inda.Yx.  fr., 
soncr,  suner,  sonner. 

SoÙNOÙ,  s.  m.,  sonneur,  qui  sonne  les  cloches. 

Ital.,  sonatore.  Morv.,  sounou.  Prov.,  sonador.  Vx.  fr., 
sonneur. 

SoupiRAu^  s.  m.,  soupirail  :  «  L'bétâ!  ôl  a  fremé  Vaoupirau 
d'sa  cave.  0  n'y  vouét  pu  ran.  » 

Ital.,  spiraglio.  Prov.,  sospiralh.  Rouch.,  supèruclc.  (V.  Lar- 
mier.) 

SouRDiAU,  s.  et  adj.,  sourd,  iuattentif. 

Bourg.,  sodid.  Bress.,  sourdiau,  seudiai.  Morv.,  sordiau, 
sordeai,  chour,  chourdiau.  St-Am..  chou,  ...rda.  Vx.  fr., 
sourdeau,  sourdaut.  (V.  Sàrd.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  407 

SÙVENANCE,  et  SÔVENÎ,  S.  f.,  souvcnif. 

Ital.,  sooeiiea^a.  Bourg.,  sôccnancc,  seaccnance,  sôocni, 
seucc/ii.  Bress.,  sociniance.  Morv.,  soccnance.  Prov.,  soci- 
nensa.  Rom.,  soccnciisa.  St-Am.,  seceni.  Wall.,  soornance, 
sofni.  Vx.  fr.,  sonccnancc,  sousccnir,  siibrcntr. 

SôvENT,  adv.,  souvent  :  «  Qu'j'irons?  Pu  savent!  » 

Lat.,  subinde.  Ital.,  sooenf.e.  Bom'g.,  sôoan^seacan.  Dauph., 
sovin.    Morv.,   soueii.    Prov.,    soccii,    sooii.    Rom.,   sovcnt 
Sav.,  sovê.  Suiss.  r.,  sovein.  Vx.   fr.,  socant,  savent,  sucent. 

S'tôt,  adv.,  sitôt,  aussitôt. 

St-Am.,  chasteû.  Vx.  fr.,  si  tost,  sltost. 

Su,  prép.,  sur.  Cette  prononciation  contraclive  n'empêche 
pas  le  /•  dans  certains  mots  :  sui-loiœr,  etc. 

Lat.,  super.  Ital.,  sopra.  Bas-Norm.  et  Berry,  sus.  Bourg, 
et  Dauph.,  s».  Il.-V%  sh.s.  Lorr.,  sup,  cisu,  d.rur.  Lyon,  et 
Mac,  sa.  Morv.,  ,sw,  chu.  Norm.,  su.  Pic,  seur,  sus.  Prov., 
sobre.  Wall.,  sol,  sor.  Vx.  fr.,  sur,  su:;,  sorc,  sovre,  sour. 

Su!  interj.,  sus!  debout!  allons!  ((  Allons,  su!  » 

Lat.,  sursurn .  Ital.,  suso.  Bourg.,  su,  sus.  Morv.,  su. 
Prov.  et  Vx.  fr.,  sus. 

SuBLER,  et  SiBLER,  v.  inti'.,  siffler. 

Lat.  et  Ital.,  slb'dare.  Anj.,  subier.  Berry,  sublcr,  sibler, 
chiijier.  Bourg.,  subiai.  sublai.  Champ.,  sibler.  Chat.,  suilter. 
Cogn.,  subier  (corner).  Dauph.  et  Isère,  sibla.  Jura,  subier. 
hille,  chiffîcr.  Lyon.,  sublô.  Mac,  sebliai.  Montr.,  subllier. 
Norm.,  subier.  Nam.,  chujjlcr.  Poit,,  sublai,  subier.  Prov., 
siblar,  ciblnr,  siular,  eschiular.  Rom.,  subier.  St-Am.  et 
Saint.,  subie.  Sav.,  seblà.  Suiss.,  subier,  zubbla.  Toul., 
estifal.  Wall.,  hufler.  Vx.  fr.,  sibler,  sublcr.  (V.    Seûiller.) 

SuBLÔT,  et  SiBLET,  S.  m.,  sifflet. 

Lat.,  sibilus.  Ital.,  sufolo.  Berry,  subiet,  sublct,  chifflet. 
Bourg.,  sublôt.  Champ.,  sible,  subiet,  sablot.  Chat.,  suilleau. 
Dauph.,  stfc/e^.  Jura,  subiot,  sibiot.  Mac,  sebliai/.  Montr., 
sublliot.  Morv.,  sulot,  chulot.  Norm.,  subiet.  Pic,  cliifjlot. 
Prov.,  siblet.  Poit.,  subiet,  sablot.  St-Am.,  subie.  Sav., 
sebtet.  Ton\.,  estijlet.  Vx.  ir.,  subiet.  (V.  Seûillàt.) 

SuBLOû,  s.  m.,  siffleur. 

Bourg.,  sublou.  Morv.^  chulou.  Vx.  fr.,  sifjleur. 


408  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CH ALONNAIS 

SucHENÔTER,  V.  iiîtr.,  cliuchoter  :  «  Que  c'quô  s'disont?  0 
sont  tôjor  à  auchenbter  entre  eusses.  » 

Bourg.,    suchenôiai,    cluichcnôtai.    Rom.,  chuc/teter,    chu- 
chiller.  Wall.,  sassiné.  Vx.  l'r.,  chuchoter. 

SÛGNiER,  V.  tr.,  fournir  de,  subvenir,  alimenter  :  ((  Crais- 
tu  que  j'porai  Vsùgnier  d'saibôts,  si  t'ies  casses  coume  ça?  » 
—  «  Voui  dà!  faudrôt  côre  que  j'te  mgne  de  toubac!  » 

Suî,  s.  m.,  suif  :  ((  L'malin!  ô  f'rôt  des  chandéles  sans  sut.  » 

Lat.,  semun.   Ital.,   seco.    Berry,  souif.    Chât.-Chin.,  chi. 

Fland.,  sien.  Fourgs  et  Fr.-Cté,  sn.  Guern.,  sif.  Morv.,  sut. 

Norm.,  sicu.  Prov.,  ceii,  scf .  Rouch.,  sicu.  Sav.,  chui.  Wall., 

scw.  Vx.  fr.,  8eu,  sicu,  suis. 

SÛL,  et  Seù,  adj.,  seul  :  «  L'pauv'vieux!  ôl  é  tôjor  tout.s-eiî.'  » 
Lat.,  solus.  Ital.,  so/o.  Berry,  seù.  Bourg.,  sô,sou.  Morv., 
chu,  chctil,sou.  Norm.,  seà.  Prov.,  sol.  Wall.,  seu.  Vx.  ir,, 
scu,  sol,  sul,  suis. 

SÙLON,  et  S'lon,  prép.,  selon,  suivant  :  «  Si  j'irai?  Y  é 
6-7o«.  » 

Lat.,  secunduin.  Uà\. , second o.  Bourg.,  senon.  Pi'ov. ,  segon. 
St-Am.,  chclon.  Vx.  fr.,  seluc,  selonc,  soulonc. 

SÙMERGER,  V.  tr.,  submerger,  couvrir  d'eau. 

Lat.,    suhincrgcre.    Ital.,   sommergere.    Prov.,    somergir, 
sub/iiergir.  Vx.  fr.,  submerger. 

SuposiTioN  (eùne),  loc.  complétive,  supposé  que  :  «  Vous 
v'nez,  eùne  suposition,  eh  ben!  drèsqu'vous  êtes  là,  j'vous 
raconte  l'afâre.  «  Parfois  même,  quand  la  phrase  est 
rapide,  on  dit  simplement  :  «  saposition.  » 

SÛRÎ,  v.  intr.,  surir,  devenir  aigre. 
Morv.,  suri.  Wall.,  sori. 

Surlouer,  v.  tr.,  sous-louer  :  «  0  surloue  eùne  de  ses  deux 
chambres  ;  ôl  a  prou  d'ia  grande.  » 
Genev.,  surlouer. 

Sus,  et  Sis,  l'^  pers.  prés,  indic.  du  verbe  être  :  «  Je  sus,  je 
sis.  )) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  409 

Suspente,  s.  £.,  soupente  :  «  AU'  couche  pas  loin  d'eûsses, 
dans  le  counôt  d'ia  suspente.  » 
Genev.,  soasscpeiiic.    Wall.,  suspeinit.  Vx.  tV.,  soupenduo. 

SusTANCE,  S.  f.,  substance. 

Lat.,  substantia.  lta,\.,  sostan^ria.  Bourg.,  seustance,  sus- 
tance.  Genev.,  sistance.  Morv.,  suctancc.  Prov.,  sustancta. 
Vx.  fr.,  sustance. 

SÙTi,  adj.,  subtil,  fin,  rusé. 

Lat.,  suhtllis.  Ital.,  sotlilc.  Bourg.,  suti.  Prov.^  subtil., 
sotil.  Wall.,  sûti.  Vx.  fr.,  sutil,  soutil,  soiitils,  soubticf. 


Tâbe,  s.  f.,  table.  Se  dit  aujourd'hui  plus  volontiers  que 
taule,  néanmoins  maintenu.  (V.  Taule,  où  sont  réunis  les 
congénères  des  deux  mots.) 

TÂBiER,  s.  m.,  tablier. 

Lat.,  tabulariuin.  Ital.,  tacoUere.  Morv.,  tùbié.  Prov.,  tau- 
lier. Vx.  fr.,  tablier,  taulier.  (V.  Dccantei.) 

Tabouler,  V.  tr.,  frapper,  du  pied,  de  la  main,  d'un  bâton, 
surtout  sur  un  corps  sonore,  faire  grand  bruit,  battre  du 
tambour  :  «  J'iai  prou  taboulé;  ma  ô  n'm'a  ran  acouté.  » 
Aunis,  tabuler,  lierry,  tabouler.  Bourg.,  tabouillai,taboulai. 
Champ.,  tabouler.  Forez,  taboulâ.,  tanbuter.  Montr.,  tabouler. 
Poit.  et  Saint.,  tabuler.  Vx.  fr.,  taborer,  labourer.  (V.  Ta- 
boulôt.) 

Taboulôt,  s.  m.,  bruit  retentissant,  surtout  celui  du  tonnerre: 
((  Ça  s'mitoune  là-haut;  va  y  avouer  du  tahoulbl.  » 
Morv.,  tabouleau.  (V.  Tounâre.) 

Tabouniau,  s.  m.,  récipient  en  planches,  boîte  grossière, 
percée  de  trous  nombreux,  destinée  à  tenir  le  poisson  en 
eau  vive,  et  qu'on  met  à  flotter  à  côté  du  bateau.  —  Se  dit 
aussi,  par  une  analogie  assez  claire,  d'une  masure,  d'une 
bicoque,  d'une  pauvre  maison ,  délabrée  et  à  jours  :  «  Mon 

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410  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Dieu!  qu'é  c'qui  é  que  son  cheû  lu?  Ein  ch'ti  tahouniaii.  » 
Par  dérision,  une  maison  où  l'on  ne  se  plaît  pas  :  «  0 
peut  ben  m'étende  (m'attendre)  ;  j'n'y  rVeinrai  fichtre  pas, 
dans  son  tahouniau.  » 

Tâcher  moyen,  loc,  trouver  moyen  :  «  Oh!  laboune  petiote, 
allé  é  prou  c'mode  à  ainmer;  ytàclierai  moyen  d'aller  la 
vouer.  )) 
Ardèche  et  Saint.,  tâcher  moyen. 

Tacôt,  s.  m.,  morceau  de  bois,  souche  de  petit  arbre  taillé, 
battoir  de  laveuse. 

Berry,  chicot.  Bourg.,  tacot.  Champ.,  tacotte.  Forez,  tancot, 
Maine,  tacot.  Morv.,  tancot.  Poit.,  tacot.  Prov.,  taparel. 
Rouch.,  tacon.  Suiss.  r.,  takon. 

Tacôter,  y.  tr. ,  frapper  à  petits  coups. 
Morv.,  tacoter.  (V.  Taquàter.) 

Tâgner,  V.  intr.,  geindre,  se  plaindre  en  travaillant,  comme 
le  mitron  qui  pétrit.  A  une  autre  acception  plus...  intime  : 
faire  les  efforts  d'un  constipé.  Mots  des  plus  expressifs, 
que  le  linguiste  ne  peut  passer  sous  silence.  L'italien 
ajfanno,  donné  par  J.  Guillemin,  nous  semble  assez  éloigné. 
Montr.,  tagncr.  Morv.,  taincr.  Norm.,  taigncr.  Pic,  taiguei\ 
Rouch.,  tèqucv. 

Tailler  eùne  bavéte,  locution  pittoresque,  employée  pour 
dire  babiller  longuement  :    ((  Tout  coup  qu'ail'  sort  por 
aller  qu'rî  quête chouse,  ail'  s'érâte  pou  tailler  eùne  bavéte.  » 
'Lim.,  joquètas.  Morv.,  vaioaiidcr. 

Taiser  (se),  V.  pr.,  se  taire  :  «  Te  couines  trop  fort,   p'tiot 
drôle;  v'tu  ben  t'taiser!  » 

Lat.  et  Ital.,  tacere.  Berry,  taiser.  Lim.,  ta'i^^é.  Morv.,  taiser. 
tajer.  Poit.,  taiser.  Prov.,  to^er,  taiser.  (V.  Côger.) 

Tambournier,  s.  m.,  tambour  de  ville,  celui  qui  va  à  tous 
les  coins  de  rues  «  faire  assavoir  »  au  son  du  tambour. 
Genev.,  tambournier.  Vx.  fr.,   tabourinear.  (V.  Assacoir.) 

Tampôner,  v.  intr.,  s'amuser,  tuer  le  temps  en  plaisir,  mener 
la  vie  de  garçon  :   «  Nous  autres  fous,  nous  lampànons 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  411 

toujours. .  .  conlinuellemcntù  l'iiôtcl,  au  café.  . .  »  (Corres- 
pondance chalotinaiso  de  18SS.)  Comme  il  s'agit  de  perte 
de  temps,  l'orthographe  ne  serait-elle  pas  meilleure  en 
écrivant  :  ienipànerY 

Tantôt,  s.  m,,  après-midi  :  «  Veinrez-vous  c'taniôtf  »   Ce 
mot  implique  toujours  un  délai.  Au  contraire,  dans  cer- 
taines localités,  tantôt  veut  presque  dire  :  à  l'instant. 
Mac,  tantou.  Genev.  et  Midi,  tantôt.  Sav.,  tantou. 

Tant  qu'à,  loc,  quant  à,  jusqu'à  :  «  Tant  qu'à  la  Nan-néte, 
i  n'en  faut  pus  parler;  n'y  é  pus  ran  qu'eùne  couraude.  » 
Cogn.  et  Mac,  tant  qu'à. 

Tant  s'ment,  adv.,  seulement  :  «  Allée  joulite,  sa  coumédie! 
on  n'y  vouét  tant  s'ment  ran  du  tout.  » 

Moi'v.,    tanseuleinent.   Poit.,    ianscrcnient,   tant  solament. 
Saint.,  tanseureman.  Vx.  fr.,  tant  seulement. 

Tapée,  s.  f.,  grande  quantité  :  «  Eùne  tapée  d'monde;  eùne 
tapée  d'poumes  ;  eùne  tapée  de  livres.  » 

Bonrg. ,  foudri .  Genev.,  Lyon.,  Meuse,  Midi,  Morv.,  Norm. 
et  Rouch.,  tapée. 

Taper,  v.  intr.,  faire  du  bruit^  éclater.  Ne  pas  confondre 
avec  l'acception  transitive  du  même  verbe,  et  qui  signifie 
donner  des  tapes  :  «  L'as-tu  entendu?  mon  canon  veint 
&'taper.  »  —  a  Côvre  benla  casse;  les  dragées  vont  taper.  » 
Le  morvandeau  appelle  tapantes  les  pommes  de  terre  qui 
crèvent  en  cuisant. 
Vx.  fi'.,  tapper,  tappir. 

Taperéle,  s.  f,,  diminutif  de  taperiau,  taperiau  en  petit. 
Le  tube  est  formé  d'une  plume  d'oie,  ouverte  aux  deux 
bouts,  et  qui  découpe  ses  tampons  en  se  piquant  dans  une 
écorce  de  courge,  une  rondelle  de  rave  ou  de  pommes  de 
terre;  les  coups  partent  de  même.  (V.  Taperiau.) 

Taperiau,  et  Taprïau,  s.  m.,  instrument  en  bois  de  sureau, 
qui,  pour  sa  confection,  a  de  l'analogie  avec  la  Jiclerbte. 
Seulement,  au  lieu  de  servir  à  chasser  de  l'eau,  il  chasse 
avec  explosion  les  tampons  de  filasse  humide  qu'on  fixe  à 
ses  deux  extrémités.  Vient  de  taper  (faire  du   bruit.)  — 


412  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Nous  nous  rappelons  tous  les  groseilles  à  taperiau,  belles 
groseilles  à  maquereau  qu'on  a  vidées  par  une  aspiration 
attentionnée,  dont  on  gonfle  l'enveloppe  en  soufflant  dedans, 
qu'on  ferme  ensuite  en  en  pinçant  l'ouverture,  et  qu'on 
frappe  vigoureusement  dans  le  creux  ou  sur  le  dos  de  la 
main.  Il  en  résulte  une  détonation  agréable...  à  ceux  qui 
aiment  ce  bruit.  (V.  Bouse.) 

Anjou,  caiinc-pètoire.  Bress.,  potrale  (de  poter).  Champ., 
taperct.  Morv.,  pôtâ^  pôtâr,  pôteralle,  tapereau.  Norm.,  pè- 
tonnière,  cannepétoarc,  èliançoure,  èlijoire.  Poit.,  pèiouère. 
Saint.,  pétoire.  (V.  Tapcvèle.) 

Tapéte,  s.  f.,  petite  tape.  Expression  usitée  dans  le  jeu 
enfantin,  dont  les  paroles  ont  été  mal  disposées  au  mot 
Bavhéie,  et  que  nous  rétablissons  ici: 

Je  te  tiens., 
Tu  me  tiens 
Par  la  barbette. 
Le  premier  de  nous  deux  qui  rira 
Aura 
La  tapette. 

Genev.,  tapette  (battoir,  et  langue  babillarde).  Morv.,  tapette 
(langue  babillarde). 

Tapine,  s.  f.,  pomme  de  terre  :  «  0  n'é  pasdéficile;  pou  son 
diner  ô  n'mainge  que  des  tapines.  » 

Morv.,  tapine  (galette  de  pommes  de  terre).  (V.  Pouine  de 
tare,  Tarteiife.) 

Tapon,  s.  m.,  tas,  tampon,  poignée,  bouchon  :  «  Eùn  tapon 
de  fi;  eùn  tapon  d'cheveux  ;  eùn  tapon  d'étoupes.  »  Ce 
mot  emporte  toujours  l'idée  d'emmêlement. 

Auv.,  Berry  et  Bourg.,  tapon.  Morv.,  lalpon,  talipon.  Saint, 
et  Vx.  fr.,  tapon. 

Tapouner,  V.  tr.,  fermer  d'un  bouchon,  d'un  tapon,  arranger 
les  cheveux  en  tapon. 

Auv.,  tapouna.  Bourg.,  tapônai.  Guern.,  taponnair.  Morv., 
taponncr.  Norm.,  tamponner,  taponncr.  Rennes,  tamponner 
(toucher  à  tout).  Saint.,  tapouner.  (V.  Tapon.) 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  413 

Taquer,  V.  tr.  etinli'.,  battre,  fouler,  tasser,  claquer.  Imite 
le  bruit  du  tic-tac  du  moulin. 

Rerry,  taquer.  Lorr.,  toquer^  taquè  (frapper  à  une  porte). 
Montr.,  Morv.,  Vosg.  et  Yonne,  taquer. 

Taquer  le  marmot,  loc,  avoir  froid,  et  avoir  peur.  On  voit 
que  c'est  autre  chose  que  la  locution  française  «  croquer  le 
marmot  ».  Cependant,  comme  forme,  elle  lui  ressemble. 
Tar/uer  voulant  dire  claquer,  «  taquer  le  marmot  »,  c'est 
claquer  des  dents  de  froid  ou  de  frayeur. 

Taqui,  adj.,  épais,  lourd.  Se  dit  du  pain  qui  n'a  pas  beaucoup 
de  trous,  mal  levé  :  «  J'ai  migé  du  pain  taqui;  à  n'vout 
point  passer.  » 

Taquôt,  adj.,  bavard.  Vient  de  taquer^  le  bavard  faisant, 
pour  ainsi  dire,  claquer  sa  langue. 

Taquôte,  s.  f.,  petite  tape,  et  aussi  cliquette.  Tout  est  bon 
aux  gamins  pour  se  façonner  cet  instrument  :  des  bâtons 
fendus,  des  planchettes  coupées,  des  os  plats  bien  net- 
toyés, etc.  Souvent  ils  se  mettent  par  bandes  et,  le  soir, 
exécutent  des  retraites  pittoresques  et  furieusement  ryth- 
mées. 
Bourg.,  tiaquente  (les  deux  acceptions). 

Taquôter,  V.  intr.,  bavarder,  tapoter,  faire  claquer. 

Bourg.,  tiaqucutai.  Norm.,  lacoier  (frapper  à  petits  coups). 
Rouch.,  cllcoter.  Vx.  fr.,  cliquer.  (V.  Tacotcr.) 

Târ,  adv.,  tard  :  «  01  é  v'nu  su  Vtàr.  » 

Lat.,  tarde.  Ital.,  tarda.  Berry  et  Genev.,  à  tard.  Lim., 
târ.  Lorr..  tair.  Prov.,  tard,  tart.  Wall.,  târ.,  taur.  Vx.  fr., 
tart,  tard. 

Tarbouiller,  V.  tr.,  troubler,  tourmenter,  secouer,  bousculer 
quelqu'un. 

Berry,  tcrbouler.  Bourg.,  tai-bôlai,  tarbeulai.  Morv.,  teur- 
bouler.  Rom.,  tribular.  TouL,  treboula.  (V.  Tribouler .) 

Tare,  s.  f.,  terre,  bien,  sol  à  cultiver,  le  plus  profond  amour 
du  paysan.  Une  bonne  femme,  veuve,  s'en  allait  à  tous 
les  enterrements,  et,  s'approchant  de  la  bière  du  défunt, 
disait  à  celui-ci  :  «  Te  vas  vouer  mon  houme.  Dis-li  que 


414  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

j'nous  poLirtons  ben,  que  j'nous  corapourtons  ben,  et  seùr- 
tout  que  j'faisons  ben  valouér  ses  tares.  »  Il  y  auroàt 
beaucoup  à  trouver  dans  cette  bizarre  allocution. 

Lat.  et  Ital.,  terra.  Bourg.,  tarre.  Daaph.,  terra.  Lim., 
tèro.  Lorr.,  tare.  Mcâc,  Montr.  et  Morv.,  tarre.  Prov.,  terra. 
Rouch.,  tière.  St-Am.,  tara.  Wall.,  ter.  Vx.   ff.,  tere,  terre. 

Tareûche,  s.  f.,  synon.  de  trape.  (V.  ce  dernier  mot.) 
Tareùche  est  de  la  Bresse  louhannaise. 

Taribe,  et  Tèribe,  adj.,  terrible. 

Lat.,  terribilis.  Ital.,  terribile.  Bourg.,  tarbe.  Lorr.,  tèribe. 
Morv.,  taribe.  Rom.,  tarrible.  Wall.,  terib.  Vx.  fr.,  terrible. 

Tarine,  s.  f.,  terrine,  soupière. 

Bas-Lat.,  terrineus.  Berry,  terrasse.  St-Am.,  ga/nèle.  Vx.  fr., 
ierriii,  tierin. 

Tarôt,  s.  m.,  gros  robinet  des  foudres  :  «  01  ainme  tant 
s'piquer  l'naz,  qu'ô  s'couch'rôt  su  l'dos  pou  bouére  au 
tarot.  )) 

Tartavéle,  s.  f.,  babillarde,  femme  qui  jacasse  toujours. 
Le  mot  s'applique  non  seulement  à  l'artiste  en  babil,  mais 
aussi  à  son  instrument,  la  langue  :  «  On  n'entend  qu'éle  à 
toutes  les  portes;  y  et  eùne  vrâ  tartavéle.  »  —  «  AU'  va 
vous  en  débiter,  dà  !  ail'  n'a  point  oblié  sa  tartavéle.  » 
Forez,  bartacelle.  (V.  Tarlevùle.) 

Tarteùfe,  et  Tarteùfle,  s.  f.,  pomme  de  terre.  De  l'alle- 
mand kartojfel.  Introduit  chez  nous  au  commencement 
du  siècle.  J.  Guillerain  l'appelle  catrofle. 

Ital.,  tartiifû.  Berry,  tartoufle.  Bourg.,  tartouche.  Genev., 
ta/elle.  Lang.,  tufedas.  Prov.,  tartiflo.  Suiss.,  tortijle,  tartujle. 
Vx.  fr.,  turtufle.  (V.  Poume  de  tare,  Tapine.) 

Tartevéle,  s.  f.,  crécelle.  La  tartevelle  étant  une  partie  de 
la  trémie  d'un  moulin,  on  comprend  l'analogie  de  l'appli- 
cation, comme  on  l'a  comprise  pour  Rain-néte.  (V.  ce  mot.) 
Bourg.,    tairtecelle.    Morv.,    tvaquotte.    Norm.,    traquette. 
Suiss.  r.,  traqaelette.  (V.  Tartavéle .) 

T'as,  2m«  pers.  ind.  prés,  du  v.  avouer,  tu  as  :  «  Tau  donc 
ben  du  mau,  que  t'baules  jôr  et  neîit?  » 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  415 

Tatan,  s.  f.,  tante.  Du  Langage  enfantin. 

Lat.,  utnita.  Ital.,  ^ia.  Il.-V",  iuiUlnc.  Pic,  anlc,  nante. 
Prov.,  ainda.  St-Aiii.,  tanin.  Saint.,  laniaa.  Sav.,  lanta. 
Wall.,  antin  (gfand'tante).  Vx.  fi-.,  ente,  unte,  antain,  tante. 
(V.  Tonton.) 

Tatouille,  s.  f.,  tripotée,  volée  de  coups  de  poings  :  a  Gare! 
si  j'te  r'trouve,  j'te  ficherai  eùne  tatouille.  »  (Se  reporter 
aux  nombreux  synonymes.) 

Cogn.,  tatouille.  Dauph.,  Genev.  et  Lang.,  tatouille  (piquette- 
ripopée).  Lille,  tatoulle.  ï>iG.,  tatoule.  Voix..,  tatouille.  Roxxch., 
tatoule,  toutoule. 

Tatouiller,  V.  tr.,  donner,  flanquer,  ficher  une  tatouille. 
(V.  ce  mot.)  Veut  dire  aussi  :  chiffonner,  souiller,  tatil- 
lonner. 

Lat.,  titillare,  turbave. 

Taule,  s.  f.,  table.  S'est  mieux  conservé  que  faule,  et, 
quoique  moins  souvent,  se  dit  encore  concurremment  avec 
tàbe.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Lat.,  tabula.  Ital.,  ^aco/a.  Artois,  tab.  Berry,  tabe.  Bourg., 
taule.  Bress.,  tobla.  Champ.,  taule,  talle.  Fland.,  taule,  tau- 
lette.  Lim.,  tàiilo.  Lorr.,  tèle,  taie,  tâi/e.  toill' .  Mac,  troblie. 
Monti'.,  taublle.  Morv.  et  Pic,  taule.  Prov.,  taula,  tauletta. 
Rora.  et  Rouch.,  taule.  St-Am.,  irôbla.  Sav.,  trâbla.  Vosg., 
taule.  Wall.,  tâf,  tare,  taule.  Vx.  fr.,   table,  taule  (planche). 

Tauléë,  s.  f.,  tablée,  ensemble  de  convives  réunis  autour  de 
la  table,  et  aussi  série  de  mets  qu'on  y  a  déposés  :  «  Y 
étôt  la  fouére.  Si  vous  éveins  vu  que  taulée!...  Ah!  mes 
aimisl...  » 

Aveyr.,  entauiat  (attablée).  Bourg.,  taulaie,  tôlée.  Vx.  fr., 
tablée. 

Taupière,  s.  f.,  monceau  de  grains.  Analogie  avec  les  mon- 
ceaux de  terre  soulevés  par  les  taupes. 
Montr.,  taupière. 

Taupine,   s.   f.,   abrév.    de  topinambour.   On  en   voit  fré- 
quemment de  petits  champs  ;  mais  ne  se  cultive  que  pour 
les  bestiaux. 
Morv.,  taupine. 


416  LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Tavin,  s.  m.,  taon,  grosse  mouche. 

Bas-Lat.,  tabanns.  Ital.,  tafano.  Esp.,  tavano.  Bourg., 
taivin.  Dauph.,  tacan.  Forez,  tauna,  tôna,  iacan.  Fourgs, 
tooan.  Genev.,  tavan.  Lyon.,  tôna,  tauna.  Montr.,  tacain. 
Morv.,  taicin,  ataicin,  taibin.  Prov.  et  Rom.,  tacan.  Suiss., 
taban,  tacan.  Wall.,  tahan.  Vx.  fr.,  tavan,  tahon. 

Te,  pron.  person.,  tu,  toi  :  «    Te  m'fais  droguer,  te  m'fais 
gémî.  ))  —  ((  Dépôche-z'e;  sauve-^e.  » 

Lat.  etital.,  tu.  Il.-V%  ta.  Pic.,  ti.  Prov.,  tu.  Vx.  fr., 
tu^  toi.,  te. 

Té!  interject.,  tiens!  Marque  l'étonnement,  l'ironie. 
Bourg,  et  Prov.,  tè!  Morv.,  tan! 

Tecq-à-porcs,   et  Tect,   s.   m.,   réduit  où  l'on  fourre    les 
pourceaux. 

Lat.,  tectum.  Ital.,  tetto.  Ain,  tect.  Berry,  tet.  Bourg., 
ètoi.  Cogn.,  tet.  Fr.-Cté,  ta.  H'-Main.,  têt.  11. -V%  tat. 
Montr.,  tecq.  Morv.,  tec.  Poit.,  techon.  Prov.,  teg,  tet. 
Suiss.  r.,  tet.  Wall.,  tau,  teu.  Vx.  fr.,  tect,  toict.  (V.  Soû.) 

Teiche,  s.  f. ,  tache,  salissure. 

Bas-Lat..  tasca.  Ital.,  tacca.  Bourg.,  teiche.  Genev.,  tache 
(petit  clou  à  sabots).  Pic,  tahe.  Prov.,  taca,  tacca.  Wall., 
tetsch,  teg,  tak  (plaque  de  fer  acheminée).  Vx.fr.,  teke,  tetche, 
techc,  taiche. 

Teinde,  V.  tr.,  teindre,  imbiber  d'une  couleur. 

Lat.  et  Ital.,  tingerc.  Bourg.,  toindre.  Prov.,  tengner, 
tenher.  Wall.,  tid.  Vx.  fr.,  cendre,  taindre. 

Teindu,  part,  de  teinde,  teint. 
Bourg.,  toindu. 

Tèle,  s.  f.,  toile,  de  lin  ou  de  chanvre. 

Lat.  etital.,  tela.  Bas-Norm.,  taile.  Berry,  touèle.  Bourg., 
tèle,  teulc.  Champ.,  telle,  toielle.  Dauph.,  tela.  Il.-V%  taile, 
taïlc.  Lorr.,  tôle.  Morv.,  toueille.  Poit.,  touaille,  tiuaille. 
Prov.,  tela,  tella.  St-Am.,  tâla.  Sav.,  tàla.  Wall.,  teule, 
teâll.  Vx.  fr.,  toillc,  toj/lle,  toueille,  touaille. 

Temple,  s.  f.,  tempe  :  «  L'mauvâ  drôle!  ô  m'a  fichu  eùne 
beûgne  sur  la  temple.  » 

Lat.,  tempera.  Ital.,  tempia.  Berry,  Genev.  et  Morv., 
temple,  Prov.,  tempia.  Vx.  fr.,  temple  {ma.sc.). 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  417 

Tendron,  s.  m.,  bugrane,  arrête-bœuf,  plante  à  la  tige 
épineuse,  et  dont  la  racine,  longue  parfois  de  50  centi- 
mètres, est  un  obstacle  à  la  charrue  et  en  même  temps  un 
objet  de  gourmandise  pour  les  gamins.  Ils  la  rccherclient 
assidûment,  en  grattent  la  peau  et  la  croquent  à  belles 
dents.  Quand  la  terre  est  trop  sèche,  ils  ont  parfois  de  la 
peine  à  l'en  arracher  ;  mais  l'expédient  ne  leur  manque  pas  : 
sans  aller  chercher  de  l'eau...  ils  l'arrosent.  Pas  difficiles 
sur  les  moyens  ! 

Tendue,  s.   f.,  grande  et  grosse  toile,  que  l'on  tend  pour 

certains  usages  :  tente  devant  une  boutique,  bâche  sur  une 

voiture,  etc.    Pour  la  lessive,  c'est  la  pièce  de  toile  qui 

reçoit  les  cendres,  et  qu'en  Champagne  on  appelle  le  sadri. 

Morv.,  tendue  (cloison  en  briques).  Vx,  fr.,  tendue. 

Tenî,  etT'NÎ^  V.  tr.,  tenir,  garder. 

Lat.  et  Ital.,  tenere.  Morv.,  teni,  fni.  Prov.,  tener,  tenir. 
Wall.,  tini,  tuni,  tir,  ter.  Vx.  fr.,  tenir.  (V.  Tiendre.) 

Tepeîine,  s.  f.,  grand  vase  en  fer-blanc,  de  forme  particulière, 
contenant  le  lait  qu'apportent  les  laitières  des  campagnes. 
En  quelques  parties  de  Saône-et-Loire,  on  appelle  tepin 
un  petit  vase  de  terre  pour  faire  chauffer  les  liquides  (de 
tepere,  ad  tependum?).  F.  Brachet  fait  remarquer  que 
tepin  est  l'anagramme  de  pitite.  —  J.  Chevrier  a  touché  la 
question  dans  son  Vieux  Chalon. 

Bas-Lat.,  tupina.  Aveyr.,  topino.  Basq.,  iupina.  Bourg., 
tepin.  Bress.,  tcupin,  tepin.  Champ.,  tippin.  Char.,  ioupi. 
Dauph.,  tupin.  Forez,  tupin,  tchupin,  t:evpin.  Fr  -Cté.  tepin> 
toupin,  toupi.  Genev.,  toupin,  toupine.  H'°-Auv.,  toupi.,  tou- 
pina.  Jura,  tepin.  Lang.,  toupin,  tonpin,  toupina.  Lira.,  toupi. 
Lorr.,  tepin.  Lyon.,  tupin,  tsipin.  Mac,  tepain.  Montr.,  tepin. 
Morv.,  teupin.  Prov.,  toupin,  toupi.  Rom.,  tupin,  teppin. 
St-Am.,  tepén.  Sav.,  tepena,  tepin,  topin.  Suiss.  r.,  tepin, 
toupin,  toupenet,  toupenette.  Toul.,  toup,  toupino,  toupinat. 
Vx.  fr.,  tuppin.  (V.  Mesure.) 

TÈRAGE,  s.  m.,  action  déterrer,  de  butter.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Tèreau,  et  TÀREAU,  s.  m.,  fossé.  Un  titre  du  XV^  siècle, 

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418  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

cité  par  .1.  Guillemin,  «  amodie  la  peschc  des  fossés  et 
terreaux  de  Chalon  ». 
Bi'ess.  et  Montr.,  terreau.  Vx.  fr.,  terrau,  terreau. 

TÈRÉE,  s.  f.,  terreau,  fumier  réduit  en  terre. 

Tergéte,  s.  f.,  targette. 

Berry,  targette  (rideau  de  lit).  Genev.  et  Lyon.,  tcrgette. 
Vx.  fr.,  targette  (bouclier). 

Tessier,  s.  m.,  tisserand,  «  tessier  de  tèle  ».  —  On  se  sou- 
vient, à  Verdun,  du  tisserand  qui  payait  un  gamin  pour 
faire  battre  son  niélier,  tandis  qu'il  allait  au  cabaret  boire 
le  vin  blanc  avec  les  camarades.  Pendant  ce  temps  sa 
femme,  qui  entendait  le  bruit  du  travail,  croyait  naturelle- 
ment que  son  homme  travaillait. 

Bas-Lat.,  teàsellas  (pièce  de  toile).  Ital.,  tesserandolo. 
Berry,  texer,  tissier,  tesaier.  Morv.,  leichcran .  Norm.,  tller. 
Prov.,  telsseran.  Tovl\.,  tcgsseijre.  Wall.,  telier,  telien.  Vx. 
fr.,  tessier,  tcllier,  leissant,  toissarant. 

Tessu,  s.  m.  et  adj.,  tissu. 

Morv.,  tèchu.  Vx.  fr.,  tijssu. 

Testicoter.  V.  intr.,  cliipoter,  contester  :  «  Oh!  l'  mauvou- 
lant!  à  tout  bout  d'champ  ô  testicbte.  » 
Lat.,  testis.  Pic.  et  Rouch.,  testicoter. 

TÊTE,  s.  f.,  tête,  sommité  :  <(  La  télé  de  l'âbre.  » 

Lat.  et  Ital.,  testa.  Bourg,  et  Morv.,  tète.  Prov.,  testa. 
St-Ani.,  tcta.  Wall.,  tiess.  Vx.  fr.,  teste. 

TÉTE  (de),  loc,   par  cœur  :  «  Aile  sait  ben  ;  aile  répète  de 
tête  toute  sa  leçon.  » 
Genev.,  de  tète  (savoir  de  tête).  Midi,  de  tète. 

Tète,  s.  f.,  taie  :  ((  La  laveuse  m'a  pardu  eùne  tète  d'oriller.  » 
Bas-Lat.,  teca.   Champ.,   toge,  togctte.    Fr.-Cté,  toge,  tô. 
MdàïiQ,  tète.  Morv.,   touèe,  toie.    Rouch.,  taie.   Wall.,   tuée, 
tuaie,  tik.  Vx.  fr.,  teic,  toie,  tagc,  toge. 

TÊTES,  s.  f.,  fils  de  chanvre  de  seconde  finesse. 

Tètèt,  s.  m.,  sein.  Se  dit  tout  particulièrement,  en  langage 
enfantin,  des  seins  de  la  nourrice. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  419 

Bourg.,  tétaignc.  Cogn.  et  Grenobl.,  tcict.  Morv.,  ioieine, 
totôt.  Pic,  tettc,  iottlnc.  Prov.,  tetina.  Rouch.,  tctetc.  Sav., 
tcttet.  Vx.  fr.,  tciinc.  (V.  Titi .) 

TÊTIÈRE,  S.  f.,  bande  de  linge  faisant  partie  de  la  cale,  ou 
bonnet  de  femme;  petite  coifïe  d'enfant. 

Ital.,  testlera.  Genev.,  têtière  (chevet).  Midi,  têticrc.  Prov.i 
iesticra.  Vx.   fr.,  testicrc. 

Teû,  s.  f.,  toux  :  ((  Que  teù  qu'aile  a!  » 

Lat.,  tussis.  Ital.,  tossc.  Berry,  tousse,  ticsse.  Prov.,  ios. 
St-Am.,  teû.  Wall.,  toss.  Vx.  fr.,  toux.  (V.   Tousse.) 

Teûcher,  et  TôcHER,  V.  tr.,  toucher. 

Berry,  touche-aux~nues  (homme  petit).  Bourg.,  tâchai. 
Bress.,  tocé.  Morv.,  t'cer,  tcucer,  tcucher,  toclier.  Prov., 
tocar.  To\x\.,  touca.  \\.  fr,,  tocer,  tochcr,  toucer,  tucher. 
(V.  Toquer.) 

Teûrie,  ToRiE,  et  TouRiE,  s.  f.,  taure,  génisse,  jeune  vache 
qui  n'a  point  encore  vêlé. 

Lat.,  taura.  Angev.,  taure.  Aunis,  tore.  Bourg.,  torie., 
tourte.  Jura,  touria.  Merv.,  teurie.  Montr.,  touria.  Morv., 
taure,  tauric,  ioirie,  tauhic.  Norm.  et  Poit.,  taure.  Prov., 
taura. 

Teûsser,  et  Tosser,  v.  intr.,  tousser. 

Lat.,  tussire.  Ital.,  tossire.  Bourg.,  tossc.  Morv.,  tcusscr. 
Wall.,  tossé.  (V.  Toussi.) 

TiÂR,  s.  f.,  clé.  Prononciation  corrompue  et  devenue  dentale 
de  cliar,  qu'on  retrouve  sous  la  forme  clar  dans  le  patois 
bourguignon  de  La  Monnoye. 

Lat.,  cluvis.  Ital.,  chiacc.  Bourg.,  clar.  Prov.,  clau. 
Vx.  fr.,  clé,  ciel,  clef. 

TiAU,  s.  m.,  fétu,  fragment  de  bois,  ramille. 

Berry,  tiot.  Morv.,  tiau,  luau.  Norm.,  tuât.  Vx.  fr.,  tuel, 
tuet,  tuau.  (V.  Tiaux.) 

TiAULER,  V.  tr.,  chanter  pour  exciter  ses  bœufs  :  «  Egué! 
v'qui  le  p'tiot  barger  qui  tiaule.  » 

Berry,  hriolcr.  Morv.,  tiauler,  tiâler,  hiauler.  Poit.,  arauder, 
liarauder.  Suiss.  ,  triôler ,  trioulcr.  Suiss.  r. ,  ritlioula, 
ritioula. 


420  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

TiAUME,  S.  m.,  baraque  en  planches  à  l'arrière  des  bateaux, 
où  couchent  les  gardiens.  —  Le  nom  ne  viendrait-il  pas 
de  ce  que,  jadis,  elles  auraient  été  couvertes  en  chaume? 

TiAux,  s.  m.,  petits  tuyaux  de  plumes  qui  garnissent  le  corps 
des  jeunes  oiseaux.  Ces  plumules  sont  comme  les  ramilles 
de  la  bête. 
Bress.,  ttaux.  (V.  Tiau.) 

TiÈLE,  s.  f.,  tuile.  Un  des  anciens  produits  verdunois. 

Lat.,  tegula.  Ital.,  tegola.  Bourg.,  tlèle.  Bress.,  tUde. 
Gasc,  teoule.  Montr.,  tielle.  Norm.,  tieulc.  Pic,  tcale. 
Poit.,  tieuble.  Rouch.,  tieulc.  St-Am.,  hjcla.  Saint.,  tculle, 
SsLV.,  tiuaila,  tiuila.  Toul.,  teulo,  teoulo.  Wall.,  thleulle. 
Vx.  fr.,  thiule,  tieiille,  teulc. 

TiÉLER,  s,  m.,  tuilier  :  «  Les  tiélers  ont  été  d'ia  noce;  i 
s'avont  preùm'nés  pendant  deux  jors  por  la  ville,  d'avou 
canne-major,  fifre  et  tambour.  » 

Bress.,  tièler.  Montr. ^  tiellier.  Wall.,  thlculUcv.  Vx.  fr., 
tieulev. 

TiÉLERiE,  s.  f.,  tuilerie.  Nous  en  avons  encore  quelques-unes. 
Bress.,  tièleric.  Genev.,  tiiillcrc.  Montr.,  tlcUcrie.  Wall., 
thicullcrie,  tCdrcic.  Vx.  fr.,  tculerie. 

TiENDRE,  V.  tr.,  tenir. 

Berry,  iiendrc,  tienrc,  tiare.  (V.  Teiiî.) 

TiENDU,  p3,rt.,  Âe  tiendre,  tenu. 
Vx.  fr.,  tenu. 

TiGNE,  s.  f.,  teigne,  insecte,  gale  à  la  tête  et  à  l'écorce  des 
arbres. 

Lat.,  ti/ica.  Ital.,  tigna.  Lang.,  vasque.  Prov.,  teiaa, 
tcinia.  Vx.  fr.,  taigne,  teigne. 

TiGNER,  V.  tr.,  gratter  :  a  Que  c'qu'ôl  a  donc,  c'peùt  houme, 
qu'ôl  é  tout  l'temps  à  ^'ligner?  » 

TiGNoii,  s.  m.,  teigneux,  qui  a  la  teigne. 

Lat.,  tineosns.  Ital.,  tignoso.  Berry,  tigneux.  Bourg., 
Bress.,  Isère  et  Montr.,  tigaou.  Prov.,  tinhos.  Wall.,  tigneu. 
Vx.  fr.,  tingneus,  tigneu. 


I^ANGA,GE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  421, 

TiLLER,  V.  tr.,  teiller,  enlever  les  filaments  des  tiges  de 
chanvre.  On  connaît  l'entrain,  le  charme  de  ces  veillées 
où,  réunis  à  la  porte  des  habitations,  parfois,  en  plein 
champ,  on  se  livre,  à  travers  mille  propos  joyeux,  à  la 
captivante  occupation  du  teillage. 

r/Z/er  est  français  aussi  bien  que  teiller;  mais  ce  mot 
se  relie  à  d'autres  mots  de  chez  nous,  dont  on  ne  peut  le 
séparer. 

Rerry,  teiller,  tiller,  téicr.  Bourg.,  tillai.  Fi'.-Ct<',  tilli, 
t'ili.  Moi'v.,  teiller.  Prov.,  tclhar.  Sav.,  blo'ier.  Suiss.  r., 
teilli. 

TiLLERiE,  S.  f.,  groupes  de  femmes  teillant  le  chanvre. 
Morv.,  teillerie. 

TiLLONS,  s.  m.,  fils  de  chanvre  de  troisième  finesse,  mèches 
d'étoupe. 
Montr.,  tuions. 

TiLLÔT,  et  TiLLOL,  S.  m.,  tilleul.  La  rue  du  Tillot,  à  Dijon, 
si  connue  des  lecteurs  des  N'oeï  borguignon,  a  été  «  ainsi 
nommée  d'un  énorme  tilleul  qui  s'y  trouvait  autrefois  ». 
Lat-,  tilia.  Ital.,  tir/lio.  Berry,  tillaa,  tillol,  tuiolle.  Bourg., 
tillot.  Fr.-Cté,  tcillot.  Genev.,  tillot,  tillol.  Morv.,  tillot. 
Pic,  tile,  tille.  Poit..  tcil,  teilloii.  Prov.,  tilhoou.  Rora., 
tilloel,  tilloet,  tlieil.  St-Am.,  tthjole.  Saint.,  tileuil.  Suiss.  r., 
iè,  teliii,  teliot.  Wall.,  tijou.  Vx.  fr.,  tilluel,  tilocl,  tillol, 
teill,  tilleau. 

TiLLÔTE,  s.  f.,  action  de  teiller,  veillée  où  l'on  teille. 
Morv.,  tcillottc. 

TiLLOÙ,  adj.,  celui  qui  teille.  Le  féminin  [tillouse]  est  plus 
employé,  le  teillage  étant  principalement  un  travail  de 
femmes. 

TiNE,  s.  f.,  cuvier,  grande  cuve  dans  laquelle  on  met  à  fer- 
menter le  raisin. 

Lat.  et  Ital.,  tina.  Bei-ry,  Une.  Lang.,  tina.  Luxemb.,  tinau, 
Morv.,  tine.  Nord,  tinè,  tinet.  Prov.,  tina,  tincou.  Wall., 
tcinn.  Vx.  fr.,  tine,  tinne. 

T-i-PAS?  loc.  interrogat.,  n'est-ce  pas?  «  T-i-pas  qu'y  é  c'qui 
qu't'as  été  qu'rî?  »  —  T-i-pas  entre  aussi  dans  une  autre 


422  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

locution  exclamative  :  «  Eh  ben!  quoi?  l'Heû  à  Jean  l'a 
embrassée.  É  pi  éprâs?...  \'\-à-i-i-pas!  » 
Artois,  cnoii?  annoii?  est-non?  n'cst-pont? 

TiQUET,  S.  m.  (V.  Bête  nouére.) 

Tira!  tire!  marche!  impératif  du  v.  tirer,  employé  par  nos 
mariniers  :  «  Tira  louïa  la  mailla!  »  Tire  en  suivant  la 
maille  (la  corde)!  (V.  Fn  tira,  Louïa,  Mailla.) 

Tire,  s.  f,,  trait,  haleine  :  «  J'ons  marché  dru;  j'sons  v'nus 
iqui  tô  d'eîine  tire.  » 
Vx.  fr.,  tire. 

Tire-lignôt,  s.  m.,  cordonnier.  Employé  dans  le  sens  iro- 
nique. (V.  Lignât.) 

Tirer,  v.  tr.,  traire,  se  diriger  vers.  On  dit  aussi  tirer  un 
portrait,  et  tirer  en  portrait. 

Lat.,  trahere.  Ital.,  trarrc.  Berry,  tirer.  'Mà.G.,teri.  Moi'v., 
tirer.  Norm.,  traire.  Prov.,  traire,  tirar.  Vx.  fr.,  tirer. 

TiRi,  s.  m.,  moineau.  On  se  sert  aussi  parfois  de  ce  mot, 
presque  une  onomatopée,  pour  donner  une  idée  du  chant 
de  l'oiseau.  (V.  Paaaerà,  Afonniau,  Saugeri.) 

TiRoîi,  s.  m.,  tireur  à  l'arc,  au  fusil. 

Ital.,  tiratore.  Bourg.,  tiroû.  Mow . ,  tirou .  Prov.,  tirador. 
Vx.  fi'.,  tireur. 

TiROUÉR,  s.  m.,  tiroir. 

Berry,  tirouc,  tirouer.  Morv.,  tiroué.  Vx.  fr.,  tiroucr, 
tiroire  (fém.). 

Tirpailler,  v.  tr.,  tirailler.  S'emploie  surtout  dans  le  sens  de 
réciprocité  :  «  Te  i'tirpailles  tôjor  d'avou  tes  camarades.  » 

TisAiNE,  s.  f  ,  tisane.  Quand  nos  villageois  pensent  avoir 
besoin  d'une  infusion,  ils  la  font  avec  n'importe  quelle 
plante  :  mauve,  tilleul,  camomille,  quatre  fleurs,  ou  autre. 
Pour  eux  une  infusion  est  une  infusion;  elle;  doit  toujours 
produire  le  même  résultat. 

Lat.,  ptisana.  Ital.,  tisana.  lào\xv^.,di^ène.  Bress.,  tisaine. 
Morv,,  tisaigne.  Prov.,  ii^^ana.,  tipsana.  Rouch.,  tisène. 
Vx.  fr.,  tisannc,  ptisane. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  423 

TiTER,  V.  tr.,  téter.  Du  parler  enfantin. 

lta.1,,  tcttare.  Bourg.,  tcçal,  tnçai,  teussai.  Doubs,  tnssic. 
Jura,  toutcr.  Morv.,  toter.  Prov.,  tetar.  Rouch.,  iuter. 
Vx.  fr.,  tettcr. 

Trn,  s.  m.,  sein,  mamelle  :  «  Aga  ce  p'tiot,  coumc  ôl  agripe 
le  ti I i  d'sa  neûrice!  » 
St-Am.  et  Vx.  fr.,  teton.  (V.  Tètct.) 

Tô,  TÔTE,  S-,  adj.  etadv.,  tout,  toute. 

Lat.,  totus.  Ital.,  tntAo.  Bourg.,  tô^  ten.  Lyon.,  lot.M.or:v., 
tôt.  Prov.,  tôt.  Wall.,  to.  Vx.   fr.,  tôt,  tout,  tut,  tu;:,  tait. 

TÔFEUR,  s.  f.,   touffeur,   chaleur   lourde,    temps   étouflfani  : 

«  Auj'deù,  on  n'y  teint  pus.  Que  chaud!  I  fait  tbfeur.  » 

Bress.,  toffcur.    Fr.-Cté,  touffe,  chaud-touffe.    I.orr.,   tofc, 

touje.  Montr.,  touffeur.  Morv.,  touffau  (adj.).  Prov.,  touffa. 

TôjE,  et  TÔJOR,  adv. ,  toujours. 

Angoum.,  tearjoux,  iear/aux,  trejaux.  Artois,  ^oh(//.  Aveyr., 
touchour.  Berry,  torjous,  tonjous.  Bourg.,  tôJoi\  torjo,  tô/ô, 
teujo.  Bress.,  tov^o,  io/'e.  Dauph.,  tojour.  11. -V%  tourjous. 
Lille,  ^OHc/iis.  L.QVY . ,  tocou .  Mac,  tôr/ôr,  tuje.  Montr.,  toje. 
Morv.,  /ô/"o/',  toufou,  to.:o.  Nivern.,  to^or.  Poit.,  tourjou. 
Rom.,  torsiors.  St-Am.,  toutou.  Saint.,  tre/aii.  Sav.,  ta^a. 
Vx.  fr.,  toj'or,  touf^/ours,  to.^  jors.  tu^  furs, 

ToMBEÙRiAU,  S.  m.,  tombereau. 

Bas-Lat.,  tuinbreilum.  Bervy,  ttmberiau,  tuinberlau.  Champ., 
tuniereau,  tumcriau.  Guern . ,  tuinbré.  Morv.,  tunibereat, 
tombeuillau,  toinbllldau.  Rouch.,  tuniereau.  Vx.  fr.,  tuii- 
berau,  tuinercau,  tumberel,  tuincrel. 

ToMiRON,  S.  m.,  gâteau  grossier,  que  les  ménagères,  confec- 
tionnent avec  de  la  pâte  et  un  peu  de  graisse,  quand  elles 
font  la  cuisson  du  pain.   Les  enfants  dévorent  tout  cela. 

Tonton,  s.  m.,  oncle.  Du  langage  enfantin. 

Bress.,  oiiclio.  Lorr.,  onclia.   Saint.,   tonton.   (V.   Tatan.) 

Tonton,  s.  m.,  toton  :  «  La  diâbe  de  malin!  ô  l'fait  virer 
c'ment  eùn  tonton.  » 
Pic.  et  Saint.,  tonton.  (V.  Trebi.) 


424  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

TopÉTE,  S.  f.,  petite  fiole,  flacon  :  «  Eh!  laGlaudine,baille-rae 
eùne  topéie  de  sirop.  » 

Berry,  Dauph.,  Genev.  et  Jura,  topetle.  Midi,  iaupctte. 
Morv.;  f.ôpette.  Rouch.,  topclc.  Suiss.  r.,  topetie. 

Toquer,  v.  tr.  et  intr.,  toucher,  frapper,  heurter  :  «  0  s'é 
toquéla,  tête  cont'  eùn  âbre.  »  —  «  A  c'maitin,  j'ai  iogué 
à  ta  porte.  » 

Ital.,  toccarc.  Esp.,  tocar.  Berry,  toquer.  Bourg.,  toquai, 
queutai.  Bress.,  toquer.  Champ.,  tocquer.  Fovez,  riqua,  riquo. 
Genev.,  toquer,  tioqaer .  Morv.,  Norm.  et  Rouch.,  toquer. 
Toul.,  toc  (folie).  Vx.  fr.,  touqner . 

TÔR,  S.  f.,  tour,  bâtiment  rond. 

Lat.,  iuri-is.  Ital.,  torre.  Bourg.,  tor,  tô.  Morv.  et  Prov., 
tor.  Sav.,  tear.  Vx.  fr.,  tor,  tur,  tour. 

TÔR,  s.  m.,  un  tour,  une  tournée. 

Lat.,  toriius.  Ital.,  torno.  Bourg.,  tô,  tor.  Morv.,  tor. 
Prov.,  tor,  torn.  St-Am.,  ton.  Vx.  fr.,  tor,  tour.  (V.  Tornée.) 

TÔR,  s.  m.,  tort,  dommage. 

Bas-Lat.,  ^07"/:«/».  Ital.,  torfo.  Prov.,  tort.  St-Am.,  ^e?i. 
Wall.,  toir.  Vx.  fr.,  tor;;,  tords,  tori. 

Torche,  s.  f.,  faisceau  tordu  de  foin,  de  chanvre,  de 
paille,  etc.  N'a  rien  de  commun  avec  la  torche  éclairante 
ou  incendiaire. 

Lat.,  tortus.  Ital.,  torcia.  Berry  et  Bourg.,  torche.  Champ., 
torcis.  Fr.-Cté,  tôrtche.  Genev.,  Morv.  et  Norm.,  torche.  Pic, 
iorke.  Prov.,  torcha.  Suiss.  r.,  tortsa,  toueirtsa.  Vx.  fr., 
torse,  torssc. 

ToRiAu,  et  TouRiAu,  s.  m.,  taureau. 

Lat.,  taurus.  Ital.,  toro.  Berry,  tauriau.  Bourg.,  touriâ. 
Mac,  touriau.  Morv.,  toireai,  tauriau,  tauliau.  St-Am., 
touré.  Suiss.  r.,  touar,  touair.  Wall.,  tarai.  Vx.  fr.,  torel, 
toreau. 

ToRLORiGOT  (à),  loc.  adverbiale,  beaucoup,  considérablement. 
Corruption  de  «  tire-larigot  )),  mais  employée  dans  une 
autre  acception  que  celle  de  boire  :  «  J'peux  pas  sôrlî  ;  i 
pleîit  à  torlorigoi.  )) 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  435 

ToRMENT,  S.  m.,  tourment,  inquiétude. 

Lat.,  toniiciitum.  Ital.,  torinento.  Berry,  Morv.  et  Pic, 
tonnent.  Prov.,  turmeiit,  torment.  Wall.,  tour/nain.  Vx.  fr., 
tonnent^  turment,  tourment. 

ToRMENTER,  V.  tr,,  toumienter,  inquiéter. 

hat.,  torr/uerc.  Ital.,  lor/nentare.  Lim.,  treblas.  Morv., 
tormenter.  Prov. ,  tomientar,  turmentar.  St-Am.,  trouiaètè. 
Vx.  fr.,  tormenter,  turmcnter . 

ToRNAiLLER,  V.  intr.,  tournailler,  tourner  de  côté  et  d'autre 
sans  but  bien  arrêté. 
Prov.,  tornalhar.  Saint.,  tôrnaiiler. 

ToRNÉE,  s.  m.,  tournée  :  «  L'piéton  a  fini  sa  tornée.  » 

Boui'g.,  tonée.  Morv.,  tornée.  Wall.,  tournaie.  Vx.  fr., 
tournée.  (V.  Tôr.) 

ToRNER,  et  Teùrner,  V.  tr.  et  intr.,  tourner,  et  aussi  re- 
tourner :  ((  Piarot,  torne-te,  qu'on  te  vouéye  eùn  brin.  » 
Lat.  et  Ital.,  tornare.  Berry,  torner.  Bourg.,  tonai.  Forez, 
torna,  tourna.  Lang.,  tourna.  Morv  et  Pic,  torner.  Prov., 
tornar,  tournar.  Rom.,  tornar.  St-Am.,  tourné.  Sav., 
teurnâ.  Vx.  fr.,  torner,  turner,  tourner. 

ToRNiÔLE,  s.  f.,  torgniole,  coup  :  «  0  m'fesôt  mau  ;  ma  j'te  li 
é  fichu  ennQ  boune  iornible.  » 

Lille,   tarniolle.  Pic,  tor  g  noie,  \di\og.,   torniole.    Wall., 
tarniolle.  Vx,  fr.,  tournlole. 

ToRNis,  s.  m.,  tournoiement,  maladie  (hydalite  dans  le  cer- 
veau) qui  envahit  parfois  les  troupeaux  de  moutons.  Ces 
bêtes,  alors,  perdent  l'appétit,  baissent  la  tête,  tournent  du 
môme  côté,  ont  des  vertiges,  chancellent  et  tombent.  On 
appelle  encore  ce  mal  lordot.  (V.  ce  dernier  mot.)  —  Même 
cause  que  la  pourriture,  qui  réside  dans  le  ventre,  tandis 
que  le  tamis  frappe  le  cerveau. 

Ital.,  torniamento.  Indre,  lourderie,  lourdèae,  lourdieu. 
Prov.,  torneiament,  tornei/amen.  Vx.  fr.,  tournoi/ement. 

ToRNis  (je),  prêt,  de  torner  :  «  Je  tamis j  je  r' tarais...  J'ai 
évu  biau  fâre;  j'n'ai  ran  treuvé.  » 

ToRTAMPiON,  ad].,  boiteux,  qui  oscille  fortement  des  deux 

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426  LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

côtés,  comme  un  battant  de  cloche  :  «  La  vouéte-vous 
aller  couci-couça,  d'avou  sa  panière  aubrai?  Y  et  eiîne 
drôle  de  tortampione !  »  (V.  Gambi,  Jarréard,   Tortibi.) 

TÔRTE,  Tourte,  et  Tôrtelôte,  s.  f.,  tourterelle. 

Lat. ,  turtur.  Ital. ,  tortore.  Berry,  tourte,  tourtoavellc. 
H'-Maine,  teurte,  tourte,  tourtre,  turtre.  Montr.,  torte.  Morv., 
teurtelotte,  toterelle.  Norm.,  teurte,  teurtre.  Poit-,  tourtre. 
Prov.,  tourdourela,  tortre.  Saint.,  tourte,  tourtre.  Vx.  fr., 
tourte,  tourtre,  tortre,  turtre,  tuertre. 

TÔRTE,  S.  f.,  tourte,  pâtisserie. 

Lat.  et  Ital.,  toi-ta.  Berry,  tourte.  Bourg,  et  Morv.,  torte. 
Poit.,  tortca,  tortia.   St-Ani.,   tourta.  Vx.   fr.,  torte,  tourte. 

ToRTEiLLER,  V.  tr. ,  tortiller,  tordre. 

Berry,  tortiller  (se  mouvoir  sans  besogner).  Bourg.,  totcuillai. 
Morv.,  torteillcr,  teurteiller.  Vx.  fr.,  tortiller. 

ToRTEiLLON,  S.  ui.,  paille  tortillée,  bois,  chiffon  tordu,  —  et 
aussi  petite  servante  de  village. 

Berry,  tortillon.  Bourg.,  totillô,  Morv.,  tortcillon,  teurtcillon. 
Prov.,  tortillo  (gâteau  en  couronne).  Vx.  fr.,  tourtillon. 

Tortibi,  adj.,  tortu,  bossu,  bancal,  quiconque  a  une  forme 
déviée.  Devient  volontiers  le  nom  propre  du  mal  partagé: 
«  Dis  donc,  Nan-néte,  Tortibi  voudrôt  ben  t'fâre  les  doux 
zieùs.  )) 
Lat.,  tortus.  Ital.,  storto.  Toul.,  tortipé.  Vx.  fr.,  tortu. 

Tou,  s.-  m.,  aqueduc  établi  sous  une  route,  sous  une  chaussée. 

TouBÀ,  s.  m.,  tabac.  A  ses  passionnés.  Quand  un  nécessiteux 
vous  demande  quelques  sous,  c'est  plutôt  pour  son  tabac 
que  pour  son  pain. 

Ital.,  tabacco.  Morv.,  tébé.  Pic,  toubake.  Rouch.,  touhaque. 
AVall.,  toubac.  Vx.  fr.,  tobac. 

Touë  !  Touë,  appel  adressé  aux  chiens  pour  les  faire  venir. 
Faut-il  chercher  autre  part  le  nom  de  toutou  qu'on  leur 
donne? 

TouLiPE,  s.  f.,  tulipe. 

Ital.,  tulipano.  Vx.  fr.,  tulippe. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  427 

TouNÀRE,  S.  ra.,  tonnerre.  Sert  fréquemment  de  juron  :  «  Ah! 
te  n'voux  pas  m'acouter. . .  miWe-tounâres!  » 

Lat.,  tonilru.  Ital.,  tuono.  Berry,  toune.  Bourg.,  tonare. 
Fr.-Cté  et  Lorr.,  toiinarre.  Morv.,  tounare,  toune,  tonne,  tou- 
neillc.  Nani.,  tonoivc.  Prov.,  tron,  tondre,  toncdrc.  Rouch., 
tounoile,  tonoivc.  St-Am.,  toiinérou.  Toul.,  trouncj/re.  Wall., 
tonir.  Vx.  fr.,  tuneire,  tonnoirrc,  tonoirrc.  (V.  Tahoalàt.) 

ToÙNEAU,  S.  m.,  tonneau.  Un  vieux  VerdunoiSj  bon  comme 

le  bon  pain,  jurait  par  :  «  Mille-touneaux!  Saint-Amour!  » 

Ital.,   hotte.   Bourg.,    tonea.    Cogn.,   tounâ.   Mac.,   ponçon, 

Prov.,   tonel.   St-Am.,  panchan.    Sav.,    bosse.   Wall.,   tonai, 

tonniau.  Vx.  fr.,  tonel,  tonnau,  tuneau. 

TouNER,  V.  intr.,  tonner. 

Lat.,  tonare.  Ital.,  tuonare.  Berry,  touner.  Fr.-Cté,  touener. 
Lorr.,  tinner.  Morv.,  touner.  Prov,,  tronar.  St-Am.,  tounè. 
Saint.,  touner.  Vx.  fr.,  toner,  tonner. 

Tousse,  s.  f.,  toux  :  «  L'pauv'vieux  !  ôl  a  eùne  tousse  qui  ne 
persupôse  ran  d'bon.  » 

Lat.,  tussis.  Ital..  tosse.  Berry,  tousse,  tusse.  Forez,  tussia. 
Morv.,  teusse,  toussie.  Prov.,  tus,  tos,  tous.  Rouch.,  tousse. 
Wall.,  toss.  Vx.  fr.,  toux.  (V.  Teû.) 

Toussî,  et  Tossî,  v.  intr.,  tousser  :   «  Queù  rei^nne!  01  a 
ioussi  tôte  la  neiàt.  » 

Lat.,  tussire.  Ital.,  tossire.  Berry,  toussir.  Fr.-Cté,  teuchi. 
teuchencr.  Genev.  et  Pic,  toussir.  Prov.,  tussir,  tossir.  Rouch., 
toussi.  St-Am.,  tusi.  Suiss.  r.,  tussi.  Vx.  fr.,  toussir,  tossir. 
(V.  Teùsser.) 

Tout-contre,  adv.,  tout  près  :  «  J'voulôs  li  parler;  je  m'sis 
éprôché  tout-contre  lu.  » 
Lorr.,  tout  d'cont'.  Norm.,  tout  contre. 

TouT-DuÈT,  adv.,  tout  juste,  à  l'instant  :  «  Je  v'iôs  aller  d'vé 
lu,  quand  tout-drèt  ôl  et  érivé.  » 
Bress.,  to  dray.  Norm.,  tout  dreit. 

Tout-plein,  adv.,  en  quantité,  beaucoup.  Chaleureusement 
défendu  par  Vaugelas. 

Bourg.,  tô  pion.  Jura,  tout  plein.  Mac,  tô  pliain.  Midi  et 
Norm.,  tout  plein.  (V.  Trèben.) 


428  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Tbain-ner,  et  Trâner,  v.  tr.,  traîner. 

Lat.,  trahere.  Ital.,  tvarrc.  Morv.,  traner.  Prov.,  trainar, 
Vx.  fr.,  tvaïnei\  trahincr,  trainner,  traisiicr,  trayncr. 

Train-ne-bÀle ,  s.  m.,  triqueballe,  éfourceau.  C'est  ce 
véhicule  qui  sert  à  transporter  les  longs  et  lourds  troncs 
de  sapins  qui  nous  viennent  du  Jura,  et  passent  comme 
des  géants  défunts  en  faisant  résonner  les  galets  des  rues. 
[Y ,\e.'&  Sonnets  Verdunois.) 

Tracasser,  v.  tr.  et  intr.,  aller  et  venir,  ranger,  replacer, 
remettre  en  ordre,  mais  en  se  donnant  du  mal.  Forme 
réfléchie  :  se  faire  du  souci. 

Bourg.,  tracassai.,  traicaissai,  Guern.,  tricachier.  Morv., 
traicaisser.  Pic,  tracasser  (aller  et  venir).  Vx.  fr.,  tracasser. 

Train-niaux,  s.  m.,  vieux  linges,  vieux  rideaux,  vieux 
débris.  Non  pas  tout  objet  qui  traîne,  mais  plutôt  tout 
objet  qui,  par  sa  chétive  qualité  ou  sa  vétusté,  est  presque 
hors  de  service  et  bon  à  laisser  traîner  :  «  Oh  !  qu'é-ce 
qu'y  é  que  c'qui?  V'tu  ben  j'ter  tous  ces  train-niaux!  » 

Trâjer,  v.  intr.;,  rôder,  aller  çà  et  là,  parcourir,  traverser  : 
((  On  dit  qu'eùn  loù  a  tràjé  dans  l'bos.  »  Rappelle  le 
substantif  trajet. 

Lat.,  trajicere.  Ital.,  traversare.  Berry,  trajer,  triger. 
Doubs,  tragai.  Forez,  trageâ.  Fr.-Cté,  trachi,  tred^i.  Genev., 
trâgucr.  Jura,  trajer.  Morv.,  traijer,  tre^cr.  Prov.,  traversar. 
Suiss.  r.,  tragua,  iragidlha.  Vx.  fr.,  transverser.  (V.  Trâler, 
Trôlcr,  Tràcarser.) 

Trâle,  s.  etadj.,  mauvais.  —  En  quelques  localités  signifie 
aussi  une  petite  servante.   Pourquoi?  Elles  ne  sont  pas 
toutes  mauvaises. 
Berry,  trâlé  (sec,  hâlé). 

Trâlée,  s.  f.,  troupe,  aflQuence,  grande  quantité,  ribambelle: 
«  Que  trâlée  à  c'te  fouére!  » 

Auv.,  ieira.  Aube,  taulèe,  Berry,  tralet.  Genev.,  tralèe. 
Norm.,  triolée.  Pic,  tralèo.  Poit.,  tratdée,  tralèe.  Rom., 
tral/i.  Saint,  et  Vaud.,  tralèe. 

Trâlée,  s.  f.,  raclée,  volée,  et  toute  cette  curieuse  famille 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUN0-CHAL0NNAI8  429 

de  mots  :  Daubée,  Dépelée,  Peignée,  Pile,  Rincée,  Roulée, 
Tricotée,  etc.  —  On  n'a  que  l'embarras  du  choix  dans 
cette  abondance  de  synonymes. 

Trâler,  V.  intr.,  aller,  se  promener  avec  excès,  courir  de 
tous  côtés. 

Bourg.,  tràlai.  Morv.,  trainier,  trallcr  (avancer  sur  un 
pied).  Norni.,  trcdlcr.  Poit.,  traler,  îraliiier.  Saint.,  trâler, 
trâliner.  Vx.  fr.,  trallcr.  (V.  Trâler,  Trâ/'er.) 

Tran,  s.  m.,  fourche  en  fer  à  trois  dents,  trident. 

Tranchôt,  s.  m.,  grand  couteau  tranchant,  hache,  hachette. 
Forez,  tranchât.  Wall.,  treinc/iet.  Vx.  fr. ,  tranchct. 

Transpir,  s.   m.,   transpiration,   sueur  :   «   J'ai  sâclé  tout 
l'tantôt.  Y  étôt  deùr;  j'en  ai  V transpir.  » 
St-Am.,  trôchon. 
Trape,  s.  f.,  vase  en  terre,  de  grande  dimension,  dans  lequel 
on  met  principalement  le  lait. 
Bourg.,  traipc.  Montr.,  trappe.  Morv.,  traipe.  (V.  Târcuche.) 

Trapon,  s.  m.,  planche,  ou  feuille  de  fer,  fermant  l'ouverture 

inclinée  ou  horizontale  des  caves.  Diminutif  masculin  de 

trappe  :  «  As-tu  benfremér^r(7/)on?))  —  «  U trapon  éibiovri', 

ôl  a  métu  le  pied  d'dans,  é  pi  ôl  a  chu  à  bas  d'I'escayé.  » 

Genev.,  trapon  (trappe).  Morv.,  trapon. 

Tràsor,    s.   m.,   trésor,   tout  ce  qu'on   croit  d'une  grande 
valeur. . .  et  qui  trompe  souvent. 

Lat.,  thésaurus.  Ital.,  tesoro.  Bourg.,  trèsô.  Morv.,  irâ^or. 
Prov.,  thesaur.  Vx.  fr.,  trésor,  thrcsor. 

Tra.sse,  s.  f.,  tresse,  cheveux  nattés,  etc. 

Ital.,  treccia.  Berry,  tersc.  Morv.,  trasse,  traicc,  trèche. 
Prov.,  tressa,  trcza.  Wall.,  tress.  Vx.  fr.,  tresce,  trece. 

Trasser,  V.  tr.,  tresser,  arranger  en  tresse. 

Ital.,  trecciare.  Berry,  terccr.  Morv.,  trasser,  trùcher.  Prov., 
tressar.  Wall.,  tressi.  Vx.  fr.,  trecier. 

TrÀvàr,  s.  m.,  travers,  caprice,  inconduite  :  ((  L'pauv'garçon, 

je  n'sais  pas  c'qu'ô  d'veinra  ;  ma  ô  donne  dans  Vtrcwâr.  » 

Lat.,    transcersus.    Ital.,   traversa.   Berry,   tracé,    traçais. 


430  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

travars.    Bourg.,    tracar.    Mac,    trazars.   Prov.,  transvers. 
St-Ain.,  tracà.  Vx.  fr.,  travers. 

Tràvàr  (à),  loc.  préposit.,  à  travers  :  ((  J'seû  donc  été  cheû 
lu,  tôt  à  tràvàr  le  bôs  ;  ma  je  l'ai  pas  treùvé.  » 

TrÀvarse,  s.  f.,  vent  âpre  de  l'Ouest  :  «  Le  vent  de  tràvarse. 
La  tràvarse.  » 

Ital.,  traversa.  Poit.,  tràvarse  (vent  de  travers).  Prov., 
traversa.  Vx.  fr.,  traverse.  (V.  Vent.) 

Tràvarse,  s.  f.,  chemin  qui  coupe  en  diagonale,  et  rac- 
courcit. Le  paysan  prend  toujours  a  la  tràvarse  ». 

Tràvarser,  V.  tr.,  traverser,  passer  d'un  côté  à  l'autre. 

Lat.j  transire.  Ital.,  traversare.  Mac  ,  travessi.  Prov.,  tra- 
versar.  St-Am.,  travesé.  Vx.   fr.,   transverser.  (V.  Trâjer.) 

Travau,  s.  m.,  poutre,  solive. 

Lat.,  trabs.  Ital.,  travc.  Dauph.,  trau.  Forez,  trat,  travon. 
Fr.-Cté,  trâ,  irai,  iravat,  Iravot.  Lorr.,  irai.  Morv.,  travau. 
Pic,  trate.  Poit.,  traoa.  Sav.,  trà,  tras. 

Trében,  adj.,  contraction  de  très  bien,  beaucoup  :  ((  Si  l'cœur 
t'en  dit,  j'peux  t'en  bailler,  des  calas;  j'en  ai  trében.  » 
Berry,  très  ben.  Morv.,  trèbin.  Norm.,  trèbé.{Y.  Tout-plein.) 

Trebi,  et  Trebillot,  s.  m.,  toton,  toupie,  petite  toupie  :  «  01 
et  adrèt;  ô  fait  joliment  virer  son  trebillot.  »  il  arrive  assez 
fréquemment  qu'on  prend  le  plus  court  des  deux  mots,  et 
qu'on  se  contente  de  trebi. 

Lat.,  turbo.  Ital.,  girlo.  Bourg.,  trebi.  Bress.,  trebillo. 
Fr.-Cté,  trebi,  trebillot,  tourbillot.  Mac,  trebclioxi.  Montr., 
trebillot.  Morv.,  tribolot.  (V.  Tonton.) 

Trebiller,  V.  tr.,  tourner  rapidement,  comme  un  toton,  se 
trémousser.  Se  prend  aussi  parfois  dans  l'acception  de 
chanceler  :  «  J'seû  tout  élourdi;  yirebille.  » 

Bourg.,  (jx'billai,  trepUlai.  Bress.,  Montr.  et  Vx.  fr.,  tre- 
biller. 

Tréliire,  V.  intr.,  briller,  luire,  luire  à  travers. 

Lat.,  lucere.  Ital.,  relucere.  Berry,  terluire,  terlutcr.  Bourg., 
lu^ai,  rehuai.  Dauph.  et  Forez,  tralure.  Lille,  terluire.  Lorr., 
r'iuhan  (reluisant).  Lyon.,   traliure.   Montr.,  trelure.  Morv., 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  431 

ieurluer,  tcurlùrc.  Norm.,  rclurc,  erliser.  Poit.,  trèlure^  tre- 
luser,  ireluttai.  Prov.,  ireltisir,  lu:;er,  luc^ir.  Saint.,  lerluscr. 
Suiss.,  iraluire,  irallldre.  Valogn.,  relure.  Vend.,  treleuser. 
Wall.,  lare,  tcvlairc.  Vx.  fr.,  tvcsluvc,  trcàluive.  (V.  Relûre.) 

Trembe,  s.  m.,  tremblement  :  «  Aus'tôt  qu'ô  r'moiitit  d'ia 
cave,  V trembe  i'peùrnit;  ôl  avôt  évu  frèd.  » 
Cogn.,  trembe.  Morv.,  treiinblement.  Vx.  fr.,  trenible. 

Trembe,  s.  m.,  tremble,  arbre. 

Lat. ,popuU(S  treiiiula.  Ital.,  treinula.  Prov.,  treniol,  tremola. 
Morv.,  treiinble.  Rouch.,  trèine.  Wall.,  trôna.  Vx.  fr.,  tremble. 

Trembler,  v.  intr.,  pris  dans  un  sens  particulier  :  «  01  a 
tremblé  la  fieûve  tout  l'maitin.  »  Le  l  tombe  devant  l'e 
muet. 

Lat.,  tremulare.  Ital.,  tremolare.  Berry,  trémiaer.  Bourg., 
tranblai^  tranbiai.  Genev.,  trembler.  Hain.,  trianer.  Liég., 
tronler.  Lille,  tranaer  les  Jièoes.  Midi,  trembler.  Morv., 
treimbler,  trémanci,  trèmoinci.  Pic,  traner.  Prov.,  tremblar. 
Saint.,  trembloter  la  poiire.  Wall.,  trôné.  Vx.  fr.,  trembler, 
trambler.  (V.  Grûler.) 

Tremis,  s.  m.,  semailles  du  printemps,  blé,  orge,  avoine,  etc. 
Plusieurs  localités  de  Bourgogne  appellent  les   «  tremis  )) 
carémages.  En  effet,  ils  se  font  à  l'époque  du  Carême. 
Montr.,  tremis.  Morv.,  trémies,  teurmies.  Vx.   fr.,  tremis. 

Trempe,  s.  f.,  trempée,  raclée,  roulée  :  «  0  li  en  a  ben  prou 
fait  ;  ôl  évôt  pigé  ses  poumes  la  neùt.  Ma  itou  ô  li  a  fichu 
eùne  trempe! . . .  » 
Wall.,  treimp.  Vx.  fr.,  trempe. 

Trempe,  adj.,  trempé:  «  Ah!  voui,  qu'çatombôt!  Quépleuë! 
J'sis  toute  trempe. 

Bourg.,  trampai.  Genev.  et  Midi,  trempe.  {Y.  Enfle,  Gonfle, 
Trouble.) 

Trempée,  s.  f.,  forte  pluie  :  «  01  a  reçu,  en  r'venant  d'ia 
fête,  eùne  fameuse  trempée;  l'iâ  li  dégoulinôt  du  dos.  » 

Berry  et  Midi,  trempe.  Morv.,  trempée.  Poit.,  trempe,  trcm- 
pure.  Rouch.,  trempe.  (V.  Saucée.) 

Trempée,  et  Trempéte,  s.  f.,  pain  trempé  dans  du  vin  chaud 


432  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

et  sucré  ;  grand  régal  pour  les  enfants.  Le  bourguignon 
l'appelait  goguée.  Quand  le  vin  sucré  était  chauffé  à  point 
dans  les  cendres,  on  y  trempait  du  pain  grillé;  c'était 
((  faire  la  goguée  ».  —  Se  reporter  à  la  coutume  de  la 
trempée  des  mariés,  usitée  dans  plusieurs  provinces. 

Fr.-Cté,  trempotte.  Midi  et  Pic,  trempette.  Poit..  treinpine. 
Rouch.,  trompeté. 

Tréparcer,  V.  tr.,  transpercer,  traverser  :  «  U^owYo  tr^éparce 
les  niuages.  »  —  «  I  pleuvôt,  y  pleuvôt!  ôl  é  r'venu  tré- 
parcé.  )) 

Lat.,  transjodere.  Ital.,  traforarc.  Champ.,  trapercer,  trè- 
percer.  Dauph.,  traf'ori.  Lyon.,  traforo.  Morv.,  trèpocer, 
treporccr,  trèfongcr.  Pic,  trèpcrcher,  trèpocer.  Prov.,  tra- 
forar,  trafurar.  Rom.,  trasforcu\  transforar.  Vx.  fr.,  trc^brer, 
trespercer,  transpercier. 

Trépiller,  V.  tr.,  trépigner,  sauter,  fouler  aux  pieds  :  ((  01 
étôt  si  gros  en  coulâre,  qu'ô  VtrépiUbt.  » 

Lat.,  tiipudiare.  Berry,  trcper,  tripcr,  trepoucr.  Bourg.* 
trépillai,  trébillai,  tripui.  Bress.,  trépiller,  trapir.  Champ., 
tréper,  tripier,  tripoter.  Chàtill.,  triper.  Dauph.,  trepa,  tre- 
pita.  Isère,  trepa.  Jura,  trébiller,  triper.  Lang.,  trépiller. 
Lorr.,  trépeler.  Montr.,  trappir.  Morv.,  trépiller.  Poit.,  treper. 
Prov.,  trepar.  Rom.,  ircpir.  Saint.,  trcper.  Suiss.  r.,  trepa, 
troupa,  irepetoana.  Toul.,  trampi,  trepa,  trepeja,  trepi.  Wall., 
tripler.  Vx.  fr.,  treper,  triper,  trépigner.  (V.  Pautrcr,  Triper.) 

Très,  adv.,  beaucoup,  extrêmement.  Abréviatif  de  trében  : 
((  J'évôs  très  faim;  j'ons  été  soper  d'avou  l'vouésin.  »  N'est 
pas  d'un  usage  bien  courant;  on  dira  plutôt  :  ((  J'évos  gros 
faim.  » 
Lat.,  trans.  Bourg.,  tré.  Genev.,  très.  Vx.  fr.,  très. 

Trésaler,  V.  intr.,  chevroter  en  chantant.  Ce  mot,  autrefois, 
a  signifié  trembler.  La  voix  tremble,  en  effet,  quand  on 
chevrotte. 
Vx.  fr.,  trésaler. 

Trésir,  V.  intr.,  surgir,  pousser,  poindre,  germer,  sortir  de 
terre.  Se  dit  des  plantes  et  des  herbes  :  «  Y'ià  l'blé  qui 
trésit.  »  J.  Guillemin  soumet  pour  étymologie  ira  exire. 
Bourg.,  iresir,  traiter.  Bress.,  trésir.  Dou.hs,  tiedre,  tricdre. 


LANGAGE   POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  433 

Fr.-Cté,   tre^i,   treusl.   Jura  ot    Montr.,   tvèsiv.  Morv.,   trù^i, 
(relier,  Irelllcr. 

Tressauter,  v.  intr.,  faire  un  soubresaut,  tressaillir. 

Moi'V.,   tressauter.    Prov.,    trasaular.    Vx.   fr.,  tressauter. 

Tressuer,  V.  intr.,  suer  abondamment  :  «   Oh!  laisse-me; 
quand  ô  jabôte,  ô  m'fait  tressuer. 
Norm.  et  Vx.  fr.,  tressuer. 

Trétiau,  s.  m.,  tréteau.  Soutient  souvent  la  planche  sur 
laquelle  se  hisse  le  violonneux  des  fêtes. 

Lat.,  transtruin.  Ifca!.,  trespolo.  Angl.,  trcstle.  Bourg., 
treitea.  Vx.  fr.,  tretel,  tretiau,  trestiau. 

Tretous,  et  TEÙRTOus(fém.  teùrtousaes), \n'on.  indéfini, tous; 
mais  dans  une  acception  superlative,  comme  qui  dirait  : 
très  tous,  tout  à  fait  tous. 

Berry,  tertous,  tretous,  tous  tretous.  Bourg.,  tretô,  teurteu. 
Bress.,  tartou,  tretui.  Champ.,  tertous,  tretous.  Forez,  tretou, 
trej/tou,  tartou.  Fr.-Cté,  tretous.  Lang.,  trestut.  Loir.,  teur- 
tous,  tortos.  Lyon.,  tartou,  tretou,  trei/tou.  Mac,  trctô, 
tieur.  Maine,  tertout.  Montr.,  tretous.  Morv.,  teurtôs,  teur- 
tous,  tourtous,  tretous.  Norm.,  trèstout,  tertous.  Pic.  tertous, 
terllns.  Poit.,  tretous,  tertous.  Prov.,  trestut,  traitais,  tre- 
tous. Rom.,  trastot.  Rouch.,  tertun.  Saint.,  tretous.  Wall., 
tretous,  tretuit.  Vx-  fr.,  trestos,  trèstout,  tertout. 

TREÎië,  s.  f.,  truie.  Un  garçon  disait  à  une  fille  couraude  : 
«  Va-t-en  ;  l'né  qu'eùne  treùë.  » 

Anj.,  trèe.  Berry,  treue,  triie  (cloporte).  Bourg.,  treuë. 
Cog.,  treàe.  Fr.-Cté,  truë,  trouille.  Maine,  trâe,  traie,  iruùe. 
Montr.,  trei'ie.  Morv.,  treue.  Norm.,  traie,  trouie,  irue. 
Poit.,  treue.  Ptov ..,  trueia,  truiga,  trouia.  Rouch.,  (roule. 
Saint.,  treue.  Sav.,  trou'ie.  Suiss.,  trouia.  Wall.,  troie, 
trauie.  Vx.  fr.,  truie,  trui/e.  (V.  Gaille,  Garoille.) 

Treùfe,  et  Treùfle,  s.  f.,  pomme  de  terre  :  «  J'ai  métu  à 
cueùre  des  treùfes  d'avou  des  raves;  y  é  gros  bon.  » 

Berry,  truffe.  Bourg.,  treujë.  Champ.,  truque.  Forez  et 
Fr.-Cté,  triffe.  Genev.,  tu/elle.  H"-Auv.,  trcuj'à,  trijola. 
H'-Malne,  truffle.  Lang.,  tujèrc.  Morv.,  treuffe.  Norm., 
truffe,  truffle.  Poit.,  trafic,  (roufle.  Prov.,  (ruj'a.  Suiss., 
treufa,  trufflla,  trijola.  Vx.  fr.,  trufe.  (rujle,  truffle.  (V.  Tar- 
teùje .  ) 

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434  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Treûfe,  s.  m.,  trèfle,  plante. 

Lat.,  trifollum.  Ital. ,  trifoglio.  Berry,  troujlc.  Bourg., 
treufc.  Fr,-Cté,  trôije.  Morv.,  treûfe.  Poit.,  troujlc,  trcnjîe, 
transe.  Prov.,  trefaeil.  Vx.  ir.,  trcjeul,  trefflc.  triollet. 

Treuil,  et  Treù,  s.  m.,  pressoir. 

hat. ,  torculu m.  Ital.,  torcolo.  Bourg.,  trex'i,  trô.  Fr.-Cté 
et  Lira.,  treuil.  Norm.  et  Poit.,  trouil  (dévidoir).  Prov., 
troill,  trueill.  Rom.,  troill.  Vx.  fr.,  troil,  troul,  treullc, 
truel.  (\ .  Prcssouér.) 

Treûillôt,  s.  m.,  pain  résultant  de  l'écrasement  des  noix, 
résidu  apiv'S  l'iiuile  faite. 

Avign.,  trouilL  (marc  d'olives).  Berry,  trouillon.  Bress., 
trouillo.  Genev.,  nilloii.  Jura,  trouillot.  Montr.,  truillot. 
Roucli.,  touvtia^  tourtiau.  (V.  Trouille,  Tvouillor.) 

Treùver,  v.tr.,  trouver.  Ce  verbe  n'a  pas  donné  le  substantif 
treùve. 

Ital.,  trocare.  Berry,  treitcer.  Bourg.,  trôcai.  Lim., 
iroubas.  Pic,  trcuter.  Poit.,  Iroacr,  treure,  trourc.  Prov., 
trobar,  troubar.  Wall.,  troi'è.  Vx.  fr.,  trucer,  troever, 
trcui'er.  (V.  Trouve.) 

Trevoir,  V.  tr.,  entrevoir. 

Bourg.,  tréeoi,  enteroir.  Vx.  fr.,  entrccoir. 

Trézeûler,  V.  intr.,  carillonner,  sonner  les  cloches  solen- 
nellement. —  Jadis,  la  musique  du  carillon  se  faisait  à 
l'aide  de  quatre  cloches,  d'où  le  verbe  quadinllonner,  ce 
qui  a  donné  le  mot  français  carillonner.  Trézeûler  est 
carillonner  en  trois  tons.  (V.  le  Glossaire  des  Noëls  de  La 
Monnoye.) 

Boxxvg.  ,trè:;eulai ^  trc^elai,  ^/-(vea  (clocher).  Fr.-Cté,  trader. 
Montr.,  ti'èsaller. 

Tribouler,  V.  tr.,  turbuler,  tourmenter. 

Lat.,  tribulare.  Ital.,  tribolare.  Berry,  tribouler.  Bourg., 
tribler,  triubler  {(sQxa'^QV') .  Montr.,  tribouler  Noini.,  tribouler, 
iribouiller,  tribouillade  (œufs  brouillés).  Poit.,  tribouler,  tri- 
bouillai.  Prov.,  trobolar,  triboiar.  Rouch.,  tribouler.  Wall., 
tribouler  (parler  inutilement),  se  tribouler  (faire  péniblement 
ses  affaires).  Vx.  fr.,  tribuler,  triboler,  tribouler. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  435 

((  Le  fou  de  François  I^^'  était  de  corps  bien  iriboulè.  » 
(V.  Tarbouiller.) 

Tricoter,  v.  intr.,  traîner  le  pied  en  raarchani,  battre  le 
pavé  à  la  manière  des  ivrognes. 

Berry,  tricoter.  Fr.-Cté,  tru/tœbôler.  Moi-v.,  irtqnotcr. 
Norni.  et  Poit.,  (!r«co/c/-.   Wall.,  triqueballer,   truiriuchaller. 

Trifouiller,  v.  tr.,  chercher,  mais  en  remuant  beaucoup  et 
sans  ordre;  mettre  sens  dessus  dessous.  A  de  nombreux 
quasi-synonymes. 

Genev.,  trivongncr.  Poit.,  trifouillai.  Rouch.,  trifoiilier. 
Wall.,  trifouiller  (secouer,  tirailler). 

Triper,  v.  a.,  broyer,  écraser.  (V.  Pautrer,  et,  pour  les 
congénères,  Trépiller.) 

Tripot,   s.  m.,   besogne,  ménage   :  «   Aile  é  dégordie,  tô 
d'meinme;  tô  les  jôrs  aile  a  fini  son  tripot  d'boune  heure.  » 
Noi'iu.,  tripot  (marché).   Pic,  tripot  (cuisine).    Vx.    fr., 
tripot,  trippot. 

Tripougner,  v.  tr.,  farfouiller,  déranger,  abîmer  avec  les 
mains. 

Trique,  s.  f.,  jambe  :  «  J't'li  ai  fichu  des  coups  de  saibot  su 
ses  triques;  j'iai  ben  fait  lâcher.  » 
Norm. ,  trique. 

Triquôt,  s.  m.,  gourdin,  bâton  taillé  dans  une  grosse 
branche.  Nous  croyons  triqabt  meilleur  que  tricot,  le  mot 
étant  un  diminutif  de  trique. 

Bourg.,  tricô.  Fland.,  trii/ue.  Fr.-Cté,  trique,  triqnet,  tri- 
quôt. Mess.,  triquot.  Morv.  Qt^ovxn.,  trique.  Poit.,  troualon, 
trouillon.  Prov.,  trica,  tricot.  Rouch.,  tricot.  Saint. ,  trique, 
trille.  Suiss.  r.,  trikka.  Wall.,  trik.  (V.  Triquotèe.) 

Triquôtée,  s.  f.,  roulée,  trempée.  Nous  écrivons  triquotèe, 
le  triquôt  étant  l'instrument  apte  à  remplir  l'office. 
Bourg.,  tricàtaic. 

Trô,  adv.,  trop.  Plusieurs  dévots  au  culte  du  vin  blanc 
trouvent  souvent  que  trb  ce  n'est  pas  assez. 

Ital.,  troppo.  Bourg.,  treu,  trô.  Fourgs  et  Mac,  trou. 
Prov.  et  Vx.  fr.,  trop. 


436  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Trochf,  s.  f.,  trochée,  gros  épi,  souche  à  plusieurs  liges, 
poignée  d'herbes,  tresses  de  maïs  suspendues  pour  sécher, 
touffe  ou  bouquets  de  fleurs  ;  «  Eùne  troche  de  sersi/is, 
de  vàïns,  ))  etc. 

Lat.,  «î/'ocAms.  Aunis,  trocha,  tvochot.  Bevïy ,  troche.  Bourg., 
troche,  trochée.  Champ,  et  Forez,  troche.  Fr.-Ctê,  tretse, 
troutse.  Guern.,  troque.  Jura,  truchc.  Lorr.,  trotchi.  Lyon., 
troche,  trochée-  Montr.,  troc/te.  Morv. ,  tréche,  troiche,  troi- 
chenotte.  Norm . ,  troche.  Pic,  troche,  trochée,  troukelet. 
Poit.,  troche,  trochée,  trochelat.  Rouch.,  trofre.  Saint., 
troche.  Suiss.  r.,  trotta,  trosctta.  Wall.,  troh,  trokette. 
Vend.,  trochâcc.  Vx.  fr.,  troiclie  (bouquet). 

Trocher,  V.  tr.,  pousser  par  le  pied,  devenir  dru  :  «  Les 
blés  ont  déjà  Iroché,  ))  ont  poussé  en  troches. 

Bourg.,  trôchai.  Champ.,  trôchcr  (pulluler).  Genev.,  tro- 
c/ier.  Jura,  trucher  (pulluler).  Mess.,  trancher.  Montr., 
trocher.  Morv.,  trécher,  troicher.  Suiss.  r.,  trot.^â,  trotschi, 
trotsi. 

Trôlée,  s.  f.,  coureuse,  fille  dévergondée,  qu'on  trouve 
partout...  et  qu'on  laisse. 

Trôler,  et  Trauler,  v.  intr.,  courir  çà  et  là. 

Bourg.,  trùlai.  Champ.,  trioler.  Lorr.,  troiller .  Maine, 
trôler,  treuler.  Morv.,  trauler.  Norm.,  troler,  trculer.  Pic, 
trauler,  clroler.  Suiss.  r.,  traula.  Vx.  fr.,  trauler,  troller. 
(V.  Tràlcr,  Tràjer.) 

Trompoû,  s.  et  adj.,  trompeur,  un  qui  promet...  et  ne  tient 
pas. 

Fr.-Ctê,  troinpicu.  Morv.,  trompon.  Suiss.,  trompiau. 
Wall.,  tronpâf,  tropaf.  Vx.  fr.,  trompeur. 

Tronche,  s.  f.,  tronc,  arbre  dépouillé  de  ses  branches,  grosse 
bûche  qu'on  brillait  jadis  dans  les  cuisines,  bûche  de 
Noël. 

Lat.,  truncus.  liai.,  tronco.  Berry  et  Champ.,  troncc, 
tronche.  Fr.-Cté,  tronce,  trontche,  trouintse.  Fourgs,  trouintse. 
Genev.,  i!ro/ic/(e.  H'-Maine,  tronce.  Lyon.,  tronchi.  Morv., 
tronce,  troinche.  Prov.,  trounca.  Suiss.  r.,  tronche,  tront:?e, 
tronchet.  Vx.  fr.,  troncc,  tronche. 


LANGAGE    POPULAIUK    VERDUNO-CUALONNAIS  437 

Tronciïon,  s.  m.,  troïK^on. 

Ital,,  truncoac.  Berry,  traaçon,  iransoa.  Prov.,  Ironso, 
troncho,  trenson.  Rouch.,  tronchoii.  Suiss.  v.  ,  trochon. 
Vx.  fr.,  trunciin,  tronsoii,  troiic^on,  transon.  (V.    Trot.) 

Tronquillon,  s.  m.,  pied  de  maïs  qu'on  arrache  avant  de 
labourer,  parce  qu'il  détournerait  la  charrue. 

Trôpe,  s.  f.,  troupe,  foule. 

Lsit. ,  tiirba.  Ital.,  truppa.  Bourg.,  trôpc.  Morv.,  tropc. 
Prov.,  trop  (troupeau).  Vx.  fr.,  tvope,  irouppe. 

Troquet,  et  Troquis,  s.  m.,  maïs.  C'est  avec  la  farine  de 
maïs  qu'on  prépare  les  gaudes,  ce  mets  si  aimé  et  si  répandu 
en  Bourgogne.  Troquis  est  une  corruption  de  turquis, 
pour  blé  de  Turquie  (lequel,  par  parenthèse,  nous  vient 
d'Amérique). 

Bress.,  trequla.  Montr.,  troqaie.  Morv.,  troquet^  turquel. 
SsLÏnt.,  garoicil.  Sav.,  tr'quet,  maillic. 

Troquiyère,  s.  f.,  champ  de  maïs  (de  troquis),  parfois  d'une 
belle  étendue. 

Trot,  s.  m.,  trognon,  tronçon  de  diverses  sortes  de  choses  : 
«  Trot  de  chou,  »  tige  intérieure  du  chou  dépouillée  de 
ses  feuilles;  (c  Trbtde  boudin  »,  morceau  coupé  de  la  spirale 
du  boudin,  etc. 

Esp.,  tro^o.  Berry,  trou  (de  chou.)  Bourg.,  trau.  Bress., 
tro.  Champ.,  tros,  trous.  P'r.-Cté,  trou,  trû.  Forez,  troc. 
Genev.,  troue.  Maine,  trou,  trouessc.  Montr.,  trot.  Morv., 
trô,  trou.  Norm.,  tige  de  chou,  coun/oot.  Poit.,  trô.  troi. 
Prov.,  trouuc.  Saint.,  trô,  trôd.  Suiss.  r.,  tro,  trosson. 
Vx.  fr.,  tros.  (V.   Trouchon.) 

Trouble,  adj.,  troublé  :  «  A  quand  j'I'ai  vu,  ça  m'a  baillé 
eùn  côp;  j'en  seû  core  toute  trouble.  ))  (V.  Enjle,  Gonfle, 
Trempe.) 

Trouille,  s.  m.,  résidu  de  divers  produits  écrasés. 

Forez,  trouille  (marc  de  raisin).  (V.  son  synonyme  Trcûillàt.) 

Trouiller,  et  Treùiller,  v.  tr.,  écraser,  surtout  en  pariant 
du  raisin,  mais  aussi  des  noix,  etc. 
Dauph.,    trouiller.     Genev,,    touiller,     trouiller.    Lang.  , 


438  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

trouia.  Morv.,  ^ro«î7/er  (gobelotter).  Rom.,  ^/7«7/e/-.  Suiss.  r., 
trollhi  (trop  boire).  (V.  Treàillot.) 

Troupiau,  s.  m.,  troupeau. 

Lat.,  turha.  Ital.,  gregrjia.  Bourg.,  treupiâ,  tropca.  Lim., 
tropèu.  Lorr.,  tropé.  Morv.,  trôpiau.  Prov,,  trcpel,  tropnl, 
tropeil.  Sav.,  tropai.  Vx.  fr.,  tropcl,  trouppel,  tropean, 
tropeiau. 

Troussiau,  s.  m.,  trousseau. 

Bourg.,  trousscâ.  Morv.  trousseai ,  iroussel.  Vx.  fr.  , 
trousscl,  troussiau,  tourscl,  toursiaii. 

Trouve,  S.  f.,  trouvaille  :  «  Ma  fi!  j'ai  fait  iqui  ei!ine  ben 
ch'tite  trouve!  » 

Berry,  trouée.  Genev.,  trouco,  trouvurc.  Morv.,  trouée. 
Wail.,  trocaie.  Vx.  fr.,  trouvaille .  (V.  Treùcer.) 

Trijte,  s.  f.,  truite.  Olivier  de  Serres  l'appelle  :  «  La  perdrix 
d'eau  douce.  » 

Lat.,  tructa.  Bourg.,  trute,  ireute.  Morv.,  truie,  treute, 
truite.  Wall.,  trùtt.  Vx.  fr.,  trute. 

T'tàlheùre,  adv.,  tout  à  l'heure.  Prononciation  très  rapide. 
Rouch.,  t'taleure,  taleure. 

TuMER,  V.  tr.,  répandre,  verser. 

Cha.mp.,  teanier .  Fr.-Cté,  tuiner.  Lorr.,  teuiner,  Morv., 
tourner,  tourner.  Vx.  fr.,  tuiiicr,  tuniher. 

Turluter,  V.  intr. ,  jouer  du  fleùtiau.  Sens  ironique. 

Berry,  turluter.  Dauph.,  turlura.  Maine,  turluter.  Morv., 
turluter,  tearleuter.  Norra.,  tarer,  lurasser.  Poit.,  turluter, 
terluter.  Suiss.  r.,  lerlouna. 

TùzoN,  s.  m.,  tison.  S'emploie  au  figuré  :  «  Y  et  eûn  vrâ 
tùzon  que  c'crapaud-là;  ô  côrt  épras  tôtes  les  filles.  » 

Lat.,  titio.  Ital.,  ti:?so.  Lorr.,  tehon.  Morv.,  tu'ion,  teuj'on. 
Prov.,  tuon,  tiso,  tuso.  Vx.  fr.,  tijson,  tissoii. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  439 


U 


Û,  s.  m.,  œuf.  Ne  change  pas  au  pluriel. 

Lat.,  ovuni.  Ital.,  tiovo.  Rerry,  a?«.  Bourg.,  en.  Lille,  œué. 
Montr.,  u.  Pic,  ué  (pi.  u).  Prov.,  or,  uoi\ucu.  St-Am.,  îHë. 
Wall.,  où.  Vx.  fr.,  uef,  ooJ\  oc,  eiif.  (V.  Eu.) 

Ugnon,  s.  m.,  oignon,  comestible,  et  racine  de  plante. 

Lat  ,  unio.  Prov.,  aignon,  if/noii.Vx.  ir.,oiiignoii,  onr/non. 
UiLLET,  S.  m.,  œillet,  fleur,  et  trou  pour  lacet. 

Montr.,  uillet.  Vx.  fr.,  œillet. 

Ule,  S.  f.,  huile  :  Faut  pas  j'ter  Vide  su  l'feù.  » 

Lat.,  olenm.  Ital.,  olio.  Bourg.,  cïdc,  ouïe.  Hain',  oie. 
Lim.,  ôli.  Lorr.,  ôlc,  aie.  Morv.,  Iieulc.  Pic,  cale.  Prov., 
ol.  Rom.,  oil'e,  oale.  Rouch . ,  oie.  St-Am.,  clou.  Sav., 
ouille.  Toul.,  oli.  Wall.,  ôle.  Vx.  fr..  oilc,  oj/le,  oelle,  huille. 

Urtie,  s.  f.,  ortie  :  «  0  s'a  piqué  les  mains  aux  indien.  » 

Lat.,  urtica.   Ital.,  or/ica.   Berrj',   ortruge.    Bourg.,  ôtie. 

Genev. ,  ourtie.   Hâin.,  oi'ti le.  Morv.,  ourtige.   Nam.,   ortie. 

Pic,  ortilc.    Poit.,  ortige.    Prov.,    ortiga,   ourtiga,    urtica. 

Saint.,  ortruge .  Wall.,  ourtaie.  ourtèic.  Vx.  fr.,  ortie,  hortie. 

Use,  s.  m.,  usage,  user,  usure  :  «  Qu'voux-tu  !  les  afàres  ne 
peuvent  pas  tôjor  durer;  y  a  d'ïuse  dans  l'ménage.  » 

Lat.,  usas.  Ital.,  ufiaggio.  Genev.,  use.  Morv.,  usaige. 
Prov.,  usatge.  Wall.,  u:2cg .  Vx.  fr.,  luagc,  uscuge,  husage. 

Use,  adj.jUsé  :  «  0  cort  trop  ;  ses  saibots  sont  d'jà  toutz<se.s'.  » 
Lat.,  usus.  Ital.,  usato.  Berry  et  Genev.,   use.  Morv.,   uti, 
outi,  use.  Saint.,  use.  Vx.  fr.,  use,  usé. 

Usille,  s.  f.,  oseille. 

Lat.,  oxcdis.  Ital.,  acetosa.  Montr.,  usille.  Vx.  fr.,  oseille. 

Utau,  s.  m,,  intérieur  d'une  maison,  logis,  cuisine. 

Ital.,  osteria.  Bress.,  utau,  uteau.  Fr.-Cté,  outeau.  Gasc, 
liosUxu,  oustal.  Prov.,  oustuu.  Toul.,  oustel.  Vx.  fr.,  ostel, 
hostiau. 


440  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Uti,  s.  m.,  outil,  ustensile,  instrument. 

Lat.,  utilis.  Ital.,  stvumcnto .  Berry,  uti,  util.  Bourg,  et 
Champ.,  nti.  Lille,  otieti.  Morv.,  uti.  Pic,  otieti.  St-Am., 
oti.  Suiss.  r.,  uti.  TouL,  utissc.  Wall.,  ustcie.  Vx.  fr.,  util, 
cstijl,  hustil,  outieu,  osticx,  œustille. 

Uyôt,  Uillôt,  et  Euillôt,  s.  m.,  œil  :  «  Aile  é  si  gentitei 
j'ii  ai  biqué  les  deux  ui/bts.  » 

Lat.,  oculus.  Ital.,  occhio.'Bevv'y,i/cu.  Bourg.,  cuille,  euillot, 
eïl.  Bress.,  uillo.  Hain',  ouail.,  ouèle.  Maine,  uct.  Montr., 
uillc.  Morv.,/0»,  willot,  cuill' .  Poit.,  eil.  Prov.,  o/A,  oill. 
huelh,  uil.  Rouch..  ueil.  \Vall.,oàîe.  Vx.  fr.,  eu,  ieu,  iex, 
œul,  oil,  ueil.  oueil.  (V.  Nyeu,  Œm/e,  Zieù.) 


V 


Vachelin,  s.  m.,  nom  donné  au  fromage  de  Gruyère.  Figure 
dans  quelques  dictionnaires  français. 

Auv..  rachelin.  Forez,  cachard.  Fr.-Cté,  cachelin.  Genev. 
et  Vx.  fr.,  vacherin.  (V.  Vaque.) 

Vailler,  V.  tr.,  veiller,  passer  la  soirée  à  causer,  à  chanter 
en  teillant  le  chanvre  ou  égrenant  le  troquet. 

Lat.,  ri(jilarc.  Ital.,  vigliar.  Bourg.,  raillai.  Prov.,  ccl/iar. 
Wall.,  ceui/.  Vx.  fr.,  ciller,  relier.  (V.  Voilier.) 

Vantise,  s.  f.,  vantardise,  vanterie.  N'est  pas  notre  défaut 
dominant.  Le  caractère  ouvert  y  prête  peu. 

Lat.,  cauitas.  Ital.,  vaiito.  Beny,  caiitaiiec.  'Movv.,  caritise. 
Vx.  fr.,  vantise,  cantance. 

Vantoû,  adj.,  vantard,  vaniteux,  «  coq  de  village  ». 
Berry,  vantois.  Morv.,  i-arJou.  Vx.  fr.,  vantard. 

Vaque,  s.  f.,  vache.  Cette  prononciation  n'empêche  pas  de 
dire  :  ((  Fromage  vac/ie\\n.  »  (V   ce  dernier  mot.) 

Lat.  et  Ital.,  cacca.  Fland.,  vaque.  Fr.-Cté  et  Lorr.,  vèche, 
vaitche.  Montr.,  caiche.  Morv.,  vaice,  caiche.  Xorm.,  vaque. 
Pic,  vaque,  vake.  Prov.,  vaca.  Rouch.,  vaque.  St-Am., 
vase.  Vx.  fr.,  vache,  vaiche. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO -CIIALONNAIS  441 

Var,  s.  m.,  ver  de  terre,  de  fruits,  etc.  —  Malgré  var,  nous 
avons  De/%  que  l'on  trouvera  plus  loin  dans  trois  mots 
composés. 

Lat.,  cer/?i la*.  Ital.,  verine.  Bourg.,  v,ar.  Prov.,  tenu.  Rouch., 
mer.  St-Am.,  vâro/i.  Saint.,  var.  Wall._,  tièr.  Vx.  fr.,  ver, 
ver  me. 

Vàr,  adj.,  vert;  au  figuré,  bien  portant,  solide  :  «  Voui, 
Tbounlioume,  ôl  é  car  et  drèt  c'ment  eùn  châgne.  » 

Lat.,  viridis.  Ital.,  oe/'rfe.  Berry,  vard.  Bourg.,  var,  vor. 
Fr.-Cté,  var,  va,  vo,  vodge.  Mopv.,  var,  ver,  vor.  Nivern.,  var. 
Prov.,  vert.  Wall.,  ver.  Vx.  fr.,  vert. 

Var,  prép.,  vers.  (V.  Te.) 

VARDEiàRE,  s.  f.,  verdure. 

Bourg.,  c>or</^/re.  Morv.,  vardeure.  Prov.,  verdura.  Wall., 
verdeur.  Vx.  fr.,  verdure. 

Vâre,  s.  m.,  verre,  à  boire,  de  vitre,  etc. 

Lat.,  vitrum.  Ital.  vetro.  Bourg.,  vârre,  vôre.  Mac,  varre. 
Prov.,  veire.  Toui.,  beyre.  Wall.,  veul.  Vx.  fr.,  voire,  voirre, 
voeire. 

Varge,  et  parfois  Vorge,  s.  f.,  verge  :  «  Pou  l'fâre  aller,  i 
m'faut  la  varge.  » 

Lat.,  virga.  Ital.,  verga.  Berry  et  Bourg.,  varge.  Forez, 
varjat.  Montr.,  varge.  Morv.,  varge,  varze.  Prov.,  verga, 
vergua,  verj'a.  Rouch.,  verc/ue.  Sav.,  var^e.  Wall.,  vég. 
Vx.  fr.,  verge. 

Varger,  s.  m.,  verger.  Nos  fruits  y  sont  excellents. 

Lat.,  viridariuin.  Ital.,  verrière.  Berry,  varger.  Morv., 
vargé,  veursé.  Prov.,  verdier,vergter.  Vx.  fr.,  vergier,  vregier. 

Varjète,  s.  f.,  vergette,  brosse  pour  habits  :  «  0  n'se  beillerôt 
jamâ  ein  pauv'coup  de  varjète!  » 

Ital.,  verghetta.  Bourg.,  vargette,  varjôtte.  Morv.,  varjette. 
Norm.,  verguette.  Prov.,  verga,  vergueta.  Rouch.,  évergette. 
Vx.  fr.,  vergeté. 

Vargougne,  s.  f.,  vergogne. 

Lat.,  verecundia.  Ital.,  vergogna.  Bourg.,  vargogne.  Prov., 
vergonia,  veryonha.  Vx.  fr,,  vcrgolgiie,  vergoing/ie,  vergoiigne. 

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442  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Varjus,  s.  m.,  verjus,  et  tout  ce  qui  est  acide  par  manque 
de  maturité. 

Berry,  varjus.  Lang.,  aygras.  Wall.,  vergeu.  Vx.  fr.,  ver- 
jus, vergus. 

Varitâbe,  adj.,  véritable,  qu'on  peut  croire. 
Vx.  fi'.,  verable,  véritable. 

Varité,  s.  f.,  vérité. 

Lat.,  Veritas.  Ital.,  verita.  Bourg.,  vritai,  vritiai.  Prov,, 
vertat,  veritat.  Vx.  fr.  verte,  vérité. 

Var-luzôt,  s.  m.,  ver-luisant.  On  sait  que  c'est  la  femelle 
seule  du  lampyre  qui  jette  sa  lueur  dans  l'obscurité. 

Varmine,  s.  f.,  vermine. 

Lat.,  vermis.  Aunis,  vertnèe,  varmenée.  Berry,  varmine. 
Bourg.,  varineigne,  verrnaigne.  Fr.-Cté,  vormiine.  Guern., 
verm  (asticot).  Morv.,  cormine,  vormcune.  Norm.,  vernièe, 
verminier.  Poit.,  ver/nin.  Prov.,  vermena.  Wall.,  cermainn. 
Vx.  fr.,  vermine. 

Varnager,  V.  intr.  Se  dit  lorsqu'on  voit  le  temps  se  couvrir 
de  nuages  :  «  Eh!  j'pouvons  rentrer,  compare;  i  va  var- 
nager. )) 

Morv.,  varnager.  Norm.,  vernailler.  Poit.,  verner,  ver- 
nailler. 

Varô,  s.  m.,  verrou. 

Lat.,  vernacalum.  Ital.,  catenaccio.  Bourg.,  varô,  varulô. 
Lim.,  l'oroueï.  Montr.,  courrai.  Morv.,  varou.  Prov.,  verrolh. 
berrolh,  ferrolh.  Rouch.,  verriau.  Wall.,  verou,ferou.  Vx.  fr., 
vierel,  verreuil.  (V.  Vorou.) 

Varser,  V.  tr.  et  intr.,  répandre  :  «  01  a  voulu  sarvir  le 
fricot,  é  pi  ôl  a  varsé  toute  la  sauce.  »  —  «  Ton  siau  é  trop 
plein  ;  ô  va  varser.  » 

Lat.  et  ital.,  versare.  Genev.  et  Midi,  varser.  Morv.,  vorser, 
vosser.  Prov.,  versar.  Wall.,   viersé.   Vx.  fr.,  verser,  vierser. 

Vartu,  s.  f.,  vertu,  qualité  de  l'âme,  et  propriété  d'un  médi- 
cament, d'une  plante. 

Lat.,  virtus.  Ital.,  viriii.  Berry,  vartu.  Bourg.,  vatu.  Vx.  fr., 
vertut,  vertu. 


LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  443 

Vaudru,  adj.,  qui   pousse  vigoureusement,   presque    avec 
excès.  Se  dit  des  plantes. 
Bress.,  vaudru.  (V.  Vaudrugcr.) 

Vaudruger,  V.  intr.,  pousser  dru.  (V.  Vaudru.) 

Vaulée,  s.  f.,  vallée. 

Lat.,  vallis.  Ital.,  valle.  Bourg.,  vaulée.  Prov..  callada, 
valeya.  Vx.  fr.,  valèe,  calede. 

Vauran,  s.  m.,  vaurien,  fainéant. 

Lat.,  nihil  valens.  Berry,  vaurin.  Bourg.,  vauran,  côran. 
Pic,  valerien.  Wall.,   vârein,   reincà.   Vx.   fr.,   vault-neant. 

VÉ,  prép.,  vers,  auprès  de  :  «  Quand  sa  blonde  veint  vé  lu, 
ôl  é  tout  chouse,  é  pi  ô  n'pout  ran  li  dire.  » 

Lat.,  cersum.  Ital.,  verso.  Berry,  vé,  vos.  Bourg.,  vè,  vê;^, 
var.  Bugist.,  var.  Dauph.,  ver.  Forez,  vé,  ve^.  Il.-V,  vars. 
Lyon.,  vé,  vet,  ves.  Morv.,  vé.  Sav.,  ver.  "Wall.,  ver,  vet. 
Vx.  fr.,  vers.  (V.  Vdr.) 

Veigne,  s.  f.,  vigne,  le  «  bois  tortu  ».  Une  chanson  a  dit  à 
un  qui  aima  trop  boire  : 

Dis,  t'en  souviendras -tu 
Du  jus  du  bois   tortu? 

et  il  s'en  est  souvenu,  mais  pour  continuer  à  le  cultiver. 
Lat.,  cinea.  Ital.,  vite.  Berry,  ceigne,  veingne.  Bourg.,  ceigne, 
vaigne.  Lira.,  einio.  Morv.,  veingne.  Pic.,  vaine.  Prov.,  vinha, 
oinna.  Rouch.,  vaina.  St-Am.,  venge.  Sav.,  vegne.  Wall., 
veigne.  Vx.  fr.,  vingne,  vigne. 

Veigneron,  et  Veigneroune,  s.  m.  et  f.,  vigneron,  et  vigne- 
ronne. 

On  se  rappelle  peut-être  la  ronde  si  vive,  si  animée, 
chantée  dans  le  Bac  des  Vendangeurs,  et  dont  le  premier 
couplet  dit  : 

Je  sic  veigneron, 
Aile  è  veigneroune. 
Si  l'râïn  é  bon, 
La  venange  é  bounc. 
Aile  é  veigneroune. 
Je  su,  vigneron!... 


444  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

On  ne  résiste  pas  à  l'entraînement  ;  les  mains  s'accrochent, 
on  trépigne,  et  on  vire  furieusement  la  ronde. 

Lat.,  cinitor.  Ital.,  vignato.  Berry,  vat-aux-cignes.  Bourg., 
vaigneron,  vaingneron.  Vx.  fr.,  cingneron. 

Veignôbe,  s,  m.,  vignoble. 

Bas-Lat.,  vinolîum.  Ital.,  cigneto.  Rouch.^  veniope.  Vx.  fr., 
vinobre. 

Veignôle,  et  Vignôle,  s.  f. ,  vigne  sauvage. 

Lat.,  vineola.  Bress.  et  ]SIontr.,  cignole.  Vx.  fr.,  cignolat 
(Rabelais  a  :  sirop  oignolat.) 

Veille,  s.  f.,  vieille,  dont  le  masc.  est  le  français  vieux. 

Lat.,  vetula.  Bas-Norm.,  vueillc.  Bourg.,  veille.  Fourgs, 
cille,  vielle.  Mac,  cille.  Morv.,  ce?7/e.  Suiss.  r.,  ceillha.  Wall., 
vîll.  Vx.  fr.,  vie^. 

Velor,  s.  m.,  velours,  toute  chose  douce  au  toucher. 

Lat.,  tellutuin.  Ital.,  celluto.  Bourg.,  velor,  veleur.  Vx.  fr., 
veleur,  velox,  tcloux. 

Ven,  et  Vein,  3«  pers.  indic.  prés.,  vient. 
Bourg.,  cein.  Lim.,  ce. 

Venange,  s.  f.,  vendange.  —  La  bonne  chose  que  son  pro- 
duit! Il  fait  du  mal  parfois,  mais  du  bien  toujours.  Le  tout 
est  de  savoir  en  user.  En  diverses  de  ces  pages,  on  a  assez 
parlé  des  incorrigibles  biberons;  on  ne  veut,  ici,  que 
donner  un  conseil  quasi  idyllique  aux  buveurs  de  lait  : 

Lait  s  il  tin 
Rend  l'cœur  chagrin; 
Ma  tin  su  lait 
Rend  l'cœur  gai. 

Lat.,  vindemia.  Ital.,  tendeminia.  Bourg.,  tenonge,  tenoinge. 
Bress.,  candanze.  Champ.,  venoinge.  Jura,  tenandsu.  Morv., 
cenoinrje.  Poit.,  cindigae.  Pvov. ,  oendemia,  oinde/nia.  St-Ara., 
védé^e.  Suiss.  r.,  teneindjc.  Vx.  fr.,  tendenge,  venenge,  te- 
noinge.  (V.  Mcnange.) 

Venangeoû,  s.  m.,  vendangeur. 

Lat.,  cindeniiator.  Ital.,  tendeniiniatore.  Bourg.,  tenonjou, 
venoingeou.  Isère,  cendeï/nou.  Lyon.,  tindcmiou.  Prov.,  cen- 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  445 

demiaire,    cendemiador.    Vx.     fr.,    cenoingenr,   condenseur. 

(V.  Menangeoù.) 

Venanger,  V.  tr. ,  vendanger. 

Lat.,  oindemiare.  Ital.,  cendcininfare.  Bourg.,  cenonjai. 
Bress.,  oandansé.  Champ-,  rcnouujicr.  Isère,  ccndeimie.  Poit., 
vinillf/na.  Prov.,  vendemiar.  Suiss.  r.,  rencvuhji.  Vx.  fr., 
venangier,  cendengier.  (V.   Mennnger.) 

Venangerôt,  s.  m.,  panier  à  vendange.  (V.  Menangerbt.) 

Vendue,  s.  f.,  vente  :  «  Etès-tu  à  la  rerîf/ae  de  c'pauvTiénot? 
On  n'en  a,  dà!  pas  r'tiré  grand'chouse...  » 

Lat.,  oonditio.  Ital.,  cendUa.  Rouch.,  ccndure.  Wall., 
oindue.  Vx.  fr.,  vente. 

Veneûsse,  subj.  de  venï,  vînt  :  «  Por  miger  d'ia  pôchouse, 
y  érôt  folu  qu'ô  oeneùsse  pu  tôt.  » 

Venî,  et  V'nî,  V.  intr.,  venir  :  ((  Te  m'proumets  ben  de  v'nt 
au  raitan  du  jôr;  jVouérons  ça.  » 

Lat.  et  Ital.,  centre.  Bevry,  ceindre,  rclnre.  Bourg.,  v'ni. 
Mac,  cent.  Morv-,  o'ni.  Prov.,  venir.  Wall.,  oini.  Vx.  fr., 
venir.  (V.   Viendre.) 

Vent,  s.  m.,  vent  du  Sud.  Acception  absolue.  Nous  avons 
entendu  maintes  fois  cette  locution  :  «  Un  fort  vent  de 
bise.  ))  Il  lie  faudrait  pas  s'exprimer  ainsi  à  Verdun.  Chez 
nous,  le  Vent  est  exclusivement  le  vent  du  Sud;  la  bise, 
exclusivement  le  vent  du  Nord.  Parler  autrement  soulè- 
verait quelques  points  d'interrogation.  Écoutez  :  «  Auj'd'heù 
y  é  la  bise,  i  n'pleûdra  pas;  ma  si  d'main  y  étôt  Vcent, 
gare  la  balrasse  !  »  —  Nous  avons  aussi  la  travarse,  vent 
de  l'Ouest.  Dans  le  Forez,  le  quatrième  est  nommé  matinat, 
vent  d'Est.  —  Le  comte  Jaubert  a  extrait  d'un  journal  de 
l'Ain  les  indications  suivantes  :  le  matin,  le  soir,  la  bise, 
le  vent,  pour  l'Est,  l'Ouest,  le  Nord,  le  Sud. 

Lat.,  ventus.  Ital.,  cento.  Bourg,  et  Mac,  van.   Morv.,  vent 
(respiration).  Prov.,  ven,   cent.   Vx.  fr.,  cent.    (V.   Tracane.) 

Vêprer,  V.  tr.,  faire  le  goûter  de  quatre  heures  :  «  Allons, 
les  p'tiots,  v'ià  quat'heûres  qui  sounont;  j'nous  en  vons 
vêprer.  » 
Montr.,  céprotter.  (V.  Quat'heûres,  Vèprô.) 


446  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Yêprô,  et  VÊPRAU,  S.  m.,  le  goûter  de  quatre  heures  du  soir 
(pris  à  la  vesprée).  On  l'appelle  aussi  «  les  quat'heûres  ». 
—  Le  goûter,  pris  par  les  moissonneurs,  les  vignerons,  et 
tous  ceux  qui  travaillent  aux  champs,  se  composait  jadis, 
pour  la  majorité,  de  fromage  blanc  étendu  sur  le  pain  et 
mélangé  ou  saupoudré  d'ail  coupé  menu.  En  ville,  les 
enfants  le  prennent  aussi  ;  il  se  compose  de  ce  qui  se 
trouve  dans  la  maison,  fruits,  tartines  de  fromage,  de 
confitures,  etc. 

Bourg.,  vêprot.  Montr.,  cèprot.  TouL,  brespe,  brespado  (soir' 
soirée).  (V.  Quat'heûres,  Vêprer.) 

VÊPRÔ  (éprâs),  loc,  après  le  soir,  à  la  nuit  tombée. 

Lat.,  vesper.  Ital.,  vespro.  Il.-V%  vesprèu  (après  midi).  Montr., 
véprùe.  Vx.  fr.,  vêpre. 

Vequi,  et  V'qui,  prép.,  voici. 

Berry,  vol  le  cl.  Bourg.,  ceci,  i^equl.  Bress.,  tetla.  Dauph., 
celqula.  Forez  et  Fou rgs,  vequlot.  Il.-V%  vécl.  Jura,  eèqul.  Lira., 
velqul.  Lorr-,  eace,  oaci/.  Morv.,  volqiil,  v'chl.  Nivern.,  eotV/f»". 
Norm.,  vechl,  eechln.  Poit.,  véqul.  Prov.,  ce,  vec.  Rouch., 
vlachl.  St-Am.,  céqui/a.  Sav.,  oàtla.  Vend.,  véqul.  Wall., 
EOcl,  codai.  Vx.  fr.,  ce;;-ct,  celz  me  ci,  ce  le  cl,  coi/  cl. 

Ver-coquin,  s.  m.,  chenille,  qui  attaque  le  raisin  à  sa  ma- 
turité. Elle  occasionne  moins  de  dégâts  que  le  ver-de-vigne. 
Se  dit  aussi,  au  figuré,  pour  le  ver-couraud.  —  C'est 
encore  le  nom  familier  de  l'helminthe  qui  se  développe 
dans  la  têle  du  mouton,  et  lui  occasionne  le  tournis. 
Vx.  fr.,  cerd  coquin.  (V.  Var,   Ver-couraud,  Ver-de-clgne.) 

Ver-couraud,  s.  m.,  ver  fantaisiste,  que  l'ouvrier  ou  le 
paysan  prétend  avoir  dans  l'estomac,  et  qu'il  s'efforce  de 
tuer  en  buvant  la  goutte  (souvent  des  gouttes)  chaque 
matin. 

.    Forez,  cerde  corà.  Movv.,vercourlau.  (Y .  Var,  Var-coquln, 
Ver-de-clgne.) 

Ver-de-vigne,  s.  m.,  chenille  ainsi  nommée  par  les  vignerons. 
Au  moment  de  la  floraison,  elle  attaque  le  raisin,  dont 
elle  coupe  les  tiges  tendres.  Plus  dangereuse  que  le  cer- 
coquin.  —  Et  cependant  c'était  avant  le  phylloxéra! 
(V.  Var,  Ver-coquin,  Ver-couraud.) 


LANGAGK    POPULAIRE    VERDUNO-CIIALONNAIS  447 

Vergillon,  s.  m.,  manche  de  fouet,  verge.  A  quelque  parenté 
avec  oorgine. 
Mcâc,  vrcgi  d'ècousseux  (verge  de  fléau). 

VÉRiMEUx,  ad].,  venimeux. 

Lat.,  vciic/iosds.  Ital..   velcnoso.   Berry,  oarlncux.  Bourg. 
vetiineux.  Norru.,   oelinieux,  voulineu.  Poit.,  verlneux.  Prov., 
vercnos^  cerinoà.  Roxxch..,  oli/neux.   Wall.,   vilrncu.   Vx.    fr., 
veniincus. 

VÉRIN,  s.  m.,  venin. 

Lat.,  veiieiiuin.  Ital.,  veleiio.  Bcrry,  varln.  Bourg.,  vatrin, 
vclia.  Bress.,  ve/in.  Champ.,  olin.  Forez,  verlii,  eerun,  varon. 
Fourgs,  vrla.  H'-Maine,  c/f/t.  Montr.,  celui.  Morv.,  voUn. 
Norm.,  vclln.  Poit.,  vérin.  Prov.,  vcre,  ceri,  cerin.  Rom., 
vicre.  St-Am.,  verèii.  Suiss.  r.,  oelein,  cerein.  Vx.  fr.,  velin, 
rcnlin,  vérin. 

Verpiller,  et  Varpiller,  v.  intr.,  remuer. 

Montr.,  verpiller.  (V.  Fregniller.) 

Verpillôt,  et  Varpillôt,  adj.,  remuant. 

Montr.,  verpillôt.  Vx.  fr.,  vcrpil.  (V.  Freguillôt.) 

VEÛë,  s.  f.,  vue. 

Lat.,  visas.  Ital.,  veduta.  Berry,  vùte.  MovY.,veue.   Wall. 
vuLC,  vei/aiv,  vetjoio.  Vx.  fr.,  veue,  voitic. 

Veîirder,  v.  intr.,  rôder,  tourner  de  droite  et  de  gauche, 
sans  but  déterminé;  voisiner  chez  l'un,  chez  l'autre: 
«  Tôjorle  oeùt'des;  te  n'peux  donc  pas  rester  iqui?  » 

Lat.,  veHere.  Ital.,  voUare.  Aunis,  vertir,  vertre,   vertiller, 
Berry,  cerder,  vertiller .  Bourg.,  verder,   vredai,  verdinguer. 
Champ.,  cerder.  Châtill.,  veurder.  Morv.,  veurder,  veurdiller, 
vertauder,  vernailler.  Norm.,  verdaller.  Poit.^  vreder,  verte 
gliouner.  Saint.,   verder.   Vx.  fr.,  verter.    (V.    Veicrneûler.) 

Veùrdin,  s.  m.,  caprice,  idée  fantasque,  folie  :  «  Que  qu'te 
voux  donc  c'ment  c'qui?  V'ià  côre  tes  veùrdins  qui  te 
preùnent!  » 
Poit.,  vrcdin.  (V.  Eveùrdin,  Veùriingô.) 

Vei'irdon,  Verdon,  Verdot,  Vredot,  et  Vrediot,  s.  m., 
corde  de  la  grosseur  du  doigt,  avec  laquelle  on  attache  un 


448  LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

bateau.  Le  veùrdon  est  plus  fort  que  la  crisse.   (V.    la 
locution  suivante,  et  Vrisse.) 

Veùrdon  (tirer  le),  loc.,  bercer  un  enfant  à  l'aide  de  la  corde 
attachée  au  berceau,  et  qui  le  balance. 

Veùrdoû,  s.  m.,  flâneur,  musard,  qui  va  et  vient  en  perdant 
son  temps. 
Berry,    vcrtUlou,    vertilloa.   Morv. ,   vcurdillou,  veurdillon. 

Veùrneûler,  et  Vernauler,  v.  intr.,  flâner,  rôder,  se  pro- 
mener sans  but,  courir,  perdre  son  temps.  (V.  Gueùr- 
nouillery  Veùrder.) 

Veùrtingô,  s.  m.,  vertigo,   fantaisie,  caprice,  toquade,  idée 
déraisonnable  :  a  A  prepos  de  bottes,  all'vous  a  des  veùr- 
tingàs!...  »  —  «  Quand  ô  prend  son  veùrtingô,  n'y  a  pus 
moyen  d'en  jouir.  » 
Lat.  et  Vx.  fr.,  vertigo.  (V.  Vcàrdin.) 

Veùv',  s.  m.,  veuf.  Ce  mot  est  le  même  pour  le  féminin. 
Lat.,  vi'Xuas.   Ital. ,   vedovo.  Berry,    ce/,    velhe,  veiwe  (m.). 
Bourg.,  vaioe  (veuve).  Champ.  etFr.-Cté,  vôve.  Jura,  veuee  (m.). 
Morv.,   couéce  (deux  genre.s).   Norm.,   vef,   vêce,  veuce  (m.). 
Pic,  caive  (deux  genres).  Prov.,  ceuva,  tesoa  (veuve).  Wall, 
ce/.  Vx.  fr.,  cedcc,  vefce,  veuf  ce. 

Viâge,  s.  m.,  voyage,  longue  course. 

Lat.,  via.  Ital.,  viaggio.  Berry,  vugâge.  Bourg.,  viaige. 
Champ.,  viage.  Dauph.,  viageo.  Guern.,  viage.  Il.-V,  vér/age. 
Jura,  viaige.  Mac,  viôge.  Montr.  et  Morv.,  viaige.  Norm., 
viâge.  Prov..  viatge.  St-Am.,  viasou.  Suiss.  r.,  viad^o. 
Wall.,  voi/eg.  Vx.  fr.,  cciage,  viage,  voiage. 

ViÂJoià,  s.  et  adj.,  voyageur. 

Lat.,  ciator.  Ital.,  viatore.  St-Am.,  viasageû.  Vx.  fr., 
vogaigeur. 

ViANDOÙ,  adj.,  qui  aime  la  viande,  qui  en  mange  beaucoup. 
Berry,  viandouneux .  Morv.,  viandou. 

ViAU,  s.  m.,  veau.  Un  paysan  avait  à  écrire  à  un  acheteur 
de  bétail.  Il  lui  confectionne  une  lettre  verbeuse,  rusée  et 
pas  mal  énigmatique.  Il  la  ferme,  puis  la  retourne,  réflé- 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  449 

chit,  reprend  la  plume  et  ajoute  au  bas  de  l'adresse  :  a  Y  é 
por  ein  viau.  »  Ça  valait  mieux  que  toute  sa  lettre. 

Lat.,  titellus.  Ital.,  vitello.  Berry,  viau.  Bourg.,  cea,  cid. 
Bress.,  viau.  Cogn.  et  Doubs,  via.  Fland.,  viau.  Fr.-Cté,  veot. 
Guern.,  vée.  ll.-V%  viau.  Lim.,  védci'c.  Montr.,  vieau.  Morv. 
vcai-i  vieu.  Norm.,  viau.  Pic,  vicu,  viau.  Prov.,  vedel/i, 
oecicou.  Rouch.,  viau,  celo  (jeune  veau).  St-Am.,  ré.  Saint., 
vedcuu.  Sav.,  viau.  Suiss.  r.,  vè,  vi.  Vosg.,  ré,  vei/.  Wall., 
vai,  via,  viau.  Vx.  fr.,  veel,  cedel,  veau. 

ViAULER,  V.  intr.,  vêler  :  «  Noute  vaque  a  brament  viaulé.  » 
Berry,  viauter.  H'-Maine,  vidler.  Morv.  et  Norm.,  viauler. 
Prov.,  vedclar.  Vx.  fr.,  vcllcr,  veslcr,  veeller. 

VïÉ,  impérat.  de  vouer,  voyez  :  «  Vïé  donc  c'qui!  » 
Morv.,  vie. 

Vieille,  s.  f.,  vielle.  Vieille  n'empêche  pas  viéleà.  On 
remarquera  que  pour  «  vieille  »  nous  disons  veille,  et  que 
nous  trouvons  moyen  de  dire  vieille  pour  l'instrument 
«  vielle  ». 

Genev.,  vieille.  Montr.,  viole.  Movv.,  veille.  Suiss.  r.,  viould, 
Vaud,,  viofcle.  Wall.,  viole.  Vx.  fr.,  viele,  vielle,  viiele. 
(V.  Vièleû.) 

ViÉLEÛ,  et  ViÉLoià,  s.  m.,  joueur  de  vielle.  Personnage  indis- 
pensable aux  fêtes  et  aux  bals,  oh.  il  a  pour  trône  une 
planche  posée  sur  deux  tonneaux,  ou  deux  tréteaux, 

Berry,  violeux.  Bourg.,  vièleû.  Montr.,  violer,  violier.  Morv., 
ceilleu,  veillou.  Suiss.  r.,  violare.  Vx.  fr.,  vielleres,  vieuleur. 
(V.  Vieille.) 

ViENDRE,  et  Veindre,  V.  intr.,  venir. 

Lat.  et  Ital.,  veiiire.  Berry,  veinre,  veindre.  Bourg.,  veinre. 
(V.  Venî.) 

ViENDu,  et  Veindu,  part,  de  veni,  ou  de  viendre,  venu. 
Bourg.,  veindu.  Lira.,  vengu. 

VÎFE,  v.  intr.,  vivre,  être  en  vie,  se  nourrir. 

Lat.  et  Ital.,  vivere.  Prov.,  viure.,  vieure.  Roucb.,  vife. 
Vx.  fr.,  vivre. 

ViGRÔT,  adj.,  vif,  éveillé.  —  Se  dit  aussi  de  tout  corps  poli, 

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450  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

de  la  glace  surtout  :   «  Allons  glisser;   la  glaice  é  ben 
vigrbte  (glissante). 

Lat.,  vigorosus.  Ital.,  vigoroso.  Morv.,  vigrot.  Poit., 
cioche,  vioge,  vigacc.  Prov.,  vigoros.  Rouch.,  vivole.  Wall., 
vigreu.  Vx.  fr.,  vioge,  vigreux,  tiguereux. 

ViNÂGRE,  et  ViGNÂGRE,  S.  m.,  vinaigre  :  «  J'nain-me  point 
causer  d'avou  éle  ;  c'qu'all'vous  dit,  y  é  du  vinâgre.  )) 

Ital.,  vinagro.  Bourg.,  eingnaigre.  Prov.,  viaagre.  Rouch., 
venaique.  St-Am  ..  venègroti.  Wall.,  vinaik.  Vx.  fr.,  vgn  ogre, 
vinaigre. 

ViLAiGE^  s.  ni.,  village. 

Ital.,  inllaggio.  Bourg.,  mlleigc.  Morv.,  villaigc.  Prov., 
vilatge.  Vx.  fr.,  cillage. 

VioiJLON,  S.  m.,  violon.  Qu'il  soit  joué  bien  ou  mal,  il  fait  la 
joie  des  noces  et  des  fêtes. 

Ital.,  violiiio.  Bress.,  violon,  hovv.,  viou Ion .  Prov.,  rioloii. 
St-Am.,  vioulon.  Vx.  fr.,  violon. 

.  VioîiLOUNER,  V.  intr.,  jouer  du  violon. 

Genev.,  violoner.  Morv.,  vionner.  Suiss.  r,,  vioulà. 

VioÙLOUNEux,  s.  m.,  joueur  de  violon.  Indispensable  à  ceux 

qui  aiment  à  danser.  Aussi  tant  recherché  de  la  jeunesse. 

Berry,   violouncax.    Morv.,    riolouneu,    violenè.,    vionnou. 

Poit.,    violoneux,    violonour.    Prov.,  vioulounaire.    Saint., 

violounaij^e . 

Vira!  impérat.  de  virî,  tourne!  Terme  de  marine  fluviale. 
(V.  Pire,  et  Riaume.) 

Virandiau,   s.  m.,   dévidoir,  et  aussi  ustensile  servant  à 
envider  le  fil  pour  la  pêche. 
Toul.,  traboul.  (V.  Dèrirou.) 

ViREBROQuiN,  S.  m.,  vilcbrcquin. 

Berry,  virehrequin,  vireberquin.  Bress.,  virehrequin.  Genev., 
virebrequin,  virabonquin.  Lyon.,  virebrequin.  Morv.,  virc- 
beurquin.  Pic,  biberkin.  Prov.,  virabrequin,  virobouquin. 
Vx.  fr.,  wibrekin,  vebrequin. 

ViREMAiN,  S.  m.,  tour  de  main^  action  rapide,  le  temps  de 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  451 

tourner  la  main  :  «  En  eùn  viremain  ôl  a  métu  l'éteûle 
su  sa  cadole.  » 
Bourg,  et  Bress.,  viremain. 

ViRÎ,  V.  intr.,  tourner  :    «  Arrà  dou  bou  cirî!  »  Vite,  et 

tournez!    Du  vocabulaire  de  l'ancienne  marine  fluviale. 

Bas-Lat.,    mrare.    Ital.,    girarc.    Bourg.,    virai.    Bress., 

virer.  Mac,  viri.  Morv.,  virer.  Poit.,trèfirer.  Prov. ,  oirar. 

Vx.  fr.,  virer. 

ViRÔT,  S.  m.,  panaris,  dit  tournant;  mal  blanc  qui  vient  au 
bout  du  doigt,  dont  la  peau  s'enlève  à  peu  près  en  spirale, 
et  par  conséquent  vire. 
Bress.,  tiro.  Montr.,  cirot. 

ViSAiGE,  s.  m.,  visage. 

Lat.,  visum.  Ital.,  visaggio.  Berry  et  Bourg.,  visaige. 
Forez,  vialle,  viaille.  Morv.,  ciaige,  cisaige.  Prov.,  cisatgc. 
Wall.,  viair,  tiseg .  Vx.  fr.,  vis,  oiaire,  visaige. 

Vite  (se  dépêcher),  loc.  redondante  très  usitée   :  «  Hardi! 
hardi!  dépôche-te  vite!  » 
Morv.,  vin  via!  (viens  vite!) 

Vivant,  part.  prés,  employé  dans  la  formule  invocative  du 
((  Bonjour  à  Mars  )).  Il  signifie,  là,  l'état  d'une  personne 
éveillée.  (V.  Dormant.) 

Vivu,  part,  du  v.  vivre,  vécu  :  ((  Seigneur!  tô  l'temps  qu'ôl 
a  vivu,  at-t-i  été  minâbe!  » 

Berry  et  Bourg.,  vicu.  Fland.,  vi.  Fr.-Cté,  victi.  Morv., 
vivu.  Vx.  fr.,  vescu. 

V'là!  prép.,  voilà!  «  Allons,  bon!  o'/àqu'ô  s'metàchougnier, 
mét'nant!  » 

Berry,  vclà.  Bourg.,  v'iai,  telai.  Pic,  v'io.  Rouch.,  via'. 
Vx.  fr.,  ces  là,  vog  là. 

V'lu,  part,  du  v.  valoir,  voulu. 

Bourg.,  v'lu,  velu.  Morv.,  v'lu.  Wall.,  valu.  Vx.  fr.,  voulu. 

VoGRER,  V.  tr.,  écosser,  égrener  :  «  A  c'maitin,  j'ai  vogré 
des  pois  ;  à  c'tu  souér,  j'vous  vogrer  l'troquet  cheû  l'pâre 
Toumas.  » 
Jura,  vougrcr. 


452  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Vogue,  s.  f.,  fête  popuiaire  dans  un  village.  On  dit  volontiers 
tout  simplement  :  «  Vons  à  la  fête,  vons  àlafouére  (la  foire 
de  Ciel,  etc.).  » 

Bress.,  togiic.  Dauph.,  vaudo,  vaudou.  Forez,  vogue,  vogua. 
Genev.,  vogue.  Lang.,  vot,  vota,  voto.  Lira.,  vot,  vota, 
holadô.  Lyon.,  vogue,  vogua.  Sav.,  vôga.  WalL,  vok. 

VoiLLER,  V.  intr.,  veiller,  faire  la  voillie. 

Lat.  ,  vigUare.  Ital.,  vigliar.  Bourg.,  vaillai.  Morv., 
vouéiller,  voilier.  Prov.,  velhar.  Wall.,  veug.  Vx.  fr., 
voilier,  voilier.  (V.  VaiLler.) 

VoiLLOÛSE,  s.  f.,  fleur  d'automne  (Colchrcum  autumnale), 
nommée  «  veilleuse  »  parce  qu'elle  fleurit  à  l'époque  des 
veillées.  Femme  qui  veille  les  malades.  Petite  lampe  de 
nuit. 

Bress.,  voillouse.  Montr.,  voille.  Morv.,  voillouse,  vouèil- 
lousc. 

Voillie,  s.  f.,  veillée.  Un  des  délassements  les  plus  goûtés 
du  village.  C'est  là  que  les  amoureux  se  donnent  carrière. 
Une  bonne  femme  du  pays  appelait  ces  réunions  des  «  nids 
à  mariages  ».  On  y  est  moins  grivois  que  jadis  dans  les 
«  écraignes  ». 

Bourg.,  vailléc.  Il.-V%  veillade.  Mac,  veille.  Morv., 
voillie,  vouèillic.  St-Am,,  velga. 

Volant,  s.  m.,  faucille  qui  n'est  pas  dentée  en  scie.  On 
appelle  diàbe  volant  un  enfant  dont  on  ne  peut  venir  à 
bout. 

Berry,  volant,  volant.  Bress.,  volant.  Fr.-Cté,  volan,  voulan- 
Montr.,  voilant.  Morv.,  voulan.  Poit.,  volan,  volon.  Prov., 
oulame,  voulante.  Suiss.  r.,  volan^  voulain.  Vx.  fr.,  volin, 
vollain. 

VOLER,  V.  intr.,  voler,  dans  l'air,  et  aussi  dans  les  poches. 
Lat.  et  Ital.,  volare.  Berry,  Fr.-Cté  et  Mac,  vouler.  Morv., 
voûter.  Prov.,  volar.  Wall.,  volé.  Vx.  fr.,  voler,  coller. 

VÔLOiR,  et  VÔLOUÉR,  V.  tr. ,  vouloir  :  «  Eh!  pardine!  Je  v'ions 
ben.  V'iez-ù,  vous?  » 

Lat.,  velle.  Ital.,  volere.  Bourg.,  voloi,  veloi,  vculoi.  Il.-V*, 
ror/To^s  .^  (voulez-vous?).  Prov.,  voler.  W&W.,  voleur.  Vx.fr., 
voler,  vouloir. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  453 

VÔLOT,  S.  m.,  volet,  fermeture  de  fenêtre. 
St-Am.,  vù/ci/ô.  Vx.  fr.,  coulei,  voleté. 

VÔLOT,  Vaulot,  et  Vâlot,  s.  ra.,  valet,  domestique  :  «  Dis 
c'que  t' voudras,  je  l't'rai  point;  j'sis  pas  ton  côlot.  »  Dans 
une  tout  autre  acception  du  mot  que  l'on  vient  de  citer,  on 
dit  parfois  aux  enfants,  comme  terme  d'amitié  caressante: 
((  Mon  côlot.  » 

Bas-Norrn.  et  Berry,  tâlet,  tâlot.  Bourg.,  caidô.  Bress., 
volet.  Champ.,  callat.  Fr.-Cté,  vôlot,  vâlot.  Genev.,  valet 
(terme  d'amitié  aux  petits  garçons).  Liège,  varlet.  Lorr.,  volot, 
vâlot.  Mac,  volé.  Montr.,  volot.  Morv.,  vâlot.  Nam., 
vaurlet.  Prov.,  vallet,  vaslet,  vaj/let.  St-Am.,  vôlè.  Suiss.  r., 
volet.  Vosg.,  vaula.  Wall.,  vdrlet,  valet  (célibataire).  Vx.  fr., 
varlet,  vastes,  vadle^,  va  lès. 

VoNS,  1^"^  pers.  pi.  du  prés*,  du  v.  aller,  allons  :  «  Toons  bon 
train,  bé  seiîr;  ma  n'a  pas  pouë,  le  ch'vau  sait  son  afûre.  » 

VoRGiNE,  s.  f.,  branche  de  saule,  d'osier,  baguette  :  «  Si  te 
r'veins  trop  târ;  ta  meire  prendra  eùne  vorrjine  por  te 
fouailler.»  Diminutif  de  vorge,  peu  usité. —  C'est  également 
la  branche  que  coupent  les  enfants  pour  y  tailler  unt^eùillôt. 
(V.  ce  dernier  mot.) 

VÔROU,  s.  m.,  verrou.  (V.  Varb.) 

Vorteiller,  v.  tr. ,  rouler  (quelqu'un)  par  terre,  sur  l'herbe, 
le  battre  :  «  Si  te  m'dis  quête  cliouse,  j'te  vorteille  dans 
l'pré.  »  A  la  forme  réfléchie  :  «  U  a' vorteille  sur  les  meiiles.  » 
Lat.,  oerterc.  Champ.,  se  vertir.  Guevn.,  vertir.  Lim., 
tràïdllé.  Moutr.,  eiivorteiller  (entortiller).  Morv.,  vorteiller. 
Saint.,  veàrlutè.  Sav.,  êvortoiller,  vortollion  (tas  d'herbe 
enroulé).  Suiss.  r.,  vortholli. 

Vorteillerie,  s.  f.,  ce  qui  est  traîné,  sali,  maculé.  Par 
analogie,  les  gens  qui  ne  se  respectent  pas,  qui  se  traînent 
dans  le  vice  ou  la  débauche  :  «  Que  c'qu'  yé  que  c'qui? 
Y  é  d'ia  vrâ  vorteillerie!  » 

Vos,  pron.  pers.,  vous  :  «  Vos  v'iez  v'nî.  » 

Lat.,  vos.  Ital.,  vol.  Bourg.,  va.  Mac,  vHès.  Pic.  et  Prov., 
oos.  Wall.,  va.  Vx.  fr.,  uos,  vus.  (V.  F's.) 


454  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

VossE,  S.  f.,  explosion  comprimée  et  muette,  vesse. 

Ital.,  cescia.  Morv.,  veuche,  rousse.  Toul.,  loufo.  Vx.  fr., 
vcsne. 

VossER,  V.  intr.,  vesser.  Ne  commentons  pas. 

Lat.,  visire.  Berry,  eessir.,  vcncr.  Morv.,  veusscr,vcitcher. 
Toul.,  loufa.  Wall.,  cessi.  Vx.  fr.,  ccssir,  vcsiier. 

VossE-DE-Loû,  s.  f. ,  champignon  vénéneux,  et  mal  odorant. 
Lat.,  Ijjcopcrdon .  Morv.,  veusse  de  loup. 

Vou,  conj.  alternat.,  ou,  ou  bien. 

Lat.,  aut.  Ital.,  o.  Beriy,  Bourg.,  Fr.-Cté,  Lorr.  et  Morv., 
vou.  Poit.,  €Oure.  Prov.,  o.  Saint.,  vou.  Wall.,  au.  Vx.  fr., 
u,  ou. 

Yoùj  adv.  de  lieu,  oi^i  :  «  Là  voù  donc.qu'te  vas?  »  —  a  Là 
voû  qu'c'est,  c't  endrèt?  » 

Lat.,  uhi.  Ital.,  occ.  Berry,  coù,  ccoà.  Bourg.,  vou.  Lille, 
M,  uche.  Lorr.,  vo.  Prov.,  o.  Wall.,  wiss.  Vx.  fr.  û,  où,  oui. 

VouAH  !  excl.,  bah!  ah  bien  oui  !  —  Se  jette  également  comme 
cri  de  douleur:  «  Ah!  vouah!  que  coup!  J'n'en  poux  pus!  )) 
Lat.,  vœ!  Bress.  et  Genev.,  vouah!  Vx.  fr.,  voih! 

VouARME,  s.  m.,  sapin  femelle. 
Genev.,  vouarme. 

VouATE,  S.  f.,  ouate.  Consulter  l'opinion  de  La  Monnoye, 
qui  y  voit  «  un  diminutif  de  l'ancien  français  oue  (oie), 
ouette,  ouate  ». 
Ital.,  ocata.  Bourg.,  ouaitc.  Norm.,  ouette.   Wall.,  watt. 

Voù  c'À-T-i  Qu'ÔL  É?  loc,  où  cst-il?  littéralement  :  où  c'est-il 
qu'il  est?  —  Dans  les  conversations,  cette  redondance  du 
((  c'est-il  que  »  revient  très  fréquemment.  (V.  le  mot 
suivant.) 

Voù  'c'que?  loc,  contraction  de  voù  c'â-t-i  que  :  «  Voîi  'c^que 
t'as  été?  Voù  ^c'que  c'est?  »  —  On  a  pu  voir  écrit  oùsque, 
plus  court,  mais  moins  correct.  (V.  le  mot  précédent.) 

VouDERiEz,  2'3  pers.  conditionn.  de  valoir,  voudriez. 

Vouer,  v.  tr.,  voir  :  «  T'f'ras  c'qui?  J'voudrôs  ben  V vouer.  » 
Lat.,  cidere.  Ital.,  vedere.  Bourg.,  voai,  coi.  Bress.,  vay. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS  455 

Dauph.,  cei.  Doubs,  tore.  Fr.-Cté,  oouè,  coc.  Il.-V',  ad. 
Lille,  vir.  Lim.,  veire.  Lorr.,  veur,  tore.  Morv.,  coaâ.  Norm., 
viè,  cir,  ceir .  Pic,  vir.  Poit.,  vâre,  votre,  ccure.  Prov .,vc^cr. 
Rouch.,  rà*.  Suiss.  r.,  vi,  veirc.  Wall.,  ceï.  Vx.  fr.,  cir, 
vcïr,  coier,  vcoir,  voir. 

VouÉsiN,  s.  m.,  voisin. 

Lat.,  clclnuà.  Ital.,  vlciiio.  Bourg.,  coisan,  voisaigne 
(voisine).  Norm.,  vèsin.  Prov.,  ve^in,  rc.c-i.  Rom.,  vesin. 
Rouch.,  ôisin,  rtèx'/ie  (voisine).  St-Am.,  vuèn.  Sav,,  vc^in. 
Vx.  fr.i,  coijsin. 

VouÉsENAGE,  S.  m.,  voisinago.  Très  cultivé  dans  nos  con- 
trées. Des  bancs  hospitaliers  sont  installés  à  toutes  les 
portes,  et  chacun,  —  chacune  surtout,  —  va  de  l'un  à 
l'autre,  s'y  arrête,  s'y  assied,  colportant  nouvelles,  confi- 
dences et  potins.  Pendant  ce  temps ,  certaines  mains 
cousent  ou  tricottent;  ça  ne  gêne  pas  la  langue. 

Bourg.,  couaisenair/c.  Prov.,  vesiage.  Rouch.,  vosinache. 
Wall.,  voulncg.  Vx.  fr.,  le  voisiné,  voisinetet. 

VoiTEÛRE,  S.  f.,  voiture. 

Lat.,  cectura.  Ital.,  vettura.  Montr.,  voiteiirc.  Vx.  fr., 
vecture. 

VoiTEÙREi,  s.  m.,  voiturier,  messager  d'un  point  à  un  autre. 
Vx.  fr.,  coituron. 

Voui,  particule  affirmât.,  oui:  «  Quand  j'te  dis  que  coui!  » 
Lat.,  iia.  Ital.,  si.  Berry,  voui.  Bourg.,  vouei.  H'-Maine, 
cère,  voire.  11. -V,  ian.  Lille,  awi.  Mac,  vaï.  Morv.,  voué. 
Pic,  oivi.  Poit.,  vao,  vay,  voui,  voueil.  Rouch.,  avoi,  voire- 
dia  {oui -dk).  St-Am.,  vicâ.  Saint.,  voui,  vouei.  Sav.,  voa, 
voi.  Wall.,  acvoi.  Vx.  fr.,  al,  oïl,  oui/,  ouail,  oal,  ouïl. 
(V.   Vouiche!) 

Vouiche!  particul.  exclamât.,  oui!  C'est  un  oui  presque 
toujours  dérisoire  :  «  Te  crais,  pauv'  petiote,  qu'ô  t'parle 
pou  l'bon  motif?...  Ah!  hencouiche!  »  (V.  Ouiche,  Voui.) 

Voulante,  s.  f.,  volonté. 

Lat.,  voluntas.  Ital.,  volontà.  Berry,  voulante,  voulonté. 
Bress.,  voulante.  Champ.,  voulance.  Norm.,  coulenté.  Prov., 
voluntat.  Vx.  fr.,  volenté,  voulenté,  voUonté. 


456  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

VouLANTEi,  adv.,  volontiers. 

Lat.,  volcnter.  Ital..  tolontiere  Berry,  voulcniiers.  Bourg., 
velantei,  vclontei.  Morv.,  vUonté.  Wall.,  volti.  Vx.  fr., 
volenticrs,  voulcaticrs,  volcntè. 

Voulu,  adj.,  velu.  —  A  remarquer  encore  que  nous  disons 
voulu  pour  «  velu  »,  et  vlu  pour  «  voulu  ». 

Lat.,  villas.  Ital.,  veluto.  Bourg.,  côlu.  Morv.,  voulu. 
Prov.  et  Saint.,  crlut.  Vx.  fr.,  relu. 

VouT,  3*^  pers.  prés,  du  v.  valoir,  veut. 
Lat.,  vult.  Vx.  fr.,  veut,  volt,  veult. 

Voûte  (donner),    loc.,    terme   de   marinage,   qui   signifie: 
attacher.  (V.  le  mot  suivant.) 

VoiiTE  (lever),  loc,  terme  de  marinage,  qui  signifie  :  déta- 
cher. (V.  le  mot  précédent.) 

Vout'e,  adj.  poss.,  votre. 

Lat.,  vester.  Ital.,  vostro.  Berry,  vous,  voûte.  Bourg.,  vote, 
Fr.-Cté,  vote.  Morv.,  vous.  Norm.,  co,  vote.  Pic,  vo.  Prov., 
vostre,  vostra.  Rouch.,  vous.  Suiss.  r.,  voutra,  voutro, 
vontron.  Vx.  fr.,  vo,  vos,  voss. 

VoYÂBE,  adj.,  visible. 

Lat.,  visibilis.  ItaL ,  visibile.  Berry,  voj/âbe.  Bourg.,  vol- 
sible.  Prov.,  vesiblc,  vuible.  Vx.  fr.,  visible. 

VoYu,  part,  du  v.  vouer,  vu. 

Berry,  vûte.  Guern.,  vis.  Mac,  vieu.  Vx.  fr.,  teu. 

VrA,  adj.,  vrai  :  «  De  vrâ.  Pô  d'om.  » 

Lat.,  ocrMS.  Ital.,  op/'o.  Bourg.,  prâ.  Morv.,  vrè.  Norm., 
vraiclà  (oui-dà).  Prov.,  verai.  St-Am.,  va.  Vx.  fr.,  vray, 
ver  ai. 

Vreille,  s.  f.,  vrille. 

Champ.,  vrillctte  (filet  de  vigne).  Morv.,  vreille.  Prov., 
Jilheirouii.  Vx.  fr.,  culte,  visle,  veillette,  villctte. 

Vrisse,  et  VÉRissE,  s.  f.,  corde  avec  laquelle  les  mariniers 
tirent  les  bateaux  :  ((  Tirer  la  vrisse.  »  Elle  est  d'un  usage 
aussi  fréquent  que  le  veùrdon;  longue  et  d'un  diamètre 
moindre,  elle  sert  pour  amarrer. 
Forez,  vrisse. 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  457 

V's,  contraction  de  vas,  vous  :  «  V'nez  donc  causer  eùn  brin 
d'avou  moi  à  c'tu  souér;  c's  aivez  ben  l'temps.  »  (V.  Vos.) 

VuiDE,  adj.,  vide  :  «  01  a  la  tête  vuide  coume  ein  touneau 
parce.  » 

Làt.,  cid uns.  ItSil.,  oac HO.  Bourg.,  vude,  vende.  Fr.-Cté, 
veu,  vende.  Genev.,  vuide.  Guern.,  viède.  Montr.,  vade. 
Morv..  vende.  Pic,  nide.  Prov.,  voh,  voig,  vuei,  ouech. 
St-Am.,  vëdrou.  Sav.,  voàde,  vouide.  Wall.,  vûd.,  vu.  Vx.  fr., 
ivit,  wide,  vuid,  voide. 

VuiDER,  V.  tr.,  vider. 

Lat.,  viduare.  Ital.,  cvacnare.  Annis,  vidrc.  Bourg.,  vuder 
vendcr.  Champ.,  veudior.  Montr.,  vndier.  Morv.,  veuder. 
Prov.,  ooidar,  voijard,  vniar.  St-Am.,  vedr/ë.  Wall.,  oùder, 
iiûdi.  Vx.  fr.,  voider,  coidier,  cuider,  vuidier. 

VuiT,  adj.  numéral,  huit. 

Lat.,  octo.  Ital.,  otto.  Bourg.,  vut,  vute.  Prov.,  oit,  ueit. 
Wall.,  ut.  Vx.  fr.,  t«7,  huit. 


Y,  pron.  démonstr.,  ce,  cela.  Remplace  et  le  sujet  impersonnel 
et  le  régime  direct  :  «  Y  va  faire  un  peut  temps.  »  — 
((  Ranges-?/,  nétoye-s-y.  »  —  «  J'//  maingerô  ben.  »  — 
((  Yé  lu!  ))  (c'est  luil) 

Yârd,  s.  m.,  liard  :  «  0  n'a  pas  por  deux  ?/àrû?s  de  jugeote.  » 
Morv.,  iavd.  Pic,  liurd. 

Yarder,  v.  intr.,  liarder,  lésiner.  C'est  :  «  côper  eùn  yârd  en 
quate.  » 
Mory.,  iarder. 

Yards,  s,  m.,  boutons  éruptifs  des  enfants  au  premier  âge. 
{Y.  Curie.) 

Yèvre,  s.  m.,  lièvre  :  «  O  n'a  pas  évu  d'prix  à  l'école.  Que 
v'tu?  01  a  d'ia  mémouére  c'ment  ein  yièore!  » 

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458  LANGAGE   POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS 

Lat.,  lepus.  liaA.^lcpre.  Berry,  licuoe,  licube.  Bourg.,  yènre. 
Genev. ,  liècro  (fém.)-  Maine,  giieuore.  Pic,  lieuve,  ycuoe. 
Wall.,  Iw.  Vx.  fr.,  lèvre,  lièvre. 


ZiEÙ,  s.  m.,  œil  :  «  0  m'a  foré  son  dèt  dans  Vzieù.  » 

Lyon.,    x;ù<,    xio.    Mac,    i/ou.   Monti'. ,    ax.    St-Ani.,    ^h. 
(V.  Nyeù,  Œuije,  Uijàt.) 

ZoGUER,  V.  tr.,  pousser  avec  le  bout  d'un  bâton,  frapper, 
serrer  du  coude.  Un  écolier  dit  en  classe  :  «  M'sieu,  mon 
vouésin    wx'zogae.    »    Après    une    mauvaise    rencontre  : 
((  L'gueùrdin!  ô  t'ii  a  zogué  son  rotin  dans  l'dos.  » 
Berry,  Morv.  et  Poit.,  i^agucr.  Saint.,  .liguer. 

Zou!  excl.,  vite!  promptement!  «  Allons,  zou!  » 
Prov.,  ::ou! 

Zbzb,  s.  m.,  niais,  badaud;  plutôt  :  pitre.  Jadis,  à  une  de 
nos  plus  grandes  foires  (celle  de  la  Saint-Jean),  il  y  avait 
toujours,  pour  la  parade,  un  «  Zbzb-la-qaeue-vouge  )).  Il 
fallait  le  voir  (alentour  de  1830)  à  celle  du  théâtre  qui 
s'intitulait  «  les  grands  Pantagoniens  du  Palais- Royal  de 
Paris  »,  marionnettes  qui  jouaient  la  Passion,  Geneviève 
de  Brabant,  et  autres  pièces  légendaires.  Il  était  très  fort, 
ce  zbzb,  et  l'on  aimait  presque  autant  le  spectacle  du  dehors 
que  celui  du  dedans.  Ce  qui  n'empêchait  pas  les  bancs 
d'être  bondés,  quand  ceux  qui  n'entraient  pas  s'étaient 
régalés  à  la  porte. 
Norm.,  ;:;oio.  Pic,  sosot. 


SUPPLÉMENT 


L'astérisque  (*)  désigne  les  mots  qui  figurent  déjà  dans  le  Dictionnaire, 
et  auxquels  ou  fait  une  addition. 


Est-il  un  chercheur  de  mots  qui  puisse 
se  vanter  d'avoir  achevé  son  œuvre  sans 
quelques  Desiderata  non  satisfaits  ? 


Abeiller,  s.  m.,  éleveur  d'abeilles. 
Bress.,  arbclL  Poit.,  aheidllou. 

Abléger,  V.  tr.,  fatiguer,  rompre,  briser  :  «  J'peù  pas  aller 
pu  loin  ;  j'seu  ablégé  d'douleurs.  » 
Morv.,  aiblèger. 

AissiÉTE,  s.  f.,  assiette.  Comme  quelques  autres  que  l'on 
verra,  ce  mot  a  parfois  un  emploi  particulier  :  Dans  cette 
locution  :  «  Eùne  aissiéte  de  gaudes,  »  le  contenant  est  pris 
pour  le  contenu.  (V.  Cuyère,  Paule.) 

Arnaison,  et  Arnâyon,  s.  f.,  mal  de  reins,  lombago  :  d  D'peu 
quêtes  jors,  j'ai  eùne  avnchjon  qui  m'empôche  quasiment 
d'marcher.  »  Ce  mot,  qui  est  bien  de  chez  nous,  je  ne  le 
trouve  pas  dans  les  Glossaires  que  je  consulte;  mais,  s'ils 
n'ont  pas  le  substantif  ils  ont  l'adjectif,  car  j'y  rencontre 
le  suivant.  (V.  Arné.) 

Arné,  adj.,  qui  a  mal  aux  reins,  qui  a  une  arnaison.  Cet 
adjectif  ne  peut  cependant  manquer  d'avoir  ailleurs  son 
substantif,  comme  il  l'a  chez  nous. 
Morv.,  arnc.  Berry,  evnc,  éreiné.  (V.  Arnaison.) 

*Atreaux.  y  ajouter  l'acception  de  :  viande  brûlée,  qu'un 
imprimé  local  nous  donne. 


460  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Bastion,  s.  m.,  battoir  de  laveuse.  Ce  mot  m'est  commu- 
niqué; ma  mémoire  ne  me  le  rappelle  pas. 

Baudaine  (faire  la),  loc,  se  rouler  à  terre  comme  les  baudets. 
Jeu  d'écoliers,  qui  n'arrange  guère  les  vêtements  et  ne 
semble  pas  étranger  à  l'école  buissonnière.  On  trouve  dans 
Rabelais  :  «  Quel  baudouinage  me  dis  tu,  baudet...?  » 

Beûtier,  s.  et  adj.,  grossier  et  lourd  personnage,  bon  à 
mener  les  bœufs  aux  champs.  Pour  le  sens,  se  rattacherait 
à  bestiâ. 

Berry,   borjcr.    Morv.,    beutié,   boue.    Poit.,    boue,   bouler. 
Saint.,  boujjer,  boier. 

*Blô,  Blosse.  y  ajouter  ces  acceptions  :  Qui  ne  peut  parler, 
qui  bégaye,  et  aussi  personne  trop  mûre. 

Bornéyoû,  s.  m.,  perche  armée  de  fera  son  extrémité,  dont 
le  batelier  fiche  la  pointe  en  terre,  et  sur  laquelle  il  appuie 
pour  ôpailler.  (V.  ce  dernier  mot.) 

Berry,  bourde. 
Et  pour  dire  :  appuyer  la  bourde,  le  Berry  a  le  verbe  bour- 
nager. 

Caporal,  s.  m.,  nom  que,  pendant  un  certain  temps,  on  a 
donné  à  profusion  aux  chiens  en  Bourgogne,  et  spécia- 
lement dans  nos  localités.  Quelque  vieux  militaire  aura 
été  le  premier  parrain  de  ce  plaisant  baptême. 

Capuchon,  s.  m.,  abat-jour  d'une  lampe.  On  voit  volontiers 
celle-ci  encapuchonnée  comme  la  tête  d'un  moine. 

Catalou,  se,  adj.,  meurtri.  Se  dit  des  fruits  qui  ont  été 
maltraités.  Au  figuré  malpropre,  crotté.  Ne  serait-ce  pas 
une  corruption  de  cantaloup? 

Cataquoi,  s.  m.,  chignon  de  femme,  et  queue  que  portaient 
jadis  les  hommes. 
Indre,  cataquoi.  (V.  Châgnion.) 

Chàgnion,  et  Chànion,  s.  m.,  le  derrière  du  cou,  la  nuque  : 
«  Ah!  que  V chàgnion  m'fait  donc  maul  j'peù  pu  r'tôrner 
la  tête.  » 


LANGAGE    POPULAIRE    VERDUNO-CHALONNAIS  461 

Borry,  câgnoii,  chdt/noii.  Champ.,  cnengnon  (collier).  Morv., 
câgnon,  chacignon.  Poit.,  cIkkjiioii.  Vx.  fr.,  caf/gnon. 
(V.  Caiaquoi.) 

Charogner,  V.  tr,,  charcuter,  tailler,  et  surtout  mal  tailler: 
((  Bon!  qu'é  c'que  t'me  fais  là?   V'ià  qu'te   m'charognes 
ce  paipier!  » 
Berry.  charpir,  charpigner. 

Chourlète,  s.  f.,  galette  à  la  courge.  Se  prépare  en  abon- 
dance pour  les  foires  et  les  fêtes,  et  s'y  débite  entièrement. 
(V.  Flamusse.) 

Conscrit,  s.  m.,  employé  par  les  anciens  dans  un  sens  tout 
spécial  :  «  Ah!  vous  v'Ià?  ben  Tbonjôr,  mon  conscrit!  » 
c'est  à  dire  mon  camarade  de  tirage  au  sort.  C'est  ainsi 
que  nos  vieux  se  rappellent  au  souvenir  de  ceux  qui,  jadis, 
ont  ((  tiré  à  la  conscription  »  avec  eux. 

*CoRÉE,  s.  f.,  le  cœur,  les  poumons.  Au  figuré  on  dit: 
«  Qu'é  c'qu'ôl  a  dans  la  corèef  »  pour  :  qu'est-ce  qu'il  a 
dans  le  ventre?  Nous  avons  vu  traduire  :  Qu'est-ce  qu'il 
a  dans  la  tête?  Et,  au  fond,  ce  ventre-là  veut  bien  dire 
quelque  chose  comme  Vidée.  Mais,  littéralement,  corée 
ne  veut  pas  dire  iête.  —  Maintenant  quelques  lignes  de 
J.  Durandeau  :  Ce  qui  toutefois  est  bien  bourguignon  «  ce 
sont  les  locutions  :  ne  réfiaudi  lai  corée  (se  réjouir  le  cœur, 
se  désopiler  la  rate),  et  ne  breùlai  lai  corée  en  buvant  des 
liqueurs  fortes  ».  Le  brùlement  de  la  corée  s'entend  de 
cette  chaleur  soudaine  et  vive,  accompagnée  d'une  légère 
douleur  de  l'estomac  et  de  la  gorge.  On  s'écrie  alors  :  «  Lai 
corée  m'breùle!  »  ou  l'on  dit  :  «  C^qui  nié  hreùlé  lai 
corée.  »  Un  père  prudent,  qui  veut  détourner  son  enfant 
d'une  boisson  dangereuse,  telle  que  l'eau-de-vie,  dira: 
a  N'éoaule  pa  de  c'iai;  ce  Vfero  hé  sur  du  mau;  cqui 
t'breùlerb  lai  corée.  »  (Du  Réveil  Bourguignon.) 

*CoRÎ,  v.  intr.,  courir.  Au  futur  fait  :  je  courirai. 

Cornet,  s.  m.,  tuyau  de  poêle.  Les  mains  le  caressent,  — 
avec  quel  bien-être!  —  pendant  les  longs  froids  de  l'hiver. 
Morv.,  cornât  (étui  à  aiguilles). 


462  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Couine,  adj.,  bébête,  peureux.  On  donne  ce  nom  à  fille  ou 
femme  ne  sachant  pas  se  débrouiller  et  ayant  crainte  de 
tout. 

Coule  (à  la),  loc.  «  Etre  à  la  coule,  »  c'est  être  malin,  c'est 
rendre  des  points  aux  autres. 

*Crâchie,  s.  f.  La  cràchie  est  aussi  le  résidu  écuraeux  des 
confitures. 

*CuYÈRE,  s.  f.  Le  contenant  pour  le  contenu  :  «  Eùne  ciujère 
de  sôpe.  »  (V.  Aissiéte,  Paule.) 


Dégaine,  s.  f.,  allure  gênée,  ridicule  :  «  L'voués-tu  pas 
marcher?  oh!  c'te  dégaine  qu'ôl  a!  »  J'ai  vu  ce  mot 
employé  comme  adjectif;  mais  on  n'est  pas  dégaine,  on  a 
une  dégaine. 

*DÉPiAUTEn,  V.  tr.  Ajouter  l'acception  :  efïiler. 

DÉRANGER  (s'en),  se  déranger.  Emploi  surabondant  de  la 
préposition  en. 

Devé,  prép.,  vers,  près,  auprès  :  «   Eh!   mon  genti  p'tiot, 
veins  d'vé  moue,  que  j'te  baille  eùne  lïamusse.  » 
Berry,  devers.  Morv.,  dccé  (de  vers). 


Eboiler,  V.  tr.,  embrouiller,  lasser,  trop  serrer,  écraser,  et, 
au  figuré,  mettre  dans  une  fausse  position  :  a  Oh!  l'chin 
d'matou,  dans  c'i'afâre  ô  m'a  tout  éboilé!  » 

Berry,  éboailler.  Forez,  cbolll,  éboullld  (cventrer).  Lang., 
embouïa).  Lini.,  èbonlUn.  Lyon.,  èbolli,  èbouilld.  Morv., 
èbolller.  Poit.,  .cboaillcr  (écraser).  Suiss.  r.,  éboiihlli  (avoir 
une  hernie). 

*Erâte,  pour  érâié.  Comme  gonjle,  trempe,  etc.  (V.  ces 
mots.) 

Eternôt,  et  Eterneau,  s.  m.,  produit  naturel  qu'on  trouve 
en  terre,  dans  les  champs,  sans  racines  ni  queue,  de  la 
forme  d'un  œuf,  à  la  peau  noire,  à  la  chair  blanche 
comme  celle  de  la  noix  de  coco,  et  assez  agréable  à  manger. 


LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CIIALONNAIS  463 

Les  enfants  s'en  régalent.  —  Gesse  tubéreuse,  famille  des 
papilionacées.  (V.  Mâchon.) 

ÉvENT  (tête  à  r),  loc,  tête  légère,  évaporée,  qui  ne  s'arrête  à 
rien  de  sérieux  et  oublie  ce  qu'on  lui  recommande  :  «  Ah! 
c'te  p'tiote!  à  n'sait  ran  de  c'qu'on  li  dit;  y  et  eùne  iéte  à 
récent.  » 

FuTURER  (se),  V.  réfl.,  se  fiancer.  En  certains  de  nos  endroits, 
cette  cérémonie  préliminaire  a  lieu  à  l'église,  dans  la 
chapelle  de  la  Vierge.  Parents  el  amis  accompagnent  les 
jeunes  gens.  Allocution  du  curé,  anneau  passé  au  doigt  de 
la  hen-aimée.  A  la  sortie  de  l'église,  la  poudre  parle: 
pistolets,  et  fusils  acclament  ce  premier  lien  du  futur 
ménage.  Parfois  on  rentre  chez  les  parents,  où  il  y  a 
collation,  et  les  heureux  futures  n'ont  plus  qu'à  attendre 
le  jour  désiré  de  la  noce. 

Galin,  s.  m.,  galet,  petite  pierre.  (V.  Galine.) 

Geindre,  et  Genne,  s.  m.  et  f.,  résidu  du  pressoir,  marc  du 
raisin  quand  ou  a  fait  le  vin.  Ce  qui  sert  à  confectionner 
la  boisson. 

GÔNE,  s.  m.,  gamin,  polisson  :  «  Ah!  c'gône-lh,  j'peù  pas 
l'faire  aller  à  l'école!  » 

Goupiller,  v.  tr.,  tailler,  arranger,  disposer  à  sa  manière, 
et  pas  toujours  à  la  bonne  :  ((  Quelle  emplâtre  qu'tem'fais, 
va!  t'm'as  brament  goupillé  ma  robe!  » 

Grap'ter,  v.  tr.,  grapiller,  faire  la  chasse  aux  raisins  laissés 
dans  les  vignes.  Certains  graifteuvs  abusent  de  la  tolérance 
en  grap'tant  trop  tôt. 
Berry,  gvappetcr. 

*Griau,  s.  m.  Ajoutez  cette  autre  forme  :  Gueùriau. 

Grôlons,  s.  m.,  chaussures,  qui  souvent  ne  sont  pas  neuves, 
savates. 

*Grume,  s.  f.  Ajoutez  l'acception  :  larme.  Elle  est  bien  d'un 


464  LANGAGE    POPULAIRE   VERDUNO-CHALONNAIS 

Bourguignon,  cette  comparaison  d'une  larme  à  un  grain 
de  raisin. 

GuÈROT,  s.  et  adj.,  pauvre,  miséreux,  qui  ne  possède  guère. 
La  formation  n'est-elle  pas  un  peu  risquée? 


Mâchon,  s.  m.,  produit  sucré,  que  l'on  trouve  dans  les 
champs  et  près  des  fossés.  Pourrait  bien  être  Véternbt. 
(V.  ce  mot.)  —  Mâchon  serait  chalonnais,  et  éternbt  ver- 
dunois. 

Maniance,  s.  f.,  maniement  :  ((  Aile  a  tout  en  maniance;  y  é 
la  grande  ôvreire  de  la  maïon.  » 
Moi'V.,  niaignaace.  Vx.  fr.,  inaiiaiicc,  mamjance, 

Marcelots,  s.  m.,  nom  donné  aux  «  camps-volants  »,  ces 
bohémiens  qui  roulent  dans  des  voitures  rudimentaires,  et 
ne  sont  pas  toujours  indemnes  de  certaines  subtilisations 
opérées  sur  leur  passage. 
Berry,  marcclot  (merciei-  ambulant). 

Marche  donc!  loc.  exclam.,  va  donc!  Se  prend  aussi  dans 
un  sens  beaucoup  moins  impératif  et  pour  désintéresser 
d'une  chose.  Marche  donc  veut  dire  alors  :  laisse  donc 
faire. 

Ménager,  s.  m.,  mari  qui  s'occupe  des  soins  du  ménage, 
mais  non  pris  dans  le  sens  ridicule.  Le  Berry  désigne 
ainsi  «  celui  qui  s'approprie  les  objets  que  les  autres 
laissent  traîner  ». 

*Meûron.  Ajoutez  la  forme  :  Mouron. 

MiONCHE,  adj.,  mou,  mollasse,  sans  vigueur  :  «  De  quoi! 
t'nas  pas  pouvu  train-ner  c'qui?  T'é  vrâmcni  mionche.  )) 

Maugré  que,  conj.,  quoique  :  «  Maugré  que  j'dremôs,  j'I'ai 
tout  de  mein-me  éporçu.  »  [Y.  Quoique.) 

Morgôner,  v.  intr.,  marmotter,  murmurer  entre  ses  dents. 
En  cette  dernière  acception,  a  de  l'analogie  avec  rémiauler. 
(V.  ce  mot.) 

*MouRÎ.  Le  futur  de  ce  verbe  fait  :  je  mourir^ai. 


LANGAGE    POPULAIRE    VKRDUNO-CIIALONNAl.S  4G5 

*OuÉë.  Ajoutez  :  —  D'une  plaignarde  qui  geint  sans  cesse 
de  quelque  incommodité,  réelle  ou  imaginaire,  on  dit  : 

Aile  est  connue  l'oucc  blanche; 
Tùjor  inau  à  la  patte  on  à  l'/ianchc. 

Indre,  oche.  Morv.,  oué.  Vx.  fr.,  oc,  ouc. 

*Paillôte.  Ajoutez  l'acception  :  lit. 

*1*ATACHE.  J'ajoute  avec  plaisir  à  ce  mot  la  réflexion  suivante 
de  J.  Durandeau  :  «  Ce  qui  est  particulier  aux  Bour- 
guignons, c'est  d'avoir  appliqué  aux  femmes  légères  ce 
terme  qui  les  assimile  à  des  ooitares  publiques  et  de  bas 
prix.  Chacun  peut  monter  dans  ces  pataches-lk.  » 

Paule,  s.  f.  Le  contenant  pour  le  contenu  :  ((  Eùne  paule  de 
chenis.  (V.  Aissiéie,  Cuijère.) 

*Pautrer.  Ajoutez  la  forme  :  Plant rer. 

P'encore,  loc,  forme  elliptique  de  :  pas  encore  ;  «  Te  creis 
qu'ô  va  avouer  la  Mariéte?  Vouahl  ô  n'y  é  p'encore.  » 
Contraction  analogue  à  celle  de  p^ assez.  (V.  ce  mot.) 

Piautoner,  V.  intr.,  piétiner,  rester  sur  place,  marquer  le 
pas,  comme  on  dit. 

Point,  adv.,  nul,  aucun  :  «  Côgete.  T'n'as  d'mau  à.  point 
d'end  rèt,  » 

PouÉRE  A  BON  DiEU,  S.  t.,  Ic  petit  fruit  rouge  de  l'aubépine. 

PouGNOTER,  v.  tr.,  carcsscr,  dorloter  :  ((  T'ain-mes  donc  ben 
tant  ]a.  pougnoter,  cet'e  p'tiote?  » 

*PouRiE.  Ajoutez  :  famille  des  solanées. 

Quoique,  prép.,  malgré  :  «  01  a  ben  été  la  d'mander  à  son 
peire;  quoique  ça,  j'crès  pas  trop  qu'ça  s'érange.  »  (V.  Mau- 
gré  'fue.) 

*Quouneille.  Rectifier  dôdô  en  dâdô.  —  On  peut  faire 
remarquer  que  dâdo  est  un  terme  enfantin,  et  qu'on  ne 

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466  LANGAGE    POPULAIRE    \ERDUNO-CHALONNALÇ 

l'emploie  guère  en  parlant  du  lit  d'une  grande  personne. 
Mais  la  maman  qu'on  vient  d'entendre  ne  s'est  point 
trompée;  elle  a  dit  cela  en  mère  caressante  et  câline,  et 
qui,  dans  son  fils  à  marier,  aime  à  voir  encore  ((  son  p'tiot  «^ 
C'est  une  nuance. 


*Rate.  Un  mien  ami,  critique  fin  et  l)ienveillant,  m'a  fait 
une  peur  terrible  à  propos  de  ce  mot  :  «  Comment,  m'écrit-il, 
avez-vous  pu  faire  imprimer  ceci  :  La  rate  eut  la  femelle 
du  rat!.'!  »  Immédiatement  j'ai  voulu  me  rassurer,  et, 
sans  chercher  beaucoup,  j'ai  trouvé  la  phrase  textuelle 
dans  Littré,  Bescherelle,  le  comte  Jaubert,  Fouret,  en  ne 
comptant  ni  La  Fontaine,  ni  d'autres.  Ces  autorités 
suffiront- eJ les  à  rassurer  mon  ami?  —  Autre  point.  J'aurais 
pu,  en  traduisant  Rate  par  Souris,  dire  que  «  souris  » 
s'applique  plutôt  à  la  souris  de  ville  qu'à  celle  des  champs. 
Mais,  tout  cela  mis  de  côté,  qu'on  veuille  bien  songer 
qu'ici  il  n'est  point  question  de  faire  de  l'histoire  naturelle, 
et  qu'on  relate  simplement  les  acceptions,  justes  ou  non, 
données  chez  nous  à  tel  ou  tel  vocable. 

Regiper  (se),  V.  réfl.,  se  crisper  comme  par  l'action  d'un 
acide,  et  aussi  se  raidir  contre  une  injonction  quelconque. 
Se  démener,  se  débattre,  sauter,  regimber. 

Berry,  gipcr  (danser).  Bourg.,  f/'pcr,  juper  (folâtrer).  Champ., 
giher  (jouer  des  jambes).  Fland.,  regibier  (lutter),  Morv., 
regiper.  Poit.  et  Saint.,  giber  (ruer). 

RÉMIAULER,  V.  intr.,  se  fâcher,  murmurer.  (V.  Morgoner.) 

^Ressembler.  Ajoutez  cet  exemple  :  ((  I  me  rssemhe  que..., 
pour  :  Il  me  semble  que.  »  (V.  Sembler.) 

*Reûtoner.  Ajoutez  la  forme  :  Reùt'ner. 

Revoyôte  (à  la),  loc,  au  revoir!  «  J'm'en  vas  dremî.  Ben 
l'bonsouér,  peire  Thouma.  A  la  rh'oijbte! 

*RoGNE,  s.  f.  Ajoutez  les  acceptions  :  grimace,  prétention  : 
«  Faire  sa  rogne  »,  prendre  des  airs. 


LANGAGE    POPULAIRE    VEUDUNO-CIl ALONNAIS  467 

Saône  (en),  loc.  où  l'on  remarque  la  singulière  suppression 
de  l'article  :  «  AU'  s'a  jetée  en  Sciàne.  »  On  ne  dirait  pas: 
«  Air  s'a  jetée  en  Doubs.  » 

*SArGE.  Ajoutez  :  Cette  coutume  de  la  branche  se  retrouve 
assez  loin  hors  de  chez  nous.  Walter  Scott  dit,  dans  Za 
Inoncée  de  Lammernioor  :  «  ]\x\  Ecosse,  quand  un  homme 
»  n'épouse  pas  la  personne  à  qui  il  faisait  la  cour,  on  dit 
»  vulgairement  que  cette  jeune  fille  «  porte  la  branche  de 
))  saule.  ))  Ce  n'est  plus  la  même  nuance;  là,  il  n'y  a  plus 
de  sauge;  c'est  bien  le  saule  qui  reste  absolument.  Cepen- 
dant il  ne  semble  pas  y  avoir  ironie;  il  s'agit  peut-être 
d'une  branche  de  saule  pleureur.  Cela  symboliserait  bien 
la  part  que  l'on  prend  à  la  peine.  En  tout  cas,  il  y  a  des 
analogies.  —  Est-ce  en  Ecosse,  est-ce  chez  nous  que  la 
coutume  a  commencé?  et  comment,  d'un  paj's,  est-elle 
allée  ou  venue  dans  l'autre? 


Tant  peu  que  peu,  loc,  si  peu  que  peu  :  «  Tant  peu  que  peu 
qu'ô  travaille,  ôl  é  tôjor  seùr  d'avouer  fini.  » 

*Tendron.  Ajoutez  :  Le  nom  semblerait  dire,  —  est-ce 
par  antiphrase?  —  que  cette  racine  n'est  pas  dure.  Elle 
l'est,  au  contraire,  tellement  que  la  charrue  butte  contre, 
qu'elle  lui  fait  obstacle  et  que,  pour  cela,  on  l'appelle 
arrèie-hœuf. 

Teûgner,  v.  intr. ,  lanterner,  tourner  autour  du  pot,  même 
sens  que  :  Flairer  la  rneurette.  Ce  mot  m'est  communiqué. 
Je  l'aurais  volontiers  pris  pour  un  synonyme  do  Tàgner. 
.!<'  lui  laisse  les  deux  acceptions. 

Teùgnoû,  s.  m.,  celui  qui  icùf/ne. 

TiAUME,  s.  m.,  petite  baraque  construite  à  l'arrière  du  bateau, 

habitation  des  mariniers  pendant  les  longs  parcours  sur  les 

canaux  et  les  rivières. 

* 
*Tigner.  Ajouter  l'acception  :  peigner. 

*T-i-PAS?  Ajoutez  cette  autre  forme  :  Es-pas!  en  prononçant 


468      LANGAGE  POPULAIRE  VERDUNO-CHALONNAIS 

fortement  Vs  du  premier  mot.  Es- pas  n'est  autre  que  est-ce 
pas  {n'est-ce  pas,  privé  de  sa  négation). 

TÔLER,  V.  tr.,  couvrir  de  tôle.  S'emploie  plaisamment  au 
figuré,  et  l'on  entend  dire,  en  parlant  d'un  qui  boirait  du 
feu  :  «  01  a  l'palais  tolé.  » 

Trop  (de),  loc. ,  trop  :  ((  Eh  ben!  te  n'vas  donc  pas  vouer  la 
Jacôte?  —  Nenni,  ma  fi  !  j'en  ai  ben  cflrop.  » 


•■Veùrder.  Ajoutez  les  acceptions  :  nettoyer,  essuyer,  frotter. 


FIN 


POSTFAG 


Notre  Inti'oduciion  contient  à  pou  près  tout  ce  qu'il  y 
a  d'important  à  dire  sur  ce  Dictionnaire.  Conçu  d'abord 
en  des  proportions  restreintes,  il  a  jour  par  jour  pris 
d'amples  développements:  aux  multiples  tableaux  com- 
paratifs des  congénères  se  sont  ajoutées  successi- 
vement des  informations  que  les  folkloristes  ne  seront 
pas  fâchés  d'y  trouver. 

Dans  nos  exemples,  avons-nous  dit,  on  est  sûi'  d'en- 
tendre parler  et  de  voir  agir  notre  pittoresque  et  sympa- 
thique population. 

Nous  avons  donc  l'idée  que  ce  Glossaire  pourrait 
presque,  en  une  part  appréciable,  être  un  livre  de  lec- 
ture. —  ce  qui  n'est  pas  le  propre  de  ces  sortes  d'ou- 
vrages, que  l'on  ouvre  pour  s'assurer  d'une  expression 
et  que  l'on  referme  aussitôt.  Coutumes,  traditions, 
superstitions,  couplets,  proverbes,  nous  n'avons  rien 
laissé  échapper  de  ce  genre  dès  qu'un  de  nos  vocables  a 
provoqué  la  citation.  C'est  là  notre  contribution  au 
folklore,  et  nous  lui  croyons  quelque  intérêt. 

Un  grand  nombre  de  nos  mots,  d'un  constant  usage 
oral,  étaient  jusqu'ici  non  imprimés  et  même  non  écrits. 
Il  nous  a  donc  fallu,  non  sans  tâtonnements,  en  établir 
l'orthographe.  Nous  nous  sommes  acquitté  de  cette 
tâche  le  plus  rationnellement  que  nous  avons  pu. 
L'aurons-nous  fait  sans  retouches  nécessaires  f 

Nous  n'insistons  pas  davantage  sur  ces  questions.  Le 


472 


POSTFACE 


but  principal  de  ces  dernières  lignes  est  d'exprimer  nos 
remerciemenls  pleins  de  cordialité  aux  cofripatriotes 
qui  ont  bien  voulu  nous  aider  dans  nos  recherches.  Ils 
ont  certainement  enrichi  notre  ouvrage.  Nous  nous 
félicitons  donc  du  concours  zélé  des  ami's  Jeandet, 
Damichel,  Morin,  Magnien, Légey  etGaiiIin.  ^ans leurs 
précieuses  communications,  notre  nomenclature  n'eût 
certainement  pas  été  aussi  complète. 

Une  fois  muni  de  ces  mots,  par  exemple,  une  autre 
tâche  nous  incombait:  celle  de  fournir  a  la  sauce  au 
poisson».  Travail  laborieux  et  auquel  je  me  suis  pas- 
sionné environ  une  quinzaine  d'années.  Mais  de  ce 
labeur  je  ne  me  vante  pas.  Je  l'ai  accompli  de  monmieux 
—  c'était  mon  simple  devoir,  —  et  ça  été  avec  un  plaisir 
infini.  D'abord,  point  déjà  entrevu,  j'espère  y  avoir 
donné  un  peu  la  couleur  de  notre  cher  petit  pays; 
ensuite,  je  me  berce  de  l'idée  d'avoir,  selon  mes  forces, 
comblé  ou  commencé  de  combler  une  lacune  glosso- 
graphique. 

L'intention  est  louable.  Que  C{uelques-uns  me  sachent 
gré  de  l'exécution,  et  je  serai  récompensé. 


F.  F. 


ERRATA 

Page  123,  au  mot  DioNT,au  lieu  de  è  qui,  suppi-imez  la  virgule 
et  lisez  :  c'  qid. 

Page  143,  au  mot  Empoche,  au  lieu  de  coac,  lisez  :  conèr. 
Page  252,  au  mot  M'amie  (vx.  fr.),  au  lieu  de  ma  mie,  lisez: 
m 'amie. 


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direction  de  M.  d'ARBOIS  DE  JUBAINVILLE,  membre  de 
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